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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #la gauche tag

La vague macronienne nauséeuse

13 Juin 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Programme pour une gauche décomplexée

Mélenchon m'agace sur l'international mais contre la vague Macron il a les mots justes. Ce ramassis de jeunes cadres supérieurs de PME arrivistes qui débarquera bientôt au Parlement n'aura pas l'envergure pour constituer une base parlementaire intéressante et souffrira sous le joug monacal des règlements de l'assemblée nationale. Mais Marcon s'en fout : il cassera le code du travail, et peut-être même insèrera l'état d'urgence dans la loi par ordonnance. Toute la dimension dictatoriale de la Ve république se révèle, une fois de plus, à grand renfort de culte de la personnalité médiatique.

Le noyau dur des 30 % de bobos stupides indécrottables qui forment aujourd'hui la base du consensus politique français et des faiseurs de rois, une fois de plus se fait abuser, tandis que les classes populaires s'abstiennent.

Un mérite à cette situation : les vendus du parti socialiste passent à la trappe. Hélas pas tous. Les pires d'entre eux - Valls, El Komri, Touraine -, ceux qui étaient déjà prêts à arborer l'étiquette "En Marche" alors qu'ils devaient leur existence politique au parti socialiste, ont plus de billes aujourd'hui pour sauver leur peau que les ex-frondeurs restés fidèles à leurs idéaux comme Hamon. Il n'y a pas de morale en politique... Et les électeurs sont biens sots. "A vomir" comme disait Guaino des électeurs bobos et de droite catho - Guaino a eu bien des défauts, notamment quand il cautionna la forfaiture du traité de Lisbonne, mais au moins il est intègre sur ses idées, comme Morano et une certaine base de l'UMP (attaquer l'électorat catholique pour son pétainisme, il fallait l'oser, et c'était juste). Guaino va sans doute rejoindre M. Montebourg dans l'élevage des abeilles. Peut-être aussi Mme Bechtel, bras droit de Chevènement, qui avait mené son mandat avec tant d'application dans l'Aisne pour ne recueillir que 6 % des voix au final.

"A vomir" les électeurs. Peut-être. Mais plus encore les médiacrates qui ont fabriqué Macron et qui aujourd'hui gloussent de voir les députés sortants s'inscrire au chômage, alors que nous, citoyens ordinaires, leur sale tronche, on doit la supporter depuis vingt ans - je pense à cet hippopotame d'un grand journal parisien qui nous a abreuvé de mensonges notamment sur la Yougoslavie (elle est co-responsable des 10 à 15 tonnes d'uranium appauvri de l'OTAN versées sur la Serbie et le Monténégro et des 30 000 nouveaux cancers par an qu'elles provoquent) et hier à la TV pouffait sur le thème "pas facile pour un vieux député de se reconvertir". La garce !


Il va falloir maintenant se battre pour défendre les acquis sociaux et les libertés publiques (face à l'état d'urgence). Le pourra-t-on ? Au Venezuela on se bat, et la droite flingue un magistrat qui avait eu le malheur de condamner à de la prison un leader de leurs rangs. La Corée du Sud, elle, a fait son virage à gauche, et demande l'arrêt du projet de bouclier anti-missile américain (une bonne nouvelle pour la paix dans la région). Si seulement notre peuple lui aussi en venait à se ressaisir !

Une future députée macronienne pas très crédible...

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Justice ou injustice : des Kurdes au Botswana...

29 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik, #Le monde autour de nous, #La gauche, #Peuples d'Europe et UE

Justice divine, justice terrestre... Moi qui travaille beaucoup sur l'histoire des religions en ce moment, je ne peux manquer de m'interroger sur l'articulation entre les deux. Prenez les Kurdes : du point de vue terrestre leurs cause paraît juste, et d'autant plus depuis qu'ils remportent de belles victoires militaires contre Daech. Pourtant bien des éléments les condamne au regard des textes sacrés. Leurs sites sur Internet à la gloire de Marx ont des liens avec des sites pornos (si si, j'ai vu ça il y a huit jours !). L'activiste Nurcan Baysal (dont on a déjà parlé ici) écrivait la semaine dernière sur le site T24 un billet contre l'atteinte au patrimoine historique de la capitale du Kurdistan turc Dyarbekir / Amed que représenterait le projet d'Erdogan de réaménager la ville à la mode ottomane. L'article défend les statues assyriennes de lions à tête humaine, tout comme beaucoup de sites kurdes irakiens prônent le retour au zoroastrisme. Voilà qui place Erdogan dans le sillage abrahamique et les Kurdes dans le camp de l'idolâtrie... Tout comme la promesse de Mélenchon d'inscrire le droit à l'avortement dans la constitution ne doit pas le placer très haut dans l'échelle de la justice divine, c'est le moins qu'on puisse dire, même si sa défense des pauvres le situe haut dans la justice terrestre... Cela me rappelle les mots de Claudel qui reconnaissait dans son journal que les bolchéviques malgré leurs horreurs anti-chrétiennes avaient au moins rêglé son compte au démon de l'argent comme le catholicisme n'avait jamais pu le faire...

Notez que, du point de vue de la seule justice terrestre elle-même, on peine aussi à faire la part du bon et du mauvais. Prenez la cause sahraouie. Le Maroc qui a quitté l'Union africaine (ou son ancêtre) en 1984 à cause de cette question postule à une réintégration malgré l'hostilité de l'Algérie et de l'Afrique du Sud. Est-ce une cause juste ? Presque tous les Marocains pensent de bonne foi que les Sahraouis ne sont pas un peuple, comme les Israéliens considèrent que les Palestiniens n'en sont pas un. Qu'est-ce qu'un peuple ? Les Californiens allergiques à Trump prétendent de plus en plus en être un et l'on parle de sécession à San Francisco. Le patron de Facebook qui a exproprié des indigènes d'Hawaï avait l'air de ne pas considérés les pactes ancestraux qui régissaient leurs terres comme émanant d'un "peuple" sujet de droit...

Question complexe que celle du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Bertrand Russell dans un livre d'histoire des idées, rappelait que Wilson n'avait pas été jusqu'à le reconnaître aux habitants d'un quartier qui prétendaient faire sécession de leur pays pour ne plus y payer d'impôts... Cette semaine le Petit Quotidien, journal pour les enfants, bourre le crâne de nos chères petites têtes blondes en faisant sa "une" sur une info de la plus haute importance "un cerf mange du maïs dans une forêt au Kosovo". Le seul but de l'info apparemment est d'apprendre aux enfants où se trouve le Kosovo et leur faire croire que c'est bien un Etat. Promis si vous m'élisez président un jour j'obligerai le Petit Quotidien à faire se "Une" sur les belettes de Transnistrie...

En parlant de Transnistrie, avez-vous vu que le nouveau président socialiste moldave dont on a déjà parlé dans ces pages, en visite à Moscou cette semaine, laisse entendre qu'il pourrait dénoncer le traité d'association avec l'Union européenne en 2018 après les élections législatives ? La Moldavie regarde vers l'Est, Trump dénonce le traité trans-pacifique et soutient le Brexit, le Kenya s'apprête à emboiter le pas de la Gambie, du Burundi et de l'Afrique du Sud dans le retrait de la cour pénale internationale (CPI). Les institutions transnationales pro-occidentales ont du plomb dans l'aile. Même si Soros arrivait à renverser Trump ou Poutine il n'est pas sûr que cela suffirait à inverser la tendance.

Bien sûr ce n'est pas parce que l'on dynamite ces bureaucraties ou ces clubs inféodés à l'oligarchie que le monde ira mieux. La manie des murs des populistes au pouvoir à Washington et à Budapest n'annonce pas forcément des lendemains meilleurs pour l'humanité, bien au contraire. Mais on ne sait plus à quelle info se fier pour l'évaluation des bienfaits des politiques publiques. Un institut privé cette semaine publie un palmarès de la corruption et prétend que les régimes populistes nationalistes sont plus atteints par ce fléau que les pays sous contrôle des organismes internationaux. Elle explique qu'en Afrique le pays le plus vertueux est le Botswana... Comme par hasard c'est "l'élève" le plus pro-occidental du continent avec le Sénégal (notamment sur la question de la coopération internationale). Pour savoir si le Botswana est vraiment très intègre et si les régimes "populistes" ne le sont pas, il faudrait peut-être savoir si Soros (ou un de ses semblables) a financé ce palmarès. Mais même si le palmarès est acheté (donc corrompu) est-il faux pour autant ? De même un régime réputé corrompu comme celui de la Biélorussie (dont les syndicats étaient en visite à Cuba cette semaine) est-il nécessairement injuste alors qu'il maintient, par exemple, des niveaux de loyer très bas pour les pauvres ?

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Nils Andersson "Mémoire éclatée"

19 Décembre 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Lectures, #La gauche, #1950-75 : Auteurs et personnalités

                                               Souvenirs des rebellions

 

Nils Andersson est une autorité morale de la gauche française et suisse, proche de la mouvance du Monde Diplomatique, connu notamment pour avoir publié en 1958 dans la maison d’éditions qu’il dirigeait à l’époque « La Question » d’Henri Alleg.

 

L’ouvrage dans un style élégant et paisible promène le lecteur dans la Lausanne de l’enfance de l’auteur, dans la caserne de son service militaire en Suède (car il est né suédois et le restera toute sa vie)

 

Il commence par des témoignages intéressants sur la répression anti-communiste pendant la guerre froide. Il expose la manière dont l’auteur lui-même fut classé à gauche par la police helvétique à un moment où il n’était pas encore engagé, il évoque l’appel au lynchage d’un historien de l’art communiste après l’invasion soviétique en Hongrie, la chasse aux sorcières contre les participants suisses au VIe festival de la jeunesse suisse en 1957. La persécution que subit l’auteur dans le cadre de son soutien aux militants du FLN algérien et à leurs alliés français s’inscrit dans le prolongement logique de cette intolérance de la société bien-pensante qui était comme une chape de plomb sur la jeunesse de l’époque.

 

Sur la période de la guerre d’Algérie Nils Andersson apporte des éclairages concrets sur l’organisation de la résistance au colonialisme au quotidien, sur le positionnement de « porteurs de valises » comme Jeanson qu’il a bien connu à l’égard du PCF (qui avait voté les pouvoirs spéciaux au gouvernement en 1956), l’action illégale de la police française en Suisse. Il rend justice au courage du peuple algérienne, à celui de la population musulmane qui, malgré la répression sauvage du 11 décembre 1960, tint en échec les manœuvres de de Gaulle pour isoler le FLN, au souvenir de Charonne. Intransigeant à l’encontre du colonialisme, il est malgré tout lucide sur les dérives du nationalisme algérien, dénonce l’abandon des idéaux du Congrès de Soummam (1956) qui intégrait les pieds-noirs à ce sujet, interroge  le rôle de l’assassinat de Larbi Benmhidi dans le recul de cette ouverture qu’il avait incarnée. Cet effort de nuance est méritoire. Mais cependant peut-être un peu superficiel… Ecrire « la politique du lobby colonial et le racisme, ce sentiment banal qui fait de l’autre un bougnoule, sont responsables de cet exode [celui des pieds noirs] et non une volonté des Algériens de les chasser », c’est une façon pour le moins rapide de glisser sous le tapis les centaines d’Européens (une paille à côté des au moins 400 000 morts « musulmans » il est vrai, mais tous les morts ont droit à leur part de justice) enlevés, torturés et assassinés au lendemain de l’indépendance algérienne, dans le silence assourdissant des nouvelles autorités du pays comme du gouvernement gaulliste… et dans le silence des mémoires de Nils Andersson qui n’en dit mot et préfère se concentrer sur le fait que deux mille Français sont quand même restés en Algérie.

Le livre de Nils Andersson aborde aussi des aspects moins connus (en France) de l’histoire des idées, comme la création dans les années 60 de médias tiersmondistes ou l’élaboration qui lui est confiée (à travers sa maison d’éditions La Cité) de documents comme le Mémoradum aux chefs d’Etats africains sur la répression par la France du parti Sawaba au Niger, ses liens avec le MPLA angolais, avec le FRELIMO mozambicain, avec l’Union du Peuple du Cameroun , les lumumbistes congolais, le Parti démocratique du Kurdistan.

 

Après la rupture sino-soviétique du début des années 1960, Andersson a pris le parti de Mao dont il publie les textes. Ses contacts avec les mouvements du Tiers monde à travers la revue African Revolution et avec la Chine lui valent un harcèlement policier, puis une expulsion du territoire helvétique en 1966, ce qui fera de lui pendant cinq ans un résident de l’Albanie d’Enver Hoxha, chroniqueur de Radio Tirana et fournit à l’auteur l’occasion d’évoquer des anecdotes instructives sur ce petit « village gaulois » balkanique : qui peut supposer aujourd’hui qu’avec l’arrivée des chars soviétiques à Prague l’Albanie ait pu redouter une invasion de tous les Balkans occidentaux au point d’être prête à unir ses forces militaires à celles de Tito pour faire barrage aux Russes ? L’occasion aussi d’un plaidoyer très inactuel et intempestif pour un lecteur des années 2010 en faveur du régime hoxhiste. Plaidoyer par endroits convaincant bien que nuancé, convaincant parce que nuancé, par exemple quand il montre comment le parti communiste lorsque survient le tremblement de la région de Shköder, après avoir refusé l’aide étrangère, mobilise la population pour reconstruire les maisons des sans-abris et relève le défi en deux mois juste avant l’hiver, alors qu’en Italie voisine durant des années des sinistrés ont vécu sous des tentes. L’Albanie hoxhiste n’était pas la Corée du Nord (sans doute aussi pour des raisons culturelles antérieures au communisme) et les temps de pause dans les usines ne sont pas minutés. Les loyers sont maintenus bas parce que c’est un engagement à l’égard de la population, comme le blocage du prix du pain, même si à cause de cela l’Etat manque de ressources pour rénover les immeubles. Le  lecteur lira avec intérêt l’analyse de Nils Andersson sur des questions cruciales pour le destin du peuple albanais comme le culte de la personnalité de son leader, ou les choix économiques occasionnés par l’obsession de l’isolement.

 

Comme tous les mémoires, ce livre est l’occasion de remettre les pendules à l’heure. Andersson y dénonce par exemple un mensonge d’Ismaïl Kadare à son encontre lorsque l’écrivain a obtenu l’asile politique en 1989. Il aurait pu pousser la mise au point jusqu’à condamner les outrances anti-yougoslaves de cet auteur dans son « Il a fallu ce deuil pour se retrouver » publié en janvier 2000 chez Fayard juste après le bombardement de la Serbie. Pourquoi alors qu’il cite sa contribution à « L’Europe et la prévention des risques et des conflits » dirigé par Robert Bussière en 2000, et « l’Appel pour une paix juste et durable dans les Balkans » lancé par Catherine Samary, ou des initiatives contre la guerre d’Irak dans les années 2000, Nils Andersson passe-t-il sous silence l’ouvrage « Atlas alternatif » que j’ai dirigé en 2006 (éditions le Temps des Cerises) pour lequel il avait fourni deux articles ? Il y aurait peut-être aussi là l’occasion d’une autre mise au point, sur les débats au sein des milieux anti-impérialistes depuis quinze ans, et l’existence du clivage Appel pour une paix juste/Appel de Bruxelles. Mais ce sera peut-être pour un autre livre.

 

En tout cas l’ouvrage de Nils Andersson mérite d’être lu. C’est une page de l’histoire de l’anti-colonialisme francophone qui y est écrite. Un legs utile pour les esprits rebelles des générations à venir.

 

Frédéric Delorca

.  Parutions.com ici

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Venezuela : Courrier de Maurice Lemoine à Radio France

16 Novembre 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche, #Débats chez les "résistants", #Revue de presse

Bon allez, je sais que ça ne sert pas à grand chose, mais bon, comme je n'ai pas moi-même l'énergie de dénoncer chaque jours les inepties que nous sortent les grandes chaines de TV, les stations de radio, les grands journaux et les agences de presse, il faut bien que je signale de temps en temps les efforts que fournissent d'autres personnes pour remettre les pendules à l'heure.Dans cette série voici un courrier désabusé mais vigoureux de Maurice Lemoine à Radio France à propos du Venezuela.

Réaction envoyée par le journaliste Maurice Lemoine le 16/11/2016 au médiateur de Radio France, suite au traitement de la crise vénézuélienne dans la matinale (16/11) de France Culture / invitée : Paula Vasquez (EHESS / CNRS).

PODCAST > https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/venezuela-bresil-la-democratie-en-crise

 

Au nom de la droite et de l'extrême droite vénézuéliennes, merci à M. Guillaume Erner pour son traitement de la crise vénézuélienne, à travers une seule intervenante, représentante (assez caricaturale, je vous l'accorde, mais universitaire, vous avez eu raison de le souligner) de l'opposition.

 

Merci d'avoir caché les responsabilités bien réelles de cette opposition dans la crise – en particulier dans le report (et non l'interdiction) du Référendum révocatoire.

Merci d'avoir occulté que se déroule actuellement un "dialogue", sous les auspices d'individus extrêmement douteux – M. Ernesto Samper, secrétaire général de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) ; les ex-présidents panaméen et dominicain Martin Torrijos et Leonel Fernandez ; l'ex-chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero ; le représentant du Pape, Mgr Emil Paul –, dialogue auquel s'oppose la partie la plus "droitière" de l'opposition, représentée ce matin sur votre plateau.

Merci d'avoir innocemment introduit une petite séquence "Jean-Luc Mélenchon" dans votre lynchage des présidents Chavez et Maduro.

Merci encore de ne pas avoir mentionné, en évoquant les "pénuries" et la "famine", les similitudes étonnantes qu'elles présentent avec le  phénomène constaté au Chili durant les mois qui ont précédé le renversement de Salvador Allende.

Merci surtout d'avoir laissé raconter qu'on ne trouve plus un journal dans les rues de Caracas – les occasions de rire sont tellement rares que, lorsqu'il s'en présente une, il faut en profiter à fond.

Merci, mille fois merci, de participer à l'affaiblissement du service public en lui ôtant toute crédibilité – ceux qui rêvent de le démanteler vous en seront gré.

Maurice Lemoine *

Journaliste indépendant, spécialiste de l'Amérique latine - ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique

 

* Auteur de "Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d'Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation" (ed. Don Quichotte, 2015). 

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Daniel Ortega réélu

12 Novembre 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche

Eclipsée par les élections américaines, la belle victoire du président sortant sandiniste Daniel Ortega au Nicaragua mérite d'être soulignée. L'opposition (le FAD) avait appelé au boycott, mais 68 % des électeurs se sont rendus aux urnes et 72,5 % ont réélu M. Ortega dès le premier tour, de sorte que celui-ci va entamer son troisième mandat, de quoi faire pâlir d'envie François Hollande avec ses 4 % de popularité.

La recette de ce succès politique : une croissance économique constante depuis dix ans (une des meilleures du continent en 2016), une réduction de la dette publique de 85 à 48 % en 9 ans. Mais n'allez pas croire qu'il s'agisse là du résultat de recettes néolibérales : les programmes sociaux "Faim zéro", "Plan Toiture", "Usure zéro", "Goûter à l'école", "Tickets productifs" et "Maisons pour le peuple" ont fait reculer la pauvreté de 42 à 29 %. Le tout sur fond de collaboration avec Cuba et le Venezuela. Ainsi ce petit pays qui fut martyr de la guerre froide à l'époque de Reagan montre qu'il n'y a pas de fatalité au recul de la gauche en Amérique Latine après le retour de l'Argentine et du Brésil dans le giron de la droite.

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Les questions sociétales menacent le processus de paix en Colombie

12 Octobre 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes, #La gauche, #Le monde autour de nous

Les questions sociétales menacent le processus de paix en Colombie

Voici un point qui devrait faire réfléchir la gauche sur sa trop grande polarisation sur les questions sociétales, non seulement au détriment des questions de classes, mais aussi au détriment de la paix.

Je lisais ce matin dans le journal espagnol "El Pais" intitulé "Le vote évangélique clé de la victoire du «non» lors du référendum en Colombie" qui expliquait que si le 2 Octobre dernier, le référendum n'a pas validé les accords de paix négociés pendant quatre ans avec les FARC à La Havane, ce n'est pas seulement à cause de l' ouragan Matthew qui a empêché de nombreux électeurs sont allés voter (ouragan dans lequel les croyants verront la main de Dieu), mais surtout parce que le président Juan Manuel Santos n'a pas réussi à convaincre les 10 millions de chrétiens évangéliques du pays (selon la estimations du ministère de l' Intérieur), que l'accord ne mettait pas « en danger la famille traditionnelle". Un peu plus de 12 millions de Colombiens se sont rendus aux urnes, plus de six étaient ont voté l'accord. «Je n'ai pas de chiffres officiels, mais si quatre millions de chrétiens évangéliques sont allés voter, peut-être la moitié d'entre eux ont rejeté les accords», déclare à El Pais Edgar Brown, président de la Confédération évangélique de Colombie. "99% de nos fidèles ont dit« non », surenchérit même Hector Pardo, membre du Conseil évangélique de Colombie et représentant de la Confédération de la liberté Interfaith (Confilerec). Deux jours après le référendum, ces deux pasteurs étaient à la table du président Santos.

La cause de cette dissidence : beaucoup de chrétiens en Colombie n'aiment pas la politique du gouvernement en matière sociétale tels que le mariage homosexuel, l'adoption pour les couples de même sexe, la loi de l'avortement et des initiatives d'éducation inclusive. Ils considèrent également que les accords avec la guérilla favorisent la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bi, trans, intersexués).

La puissance de ces croyants a été sous-estimée dans les enquêtes d'opinions qui prévoyaient la victoire du «oui» ajoute l'article. Or déjà en août dernier des milliers de croyants sont descendus dans les rues de plusieurs villes en Colombie contre"l'endoctrinement hégémonique sur l'identité de genre" exercée selon eux par le ministère de l'éducation nationale. L'Eglise catholique aurait même rejoint le pasteur.

L’accord a été rédigé avec les FARC en "langage inclusif"; selon la novlang actuelle : il parle « des guérilleros et des guérilleras », « des paysans et des paysannes », de « tous et toutes ». Il prévoit des mesures spécifiques pour les femmes et évoque les droits de la communauté LGBTI . Le 24 juillet, la communauté internationale avait célébré « le premier accord de paix au monde qui prend en compte la perspective de genre ». Il n'y a donc pas qu'en France que le Najat Vallaud-Belkacemisme pose problème... On sait que les thématiques sociétales prennent aussi une part croissante dans la rhétorique de la gauche kurde. Au lieu de s'en tenir au vocabulaire classique de la lutte contre les discriminations (sexisme, racisme etc), les organisations de gauche adoptent un vocabulaire qui évoque de plus en plus les excès de la théorie du genre de Judith Butler, et braquent les populations en plaçant de plus en plus souvent au coeur de leur identité la défense des minorités sexuelles au point de les faire parfois passer avant l'égalité économique et même avant la paix. Une forme d'intellectualisme, de scholastic view, qui contribue aussi, ensuite, à la montée des populismes de droite (et en Colombie le principal bénéficiaire en sera Uribe, comme Erdogan l'est au Kurdistan où les votes en sa faveur ont augmenté au cours des dernières années). On ne s'écriera pas "well done old mole !"

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Pierre Jacquemain, Ils ont tué la gauche, Fayard 2016

30 Septembre 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures, #La gauche

 

 

                                               La guerre des gauches

 

Après la mobilisation sociale contre la loi El-Khomri au premier semestre de cette année, beaucoup de militants de gauche ont dû attendre avec intérêt la publication de ce témoignage de Pierre Jacquemain, qui fut au cabinet de cette la ministre du travail Myriam El-Khomri et sut claquer la porte à temps pour ne pas être associé à cette modification du code du travail qui passe pour une des plus grandes trahisons de l’électorat de gauche par François Hollande et Manuel Valls. Beaucoup s’y intéresseront, mais beaucoup seront aussi déçus.

 

Car, si l’on pourrait croire que Pierre Jacquemain fut aux premières loges de la mécanique infernale qui transforma le projet de loi « progressiste » en diktat néolibéral, en réalité il s’y trouva comme Fabrice à Waterloo… et ne vit donc pas grand-chose. De la fumée, des coups de feux. Il raconte ainsi seulement à grands traits ce que la presse nous avait déjà dit. Comment la réforme, mal enclenchée en partant d’un rapport de JD Combrexelle, qui avait été l’homme fort du ministère du travail à l’époque de Sarkozy, a été confisquée par un comité Badinter (le bilan politique de Robert Badinter étant ce qu’on sait depuis la guerre de Yougoslavie…) et par Emmanuel Macron qui y insuffla tout ce que le patronat souhaitait, sans même que la ministre du travail eût son mot à dire. L’auteur ne peut rien nous dire de ce qui se disait entre les véritables décideurs – Valls, Macron, Gattaz –, parce qu’il n’y était pas, son cabinet n’étant même pas destinataire d’une copie du projet de loi avant son examen par le Conseil d’Etat. Il n’était d’ailleurs même plus dans la confidence de son directeur de cabinet, qu’il accuse de s’être vendu au point de vue des néo-libéraux et avec qui il a échangé moins de 10 mails en six mois.

 

Dès lors, le livre doit se rabattre sur des éléments assez anecdotiques comme l’organisation d’un « team building » avec weekend gastronomie et karaoké avec sa ministre (encore doit-il avouer que son éditeur l’a censuré à ce sujet), et des considérations idéologiques assez convenues sur le règne de la technocratie et des experts, le monolithisme des médias, la médiocrité des politiques, la dictature de la com’, l’absence du peuple, et la marginalisation des intellectuels critiques. Rien de nouveau sous le soleil, sauf des marqueurs identitaires : l’éloge de la Nuit Debout, la mention des sujets fétiches de la revue de Clémentine Autain Regards dont l’auteur est rédacteur en chef adjoint, l’invocation des mânes du sociologue Pierre Bourdieu cité plusieurs fois, encensé, même dans ses propos les moins scientifiques et les plus contestables – notamment lorsqu’il prétend déduire la dérive « droitière » de Hollande et Royal de leur habitus familial et scolaire, mais Fidel Castro et Ernesto Che Guevara n’avaient pas des origines moins bourgeoises…

 

Néanmoins, par delà les tentatives de théorisation maladroites, souvent formulées dans un style oral à la limite de l’incorrection (« le taux n’a que très sensiblement évolué » p. 107, « c’est la gauche qui est en responsabilités » p. 112 « le monde se fout de savoir si Myriam El Khomri connaît le code du travail » p. 154), il y a quelque chose d’humainement poignant dans ce face à face amer entre le collaborateur de cabinet engagé et la jeune ministre du travail, Myriam El-Khomri, en laquelle il a cru parce qu’elle avait été une élue de terrain, une femme vraiment de gauche, et qui semble avoir abandonné toutes ses convictions sur un claquement de doigts du premier ministre, parce que le système usait savamment sur elle à la fois de la peur et de la flatterie. En d’autres temps on en eût fait un roman.

 

Et puis, à défaut de constituer un document historique d’importance, le livre a surtout la valeur d’un acte militant. C’est une pierre que, depuis le rivage de la gauche de la gauche, Pierre Jacquemain lance dans le marécage social-libéral, une étape dans la guerre des gauches, « pour ne pas désespérer Billancourt », pour ne pas laisser la société française s’ « ubériser ». « Parce que la gauche est vivante », conclut l’auteur… malgré les coups de poignard dans le dos…

 

Frédéric Delorca

 

Parutions.com.

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Solidarité

26 Mai 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Solidarité totale avec le mouvement social, les grévistes, les étudiants, notamment ceux qui sont victimes de la répression policière (par exemple l'étudiante d'Amiens poursuivie en justice pour avoir jeté un micro à un policier qui frappait un de ses camarades).

Le gouvernement aux ordres des marchés financiers fait le choix de la précarité pour tous, notamment pour la génération qui vient. La société est en état de légitime défense.

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Le gouvernement de la France en ce début d'année, le débat sur l'ingérence

9 Février 2016 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Colonialisme-impérialisme

Il ne vous aura pas échappé que je demeure discret sur la situation actuelle, mais ceux qui connaissent mes ouvrages devinent sans doute ma position. Le gouvernement actuel n'a plus comme repère qu'une politique sécuritaire au nom de la défense de la République - j'ai entendu M. Le Drian il y a peu placer celle-ci à l'avant de son identité, bien au dessus de l'idée d'avoir un programme de gauche. Cela rappelle Clemenceau : "A l'intérieur, je fais la guerre etc".

Cette politique n'a pas une base électorale très large pour la soutenir (au sein même du parti socialiste elle est controversée comme l'a montré le débat sur la constitutionnalisation de l'état d'urgence hier), mais elle dispose d'une forte base sociologique susceptible de l'accepter - en gros toutes les classes moyennes de gauche et de droite.

Bien sûr cette politique ne mène nulle part puisqu'elle ne règle au fond aucun problème. Museler les moyens d'expression collective ne fait qu'aggraver les tensions, comme on l'a vu à Calais où les migrants en attente de leur passage en Angleterre font régner la crainte et le désordre.

Notre politique extérieure complètement alignée sur les Etats-Unis - comme on le voit avec notre réconciliation avec l'Iran et Cuba après les années de surenchère néo-conservatrices de nos "élites" politico-médiatiques - suit aujourd'hui la voie de la modération relative d'Obama (très relative car elle ne s'applique pas partout, notamment pas dans l'imposition des traités de libre échange transpacifique et transatlantique aux alliés des Etats-Unis), et peut reprendre des accents bellicistes si Mme Clinton ou quelqu'autre va-t-en-guerre arrive au pouvoir à Washington.

Après la politique atlantiste brouillonne de M. Sarkozy matinée de sympathie pour la Russie, après le vide intellectuel enrobé d'arrogance et de dogmatisme sécuritaire du tandem Valls-Hollande, notre pays se dirige tout doucement vers un quinquennat Juppé, tout aussi atlantiste et dépourvu d'idées pour l'avenir de la France et l'équilibre mondial. On comprendra que cela ne donne pas envie d'écrire trop dans ce domaine.

Cependant il faut bien savoir que ce règne du vide autoritaire est très largement accepté par les gens qui n'ont pas envie de constituer une alternative crédible. Il n'y a aucun mouvement social en France susceptible de s'opposer au consensus atlantiste actuel. Ni le Front de gauche (qui a de fait éclaté) ni le Front national ou DLF ne présentent un programme d'opposition sérieuse, et ne sont susceptibles de fournir le moindre espoir de réorientation du destin de la France et de l'Europe.

Pour finir je signale qu'un mouvement anti-intervention militaire s'est constitué sur les réseaux sociaux. Comme je l'ai précisé dans mon livre sur les mouvements anti-guerre, je suis anti-ingérence mais non anti-intervention militaire. Etre anti-ingérence c'est être contre l'intervention militaire NON VOULUE par le gouvernement légal du pays concerné en revanche le respect de l'amitié nous oblige d'aider les gouvernements amis à combattre le terrorisme ou lutter contre diverses catastrophes humanitaires (et nous aurait obligé en 1936 à agir en Espagne), lorsque ceux-ci nous le demandent, sauf les cas où l'on peut prouver que le gouvernement légal a été établi par nos soins pour valider nos ingérences. Rappelez vous le débat, je soutenais l'action militaire française,malgré les efforts de certains anti-impérialistes pour démontrer que le gouvernement légal malien était issu du putsch pro-américain et que l'action militaire n'avait pour finalité que le contrôle des ressources. Selon moi même le gouvernement démocratique malien renversé et ses soutiens souhaitaient l'opération française, qui n'était pas plus illégale que l'intervention russe en Syrie aujourd'hui. Toute intervention militaire n'est pas par définition nocive et illégitime, même si, comme toute initiative humaine, elle recèle en elle-même les principes de sa perversion.

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Dernier discours de Cristina Kirchner en Argentine et mobilisation au Vénézuela

10 Décembre 2015 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Colonialisme-impérialisme

Ce soir discours de la présidente sortante Cristina Fernández de Kirchner devant les personnalités empreint d'une certaine mélancolie, patriotique, rempli du souvenir de la lutte contre l'accord de l'ALCA (marche unique américain soutenue par George W Bush). Un hommage à Nestor Kirchner (qui n'avait été élu qu'avec 22 % des voix au premier tour), au Paris de mai 68 (celui de "l'imagination au pouvoir") aujourd'hui blessé par le djihadisme takfiriste, à Evo Morales président de Bolivie, à feu Hugo Chavez, au pape (autour de la 40ème minute de la vidéo ci-dessous).

"Nous avons moins d'idéologie que nos adversaires, la preuve c'est que nous avons importé plus des USA au cours des douze dernières années qu'auparavant". Félicitations à ses ministres qui ont subi la calomnie : "Etre ministre d'un gouvernement populaire ce n'est pas la même chose que d'être ministre d'un gouvernement médiatique".

Puis discours devant le peuple sur la place de Mai noire de monde : "les douze dernières années avec tous les médias hégémoniques contre nous, et les principales corporations économiques et financières nationales et internationales contre nous, douze ans et demi de persécutions permanentes" "malgré tant d'obstacles nous avons fait tant pour le peuple argentin". Après 12 ans et demi nous pouvons regarder tous les Argentins dans les yeux". "Je demande à Dieu une seule chose : que ceux qui nous succèdent par la volonté populaire...dans quatre ans puissent devant une place comme celle-ci dire à tous les Argentins qu'ils peuvent aussi les regarder dans les yeux. Que chacun des 42 millions d'Argentins ait un dirigeant en lui même, et sache prendre son drapeau s'il se sent trahi par ses dirigeants".

Sous Menem (dans les années 1990), 54 % des Argentins étaient sous le seuil de pauvreté, 40 % en 2004, 4,7 % aujourd'hui. 900 000 logements ont été construits en 10 ans. Les réserves en devises sont passé de 10 milliards de dollars en 2002, à 52 milliards en 2010. Des politiques d'aides sociales et de soutien à l'éducation publique ont été menées. Le taux de chômage est passé de 17,3 % en 2003 à 6,9 % en 2014. Les amnisties des généraux tortionnaires ont été annulées. Les renationalisations ont permis de remettre à flot la compagnie pétrolière publique, renforcer la compagnie aérienne nationale sur les lignes intérieures, restaurer les infrastructures, lancer les deux premiers satellites argentins.

Très beau et très grand moment que ces deux discours qui tournent une page de l'histoire de l'Argentine et de la gauche anti-impérialiste patriote latino-américaine, mais en ouvre aussi une nouvelle d'opposition au nouveau pouvoir libéral.

Pas de résignation non plus au Venezuela où les partisans du président Maduro sont dans la rue.

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