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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #abkhazie tag

Les souverainistes renversent le gouvernement abkhaze

19 Novembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

La vie n'est pas un long fleuve tranquille au pays des sept montagnes sacrées autrement appelé "pays des âmes" (l'Abkhazie).

Le 17 novembre des membres de l'opposition à la loi sur les investissements russes ont défoncé avec un camion les grilles du parlement et du palais présidentiel puis se sont entièrement emparés de leurs administrations, et annoncé la formation prochaine d'un gouvernement provisoire. Ils ont ainsi pu forcer le président Aslan Bjania et le premier ministre Alexandre Ankvab à démissionner. Il était reproché à ce dernier son intention de ratifier un accord d'investissement avec la Russie, susceptible de nuire aux activités commerciales locales.

C'est qu'en Abkhazie, on ne plaisante pas avec la souveraineté nationale, comme on l'avait déjà vu avec la loi sur les appartements (qui a été dans un premier temps réduite à l'Abkhazie de l'Est puis retirée)...

Le vice-président Badra Gunba assurera la présidence par intérim, tandis que l'ancien président du parlement Valeri Bganba occupera le poste de Premier ministre.

Le Monde du 17 novembre précise que "craignant d’être mal compris, les protestataires et l’opposition ont toutefois donné des signes montrant que leur manifestation n’était pas antirusse, mais plutôt contre l’accord et contre le gouvernement d’Aslan Bjania."

Le député social-démocrate (parti "Russie Juste") de la Douma russe Oleg Shein explique sur Telegram (traduit par Abkhazworld) :

Contrairement à l’Ossétie du Sud, une petite vallée d’environ 30 000 habitants qui cherche à s’intégrer davantage à la Russie, l’Abkhazie construit un État indépendant fondé sur les principes de la démocratie militaire. Les postes de direction dans le pays nécessitent la connaissance de la langue abkhaze, une langue aussi complexe que le chinois, ce qui rend difficile pour les groupes ethniques non abkhazes, comme les Russes et les Arméniens, d’occuper des postes importants.

Depuis son indépendance, l’Abkhazie a connu cinq présidents. Alors que les deux premiers sont décédés en cours de mandat (beaucoup pensent que Vladislav Ardzinba a été empoisonné lors de négociations avec les Géorgiens) [les Abkhazes évitent généralement d’en parler, bien qu’Ardzinba lui-même ait suggéré qu’il ait été empoisonné, mais pas à Tbilissi. Dans le même temps, la mort de Sergey Bagapsh a également soulevé des questions, car il est décédé dans un hôpital de Moscou des complications suite à ce qui devait être une simple opération pour une maladie pulmonaire due à un fumeur. — Ndlr], le troisième a démissionné à la suite de manifestations de masse, et le quatrième n’a pas réussi à se faire réélire et a été contraint de démissionner. Les élections en Abkhazie sont compétitives et le Parlement joue un rôle important dans la gouvernance.

Les détracteurs comparent souvent les ruines de Soukhoum à la modernité étincelante de Batoumi en Géorgie. Cependant, alors que Batoumi a attiré les investissements européens, l’Abkhazie a délibérément tenu les investisseurs étrangers à distance, craignant de perdre sa souveraineté et de devenir une économie satellite comme la Barbade, où une grande partie des terres et de l’industrie appartient à des entreprises étrangères et où les locaux servent de main-d’œuvre.

Le principal point de discorde est l’« accord d’investissement ». Cet accord vise à attirer des capitaux russes à grande échelle capables d’investir plus de 2 milliards de roubles (20 millions de dollars) dans des projets individuels. Pour mettre les choses en perspective, le budget total de l’Abkhazie est de 12 milliards de roubles (120 millions de dollars), dont environ 5 milliards (50 millions de dollars) proviennent de l’aide financière russe.

En vertu de cet accord, l’Abkhazie serait obligée d’approuver tout projet d’investissement proposé, d’allouer des terres et des infrastructures à cet effet, de rembourser 50 % de la TVA et de renoncer aux impôts sur les bénéfices et la propriété pendant huit ans. Les investisseurs auraient également le droit de faire venir des travailleurs extérieurs à la région, sans recourir aux ressources de main-d’œuvre locales. Au départ, l’accord prévoyait le remboursement intégral de la TVA, mais l’Abkhazie a réussi à négocier une concession.

L’accord couvre tous les secteurs de l’économie, y compris le tourisme, les services publics, la production d’énergie, l’agriculture et la production industrielle, à l’exclusion de la production alimentaire.

En outre, l’Abkhazie ne serait pas autorisée à introduire de nouvelles réglementations liées aux normes environnementales, à l’architecture ou à d’autres exigences qui s’appliqueraient rétroactivement aux accords d’investissement existants. Bien que l’accord prévoie que l’Abkhazie indemnise les investisseurs pour les dommages, il ne contient aucune clause de réciprocité tenant les investisseurs responsables des dommages potentiels.

Ces conditions ont suscité une vive inquiétude parmi les citoyens abkhazes, qui constituent la toile de fond de la récente vague de protestations. Beaucoup craignent que l’accord ne porte atteinte à la souveraineté de l’Abkhazie et ne privilégie les intérêts extérieurs aux besoins locaux.  Voilà la base du mécontentement qui anime les manifestations.

L'ex-députée Natalie Smyr estimait l'été dernier que jamais un gouvernement abkhaze n'avait autant pris ses compatriotes pour des idiots que celui qui vient d'être renversé.   

A noter aussi que la mobilisation populaire contre ce gouvernement d'oligarques commençait à obtenir le soutien de peuples voisins. Ainsi par exemple l'association Abaza, en République russe de Karatchaïévo-Tcherkessie, qui fait le lien avec la diaspora abkhaze à travers le monde.

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La belle circassienne

16 Octobre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie, #Divers histoire, #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités, #Les rapports hommes-femmes

 

On a parlé de Pierre Loti, de sa passion pour une Circassienne en Turquie. Du temps où l'on disait les choses ouvertement, il était fréquent de considérer les Circassiens (Abkhazes, Tcherkesses, Tchétchènes) comme les plus beaux êtres humains du monde (voyez le rapport "Circassiens syriens / Unité de renseignement française Damas – Quneitra 1935" ici) et le thème de la belle Circassienne prisonnière du harem du Sultan était si répandu qu'il fut même un sujet d'attraction dans les spectacles forains aux Etats-Unis.

Chose étrange, Paris eut aussi sa belle Circassienne à l'époque de la Régence. Ce fut Mademoiselle Aïssé (1693-1733), que le comte Charles de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople acheta en 1697 (à l'âge de 4 ans). Ferriol était habitué à acheter de belles esclaves au marché turc nous dit Sainte-Beuve "et ce n'était guère dans un but désintéressé" La belle fut mêlée dès sa prime adolescence aux salons parisiens et entretint des correspondances avec les grands esprits du XVIIIe siècle. Son personnage allait inspirer beaucoup d'oeuvres littéraires au siècle suivant.

L'historien légitimiste Capefigue nous dessine, comme nous l'aimons nous autres sociologues, l'espace de sociabilité dans lequel a grandi la belle orientale. Il y avait, nous dit-il, l'épicurien comte de Ferriol (le frère du diplomate qui l'avait achetée), sa femme, Mme de Ferriol   ("soeur de la célèbre chanoinesse et du futur cardinal" écrira Sainte-Beuve), belle, galante, intrigante  "très-protégée par le maréchal d'Uxelle en ce temps de moeurs faciles" (cela signifie qu'il était son amant), deux neveux (le comte d'Argental et le comte du Pont de Veyle), qui furent comme des frères pour Aïssé. "Cette famille appartenait tout entière aux moeurs libres de la Régence : ceux que Voltaire appelait ses chers anges ne se piquaient ni d'austère morale, ni de religion : gens d'esprit, insouciants ils se jouaient avec la vie et leur but était d'en descendre doucement de fleuve" écrit l'historien.  Dans une lettre à Mme Calandrini de Genève, elle dit qu'elle était "le jouet des passions" des  intellectuels qui fréquentaient le salon de son père adoptif. Un portrait l'a immortalisée à 16 ans.

Elle a d'ailleurs peut-être été d'abord l'amante de son propre père adoptif. Une lettre d'amour de celui-ci a été retrouvée et publiée en 1828. La lettre fut écrite quand Ferriol avait 60 ans et Aïssié 17. Sainte-Beuve pense que le comte y parle pour l'avenir pour contrer un rival, mais rien ne prouve, dit-il, qu'Aïssié, qui vivait à plus de mille kilomètres de son père adoptif, puisqu'il était en permanence à Constantinople à partir de 1700, ait accepté (on est donc très loin de la pédophilie brutale et vulgaire de notre époque). Elle habitait rue Neuve-Saint-Augustin, près de l'actuel métro Quatre Septembre chez Mme de Ferrol ce qui la protégeait de toute éventuelle entreprise de son père adoptif. Il a été souligné cette phrase d'Aïssié à Mme de Calandrini "Mon coeur ne pouvait être séduit que par la vertu ou tout ce qui en avait l'apparence". On est quand même loin de la dépravation que nous plaquons rétrospectivement sur la Régence.

Sainte-Beuve a aimé sa conversion à la vertu. Il a écrit "A l’époque la moins poétique et la moins idéale du monde, sous la Régence et dans les année qui ont suivi, Mlle Aïsé offre l'image inattendue d'un sentiment fidèle, délicat, naïf, discret, d'un repentir sincère et d'une innocence en quelque sorte retrouvée". Il y voit même une sorte d'allégorie du salut de la France par l'Orient : "il fallait que cette Circassienne, sortie des bazars d'Asie, fût amenée dans ce monde de France pour y relever comme la statue de l'Amour fidèle et de la Pudeur repentante" (bon, bien sûr ça ce n'est pas ce que la fiche Wikpedia polluée par l'idéologie actuelle en retiendra).

A 7 ans Aïssé (ou Haidée) quand elle représente sous le prénom de Charlotte la marraine du petit comte du Pont de Veyle à son baptême à St Eustache à Paris en 1700, elle ne sait pas signer mais sera instruite par la suite et manifestera dans ses lettres un style élégant et une personnalité délicate. "On ne peut peindre mademoiselle Aïssé, disait sa meilleure amie, qu'en jurant que l'âme d'un ange habitait son corps". Le romantisme allait ensuite célébrer son amour pour le chevalier d'Aydie. Voilà une charmante contribution du Caucase à notre histoire nationale.

 

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Un point sur l'Ukraine et sur la Géorgie

30 Mai 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Colonialisme-impérialisme, #Abkhazie, #Le monde autour de nous

Caroline Galacteros s'inquiète de voir les Ukrainiens s'attaquer à un des dix radars essentiels au dispositif  nucléaire russe, près de la ville d'Orsk à 1 800 km du front. Sur la chaîne "The Duran", Sur la chaîne "The Duran", l'ancien avocat britannique Alexander Mercouris analyse cet événement d'une manière qui me paraît plus fine en rappelant que la doctrine nucléaire russe prévoit que Moscou peut enclencher une riposte atomique si sa force de dissuasion est attaquée. C'est la raison pour laquelle la Russie a préféré ne pas parler de cette attaque qui d'après sa propre doctrine  implique une riposte de ce type (la Russie, rappelle Mercouris, tient toujours ses promesses en bien comme en mal à la différence de l'agitation des Occidentaux, ce qui l'oblige à un certain sérieux).

La question est de savoir, souligne Mercouris, si Kiev a agi de son propre chef ou a "testé" Moscou sur ordre des Occidentaux. Il semble en tout cas que le dommage sur les installations ait été assez faible.

Mercouris fait une étude assez sérieuse de la question des "lignes rouges". D'après lui jusqu'ici toutes les "lignes rouges" que les membres du lobby conservateur américain (des gens comme Victoria Nuland naguère, ou Eliot A. Cohen co-auteur d'un horrible article dans Foreign Affairs il y a peu) identifie comme ayant été franchies n'ont jamais été identifiées comme telles par les autorités russes.

Par contre l'autorisation que Macron, Scholtz et Biden (mais pas l'Italie) veulent donner à l'usage des missiles sur Belgorod (en territoire Russe) pourrait effectivement violer un tabou.

J'ai écouté avec attention les justifications qu'un colonel donnait sur une chaîne du service public à la proposition de notre cher président à ce sujet : l'intensité de l'attaque depuis le territoire russe justifierait cette innovation. Voilà un argument ad hoc assez fragile. Cela rappelle un peu le temps où Washington se sentait autorisé à attaquer le Nord Vietnam et le Cambodge au nom de la lutte contre le Vietcong au Sud. C'est aussi comme les droits de poursuites bizarres qu'Israël se reconnaît contre l'Iran et contre un peu tous ses ennemis à travers le monde. Sauf qu'ici on s'en prend à une grande puissance nucléaire. Il y a un fort parfum de folie dans toute cela; Folie peut-être encore un peu calibrée par des rouages que nous connaissons mal (y compris du côté des sociétés secrètes internationales), mais folie quand même.

Sur le front, on croit comprendre que la Russie conquiert des villages su côté de Kharkov. Zelensky arrive à y envoyer encore 20 000 hommes. Ce n'est pas encore l'épuisement total de l'armée ukrainienne que certains stratèges "non mainstream" nous annoncent depuis 6 mois. Ceux-ci assurent qu'ils s'en prennent, pour le coup, à des dispositifs ukrainiens de défense "essentiels" et que, par ailleurs ils poursuivent une "guerre d'attrition" très intelligente. Pour ma part je vois surtout une guerre d'usure très consommatrice de vies. Voilà le tragique de l'affaire. Mais la thèse de l'effondrement ukrainien imminent me laisse sceptique.

Zelensky en théorie n'est plus président de l'Ukraine depuis le 21 mai. La constitution lui impose de transmettre ses pouvoirs à la Rada (le parlement monocaméral). Mais il s’assoit dessus en tirant prétexte de la guerre. Et Macron l'invite sur les plages du Débarquement (comme si le nationalisme bandériste pro-SS dont Zelensky dépend était pour quelque chose dans la libération de l'Europe). Je n'ai toujours pas vu quelle disposition de la constitution ukrainienne permet ce maintien au pouvoir de l'ancien comédien (ont-ils un article 11 ?).

Intéressant aussi pour nous (pas seulement parce que je m'intéresse à l'Abkhazie), cette interview de Girogi Lasha Kasradze, sur Neutrality Studies, qui remet certaines pendules à l'heure par rapport aux caricatures de nos médias de services publics sur le thème "le gouvernement géorgien est pro-russe, parce qu'entre les mains d'un oligarque" alors que la population géorgienne est pro-européenne. Kasradze rappelle que la Géorgie n'a pas de relation diplomatique avec la Russie (ce qui n'est pas n'est pas spécialement un signe de bonne entente), que la loi de déclaration des ONG financées à plus de 20 pour cent par l'étranger a son équivalent aux USA (mais on comprend que cela gêne l'Europe car cela va révéler son niveau d'ingérence dans les affaires de Tbilissi), que tout est complexe en Géorgie : Saakachvili le sanguinaire anti-russe (auquel Raphaël Glucksmann fut lié de très près, on oublie de le dire) avait pour ministre des finances un oligarque lié à Moscou, que l'actuelle présidente sans pouvoir la française Zourabichvili ex-alliée de Saakachvili contre lequel elle s'était retournée fut élue avec les voix du parti Rêve Géorgien qu'elle combat aujourd'hui. Tout cela sur le dos de la population en grande partie contrainte à émigrer.

On a l'impression que Rêve Géorgien est comme le Parti des Régions ukrainiens en 2013 : plutôt pro-occidental, mais pas assez aligné sur les néo-conservateurs et leurs projets guerriers qui, du coup, le taxent de pro-russe. Kasradze plaide pour un sud-Caucase neutre ou en tout cas aligné ni sur Moscou ni sur Washington-Bruxelles, un peu comme l'Azerbaïdjan, avec une Géorgie confédérée à l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud. Mercouris lui voyait comme avenir à l'Ukraine une réunification sans le "cancer" du bandérisme, dans la mouvance BRICS.

En ce qui me concerne je ne sais pas trop si une "BRICSisation" de ces pays serait une si bonne chose. Je vois en tout cas les malheurs que le bellicisme occidental leur inflige. Mais je doute que ce bellicisme ait dit son dernier mot. La rivalité atlantico-eurasiatique me semble avoir hélas encore de beaux jours devant elle.

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Et in Abkhazia ego

17 Février 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie, #Philosophie et philosophes, #Lectures

J'ai un nouveau point commun avec Deleuze, outre le fait (banal) d'avoir lu Spinoza, Leibniz et Nietzsche. J'ai parcouru comme lui le livre d'Ossip Mandelstam "Voyage en Arménie" dont il parle dans son Abécédaire. Et j'ai avec Mandelstam un point commun aussi : celui d'avoir mis les pieds en Abkhazie.

P. 32 il écrit : "Un jour, en Abkhazie, je suis tombé sur des terrains couverts de fraises nordiques à une altitude de quelque cent pieds au-dessus du niveau de la mer. Leurs jeunes forêts habillaient tous les mamelons. Les paysans bêchaient une terre douce, rougeâtre, creusaient des alvéoles en vue de cultures botaniques.

J'ai accueilli avec joie, justement ce jour-là, l'été nordique et sa monnaie de coralline. On voyait pendre, accords parfaits, harmonies de quintes, les baies mûres, ferrugineuses, chantant par nichées ou chacune sa note... Il y avait en elles, mais habitant le nord, une charnelle témérité tsigane à se lécher les babines".

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Bachar El-Assad prochainement en Abkhazie ?

5 Février 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Abkhazie

Le président syrien Bachar al-Assad a été invité à se rendre en visite officielle en  Abkhazie, à l'occasion de l'intronisation de l'ambassadeur d'Abkhazie à Damas, La visite pourrait avoir lieu le 29 mai 2024, sixième anniversaire de l'instauration des relations diplomatiques entre les deux pays.

Avant sa nomination comme nouvel ambassadeur, Muhammad Ali était ministre-conseiller de l'ambassade d'Abkhazie en Syrie. L'ancien ambassadeur Bagrat Khutaba (41 ans) avait été précédemment nommé par décret d'Aslan Bjania représentant spécial du président de l'Abkhazie pour les relations avec les pays du Moyen-Orient. Il avait été question en 2022 de l'établissement de relations diplomatiques entre l'Abkhazie et la Palestine. Bagrat Khutaba, avait alors rencontré l'ambassadeur palestinien à Damas, Samir Al-Rifai, et des perspectives de reconnaissance mutuelle avec le Yémen avaient aussi été envisagées. On peut supposer que ces pistes là seront creusées par Khutaba dans ses nouvelles fonctions.

Pour la petit histoire ce Khutaba, prédécesseur du nouvel ambassadeur, est le fils d'un champion de lutte libre, Rachid Khutaba (72 ans) qui a son timbre en Abkhazie. Il a formé ses deux fils à la lutte. le frère de Bagrat Khutaba concourt d'ailleurs sous les couleurs syriennes.

Il y a eu 500 réfugiés syriens en Abkhazie pendant la guerre civile (dont probablement une majorité d'Abkhazes d'origine - il pourrait y avoir 5 000 Abkhazes en Syrie). C'est une exception par rapport à la politique très anti-immigrationniste de l'Abkhazie (voyez le refoulement de 13 réfugiés palestiniens l'an dernier).

Au moment du tremblement de terre en Syrie et en Turquie il y a un an, l'Abkhazie avait versé 200 000 dollars au premier pays, et 100 000 à l'autre, ce qui est un gros effort pour ce pays (cela faisait rapporté au nombre d'habitants c'est quatre fois plus que ce qu'a versé la Fondation de France).

Désireuse d'être plus associée aux BRICS, l'Abkhazie avait eu aussi des échanges avec l'Iran à l'époque d'Ahmadinejad en 2009, juste après la reconnaissance par la Russie. En 2021 une foire abkhaze en Iran avait été envisagée.

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Situation dans le Caucase

24 Septembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Abkhazie, #Colonialisme-impérialisme

J'ai publié récemment une tribune sur Abkhazworld qui commence à être commentée dans la diaspora circassienne.

Au même moment, la reddition des milices d'auto-défense du Haut Karabakh rebat les cartes dans le Caucase. Maxime Chevtchenko, sur Pravda.ru, journaliste chef d'un Parti russe de a liberté et de la justice dont le sigle singe l'ex-PCUS, explique que la mainmise de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh réduit l'Arménie de Nikol Pachinian, ralliée aux Occidentaux à la portion congrue et la prive désormais de tout poids sur la scène internationale, et notamment de toute faculté de diviser une coalition russo-irano-turque anti-américaine. Il en conclut que les membres de l'OTAN vont, du coup, désormais investir tous leurs efforts sur la Géorgie en y provoquant un coup d'Etat.

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Le documentaire sur Békir Ashuba et la mobilisation contre la "loi des appartements"

6 Septembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie, #Colonialisme-impérialisme

La publication des mémoires de Békir Ashuba en France au printemps dernier semble l'avoir inscrit dans une dynamique positive au pays de ses ancêtres. Un film documentaire va sortir en principe pour le 30 septembre prochain (trentième anniversaire de l'indépendance) en cinq épisodes dont chacun dure entre 30 et 45 mn, sous la direction de la réalisatrice Viola Kokoskir (à gauche), et de la scénariste Faina Matua, qui sont toutes les deux abkhazes.

VOIR LE 1er épisode ci dessous en abkhaze diffusé sur la chaîne de tv abkhaze Телекомпания Абаза TB.

Et cela tombe plutôt bien car le Parlement Abkhaze, présidé par un membre du clan Ashuba depuis 2022 (fils de l'ancien ministre de la culture de la république soviétique autonome abkhaze Nugzar Ashuba) qui autorise la vente à des étrangers de 30 000 appartements dans six régions du pays (ce qui, pour un pays de 250 000 où les Circassiens sont déjà minoritaires) a forcément de fortes implications (un ethnocide programmé pour ce pays). C'est le pendant des appels pressants de l'ex-président russe Medvedev à l'annexion du pays... Heureusement il y a une forte mobilisation dans la population et dans la diaspora (y compris chez les anciens combattants de la guerre de 1992-1993).

J'ai trouvé sur le Net une pétition en turc et en russe dont voici la traduction à partir de cette seconde langue :

APPEL URGENT AUX DIRIGEANTS DE L'ABKHAZIE ; APPEL À L'ACTION POUR LES PATRIOTES !

Malheureusement, nous sommes obligés de faire appel à tous les Abkhazes et amis de l’Abkhazie en ces temps difficiles.Nous sommes obligés de nous exprimer, car de sinistres nuages ​​d’incertitude s’amoncellent à nouveau sur l’ancienne terre abkhaze et sur sa population. Au fil des siècles, notre peuple a enduré des vagues d’invasions, d’expulsions et le déclin progressif de sa population sur son territoire natal. Et aujourd'hui, nos compatriotes d'Abkhazie sont confrontés à des difficultés pour rétablir leur position face aux nouvelles menaces des forces obscures cherchant à éteindre les espoirs de la Patrie et de sa diaspora. En réponse aux ténèbres imminentes et aux attaques contre notre patrimoine génétique et nos valeurs, nous appelons tous nos concitoyens et amis américains à : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !

Les Abkhazes, qui ont lutté pendant 150 ans contre la menace du déclin démographique et brisé le voile de l’oppression et de l’opposition lors du mouvement de libération nationale de 1992-1993, sont désormais confrontés à la menace de disparition de l’histoire en raison des ambitions de spéculateurs égoïstes. Nous rejetons sans équivoque cette terrible initiative et appelons une nouvelle fois : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !

Comme vous le savez, les dirigeants abkhazes tentent de faire adopter la « Loi sur les appartements », projetant d'ouvrir les « portes » du pays aux investisseurs en construisant trente mille nouvelles résidences dans six régions d'Abkhazie et en les vendant à des citoyens étrangers. Cette évolution des événements signifie l'afflux prochain de 150 000 étrangers dans le pays. Pour les Abkhazes, qui n’ont pas réussi à établir leur langue, leur culture et leur démographie, cette initiative est un suicide potentiel de la nation. En tant que représentants de la diaspora abkhaze et amis de l'Abkhazie, nous sommes profondément reconnaissants envers nos compatriotes vivant dans notre pays et sommes fermement convaincus du caractère inapproprié de toute ingérence dans leurs affaires intérieures, pour quelque raison que ce soit. Cependant, ce respect ne signifie pas que nous nous abstiendrons d’affronter ceux qui, pour leur propre gain, sont prêts à risquer notre avenir national en abandonnant la terre sur laquelle reposent nos ancêtres. Comme le stipule la Constitution de l’Abkhazie, nous sommes des citoyens inaliénables de ce pays. Conscients de cela, nous appelons tous nos compatriotes : agissons avant que notre pays ne soit plongé dans cette obscurité imminente ! Nous déclarons à haute voix : LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !

Notre Patrie n'est pas la propriété personnelle des managers ! Par conséquent, ils ne peuvent même pas songer un seul instant à imposer un quelconque projet qui menace les droits souverains et l’appartenance de notre peuple à cette terre. Notre Patrie est l'héritage sacré de nos ancêtres, le berceau des générations futures. C’est avec un profond sentiment de responsabilité que nous agissons : Contre ceux qui font des lois dans l’intérêt de groupes malveillants, Contre ceux qui rejettent le principe de séparation des pouvoirs et portent atteinte à l'indépendance du Parlement, Contre ceux qui menacent le bien-être de la Patrie et la sécurité de la nation, LEVEZ-VOUS, COMPATRIOTES !

Initiative de la diaspora abkhaze

Cette évolution est à lire de près à l'heure où la Géorgie est en grande discussion avec la Chine pour construire un port en eau profonde à Anaklia. juste à la frontière de la Mengrélie abkhaze.

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Recension du livre du combattant abkhaze Békir Ashuba

30 Août 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie, #Actualité de mes publications, #Revue de presse

A noter que Le Monde Diplomatique de septembre 2023 publie une recension du livre de Békir Ashuba que j'ai préfacé.

 

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