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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Encore d'étranges fantasmes sécessionnistes

17 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Les Inrockuptibles l'annonçaient le 11 mars dernier et d'autresorganes de presse avec eux : Dans une tribune publiée sur le site « World Net Daily », Chuck Norris, héros de Delta Force et de la série Walker, Texas Ranger, affirme que dirigé par un gouverneur « qui en a » le Texas pourrait faire sécession. Et ce gouverneur, ça pourrait être lui.

Ce "buzz" médiatique a été pris très au sérieux par la bande à Meyssan du Réseau Voltaire qui en profite pour ressortir la vieille thèse d'Igor Panarin (ancien directeur adjoint du KGB puis porte-parole de l’Agence spatiale russe, actuel doyen de la faculté de Relations internationales de l’Académie diplomatique de Moscou, auteur d’un ouvrage sur l’œuvre de Thierry Meyssan) étudie la possible dislocation des USA sur le modèle de l’effondrement de l’Union soviétique. D'après lui, cet éclatement devrait débuter en 2010, pour aboutir à une fragmentation en pays distincts :
 la côte Pacifique (dominée par la population d’origine chinoise),
 le Sud (dominé par la population d’origine mexicaine),
 le Texas (comme république autonome),
 la côte Atlantique (dominée par la population d’origine européenne, susceptible de se scinder en deux avec les anglo-saxons et latins),
 les grandes plaines (qui reviendraient alors aux Indiens).
 en outre, l’Alaska pourrait retourner à la Russie et Hawaï au Japon.

Une vision passablement "racialiste" de l'identité états-unienne à laquelle je ne crois guère. Kadhafi dans les années 1980 avait suggéré d'une façon encore plus grossière que les Etats-Unis pourraient être divisés en 3 Etats (indiens - la moitié Ouest -, blanc au Nord Est, noir au sud-est).

Mais il est vrai que ces fantasmes sécessionnistes disent quelque chose de notre époque, et, aux Etats-Unis, ils expriment la fragilité du lien social dans ce pays. J'avais fait un dossier en décembre 2007 pour le blog de l'Atlas alternatif sur le sécessionnisme des Indiens Lakota qui tendaient la main à Chavez.Je suis tombé ce matin sur Joseph Lafferty, chef sioux lakota, qui rend compte de l'accueil que lui a réservé Chavez en janvier 2008. L'histoire ne dit pas s'ils ont obtenu l'aide financière qu'ils sollicitaient.
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Commentaires de mon roman

16 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Deux commentaires de "La révolution des montagnes" ces dernières heures de la part de correspondants et amis. Le premier, réservé, de Gérard Tautil, militant occitaniste, qui regrette que je n'aie pas davantage développé l'aspect politique de l'expérience sécessionniste que je décris (critique qui m'est adressée également par un commentateur de parutions.com, d'une manière un peu différente). Un ancien camarade de lycée m'écrit en outre : "Je suis en train de le lire et j'aime beaucoup. On retrouve en effet les thèmes que tu as abordés dans ton interview avec D. Grosclaude et de très belles descriptions du Béarn. J'étais un peu curieux de lire un roman écrit de ta plume, je te voyais plutôt comme un essayiste et je dois avouer que tu as vraiment un style. Une marque personnelle et riche littérairement. En effet c'est souvent drôle et le personnage de Thierry Perdu m'a bien amusé."

Ce dernier commentaire m'a bien fait plaisir, je dois dire, mais il ne suffira sans doute pas à me convaincre de m'investir à nouveau dans l'écriture d'un roman (même si je reconnais à ce genre une supériorité par rapport à l'essai). Tout ce que j'éprouve à l'égard de ce livre, c'est que je suis heureux de l'avoir écrit avant la naissance de mon fils. Moi qui avais été un très joli petit garçon, ma beauté n'était rien à côté de la sienne, et son enfance fait vieillir la mienne : au miroir de son regard, ma naissance (en 1970) est renvoyée au millénaire précédant, un temps désormais très lointain. Je suis d'un coup devenu une antiquité. Et mon roman devient ainsi la dernière expression contemporaine de mon existence qui ne l'est presque plus. Mais cela, évidemment, le lecteur ne peut pas le saisir, même si j'avais tenté de faire sentir, à demi-mot, ici ou là dans le livre, qu'il concluait un cycle. Beaucoup de gens qui ne comprennent pas la fin du roman, qui y voient une fuite, devraient réfléchir à cette dimension existentielle du livre. Ce roman n'est pas principalement politique. Il est d'abord existentiel.
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Société compétitive ou société protectrice

15 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Un reportage de la TV ce matin (peut-être sur la 5 ou sur Arte) à propos de Cyrulnik disait : "Les enfants comme les petits singes ont besoin de tendresse qui leur donnera leur équilibre pour partir à la conquête de l'espace compétitif qu'est la vie sociale". J'ai trouvé étonnant qu'on juge qu'il va de soi de considérer que l'espace social est un univers compétitif, soumis à la loi de la jungle. Jamais on n'aurait enseigné aux parents ni aux enfants une telle vision de la société dans les années 1970, époque où l'on considérait plutôt la société comme un espace protecteur, civilisé, où l'on pouvait rencontrer des gens intéressants et partager le plaisir de vivre ensemble.

L'éthologie animale n'est pas en cause. Je ne suis pas comme cet obscurantiste lacanien qui dénigrait les chercheurs qui s'intéressaient à la vie des rats en trouvant "psychanalytiquement signifiant" que l'humain aujourd'hui se compare au rat. Evidemment nous sommes des animaux et il faut étudier les mécanismes communs à tous les mammifères "sociaux". Mais il ne faut pas que le discours scientifique soit subrepticement récupéré pour légitimer une vision néo-libérale, sarkozyste, d'un espace social privé de toute règle... où la tendresse (devenue fatalement une denrée rare) serait le supplétif des règles.

Je me disais donc que si, dans dix ans, une révolution avait lieu, le mythe de la société "espace compétitif" s'effacerait à nouveau devant la possibilité d'une société "espace protecteur", et que nous enverrions au goulag la journaliste auteure du reportage de ce matin (sauf repentance sincère de sa part), quand ma compagne me fit remarquer que, peut-être, la journaliste avait lu Bourdieu. Il est vrai qu'avant le dévoiement de l'éthologie dans la vulgate néo-libérale, il y avait eu le bourdieusisme. David Graeber, un anthroplogue américain de gauche, fait cette critique à Bourdieu dans Towards an Anthropological Theory of Value: The False Coin of our Own Dreams : d'avoir, comme Marx, par son économisme, subi en fait l'influence du libéralisme anglais du début du 19 ème siècle qui n'envisage la vie en communauté que comme une lutte. Graeber promeut au contraire une anthropologie du don que l'on retrouve dans la tradition française du groupe M.A.U.S.S. (des héritiers de Marcel Mauss comme leur nom l'indique). C'est aussi cela le message que la gauche doit porter.
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Nouvelle publication

14 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

C'est allé très vite. J'avais dit en janvier que je ferais une pause sur le front des publications. Et puis en février j'ai parlé de la Transnistrie avec un copain et sa femme. Ils étaient intéressés. Je me suis dit que peut-être je devrais ressortir de mon tiroir mon compte-rendu de voyage dans ce pays, pour en faire profiter d'autres personnes. Je l'ai envoyé à tout hasard à Patrice Kanoszai qui a publié mes derniers livres. Il a été emballé, car la Transnitrie le passionne.

Il y a sans doute une raison nouvelle pour les gens de ma génération de s'intéresser à ce petit pays. D'abord parce que c'est un territoire dissident. C'est si rare de nos jours. Et puis le regard sur l'URSS n'est plus le même qu'il y a 15 ans. Birino me disait le mois dernier qu'un prof d'histoire polonais vient de sortir un livre qui revoit à la baisse les chiffres de la terreur rouge dans les années 1920 et 1930 en Russie, et la ramène en dessous des chiffres de la terreur blanche. Beaucoup de gens voient de plus en plus que le monde capitaliste a sousestimé les catastrophes qu'il en engendrées tout en gonflant artificiellement celles du camp opposé. Sans éprouver de nostalgie pour le système soviétique qui a partiellement échoué, les gens le jugent moins durement et sont prêts à considérer avec sympathie un petit peuple qui choisit d'y vivre quand tout autour de lui (la Moldavie, l'Ukraine) est voué au au libéralisme sauvage et au règne des mafias.

Mais je suis conscient que mon programme de publication ne suit pas ce que j'avais prévu initialement. Je pensais que j'aurais d'abord à défendre mon roman sur le Béarn avant de republier des livres politiques.

Ca ne se passe pas ainsi parce que je suis dans une impasse : politique, intellectuelle, existentielle. Toutes mes publications s'écrasent sur un mur. Le mur de silence du monde. Personne n'en parle. Or, moins mes livres font parler d'eux, moins j'ai de chances de convaincre les éditeurs de publier mes prochains textes, car je deviens pour eux un gouffre financier.

Pourquoi ce silence ? Pourquoi est-ce que lorsque j'écris un roman sur le Béarn même le plus insignifiant des journalistes locaux de ce coin ne trouve pas de raison pour mentionner mon livre ? Je n'ai pas de réponse à cette question. La faiblesse du service de presse et des réseaux de diffusion de mes éditeurs ne peut pas tout expliquer.

Pourtant je sais que certains lecteurs apprécient beaucoup mes livres. J'ai reçu par exemple cette semaine un écho très favorable d'une lectrice italienne à propos de mes "10 ans sur la planète". La loi de l'indifférence est mystérieuse. Mais je ne peux pas m'arrêter à ça. D'une certaine façon, continuer à publier malgré cette chape de plomb est une façon de me prouver à moi-même que j'existe, et de faire circuler en contrebande des choses que je sais et que peu de gens savent : par exemple qui peut se vanter de savoir ce qu'il se passe en Transnistrie, pays boycotté par nos médias et sur lequel on a fait courir tant de rumeurs infâmantes ?

Je l'ai dit : à moyen terme j'ai l'intention de sortir de mon impasse personnelle autrement que par les publications - en changeant de job, en m'intéressant à l'anti-impérialisme municipal. Parce qu'il faut que je retrouve la chair du monde. Celle qui aussi redonnera du corps à mes mots, à mes pensées. Mais dans l'attente de cela, tant pis, je continue de publier, comme le petit Poucet semait des cailloux. Et donc vous trouverez prochainement sur le marché mon petit livre sur la Transnistrie.

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Closed Zone - Gaza

14 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

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Projets

11 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

J'ai reçu une invitation d'un responsable d'un cercle de droite à contribuer à un ouvrage collectif sur un sujet intéressant. J'ai réfléchi, pris conseil auprès d'amis qui eux-mêmes étaient partagés. Puis j'ai finalement refusé.

Je suis pourtant très ouvert au dialogue avec tout le monde. On ne progresse que par le dialogue. Une de mes amies italiennes est revenue il y a huit jours ravie d'une conversation avec un partisan de Mobutu qui avait un discours du défunt maréchal en guise de sonnerie sur son téléphone portable. Elle, qui détestait Mobutu au nom de l'héritage de Lumumba, a découvert que ce partisan du dictateur déchu partageait la même passion qu'elle pour le père de l'indépendance du Congo, sans qu'il trouve cela contradictoire avec son amour pour Mobutu. Cette amie est ainsi sortie de la conversation avec l'idée que l'opposition schématique Lumumba/Mobutu qu'affectionne l'ultra-gauche (dans un cinéma rue de la clé il y a 7 ans on diffusait successivement un film sur l'assassinat de Lumumba et "Mobutu roi du Zaïre") pouvait être dépassée. Le dialogue l'a faite avancer.

Mais les ouvrages collectifs ont une finalité ambiguë et sont des sources de confusions, et d'étiquetages en tout genre. La portée d'un tel livre va au delà du simple dialogue, du simple débat d'idée. Or il se trouve que j'ai un petit projet en tête en ce moment. Un projet qui en fédèrerait d'autres, et pourrait donner un sens à mes tentatives des dix dernières années. Mais je dois rester discret là-dessus tant que je n'en suis qu'aux premières prises de contact. Je pense qu'une contribution à un livre conservateur aurait pu limiter, justement, mes prises de contact.

Vous souvenez-vous que dans les années 1910 le Conseil d'Etat a rendus des arrêts faisant obstacle à ce qu'on appelait à l'époque le "socialisme municipal", c'est-à-dire une tentative de faire la révolution socialiste à partir des communes, quand une majorité de cette tendance les dirigeait, à défaut de la faire au niveau national. Et si l'on se lançait dans l'anti-impérialisme municipal maintenant ? Songez à Creil, songez à Grigny où des élus se sont découverts une vocation bolivarienne. Songez à Bagnolet dont le maire se rend à Gaza juste après le retrait de Tsahal. Vous ne voyez pas bien à quoi je songe ? Patience. Des pistes d'action très concrètes vont peut-être s'ouvrir dans cette direction.
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Les rapaces contre l'Irak

11 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Vu hier une enquête excellente sur le programme "Pétrole contre nourriture". Voici la partie la plus intéressante du documentaire - il y a aussi dans cette enquête des révélations sur le rôle dans les détournements de fonds de Paul Bremer, l'administrateur néo-conservateur américain en 2003 qui volait des milliards de dollars, stockés dans des camions de billets de banque, à l'Irak au moment même où, la main sur le coeur, il faisait le procès de la corruption sous Saddam. De très bons passages aussi sur les sociétés suisses, et ces juges qui ont récupéré quelques millions de la corruption... pour financer l'Etat suisse, pas pour le rendre à l'Irak. Un documentaire très percutant sur le cynisme de notre époque, tous les vautours occidentaux qui se sont précipités sur les occasions de profit sur le dos d'un pays où 1 million d'enfants mourraient de faim. On attend toujours l'inculpation devant la cour pénale internationale des gens qui ont mis en place ce système (Madeleine Albright, Bill Clinton), de ceux qui ont continué de piller l'Irak après sa conquête (George W Bush, Paul Bremer, Dick Cheney), de ceux qui font encore payer l'Irak aujourd'hui pour des dommages de guerre de 1990 dont beaucoup sont inventés de toute pièce. Ces gens causent un préjudice à l'humanité bien supérieur aux errements du président de la République soudanaise. Plus que les hommes, c'est tout un système économique qu'il faut condamner et combattre, et le faire activement, avec détermination et réalisme, pas avec des rêves.

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Des nouvelles d'Asie

10 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Soudan, Tibet, Mexique. Cette semaine les traces de l'impérialisme occidental traînent à la une des journaux de tous les continents.

J'ai déjà beaucoup écrit sur le Soudan, mais je ne suis pas étonné que le discours anticolonialiste autour de ce pays ne rencontre guère d'écho en France, et que les bonnes âmes s'entousiasment pour l'inculpation de son président devant la CPI. Nous ne connaissons cela que trop bien.

De même sur le Tibet, le sénateur Mélenchon a avancé des arguments profonds sur la théocratie du Dalai Lama, mais les arguments, mais les arguments n'intéressent guère.

Je lisais ce matin dans la presse chinoise un article d'un certain Zong Yiwen, membre de l'association China Religious Culture Communication, selon lequel 80 % des membres du soi-disant gouvernement tibétain en exil sont Tibetan Youth Congress, une organisation qui appelle à l'intifada la population du Tibet. Ces membres sont censés être aux ordres du Dalaï Lama aux termes de leur constitution. Or peuvent-ils soutenir la violence que condamne officiellement leur leader ? ou leur leader tient-il un double langage ? Une enquête sur ce gouvernement tibétain en exil, son personnel, ses valeurs, ses  financements, serait utile à la compréhension des enjeux.

Dans toutes ces affaires de sécession il y a toujours un Ibrahim Rugova non-violent que l'on met en avant, et derrière lui, un gang façon UCK, et une base américaine en prévision (avec la bénédiction des multinationales évidemment).

Vu aussi ces tensions militaires en haute mer entre les USA et la Chine. Et l'obstination du gouvernement nord-coréen à envoyer un missile de longue portée en faisant croire que c'est un satellite (dans la presse il semble que seule la Chine reconnaisse à la Corée du Nord le bénéfice du doute - je le leur accorderais moi aussi s'ils ne s'obstinaient à prétendre avoir déjà lancé un satellite en 1998 alors qu'il s'agissait déjà d'un missile).

M. Obama qui durcit les bombardements aériens en Afghanistan et au Pakistan, planifierait avec l'Inde une intervention militaire au Sri Lanka officiellement pour évacuer 200 000 civils tamouls suite aux succès du gouvernement de Columbo contre la guérilla sécessionniste. L'idée viendrait de Washington et l'Inde serait contrainte et forcée d'y souscrire pour des questions d'image et de crédit dans la région. Washington veut agir "en coalition". La France sarkozyenne aurait déjà approuvé l'idée. Le gouvernement srilankais considère que les civils (70 000 selon ses chiffres) sont otages des Tigres (LTTE) et qu'ils doivent rendre les armes pour que les civils puissent être évacués. Le Sri-lanka qui mène une politique active de non-alignement et de souveraineté nationale bénéficie du soutien diplomatique de la Russie.
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