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Ossétie du Sud
Je viens d'envoyer l'article suivant à un site russe :
Effets des doubles standards occidentaux dans le Caucase
Les gouvernements occidentaux, prompts à soutenir les sécessionnistes contre les pays qu’ils n’aiment pas (celui du Kosovo contre la Serbie, celui du Tibet contre la Chine) se sont bien gardés depuis 1991 d’approuver l’indépendance des minorités opprimées de Géorgie comme les Abkhazes, et les Ossètes du Sud, et ce, bien que ceux-ci se soient constitués en Républiques autoproclamées. Certaines caricatures de ces Républiques les décrivent comme des constructions artificielles entre les mains de la Russie. Pourtant dans chacune d’entre elles (l’Ossétie du Sud en 1992 et 2006, l’Abkhazie en 1999), des référendums ont été organisés, dans le cadre desquels une forte proportion de la population s’est prononcée pour l’indépendance ou pour la constitution de l’Etat autoproclamé. Le seul tort de ces Républiques est d’être situées dans un pays – la Géorgie – dont les Occidentaux ont toujours espéré se faire un allié stratégique, notamment pour le contrôle des voies d’accès au gaz d’Asie centrale.
Non contents de ne pas reconnaître les droits des peuples sécessionnistes en Géorgie, les pays occidentaux ont organisé le renversement du gouvernement d’Edouard Chevarnadze en 2003, au terme d’une opération financée par des ONG liées à l’administration américaine, la Révolution des Roses, sur le modèle de ce qui avait été fait en Serbie en 2000. Ils l’ont ainsi remplacé par un régime autoritaire, celui de Mikheil Saakhachvili, qui réprime l’opposition (voir par exemple l'arrestation de l'ex-ministre Irakli Okrouachvili en septembre 2007) et fut soupçonné à plusieurs reprises de malversations électorales.
Ce régime est aujourd’hui lourdement armé par les Etats-Unis et Israël (qui lui a livré récemment un nouveau système lance-roquettes). Tout comme Israël au Proche-Orient, la Géorgie dans le Caucase se sent en position d’imposer ses prétentions à ceux-là même qui la financent et qui l’arment. Comme le notait récemment Alain Badie, professeur à l’institut d’Etudes politiques de Paris, dans son dernier livre Le diplomate et l'intrus, "N'ayant aucune raison de craindre une défection américaine et n'ayant plus à faire face à la menace soviétique, Tel-Aviv est en mesure désormais d'imposer certains de ses choix stratégiques régionaux à la Maison Blanche. La Géorgie de Saakachvili ou l'Ukraine de Iouchtchenko disposent de la même asymétrie tournant à leur profit : sachant pertinemment que les Etats-Unis n'ont aucun intérêt à les lâcher, quels que soient leurs choix, elles se laissent l'une et l'autre convaincre que l'hégémon américain est désormais privé, par l'évolution même du système international, de tout argument les contraignant à l'obéissance".
En vertu de ce principe le président Saakachvili s’est répandu en menaces contre les républiques sécessionnistes depuis plusieurs mois, et a favorisé les incidents frontaliers. Loin de chercher à modérer ses prétentions, les Etats-Unis ont multiplié les déclarations au cours de l’été pour pousser au remplacement de la force d’interposition russe par des forces armées plus favorables aux intérêts des occidentaux et de la Géorgie.
Ce comportement pyromane a encouragé Tbilissi à envahir la République d’Ossétie, dans la nuit du 7 au 8 août dernier.
Là encore, la politique des double-standards occidentaux a joué à plein. Si la République de Serbie avait attaqué le gouvernement autoproclamé du Kosovo (reconnu par moins d’un quart des pays membres de l’Organisation des Nations-Unies), les grands médias occidentaux n’auraient pas manqué de faire leur « une » sur ce sujet pour dénoncer cette agression. Au lieu de cela, ils ont traité l’attaque géorgienne contre l’Ossétie de Sud avec un mépris souverain, la décrivant comme un « mauvais tour » joué par Tbilissi au premier ministre Vladimir Poutine (lequel est depuis longtemps déjà voué aux Gémonies par ces mêmes médias). Ainsi parviennent-ils à rendre bénigne, voire populaire aux yeux de leur opinion publique, une politique d’agression caractérisée de la part des autorités géorgiennes.
Parallèlement le soir même de l’attaque géorgienne, au Conseil de sécurité des Nations-Unies, les Occidentaux faisaient opposition à un projet de résolution russe demandant l’arrêt des combats dans la zone.
La connivence avec les agresseurs est allée très loin. L’évacuation des civils a été ignorée et la destruction de la capitale Tskhinvali, fut imputée principalement aux troupes russes qui ripostaient à l’agression géorgienne (alors pourtant que les Géorgiens l’avaient massivement pilonnée, provoquant la mort de 1500 civils).
Ce soutien systématique à l’agression vise une fois de plus, dans le Caucase comme dans les Balkans et au Proche-Orient, à faire prévaloir la force, placée au service des seuls intérêts occidentaux, contre la stabilité, la sécurité, et l’amitié entre les peuples. Il s’agit là non seulement d’une politique injuste, mais encore d’un choix dangereux, qui ne fera qu’accroître les tensions dans tout le continent eurasiatique, au lieu d’une nécessaire coopération pacifique. Une fois de plus, les pouvoirs occidentaux jouent avec le feu, et leurs déclarations de bonnes intentions hypocrites produites après-coup ne peuvent masquer leur rôle concret dans les crises qu’ils provoquent.
Frédéric Delorca
Docteur en sociologie
Directeur de l’Atlas alternatif - http://atlasalternatif.over-blog.com/ .
9 août 2008
Copyright exclusif : Frédéric Delorca
Pasdaran

Cette mobilisation des soldats iraniens restera comme une page importante de l'histoire des religions. Et il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui les Pasdaran à la retraite soient le pilier du patriotisme iranien.
On peut se demander d'ailleurs si toute guerre n'est pas au fond une expérience sinon mystique (y compris éventuellement d'un mysticisme laïque) du moins existentielle, dans un sens très profond, parce que tous les paramètres vitaux sont remis en cause, et tout le raport à autrui bouleversé (à commencer par le "tu ne tueras point"). D'où le difficile retour à la vie civile après ça (voir le film "Le capitaine Conan" par exemple). Le rôle des anciens combattants, sur cette base, devient ensuite, comme celui du clergé séculier, problématique, à la fois en dedans et en dehors, gardiens d'un souvenir dont les gens de "l'arrière" et encore plus les nouvelles générations n'ont pas eu l'expérience directe, et dont ils ne comprennent pas le sens. Sans qu'on sache vraiment qui, au fond, de l'ancien combattant ou du civil, détient la vérité sur le destin collectif de la société, qui est le mieux à même de dire quelque chose de pertinent sur son avenir.
Fragiles alternatives

Un petit parfum du micro-fascisme qui fait le quotidien exitentiel dans le monde capitaliste d'aujourd'hui. La nana a un moment s'est exclamé : "En plus je dois former des Marocains pour qu'ils appliquent nos procédures. Pendant 5 jours. Après ils rentrent au Maroc. S'ils n'ont pas compris au bout de 5 jours, j'irai les former sur place. Peut-être que quand ils seront formés l'activité sera délocalisée et je serai virée par ceux que j'aurai instruits. Ce serait marrant. Bon remarque sur le coup je ne me marrerai sûrement pas". Etrange tous ces gens qui travaillent avec l'épée de Damoclès de la disparition pure et simple de leur activité de l'horizon français.
Bien sûr tout le monde sait que ce système ne fonctionne pas. Qu'il broie les ressources de la planète, les vies humaines, tout ça pour pouvoir gaspiller toujours plus, s'abrutir toujours plus, et terminer sous Prozac ou Lexomil.
Mais personne en Europe n'a la force de rechercher autre chose, et sans doute personne ne l'aura sans grande catastrophe (tant que l'Etat providence amortira les effets les plus immédiatement douloureux du capitalisme).

Sur un autre continent, je lisais hier un bon texte de Znet sur l'avenir de la révolution bolivarienne. Très bon article éloigné des apologies creuses (je pense à une militante d'un cercle bolivarien qui, l'an dernier, me disait détester les intellectuels à cause de leur propension à la réflexion critique !). Znet n'est pas accessible ce soir, mais je crois que l'article était sur www.zmag.org/znet/viewArticle/18238. Il soulevait quelques problèmes réels : sur le risque qu'Obama séduise une partie des Latinos (alors que Bush était un utile repoussoir), sur les problèmes que le Pérou et la Colombie posent au bolivarisme, sur l'autonomie croissante de Correa face à son allié vénézuélien.
Les alternatives sont fragiles.
Népal

215 abonnés ont reçu l'article. Voyons s'ils le lisent.
Au passage j'ai découvert toutes les haines que s'attire le Parti communiste indien depuis qu'il s'est retiré de la coalition gouvernementale de centre-gauche à cause de la coopération nucléaire avec les Etats-Unis. Il passe pour le parti de l'étranger en Inde, et même pour un parti "chinois" parce qu'en plus il s'oppose aux ingérences occidentales au Tibet. Sa résistance à la logique des peurs en Asie, si bien entretenue par M. Bush, est admirable.
Je passe la soirée à relire une partie des épreuves de mon livre pour Thélès... A force de relire des centaines de pages dans tous les sens, on finit par détester son ouvrage, et c'est juste à ce moment là qu'on vous demande d'être prêt à le défendre...
Sahara occidental

Comme je regardais une carte du Maroc dans sa boutique tandis que nous sirotions une bière, j'eus envie de lui faire parler du Sahara occidental, mais prudemment (car je me doutais que ces questions de frontières et d'identité nationales sont difficiles à appréhender, dans les pays issus de la colonisation, comme dans les Balkans), en commençant simplement par lui demander s'il s'y était déjà rendu. De fil en aiguille, il finit par me dire le fond de sa pensée à ce sujet. Selon lui, le Sahara occidental a vocation à faire partie du Maroc qui a dépensé beaucoup d'argent pour cette région : "Comme vous pour la Corse, on a beaucoup investi pour qu'ils nous aiment". Pour lui il n'y avait pas de raison que le Sahara occidental ne fasse pas partie du Maroc qui est un Etat multiethnique et tolérant
Il ajoutait d'ailleurs que de toute façon dans le Maghreb, il n'y avait que le Maroc et la Tunisie qui soient de vrais Etats, tout le reste - le Sahara occidental, l'Algérie - , n'étaient des créations de colonisateurs : des Turcs, des Français, des Espagnols. "J'en parlais il y a quelques jours à un Algérien. Je lui ai dit : l'Algérie ça n'existe pas dans l'histoire. Cite moi le dernier nom du roi d'Algérie". "Mais tout de même, lui dis-je, les Saharaouis n'ont pas envie d'être Marocains. Ils sont exilés en Algérie dans des camps".
"La majorité en ont envie, me dit-il, mais les Algériens les empêchent de retourner au Maroc."
J'ai fait part de ces réflexions à un mien ami français qui m'écrit ce matin :

Le problème est que les Saharouis ne veulent pas vivre sous le roi, même s'ils dépensent beaucoup d'argent "pour eux". Et les émeutes qui ont eu lieu récemment à El Aiun et dans les foyers étudiants saharaouis de Casa, le prouvent puisqu'il ne s'agit là plus seulement des réfugiés en Algérie, mais de ceux qui n'ont pas fui l'armée marocaine.
Je sais que les Marocains de gauche, à l'exception d'un groupuscule ultra gauchiste, refusent comme le roi l'idée même d'un référendum au Sahara. Le nationalisme marocain est fortement ancré . C'est un fait indéniable. Le rapprochement maroco-algérien sera difficile tant la culture politique des deux peuples diffère depuis la colonisation française qui fut radicalement différente dans les deux pays et surtout sa fin, avec une révolution d'un côté et une déférence envers le Roi de l'autre. Au Maroc, le rêve de tous, y compris des marxistes, est de pouvoir "manger à la table du roi". En Algérie, y compris les gens du système, aiment montrer qu'ils sont des rebelles, même envers le président qu'ils cooptent. Et les Saharaouis, n'ayant pas connu le système du Makhzen, mais la colonisation espagnole, la répression franquiste, sont évidemment plus proches de la culture algérienne.
Tu auras peut-être remarqué qu'il y a quelques mois, quand, finalement, les émeutes de la faim on atteint le Maroc, comme par hasard, elles ont commencé et se prolongent jusqu'à aujourd'hui dans une petite ville de la côté sud, qui est reconnue par tous comme Marocaine, y compris donc par le Polisario et l'Algérie, Ifni. Mais Ifni fut jusque dans les années 1970, une enclave espagnole entourée par le Maroc et rétrocédée au Maroc par Franco bien avant le départ du Sahara occidental. "Comme par hasard", cette petite ville est plus rebelle que les autres (grandes) villes du Maroc. On voit bien là, ce qu'est la culture politique "au-dessus" de la culture ethno-linguistique. Et cela vient de l'histoire politico-administrative d'un territoire, même microscopique.
On peut dès lors comprendre la réalité du Polisario, même si on peut regretter que cette situation prenne la forme de la revendication d'un n-ème Etat arabe et africain."
Un truc vraiment idiot au Liban

Voilà qui semble trop absurde pour être vrai. En sont-ils vraiment réduits à des méthodes marketing aussi idiotes qui ne feront que mobiliser les gens CONTRE eux ?
Nous aussi nous devrions faire quelque chose comme ça : appeler les gens aux heures des repas et leur dire : "Nicolas Sarkozy vous demande de soutenir l'Union européenne et le rapprochement avec les Etats-unis", nul doute qu'avec ça le taux d'hostilité à Sarkozy monterait en flêche.
Quart d'heure vénézuélien
La deuxième vidéo, je l'ai découverte par hasard sur You Tube, c'est une interview d'Eva Golinger. Miss Golinger fait partie des gens qui ont construit leur existence sociale autour de la révolution bolivarienne. Le journaliste belge Michel Collon lui a fait une grosse publicité il y a quelques années en préfaçant son bouquin sur les plans de la CIA contre Chavez. Je ne suis pas convaincu que le personnage ait une réelle envergure, mais il est toujours bon de mettre des visages sur des noms de temps en temps. Tendez l'oreille, elle a un petit accent étatsunien quand elle parle espagnol.
Politique bureaucratique
FD