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Maoïsme et lamaïsme

Il y a aussi ce problème des Occidentaux qui transforment le Dalaï Lama en icône voyant en lui à la fois l'ennemi des dictatures, et l'antidote contre un matérialisme dont eux-mêmes - les Occidentaux - sont les vecteurs partout dans le monde.
Cependant les maoïste népalais, à la frontière Sud du Tibet, viennent de remporter les élections à l'assemblée constituantes. Comme le disait un mien ami, les Népalais ne doivent pas avoir l'immense chance qui est la nôtre de connaître ce glorieux avant poste de la civilisation et du respect d'autrui qu'est Reporter sans Frontières. Les maoïstes vont-ils se "social-démocratiser" dans le jeu parlementaire comme l'ont fait les communistes népalais avant eux ?
Triste journée
Le lobby de l'ingérence humanitaire, et plus précisément ce qu'il compte de pire - "Reporters sans frontières" - a fait son show à Paris pour ternir l'image de la Chine, et le consensus international que peut incarner, une fois n'est pas coutume, la tradition des Jeux olympiques. Ce lobby de l'ingérence, allié pour l'occasion aux séparatistes tibétains qui ont semé la violence à Lhassa le mois dernier, avait déjà provoqué des troubles à Londres la veille sur le passage de la flamme. A Paris, on lit dans une dépêche AFP qu'ils n'ont pas hésité à s'en prendre à un courageux sympathisant de la Chine qui traversait le parvis des droits de l'Homme, au Trocadéro où avait lieu la manifestation, en brandissant un drapeau chinois. Le club de M. Ménard est sous le coup de poursuites judiciaires en Grèce et a déjà fait savoir qu'il ne purgerait pas la peine à laquelle ses membres pourraient être condamnés à Athènes.
Pour ceux qui gobent encore la désinformation occidentale sur la Chine je renvoie aux déclarations du sinologue Pierre Piquart sur http://www.casafree.com/modules/news/article.php?storyid=14018.
L'Afghanistan au Parlement
Débat intéressant sur l'Afghanistan hier à l'Assemblée nationale. L'éternel ennui est que la théatralisation parlementaire nuit à la rationalité des discussions. Les arguments des opposants étaient bons (surtout sur l'alignement de la France sur l'OTAN), encore qu'il manque toujours une réflexion sur la souveraineté du peuple afghan, et sa liberté de choix politique : non nous n'avons pas le droit d'imposer aux Afghans leurs politiques d'alliance et de défense au nom de notre conception de notre propre sécurité occidentale. Les Afghans ont le droit de s'allier avec qui ils veulent. Cela aucun député ne l'a dit à la tribune, et c'est pourtant la base du refus de l'impérialisme.
L'UMP avait des arguments sur le développement économique et social de l'Afghanistan un peu faciles quand on sait de quel point l'Afghanistan partait en 2001. M. Kouchner comme à l'accoutumé baignait dans le confusionnisme (c'est à dire la confusion entretenue de mauvaise foi, à dessein), accordant au représentant communiste que la globalisation libérale est une mauvaise chose (on croit rêver ! cela dans la bouche d'un adjoint de M. Sarkozy), et faisant croire que nous devons envoyer des troupes en Afghanistan parce que les soldats allemands y sont plus nombreux que les nôtres (alors que les Allemands justement refusent d'être dans les zones de combat). Au moins ce débat aura montré que l'alignement de la France ne se fait pas sans résistance.
Notons que le gouvernement utilise son désaccord avec Washington sur l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie dans l'OTAN comme gage de son non-alignement. Ce qui sent un peu le désaccord artificiellement fabriqué (théatral lui aussi) pour mieux faire passer la pilule sur les dossiers où la France pouvait réellement exercer un poids.
La forteresse

Les gens qui écrivent ce genre de texte pensent qu'ils sont de grand démocrates, qu'ils sauvent la démocratie en danger. C'est sans doute là le plus triste. Leur complexe de la forteresse assiégée dans un océan de barbarie. Dans cette forteresse pas de pluralisme. La hantise de la cinquième colonne. On ne débat pas avec les opposants. On les calomnie.
Las on ne voit plus trop comment faire pour que les grands organes de presse et ceux qui en vivent reviennent au sens du débat rationnel...
Pourtant certains hommes de medias réfléchissent encore : "Nicolas Hulot condamne le libéralisme et se dit séduit par Besancenot" lit-on dans une dépêche après une interview de l'intéressé au Journal du Dimanche. Voilà quelqu'un qui essaie de penser par lui-même. Peut-être en faisant sauter encore une ou deux censures collectives dans sa tête se posera-t-il la question : "peut-être ce que nous voulons pour sauver l'environnement a-t-il quelque chose à voir avec ce courant de pensée alternatif pluraliste vieux de deux siècles qu'on appelle le courant socialiste ?" (rien à voir avec le parti du même nom, évidemment).
Ou peut-être son élan de lucidité, qui résulte d'une déception passagère, sera-t-il "rectifié" dans quelque temps, si ce monsieur retrouve quelques sources d'espoirs dans les milieux "respectables".
Ah j'oubliais ! parmi les absurdités des beaux quartiers, un auteur qui se disait ami de Sartre affirmait hier soir sur France Culture que le philosophe s'il vivait ajourd'hui condamnerait la répression chinoise anti-sécessionniste au Tibet.
Bin voyons...
Sarko is back, et nous que faisons nous ?

L'opposition parlementaire a haussé la voix, de M. Chevènement à M. Bianco, et obtenu... un temps de débat ridiculement court mardi prochain. M. Acoyer (je ne sais plus si son nom s'orthographie de la sorte) a ressorti le catéchisme bushiste pour justifier l'ardeur guerrière de son président - en Afghanistan il y a des talibans, des terroristes et de l'opium, les intérêts de la France y sont menacés. Il voulait dire, évidemment, les intérêts de la France comme succursale des Etats-Unis en Europe.
Les medias ont dissimulé le problème en braquant le projecteur sur le succès de Carla Bruni en Angleterre. Aucun d'entre ces nobles journalistes n'ira risquer sa peau en Afghanistan pour défendre les intérêts pétroliers étatsuniens. Il est donc tout à fait normal qu'ils aveuglent l'opinion publique avec de telles futilités et contribuent sereinement à l'engagement de la France dans les pires engrenages.
Et vous ? avez vous écrit à votre député à la veille du débat sur l'Afghanistan ? Les boîtes emails du Palais Bourbon sont ouvertes. Profitez en.
Tout cela pose la question inévitable : que faire ? Créer une fondation anti-impérialiste ? Un parti politique ? Une liste sans parti mais anti-système aux prochaines élections européennes ? Essayer de faire élire un député antisystème au Parlement comme l'ont fait les électeurs anglais de la circonscription qui a porté Galloway aux Communes ? Ce député aurait ensuite une tribune, des moyens financiers...
En attendant, certains opposants se perdent en initiatives inutiles, par exemple cette lettre au président du Conseil constitutionnel pour obtenir l'annulation de l'élection de Sarkozy : http://forums.france2.fr/france2/avousdejuger/nicolas-sarkozy-illegale-sujet_10102_1.htm. J'ignore qui a lancé cette pétition mais ils ont simplement oublié que le contrôle du Conseil s'exerce avant la proclamation des résultats, pas un an après... En outre l'argumentation de la pétition est si futile... On voudrait faire invalider l'élection d'un homme qui fut massivement élu par les Français sur le fait qu'il n'a pas décliné la totalité de son état civil !!! Ces braves internautes feraient mieux de tenter de guérir la bêtise de leurs concitoyens électeurs de l'UMP, dont Sarko n'est que l'épiphénomène... (que ces électeurs-là, s'ils se sentent de droite, votent plutôt pour Dupont-Aignan, le monde entier s'en portera mieux cf ci-dessous)
Cette pétition, comme les réactions à l'éviction du sous-préfet Guigue, montre que de nombreux opposants ne veulent pas comprendre la logique des institutions, mélangent tout, lâchent la proie pour l'ombre. Quand on leur dit qu'un souspréfet n'est pas, dans l'exercice de ses fonctions, soumis aux mêmes règles qu'un citoyen ordinaire, ou qu'une élection ne se conteste pas n'importe quand n'importe comment, ils ne veulent pas le croire. Parce que l'idée même qu'une règle puisse s'appliquer sérieusement, qu'un Etat ait une spécificité de fonctionnement par rapport à la société civile, leur est complètement étrangère. L'anti-étatisme qui travaille en profondeur l'internaute contestataire moyen le prive des instrument de réflexion et d'action qui donneraient une portée à ses actes. Les pouvoirs publics ont ensuite beau jeu de le renvoyer à la caricature du "radical " peu crédible et fantasque.
Ceci étant posé, encore une fois, il faut réfléchir au problème du "que faire ?". Selon moi, il faut partir de l'existant, analyser, dans le milieu de la contestation, les courants qui peuvent disposer de moyens humains et financiers, les groupes qui peuvent faire preuve d'efficacité, dans les partis politiques, les associations, en France, à l'étranger, voir ce qui peut être fédéré. Il faut éviter les pièges de toutes sortes : les soutiens des groupes d'extrême droite qui discréditent toute action politique, ceux d'autres personnes et groupes douteux (il en traîne toujours dans la résistance anti-impérialiste). Tout cela est compliqué à faire, mais nécessaire avant que notre monde ne bacule dans un chaos politique complet (il y est déjà largement engagé) avec la complicité active de l'establishment politique français.
A part cela, la revue Commune a bien voulu me demander récemment un article sur ce que je pensais de la notion de "socialisme" et de sa place dans le monde actuel. Je lui enverrai mon papier dès que possible, et ne manquerai pas de vous tenir au courant.
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Modèle de mail à envoyer à votre député avant mardi prochain (aménageable à votre guise, bien sûr)
Monsieur le député,
L'actuel président de la République, aux ordres des néo-conservateurs étatsuniens, veut engager davantage la France dans la guerre d'Afghanistan dont de nombreux pays cherchent plutôt à s'extraire. En soutenant inconditionnellement la position étatsunienne sur la Palestine, le Kosovo, en proposant l'entrée de la France dans l'OTAN et en arrimant toujours plus la position française à "l'Occident" contre les intérêts du Tiers-Monde, M. Sarkozy éloigne la France des velléités de non-alignement qui avaient caractérisé certains aspects de sa diplomatie depuis le général de Gaulle. Cette évolution n'est pas profitable à l'équilibre à long terme de notre planète ; elle ne l'est pas non plus, même à court terme, aux intérêts de notre pays qui en retirera plus d'inconvénients que d'avantages.
Je vous demande donc d'user de tous les moyens que vous confère votre fonction d'élu du peuple pour vous opposer à cette dérive de la politique étrangère française. Vos électeurs ne se désintéressent pas tant des relations internationales que les médias veulent le faire croire. En leur nom, et au nom de l'intérêt général dont vous êtes le mandataire, il vous appartient d'agir, et de rendre compte de ce que vous aurez fait pour éviter que notre pays ne participe à la logique du pire.
D'avance je vous remercie.
Sur le Tibet : à propos de la violence des sécessionistes
La sociologie du lobbying politique peut trouver dans l'affaire tibétaine en ce moment un sujet d'analyse intéressant car on voit se mettre en branle divers lobbies droit-de-l'hommistes, ou pro-Dalai-Lama (certains sans doute liés aux Etats-Unis du reste) qui font pression sur un gouvernement français que les intérêts économiques poussaient plutôt dans le sens de la Realpolitik.
La courroie de transmission du message droit-de-l'hommiste passe par des voies un peu étrange : M. Moscovici, Mme Rama Yade, M. Juppé. Elle finit par atteindre les hautes sphères puisque même M. Kouchner commence à hausser le ton contre la Chine.
Dans une interview à un journal régional, une universitaire expose que celui qui contrôle le Tibet "contrôle l'Asie" à cause des ressources en uranium, et du potentiel hydraulique du pays. Le propos est sans doute excessif.
Je n'accorde pas un crédit infini aux autorités chinoises, mais je ne fais pas non plus confiance aux lobbies pro-dalai-lama dans cette affaire. Et comme on entend touours beaucoup plus les seconds que les premières, je reproduis ici un article du Quotidien du Peuple en anglais, qui insiste sur la violence des sécessionnistes tibétains. Cette violence promue paradoxalement par des autorités bouddhistes (mais on se souvient avec quelle ironie des auteurs asiatiques comme Mishima ont traité les monastrères bouddhistes) rappelle celle des moines insurgés en Birmanie l'an dernier.
Je joins aussi un extrait du courrier des lecteurs du Figaro (septembre 2000, l'auteur de la lettre n'est pas cité dans le courrier qu'on m'a transmis) et livre cela à votre sagacité.
F.
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Documentary: Accusation of the victims of 3.14 Lhasa riots |
![]() | + | - | 10:04, March 24, 2008 |
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Le Figaro du 22 septembre 2000
LE MYTHE ET LA REALITE A PROPOS DU TIBET
(courrier des lecteurs 2000)
Afghanistan
M. Jack Lang, qui est un atlantiste notoire, et qui aspirait il y a peu à travailler avec M. Sarkozy, a eu l'excellente idée aujourd'hui, il faut le reconnaître, de demander que le Parlement soit consulté à propos du projet présidentiel d'envoyer 1000 soldats français supplémentaires en Afghanistan.
On laisse entendre que notre pays s'apprêterait à envoyer 1.000 militaires supplémentaires en Afghanistan" alors que "les opérations de l'OTAN dans ce pays sont un demi échec", écrit Jack Lang au Premier ministre aujourd'hui.
"On pourrait, à raison, s'interroger sur l'efficacité et la légitimité de renforts militaires français supplémentaires au moment même où d'autres pays tels l'Allemagne ou la Turquie entreprennent de se désengager", estime-t-il. "La représentation nationale devrait pouvoir être consultée au cours des prochains jours sur l'Afghanistan" (source AP).
Il faut rappeler que l'emploi de soldats français dans le bombardement de la République fédérale de Yougoslavie en 1999, ou encore de nos troupes dans le cadre d'une force multinationale au Liban l'an dernier n'ont fait l'objet d'aucune approbation par le Parlement français. Il est donc louable que l'ancien ministre de la Culture se préoccupe du rôle de la Représentation nationale dans l'envoi de troupes au service de l'impérialisme américain. Nos citoyens devraient à cette occasion écrire à leurs députer pour les inciter à agir contre l'envoi de nos troupes.
Actualité de la semaine : Kosovo, Transnistrie, Zimbabwe, communautarisme
Les statistiques de fréquentation de ce blog étant en chute libre, je puis plus librement commenter l'actualité de la semaine passée, sans l'angoisse du "bon sujet" et de la "bonne manière" de le traiter.
Un ancien fonctionnaire du Département de la défense états-unien John Zavales a déclaré le 18 novembre qu'au total le nombre de pays qui reconnaissent le Kosovo ne devrait pas dépasser les 50 à l'AG des Nations unies, c'est à dire moins d'un tiers des pays de la planète (http://www.kosovo.net/news/archive/ticker/2004/November_18/8.html). Une défaite pour les Etats-Unis selon lui. Cela ne semble pas inciter Washington au compromis, puisque les Etats-Unis se sont prononcés à nouveau hier contre une partition du Kosovo (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=03&dd=23&nav_id=48716). Ils ont par ailleurs annoncé qu'ils armeraient leurs protégés albanokosovars.
Les Etats-Unis bénéficient toujours d'une sorte de passivité et de faiblesse des peuples susceptibles de s'opposer à leur arrogance. Voyez par exemple le caractère très modéré de la réaction de la Serbie à la déclaration d'indépendance de Pristina, mais aussi des Serbes des autres pays : en Bosnie par exemple, on aurait pu s'attendre à une sécession unilatérale de la Republika Srpska. Il semble plutôt que les autorités de cette entité s'évertuent à modérer les élans de leur base. Personne n'a envie d'en découdre.
Grande modération des Russes aussi. D'une manière générale les Russes et les Chinois sont extraordinairement conciliants avec les USA et leurs alliés sur tous les sujets qui fâchent : voyez avec quelle amabilité ils ont voté les résolutions validant l'invasion éthiopienne de la Somalie l'an dernier, ou l'intervention française eu Tchad au début de cette année. Moscou serait même prêt à accepter d'envoyer des troupes en afghanistan aux côtés des Etats-Unis en échange d'un petit accord avec Washington sur le radar anti-missiles (http://fr.rian.ru/world/20080318/101590531.html).
On s'attendait à une reconnaissance unilatérale de l'Abkhazie, de l'Ossétie du Sud et de la Transnistrie par Moscou en représaille contre la reconnaissance du régime de Pristina. On a eu droit à une simple "levée" de quelques sanctions contre l'Abkhazie, et quelques déclarations de solidarité. Même la Douma qui aurait pu être plus radicale que le Kremlin (puisqu'elle n'a pas de pouvoir effectif en politique étrangère) aurait pu voter un texte offensif. Or sa résolution sur les entités autoproclamées est "mi-chèvre mi-chou", voulant, disait un responsable ne pas "gèner" la diplomatie de Medvedev. Du coup, la pilule est amère pour Tiraspol. Le président Smirnov et son ministre des affaires étrangères font leur mea culpa dans le Tiraspol Times cette semaine et se reprochent de n'avoir point suffisamment misé sur d'autres pays que la Russie (http://www.tiraspoltimes.com/news/igor_smirnov_we_have_not_worked_enough_with_other_countries.html_0, et http://www.tiraspoltimes.com/news/pmr_parliament_to_take_foreign_minister_to_task_for_failings.html).
La vérité est que depuis que Moscou s'est réconcilié avec Chisinau, le meilleur allié de la Transnistrie devient ... la Maison Blanche !!! On l'avait vu avec la visite de l'ambassdeur états-unien à Tiraspol l'été dernier. Aujourd'hui on apprend qu'un rapport Cheney prône une solution à deux Etats en Moldavie (http://www.tiraspoltimes.com/node/1663). Dans ce cas les USA feront rebelotte en reconnaissant la Transnistrie, nouveau Kosovo dans le pied de la Modalvie, aux portes de l'Ukraine...
Que vous dire encore ? Ah oui : le Monde continue de s'exciter contre le Zimbabwe de Mugabe. Voyez la collection de photos qu'il publie aujourd'hui dans un des ses blogs associés (Le Monde2). Le 10 mars, il s'énervait contre la Loi d'indigénisation et d'habilitation économique qui donnait le pouvoir aux Noirs dans diverses entreprises. Beaucoup de gens épris d'universalisme en France n'ont pas de sympathie pour Mugabe parce qu'ils trouvent sa démarche communautariste, voire raciste. Le même grief est d'ailleurs parfois adressé à Chavez, qui a de la sympathie pour Mugabe, et qui lui aussi a beaucoup mis en avant la question des couleurs de peau dans le débat politique. Cette thématique pose la question compliquée du communautarisme.
Il est bien évident que toute démarche de gauche doit être universaliste. Reste que le communautarisme est en ce moment perçu comme le seul bouclier des faibles lorsque les forts ont refusé de prendre en compte leurs problématiques. J'ai vu cela chez les régionalistes naguère, aujourd'hui chez les Serbes, chez les Musulmans, chez les Noirs. "Regroupons nous sur des critères de langue, de religion, de couleur de peau, disent-ils, puisque c'est en fonction de ces critères que les dominants nous excluent et nient notre histoire".
Le communautarisme est une plaie pour la définition d'un avenir commun de l'humanité. C'est à cause de lui notamment que beaucoup de militants d'origine musulmane bornés refusent de voir l'injustice faite aux Serbes dans les Balkans, ou qu'à l'inverse beaucoup de Serbes éprouvent une sympathie indue pour le régime israélien par exemple.
Mais le communautarisme est une réalité avec laquelle il faut composer, faute de mieux. Et il faut reconnaître qu'il produit des effets non négligeables en termes de correction des injustices. En Afrique australe, entre les mains de Mugabe, qui reste aussi populaire voire plus que Mandela, il permet de tenir tête à des grands bourgeois néocolonialistes anglais (la plupart d'ailleurs affiliés au Parti travailliste), et de sauver un peu d'honneur dans cette région dévastée par la misère. Même si cet honneur se paye de difficultés économiques comme se plait à le souligner la grande presse européenne, et même si le régime zimbabwéen a beaucoup de défauts (quel gouvernment n'en a-t-il pas surtout dans des conditions aussi difficiles ?) je crois bien que le jeu en vaut la chandelle. La dignité est une denrée rare de nos jours.