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L'approche littéraire de la politique
Sans cela tout devient trop dogmatique, trop hystérique. Je songe par exemple à cette liste anti-sioniste qui se constitue et qui, en se focalisant sur un seul aspect de la politique, devient le symétrique des monomaniaques de l'autre bord qui voudraient qu'on bombarde l'Iran et le Soudan. Il faut desserrer l'étau de la rigidité mentale, ne pas répondre à des tendances totalitaires réelles de notre société par un autre totalitarisme symétrique (allez, si Kundera n'était pas tant récupéré par la pensée dominante, j'oserais une référence à son premier roman La Plaisanterie - il faut encore plaisanter un peu, encore un peu faire le mariole en ayant conscience qu'on le fait).

Je suis toujours très étonné de voir des êtres humains prendre très au sérieux des pratiques quotidiennes au service de fonctions dont la plupart des gens se foutent éperdument. Ce fut vrai dans les professions juridiques où j'ai officié, c'est vrai aujourd'hui de ce petit monde de notables de banlieues. Je suis bien conscient que leur travail est utile, mais est-il légitime qu'il soit assuré par ces gens, qui en fait consacrent la moitié de leur énergie à défendre un groupe contre un autre (le PS contre le PC, la gauche contre la droite, tel député PC contre tel maire du même parti, le staff du maire contre celui du centre culturel etc). Ne serait-il pas plus simple que l'Etat prenne en charge tout ça ? - adieu les libertés municipales ! Ce seraient les services de la culture de l'Etat contre ceux du préfet, mais sans les luttes partisanes, c'est déjà ça. Mais on dit que l'empire romain n'a tenu que grâce à la richesse de sa vie municipale ponctuée par des campagnes électorales. Donc peut-être le théâtre d'ombres dont je fus témoin en banlieue ce matin, et serai sans doute encore témoin à l'avenir, sert-il quand même à quelque chose. Toutefois combien d'énergie absorbée dans ce qui, de l'extérieur, ressemble à de la pure comédie. Mais bon, je sais, je suis trop extérieur. Rentrons un peu plus dans les rouages de la vie sociale.
De generatione

Je ne puis m'empêcher de songer que nous avons, nous qui avons vécu certains débats, certaines luttes du début des années 2000, une certaine responsabilité à l'égard de ces "nouveaux entrants" (comme on dit chez les bourdieusiens), la responsabilité du témoin du passé, qui doit tenter de faire profiter de ce qu'il a cru savoir et comprendre, et c'est pourquoi j'ai publié avant d'être gâteux 10 ans sur la planète résistante. Peut-être est-ce l'approche de la quarantaine qui me fait raisonner de la sorte : je tends peut-être subrepticement à devenir plus père que fils, mais qu'y puis-je ? c'est le lot de tout humain qui vieillit.
Il y a 9 ans, je me tenais à l'écoute attentive du fils de l'avocat connu, qui avait grandi dans le Quartier latin dans les années 60 et me contait par le menu les débats entre maoïstes, au début des années 1970 (les July, les Glucksman). Son histoire n'était pas la mienne, et à certains égards elle m'ennuyait. Cela m'ennuyait d'entrer dans un monde héritier de leurs histoires à eux, les gens de sa génération. Ca m'ennuyait de ne pas pouvoir parler du point de vue de Chomsky sur le Kosovo à une table de quinquagénaires, sans qu'on me balance le débat sur Chomsky et Faurisson qui était vieux de 20 ans, comme si nous étions prisonniers de ce passé-là. Aurélien, Ornella, Audrey, Giuseppina ressentent peut-être la même chose quand ils me lisent. Ca les emmerde peut-être de devoir se positionner par rapport au vécu de ceux qui sont nés 10, 20, 30 ans avant eux, allez savoir. La malédiction de la succession des générations, du devoir d'héritage et de transmission. De generatione et corruptione.
Au fait, à propos de l'avocat connu (un vieux bonhomme) il était présent la semaine dernière à une réunion de VIP organisée la semaine dernière à Paris à l'occasion de la venue d'une délégation officielle soudanaise. Je tiens l'info du Dissident internationaliste qui y était. Les Soudanais ont tenu un discours très anti-impérialiste, ils sont très remontés depuis que la Cour pénale internationale a mis en accusation leur président (c'est souvent lorsqu'ils sont placés sous embargos ou mis à l'index que les pays du Sud et de l'Est se souviennent qu'il faut combattre le néo-colonialisme européen et états-unien). Il faudra que je vous en reparle à l'occasion.
F.
PS : en parlant de Facebook : une vidéo rigolote - si la réalité était comme Facebook
La Transnistrie sur Radio France Internationale

Ce n'est pas parce que les médias n'en parlent pas...

Plus près de chez nous, pour ceux qui croiraient qu'il ne se passe rien au Kosovo, je vous encourage à lire le dernier rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur la situation de cette province (devenue République autoproclamée). C'est à peine plus calme qu'en 2000...
Deux femmes
En surfant sur le net hier, je trouve des nouvelles d'une camarade sociologue connue naguère, du temps où elle était jeune. Une fille étrange, issue de la France rurale, petite bourgeoise, convaincue d'avoir une mission : celle de libérer les individus de son sexe. Au nom de cela elle se trouvait beaucoup de droits, comme celui d'avoir deux amants en même temps, et de dénoncer l'un des deux aux flics pour harcèlement quand il lui reprocha de l'avoir plaqué trop abruptement. Ambition et "judiciarisation des rapports" vont de pair chez ce genre de personnage, le tout enrobé de beaucoup d'autosuggestion romanesque. Une gentille fille pourtant, pleine de bonnes intentions (comme les pavés de l'enfer). Sa carrière a décollé : bon choix de labo, bon choix de directeur de thèse, doctorat, qualif, entrée royale dans un grand centre de recherche. Et surtout bon sujet : la banlieue. Le genre de sujet qui rapporte gros : on peut s'y montrer "de gôche", féministe à souhait, épris d'émancipation, et en même temps, en tirer beaucoup de profits. Plus que mon petit camarade normalien hyper brillant qui moisit dans son lycée de province à 39 ans et termine à peine sa thèse en histoire plein d'aigreur. Cette môme pourtant a dix fois moins de culture et de jugeotte que mon camarade. Mais elle a une plus grande endurance à la bêtise de ses pairs, et des jurys auxquels elle sait plaire. Une très grande endurance aussi à la logomachie sur les "dominants dominés", les "rapports de genre", and so on and so forth. Dans ce microcosme moins on en sait sur le monde et sur la culture, et mieux on s'adapte à ce qu'on attend de nous (il y a d'ailleurs quelque chose de soviétique dans sa photo officielle sur le site de son centre de recherche, soviétique, et pourtant bien moins sympathique que les portraits des députés du Soviet suprême de Transnistrie). J'ai quand même bien ri, parce que sur Internet si tous ses collègues (coulés dans le même moule) et les associations féministes (façon "ni pute ni soumise - journée de la jupe - amis de Julien Dray") portent ses travaux au pinacle... il n'en va pas de même du lecteur ordinaire. Un site qui a eu le malheur d'ouvrir sa page aux commentaires (tout en annonçant qu'il filtrait) n'a reçu que des appréciations négatives de jeunes qui disaient que son livre ne leur apprenait rien et exhalait l'ennui par tous les pores. Normal : du carriérisme au milieu de gens ennuyeux ne peut sortir que sortir l'ennui pour tout le monde. Cette femme ne fait que participer à l'esprit de caste insipide qui coupe de plus en plus non seulement la sociologie, mais aussi toute la recherche en sciences humaines, et toute la petite bourgeoisie de gauche du monde réel, et de ses vrais enjeux. Oh bien sûr on me dira que le recours à la vox populi n'est pas le meilleur des arguments pour juger de la validité d'une recherche. Mais quand ladite recherche prétend étudier le peuple, il est bon que celui-ci lui renvoie sa vacuité en boomerang.
Heureusement cette personne, dont j'ai simplement croisé le nom sur Internet après des années d'oubli, n'était pas LA femme de la journée. Celle qui mériterait ce titre (s'il y avait un sens à l'attribuer), serait sans doute Béatrice Guelpa, journaliste freelance suisse. J'ai eu des réticences devant la quatrième de couverture de son dernier livre "Gaza : debout face à la mer". Mais les échanges d'emails que nous avons eus aujourd'hui me persuadent que je me suis trompé. C'est une femme qui fait corps avec sa cause, celle de Gaza sous embargo, comme je l'ai fait moi-même jadis avec celle d'un autre pays sous embargo, la Serbie. Tout son travail, et même ses petits maladresses éparses, plaident pour elle : pour ce défi qu'elle se lance de dire dans le langage de l'Occident (d'un Occident sourd et autiste), la détresse et la noblesse de Gaza. J'espère pouvoir vous reparler d'elle et de son livre prochainement - j'en ferai une recension pour Parutions.com, car elle ne mène pas un combat facile.
Le dossier Durban II
Il y a peu un lecteur honnête ici a attiré mon attentation sur les relents d'extrême droite de la charte du Hamas, et je lui en ai donné acte en trouvant cela condamnable. Concernant le discours d'Ahmadinejad, il me semble à la lecture de la dépêche de l'AFP que ceui-ci faisait bien la distinction entre antisémitisme et antisionisme. Je m'étonne donc de cette surréaction européenne, sous réserve évidemment d'une lecture plus complète dudit discours. Je vois déjà sur Facebook des gens de la rive Sud de la Méditerranée s'indigner de cette nouvelle déformation du propos du représentant iranien, et de cette nouvelle polarisation en défense du sionisme.
Il semble en fait que l'Iran ne fasse que focaliser un malaise, déjà des défenseurs de la laïcité (la désagréable Mme Fourest sur son blog) et du féminisme avaient fait pression pour pousser la France à une stratégie de rupture, notamment à l'occasion du discours du président iranien.
Tout cela n'inspire rien de bon. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas le regain du machisme dans les sociétés du Sud, ou leur insistance à condamner le sionisme, les relations internationales impliquent qu'on négocie, c'est à dire qu'on reconnaisse à l'autre le droit de penser différemment, pour essayer d'arriver avec à quelques points d'entente magré tout. Tout indique depuis plusieurs semaines que la Russie, sur ce dossier, comme sur celui du nucéaire nord-coréen joue un rôle médiateur et pacificateur. Pourquoi la France, qui se veut humaniste et universaliste, ne pourrait-elle pas, elle aussi, un jour jouer ce rôle ?
nb : voir aussi dans le même sens que mon article, une réaction "à chaud" sur le site des Indigènes de la République
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Conférence sur le racisme: Ahmadinejad critique Israël, l'UE quitte la salle - AFP
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a qualifié Israël de "gouvernement raciste" lundi à Genève lors du premier jour de la Conférence de l'ONU sur le racisme, provoquant le départ des Européens présents.
"Après la fin de la Seconde guerre mondiale, ils (les Alliés, ndlr) ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive", a expliqué M. Ahmadinejad.
"Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et du monde de l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée", a-t-il lancé dans une claire allusion à Israël.
"Des efforts doivent être fait pour mettre un terme aux abus des Sionistes et de (leurs) partisans", a poursuivi le président iranien, provoquant le départ de la salle du siège de l'ONU des 23 représentants européens présents sous les huées des participants.
"Dés lors qu'Israël était stigmatisé à la tribune par le président iranien, nous en avons tiré les conséquences en nous retirant de la salle pour bien marquer notre rejet absolu de tels propos", a expliqué l'ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattéi.
"Nous devions être vigilants sur tout dérapage", a-t-il ajouté. "Cette conférence ne doit pas devenir une tribune anti-israélienne. Nous l'avons dit depuis le départ", a-t-il encore souligné.
A l'issue de ce discours de plus de 30 minutes, l'ONU a dénoncé "le langage" utilisé par le président iranien.
"Nous déplorons fortement le langage utilisé par le président iranien. De notre point de vue, le discours était totalement déplacé pour une conférence destinée à faire fleurir la diversité et la tolérance", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay.
Quelques heures avant, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait mis en garde M. Ahmadinejad contre tout amalgame entre sionisme et racisme, lors d'une rencontre en tête-à-tête.
Les pays européens présent avaient prévenu qu'ils quitteraient la salle si M. Ahmadinejad, connu pour ses diatribes anti-israéliennes, proférait "des accusations antisémites".
La Conférence de l'ONU sur le racisme qui doit assurer le suivi de celle organisée en 2001 à Durban en Afrique du Sud s'est ouverte lundi à Genève dans un climat tendu en l'absence d'une dizaine de poids lourds occidentaux dont les Etats-Unis, le Canada, Israël, l'Allemagne, l'Italie, l'Australie et la Pologne.
La plupart de ces pays ont expliqué renoncer à participer en raison de la présence du président iranien, craignant des dérapages similaires à ceux qui avaient entaché la réunion de 2001.
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Durban II : les espoirs du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme
dimanche 19 avril 2009 (10h05)
Alors que 103 Etats ont annoncé leur participation au sommet de Genève sur le suivi de Durban I, voilà que les Etats-Unis font volte-face après avoir clairement laissé entendre qu’ils seraient présents ! Ils estiment que "leurs craintes de parti pris anti anti-israëlien et anti occidental n’ont pas été prises en compte..." Ils disaient exactement le contraire, il y a quelques jours à propos des avancées du texte proposé. Du coup, on ne connaît toujours pas quels pays occidentaux décideront de se joindre à cette conférence qui s’ouvre lundi, au risque de se couper de l’ONU à travers l’une de ses composantes essentielles. Mais n’est-ce pas le but poursuivi par nombre d’Etats libéraux que de discréditer l’institution mondiale sous prétexte qu’ils n’y sont pas majoritaires ? Nous reproduisons ci-dessous l’interview de la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, madame Navanethem Pillay, réalisée le 2/4/09 par la "Tribune des Droits humains" de Genève. Ce point de vue n’a guère intéressé la plupart des médias français impliqués dans une campagne visant à faire échouer la conférence mondiale sur le racisme, les discriminations, la xénophobie et la tolérance. Nous avons seulement modifié le titre qui était :"Il serait salutaire que la Suisse préside Durban II". Comme quoi l’objectivité de l’information est une notion toute relative. On a le droit, dans un but de manipulation de l’opinion, de condamner un texte qu’on n’a pas lu, de caricaturer, de dénigrer ou de taire des points de vue -même les plus officiels- qui ne vous plaisent pas, et de jouer des affinités dont on dispose dans les "grands" médias. La campagne de dénigrement entreprise en France pour que cette conférence ne puisse se tenir a donné lieu à des excès verbaux dont certains n’étaient pas plus raffinés que ceux, indéfendables, entendus en 2001, hors séances officielles, à Durban, en Afrique du Sud.
Madame Pillay y était. Originaire de Durban, elle est devenue depuis juillet 2008, Haut Commissaire aux Droits de l’Homme. Elle fut la première avocate non blanche à ouvrir un cabinet à Durban en 1967 car elle ne pouvait espérer être embauchée par des blancs ! Elle défendit les militants de l’ANC engagés dans le combat contre l’apartheid. Après l’abolition, elle fit inclure dans la constitution d’Afrique du Sud une clause d’égalité qui interdit la discrimination fondée sur la race, la religion et l’orientation sexuelle. En 1995, elle devint juge à la Haute Cour d’Afrique du Sud, ainsi qu’au tribunal pénal international pour le Rwanda. En 1999, elle fut nommée par l’assemblée générale de l’ONU présidente du tribunal pénal international. Depuis 2003 , elle siège à la Cour pénale internationale, jusqu’à sa récente nomination comme Haut Commissaire où elle a remplacé la canadienne Louise Arbour.
Elle aborde ici les enjeux de cette conférence qui se tient à Genève et "la désinformation continue au sujet de Durban I" : R.F
La Conférence de suivi de Durban suscite des commentaires acerbes. Comment appréhendez-vous ce sommet ?
La Conférence revêt pour moi une importance majeure. Durban est ma ville d’origine et ayant souffert de l’apartheid, le racisme est une question essentielle à mes yeux. Il a fallu beaucoup de temps pour faire tomber ce régime, mais maintenant nous apprécions ce que signifie le plein respect de la dignité de chacun. Ma perception des enjeux de Durban II est donc très liée à mon histoire personnelle.
D’où vient la vive polémique autour du sommet de Genève ?
Beaucoup de monde m’a dit, quand je suis arrivée au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, que la Conférence d’examen de Durban serait un désastre. J’ai fait alors mes propres recherches. Depuis huit ans, je constate une désinformation continue au sujet de Durban I. Je suis frappée de voir à quel point les médias de nombreux pays ont continué à répandre cette fausse image du sommet de 2001 qui aurait été orchestré contre les juifs et contre Israël. Beaucoup d’Etats européens et les Etats-Unis sont restés sur cette impression. Ils m’ont officiellement dit que la Conférence de suivi allait finir comme Durban I et qu’elle serait dominée par la haine d’Israël. Mais à bien regarder la déclaration et le programme d’action de Durban I, le document est très global et aborde toutes les formes de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance. Il a été adopté par 189 Etats à l’exception des Etats-Unis et d’Israël. Ce qui m’a surpris, c’est de voir plusieurs pays occidentaux menacer de se retirer de Durban II alors qu’il n’y avait encore aucun projet de déclaration sur la table.
A trois semaines de la conférence, quel message souhaitez-vous transmettre à ces Etats occidentaux ?
Les gouvernements qui envisagent un retrait de la conférence ne devraient pas oublier qu’ils ont des comptes à rendre à leurs citoyens, surtout dans les pays démocratiques. Les discriminations existent dans tous les pays. Et les actes de racisme ne concernent pas que les pays du Sud, ils touchent le Nord également. Le phénomène des migrations est un bon exemple.
Où en est-on dans l’élaboration d’un projet de déclaration ?
Nous avons un bon texte que la plupart des Etats soutiennent. Je ne connais aucune objection à ce document à ce stade.
Que pensez-vous du concept controversé de diffamation des religions, cher à l’Organisation de la conférence islamique, mais qui ne figure plus dans le présent projet de déclaration ?
Je comprends la préoccupation liée à la diffamation des religions. Mais le droit international existant prévoit les instruments pour condamner l’incitation à la haine raciale et religieuse. Par ailleurs, la liberté d’expression est l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux et doit être respecté. Voilà pour le principe général. Il y a toutefois des traités qui permettent de déroger à ce principe. Les Etats ont dû cadrer la liberté d’expression. Il y a des codes nationaux en Europe qui considèrent le blasphème comme un délit.
Qu’est-ce qui fera que Durban II sera un succès ou un échec ?
Une participation du plus grand nombre d’Etats sera un élément du succès de la conférence. Par ailleurs, il s’agit ici d’une conférence de suivi. Il importera de vérifier dans quelle mesure la Déclaration et le Plan d’action de Durban ont été mis en œuvre, quels ont été les meilleurs moyens utilisés pour combattre le racisme. A mon avis, ce plan d’action a été intégré par de nombreux Etats dans leurs propres plans d’action nationaux. Mais après les terribles attentats du 11 septembre 2001, quelques jours après Durban I, les défis auxquels nous sommes confrontés sont plus difficiles. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il y a eu des violations des droits de l’homme, de l’islamophobie et des discriminations contre les gens de couleur. La mondialisation et les migrations de même que la crise économique et financière compliquent la mise en œuvre de Durban I.
Craignez-vous de subir le même feu de critiques que l’un de vos prédécesseurs, Mary Robinson ?
Je n’ai aucune peur. Il s’agit ici d’une conférence de suivi. C’est moins sensible. Je m’inscris en faux quant à Mary Robinson. A Durban en 2001, elle a au contraire été une vraie héroïne en s’opposant aux visions maximalistes des ONG.
Dans le processus de Durban, qu’attendez-vous de la Suisse ?
Il serait salutaire de voir la Suisse prendre l’initiative d’assurer le succès de la conférence en proposant d’assumer la présidence du sommet. Pour l’heure, cela n’est pas intervenu, bien que nous ayons exhorté le gouvernement suisse à agir dans ce sens. Mais nous comptons sur un large soutien de la Suisse qui nous a déjà beaucoup aidés.
Au sujet du Conseil des droits de l’homme, les Etats-Unis souhaitent faire acte de candidature.
Je salue la décision du président Barack Obama. Elle est en droite ligne avec sa décision de fermer la prison de Guantanamo. Même si je ne sais pas quelle sera leur attitude au Conseil s’ils sont élus, je pense que c’est une très bonne chose que les Etats-Unis deviennent membre.
Cette annonce peut-elle avoir un impact sur d’autres Etats ?
C’est triste à dire, mais les mauvaises pratiques en matière de respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste tel qu’on a pu le constater au cours des huit dernières années aux Etats-Unis, avec la détention sans procès par exemple, ont fait des émules auprès de pays moins respectueux des droits humains. J’espère que par leur nouvel engagement, les Etats-Unis auront une influence positive sur ces mêmes Etats.
La Conférence de suivi de Durban suscite des commentaires acerbes. Comment appréhendez-vous ce sommet ?
La Conférence revêt pour moi une importance majeure. Durban est ma ville d’origine et ayant souffert de l’apartheid, le racisme est une question essentielle à mes yeux. Il a fallu beaucoup de temps pour faire tomber ce régime, mais maintenant nous apprécions ce que signifie le plein respect de la dignité de chacun. Ma perception des enjeux de Durban II est donc très liée à mon histoire personnelle.
D’où vient la vive polémique autour du sommet de Genève ?
Beaucoup de monde m’a dit, quand je suis arrivée au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, que la Conférence d’examen de Durban serait un désastre. J’ai fait alors mes propres recherches. Depuis huit ans, je constate une désinformation continue au sujet de Durban I. Je suis frappée de voir à quel point les médias de nombreux pays ont continué à répandre cette fausse image du sommet de 2001 qui aurait été orchestré contre les juifs et contre Israël. Beaucoup d’Etats européens et les Etats-Unis sont restés sur cette impression. Ils m’ont officiellement dit que la Conférence de suivi allait finir comme Durban I et qu’elle serait dominée par la haine d’Israël. Mais à bien regarder la déclaration et le programme d’action de Durban I, le document est très global et aborde toutes les formes de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance. Il a été adopté par 189 Etats à l’exception des Etats-Unis et d’Israël. Ce qui m’a surpris, c’est de voir plusieurs pays occidentaux menacer de se retirer de Durban II alors qu’il n’y avait encore aucun projet de déclaration sur la table.
A trois semaines de la conférence, quel message souhaitez-vous transmettre à ces Etats occidentaux ?
Les gouvernements qui envisagent un retrait de la conférence ne devraient pas oublier qu’ils ont des comptes à rendre à leurs citoyens, surtout dans les pays démocratiques. Les discriminations existent dans tous les pays. Et les actes de racisme ne concernent pas que les pays du Sud, ils touchent le Nord également. Le phénomène des migrations est un bon exemple.
Où en est-on dans l’élaboration d’un projet de déclaration ?
Nous avons un bon texte que la plupart des Etats soutiennent. Je ne connais aucune objection à ce document à ce stade.
Que pensez-vous du concept controversé de diffamation des religions, cher à l’Organisation de la conférence islamique, mais qui ne figure plus dans le présent projet de déclaration ?
Je comprends la préoccupation liée à la diffamation des religions. Mais le droit international existant prévoit les instruments pour condamner l’incitation à la haine raciale et religieuse. Par ailleurs, la liberté d’expression est l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux et doit être respecté. Voilà pour le principe général. Il y a toutefois des traités qui permettent de déroger à ce principe. Les Etats ont dû cadrer la liberté d’expression. Il y a des codes nationaux en Europe qui considèrent le blasphème comme un délit.
Qu’est-ce qui fera que Durban II sera un succès ou un échec ?
Une participation du plus grand nombre d’Etats sera un élément du succès de la conférence. Par ailleurs, il s’agit ici d’une conférence de suivi. Il importera de vérifier dans quelle mesure la Déclaration et le Plan d’action de Durban ont été mis en œuvre, quels ont été les meilleurs moyens utilisés pour combattre le racisme. A mon avis, ce plan d’action a été intégré par de nombreux Etats dans leurs propres plans d’action nationaux. Mais après les terribles attentats du 11 septembre 2001, quelques jours après Durban I, les défis auxquels nous sommes confrontés sont plus difficiles. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il y a eu des violations des droits de l’homme, de l’islamophobie et des discriminations contre les gens de couleur. La mondialisation et les migrations de même que la crise économique et financière compliquent la mise en œuvre de Durban I.
Craignez-vous de subir le même feu de critiques que l’un de vos prédécesseurs, Mary Robinson ?
Je n’ai aucune peur. Il s’agit ici d’une conférence de suivi. C’est moins sensible. Je m’inscris en faux quant à Mary Robinson. A Durban en 2001, elle a au contraire été une vraie héroïne en s’opposant aux visions maximalistes des ONG.
Dans le processus de Durban, qu’attendez-vous de la Suisse ?
Il serait salutaire de voir la Suisse prendre l’initiative d’assurer le succès de la conférence en proposant d’assumer la présidence du sommet. Pour l’heure, cela n’est pas intervenu, bien que nous ayons exhorté le gouvernement suisse à agir dans ce sens. Mais nous comptons sur un large soutien de la Suisse qui nous a déjà beaucoup aidés.
Au sujet du Conseil des droits de l’homme, les Etats-Unis souhaitent faire acte de candidature.
Je salue la décision du président Barack Obama. Elle est en droite ligne avec sa décision de fermer la prison de Guantanamo. Même si je ne sais pas quelle sera leur attitude au Conseil s’ils sont élus, je pense que c’est une très bonne chose que les Etats-Unis deviennent membre.
Cette annonce peut-elle avoir un impact sur d’autres Etats ?
C’est triste à dire, mais les mauvaises pratiques en matière de respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste tel qu’on a pu le constater au cours des huit dernières années aux Etats-Unis, avec la détention sans procès par exemple, ont fait des émules auprès de pays moins respectueux des droits humains. J’espère que par leur nouvel engagement, les Etats-Unis auront une influence positive sur ces mêmes Etats.
De : Fredon René: Bellaciao
Extrait de "Choses vues" de Victor Hugo
