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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Elections iraniennes

14 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Tandis qu'Hugo Chavez félicitait chaleureusement Mahmoud Ahmadinejad pour sa réélection, qualifiant sa réélection de "victoire très grande et très importante" pour les peuples qui luttent pour un monde meilleur, le Parti communiste français s'inquiétait, dans un communiqué, de la réélection du "plus dur, celui qui apprécie les provocations antisémites, celui qui n'a fait qu'accentuer une répression brutale dans son pays, multipliant les condamnations à mort, écrasant les libertés et les droits de l'homme sur son passage". "Malgré cette réélection, qui n'est pas de bon augure pour le peuple iranien, on attend de la nouvelle administration américaine, des Européens et de la France une attitude de responsabilité et l'ouverture à un dialogue nécessaire afin d'apaiser les tensions et agir collectivement pour la sécurité internationale, pour le désarmement et la non-prolifération nucléaire", concluait le PCF.

Le contraste entre ces deux positions montre la difficulté pour la gauche anti-impérialiste de définir une pensée cohérente à propos de la République islamique d'Iran. Ce régime ne peut pas plaire à la gauche depuis le début (depuis 30 ans) puisqu'il s'est construit sur la liquidation des forces révolutionnaires socialistes et laïques iraniennes au profit de la petite bourgeoisie de ce pays.

Ahmadinejad lui-même inspire de la méfiance pour des raisons spécifiques. Une partie de ces raisons relèvent de la désinformation pure et simple, par exemple ses déclarations sur la nécessité de rayer Israël de la carte sont une déformation grossière de son propos initial. Certaines autres de ses initiatives sont pour le moins maladroites voire stupides comme son coup de pouce aux négationnistes en organisant une conférence à leur profit à Téhéran "au nom de la liberté d'expression", d'autant qu'il semble que lui-même en réalité ne remet pas en cause l'existence de la shoah. Cette provocation à l'égard de l'Occident n'avait pas beaucoup de sens. Il est difficile de voir clair dans la position de l'Iran en ce moment sur la judéophobie. On sent que se mêle dans leur vision le paternalisme protecteur habituel de l'Islam, l'antisionisme (justifié selon moi), et une importation de certaines visions complotistes nauséabondes, venues de l'extrême-droite occidentale du 20ème siècle, et qui est ce qu'il peut y avoir de plus détestable en fait dans l'idéologie iranienne en ce moment.

A cela s'ajoute évidemment un mépris pour les libertés formelles (notamment les droits des minorités) qui n'a rien à envier à ce qu'on trouve en Arabie Saoudite, en Egypte, en Syrie.

Ceci étant posé, deux éléments doivent être pris en compte avant d'entrer dans l'engrenage de la diabolisation d'Ahmadinejad. Dans les relations internationales aujourd'hui, on ne peut pas prendre position comme si l'on vivait dans la République de Platon ou tout autre monde idéal. Nous sommes dans un monde de rapport de forces. Ahmadinejad est une pièce importante dans le jeu de ceux qui refusent de réduire la Palestine au statut de bantoustan (ce qu'elle deviendra nécessairement si le point de vue de Mahmoud Abbas s'y impose). Ahmadinejad est un des rares leaders musulmans à mener une politique active de soutien à la résistance armée palestinienne. C'est aussi un des rares leaders du Proche-Orient à jouer avec conviction la carte du non-alignement aux côtés de Chavez, de Morales et de Mugabe. Enfin, son aspiration - qui est aussi celle de l'ensemble de la population iranienne - à pouvoir se défendre au moyen de l'arme nucléaire alors que le pays est encerclé par les bases militaires étatsuniennes et menacé par les missiles nucléaires israéliens et américains - me paraît on ne peut plus légitime.

On peut regretter d'avoir à créditer M. Ahmadinejad de ce genre de choses, mais voilà à quoi la folie impérialiste occidentale - avec la complicité des opinions publiques - nous conduit, et il faut faire avec.

Personnellement je ne partage pas les inquiétudes de certains sur la prétendue folie du dirigeant iranien. C'est un homme qui n'a pas un pouvoir infini puisqu'il est pris dans un jeu d'équilibre de pouvoirs subtil, notamment avec le pouvoir théocratique qui le surplombe. A titre personnel il a l'air d'être un homme de bonne volonté, intègre, issu des classes populaires (ce qui est rare dans ces régions). C'est à l'origine un ingénieur compétent, et courageux - car il s'est battu dans les rangs des gardiens de la révolution pendant la guerre Iran-Irak, porté aussi sur la poésie si l'on en croit son blog (mais c'est un trait répandu en Iran). On peut ne pas aimer ses idées qui sont très largement celles du régime de Khomeyni depuis son origine : un univers moralisateur qui se teinte d'une mystique du sacrifice un peu trop sanguinolante (ici le chiisme rejoint le catholicisme). Mais il faut reconnaître qu'il l'oriente dans un sens souvent pragmatique, et, en tout cas, encore une fois dans le sens du non alignement du Tiers-Monde, ce qui est en soi une bonne chose.

D'un point de vue de gauche, je ne peux pas être enthousiaste pour Mahmoud Ahmadinejad, mais il me faut, comme Chavez, prendre acte de ce qui dans sa politique va plutôt dans le sens de la libération des peuples, tout en sachant que, s'il est renversé, ce n'est pas le régime socialiste rêvé par les trotskistes et le PCF qui s'imposerait en Iran, mais, vraisemblablement, une sorte de régime parlementaire néo-libéral subventionné par les Etats-Unis qui signerait un traité de paix avec Israël et abandonnerait aussi bien la cause des pays déshérités que celle de la Palestine.

Vendredi dernier dans une dépêche de Reuters, le chef des gardiens de la révolution islamique Yadollah Javani dénonçait une "révolution de velours" (par analogie avec la Tchécoslovaquie de 1989) et une "révolution de couleur" (par référence à l'Ukraine notamment). Les médias occidentaux ont parlé de "révoution verte" (cf ci dessous une vidéo occidentale en faveur de l'adversaire d'Ahmadinejad qui devrait faire fuir tous les citoyens conscients des manipulations impérialistes dans le monde, une vidéo qui, comme il convient de nos jours, cherche surtout à brouiller les cartes, situant Moussavi à la fois du côté des aspirations pro-occidentales d'une certaine jeunesse bourgeoise, et du souvenir de la résistance au Shah - avec en prime une défense de "l'intifada électronique" - aider la Palestine sur Facebook, c'est mieux que dans la réalité). La gauche anti-impérialiste même si elle n'aime pas le régime iranien ne peut entrer dans cet engrenage là. La position qui me paraît la plus opportune à l'égard d'Ahmadinejad, même si elle est difficile à tenir, est du côté de la neutralité à l'égard de l'Iran.



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Les sans-voix et les pauseurs

13 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Le Dissident internationaliste m'a annoncé cette semaine qu'il commencerait sans doute à écrire un livre cet été : "des scènes de vie pour parler de gens que j'ai croisés dans mon itinéraire, des gens rencontrés dans des circonstances exceptionnelles, et qui eux-mêmes ne peuvent pas parler parce qu'ils subissent d'énormes censures, professionnelles ou autres".

Ecrire sur les sans voix, pour les sans voix, qui avait été aussi le but de mon premier livre, et la raison pour laquelle je suis devenu sociologue plutôt que philosophe ou historien. Exercice difficile. Je ne suis pas étonné d'entendre cela dans la bouche du Dissident internationaliste, plutôt que dans celle des intarrissables donneurs de leçon (comme il y en a notamment dans la bande à Chomsky).

Je suis fatigué des pauseurs qui n'ont rien à dire. Les auteurs de livres bourdieusiens à la Denord qui enthousiasment les petits cercles libéraux "contestataires" comme le blog d'Edgar. Tous ces gens s'aveuglent. Même feu-Castoriadis que je réécoutais cet après-midi sur Là-bas si j' y suis m'emmerde et, rétrospectivement, je ne m'étonne point qu'il ait été trotskard à l'heure où la classe ouvrière grecque risquait sa peau à être stalinienne.

Les sans voix, eux, croyez le ou non, se trouvent à tous les échelons de la société. Songez que ma chef, dans mon job de juriste, me racontait avant hier comment elle a été chargée dans le cadre d'une de ses missions d'écrire le droit de l'urbanisme du Royaume du Cambodge il y a quelques années. Elle décrivait avec passion les pauvres tenus pour moins que rien, le ministre qui à la télévision dit qu'il ne faut pas les instruire parce qu'ils sont sources d'agitation, et l'introduction de la propriété privée dans ce pays dans les années 1990, oui, vous avez bien lu : la fin du 20 ème siècle, parce qu'avant, le pays était communiste, et auparavant encore, les terres étaient toutes propriétés du roi comme dans l'Empire inca ou l'Egypte des Pharaons. "Le gouvernement cambodgien a décrété que la propriété appartiendrait à celui qui la cultive. Or les analphabètes n'ont pas su démontrer qu'ils cultivaient leur terre et se la sont faite voler".

Bon sang qui dit cela ? Notre distingué auteur de l'article "Cambodge" de l'Atlas alternatif (qui a fait tant parler de lui par la suite et n'a jamais mentionné l'Atlas alternatif dans sa biblio) l'a-t-il dit ? Hé bien cette dame aussi est à sa manière une sans voix, parce que son statut professionnel lui interdit absolument d'écrire ce genre de chose.

Alors lisez les bourdieusiens en chef, ou les chomskyens en chef, ou les castoriadisiens en chef si ça vous chante. Mais je vous le dis : toute cette engeance m'emmerde profondément. Je leur préfère cent fois les sans-voix, les gens qui ne savent pas faire la promotion de leur livre comme le Dissident internationaliste (et qui n'ont pas leur groupe de fans sur Facebook), les éditeurs qui n'arrivent pas à approvisionner la Fnac dès que dix livres sont vendus, les animateurs de radio qui savent mille fois plus choses sur un pays en guerre (et les mille intrigues prosaïque qu'il y a derrière cette guerre) que les pontes de Sciences Po mais qui n'osent pas écrire là dessus parce qu'on ne les invite pas dans des colloques. Ces gens sont des gens vrais, des gens plus près du réel que les pauseurs. Et tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas.
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L'Un et le multiple dans les religions et la métaphysique

10 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

J'écrivais hier en réponse à un militant communiste qui vantait les mérites de l'Un et, par voie de conséquence, du monothéisme qualifiant, comme il est d'usage dans l'histoiographie classique :


"Cela dit la "vieille religion d'Israël"  a eu aussi pas mal de déviation polythéistes au cours de son histoire (soigneusement camouflées ou diabolisées a posteriori par la bible) au point qu'on peut se demander si ce n'est pas le monothéisme qui est en fait une "déviation" du vieux polythéisme israélite

 

Mais j'avoue que philosophiquement  je ne suis pas un fan de l'Un, qui correspond à la notion d'indifférenciation, et, au fond, renvoie soit au solipsisme, soit à la dissolution du soi dans le monde, c'est à dire à la mort (je suis de ce point de vue assez d'accord avec la critique nietzschéenne de l'unité schopenhauerienne, et, à travers elle, de l'unité platonicienne). Je ne suis pas sûr qu'historiquement ni logiquement un devienne deux (schéma métaphysique et monothéiste). Il me semble plutôt que le multiple est premier, et le multiple retourne toujours au multiple. Je sais que l'hypothèse du big bang, va plutôt dans le sens des partisans du Un... mais le point de départ du big bang était il déjà "un", ou n'est ce pas un réductionnisme mathématique qui nous le fait penser ?

Je te suivrai pour dire que le monothéisme a parfois des vertus. Tout comme, dans d'autres sphères, le socratisme, le zoroastrisme, le bouddhisme, le taoïsme, et diverses autres grandes réformes idéologiques antiques ont eu le mérite de faire avancer chez l'être humain l'idée de révolution comme processus de changement radical, volontaire et organisé de soi-même et de l'ordre social. 

Mais alors il vaut mieux que ce soit un monothéisme "philosophique" comme celui du néoplatonisme ou du stoïcisme, car au moins celui-là ne produit pas de guerres armées entre sectes.
 
Il est vrai qu'il ne faut pas idéaliser le polythéisme et que, comme le disent Zizek et Veyne, le polythéisme devait être plus ennuyeux à vivre que la saga vivifiante du monothéisme autour de la faute et de la rédemption individuelle
 
Toutefois le polythéisme permettait une certaine cohabitation entre les dieux de différentes cultures, ce qui avait du bon. Et je ne crois pas du tout qu'il ait favorisé  l'esclavage et le productivisme plus que le christianisme - qui a quand même réduit 50 millions de Noir au rand d'esclaves.
 
L'explosion de l'esclavagisme romain après la conquête du bassin méditerranéen sous la république finissante était plutot perçu comme une sorte d'hubris peu compatible avec la morale de la vieille religion romaine"

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Interview de Delorca sur la Transnistrie (Fréquence Paris Plurielle)

9 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie, #Actualité de mes publications

Cela s'est passé hier en direct sur FPP du côté du métro Stalingrad. Malgré ma bronchite je suis parvenu à placer quelques mots, Bruno Drweski prenant le relais quand j'avais mes quintes de toux.

J'ai été impressionné par le niveau des journalistes qui nous interviewaient, toutes les deux très bonnes connaisseuses de l'ex-URSS. J'ai même encouragé l'une des deux à écrire sur la Tchétchénie.

Je tiens à présenter mes excuses aux auditeurs. La Transnistrie n'est pas peuplée comme la Corrèze, mais comme la Saône-et-Loire ou les Pyrénées-Atlantiques. Et son Soviet suprême ne compte pas 45 membres mais 43.

 

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"La Révolution des Montagnes" dans "La République des Pyrénées" (bis)

9 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Voici l'article publié dans la République des Pyrénées des 6 et 7 juin 2009. Ce journal avait déjà mentionné ce roman en mars, ainsi que mon "10 ans sur la planète résistante", ai-je appris récemment...    FD

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Livre : Le Béarnais Frédéric Delorca signe un roman aux formes d'essai politique

La Révolution des Montagnes


Dans son numéro d'avril, Philosophie Magazine a demandé à plusieurs penseurs d'imaginer à quoi pourrait ressembler le futur si s'accomplissait une hypothèse fondatrice (« Et si tout le monde parlait la même langue? », « Et s'il existait un gouvernement mondial? », « Et si la différence des sexes n'existait plus? », etc...). « Et si un mouvement révolutionnaire arrivait à arracher à l'État français un statut d'autonomie pour le Béarn? », telle pourrait être l'hypothèse à l'origine de « La révolution des montagnes », le premier roman de Frédéric Delorca, publié aux Éditions du Cygne.


L'auteur de ce roman est un authentique béarnais (originaire de Jurançon) de 38 ans vivant à Paris depuis une vingtaine d'années mais ayant gardé des liens très forts avec sa région d'origine. Ceux-ci ne manquent pas d'affleurer dans les multiples descriptions qui émaillent son récit. D'une très grande qualité littéraire, elles évoquent avec justesse l'atmosphère des rues paloises ainsi que certains des lieux emblématiques du Béarn (le cloître de Sarrance, la vallée d'Ossau,...). Est évoqué également le chant polyphonique qui, selon l'auteur, occupe une place privilégiée au sein du patrimoine culturel béarnais.

Mais au-delà d'une évocation, peut-être nostalgique, de notre région, c'est avant tout de politique qu'il est question dans ce roman.


En les inscrivant dans le cadre du Béarn, l'auteur évoque les nouvelles formes politiques, telles l'altermondialisme, qui ont émergé dans le cadre de la gauche radicale. C'est en ce sens que son roman acquiert une dimension universelle et échappe au cadre étroit et stéréotypé de « la littérature régionaliste ».


A travers les péripéties marquant l'action du Mouvement du Renouveau Béarnais, l'auteur donne à réfléchir sur la part de manipulation inhérente à la vie politique et à la problématique que, selon lui, ne manquent pas de poser les séparatismes. En effet, pour Frédéric Delorca (comme en témoignent maints articles de son blog), dans le contexte actuel de globalisation, toute volonté d'indépendance d'un territoire, si petit soit-il, concerne le reste du monde. Ces velléités ne manquant pas d'ailleurs d'être bien souvent instrumentalisées par les grandes puissances. C'est donc à la lumière des événements qui ont secoué l'Europe centrale et orientale depuis la chute du mur de Berlin qu'il convient de lire ce livre.


Puisqu'aucun territoire, si petit soit-il, ne peut demeurer vierge de toute ingérence étrangère dès lors qu'il fait valoir son droit à l'autodétermination, comment faire vivre une indépendance réelle qui ne soit pas le jouet d'une instance de pouvoir quelle qu'elle soit (puissances étatiques étrangères, multinationales, industrie du spectacle...)? C'est ainsi qu'au sein du roman se rejoignent les thèmes de la manipulation et de l'autodétermination. Telle est, en tout cas, la problèmatique à laquelle tente de faire face son héros, Stéphane Fulgaran.

Se fondant sur sa connaissance intime du Béarn, Frédéric Delorca s'est, pour certains de ses personnages, inspiré de personnalités bien réelles que les lecteurs avertis s'amuseront à reconnaître derrière leur nom d'emprunt. Cela ne saurait cependant faire oublier que ce livre est une fiction et doit avant tout être appréhendé comme tel. Et en définitive, en plus d'être un ouvrage (fort bien écrit, ne boudons pas notre plaisir) qui évoque superbement notre région associé à une stimulante réflexion politique, « La révolution des montagnes » est aussi un très bon roman. Ce qui est déjà considérable..

 

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Elections européennes

7 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je m'étais promis de ne pas commenter le résultat des élections européennes, mais j'en dirai quand même un petit mot.

La leçon principale qu'on peut tirer de ce scrutin partout en Europe, à part le fort taux d'abstention qui manifeste le désintérêt (justifié) de l'électorat pour la construction européenne telle qu'elle existe aujourd'hui, c'est que, malgré la crise du capitalisme financier, les peuples d'Europe font confiance à la droite. Et ceux qui ne se rallient pas à la droite votent plutôt timidement pour les écologistes ("ma santé, mon petit environnement") dont on peut se demander s'ils ont quelque chose à voir avec la gauche. La fausse gauche (les sociaux-démocrates) est à juste titre sanctionnée, sans que la gauche de la gauche en profite réellement. Si le NPA n'avait pas fait cavalier seul (ce qui ne lui a rien rapporté) les anti libéraux en France auraient totalisé sans doute plus de 12 %, ce qui aurait marqué les esprits et distingué notre pays du reste de l'Europe, mais leur incapacité à s'unir à elle seule en dit long sur la faiblesse de cette gauche-là qui n'a au fond pas grand chose à envier à celle de la fausse gauche...

In fine ces élections montrent une fois de plus la fragilité structurelle (souvent évoquée sur ce blog) des idées de gauche en Europe (c'est encore en France qu'elles sont le moins anéanties), à la différence de ce que l'on peut constater ailleurs (en Amérique latine, ou dans le sous-continent indien). Il n'est pas impossible que quelques décennies à venir d'hypnose médiatique et de destruction de l'éducation nationale finissent par couler définitivement les idées progressistes sur notre continent.

Du coup, si l'on peut se réjouir de ce que la poussée des eurocritiques au Royaume-Uni et en Irlande menace directement la ratification du traité de Lisbonne, voire puisse à terme aboutir à un retrait de ces pays de l'UE, on peut se demander si un effondrement de l'UE n'aboutirait pas à une récupération encore plus forte des peuples qui la composent par des courants de droite, et donc à un dangereux retour des nationalismes xénophobes, à l'opposé de patriotisme universaliste (non ce n'était pas un oxymore) dont la gauche se réclamait au 19 ème siècle.
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Peut-il y avoir un bon sens états-unien sur la Serbie ?

7 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Dans le New York Times hier, William Montgomery, ancien ambassadeur étatsunien propose enfin la solution de bon sens qui aurait évité tant de malheurs aux Balkans si elle avait été appliquée dans les années 1990 : la partition du Kosovo et un référendum d'autodétermination en Republika Srpska de Bosnie. Cette solution a toujours été refusée par les pouvoirs européens et étatsuniens par pur tabou idéologique, alors qu'il était évident que les peuples dévastés par la guerre civile n'aspirent qu'à cela. Il faut séparer les peuples qui ne peuvent plus vivre ensemble, ce qui ne signifie pas du tout que ceux ci deviendront nationalistes et monoethniques bien au contraire (d'ailleurs la Serbie est un des pays les plus pluriethniques des Balkans). C'est la solution de Dobrica Cosic que Diana Johnstone, contributrice de l'Atlas alternatif, défendait encore en 2007 (et Chomsky aussi je crois). Tant de vies gâchées par nos idéologues euroétatsuniens...
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"La Révolution des Montagnes" dans "La République des Pyrénées"

6 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Le principal journal local du Béarn La République de Pyrénées - tirage quotidien 32 000  exemplaires (selon Wikipedia) consacre ce matin une demi-page à mon roman La Révolution des Montagnes, dont l'action se passe dans cette région, ai-je appris il y a une demi-heure. J'ignore le contenu de leur commentaire, mais évidemment je me réjouis de cette nouvelle. Ils sont le deuxième média local à s'intéresser à ce livre après Radio Pais.

Moi qui me croyais victime d'un boycott en terre gasconne (on ne sait jamais avec ce que les gens se disent entre eux derrière votre dos) me voilà rassuré.

Evidemment je suis tout à fait d'accord avec les écrivains qui affirment qu'il ne faut pas se soucier de la diffusion de ses écrits, et qu'il ne faut pas chercher à vendre. Mais cette position peut être défendue quand on est publié chez des éditeurs de taille moyenne ou des gros éditeurs qui ne risquent pas trop de perdre de l'argent à vous publier. Telle n'est hélas pas situation. Je travaille en ce moment sur deux projets de livres et si je veux que les Editions du Cygne ne leur ferment pas définitivement leurs portes, il faut que mon premier roman et mon livre sur la Transnistrie soient un tout petit peu connus. C'est idiot mais le système libéral de l'édition fonctionne ainsi, sans quoi je devrai reprendre mon bâton de pèlerin dans 6 mois pour aller caser mes deux manuscrits ailleurs - ce qui suppose des dizaines d'envois à des tas de petits éditeurs. Vous me direz que je pourrais m'abstenir de chercher à publier ces deux nouveaux ouvrages, cependant je les trouve nécessaires à la complétude de ce qui est déjà sorti : ils en scelleront en quelque sorte la cohérence. Voilà pourquoi je ne les puis tenir sous le boisseau.

Et puis je pense qu'il est utile aussi pour les gens de la région là bas qu'ils soient informés de l'existence de ce roman. Je ne sais pas du tout ce que vaut ce livre, j'en laisse les lecteurs juges (et je vois d'expérience que chacun projète sur lui un peu ce qu'il veut), mais par principe il est bon que les gens puissent être tenus au courant de l'existence de livres qui parlent de réalités qui les touchent de près, et qu'ils ne doivent point attendre que TF1 ou je ne sais quelle grande machine éditoriale parisienne aient consacré une publication pour en connaître l'existence.

Je n'ai pas encore lu l'article de La République. Je ne me formaliserai pas du tout si son contenu ne rejoint pas mon propre point de vue sur cet ouvrage. Il est normal que la visée qui fut la mienne quand je l'ai écrit (une visée que j'expliciterai peut-être davantage un jour) ne soit pas partagée par les lecteurs et que ceux-ci fassent dériver leurs interprétations en fonction de préoccupations qui leur sont propres. L'important était seulement que les gens du cru aient les moyens de savoir que le livre existe. Voilà qui est fait. J'en suis pleinement satisfait.
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