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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #billets divers de delorca tag

"Que faire ?"

15 Octobre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

On m'écrit, on me parle de créer des blogs collectifs. On commence à s'intéresser à mon bouquin. Le premier à m'avoir fait l'amitié d'afficher une présentation du livre sur son blog est Henri de Grossouvre, dans le cadre du Forum carolus. Nous ne nous connaissons pas pourtant. J'ai suivi d'assez loin ce qu'il faisait, dans le cadre de Paris-Berlin-Moscou, puis j'ai rendu compte pour Parutions.com du dernier ouvrage de son think tank, mais je ne connais pas bien son positionnement et n'ai guère eu l'occasion de discuter avec lui.

Un jour peut-être, qui sait ?

A vrai dire je n'ai jamais été pressé de rencontrer les uns ou les autres. Comme disait Mitterrand, il faut donner le temps au temps. La situation des atlantistes est défavorable à l'échelle mondiale, mais ils sont encore en position de force au sein de l'Union européenne. Je pense que Meyssan dans sa dernière interview publiée par le Réseau Voltaire comme toujours exagère les dangers que courent leurs opposants (ceux qui aspirent à l'émergence d'un monde multipolaire). Il n'est pas nécessaire aux atlantistes de les persécuter. Eux-mêmes sont tout-à-fait divisés, et n'ont pas de stratégie claire, ni même de projet politique défini, autre qu'une espèce d'exaspération nauséeuse devant le cours actuel des choses.

L'émiettement est la règle, et je le constate dans les diverses familles politiques traditionnellement anti-atlantistes (communistes, gaullistes), ainsi que chez les gens apolitiques, pragmatiques, "transcourant" qui tiennent des blogs ici et là. Rien n'est plus difficile par les temps qui courent que de dessiner des cohérences. Là où les atlantistes n'ont que la cohérence de la peur (peur du choc des civilisations, peur du reste du monde), les partisans d'un monde multipolaire (les "multipolaristes" ?) cherchent la leur, et ont encore beaucoup à travailler.

Au fait, Parutions.com vient de publier mon compte-rendu du livre collectif dirigé par Tamara Kunanayakam  (http://parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=97&ida=9996), ambassadrice du Sri Lanka à Cuba (http://www.news.lk/index.php?option=com_content&task=view&id=7146&Itemid=52).

Tamara Kunanayakam, Arnaud Zacharie, Walden Bello et Rémy Herrera, Quel développement ? Quelle coopération internationale ?

Au sortir de la décolonisation, dans les années 1970, une des priorités des peuples du Sud fut d’affirmer leur indépendance face aux ingérences des pays du Nord et aux déséquilibres dans la répartition des richesses. Dans cette optique, un concept juridique fut inventé, d’abord avalisé par la commission des droits de l’homme de l’ONU, puis par une résolution solennelle de l’Assemblée générale des Nations-Unies (le 4 décembre 1986).

 

Plus qu’un simple slogan, la notion de droit au développement impliquait la défense d’un nouvel ordre économique et de nouvelles valeurs : autodétermination, souveraineté des peuples sur leurs propres richesses (contre le pouvoir des multinationales), éducation et santé placées au même niveau que les droits individuels formels, droit à la participation des peuples et des Etats (y compris les plus petites) à la définition de la marche du monde.

 

L’essai de la chercheuse sri-lankaise Tamara Kunanayakam intitulé « La Déclaration des Nations Unies sur le droit au développement, Pour un nouvel ordre international », qui occupe les trois quarts du présent ouvrage, analyse finement la genèse et les implications des diverses chartes et déclarations qui ont permis la consécration de cette notion de droit au développement, malgré les résistances des puissances occidentales. Deux décennies plus tard, le consensus de Washington et les guerres menées au niveau mondial par les Etats-unis et leurs alliés semblent avoir ruiné l’édifice de la résolution de 1986. Pourtant, comme l’expose Arnaud Zacharie, dans le prolongement du texte de Kunanayakam, un certain regain d’intérêt se manifeste depuis quelques années pour les thèmes de la coopération Sud-Sud et de la réhabilitation de la puissance publique face aux dogmes néo-libéraux, qui pourraient remettre cet héritage à l’ordre du jour. L’article de Walden Bello, de l’Institut asiatique de recherches Focus on Global South, sur l’échec des alternatives au consensus de Washington met cependant en question la possibilité d’une réforme anti-néo-libérale sans rupture complète avec le processus de globalisation. A cette interrogation fait écho l’article de l’économiste Rémy Herrera sur l’Alternative bolivarienne pour les Amériques et les Caraïbes (ALBA), qui reprend en partie, développe et actualise le texte du même auteur préalablement publié dans l’Atlas alternatif (Le Temps des Cerises, 2006) et qui offre une illustration de ce qu’un groupe de pays du Tiers-Monde peuvent organiser en rupture avec le modèle dominant.

 

Cet ouvrage, d’une lecture facile, synthétise une réflexion utile sur la redéfinition possible des rapports Nord-Sud et l’avènement d’un nouvel ordre économique planétaire qui place l’émancipation humaine et la justice sociale au centre des circuits de production et d’échange. Il constitue à ce titre, une importante contribution à la réflexion collective sur ce sujet.

 

Frédéric Delorca

 

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Journalisme

10 Octobre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

L'attachée de presse de Theles m'a appelé ce matin. Je n'étais guère habitué jusqu'ici à ce genre de délicate attention. Il a beaucoup été question de journalisme aujourd'hui. J'ai également eu au téléphone Pierre Lévy (journaliste bien méritant) qui s'envole pour Caracas demain.

Le journalisme est une bien noble profession, investie d'ailleurs des privilèges qui vont avec la noblesse. Songez par exemple que, si un universitaire est obligé de dévoiler ses sources (la célèbre et affreuse note de bas de page dont on nous apprend à surcharger nos livres), le journaliste a lui la possibilité de ne jamais dévoiler ses sources. Il a même dans une certaine mesure le devoir ne les point dévoiler, pour les protéger. A charge pour lui évidemment ensuite de les vérifier, de les recouper. Tout un art, qui doit forcer le respect.

L'ennui, évidemment, c'est que le métier est dévoyé par un système usé jusqu'à la corde. Je regarde peu la télévision. Mais ma vieille mère fonctionne souvent pour moi comme un baromètre de ce qui s'y dit. Il y a 7 ans elle mourrait de peur que son village occitan soit attaqué par Ben Laden. Aujourd'hui elle redoute que sa Caisse d'Epargne fasse faillite. J'en ai déduit que c'est parce que depuis 8 jours, la télé lui rebat les oreilles de la crise financière (les médias ne se rendent pas compte des ravages qu'ils provoquent dans les chaumières).

Ce soir un journaliste accordait la parole à Houellebecq et BH Lévy, deux personnages tout aussi antipathiques l'un que l'autre pour des raisons différentes, dont le bouquin allait être commenté pendant une heure. Voilà où en est leur profession.

Beaucoup d'entre eux en ce moment crachent leur haine contre le "journalisme citoyen", les blogs amateurs. Il est vrai que je n'aimerais pas être à leur place. Ils ont beau dire que c'est la technologie qui coule leur métier (la concurrence d'Internet), ou la contrainte financière, leur connivence avec le pouvoir politique et financier est aussi pour beaucoup dans la méfiance des gens à leur égard. Et encore, si seulement les citoyens des pays riches avaient la sagesse de se défier encore plus de leurs médias.

Y a-t-il une chance de sauver les médias ?Je veux dire non seulement de la faillite financière face à Internet, mais aussi de la faillite morale après tant d'aveuglement et souvent tant de mauvaise foi. Inventer des médias alternatifs, oui, mais aussi de grands médias alternatifs professionnels. Dans mon programme pour une gauche décomplexée, j'avais insisté sur le fait que l'Etat devrait prendre cela en charge : recréer des médias publics dignes de ce nom, un vrai journalisme professionnel subventionné au service des citoyens. Le problème est de savoir si ce journalisme là garderait une forme d'indépendance. Question de la possibilité pour les citoyens de contrôler, à tous les niveaux, ce pouvoir politique volontariste que j'appelle de mes voeux. Un Etat fort, au service des citoyens et contrôlé par les citoyens, est-ce concevable, dans le domaine des médias comme dans les autres domaines ou est-ce une contradictions dans les termes mêmes ?

Parmi les rares révolutions attractives en ce moment, il y a celle du Vénézuela. Dans ce contexte beaucoup s'étaient intéressés au projet de TéléSur, qui était une TV révolutionnaire "du Sud" comme son nom l'indiquait. Je l'ai regardée plusieurs fois. Ses programmes étaient de bonne qualité. J'avais cru comprendre que l'on souhaitait faire une TeleSur française, je ne sais plus où en banlieue parisienne. Tele Vive peut-être, ou alors je confonds. J'avais demandé l'an dernier à jeune diplomate vénézuélien s'il pensait qu'on pouvait transposer TeleSur à l'Europe. Sa réponse avait été négative : "trop spécifique, TeleSur répond à un besoin latinoaméricain". Soit, mais alors pourquoi n'y a-t-il rien de comparable en Europe ? Parce qu'il n'y a pas de besoin dans ce sens ? Ou parce qu'aucun Etat n'a tenté de faire une révolution ?

On attend peut-être que la Biélorussie ou la Pridnestrovie lancent leur TeleSur européenne. Je plaisante bien sûr. Le "dernier Etat stalinien d'Europe" comme le présentait Arte il y a 5 ans est courtisé par Bruxelles (et par la Pologne) en ce moment pour qu'il ne tombe pas complètement dans le giron russe (bien qu'ils viennent d'unifier leur défense anti-aérienne avec Moscou), lisais-je récemment. Quant à Tiraspol, son étoile ne brille que pour elle-même.

Il va falloir trouver d'autres solutions...
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Figures de l'engagement

4 Octobre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Il existe deux sortes d'engagement, deux figures idéaltypiques : celle de l'intellectuel, et celle du bon soldat.

L'intellectuel a toujours tendance à souhaiter garder une hauteur de vue, à ne pas vouloir qu'on l'embrigade à bon compte. C'est une qualité. Mais cette qualité se retourne facilement en défaut : il (ou elle) aime se regarder penser, écrire, parler ; il ou aime sa subtilité, sa profondeur, son sérieux, son indépendance, les contemple avec narcissisme, les met en scène dans des débats ici et là. Dans Dix ans sur la planète résistante (qui, si tout va bien paraîtra ce mois ci), j'ai décrit les méfaits que ce côté "poseur" des intellectuels au fil des grands combats de notre époque. J'en ai décelé la trace chez certains cerveaux trotskistes, mais aussi chez Chomsky, et d'autre. Plus d'une fois cela les a empêchés de comprendre, et de ressentir, ce qui se jouait vraiment dans les conflits, et cela les a même poussés à commettre des erreurs de fait (voire à glisser sur la pente d'une doxa dominante complètement décalée par rapport à ce qui se passait vraiment).

A l'opposé de cette tendance, il y a le bon soldat, c'est-à-dire l'homme qui a trouvé un mensonge ou une injustice à combattre, et qui le fait sans se regarder agir, sans narcissisme. Il y a souvent dans cette attitude plus de franchise, et de courage que chez l'intellectuel, une plus grande générosité à l'égard du réel, un plus grand enracinement aussi, une solidité. Le défaut auquel conduit ces qualités peut-être le dogmatisme, et un englument aveugle dans l'erreur. Il me semble que lorsque Jared Israel attaque Chomsky en septembre 1999 comme je le raconte dans mon livre, il est dans ce rôle-là.

Tout au long de mon propre engagement j'ai essayé de garder une juste distance à l'égard de ces deux pôles antagonistes. Je ne prétends pas avoir toujours trouvé le bon équilibre. C'est un exercice subtil.

Hier soir, je lisais dans un journal contestataire une déclaration péremptoire sur le fait que la guerre d'Ossétie du Sud n'aurait fait que "quelques centaines de morts". Ceci est contradictoire avec les chiffres avancés par des ONG, et avec les témoignages que fournissaient des Ossètes (répercutés notamment sur un site français que j'ai longuement cité sur ce blog en août). J'ai contacté l'auteur de cet article pour lui faire part de mon désaccord. Je connais cette personne. C'est une universitaire. Je sais qu'au mois d'août elle n'a pas investi un intérêt dense dans l'affaire ossète comme je l'ai fait (elle n'écrivait pas d'articles à chaud comme in en trouve dans les archives du présent blog). Elle s'est documentée sur le tard, et, à mon avis, d'une façon assez abstraite, en s'intéressant plus aux enjeux géopolitiques de cette guerre qu'à sa réalité humaine. Comme je lui faisais part de mon désaccord, sa réponse a tenu en 2 points :
- Elle m'a envoyé ses sources : Reuters (quand on sait combien Reuters s'est planté par le passé, notamment sur les morts des guerres de Yougoslavie), et Chomsky (je vous renvoie à nouveau au débat avec Jared Israel cité plus haut)
- Elle s'est vantée de n'être "dans la poche d'aucun service de propagande. Ni les américains...  ni les russes" : à nouveau ce merveilleux fétichisme de l'indépendance intellectuelle qui débouche toujours sur des "ni-ni" ("ni-ni petitsbourgeois" disait Barthes) et des capitulations devant le point de vue des agences de presse occidentale.

Or 500 morts ou 2 000 en une nuit sur une population de 90 000 habitants (dont un tiers avaient fui), c'est la différence entre des victimes collatérales d'une guerre "normale" et un début de génocide (on se souvient du débat en 1999 sur le nombre d'Albanais morts : 100 000, 15 000, ou 2 000 - sur 18 mois, pas en une nuit). Au vu des témoignages des Ossètes, et des faiblesses des arguments de ceux qui avancent 500, je crois plus aux 2 000 et en l'hypothèse d'une offensive réellement sanguinaire. Mais je comprends qu'un certain habitus universitaire incline à croire plutôt aux 500 pour ensuite d'attacher aux grands "enjeux géopolitiques" sur lesquels on pourra disserter en valorisant mieux son égo (car rien de tel que de grandes discussions générales pour se donner l'impression d'être un général, general ideas are generals' ideas disait Virginia Woolf). Cet habitus là ne sera pas au fondement de mes propres analyses. La sauvagerie de l'agression géorgienne n'est pas à mes yeux un simple "détail" et, si l'on veut me prouver qu'elle était plus tendre qu'il n'y parait, il faudra étayer cette thèse avec des témoignages, et des arguments plus sérieux que ceux de l'agence Reuters.

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De retour du Sud-Ouest

22 Septembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je reviens de ma terre natale, et retrouve presque à contre-coeur la sphère virtuelle. Elle représente beaucoup pour une minorité de gens (notamment les télétravailleurs, les journalistes, les écrivains, les jeunes), et rien ou très peu pour la majorité. Etrange époque de transition.

Belle stabilité sur un weekend : une cinquantaine de lecteurs par jour. C'est peu... et c'est beaucoup, vu que mes petites réflexions quotidiennes ne visent pas un très large public.

Edgar (que je n'ai toujours pas rencontré) a posté une mise au point sur l'organisation que je citais en passant la semaine dernière. Un club de hauts fonctionnaires gaullistes sociaux semble-t-il. Une force intéressante. Attractive pour bien des esprits de gauche, je le sais, car ils voient leur propre mouvance s'enliser dans des logiques d'appareil. Beaucoup de gens, y compris dans mon entourage, continuent de penser que le retour de Villepin est la seule chance d'arracher Paris au giron des Etats-Unis. La seule chance avec, évidemment, l'hypothèse d'un effondrement des USA sur eux-mêmes, sous le poids d'une quelconque crise. Personnellement je ne suis pas très enclin à miser sur les clashes économiques, ou économico-financiers, sauf le clash pétrolier dont je parlais plus bas, mais ce clash-là est assez prévisible avec des outils scientifiques. Le clash financier, lui, relève toujours du wishful thinking. On devrait faire une florilège des prophéties ratées sur ce thème depuis 20 ans. Par exemple, je lisais il y a peu les propos de Fidel Castro en 1984 sur la surévaluation du dollar. C'est à mourir de rire. Je les recopierai sur ce blog un jour. Ceci dit, évidemment, je garde bien sûr pour le leader cubain une grande estime personnelle. Je ne le cite que comme un exemple parmi d'autres, un exemple révélateur des erreurs d'une certain milieu qui réitère les mêmes tous les ans ou presque.

Du coup, j'ai fait un saut sur le blog d'Edgar "La lettre volée" tantôt. Il trouve toujours des sujets intriguants. Même une citation d'Orwell chez lui donne envie de lui écrire des commentaires.

Mais je bavarde, je bavarde, et oublie de mentionner la bonne nouvelle de la semaine dernière : J'ai réussi à filmer vendredi soir une petite interview de mes deux héros du moment : María Cantalejo et Grégory Maitrier. Je posterai cette interview sur ce blog cette semaine. Ce sont des jeunes gens magnifiques (je dis "jeunes" parce qu'ils ont cinq ans de moins que moi). Ils faisaient à Caracas un annuaire bolivarien au moment où je composais l'Atlas alternatif à Paris. Ce sont des combattants et des bosseurs, pas des verbeux inutiles. Je les adore. J'ai dégusté un rhum délicieux chez eux avec un garçon quadragénaire qui revenait du Nicaragua. La solidarité transocéanique fonctionne bien.
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Post petroleum omne animale triste

16 Septembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je regardais ce soir une Nième émission sur la crise pétrolière à venir. Rien de nouveau sous le soleil. Mais je me demandais si, au fond, l'apathie de l'opinion publique un peu partout ne s'enracinait pas dans le sentiment confus qu'ont les gens que, de toute façon, le système actuel ne durera pas. Ils ne prennent plus la peine de réfléchir sérieusement au néo-colonialisme actuel, aux mensonges qui entourent les diverses guerres, au travail de destruction de l'humain par le néo-libéralisme, au moyen de réintroduire de l'action politique collective, parce qu'ils savent, au fond, plus ou moins inconsciemment, que rien de tout cela n'est stable. De toute façon bientôt la crise énergétique se profilera, qui clouera les avions au sol, les voitures aux garages, et freinera l'industrie durablement. Les rapports de force ne seront plus les mêmes, des équilibres nouveaux se dessineront, avec une terre moins peuplée. Et, même si la crise ne survient pas, même si une nouvelle énergie apparaît, de toute façon le monde sera radicalement différent, et les problèmes que nous évoquons dans le cadre actuel n'auront plus aucun sens. Voilà peut-être pourquoi les gens deviennent si indifférent aux folies du système contemporain, et ne veulent même pas s'y intéresser sérieusement.

Au cours des dernières années, j'avais médité sur cette phrase de l'écologiste Yves Cochet qui, tout anticommuniste qu'il fût, citait Cuba comme un modèle parce qu'elle était parvenue à réduire de 80 % sa consommation de pétrole (http://podcast.blog.lemonde.fr/2008/07/25/cuba-un-mythe-ecolo/). Cela ne justifiait-il pas la mise en place d'un système volontariste à la cubaine au niveau planétaire ? Mais il faut être réaliste. Très peu de peuples peuvent développer un sens de la discipline et de l'intérêt général comme les insulaires cubains l'ont fait, et personne ne peut le leur imposer d'en haut. Donc l'échec du modèle économique et social actuel est plus que probable - pas besoin de parier sur la venue des extra-terrestres ou sur les chiffres de la Bible pour prédire son apocalypse. Il ne servirait à rien alors de tenter de refonder quelque chose dans son cadre. A peine doit-on démasquer le racisme, le mensonge, la barbarie rempante qui imprégnent tout notre système d'information, toute notre vision du rapport entre les peuples et entre les classes. Mais, sur le fond, tout cela est de toute façon, peut-être déjà dépassé, et, plutôt que d'essayer de changer ce monde-ci, peut-être vaut-il mieux penser celui qui lui succèdera.

Voilà donc ce que je venais d'écrire il y a 5 minutes quand j'ai cherché, par curiosité, "post petroleum" sur Internet. Je suis alors tombé sur un article de Carolyn Baker, ancienne psychothérapeute et maître de conf en histoire intitulé "Post-Petroleum Woman" qui réfléchit sur la place de la femme quand notre monde se sera effondré sous le poids de la pénurie de pétrole. Je vous en conseille la lecture sur http://www.energybulletin.net/node/16580. J'ai quelques idées sur ce texte, mais préfère méditer un peu là dessus avant de vous en reparler. Cette dame, qui hélas n'a pas l'air très rationaliste (mais souvent seuls les esprits irrationnels osent poser ouvertement des questions sur le long terme au risque de se ridiculiser), possède son propre website http://carolynbaker.net/site/. Il existe aussi un website sur le monde sans pétrole : http://worldwithoutoil.org/.
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Deux témoignages d'Ossètes du Sud

2 Septembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Posté sur il y a 4 a jours http://ossetie.canalblog.com/
FD
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27 août 2008

Deux témoignages de Tskhinval

Voici les témoignages respectifs d'amis sud-ossètes m'ayant récemment écrit par e-mail, l'un est celui d'un un jeune homme ayant vécu l'attaque géorgienne sur place, l'autre, celui d'une jeune femme originaire de Tskhinval et vivant à Moscou. Elle est arrivée le 14 août à Tskhinval pour retrouver sa famille qui était sur place. Il est très difficile de recevoir des messages de Tskhinval, donc le témoignage de R. est précieux. La jeune femme, A., m'écrit de Djaewdjyqaew (Vladikavkaz en ossète) où elle était pour quelques jours entre deux voyages à Tskhinvali.

Aujourd'hui, la langue ossète s'écrit officiellement en cyrillique mais peut également s'écrire en alphabet latin (qui fut officiel de 1923 à 1937). Le mail de R. utilise l'alphabet latin tandis que celui de la jeune femme l'alphabet cyrillique. Je traduis au fur et à mesure. Certains passages (surlignés en marron) me posent encore difficulté mais seront bientôt traduits.

A., 29 ans, originaire de Tskhinval, gynécologue à Moscou, de retour à Tskhinval, le 14 août où demeure sa famille - témoignage.

Mail du 25 août

Салам, Лоpан!!!
> куыд дае?аез ныр Дзаеуджыхъаеуы даен,райсом Цхинвалмае цаеуын!!))
> Цхинвалы куы уыдтаен,уаед дае sms-тае райстон ,фаелае маенаен мае бон нае уыд ныфыссын даеуаен..((цхинвалы аевзаер кусынц телефонтае,sms та нае цаеуы.

Salut Laurent!!!

Comment vas-tu? Je suis maintenant à Dzaewdjyqaew, demain je retourne à Tskhinval. Quand je suis arrivé à Tskhinval, j'ai reçu ton sms, mais je ne pouvais pas te répondre..(( à Tskhinval, les téléphones ne fonctionnent pas bien, les sms ne partent pas non plus.

мае райгуыраен горает нал базыдтон...Пыpx,сыгъд,рынчындон нал ис..дохтыртае бирае аерцыд маескуыйае(уырысы иннае гораеттаей даер),мае аеххуыс сае тынг нае хъуыд..уыдон хорз дохтыртае сты-ахаем уаваерты кусын зонынц..сылгоймаегты,гуырынмае чи хъавыд,акодтой дзаеуджыхъаеумае.. 

>> je n'ai pas reconnu ma ville de naissance, détruite, nettoyée, l'hopital n'existe plus... Beaucoup de médecins sont arrivées de Moscou (et des autres villes de Russie également), et ils n'avaient pas besoin de mon aide.. Ce sont de bons médecins — qui savent travailler dans ce genre de situation. Les femmes qui cherchent à aider, ils les envoient à Dzaewdjyqaew.

ныр рынчындоны баесты уынджы аерываердтой 8 фатер,--уый хуыны "рынчындон"))уаеззау рынчынтае дзы нал ис-дзаеуджыхъаеумае аемае маескуымае аерцыдысты..

>> Maintenant, en guise d'hôpital, ils ont posés huit tentes dans la rues, --qu'ils ont appelé «hôpital» )) Il n'ya plus de blessés lourds — ils ont été envoyés à Dzaewdjyqaew et Moscou..

> мае заердае ты
НГ фАЕрыст мае гораеты уынгты куы ацыдтаен,ме скъола,ме мбаелтты хаедзаердтае куы федтон....уый ныхаестаей наей заегъаен....бирае адаем амард..бирае адаем басыгъд сае хаедзаертты..бирае хаедзаерттае заеххимае аесраст кодтой танктаей....(( 

>> J'étais très triste en arrivant dans les rues de ma ville, à mon école, en voyant les maisons de mes amis... Il n'ya pas de mot pour décrire ça... Beaucoup de gens sont morts... Beaucoup de gens nettoient leurs maisons... Beaucoup de maisons gisent sur le sol à cause, détruites par les tanks.

> Уырысаей бирае аеххуыс цаеуы:адаем ,машинатае,уынгтае аефснайынц,отел(
hotel) аразын райдыдтой..скъолатае амайынц 1 сентябрмае.. 

>>Beaucoup d'aide arrive de la Russie, des gens, des voitures, ils nettoyent les rues, commencent à construirent des hôtels... Les écoles reprendront[ ?] le 1er septembre...

> Аезae мад аемае мае сыхаегтаен аеххуыс кодтон мае бон цы уыд уый:хаеринаг кодтон,дзул,дон хастон..аемае аенаемаенг--медицинон консультаци даеттон,каей хъуыд уымаен..
 

>>Pour ma mère et mes voisins, j'ai aidé comme je pouvais : j'ai préparé les plats, le pain, apporter l'eau... et bien sûr je donne des conseils de médecine parce qu'il y a besoin...

> ныр дзаеуджыхъаеуы мах цаераем мае мады хойы бинонтаем.аестаем бираейае(9!)фаелае хыл нае каенаем!!))))маен фаенды
лаеггад каенын мае бинонтаен:уыдон тынг зындзинаедтае бавзаерстой!!! 

>>Maintenant à Dzaewdjyqaew nous somme dans la famille de ma tante (la soeur de ma mère). Nous sommes nombreux (neuf!), mais nous ne nous disputons pas! )))) Je veux être utile à ma famille : ils ont traversé de très éprouvantes difficultés.

> фаестаедаер аез таехын маескуымае(1-12сентябры ахуыр каенын),стаей маен фаенды мае мад,ме фсымаеры ус,сае лаеппу(Олег,1аз аемае 3маей-дзыд)акаенын улаефынмае,денджызы былмае,1 къуыри.нае зонын кыд,цы уыдзаен,каедаем цаеудзыстаем--фаелае наемаенг цаеуаем!!!!
 

>>Ensuite, je pars pour Moscou (pour étudier [enseigner?] du 1 au 12 septembre) après quoi je veux partir avec ma mère, la femme de mon frère et leur fils (Oleg un an et trois mois) pour nous reposer à la mer, une semaine. Je ne sais pas comment, de quelle manière, ni où ce sera, mais quoi qu'il en soit, nous partirons!!!!


> каед хъуыддаегтае хорз цаеуой
(мае мызд)уаед мае хъуыдытае баззадысты-барселонамае сае каенын..каеннаед-Уырысмае,каеннаед Абхазмае (уым асламдаер у)..((мае мад никуы уыд денджызы..))

>> Quand j'aurais bien préparé mes affaires, [...] je laisserai mes affaires à Barcelone...Sinon, en Russie, sinon en Abkhazie (c'est moins cher).. ((Ma mère n'a jamais vu la mer..))

 

R., 34 ans, médecin à l'hopital de Tskhinval – témoignage.

Mail du 25 août

Salam Loran!

Aermaest dzy iu fyst rast naeu.

Salut Laurent! 

Une seule lettre n'est pas suffisante.

Max surynmae nae qavydysty, guyrdzy faendyd max iuyldaer amaryn, skuynaeg kaenyn.

(?)...Les géorgiens voulaient tous nous tuer, s'ils avaient pu ..... (?)

Goraety alvars bacaxstoi aemae goraet baidytoi samolettaei, artileriae, grad,tankataei aexsyn goraety adaemy. Goraetaei nikaei uahtoi aettaemae.

Ils ont nettoyé autour de la ville et ils ont bombardé par l'aviation, l'artillerie, les missiles grad, les tanks, afin de nettoyer la ville de sa population.

Adaem sae syvaellaetty kodtoi goraetaei aemae sae guyrdzy tankataei mardtoi.

Des gens ont fuit de la ville avec leurs enfants et les géorgiens les ont tués avec les tanks.

Birae adaem faemard. Maxaei. Guyrdzyiae.

Beaucoup de gens sont morts. Des nôtres. Des géorgiens.

Nae laepputae laeuuydysty sae nyxmae aemae nae bauaxtoi bacaxsyn goraet Tskhinval.

Nos garçons sont restés en face d'eux et... (?)

Adaem aeppaetaei sae nyxmae laeuuydysty. Rynchyndon aexstoi,caeftae podvaly rynchyndony bynmae uydysty.

Parmi tous, des gens sont restés en face d'eux. Quand les géorgiens ont détruit l'hôpital,[...] ils se sont cachés sous l'hôptial.

Russian naem aexxuysmae kuynnae aercydaikoi, uaed nae iuyldaer amatdtaikoi.

Nyrtaekkae max aeppaetaei shok staem.

Si les Russes n'étaient pas venus nous aider, alors, ils nous auraient tous tués. Maintenant, nous sommes plus que tout choqués.

Faelae kusaem,goraet syhdaeg kaenaem,xaedzaerty kaeldtytae caelcaeg kaenaem.

Mais nous travaillons, nous nettoyons la ville, nous réparons les ruines des maisons...

Posté par Iryston à 13:34

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Reconnaissances unilatérales : les réactions en chaîne

26 Août 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Voilà l'engenage lancé, le Rubicon franchi. Après la téméraire reconnaissance du Kosovo par les Occidentaux et leurs non moins téméraires encouragements prodigués à la Géorgie pour qu'elle récupère manu militari l'Ossétie du Sud (alors que la pression militaire géorgienne sur l'Abkhazie voisine ne se relache pas), Moscou réplique en reconnaissant l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. La Russie appelle d'autres pays à faire de même.

Quid de la Transnistrie/Pridnestrovie me direz-vous ?

Les autorités transnistriennes ont manifesté leur solidarité avec l'Ossétie du Sud (http://www.hastasiempre.info/article.php?lang=francais&article=2039). Mais le président moldave Voronine, qui n'est pas un ami des néo-conservateurs étatsuniens, à la différence de son homologue géorgien, s'est hâté de se rendre à Moscou pour éviter tout effet domino sur les bords du Dniestr (http://www.fr.rian.ru/world/20080825/116254602.html).

Voyons maintenant quels pays reconnaissent les deux nouveaux Etats caucasiens. Pour ce qui concerne le Kosovo toujours moins d'un quart la communauté internationale ont franchi le pas. Il se peut que, certains pays du Tiers-Monde, sous la pression des Etats-Unis, acceptent de reconnaître le gouvernement de Pristina... et équilibrent leur décision dans le sens plus non-alignement, en reconnaissant aussi l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Ce faisant la réaction en chaîne des sécessions et des reconnaissances unilatérales de toutes sortes de provinces à travers le monde ne ferait que commencer...

FD

cf images : http://www.russiatoday.com/news/news/29504/video
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Censures sur les crimes de guerre géorgiens

17 Août 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Voyez sur la vidéo (en langue anglaise) ci dessous comme le journaliste de Fox News empêche la tante d'une jeune Américano-Ossète du Sud de dire que le régime de Saakachvili a attaqué l'Ossétie du Sud le 7 août et est responsable de la guerre et de la mort de 2 000 civils :



Voir aussi plus largement sur la censure des crimes de guerre géorgiens Russia Today TV
http://www.russiatoday.com/news/news/29104/video
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