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Le jeu des "transitions démocratiques"
Sont-ils juste de doux rêveurs ou travaillent-ils pour quelque riche officine états-unienne ? Le Monde nous apprend dans son édition de ce jour qu'une ONG basée à Washington l'International Center on Nonviolent Conflict commercialise un jeu vidéo de stratégie dont l'objet est d'apprendre à renverser un gouvernement autoritaire, en organisant des grèves et des manifestations. Le jeu s'inspire, dit-on, de diverses expériences réelles "de l'Afrique du Sud à la Serbie, du Chili à la Géorgie". Une seule option est exclue dans ce jeu, le recours massif aux financements états-uniens, ou aux bombardements par les B52, car les auteurs du jeu sont persuadés que toutes les expériences précitées n'ont pas de causes externes : "ils s'insurgent contre l'idée que les "révolutions de couleur" dans les anciennes républiques soviétiques ont été manipulées par des officines occidentales à l'insu des populations concernées" (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-847211,0.html). Les ONG de Belgrade, de Tbilissi et de Kiev qui ont vu affluer du jour au lendemain dans leurs bureaux des ordinateurs flambants neufs, des piles de tracts gratuits et des conseillers en communication occidentaux doivent être mortes de rire.
Pour une critique des interventions "humanitaires" des ONG dans les affaires intérieures des pays ex-communistes et/ou du tiers-monde, voir l'article de Pol de Vos dans l' Atlas alternatif (http://www.letempsdescerises.net/noyau/index.php?menu_id=20&type=livre&idLivre=603), et le livre de Jean Bricmont Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ?(http://www.millebabords.org/article.php3?id_article=3572).
La guerre des mots
C'est un phénomène que l'on a bien connu pendant la guerre de Yougoslavie, dans le cadre du conflit israëlo-palestinien, et dans tous les conflits où les structures gouvernantes occidentales adoptent un point de vue partial : il suffit d'un choix habile de mots pour influencer l'opinion publique dans un certain sens.
Quand des personnes se rassemblent dans la rue pour réclamer la démission du gouvernement, si ledit gouvernement est notre ennemi (comme par exemple le gouvernement de Biélorussie), on dira que "le peuple est dans la rue" (même si ces gens ne représentent qu'une minorité). En revanche si ce gouvernement est notre allié, on dira que c'est une "foule", une "masse" (par exemple les "masses arabes" quand il y a des manifestations à Gaza ou au Caire), ou une faction pour laquelle on inventera une appellation stéréotypée suivant les régions ("nostalgiques de l'ex-URSS", "fraction radicale", "personnes manipulées l'Iran, les intégristes"). La guerre des dénominations et des épithètes est la plus importante pour orienter les points de vue, et les journalistes ne sont jamais à court d'imagination. Elle suppose aussi toute une construction préalable de l'image des conflits, qui présente les alliés des gouvernants occidentaux sous un jour favorable : ceux-ci seront toujours décrits comme les "démocrates", "modernes", "jeunes", "ouverts au monde", tandis que les autres, surtout s'ils se battent pour la souveraineté de leur pays et le droit du peuple à son indépendance seront les "nationalistes", les "fanatiques", ou mieux encore "ultra-fanatiques", "ultra-conservateurs". Le système de dénigrement de l'adversaire fonctionne partout, du Nicaragua à la Chine.
En ce qui concerne le Liban en ce moment, où des centaines de milliers de manifestants réclament pacifiquement depuis plusieurs jours la démission du gouvernement pro-occidental (protégé par une garde prétorienne états-unienne http://www.voltairenet.org/article144272.html), le qualificatif magique en ce moment est "pro-syrien" (http://www.voltairenet.org/article144274.html) une appellation qui permet de dénigrer l'immense coalition qui s'est formée du Hezbollah chiite aux chrétiens libanais favorables au Général Aoun - majoritaires dans leur communauté - (comme le notait un commentateur sur le site www.quibla.net "Il y a même des Maronites dans les deux camps ! C’est dire ! ! !" - car les maronites étaient jusque là les meilleurs appuis des Occidentaux au Liban). Ces groupes soi-disant "pro-syriens" qui en fait demandent l'arrêt de l'ingérence occidentale représentent la majorité de la population ( http://happening-here.blogspot.com/). Mais les Etats-Unis et leurs alliés européens, qui ont détruit l'Irak soi-disant pour y instaurer la "démocratie", sont cette fois prêts à précipiter le Liban dans la guerre civile pour l'empêcher de la retrouver.
Pendant ce temps la Grande Bretagne, qui commande les forces de l'OTAN en Afghanistan où elle a 4 000 hommes, accuse la CIA de lui faire perdre ses batailles face aux Talibans dans le sud du pays (http://news.independent.co.uk/world/middle_east/article2062489.ece) et la France est engagée dans une guerre "clandestine" - et pourtant en ordre rangé, avec avions de combat et blindés - au Tchad et au Centrafrique dans l'indifférence médiatique générale (Jean-Dominique MERCHET - Libération - mardi 5 décembre 2006 - http://www.liberation.fr/actualite/monde/221240.FR.php ).
La banalité du néo-colonialisme au jour le jour...
Même un responsable de l'AIEA le dit...
D'un mot d'un ex-ministre brésilien
Propos tenus au cours d’un débat dans une université américaine en mai 2000. Cristovam Buarque (qui sera nommé ministre de l'Education nationale en janvier 2003, et remplacé un an plus tard) fut interrogé à propos de l'idée d' internationalisation de l’Amazonie.
Un jeune Américain lança le débat en disant qu’il espèrait la réponse d’un humaniste et non pas celle d’un Brésilien. Publiée par O Globo le 23 octobre 2000, sa réponse a été reprise depuis par de nombreux journaux brésiliens et étrangers.
"En effet, en tant que Brésilien, je m'élèverais tout simplement contre l'internationalisation de l'Amazonie. Quelle que soit l'insuffisance de l'attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre.
En tant qu'humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l'Amazonie, je peux imaginer que l'Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l'importance pour toute l'humanité.
Si, au nom d'une éthique humaniste, nous devions internationaliser l'Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier.
Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l'humanité que l'Amazonie l'est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d'augmenter ou de diminuer l'extraction de pétrole, comme d'augmenter ou non son prix.
De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l'Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d'un pays.
Brûler l'Amazonie, c'est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l'économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation.
Avant l'Amazonie, j'aimerais assister à l'internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule France .
Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l'Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d'un seul propriétaire ou d'un seul pays.
Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d'enterrer avec lui le tableau d'un grand maître. Avant que cela n'arrive, il faudrait internationaliser ce tableau.
Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations Unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des États-unis.
Je crois donc qu'il faudrait que New York, lieu du siège des Nations Unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l'humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son histoire du monde devraient appartenir au monde entier.
Si les États-unis veulent internationaliser l'Amazonie, à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l'arsenal nucléaire des États-unis. Ne serait-ce que parcequ'ils sont capables d'utiliser de telles armes, ce qui provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables incendies des forêts brésiliennes.
Au cours de leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des États-unis ont soutenu l'idée d'une internationalisation des réserves florestales du monde en échange d'un effacement de la dette.
Commençons donc par utiliser cette dette pour s'assurer que tous les enfants du monde aient la possibilité de manger et d'aller à l'école.
Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu'ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l'attention du monde entier.
Davantage encore que l'Amazonie.
Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme un Patrimoine de l'Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu'ils devraient aller à l'école; ils ne les laisseront pas mourir alors qu'ils devraient vivre.
En tant qu'humaniste, j'accepte de défendre l'idée d'une internationalisation du monde.
Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l'Amazonie soit à nous. Et seulement à nous !"
Alliances du Tiers-Monde
Les diplomaties du Tiers-Monde multiplient les fronts communs contre l'exploitation occidentale.
Le 17 septembre dernier s'était tenu à La Havane le 14 ème sommet des non-alignés qui avait permis aux 118 pays membres de définir des positions communes notamment sur la réforme de l'ONU.
Les 4 et 5 novembre 2006 s'est tenue la troisième édition du Forum de Coopération Chine-Afrique (créé en 2000) réunissant 48 pays africains à Pékin. Bilan de la réunion - outre son impact symbolique et médiatique - : pour Pékin un soutient à son refus de reconnaître Taiwan, et 16 accords commerciaux avec 12 entreprises chinoises pour un montant de 1,9 milliards de dollars (sur un volume de commerce actuel de 50 milliards) mais aucun contrat pétrolier (http://fr.allafrica.com/stories/200611060888.html), pour l'Afrique un engagement de la Chine à multiplier par 2 son aide, une série de prêts bonfiés pour 3 milliards de dollars, et quelques diminutions de dettes (AFP 4 novembre http://fr.biz.yahoo.com/04112006/202/sommet-sino-africain-sans-precedent-pekin.html).
Aujourd'hui s'est achevé à Abuja au Nigeria le premier sommet Afrique-Amérique du Sud qui a surtout servi de tribune à des prises de position contre la politique occidentale. Le sommet devrait se réunir tous les trois ans (AFP http://fr.news.yahoo.com/30112006/202/le-sommet-afrique-amsud-plaide-pour-une-meilleure-repartition-des.html).
Les mobilisations du Tiers-Monde se multiplient tandis qu'un nouveau pays d'Amérique latine, l'Equateur, vient de basculer à gauche (http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/6184854.stm).
Darfour
"Ne répondez pas aux appels de l'Occident et des Européens", a-t-il éclaré aux parties signataires d'un protocole d'accord au Soudan. "Ils versent sur vous des larmes de crocodiles. Ne les croyez pas, (parce qu'ils visent) à vous contrôler et à vous coloniser" (AFP).
Et encore Kadhafi est censé s'être réconcilié avec les Etats-Unis...
Salon du livre de Pau
Elections américaines
Un point de vue assez juste exprimé par Patrick Keridan sur http://esprit-europeen.fr/lectures_esdl_geopo.html#immarigeon :
" "Au secours, Bush s'en va et Hillary revient ! " pourrait-on s'écrier en ce début novembre 2006 au vu des résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis. Sauf retournement, causé par exemple par une nouvelle "opportunité" terroriste de grande ampleur, les "neo-cons", et avec eux le parti républicain au pouvoir ne passeront pas le cap des prochaines élections présidentielles dans deux ans. Du point de vue européen cela n'est pas une bonne nouvelle, car ce sont précisément la fureur et la bêtise guerrière de l'équipe en place, sa rigidité puritaine, sa difficulté à mettre de l'huile dans les rouages qui ont incité, un bref instant, les Européens à se ressaisir, à constituer un axe de résistance, Paris-Berlin-Moscou, pour dire non à Bush et à sa coalition de laquais atlantistes."