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La luciférase dans le patch quantique de Bill Gates

On a parlé le mois dernier, du nouvel implant invisible appelé « tatouage à points quantiques» (un patch de micro-aiguilles) conçu par Microsoft pour suivre qui sera vacciné contre le coronavirus et qui ne le sera pas, sous le numéro du brevet WO/2020/060606.
Quand on commence à lire des informations à ce sujet on se croirait en plein "fake", en pleine contrefaçon complotiste, et pourtant qui peut invalider celle-ci ? Ce dispositif breveté qui se présente comme un "passeport immunitaire" (immunity passport) repose sur l'introduction sous votre peau d'une enzyme, la luciférase, qui est nécessaire pour qu'une machine puisse lire l'information inscrite dans votre tatouage. C'est une enzyme dont la bioluminescence est proche de l'infrarouge.
Le nom, qui renvoie à Lucifer, intrigue. Même le plus naïf, le plus anti-chrétien, le plus de mauvaise foi des lecteurs peut se demander "pourquoi avoir appelé une enzyme ainsi" ? Une question que Wikipedia en version française ne se pose évidemment pas. La première réponse qui vient à l'esprit, pour cette structure dont le génome a été décodé en 1987, c'est que Lucifer en latin, veut dire "porteur de lumière", comme l'entreprise allemande qui a équipé l'observatoire astronomique du Vatican aux Etats-Unis.
Ce peut être une façon de se rassurer si l'on décide par ailleurs d'oublier qu'on a affaire là à des gens qui pratiquent l'occultisme dont ils affichent délibérément les signes (l'oeil d'Horus par exemple, ou pensez à Apple dont le logo évoque le jardin d'Eden vendant son premier ordinateur en 1976 à 666,66 dollars), et si l'on oublie que Lucifer est le dieu de la franc-maçonnerie si influente dans le milieu médical comme au sein de la Silicon Valley.
En réalité, si l'on se penche sur l'inventeur des mots "luciférine" et "luciférase", on découvre qu'il s'agit d'un certain Dr Raphaël Dubois. Dubois, professeur de physiologie générale et comparée à l'Université de Lyon, spécialiste des photobactéries, était au début du XXe siècle un anarchiste de salon, et un collaborateur de la revue "La Vie universelle, bulletin de l'Association internationale biocosmique" selon Vittorio Frigerio "Nouvelles anarchistes : La création littéraire dans la presse militante" p. 261. On peut trouver sur Internet une conférence de ce Dubois sur la paix en Europe, qui fait l'éloge de Pythagore - ce qui sent la référence maçonnique - (p. 4), et théorise sur les champs magnétiques terrestres y compris leur influence sur les épidémies (p. 7-8)... non non ne pensez pas à la 5G...
Voilà qui probablement exonère Bill Gates de l'accusation simpliste selon laquelle il aurait au sein d'une société secrète planifié d'introduire une enzyme au nom satanique dans son patch quantique, mais qui, en revanche, rattache clairement son entreprise à une tradition très marquée sur le plan de l'antichristianisme et des recherches occultes. De quoi encore renforcer la méfiance.
Au fait : a-t-on la moindre idée des effets secondaires de la présence de cette enzyme dans un organisme humain ? (tout comme d'ailleurs de ceux des effets de ce vaccin mal testé, préparé à la hâte, que les médias nous conditionnent chaque jour à désirer de toutes nos forces ?)
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"Monsieur Vincent"
Je regardais tantôt en DVD ce beau film de 1947 "Monsieur Vincent" que jadis les enfants du patronage catholique allaient voir car c'était du temps où le cinéma national (tout comme celui d'Hollywood - d'ailleurs le film reçut aux Etats-Unis l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1949) se devait d'être chrétien, ou du moins de ne pas trop heurter les consciences catholiques, ce qui a changé dans les années 60.
Ce film présente d'une manière touchante le personnage de Saint Vincent de Paul, un des héros du renouveau spirituel français du XVIIe siècle.
Du coup, je me plonge cet après-midi dans quelques passages de la vie de ce saint prêtre gascon. Son enlèvement par les pirates sur la mer entre Marseille et Narbonne, sa vente à 29 ans comme esclave à Tunis d'abord à un pêcheur, ensuite à un médecin (de septembre 1605 à août 1606). Il précise dans une lettre que ce médecin était un alchimiste "spagirique , souverain tireur de quintessences, homme fort humain et traitable, lequel, à ce qu'il me disait, avait travaillé l'espace de cinquante ans à la recherche de la pierre philosophale, etc." Il précise : "Il m'aimait fort, et se plaisait de me discourir de l'alchimie, et puis de sa loi, à laquelle il faisait tous ses efforts de m'attirer, me promettant force richesses et tout son savoir. Dieu opéra toujours en moi une croyance de délivrance par les assidues prières que je lui faisais, et à la vierge Marie, par la seule intercession de laquelle je crois fermement avoir été délivré", de sorte que l'espérance de la délivrance (pour retrouver un certain M. de Commet avocat à d'Acqs et juge à Pouy qui l'avait fait entrer dans les ordres Mineurs) le fit s'intéresser plus au moyen de guérir la gravelle, pour laquelle il préparait les ingrédients et les administrait. Il avait la sagesse de fuir la sorcellerie et tout ce qui, dans cette veine, flatte l'Ego...

J'apprends que de 1619 à 1622 il fut aumônier des galères à Marseille. J'ai passé une nuit à l'hôtel Ibis qui est l'ancienne capitainerie des galères royales dans cette ville, en 2014, du temps où j'y menais une enquête sur les médiums. Qui sait si quelque chose de la présence du saint homme à l'époque ne m'avait point protégé des conséquences potentiellement très funestes que pouvaient avoir pour moi ces mauvaises fréquentations. Par la suite, j'ai croisé l'ordre de Saint Vincent de Paul en travaillant sur ces étranges apparition de la Vierge rue du Bac et la médaille miraculeuse qui leur fut consacrée en 1830, car cette affaire remit en scelle cette congrégation, à l'époque malmenée par le pouvoir civil. Notre siècle gagnerait à se pencher à nouveau sur tout cela.
Il devrait aussi se pencher sur Maurice Cloche, le réalisateur du film, qui avait, douze ans plus tôt, surpris et ébloui le chroniqueur du journal Comoedia (20 février 1935) Jean Vincent-Bréchignac (et son successeur Fernand Lor l'année suivante, ainsi que beaucoup d'autres critiques qu'on peut trouver sur Gallica) avec un documentaire flamboyant sur le Mont Saint Michel, puis s'était spécialisé dans la mise en valeur des détails de l'existence quotidienne en province avec "Ces dames aux chapeaux verts" et à Paris avec "Sixième étage" (voir lé critique dans Le Matin du 28 juillet 1939 p.4). Neuf ans après Monsieur Vincent, en 1956, il allait revenir à la thématique chrétienne avec "Un missionnaire" (à propos de l'Algérie) à partir d'un témoignage authentique, mais que les milieux chrétiens de l'époque jugèrent maladroit.
Cloche n'était pourtant pas spécifiquement étiqueté catholique. Ses sujets ont été variés. A gauche les communistes ont vertement critiqué un de ses films sur l'enfance délinquante, mais Témoignage chrétien du 16 avril 1948 a signalé que "Monsieur Vincent" a été interdit aux Etats-Unis pour ses tendances communistes tandis que dans la revue du Parti communiste français La Pensée d'octobre 1948 (p. 106) le résistant Pol Gaillard lui reconnaissait le mérite d'avoir insisté sur l'importance des conditions matérielles de vie des pauvres et d'avoir montré que "l'expérience apprend de plus en plus à Vincent ce qu'il ne voulait pas admettre d'abord, qu'on ne peut rien tout seul, qu'on ne peut rien sans argent, qu'il faut organiser, organiser et que c'est là une tâche sociale et politique; il est contraint, bien qu'il y répugne, d'intervenir toujours plus haut, de s'adresser à l'Etat (car le dévouement des grandes dames ne va pas loin et l'on ne peut pas compter sur elles par exemple pour recueillir les enfants abandonnés".
Il semble que le PCF ne lui en voulait pas d'avoir terminé son scénario en 1943 sous l'Occupation, et d'avoir travaillé sous la botte allemande comme beaucoup d'autres cinéastes...
Extrait de la critique de Monsieur Vincent dans "La femme dans la Cité" revue du Rassemblement féminin martiniquais de 1949, dont on peut supposer qu'elle reflétait le regard chrétien provincial (aussi bien qu'outre mer) sur ce film à l'époque :
"Une société a été créée il y a quelque temps :« L'Office Familial de documentation Artistique » ( OFDA ), dans le but de produire, non pas des films de propagande, mais des oeuvres fortes françaises, chrétiennes et profondément humaines. Elle a procédé par souscription dans la France entière. « Monsieur Vincent » est le premier résultat de son effort(*). Il ne faut pas hésiter à dire que c'est un chef-d'oeuvre. Mais n'allez pas voir ce film si vous êtes décidé à vous admirer vous-mêmes et à demeurer content de vous. On en sort comme honteux. Ce n'est pas la vie d'un homme charitable. C'est l'évocation même de la Charité. Et la Charité, comme tout ce qui est grand, est vouée à la solitude. Vincent de Paul a été seul, effroyablement seul. Seul quand il pénètre à Châtillon-en-Dombes, dont la population se calfeutre par crainte de la peste et lui jette des pierres pour qu'il s'en aille : ces gros souliers ferrés qui résonnent sur le pavé désert, ce visage de bonté qui se heurte à la dureté farouche de l'égoïsme . . . Seul sur ces galères, dont on l'a nommé aumônier général. Seul à sentir l'abîme de détresse de ces misérables qu'on traite pis que des bêtes. Seul dans des taudis de Clichy, où il écoute, en essayant de trouver le sommeil, les voix de la folie, du vice, de la maladie, les cent voix du mal qui crient vers lui de tous les murs. Seul aux prises avec l'Administration, qui ne lui pardonne pas d'avoir découvert la misère humaine, si bien couverte jusque là et qu'on avait loisir d'ignorer. Seul avec les "grandes dames de charité" qui refusent de se laisser entraîner au delà des papotages qu'elles avaient baptisé « charité ». Seul face à Richelieu, aux grands de la terre, aux malheureux aigris, à ses propres collaborateur (...)
Il a réussi ce tour de force de recréer intensément l'atmosphère d'une époque sans tomber dans le genre "reconstitution historique". Il a composé une oeuvre bouleversante profondément chrétienne sans rien de désagréablement "pieusard ", profondément humaine sans que Dieu soit laïcisé.
En France, dans toutes les villes où Monsieur Vincent a été projeté, on a signalé des actes de charité sortant de l'ordinaire dans les jours qui ont suivi. Telle cette dame de Lille, qui, rencontrant à sa sortie du Cinéma un malheureux étendu dans la rue, l'emmena chez elle et le soigna pendant plusieurs jours.
Je souhaite qu'il donne ici, à tous ceux qui le verront, des yeux plus chrétiennement ouverts sur la misère humaine. À la fin de sa vie, au cours d'une conversation qu'il a avec la vieille Reine de France, Vincent de Paul lui dit son regret d'avoir tant dormi, tant perdu de temps... Et la Reine de s'exclamer : " Mais alors que faut-il faire ?.. . " Et Saint Vincent en se levant péniblement, répond par ce simple, mot : " Davantage, Madame. .. "
Que vous ayez fait peu ou beaucoup pour vos semblables, j'espère qu'à votre tour, après avoir vu " Monsieur Vincent " et. vous disiez de même : " Il faut que je fasse davantage. (...)
Seul comme l'amour, quand il est vraiment l'Amour, avec ses terribles exigences et son impitoyable logique.
C'est pour cela que Pierre Fresnay est seul dans ce film. Les autres jouent admirablement leur rôle de comparses. Ils ont compris qu'ils devaient s'effacer devant cet homme un peu lourd, paysan, sans éloquence, qui a encore plus de coeur que de génie, qui parle mieux par ses yeux et par ses mains que par sa bouche. (...) Quant au dialogue de Jean Anouilh, il nous prouve qu'un vrai dramaturge est capable d'entendre, au-delà des voix rauques de la triste humanité, la voix humaine et divine de la sainteté. Les répliques entrent dans la chair; elles bouleversent ; elles font mal. Je pense à cette exclamation d'une dame de charité qui refuse de se charger des enfants trouvés, enfants du péché : « Est-ce que ce n'est pas la volonté de Dieu que de tels enfants meurent ?" -- La réponse arrive, lente, émouvante. : " Madame, quand Dieu veut que quelqu'un meure, pour le péché, il envoie son Fils ".
(*) 80 millions de Francs, là où le budget ordinaire d'un film tournait autour de 10-12...
Vril dans le Sud-Ouest

Si beaucoup de recherches se développent sur Internet autour des sociétés secrètes en ce moment, c'est entre autre parce que beaucoup d'artistes, avec la complicité des journalistes, ont une façon très peu crédible de répondre aux questions qui leur sont posées.
Voyez cette artiste qui a vendu à la communauté d'agglomération de Bordeaux un triptyque pour 1 million et demi de dollars (dont probablement 80 000 euros pour elle). En novembre 2015, le président de l’Association de défense des intérêts du quartier de Bacalan, Luis Diez, descendant de Républicain espagnol, s'est indigné de ce que la sculpture représentant une soucoupe volante qui constituait une partie de ce triptyque portait le nom de la société secrète Vril qui fut au coeur du programme de fusée du régime nazi (et aussi de beaucoup de ses spéculations occultistes) - voir rue89Bordeaux du 4 novembre 2015. (Les deux autres parties sont un mémorial dans une bibliothèque et une bibliothèque de science fiction près d'un observatoire - l'ensemble composera un triangle magique avec l'aide de un architecte local).
En réponse aux critiques qui la soupçonnaient de sympathie pour le nazisme, l'artiste répondait dans une interview à Sud-Ouest qui a été ensuite republiée en 2017 l'artiste posant sous un parapluie rose (couleur chargée de sens dans l'ésotérisme actuel, et pas forcément d'un sens positif...) :
"J’espère sincèrement que les intentions de ce projet pourront être expliquées à chacun, que l’on pourra écarter la crainte qu’il s’agisse là d’un projet ‘nazi’. Ce n’est réellement pas mon intention, et je suis horrifié que l’on puisse l’interpréter de cette manière. Ma propre famille a souffert elle aussi à cette époque, mes grands-parents paternels, des juifs polonais, ont été déportés en camp de concentration, avec d’autres membres de ma famille. Mon père était venu à Paris dans les années 1930. Il avait étudié à l’école de sciences politiques et était ensuite devenu membre de la résistance française à Paris, puis en zone occupée. Ma tante elle aussi était dans le maquis, dans le sud de la France. Par leur action, ils ont aidé à sauver de nombreuses vies.
Le nom Vril, que j’ai utilisé pour l’une des trois parties de mon projet, vient d’un livre qu’on considère comme le tout premier roman de science-fiction, Vril: the Power of the Coming Race écrit en 1871 par un anglais, Sir Edward Bulwer-Lytton. On retrouve dans ce livre plusieurs des problématiques abordées par mon triptyque. Le roman décrit une société imaginaire rendue possible par la technologie, sous la surface de la terre, dont les habitants possèdent un pouvoir leur permettant de contrôler la matière sous toutes ses formes. C’est une vision, une hypothèse de ce que pourrait être notre avenir, un futur où chacun devrait vivre heureux et en paix, conscient des conséquences de son propre pouvoir.
Il n’y a pas de fondement à la rumeur qui prétend que les nazis auraient utilisé le nom Vril pour un supposé programme spatial au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Il faut éviter tout amalgame entre le concept nazi de race dominante et le sous-titre du livre, ‘the Power of the Coming Race’ (la puissance de la race à venir). On sait aujourd’hui que les nazis ont repris et/ou détourné de nombreuses idées, de nombreuses théories, pour soutenir leur programme de domination mondiale ; ils ont emprunté à la philosophie, à la science, aux technologies, mais aussi à la fiction. Tous ces concepts ne sont pas intrinsèquement nazis. Ce sont des idées fortes, que l’on peut utiliser – et que l’on a utilisé sous différentes formes – pour le bien ou pour la destruction de l’humanité. La médecine, la psychologie, les sciences sociales, la guerre sont autant d’exemples d’application."
Finalement, le projet a changé de nom pour devenir simplement « Le Vaisseau spatial ».
L'artiste se borne à mettre en scène une histoire connue de tous : les nazis contre les résistants, sa famille était elle-même résistante donc il n'y aurait aucune ambiguïté. En réalité, le problème ne se situe pas là. Ce n'est pas dans le conflit visible entre nazis et résistants. C'est dans la continuité entre les sociétés secrètes à l'oeuvre en Allemagne au coeur du nazisme et les programmes poursuivis ensuite en Occident sur la base du même crédo, et souvent avec les mêmes personnes exfiltrées du régime hitlérien. C'est un mensonge éhonté que de dire que Bulwer-Lytton (célèbre lord auteur des "Derniers jours de Pompei" et membre de la société secrète maçonnique Aube dorée, Golden Dawn à laquelle appartiendra aussi le mage sataniste Aleister Crowley) n'avait pas les mêmes objectifs que le nazisme et cherchait simplement à engendrer une civilisation où les vivraient "heureux et en paix". La revue Dissidences expliquait plus justement à propos de "The Power of the Coming Race" : "Fidèle à une vision évolutionniste, Bulwer-Lytton imagine un stade plus élevé de la machinerie sociale, sorte de synthèse entre des idées d’extrême gauche et des notions aristocratiques ou réactionnaires (...) Pour autant, la civilisation du Vril-ya ne cache pas son mépris pour les peuples qui lui sont inférieurs, car encore au stade démocratique de la bêtise de masse et dépourvus de la maîtrise du vril, clef de tout progrès collectif. (...) " Il faut être soit borné, soit de mauvaise foi, pour ne pas voir une similitude entre cette race supérieure mêlant les idéaux socialistes et réactionnaires dans un projet totalitaire avec le nazisme...
L'ancien militaire autrichien devenu universitaire du nom de Karl Haushofer voulut mettre en pratique l’intuition de Bulwer-Lytton et chercha concrètement le moyen de développer en l’homme la mystérieuse force psychokinétique censée faire des Vril-ya des êtres comparables à des dieux. Il fonda au début du siècle dernier la Confrérie du Vril ou Loge Lumineuse. La Société aurait enseigné des exercices de concentration conçus pour éveiller les forces de Vril, une force d'énergie sexuelle Shaakti, plus forte chez les femmes aux cheveux longs, qui alimentait l'énergie magnétique de la Terre vers le cerveau. Leur objectif principal était d'atteindre « Raumflug », le vol spatial inter-dimensionnel basée sur les révélations psychiques d'extraterrestres aryens vivant sur Aldébaran, l'Oeil du Taureau,... Adepte des rituels de l'Aube Dorée anglaise (Golden Down), et connecté, après un voyage en Inde et au Tibet, avec la société himalayenne des Chapeaux jaunes, Haushofer, ayant rencontré en 1917 la médium croato-autrichienne Maria Orsic fit converger l'entourage d'Orsic, la société de Vril, et la société de Thulé (embryon ésotérique du parti nazi actif à Munich en 1919 dont l'imaginaire touche encore la Nasa). Des membres de ce groupe louèrent en 1919 une petite maison de garde forestier près de Berchtesgaden (dans les Alpes bavaroises) où ils se rencontrèrent, accompagnés de Maria Orsic et d'une autre médium qui était seulement connue sous le nom de Sigrun. Selon Jürgen Ratthofer et Ralf Ettl, dans Das Vril Projekt (1992), Maria prétendait avoir reçu des transmissions médiumniques dans un script templier allemand secret puis dans une langue tout aussi inconnue d'elle contenant des données techniques pour la construction d'une machine volante. Il s'est avéré que la langue apparemment mystérieuse de la seconde canalisation était en réalité du sumérien ancien et donc la langue des anciens fondateurs de la culture babylonienne. Sigrun aida à traduire la langue et à déchiffrer les étranges images mentales d'une machine volante circulaire. En mars 1922 fut terminé, grâce au financement par de riches industriels, le premier prototype de Jenseitsflugmaschine (ou machine volante en forme de soucoupe). Mais le premier vol d’essai fut un échec. D'autres tentatives allaient avoir lieu ensuite puis le savoir accumulé allait être repris dans les programmes de recherche du régime nazi après 1933.
C'est bien dans la lignée des soucoupes volantes de la Société Vril que se situait l'oeuvre de l'artiste à Bordeaux qui porte son nom. La présentation initiale de ce projet n'existe plus sur son site (voir ici), mais Rue89Bordeaux a eu la bonne idée de le recopier en novembre 2015. L'auteure y déclarait avoir « été frappée d’apprendre que de nombreux bateaux allemands datant de la Seconde Guerre mondiale se trouvent toujours au fond de la Garonne » et explique que la transformation de l’un d’eux constitue « la métamorphose d’une chose en une autre, pour donner chair au processus physique de mutation dans la ville ».
Dans l'interview précitée à Sud-Ouest l'artiste déclarait : "J’ai eu l’idée de sortir une épave de la Garonne pour la transformer en quelque chose d’autre, par une sorte d’alchimie, la transformation d’une matière en une autre, pour incarner le processus physique de transformation à l’œuvre dans la cité. J’ai imaginé qu’un de ces navires de guerre français en décomposition puisse devenir, des décennies après la défaite des Allemands, un vaisseau spatial étincelant. Rien à voir avec le fantasme de puissance et de contrôle d’une guerre nazie. Le renouveau d’un vaisseau spatial français, qui emporterait l’histoire jusqu’à aujourd’hui et vers un avenir hypothétique, tout à la fois un rappel de la guerre et un encouragement à imaginer et construire un avenir différent."
"The narrative changed" (la narration a changé) comme diraient les Anglo-saxons : initialement c'est une épave allemande que l'artiste voulait transformer en soucoupe volante, puis, sous la pression des polémiques, on invente une volonté d'utiliser au contraire une épave française pour se tourner vers un avenir meilleur. Mais qui peut être dupe ? (à part les journalistes qui évidemment n'ont pas relevé ce "détail", interrogé l'artiste à ce sujet ou mené une enquête pour savoir finalement si le navire fut français ou allemand...).
Changement de narration, mensonge sur le message de Bulwer-Lytton, on ne peut pas penser que tout cela procède de simples maladresses. L'artiste est une grande initiée. Le jeu de tarot Hexen 2 qu'elle a créé a été présenté par le Science Museum de Londres en 2012 comme "basé sur le système de la Golden Dawn" ce qui a valu à l'artiste en 2018 d'avoir une résidence de trois mois au CERN (semble-t-il prolongée jusqu'à maintenant cf Instagram)... Elle a publié en 1999 une sorte (si on en juge par la quatrième de couverture) de roman (mais dans les milieux occultistes les romans comme les films servent souvent à faire passer des réalités sur le mode du "hidden in plain sight") intitulé "Hexen 2039 : New Military-Occult Technologies for Psychological Warfare, a Rosalind Brodsky Research Programme" (prolongé par une expo au British Museum sept ans plus tard) qui "révèle ou construit des liens entre les théories du complot, les groupes occultes, Tchernobyl, la sorcellerie, l'industrie cinématographique américaine, les agences de renseignement britanniques, le lavage de cerveau soviétique et des expériences de contrôle du comportement menées par l'armée américaine et son commandement des affaires civiles et psychologiques (PSYOP), à la lumière de nouvelles recherches alarmantes dans les neurosciences contemporaines". A la lumière de tout cela la thèse d'un art qui n'aurait "rien à voir avec le fantasme de puissance et de contrôle", n'est tout simplement pas crédible.
bibliographie : Jan Von Helsieg, Secret societies
Vladimir Terziski, Nazi Ufos
Nick Cook, The Hunt for zero point
Timothy Good, Above Top Secret, The Worldwide Ufo Cover-up
On notera que l'ex (ou encore ?) franc-maçon Leo Lyon Zagami dans Invisible Masters (2018) en p. 203 en réponse à Wikipedia en allemand qui nie l'existence de la société Vril cite un article du savant allemand Willy Ley (1906-1969), publié dans le magazine Astounding Science Fiction sous le titre "Pseudoscience in Naziland" qui évoque une société qui recherchait le Vril sous le titre de Wahrheitgesellschaft. Il précise que l'énergie Vril (dont bizarrement la structure se comprendrait à partir d'une pomme) était peut-être maîtrisée par l'empire britannique et par l'empire romain sous la forme de boules métalliques appelées lares. Zagami précise un peu plus loin que la Golden Down elle-même avait des origines allemandes en la personne de la comtesse rosicrucienne bavaroise Anna Sprengel, fille naturelle de l'Electeur Louis Ie, mais l'existence de cette comtesse prête elle-même à caution...
Sur l'importance d'Aldebaran chez les occultistes voir aussi (p. 137 du même livre) le fait qu'à San Leo dans la province de Rimini en Emilie Romagne, en octobre 1969 un convent martiniste s'est réuni pour créer un égrégore sous la présidence du comte Gastone Ventura (1906-1981) dont le pseudonyme était Aldebaran.
"Auction of souls", "L'Arménie martyre" (1919)

Il est une image qu'on trouve parfois sur des profils de militants chrétiens sur des réseaux sociaux, celle ci-dessous.
Elle est en fait extraite d'un film américain "Auction of souls" (ou "Ravished Armenia"), diffusé en France sous le titre "L'Arménie martyre". Une petite recherche sur Gallica nous en dit un peu plus sur ce film.
Par exemple la Revue Comoedia du 7 décembre 1919 :
Jeudi prochain 11 décembre, à la Salle Gaveau, sera projeté au profit des orphelins de l'Arménie un film qui constitue une noble — et douloureuse — propagande.
Mme la duchesse de Rohan patronne l'œuvre et le film sur lequel on nous donne les renseignements suivants:
Ce drame a déjà été donné sous le titre d'Auction of Souls (Ames vendues aux enchères) en Amérique, et à Londres, et a produit partout une profonde impression ; le martyre de l'Arménie y est représenté de la façon la plus émouvante.
Ce film a été établi d'après les témoignages publiés par lord Bryce et M. Henry Morgenthau, et notamment d'après les souvenirs personnels d'une Jeune Arménienne, Aurora Mardiganian, qui, après avoir fait l'infernal voyage des déportations, enlevée par les Turcs et enfermée dans un harem, a réussi à s'échapper et à se rendre en Amérique. Mlle Aurora Mardiganian est d'ailleurs l'héroïne du film. ALADIN.
La même revue un peu plus tôt 30 oct 1919 regrettait que la diffusion du film ait été interdite au moins jeunes mineurs dans l'Ontario. Paris aimait depuis longtemps, dans le domaine du spectacle, se poser en antithèse des Etats-Unis "puritains".
Sans surprise on notera que la Revue royaliste l'Action française 8 décembre 1919 en p. 4 synthétisait toutes les critiques positives de la presse anglaise à propos de ce film :
"Appréciations dans la presse anglaise, sur le film "L'Arménie martyre", qui sera donné jeudi 11 décembre à huit heures et demie du soir à la salle Gaveau
Bioscope - "ce film est le plus remarquable qui ait jamais été édité en Amérique"
Evening Standard - "Toute femme anglaise devrait se faire un devoir d'assister à la représentation d'Auction of Souls".
Evening News - "La production cinématographique la plus étonnante sous tous rapports que j'aie jamais vue."
Kinematograph Weekly - "Il n'a jamais été présenté sur l'écran de ce pays un film plus puissant,plus convaincant et plus poignant. Cette production est d'une technique et d'une habileté insurpassables"
B. Blais Esq. - "Je ne puis qu'exprimer un désir : c'est que ce film soit vu par chaque homme et chaque femme du monde civilisé"
Je ne sais pas trop si dans les cours d'histoire du cinéma aujourd'hui on parle beaucoup de ce film. La même année sortait à Paris "J'accuse" d'Abel Gance célèbre pour sa scène sur les fantômes des morts de la guerre qui hantent la conscience d'un poilu,et "Une idylle aux champs" de Charlie Chaplin.
Il avait été tourné en Californie, nous apprend la fiche Wikipedia.
Je me suis un peu intéressé à cette duchesse de Rohan qui patronnait la diffusion de l' "Arménie martyre" en France. C'était une poétesse, âgée à ce moment là de 66 ans. Elle venait de recevoir peu la légion d'honneur du maréchal Foch, en mai 1919, au cours d'une cérémonie dans son hôtel particulier près des Invalides, pour y avoir soigné les blessés de guerre (elle l'avait mis à la disposition de la Croix Rouge), et, le même mois, la croix de la reconnaissance italienne "en remerciement des mois passés dans les ambulances du front en Vénétie". Son mari, le duc était député de Ploërmel en Bretagne. Elle était fille d'un marquis du Périgord. Un de ses fils périt dans la Grande guerre à hardecourt.
Comment la duchesse a-t-elle été sensibilisée à la cause arménienne ?
La duchesse connaissait l'Europe de l'Est. En octobre 1909 (source la revue "Les modes") elle avait effectué un voyage dans le Caucase, en Crimée et en Roumanie, en compagnie de une de ses cinq enfants la princesse Marie qui épousa un descendant de Murat l'acolyte de Napoléon (la petite fille de cette dernière fut l'épouse du ministre de Chirac Albin Chalandon, le monde est petit). La presse de l'époque nous apprend qu'elle y avait rendu visite à la reine de Mingrélie SA la princesse Salomé Murat (à propos de la Mingrélie je vous renvoie à mon livre sur l'Abkhazie). Elle avait écrit une partie de son voyage dans son chalet Herminissia dans la montagne de Kuibia. Le récit fut publié en 1910 chez Calmann Lévy sous le titre "Les dévoilées du Caucase". Le journal "Gil Blas" du 17 juillet 1910 ironique le décrit comme "un voyage en famille minutieusement papoté. L'auteur eût oublié quelque part son ombrelle qu'elle n'aurait pas négligé de nous en faire part". La Croix du 22 juillet 1910, plus déférente le qualifiera de "si aimable, si varié de ton, si spirituel sans prétention et si noble de pensée". On peut supposer que ses attaches mingrèles, auprès de sa belle famille les Murat avait sensibilisé la duchesse à la cause arménienne. Mais on n'en sait pas plus au vu des archives disponibles sur le Net sur ce qu'elle en pensa précisément ni le cheminement précis qui permit au public parisien de découvrir "L'Arménie martyre" à la salle Gaveau.
Le film est in extenso ci dessous.
Scorsese et le martyre, Berl et le silence
Vu le dernier film de Scorsese "Silence", film astucieux mais sans intérêt sur le plan moral. Le cinéaste s'y regarde trop le nombril au prisme de la religion. Depuis La dernière tentation du Christ, il aime mettre en scène les doutes des croyants, mais, contrairement à ce que veut faire croire son film, l'engagement religieux ne peut se borner à glisser au milieu du scepticisme de la fin de vie une amulette interdite dans un cercueil. Cela dit, il met un certain talent "technique" au service du sujet considérable que représente le martyre des chrétiens au Japon au XVIIe siècle (voir ici notamment p. 175 et suiv).
Tous les martyres sont impressionnants, et ils sont le propre de beaucoup de religions. Ils m'impressionnent quand ils ne se font pas avec des ceintures d'explosifs car là, ce n'est plus du martyre, c'est de l'assassinat. J'ai découvert celui de religieux mandéens (sabéens) au XVIIIe siècle il y a peu : en 1782 les musulmans de Perse ne parvenant pas à obtenir par l'argent et la ruse les livres sacrés de cette secte jettent leur clergé en prison et les torturent. Plusieurs sont tués, empalés,mutilés, on leur coupa les membres en commençant par les doigts, corps égorgés, yeux brûlés au fer rouge, têtes coupées selon le témoignage de J. de Morgan. Le Gauzevra Adam auquel les Perses avaient coupé le poignet droit s'enfuit en Turquie avec le livre "Iniani" sous le bras qu'il recopia en cachette de la main gauche.
Je lis Emmanuel Berl en ce moment qui fut une sorte de Montaigne du XXe siècle. Il a raison de dire qu'au fond tous les athées, de Nietzsche à Picasso, furent de grands religieux. Sauf que ces gens là plaçaient leur Dieu trop loin et trop haut pour le croire susceptible d'imposer des lois à l'homme. C'est qu'il leur manquait la foi aux démons (ou plutôt la connaissance des démons), un peu moins d'orgueil, un peu d'humilité dans la façon d'observer des phénomènes comme la voyance et la médiumnité les auraient ramenés aux dures réalités du "deuxième ciel" et ils auraient alors compris pourquoi les lois morales existent. Voyez par exemple la séance où Malraux va voir une médium spirite pour lui faire dater un tapis antique et en ressort comme s'il sortait d'un labo d'analyse scientifique, telle que Pauwels la raconte. Un peu de modestie et de curiosité sans préjugés auraient ouvert à Malraux des boulevards d'élévation spirituelle. Idem pour Kant s'il avait eu l'honnêteté minimale de témoigner de sa fascination initiale (qu'il confesse dans ses lettres) devant l'intuition de Swedenborg sur l'incendie de Stockholm, plutôt que d'enterrer tout cela sous une tonne d'arrogance ironique dans "Rêves d'un visionnaire".
J'aime bien quand Berl dans "A contretemps" fait l'éloge du silence et transforme la phrase de Jésus "Que votre oui soit oui, que votre non soit non, tout le reste vient du Mauvais" (Mt 5:37), en "Dites oui oui dites non non et tout le reste vient des démons". Moi aussi j'aimerais avoir la sagesse de ne pouvoir parler que pour dire "oui" ou "non".
Un fervent musulman a commenté un billet récent de ce blog. Il y a des tas de religions comme l'Islam, le bouddhisme etc dont je me dis que plus je les connais et moins j'en sais sur elles. Mais j'ai une méthode bien à moi pour approcher ces sujets. Je ne creuse que ce qui m'est indispensable, quitte à devenir très pointu sur d'infimes détails (comme vous avez pu le remarquer sur ce blog avec mes remarques sur le pythagorisme), car le sens profond est dans le détail, sans jamais rechercher l'encyclopédisme ni l'académisme. Pour le reste il faut accepter de ne rien comprendre.
Emmanuel Berl et le Béarn
C'est un phénomène très étrange : le Béarn est une province française insignifiante et éloignée de tout, et cependant il s'y est passé à divers moment des phénomènes littéraires, politiques et métaphysiques intéressants. Souvent ils furent le fait de personnalités de passage plus que de natifs.
J'ai abondamment parlé sur ce blog de ce phénomène étrange qu'y fut la réforme protestante d'où est né cet apport indéniable quoiqu'ambigu au système politique et social français que fut la royauté d'Henri IV. Mais il y a plus : ont respiré l'air du Béarn Saint John-Perse, ou encore une grande mystique catholique de la fin du XIXe siècle récemment canonisée originaire du Liban, et le cinéaste Robert Bresson, auteur d'un magnifique film sur Jeanne d'Arc qui y tourna "Au hasard Balthazar", ou le chanteur populaire Daniel Balavoine qui fait encore parler de lui à travers les médiums. Le philosophe marxiste Henri Lefebvre y organisait des retraites intellectuelles avec ses pairs où l'on planifiait le soutien au Nicaragua. Agatha Christie et Sommerset Maugham y ont écrit. Ce sont des choses que les Béarnais eux-mêmes ne savent pas, des canards boiteux comme la République des Pyrénées se gardant bien de le leur apprendre.
Lors de mon dernier séjour là-bas je m'émerveillais encore de ce fait météorologique étrange caractéristique de la région : les Pyrénées y apparaissent ou disparaissent d'un jour sur l'autre suivant que le temps va virer à la pluie ou pas. A ma grande surprise, en regardant l'interview d'Emmanuel Berl devant la caméra de Boutang en 1971 diffusé par une chaîne de télévision ce soir, j'entends Berl citer ce phénomène (*), et évoquer le temps où, juste après la première guerre mondiale, il fréquentait à Pau Francis Jammes et Drieu La Rochelle. J'aurai dû attendre mes 46 ans pour apprendre que Berl avait vécu dans ma région natale.
J'ai toujours éprouvé de la sympathie pour Berl malgré son parcours erratique qui fit de lui à un moment la plume de Pétain. Bien sûr ce n'est pas l'aspect du personnage que je préfère. J'aime mieux évidemment le collaborateur de la revue Europe (la revue de Romain Rolland) qu'il fut auparavant. Il était le cerveau du parti radical socialiste, et un vrai dilettante, une "nature passive" dit-il dans son interview en se référant aux catégories de Sartre dans son livre sur Flaubert, comme je le suis aussi à bien des égards. Je pense que j'éprouve une attirance instinctive pour sa génération d'écrivains qui fut broyée par la guerre et en conçut une mélancolie incurable, plus que pour la génération d'enfants gâtés des 30 glorieuses façon Philippe Sollers qui a transformé la France en parc zoologique d'électeurs d'Hollande et Macron.
En lisant "Europe" en 2014 j'avais relevé qu'il citait Epaminondas au moment où cette référence pythagoricienne croisait mon chemin d'une manière inattendue. "Il y aura beaucoup d'Epaminondas" aurait dit Apollonios de Tyane à propos de l'Aquitaine romaine où se préparait une insurrection contre Néron. J'ignore si l'anecdote est authentique, et, à part Joseph Bonaparte dont l'acolyte en Provence se surnommait Epaminondas, je pense que Berl fut le seul à se soucier de ce héros thébain... Mais Berl a souvent eu un regard juste sur les sujets vraiment importants. Et il l'a eu sur les Pyrénées béarnaises... Il mérite encore sans aucun doute d'être lu...
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Il l'avait fait dans "Sylvia" paru dans "La Nouvelle revue française" de Gallimard en 1953 :
" Le Béarn favorise les confusions du réel et de l'imaginaire ; les Pyrénées surgissent ou s'effacent selon les sautes du vent, tantôt si proches qu'elle font corps, indissolublement avec le paysage, tantôt si bien cachées qu'on n'ose plus parler d'elles aux touristes ; soi-même, on les oublie, jusqu'à ce qu'elles reviennent, véhémentes, vous reprocher votre manque de foi."
La franc-maçonnerie dans la Seconde République espagnole
Je n'ai pris conscience du caractère maçonnique de la république espagnole qu'en apprenant à la lecture des archives de mon grand père officier de la garde civile républicaine que dans les années 60-70 les francs-maçons étaient les derniers à organiser des réunions de soutien à celle-ci à Paris rue Cadet.
La péninsule ibérique a été travaillée par l'action des francs-maçons au début du XXe siècle. Début 1908 le roi du Portugal avait été assassiné. Cinq semaines plus tôt, le 25 décembre 1907, l’abbé Tourmentin dans le bulletin de l’association antimaçonnique de France publiait un article prophétique où il disait « il est bien à craindre que, dans un temps plus ou moins court, Don Carlos déchu, chassé ou exécuté, ne soit un nouvel exemple de la puissance des francs maçons » . Et c'est dans une République largement pro-franc-maçonne que la Vierge de Fatima est apparue.
En Espagne, le soulèvement de décembre 1930 à Jaca avait été organisé par les maçons. Six semaines avant les élections municipales du 2 mars 1931, F. Coty dans le Figaro avait stigmatisé l'insuffisance de l'action anti-maçonique du gouvernement de Primo de Rivera. En 1928, une perquisition aux sièges du Grand Orient de Madrid et de la Grande Loge symbolique n'avait pas été suivie d'effets. Ces perquisition provoquèrent une mobilisation internationale contre le régime espagnol. En avril 1930 Jean Longuet, membre du comité exécutif de l'internationale ouvrière socialiste, maçon et fils d'un gendre de Marx soutient les républicains à Madrid.
Les conjurés de Jaca (dont le leader le capitaine socialiste Fermin Galán était maçon depuis 1925) et de l'aéroport de Cuatro Vientos proposaient une liste de 10 membres d'un gouvernement provisoire dont 7 francs-maçons, les 3 autres ayant seulement pour fonction d'établir des contacts avec des milieux de droite. Tous ces noms allaient se retrouver dans le gouvernement du 14 avril 1931. La revue maçonnique argentine Cadena de Union en avril 1931 (article de Manuel Gualdi) saluait cette victoire sur le catholicisme. El Liberal fait de même dans un article repris dans le Boletin oficial del grand oriente espanol (n°61, 10 décembre 1931). Le bulletin du Grand Orient allait ensuite tenter d'atténuer cet excès de publicité - qui nuisait à ses intérêts en précisant : "C'est bien clair. La Maçonnerie ne gouverne le pays" . D'où ensuite les destructions d'édifices religieux dès mai 1931.
Le député carliste Lamamié de Clairac à la séance des Cortès du 14 novembre 1936 a accusé la révolte des Asturies d'octobre 1934, comme celle de Catalogne, contre le gouvernement de droite issu des élections de novembre 1933 d'avoir été orchestrées par les francs-maçons, ce qui expliquerait que des leaders condamnés à mort en conseil de guerre comme le socialiste González Peña (pour lequel une mobilisation fut lancée par les francs-maçons) ou le catalan Perez Farras commandant de division lors de l'insurrection de Barcelone (futur conseiller militaire de Durruti) aient été graciés (en prison il aurait dit "mes frères me sortiront de là"). L'URSS a été accusée de fournir des armes aux insurgés. Le 15 février 1935, le député Cano Lopez dépose un projet interdisant la franc-maçonnerie dans l'armée. Le projet est voté mais restera lettre morte. Il citait 21 généraux francs-maçons (dont certains cependant sont devenus nationalistes pendant la guerre civile, ce qui peut signifier qu'ils n'étaient pas très lourdement investis dans la maçonnerie, ce fait mériterait d'être analysé plus avant pour savoir quelle fraction de la maçonnerie était derrière la République). Franco allait aussi accuser plus tard la franc-maçonnerie de Genève d'avoir été derrière l'assassinat du leader Calvo Sotelo (qui avait analysé publiquement la bolchévisation du PSOE) en 1936.
Cette place de la maçonnerie dans la seconde république espagnole n'est pas mise en avant dans nos livres d'histoire, mais éclaire sous un jour un peu particulier la question de l'ingérence étrangère dans les affaires espagnoles dès avant 1936.
Les villes françaises dans un livre de Péguy
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Je ne prétends pas connaître ni comprendre Charles Péguy, grand écrivain socialiste révolutionnaire et chrétien du siècle dernier. J'ai juste l'image d'un normalien austère, monacal, respecté, qui fut un peu une sorte de Surmoi de Jaurès, comme Bernard de Clairvaux le fut de Suger 800 ans plus tôt. J'ai bien des livres sur lui qui trainent dans ma bibliothèques, mais que je n'ai pas eu la force de lire.
Alors c'est un peu "vierge" que j'ouvre au hasard, comme je le fais si souvent avec tous mes ouvrages, un de ses livres, "Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc".
Je tombe sur ces passages de la complainte de la bergère Jeanne (qui pour moi évoque la bergère Bernadette Soubirous à Lourdes), lorsqu'elle dit que Bethléem seule rayonne encore sur cette terre, quand toutes les villes de France sont enterrées. C'est un très beau passage sur les promesses divines devenues lettres mortes. On pense à ce que disent les occultistes sur la lettre vouée à rester morte, à devenir pierre (comme l'Eglise de Saint Pierre - "tu es petrus") tandis que seul l'Esprit (fait d'eau) la peut vivifier. C'est une méditation mélancolique sur le "ne plus". Elle passe en revue les grands foyers de spiritualité français : Chartres, Paris, Orléans, Reims, Rouen, Nancy (même si Nancy est beaucoup moins française que les autres, elle fait partie de la "Krajina" française), avec leurs saints attitrés. Bizarrement elle les traite un peu comme des machines industrielles à produire des saints, ce qui me semble être une erreur psychologique et littéraire : le divin n'aurait pas parlé à une bergère qui raisonne de la sorte. Mais l'évocation a le mérite de condenser le "vortex" ou le réseau de vortex spirituels qui composait la Francie historique.
On commet beaucoup de fautes de goûts. Quand on présente Jeanne d'Arc en combattante en armure plutôt qu'en bergère, on manque le sublime chrétien bien vu par Chateaubriand : que les saints faiseurs de miracles et les briseurs de sceptres restent des va-nu-pieds, et tirent précisément leur pouvoir de cela. L'armure n'est qu'un gadget. Pensez à Ste Agnès qui n'avait pas besoin d'armures et à tant d'autres. Et je commets moi-même une faute de goût en parlant des saints français comme de "vortex", c'est-à-dire en empruntant le vocabulaire très "Disneyland" du new age internautique, mais c'est simplement pour rappeler que ce qui se réalise dans l'ordre spirituel n'est pas spatial : les forces (je ne parle pas d' énergies) se condensent dans un seul lieu qui est en même temps un non-lieu, et ce n'est pas la question de savoir "Le Vatican combien de divisions".
Péguy recense les "vortex" sur le mode du "ne plus", du message caduc, un peu comme tous les Français aujourd'hui peuvent saisir la France comme une réalité obsolète, quelque chose qui n'a plus rien à dire au monde, un sanctuaire aux oracles muets, comme ceux du paganisme finissant.
La Jeanne de Péguy a la forme d'un immense "pourquoi ?". Pourquoi y a-t-il eu un Saint Martin à Tours, un Saint Aignan à Orléans, un Saint Ouen à Rouen, une Sainte Geneviève à Paris, un Saint Nicolas à Nancy si c'est pour que tout cela meure ? Pourquoi ces cathédrales qu'aujourd'hui nos architectes seraient bien incapables de bâtir et qu'ils savent à peine restaurer ?
Je ne suis pas nationaliste et ne pense donc pas que la France "dans l'absolu" vaille mieux et renferme un meilleur héritage que d'autres pays. Elle a juste été choisie historiquement pour sauver certains héritages grandioses (sur le plan spirituel) et les faire fructifier. Quand je parle de la France, je signifie cette alliance entre Loire et Somme entre gallo-romains et Francs qui va du VIe siècle au XIVème, alliance sans laquelle probablement ni les gallo-romains seuls ni les Francs de leur côté ne seraient arrivés à rien. En tant que demi-espagnol, je suis sensible par exemple au rayonnement de Saint Jacques en Galice, ou à celui de Saint Vincent à Saragosse (il faut lire Grégoire de Tours pour voir ce que les habitants de cette ville doivent à l'aura de ses reliques). Mais force est de constater que le mot "France fille ainée de l'Eglise" ne fut pas un vain mot pendant la séquence de huit siècles que j'évoque ici, quand elle produisit les Clovis, Charlemagne et les premiers capétiens, et dont Napoléon et De Gaulle furent les héritiers.
On me pose des questions en ce moment sur la vocation "spirituelle" de la France face à des pays comme l'Allemagne. Les catholiques français ont beaucoup réfléchi sur l'abandon de la Germanie du Nord à l'hérésie luthérienne, ses liens avec les médiums, les convulsionnaires (donc le diable) jusque sous la plume de Hegel, de Nietzsche, sa fascination pour l'Islam, pour le zoroastrisme, ses alliances japonaises, les répercussions de tout cela dans le nazisme (et peut-être dans l'imaginaire américain qui doit au protestantisme et à la Prusse). Moi qui ai beaucoup lu et aimé les philosophes allemands, et qui suis le contraire aussi bien d'un doctrinaire que d'un chauvin, je n'ai aucun début de réponse à ces questions, et ne me presse pas d'en avoir.
J'apprécie seulement que Péguy, à travers Jeanne, interroge ce "réseau de vortex" français sur le mode d'un possible "ne plus"(et pourtant Péguy le fait peu après Lourdes, peu après La Salette et la rue du Bac... "Et vous flèche de Chartres et tombeaux de Saint-Denis, saintetés du royaume de France, vous n'êtes rien".
Je me rends compte que nos médiums New Age, avec leur doctrine qui cherche des "vortex" hérités du paganisme dans des cathédrales seraient bien incapables de prononcer des mots aussi tragiques, car dans leurs pseudo-sciences physiques "énergétiques" façon théosophie orientale, il y a toujours des "énergies" à récupérer quelque part, rien ne se perd jamais, le tragique de l'Histoire, est complètement évacué (et donc la problématique poignante de la rédemption aussi, puisqu'on n'est jamais que dans de la gestion placide et bourgeoise des forces de l'au-delà). Péguy, lui, est dans la tragique, quand il montre Jeanne d'Arc indignée par le fait que les soldats "font manger l'avoine à leurs chevaux sur l'autel vénérable" et "boivent dans les très saints calices le vin qui les soûle" (p.39) elle nous plonge dans cette scène du Fantôme de la Liberté de Bunuel où les soldats athées de Napoléon en Espagne dans les églises se nourrissent avec les hosties et boivent le vin de messe dans des calices. Il campe la déchéance de l'absolu, sans laquelle "l'épistrophe" (le retour à l'unité de l'être) pour parler comme les néo-platonicien manquerait de sa dimension sublime. Mais faut-il parler le langage du néo-platonisme que Chateaubriand lie au socialisme ou aux hérésies (voyez mon billet* ici) et dans lequel Barrès voyait la matrice du mépris pour le peuple à l'œuvre aussi bien dans la secte des Assassins (hashashim) ancêtre au Proche-Orient de l'actuel Etats Islamique que dans le nietzschéisme ? Le socialisme de Péguy était peut-être anti-platonicien, mais je ne connais pas assez bien ce sujet pour pouvoir me prononcer là-dessus.
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* Billet qui renvoie à un passage des Mémoires d'Outre tombe, dont il faut aussi lire cette suite car elle nous servira pour l'avenir :
"Il était impossible que les vérités développées dans le Génie du Christianisme ne contribuassent pas au changement des idées. C’est encore à cet ouvrage que se rattache le goût actuel pour les édifices du moyen âge : c’est moi qui ai rappelé le jeune siècle à l’admiration des vieux temples. Si l’on a abusé de mon opinion ; s’il n’est pas vrai que nos cathédrales aient approché de la beauté du Parthénon ; s’il est faux que ces églises nous apprennent dans leurs documents de pierre des faits ignorés ; s’il est insensé de soutenir que ces mémoires de granit nous révèlent des choses échappées aux savants Bénédictins ; si à force d’entendre rabâcher du gothique on en meurt d’ennui, ce n’est pas ma faute. Du reste, sous le rapport des arts, je sais ce qui manque au Génie du Christianisme ; cette partie de ma composition est défectueuse, parce qu’en 1800 je ne connaissais pas les arts : je n’avais vu ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Égypte. De même, je n’ai pas tiré un parti suffisant des vies des saints et des légendes ; elles m’offraient pourtant des histoires merveilleuses : en y choisissant avec goût, on y pouvait faire une moisson abondante. Ce champ des richesses de l’imagination du moyen âge surpasse en fécondité les Métamorphoses d’Ovide et les fables milésiennes. Il y a, de plus, dans mon ouvrage des jugements étriqués ou faux, tels que celui que je porte sur Dante, auquel j’ai rendu depuis un éclatant hommage."