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La lenteur des esprits
Tristesse du combat anti-guerre
A vomir toutes ces Otâneries.
Les jeunes anti-OTANs ce soir parqués dans une banlieue de Strasbourg. Devant se battre pour être visibles dans la ville. Exposés aux violences policières. A vomir.
A vomir mon impuissance. Mon incapacité à exprimer toute cette abjection dans mes écrits et à en faire un combat à la fois efficace et sincère. Au mieux j'en aurai fait un combat bureaucratique.

Mais si j'ai échoué à faire passer cela dans mes livres, cet échec se double de celui des autres "résistants", par exemple de cette amie berbère que je connais et qui n'arrive pas à parler de son vécu, de la guerre d'Algérie, de la guerre qu'elle a dû mener dans sa tête, avec et contre l'Occident, pendant plusieurs décennies. Nous sommes tous dans l'échec, le silence. Chaque parole que nous faisons sortir contre les immondices du discours dominant est facilement retournée contre nous pour que nous ne puissions même pas supporter ce que nous aurions à dire.
Pendant ce temps, la bêtise triomphe. La bêtise chargée de son vide abyssal. "Le gentil Obama". "Nicolas Sarkozy et Barack Obama réconciliés". "Le retour logique de la France dans le commandement intégré". Tout ce blabla abject, blabla qui n'a pas de sens, sauf celui de rendre tout le monde complice de toute cette abjection.
Einsamkeit
J'ai écrit à 25 ans un texte qui s'appelait Les Fondateurs. Il s'inspirait de l'Odyssée et de l'Enéide. C'était un texte très gratuit, et, en un sens, bien plus libre que ce que je pourrais écrire aujourd'hui, car en ce temps je n'avais pas peur du ridicule. Est-ce un texte ridicule ? Je ne saurais trop dire. Je n'ai guère le loisir de m'y replonger. Je me souviens juste du plaisir que j'avais eu à l'écrire. Plus que du plaisir. C'avait été une étape importante de mon existence à l'époque, quelque chose qui m'aidait à vivre. Aujourd'hui je serais bien tenté de le ressortir de mes cartons. En même temps je redoute tout ce qu'il peut y avoir d'académique et d'au fond très potache dans ce genre de texte, un peu comme une blague des Monthy Python. Je crois quand même que c'était plus que cela.
Le plus tentant dans la reprise de ce livre, c'est qu'elle serait absurde, et donc presqu'aussi libre et gratuite que sa première écriture. Ma problématique personnelle va au delà de cette question éditoriale. Il s'agit simplement d'évaluer si le choix de la solitude dans l'acte d'écriture peut être assumé, répété, contre vents et marées, à 25, 40, 70 ans.
C'est une question aussi pour ce blog : dois-je continuer à le tenir ? si oui, est-ce pour y délivrer des infos d'actualité (comme tant le font), pour faire signe vers des bouquins qui sortent (plus structurés que mes billets rapides), ou pour tout autre chose, quelque chose de personnel ? Je me rappelle cette réflexion de Derrida à propos de l'idiome pur (idios = particulier en grec). Ce serait une langue dont seul le locuteur aurait la clé, une langue inintelligible par autrui. Le sens de l'écriture ne résiderait-il pas par excellence dans cette absurdité finale, pie que le carré blanc sur fond blanc dans l'ordre des arts visuels ? Faut-il rechercher cela : le sollipsisme de la métaphysique ?