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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Commentaires de mon roman (suite)

20 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Hier le commentaire d'un autre ami :

"Le critique de Parutions me paraît un peu sévère, ton roman se lit très bien, c'est écrit avec du style, c'est clair pour la langue et la construction et l'intrigue se suit bien, il y a du suspens, des personnages vivants crédibles , des passages amusants alternent avec des moments élégiaques sur la nature, des notations psycho-sociales intéressantes sur les gens et les situations en Béarn, à Pau, Orthez, dans la montagne et à la campagne, tu amènes bien tes thèmes de prédilection sur la socio et la philo en France aujourd'hui, l'université, le désir d'engagement et la politique avec ses pesanteurs et ses pièges, la possibilité problématique de résistance et les filets de la récupération omniprésente, la génétique aussi ... J'aurais attendu peut-être des développements sur la question écolo, par exemple à propos de la vallée d'Aspe ( souvenir de prof de géo, c'est un cas emblématique des usages de ce milieu, avec le
débat sur le tunnel du Somport), et tu aurais pu mêler ça à ta socio du militantisme local enraciné, mais c'est secondaire. Je n'ai pas été choqué de ton exploitation, habile, du voyeurisme érotique du thème porno ... outre que ça correspond à ta vision éthico-politique de l'importance  d'une plus grande franchise, marxo-freudienne? - sur la place du sexe dans l'imaginaire humain, ça fait partie des possibles après tout et la séduction est une stratégie marketing en politique (voir le cas Hamon!); que ton héros se fasse tailler une pipe devant le lecteur ne choquera personne aujourd'hui et ne me gêne pas, après tout nous avons une vie sexuelle et depuis D.H. Lawrence elle s'étale crûment dans les livres sérieux ... la question est celle du sens dramaturgique de l'événement ou du thème et ça entre bien, si je puis dire, dans ton récit. Entre nous, j'ai même trouvé ça bandant: je crois que le sexe hétéro m'excite plus en
image (mentale ou cinéma) qu'en réel ... mais je n'ai pas essayé (une limite peut-être, mais ça ne se fait pas comme ça, quand on manque de spontanéité et qu'on a une éducation classique, il faudrait que je boive, je crois ... ). J'ai trouvé que les thèmes de société étaient tissés entre eux de façon intéressante et que le roman jouait bien son rôle de médiateur de la pensée, sans tomber dans un collage de types abstraits et de digressions.
- J'avoue me demander qui est le narrateur. Entre les premières lignes et les dernières, il y a un décalage: ça me rappelle la remarque (un peu excessive) de Sartre sur Mauriac "Dieu n'écrit pas de roman, M. Mauriac non plus". D'où parle-t-il? Où est l'oeil? Mais ça ne gêne nullement la lecture. Je me demande aussi ce que signifie finalement "la révolution DES MONTAGNES" ... "

Quelqu'un a commenté le livre sur Amazon.fr aujourd'hui.

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Einsamkeit

19 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Il faut peut-être revenir à la radicale solitude de l'acte d'écriture. Avoir cet orgueil là de n'écrire que pour soi-même. Mais alors n'est-ce pas une vaine masturbation ? Se construit-on encore dans l'écriture quand on approche de la quarantaine ? Et si l'on se construit, pour quoi faire ? se construire pour se construire ? se construire juste pour avoir un regard de vérité ? avoir été une vérité sur son monde, un vérité plus juste, plus documentée, plus pertinente que toutes les demi-vérités voire tous les mensonges qui traînent partout ? Ecrire, écrire dans un monde qui lit et lira de moins en moins, et surtout de moins en moins bien. Ecrire pour avoir donné sens à son parcours sur terre par cette forme. Quoi de plus solitaire que ce choix là ? Qui peut ensuite supporter cette solitude d'où procède ce choix et à laquelle celui-ci conduit ?

J'ai écrit à 25 ans un texte qui s'appelait Les Fondateurs. Il s'inspirait de l'Odyssée et de l'Enéide. C'était un texte très gratuit, et, en un sens, bien plus libre que ce que je pourrais écrire aujourd'hui, car en ce temps je n'avais pas peur du ridicule. Est-ce un texte ridicule ? Je ne saurais trop dire. Je n'ai guère le loisir de m'y replonger. Je me souviens juste du plaisir que j'avais eu à l'écrire. Plus que du plaisir. C'avait été une étape importante de mon existence à l'époque, quelque chose qui m'aidait à vivre. Aujourd'hui je serais bien tenté de le ressortir de mes cartons. En même temps je redoute tout ce qu'il peut y avoir d'académique et d'au fond très potache dans ce genre de texte, un peu comme une blague des Monthy Python. Je crois quand même que c'était plus que cela.

Le plus tentant dans la reprise de ce livre, c'est qu'elle serait absurde, et donc presqu'aussi libre et gratuite que sa première écriture. Ma problématique personnelle va au delà  de cette question éditoriale. Il s'agit simplement d'évaluer si le choix de la solitude dans l'acte d'écriture peut être assumé, répété, contre vents et marées, à 25, 40, 70 ans.

C'est une question aussi pour ce blog : dois-je continuer à le tenir ? si oui, est-ce pour y délivrer des infos d'actualité (comme tant le font), pour faire signe vers des bouquins qui sortent (plus structurés que mes billets rapides), ou pour tout autre chose, quelque chose de personnel ? Je me rappelle cette réflexion de Derrida à propos de l'idiome pur (idios = particulier en grec). Ce serait une langue dont seul le locuteur aurait la clé, une langue inintelligible par autrui. Le sens de l'écriture ne résiderait-il pas par excellence dans cette absurdité finale, pie que le carré blanc sur fond blanc dans l'ordre des arts visuels ? Faut-il rechercher cela : le sollipsisme de la métaphysique ?
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Nations

18 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Comme la contribution qu'on m'avait invité à écrire pour un livre collectif portait sur la nation, je ne puis m'empêcher de relever cette invective du ministre de l'immigration aux députés de gauche : "Est-ce que le patriotisme, vous ne l'aimez que quand il est porté par Barack Obama? Si vous avez un problème avec la Nation, relisez Jean Jaurès", a lancé M. Besson aux socialistes".(AP)

Je me demande si je ne vais pas publier sur ce blog le texte que j'avais préparé pour l'ouvrage collectif à ce sujet.
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Frantz Fanon

17 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Rémy Herrera m'en avait parlé. Son nom traîne dans beaucoup de références anti-impérialistes. Une amie italienne en donne des lectures publiques dans une Rome dévastée par le berlusconisme en ce moment. Son combat force l'admiration... mais ses livres un peu moins... Il s'agit de Frantz Fanon. J'ai lu "Peau noire masques blancs" ...  J'y retrouve beaucoup d'idées qui étaient dans l'air dans les années 1970, des problématiques sur la lutte des consciences inspirées de Sartre, un ancrage des rapports de race dans les sensations du corps que je trouve beaucoup mieux développé dans le merveilleux roman "Chien blanc" de Romain Gary écrit la même année. Et puis une problématique du rapport au supérieur, de l'intériorisation, des conflits internes qui a été banalisée par Bourdieu (certains paragraphes sont identiques à ceux de Ce que parler veut dire) et qui est devenue de ce fait le pain quotidien des sciences sociales. Ajoutez à cela des énoncés un peu trop littéraires et grandiloquents, et puis un contexte social très hiérarchisé, très structuré par les valeurs scolaires - il ne l'est plus autant aujourd'hui, donc les choses ne sont plus tout à fait comparables. Au total je ne suis pas sûr que ce livre Fanon soit à recommander. C'est une prose qui n'a pas très bien vieilli - quoi qu'elle eût sûrement d'immenses mérites en son temps.

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Un conservateur états-unien sous le feu de l'AIPAC

17 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Je recommande aux lecteurs français l'article de Pat Buchanan en défense de Charles Freeman, un homme de Kissinger qui a dirigé le Middle East Policy Council. Le lobby AIPAC l'a attaqué de front pour ses positions "pro-arabes" et ses liens avec l'Arabie Saoudite et la Chine, empêchant sa nomination au National Intelligence Council. L'article illustre une fois de plus l'hostilité des conservateurs états-uniens "de la vieille école" au dévoiement de la politique états-unienne au service d'Israël. Cela rappelle ce que nous disions sur Paul Craig Roberts devenu la coqueluche des anti-impérialistes français, même à gauche. Dans la même veine voir Doug Bandow "So-Called Isolationists Are the True Internationalists"

Au fait, puisqu'on parle de ce que font la droite et la gauche contre l'impérialisme, pourquoi est-ce Dupont-Aignan et pas un parti de gauche qui lance cette semaine une pétition contre la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN ?

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Encore d'étranges fantasmes sécessionnistes

17 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Les Inrockuptibles l'annonçaient le 11 mars dernier et d'autresorganes de presse avec eux : Dans une tribune publiée sur le site « World Net Daily », Chuck Norris, héros de Delta Force et de la série Walker, Texas Ranger, affirme que dirigé par un gouverneur « qui en a » le Texas pourrait faire sécession. Et ce gouverneur, ça pourrait être lui.

Ce "buzz" médiatique a été pris très au sérieux par la bande à Meyssan du Réseau Voltaire qui en profite pour ressortir la vieille thèse d'Igor Panarin (ancien directeur adjoint du KGB puis porte-parole de l’Agence spatiale russe, actuel doyen de la faculté de Relations internationales de l’Académie diplomatique de Moscou, auteur d’un ouvrage sur l’œuvre de Thierry Meyssan) étudie la possible dislocation des USA sur le modèle de l’effondrement de l’Union soviétique. D'après lui, cet éclatement devrait débuter en 2010, pour aboutir à une fragmentation en pays distincts :
 la côte Pacifique (dominée par la population d’origine chinoise),
 le Sud (dominé par la population d’origine mexicaine),
 le Texas (comme république autonome),
 la côte Atlantique (dominée par la population d’origine européenne, susceptible de se scinder en deux avec les anglo-saxons et latins),
 les grandes plaines (qui reviendraient alors aux Indiens).
 en outre, l’Alaska pourrait retourner à la Russie et Hawaï au Japon.

Une vision passablement "racialiste" de l'identité états-unienne à laquelle je ne crois guère. Kadhafi dans les années 1980 avait suggéré d'une façon encore plus grossière que les Etats-Unis pourraient être divisés en 3 Etats (indiens - la moitié Ouest -, blanc au Nord Est, noir au sud-est).

Mais il est vrai que ces fantasmes sécessionnistes disent quelque chose de notre époque, et, aux Etats-Unis, ils expriment la fragilité du lien social dans ce pays. J'avais fait un dossier en décembre 2007 pour le blog de l'Atlas alternatif sur le sécessionnisme des Indiens Lakota qui tendaient la main à Chavez.Je suis tombé ce matin sur Joseph Lafferty, chef sioux lakota, qui rend compte de l'accueil que lui a réservé Chavez en janvier 2008. L'histoire ne dit pas s'ils ont obtenu l'aide financière qu'ils sollicitaient.
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Commentaires de mon roman

16 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La Révolution des Montagnes

Deux commentaires de "La révolution des montagnes" ces dernières heures de la part de correspondants et amis. Le premier, réservé, de Gérard Tautil, militant occitaniste, qui regrette que je n'aie pas davantage développé l'aspect politique de l'expérience sécessionniste que je décris (critique qui m'est adressée également par un commentateur de parutions.com, d'une manière un peu différente). Un ancien camarade de lycée m'écrit en outre : "Je suis en train de le lire et j'aime beaucoup. On retrouve en effet les thèmes que tu as abordés dans ton interview avec D. Grosclaude et de très belles descriptions du Béarn. J'étais un peu curieux de lire un roman écrit de ta plume, je te voyais plutôt comme un essayiste et je dois avouer que tu as vraiment un style. Une marque personnelle et riche littérairement. En effet c'est souvent drôle et le personnage de Thierry Perdu m'a bien amusé."

Ce dernier commentaire m'a bien fait plaisir, je dois dire, mais il ne suffira sans doute pas à me convaincre de m'investir à nouveau dans l'écriture d'un roman (même si je reconnais à ce genre une supériorité par rapport à l'essai). Tout ce que j'éprouve à l'égard de ce livre, c'est que je suis heureux de l'avoir écrit avant la naissance de mon fils. Moi qui avais été un très joli petit garçon, ma beauté n'était rien à côté de la sienne, et son enfance fait vieillir la mienne : au miroir de son regard, ma naissance (en 1970) est renvoyée au millénaire précédant, un temps désormais très lointain. Je suis d'un coup devenu une antiquité. Et mon roman devient ainsi la dernière expression contemporaine de mon existence qui ne l'est presque plus. Mais cela, évidemment, le lecteur ne peut pas le saisir, même si j'avais tenté de faire sentir, à demi-mot, ici ou là dans le livre, qu'il concluait un cycle. Beaucoup de gens qui ne comprennent pas la fin du roman, qui y voient une fuite, devraient réfléchir à cette dimension existentielle du livre. Ce roman n'est pas principalement politique. Il est d'abord existentiel.
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Société compétitive ou société protectrice

15 Mars 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Un reportage de la TV ce matin (peut-être sur la 5 ou sur Arte) à propos de Cyrulnik disait : "Les enfants comme les petits singes ont besoin de tendresse qui leur donnera leur équilibre pour partir à la conquête de l'espace compétitif qu'est la vie sociale". J'ai trouvé étonnant qu'on juge qu'il va de soi de considérer que l'espace social est un univers compétitif, soumis à la loi de la jungle. Jamais on n'aurait enseigné aux parents ni aux enfants une telle vision de la société dans les années 1970, époque où l'on considérait plutôt la société comme un espace protecteur, civilisé, où l'on pouvait rencontrer des gens intéressants et partager le plaisir de vivre ensemble.

L'éthologie animale n'est pas en cause. Je ne suis pas comme cet obscurantiste lacanien qui dénigrait les chercheurs qui s'intéressaient à la vie des rats en trouvant "psychanalytiquement signifiant" que l'humain aujourd'hui se compare au rat. Evidemment nous sommes des animaux et il faut étudier les mécanismes communs à tous les mammifères "sociaux". Mais il ne faut pas que le discours scientifique soit subrepticement récupéré pour légitimer une vision néo-libérale, sarkozyste, d'un espace social privé de toute règle... où la tendresse (devenue fatalement une denrée rare) serait le supplétif des règles.

Je me disais donc que si, dans dix ans, une révolution avait lieu, le mythe de la société "espace compétitif" s'effacerait à nouveau devant la possibilité d'une société "espace protecteur", et que nous enverrions au goulag la journaliste auteure du reportage de ce matin (sauf repentance sincère de sa part), quand ma compagne me fit remarquer que, peut-être, la journaliste avait lu Bourdieu. Il est vrai qu'avant le dévoiement de l'éthologie dans la vulgate néo-libérale, il y avait eu le bourdieusisme. David Graeber, un anthroplogue américain de gauche, fait cette critique à Bourdieu dans Towards an Anthropological Theory of Value: The False Coin of our Own Dreams : d'avoir, comme Marx, par son économisme, subi en fait l'influence du libéralisme anglais du début du 19 ème siècle qui n'envisage la vie en communauté que comme une lutte. Graeber promeut au contraire une anthropologie du don que l'on retrouve dans la tradition française du groupe M.A.U.S.S. (des héritiers de Marcel Mauss comme leur nom l'indique). C'est aussi cela le message que la gauche doit porter.
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