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Est/Ouest (Emmanuel Berl)
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"La dépréciation scandaleuse de Byzance (dans l'historiographie) est sans doute pour quelque chose, et même pour beaucoup, dans les difficultés de l'Europe occidentale à comprendre la Russie et à se faire comprendre d'elle. Ce défaut défaut de communication, les Russes l'imputent au capitalisme, les Occidentaux au léninisme. Mais il existait avant que la Russie devienne bolchévique et Dostoïevski n'est pas moins dur - et injuste - envers le 'bourgeois de Paris' que n'est, aujourd'hui, la Pravda"
Emmanuel Berl, Les Impostures de l'Histoire, 1959 (réédition Grasset 2014, p. 32).
La Latgalie, un peu d'Histoire
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Ayant en ce moment quelques velléités de retour en Lettonie où je m'étais déjà rendu en 2003 et que mon éditeur connaît fort bien, je me penche un peu sur la Latgalie, région d'origine d'une mienne amie, et seul district catholique dans une Lettonie protestante.
Le journal des débats politiques et littéraires du 19 février 1922, sous la plume de Léonce Juge, s'était penché sur cette région en disant qu'elle servait de "terrain d'infiltration à la fois aux influences russo-nationalistes, russo-communistes et polonaises". Il précise qu'en octobre 1921 l'assemblée constituante fut saisie d'un projet d'indépendance de la région et le premier ministre Miérovitch s'y est rendu. Les "bolchéviks, explique l'article, possèdent en Lettonie une réserve beaucoup plus considérable qu'ailleurs d'éléments communistes - groupés pour la plupart dans les villes et les bourgs de Latgalie". L'ex-représentant de Lénine à Riga, Ganetsky aurait utilisé la Latgalie pour contrecarrer le projet d'Entente baltique avec Varsovie lancé par les Lettons.
La Croix du 1er août 1922 allait aussi reprendre ces éléments d'analyse juste après la signature du concordat entre la Lettonie (qui comptait 1,5 millions d'habitants) et le Vatican.
"Ce qui favorise le communisme en Latgalie, note le journal, c'est d'abord le fait que les propriétés paysannes sont de peu d'étendue, et ensuite que la population de cette province est très hétérogène et de culture fort diverse. En outre, les habitants des campagnes latgaliennes gagnent difficilement leur vie 50 % de la population masculine de la région de Dvinsk travaillait autrefois dans les usines des grands centres industriels russes, principalement à Petrograd et- à Moscou. Faute d'une industrie active dans le pays même ou de relations faciles avec les provinces soumises aux Soviets, tous ces éléments sont maintenant inoccupés et, par conséquent, misérables. Or ils sont revenus de Russie déjà plus ou moins contaminés par le bolchévisme et, n'ayant trouvé à leur retour qu'un morceau de terre insuffisant à les faire vivre, ils constituent pour l'infiltration communiste une ayant-garde toute disposée à servir les buts révolutionnaires de l'Internationale rouge. A ces éléments s'ajoutent encore ceux qui proviennent de l'armée rouge et que celle-ci, depuis la; démobilisation commencée au, début de l'été dernier renvoie chaque jour dans leurs foyers. Ceux-là ont subi pendant trois ans l'influence de la déformation morale qui est au premier plan de l'éducation politique des masses en Sovdépie ils ont appris à renier tout sentiment patriotique et à persécuter chez les autres les moindres manifestations de ce sentiment; en un mot, ce sont des candidats tout prêts à l'anarchie et au brigandage."
Et puis il y a les Russes blancs. "La secte des «vieux-croyants» qui fut autrefois l'un des meilleurs soutiens de l'autocratie et du nationalisme russes forme aujourd'hui le noyau de ce nouveau bloc contre-révolutionnaire en formation, qui ne rêve rien de moins que de rétablir la Russie dans ses limites de 1914, hormis la Pologne et la Finlande. Or les « vieux-croyants » sont très nombreux en Latgalie; ils y luttent à la fois contre l'influence communiste et contre l'infiltration polonaise, contre les efforts du gouvernement letton pour assimiler cette province hétérogène et contre les menées lithuano-allemandes qui voudraient, en la rendant autonome, en faire une sorte de seconde Lithuanie germanophile sinon même germanisée"
Tandis que beaucoup de nobles agraires polonais qui possédaient la plupart des grandes propriétés latgales sont rentrés en Pologne, mais ceux qui restent gardent une emprise sur les paysans catholiques latgaliens peu instruits. Beaucoup qui n'ont pas les idées claires quand on leur demandent leur nationalité disent "catholique" et leur religion "polonais".
La Réforme des Charentes en 1928 allait se pencher sur la lèpre en Latgalie où les conditions d'hygiène étaient déplorables.
En 1931 le Dr Grinberg, un des économistes lettons les plus connus, pour résorber le déficit budgétaire propose de vendre la Latgalie à la Pologne pour 50 millions de dollars (Express de l'Est des Vosges 1931)
L’écrivain Eriks Adamsons, dans l'entre-deux-guerres, situait en Latgalie la nouvelle "Une infinie pureté" (texte publié en France par les Eds Omnia Mea 2000). Près du cimetière des "Vieux croyants" enfant sombre dans une mare immonde. Le sergent Beitans hanté par la pureté évite de le secourir et c'est un vieux-croyant russe barbu qui le sauve. Aux descriptions on reconnait la ville de Daugavpils (ex-Dvinsk), capitale de la Latgalie. La nouvelle a une portée universelle et en même temps elle doit dire quelque chose de profond sur cette "Galilée des Nations" qu'était la Latgalie.
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Cette ville (Dunabourg en Allemand) avait été fortifiée par les Russes pendant 5 ans et prise par les Français en 1812. Elle était une fondation des chevaliers de l'Ordre du Glaive, ordre livonien autonome de l'Ordre teutonique en 1205. Son magistre Ernst Ratsenbourg y construisit un château pour la protéger des raids lituaniens. Ses ruines furent exploitées comme une carrière, puis elle fut reconstruite. Cédée aux Livoniens par le roi de Pologne, en 1559, elle fut la principale vive Livonienne de l'union livono-lituanienne, puis elle fut encore polonaise, puis suédoise, et russe, les Russes la récupérèrent au premier partage de la Pologne de 1772.
L'occupation russe fut lourde. Dans le Courrier du Gard du 26 août 1863 on lisait :
On écrit de la Livonie polonaise au Czas du 20 :
"Les moyens les plus odieux et les plus tyranniques sont employés contre les prisonniers politiques renfermés dans les cachots des forteresses de Dunabourg et de Vitepsk pour le obliger de signer une adresse de loyauté au czar.
Vous savez qu’en vertu d’un ordre de Mourawieff, chaque chef militaire de district peut aujourd'hui, sur la simple dénonciation de deux témoins, prononcer un arrêt de mort contre un Polonais.
Hier, un ecclésiastique malade, l’abbé Diszo, a été assassiné par un soldat dans l’hôpital militaire, parce qu’il était sorti sur le corridor. Nous voyons tous les jours ici des ecclésiastiques traînés à pied dans la forteresse pour l’instruction cl reconduits de la même manière sous une escorte de soldats.
Le conseil de guerre qui siège à Dunabourg a déclaré innocents l'ancien maréchal delà noblesse du district du Dunabourg, M. le comte Louis Piater , et Mme Sigismond Blynicka. Celte dernière avait été mise en prison parce que son mari avait échappé à une sentence de mort en se réfugiant à l’étranger. Malgré la déclaration du conseil de guerre, Mourawieff a ordonné la déportation du comte Piater et de Mme Brynicka à Orenbourg. Le général Dlotowski, gouverneur de Vitepsk, s’est empressé de faire partir Mme Brynicka pourOreubourg.dans la crainte que, vu son état de grossesse avancée, elle ne (ut mise en liberté aussitôt arrivée à Saint-Pétersbourg.
Le nombre de personnes déportées en Sibérie s’élève à plusieurs milliers. Des trains entiers de prisonniers arrivent jusqu’à Pskow, d’où les proscrits sont dirigés sur Orenbourg et la Sibérie.A Dunabourg, un vieillard, nommé Onaculeniez a été saisi, garrotté et envoyé à Orenbourg pour avoir reproché à un vieux croyant (raskolnik) de s’occuper de pillage et de rapines. Une masse de ces bandits n’attend qu’au signal pour recommencer les tristes scènes qui ont indigné le monde entier.
Dans le palatinat de Vitepsk et de Mohilew, comme dans la Livonie polonaise, les sbires de Mourawieff poursuivent l'extermination de l’élément polonais et catholique sur une vaste échelle. La plupart des domaines polonais ont été confisqués. Les agents moscovites menacent constamment d’extermination la population rurale si elle ne détruit pas elle-même les grands propriétaires. Si cela continue , toutes les classes éclairées de ce pays auront bientôt complètement disparu.
Bon nombre de propriétaires de Livonie se trouvent hors d’état de payer l’impôt de 10 ou 20 % que leur a imposé Mourawieff. On en profite pour les obliger à signer les adresses de loyauté au czar. S'ils persistent à refuser, on les dépouille de tout et on vend tous leurs meubles et immeubles, même les robes de leurs femmes.
Nous avons vu, la semaine dernière, à Dunabourg, les plus beaux sujets de race bovine vendus aux enchères publiques à 12 F. par tête. Les Israélites eux-mêmes ne se présentent pas à ces adjudications, ce qui laisse aux raskolniks et autres vagabonds toute latitude pour s'emparer à vil prix des dépouilles polonaises."
Dans la Lettonie indépendante de 1920, la ville était principalement juive, si l'on en croit "L'univers israélite" du 2 avril 1920 :
"La ville de Dvinsk se trouve sous deux autorités : polonaise et lettone. Les rapports entre les soldats polonais et la population juive ne font que s'envenimer. On arrête des Juifs dans la rue pour les employer aux corvées, on fouille dans les meubles pour voir s'il ne s'y cache pas de bolchévique; le rabbin de la ville, qui a poussé l'audace jusqu'à supplier qu'on ne lui retire pas un manteau de son armoire, a été maltraité.
Les rapports avec les Lettons sont meilleurs ; cependant toutes les barrières ne sont pas enlevées. Bien que les Juifs soient 60 % des habitants de la ville, contre 20 % de Polonais et la même proportion d'autres nationaités, la municipalité est constituée par 10 Lettons, 10 Polonais, 8 Russes et 3 Juifs.".
Retour sur des crimes au Rwanda
Du temps où je dirigeais l'Atlas alternatif j'avais essayé d'attirer l'attention sur le système de prédation rwandais au Congo (le Rwanda aujourd'hui continue d'exploiter l'or, et le coltan congolais et de l'exporter au prix de la vie des enfants employés dans les mines) organisé par le FPR (Front patriotique rwandais) de Paul Kagamé (soutenu par la mafia des Clinton). Depuis lors, tous les atlantistes français- Kouchner, Sarkozy, Hollande, Macron - se sont couchés devant la puissance rwandaise et son influence sur les pouvoirs occidentaux. Le défenseurs de la démocratie et de la vérité dans les Grands Lacs continuent d'en payer le prix forts : le 8 juillet dernier un opposant rwandais a encore été éliminé au Mozambique
Le journaliste Charles Onana revient sur un aspect sombre des premiers jours de la guerre civile rwandaise en 1994 sur lequel le pouvoir de Kagame empêche toujours toute enquête.
Gen Paul, Montmartre et Marguerite
Puisque beaucoup d'abonnés de ce blog annulent leur inscription ces derniers temps (sans que je sois en mesure deviner pourquoi), je puis, en un sens, maintenant, me sentir plus libre d'y écrire un peu ce qui me passe par la tête sans me demander ce qu'on attend de moi. C'est un peu d'ailleurs ce que j'y faisais il y a dix ou quinze ans, à une époque où je n'avais pas moins de lecteurs - même si c'étaient des lecteurs au profil sans doute différent.
Tenez, savez-vous qu'en ce mois de mai, un de mes billets les plus lus est celui que je consacrai à la tombe de Marguerite d'Angoulême en 2012 (en un temps où j'utilisais un langage dans lequel je ne me reconnais plus) ? Je suppose que c'est là le fruit des hasards des référencements sur Google et des recherches des collégiens pour quelque rédaction que leur commande un prof de français. Mine de rien la Marguerite des Marguerites aura rapporté plus de lecteurs à ce blog que tout mon militantisme dans les milieux anti-guerre, car elle m'a aussi fait écrire sur le quintinisme, au moment où j'étais sur la pente escarpée de l'athéisme, et comme j'étais un des rares internautes français à écrire sur Quintin, divers esprits curieux de la Renaissance sont venus à mon blog par ce biais, y compris d'ailleurs un historien distingué. Je ne regrette pas tous ces charmants billets, dont un m'avais aussi conduit vers les oeuvres de Brantôme... L'univers de la Renaissance est étrange et pose diverses questions sur les avantages ou les dangers de l'ésotérisme chrétien. C'est un sujet des plus complexes. La dette que l'on doit avoir ou pas à l'égard du néo-platonisme et de ses vapeurs souvent malsaines (je ne sais pas pourquoi mais cela me renvoie à E Michael Jones, le seul auteur à ma connaissance qui pointe ce qui cloche le plus dans le règne de Julien l'Apostat : ses liens avec l'occultisme, qu'il relie à bon droit avec la problématique du néo-platonisme en général).
Mais laissons là la Renaissance. Hier je me penchais plutôt sur Montmartre et sur le peintre Gen Paul. Là encore l'occultisme n'est pas loin. Pensez au cabaret le Chat Noir qui en était le siège, à l'inventeur Charles Cros. Gen Paul faisait sans doute partie de ces âmes perdues. Son interview chez Chancel l'année de ma naissance, respire l'impasse existentielle de tous ces créateurs sans dieu qui se consolent dans un amour illusoire de la nature. Mais, que voulez-vous, j'ai toujours une grande tendresse pour la mémoire du Paris populaire. Vous savez que j'ai aidé une vieille dame parisienne à publier ses souvenirs quelques années avant son trépas (une école fut inaugurée à son nom il y a 7 ans, dans la ville où je l'avais interviewée, Sevran, je n'en ai même pas été informé - les gens ne sont vraiment pas corrects). Elle n'avait pas vraiment des origines populaires, mais elle avait la gouaille et l'argot de ce milieu-là. Son militantisme communiste en banlieue (alors qu'elle était parisienne), l'avait conduite à cultiver cela.
Tout béarnais que je suis, j'ai été très entouré par l'argot parisien dans mon enfance. Je ne sais pas trop par quels canaux cela passait : peut-être par les chansons à la radio (la "TSF"), le cinéma, ou peut-être par l'influence très indirecte d'oncles engagés dans l'armée. Qui sait ? Je ne vais pas tenter de remonter le fil sociologique de ce genre de transmission de cultures très localisées à des centaines de kilomètres de leur "terroir" (ou de leur macadam...).
On sait les lettres de noblesse académique que Céline donna à cette langue, et quelles lettres d'abjection il donna à l'anarchisme qu'elle véhiculait. Gen Paul était de cet anarchisme-là. D'ailleurs il aurait déclaré que ces Céline qui lui a appris l'argot (voir ici)... Bizarre... Ce n'était donc pas naturel sur la butte ?
En parcourant quelques textes sur Internet pour boucler cette petite promenade vispérale à travers le Montmartre d'il y a cent ans (rien à voir avec l'artefact actuel pour touristes piégés par Amélie Poulain), je tombe sur cet article de Richard Khaitzine intitulé "Les Mystères de Montmartre" du numéro de la revue "Le Vieux Montmartre" du 1er janvier 2002 (il y a 20 ans).
L'auteur y écrit ceci (p. 32) à propos du roman "Le Roi Mystère" de Gaston Leroux (habitué du Chat Noir, son arrière petite-fille tient encore un bistrot à son nom à Montmartre) : "Le Roi Mystère recèle d'autres énigmes qui, toutes, confirment nos hypothèses de travail. Ainsi, que penser de ces concierges de Montmartre veillant sur la sécurité du Roi Mystère et de ses amis ? Que penser, en particulier, de cette concierge qui possède un perroquet souffrant d'une curieuse monomanie lui faisant débiter toujours la même phrase : " Tu es la Marguerite des marguerites, la perle des Valois... ". Si Gaston Leroux semble avoir voulu évoquer l'érudite sœur de François 1er, pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici, nous pouvons être certains qu'il souhaitait aussi orienter son lecteur en direction de Maxime Lisbonne. Cet ancien Communard, déporté au bagne de Toulon, lors de son retour, fonda différents établissements qui, tous, eurent le même insuccès : La Taverne du Bagne (Gaston Leroux, dans les Aventures de Chéri-Bibi, ex-bagnard poursuivi par la Fatalité, évoqua fréquemment les cabarets montmartrois)".
Je puis jurer que lorsque j'ai commencé à écrire ce billet en parlant de Marguerite de Valois, j'étais à des lieues de penser que je retomberais sur elle à propos de Montmartre ! De même que je ne pouvais supposer il y a 15 jours en jetant un oeil rapide sur un extrait de "Chéri-Bibi" sur une vidéo de YouTube que je citerais le nom de cette série de mon enfance dans ce blog aujourd'hui... Décidément la façon dont les choses se recoupent devient des plus troublantes. Si seulement ce Richard Khaitzine, écrivain alchimiste, avait bien voulu nous dire justement pourquoi Leroux citait Marguerite à propos de Montmartre plutôt que d'estimer que ce serait "trop long à exposer"... Et je ne puis le lui demander par mail : il est décédé le 9 décembre 2013...
Décès de la personne qui m'avait présenté Pierre Bourdieu en 1990
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J'ai appris aujourd'hui le décès, à l'âge de 91 ans, de Pierre Labarrère, l'homme qui m'a fait rencontrer, le 13 août 1990 le sociologue Pierre Bourdieu. C'est cela qui m'avait conduit ensuite à m'investir dans la sociologie, jusqu'à obtenir un doctorat dans cette discipline.
Pierre Labarrère, entrepreneur en construction, qui, enfant unique, avait repris l'entreprise de maçonnerie de son père (mort à 65 ans en tombant d'un toit) faisait partie de ces nombreux hommes qui, dans la génération de mes parents, auraient pu suivre des études jusqu'au bac si, à l'époque, dans les années 1948-50, il n'avait pas existé une barrière sociale pour la poursuite des études après le certificat d'études. Sa mère, morte à 83 ans, originaire de Lasseube, était femme de ménage à plein temps au magasin de chaussures Menou à côté de l'église (qui vendait des galoches et des sabots pendant la guerre, et où elle se rendait elle-même en sabots).
Il n'avait jamais quitté le village natal de ma mère, qui est aussi mon village d'enfance, village où l'Eglise catholique, dans l'immédiate après-guerre, régissait la vie sociale, et donc c'est dans son giron qu'il s'était initié à la musique (et il continuait à jouer de la trompette à l'église pour les grands occasions dans les années 2000), même s'il avait été instruit à l'école laïque communale. Sa cousine germaine, qui habitait à côté de chez lui, avait été à l'école avec ma mère, elles ont un an de différence.
Quand j'ai commencé à le croiser dans les années 1970-80, il était artisan, au volant de sa fourgonnette à sillonner le village, impliqué dans l'organisation syndicale de sa profession, et aussi dans le militantisme socialiste "tendance Jaurès", disait-il, du temps où Pau avait un maire illustre qui était son homonyme de même tendance politique. Vieux célibataire, il avait toujours des idées avancées : il défendait avant tout le monde le végétarisme (ce qui, me semble-t-il, est aussi nuisible à l'âme que le mitterrandisme... mais bon...), les panneaux solaires etc.
A partir de la 2ème minute de cette vidéo que j'avais tournée en caméra cachée le 14 février 2020, il parle de Bourdieu. Il explique que la soeur ainée de sa mère était, à Lasseube, voisine du bureau de poste où officiait le père de Pierre Bourdieu comme facteur-receveur. Bourdieu a évoqué tout cela dans Le Bal des Célibataires, et son Esquisse pour une auto-analyse. Ils avaient donc été amis d'enfance pendant les vacances.
Dans cette brève interview, Pierre Labarrère manifeste sa grande mémoire, qu'il entretenait en se récitant par exemple les préfectures et chefs-lieux d'arrondissements et de cantons de tous les départements de France.
Après la publication de mon livre sur les médiums, je le lui avais envoyé, espérant le sensibiliser aux questions du monde invisible et à l'importance de la rigueur spirituelle. Mais il l'avait seulement parcouru avec une vague curiosité sans que cela ne le touche vraiment. Je l'avais encore revu à l'été 2021, mais il était alors très diminué et avait perdu l'appétit d'une manière inexplicable.
Son décès fait suite à celui de l'aîné de mes oncles maternels l'an dernier. Toutes ces personnes sont peu à peu remplacées par d'autres dans le village de mon enfance. Pour moi c'est un univers qui glisse vers le néant.
La France carthaginoise
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Pierre Leroux, communiste chrétien - quoiqu'hérétique, il croyait en la métempsyhcose (1797-1871) : "Je suis né vers le temps où la Convention luttait contre le négociantisme anglais, où Saint-Just dénonçait à tous les peuples de la terre la Carthage moderne. Et je vois la France carthaginoise, et le négociantisme au gouvernement, ou, comme on dit aujourd'hui, aux affaires !" (Malthus et les Economistes, 1849).
Haine de l'humanité, emprisonnement des corps, et un mot de la Chouette du président
Les manifestations se multiplient contre le passe sanitaire. Ce n'est pas une garantie du fait que les autorités vont reculer, loin de là (tant qu'elles ont le soutien d'une moitié de la population, voire du tiers, qui sont hypnotisés, elles peuvent continuer d'enfoncer le clou) mais c'est un bon baromètre de la psychologie des gens et de leur capacité à se battre pour leur dignité. On a constaté cela aussi en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne, ou dans un pays très martyrisé par le fascisme "sanitaire" : l'Australie. Heureusement les gens ne sont pas encore complètement vaincus.
Je me faisais ce matin la réflexion que les satanistes qui administrent nos nations pour le compte des grands pouvoirs financiers globalistes et des forces spirituelles qui les gouvernent jouaient sur une corde très facile à actionner : la haine de l'humanité. Tout le thème de l'écologie enseigné à nos enfants depuis l'école primaire à nos enfants s'inscrit dans cette haine, et l'on sait maintenant que ce vaccin soi-disant destiné à "sauver des vies" est en réalité le fruit des recherches de dépopulationnistes comme Bill Gates qui ont inscrit la réduction du nombre d'êtres humains dans le marbre de monuments comme les Georgia Guidestones et dans le conditionnement des séries hollywoodiennes.
Il est très facile de cultiver la haine de l'humanité, parce que n'importe qui parmi les êtres humains peut se rendre compte que l'humanité est quelque chose de mal fichu. On peut aimer certains êtres humains à titre individuel, à la rigueur certains groupes. Mais aimer l'humanité globalement est chose presque impossible. On essaie de l'aimer quand on est religieux parce que c'est l'oeuvre d'un Créateur qui nous commande de l'aimer, ou, quand on est athée, en vertu d'un projet pour la rendre meilleure (c'était un peu ma démarche avant ma conversion). Autrement dit : l'amour pour l'humanité devient un outil d'action, plus qu'un sentiment spontané.
Les religions abrahamiques nous disent que Dieu a placé l'humanité au centre de l'univers et de son projet, en en faisant la seule espèce animale capable, tout en sachant que son existence est possible, et qu'il existe des lois morales, d'ignorer cela délibérément en commettant le mal parfois même de la façon la plus atroce. C'est ce que l'on appelle la liberté. Et parce que l'homme est le seul animal libre, il est la créature la plus précieuse dont la conversion (l'acceptation de Dieu et de ses lois) devient l'enjeu même du sens de l'histoire de tout l'univers.
Personnellement j'adhère à cette idée depuis que j'ai dû admettre l'existence du monde invisible et comprendre comment tout cela "marchait", mais je dois dire que, du point de vue de mon intelligence très limitée, je trouve assez étrange que Dieu ait accordé ce privilège "cosmique" à des animaux si pitoyables. Il suffit de nous regarder. Même d'un point de vue esthétique. Nous appartenons à la famille des primates, qui est sans doute une des moins élégantes du règne des mammifères. Si nous n'avions le vêtement pour dissimuler notre laideur la plupart d'entre nous serions réellement affligeants. Et cela est d'ailleurs dû à une certaine dérive démocratique. Ma compagne me faisait remarquer il y a peu : "Regarde les femmes dans la rue. Pratiquement aucun n'a la moindre classe. Aucune ne fait l'effort de se tenir droit. Elles n'ont aucune allure dans leurs démarches. Les hommes non plus d'ailleurs, la plupart marchent en canard. A cela s'ajoute la négligence vestimentaire. On dirait qu'ils ont tous capitulé devant la médiocrité".
Je dis "démocratique" au sens péjoratif du terme, sans perdre de vue que certaines "démocraties" ou "démocratures" "populaires", qui n'ont pas perdu le sens d'une certaine utopie arrivent à mieux limiter que nous les dégâts esthétiques. Je pense à Cuba où, paraît-il, la tradition de l'apprentissage de la danse classique introduite par les Soviétiques dans l'île a contribué à maintenir chez les femmes un sens du port du buste perdu en Occident, et il paraît aussi que là bas les hommes arrivent à préserver quelque chose de leur apparence...
Bref il est aisé de ne pas aimer l'humanité ne serait-ce que sur le plan physique, d'autant plus que celle-ci renonce à prendre soin d'elle-même (et à se soigner moralement, le physique étant en partie ici le reflet du mental). Et donc il est facile aux nihilistes de jouer sur ce désamour voire sur cette haine, pour pousser les pions de leurs plans destructeurs, car, du coup, beaucoup de gens mêmes s'ils pressentent que leurs dirigeants jouent contre eux, renonceront à résister du seul fait qu'ils conçoivent qu'il y a quelque chose d'au fond légitime dans ce complot pour leur destruction, et, de ce fait, ils préfèreront fuir dans des univers virtuels dans lesquels justement le Microsoft de Bill Gates et ses sorciers de service (voyez l'affaire du casque Hololens en plein premier confinement) veulent les enfermer...
Je ne développerai pas ici la politique du corps qu'on trouve dans la matrice actuelle et qui avait été déjà entrevue par ce "vieux dégueulasse" de Foucault, comme dit un de mes correspondants (vieux possédé en réalité, ce sont des démons contre des démons). C'est un mélange étrange de poursuite de l'idéal des Grecs païens et des Perses zoroastriens du corps parfait et de mépris pour les corps réels, le premier nourrissant le second. En tout cas on voit bien que le "biopouvoir" va s'acharner là-dessus désormais. Mais on peut espérer que la persécution des corps (les entraves à la liberté d'aller et venir notamment) contribuera à libérer les âmes. Les Juifs racontent qu'en 1812, un de leurs sages, en Russie, le Baal HaTanya (Rabbi Shneur ben Baroukh Zalman de Liadi) avait pris parti pour le Tsar contre Napoléon (alors que beaucoup de Juifs considéraient la France issue de la Révolution comme une Nouvelle Jérusalem) en disant que si les tsars tenaient les corps captifs, au moins ils n'emprisonnaient pas les âmes, comme risquait de le faire l'esprit moderne républicain français (il y a d'ailleurs une histoire rocambolesque sur la manière dont ce sage échappa à Napoléon qui recherchait ses ongles et ses cheveux pour lui jeter des sorts).
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On peut espérer que plus on cherchera à emprisonner les corps, plus on donnera les moyens aux âmes de s'élever.
Je termine d'un mot avec le débat intéressant qu'a déclenché la chouette arborée par le locataire de l'Elysée sur TikTok la semaine dernière. On a parlé à juste titre du Bohemian Grove. La chouette de Minerve revient souvent dans les créations à connotation maçonnique comme les vidéos que faisait l'auteur de l'habillage sonore du logo de Canal+ (cf ici) ou les sacs à main de Kate Spade (cf ici), et le fameux " Do you think the last paragraph violates the owl/minerva rule ?" dans les mails fuités d'Hillary Clinton en 2011.
En plus la chouette d'E.Macron a une tête en pyramide inversée comme dans The Boy in the Bubble...
Nous ne sommes pas en de bonnes mains...
La fin du trumpisme
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C'en est donc fini du trumpisme. Après cette triste pantalonade au Capitole que j'ai appelée ironiquement l'opération"Send in the clowns". On peut se demander d'ailleurs si tout le mandat de Trump n'a pas été une opération "Send in the clowns" : une opération pour ridiculiser les idées conservatrices aux Etats-Unis en laissant un clown, un batteur d'estrade, Donald Trump, les porter. Car finalement qu'aura-t-il été d'autre sinon un illusionniste qui se trompait lui-même, une grande-gueule et un velléitaire, qui n'a jamais osé vraiment rompre avec les lobbies (le "Big Pharma", le "Big Tech", le lobby de l'armement etc) qui finalement l'ont broyé. Il n'avait pas meilleure mine qu'un Kadhafi ou un Milosevic en fin de course quand chassé du dernier pouvoir qu'il avait, celui du verbe, sur Twitter, il en était réduit à désavouer ses partisans qu'il n'avait pourtant cessé de chauffer à blanc depuis des mois, et encore lors de son meeting à Washington DC ? Un chef qui lâche ses partisans, bêtement, platement, pour au moins sauver sa fortune, et qui n'amnistie avant de partir que les fraudeurs, et pas Assange ou Snowden. La droite américaine méritait sans doute mieux.
Les charismatiques qui à l'émission de Sid Roth disaient que Jésus leur était apparu pour leur dire que Biden ne serait pas le prochain président en seront pour leurs frais (cela devrait les faire réfléchir à la légitimité des accents charismatiques de la religion). De même ceux qui ont suivi Qanon, qui n'était finalement qu'une opération psychologique de la CIA - une opération utile au système : 60 000 comptes Twitters supprimés dans cette mouvance, autant de personnes probablement fichées à vie, une bonne affaire pour le système. Aujourd'hui l' "extrême centre", toujours aussi cruel et pervers qu'à l'époque de la commune de Paris - quand il faisait fusiller les communards en 1871, avant de liquider ce qu'il restait de royalisme en France dix ans plus tard, en la personne de Joe Biden aura les coudées franches pour imposer son totalitarisme. Il va offrir aux américain la dictature des pouvoirs exceptionnels, dont rêvaient les partisans de Q quand ils croyaient que Trump préparait des mandats d'arrêt secrets contre les Clinton. A commencer par les pouvoirs spéciaux liés à la dictature sanitaire : en premier lieu celui de la vaccination anti-Covid.
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Là encore Trump aura bien préparé le terrain pour Biden. Avec l'opération Warp Speed qui visait à faire produire et tester les vaccins à marche forcée pour les administrer en un temps record. En avez-vous vu le logo (ci-dessus) ? Il porte un symbole reiki : celui de l'antahkarana. Vu ce qu'on sait des effets nocifs du reiki entre les mains des médiums en terme d'invocation des entités les plus négatives, qui peut imaginer que cette opération ait porté en elle quoi que ce soit de positif et de bien intentionné ? Et qui peut croire que Trump qui flirtait tant avec les religieux évangéliques, catholiques traditionnels et juifs, avait quoi que ce soit d'authentiquement compatible avec le monothéisme ? On avait déjà souligné ses liens avec l'ésotérisme, pas seulement dans la mouvance d'Alex Jones (voyez par exemple le signe d'Auramoth qu'il faisait avec les mains). La programmation prédictive autour de lui dans la sorcellerie hollywoodienne à grand renfort de mobilisation de voyants n'aura probablement servi qu'à souligner son rôle dans le projet millénaire que sert la dictature sanitaire actuelle, mais ce n'était sûrement pas pour annoncer qu'il serait un demi-dieu comme ses partisans l'ont parfois cru. Il n'était pas le Kraken mythologique qui rendrait justice au petit peuple américain provincial contre les puissants. Ceux qui mettent à tort toute leur confiance dans un homme quel qu'il soit devront en tirer les conséquences qui s'imposent.
La disparition de la résistance trumpienne n'est pas une bonne nouvelle pour le peuple français, comme ne l'étaient pas celle de Saddam Hussein ni la disparition de quelque résistance que ce soit. C'est quelque chose que les gens piégés par le paradigme droite/gauche ou droite/centre/gauche, ne peuvent pas comprendre. Quand une résistance disparaît tout le monde est perdant. Pour cette raison, la droite américaine devrait s'émouvoir de la suppression sur Twitter de comptes de ministres cubains et vénézuéliens (disparition dont peu de médias ont rendu compte), comme la gauche européenne devrait s'émouvoir de la censure du trumpisme. La fin du trumpisme est particulièrement une mauvaise nouvelle parce que c'était une résistance (maladroite, idiote, dépourvue de stratégie à long terme, mais tout de même une résistance...) au coeur du système mondial, au sommet de sa première puissance militaire. A côté de cela, celles qui peuvent surgir en Ouganda (qui vient à juste titre de bannir Twitter du pays), ou même en France sont nécessairement périphériques et de moindre portée. Mais bon, mieux vaut une dissidence périphérique que pas de dissidence du tout. Que chacun continue à cultiver la sienne... en dosant avec finesse ses moyens d'action...