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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #le quotidien tag

Solidarité avec Gaza

9 Juin 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #La gauche, #Le quotidien

Je suis allé à la manif de solidarité avec Gaza cet après-midi à l'heure (150 000 en France dont 50 000 à Paris) où la grande presse se réjouit de l'arrestation en haute mer (donc une fois de plus au mépris du droit international bien sûr : plus c'est gros plus ça passe) par les Israéliens du voilier Madleen apportant de l'aide humanitaire aux Palestiniens.

Je n'ai pas le sentiment du devoir accompli. Même si j'écris des billets sur les massacres depuis octobre 2022, même si j'ai glissé des pages là-dessus dans mon livre sur Prague l'an dernier (plus tôt qu'Annie Ernaux qui se mouille seulement quand les grands médias eux-mêmes commencent à employer le mot "génocide"). J'ai l'impression de n'avoir presque rien fait, d'avoir mordu mes lèvres dans mon milieu professionnel bourgeois quand les gens crachaient ouvertement sur les Palestiniens avec la bonhomme satisfaction des forts qui écrasent les faibles. ou auprès de faux amis de ma famille devenus sionistolâtres par pur conformisme néo-colonial... 

Triste époque antéchristique. Misérables, nous crevons dans notre honte. Au moins dans la manif on peut crier encore un peu, sans matraque de flic sur la tête, sans procès sur le dos. Les dernières années d'oxygène peut-être. Peut-être pas... Après le 11 septembre 2001 aussi on croyait qu'il serait de plus en plus difficile de manifester, de s'exprimer, d'échapper à la censure de Big Brother. 24 ans après, on peut encore un peu... Encore un petit peu...

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Rencontre avec l'avocat abkhaze AB

7 Juin 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Abkhazie, #Le monde autour de nous

J'ai attendu aujourd'hui l'avocat communiste abkhaze AB, dont j'ai déjà parlé ici, sa femme K et sa fille R (née en 2008) dans un café en face de l'arrêt des Flixbus vers 12h30.  Ils sont arrivés en retard mais nous avons pu vivre un déjeuner  sympathique chez moi.

AB est un garçon attachant, né en 1972, dernier d'une fratrie d'origine chrétienne (mais devenue athée) de neuf enfants, et donc, suivant la coutume abkhaze, le rejeton chargé de toutes les corvées que lui confient ses ainés. Dans sa famille il y a avait un peu toutes les tendances politiques. Le père, patron de quelques usines de céramique à Ankara, a vécu le déclin économique dans les années 1980-1990 parce qu'il n'a pas anticipé que de nouveaux matériaux remplaceraient la céramique pour les sols notamment. Il est du coup resté passif au moment de l'invasion géorgienne de l'Abkhazie, alors que la mère, elle, essayait d'en minimiser l'impact en disant que connaissant les Géorgiens elle pensait que les Abkhazes les expulseraient facilement.  Peut-être voulait-elle seulement le dissuader de s'engager comme volontaire pour se battre à Soukhoum comme l'autre Abkhaze dont j'ai préfacé le livre. A ce propos il précise que les Abkhazes en 1992 attendaient 50 000 volontaires de Turquie, cela ressort des papiers d'un écrivain turc disparu près de Soukhoum à l'époque, il n'y en a eu que quelques centaines.

Les deux parents d'AB parlaient abkhaze à la maison. La mère a cependant fait savoir qu'elle n'avait aucune intention d'aller à Soukhoum. Ils étaient bien intégré. Le père était membre du parti républicain turc dans les années 1970. Il était très anticommuniste mais estimait beaucoup des Russes depuis Stalingrad; Il avait prophétisé la chute prochaine de l'URSS et en même temps la renaissance de la Russie.

AB parle l'anglais lentement et a appris le russe en Abkhazie où il a travaillé de 2008 à 2014 comme collaborateur du ministère des affaires étrangères. Il dit que je suis très important à ses yeux car je fais connaître l'Abkhazie en France. Il me demande mon niveau en russe. Je dois avouer que je ne le parle pas.

Depuis son retour à Ankara il est avocat. Il a défendu les migrants (il raconte avec tristesse son échec à défendre deux filles syriennes qui ont perdu leur papier et son du coup tombées sous le joug de maris islamistes, c'était avant la vague de migration de 2015). Il a fait un documentaire sur eux, mais qui n'a pas été très apprécié car il montrait la réalité dans toute sa complexité, notamment des migrants riches. La droit y a vu une publicité encourageant à la migration, la gauche lui a reproché de ne pas montrer que des pauvres. Il dit que la migration est comme le vent, qu'on ne pourra pas l'arrêter, qu'il faut seulement l'orienter. Il a été astucieux pour défendre un ouvrier tchétchène accusé à tort d'avoir participé à un enlèvement.

Il travaille sur un documentaire sur la migration abkhaze des années 1860 en Turquie. Là encore il se veut nuancé sans prendre partie entre ceux qui condamnent trop fermement les Abkhazes ralliés aux Russes à l'époque.

Aujourd'hui il se veut optimiste. Il ne pense pas que la loi des appartements va attirer en Abkhazie des hordes de Russes. Et il pense que même si un jour l'Abkhazie est annexée par décret par la Russie forcée à se crisper de plus en plus, ce ne sera pas la fin de sa culture. Pourtant il n'est pas spécialement pro-russe. Il condamne par exemple l'action de Poutine en Ukraine en 2022 qui lui a aliéné la sympathie d'une bonne partie des Ukrainiens de provinces plutôt russophiles.

Il va de rendre à Soukhoum cet été pour deux semaines. Il y a une maison non loin de là, tenue par un de ses frères. Vu l'ambiance qui est à la chasse aux agents étrangers (des Turcs ou des Russes y sont souvent retenus sans raisons) il craint de subir le même sort car son projet de documentaire pourrait ne pas plaire. Mais il a pour lui un certificat de bons et loyaux services rendu au ministère des affaires étrangères, et aussi le fait d'avoir travaillé avec certaines minorités abkhazes qui aujourd'hui forment un soutien au président pro-russe récemment élu.

Il a proposé aux autorités de Soukhoum un projet d'écotourisme à l'échelle de tout le pays, du tourisme pour intellectuels avec des attributions de bourses. Cela a été refusé. 

Optimiste AB l'est aussi pour son pays. Il pense que la parenthèse Erdogan se fermera bientôt et que, maintenant que le pays a vu s'incarner l'islamisme dans des petits boutiquiers corrompus cela pourrait en quelque sorte le vacciner contre ce danger théocratique pour l'avenir.

Rien n'a manqué à cette conversation par même des aspects "préternaturels" comme quand on a évoqué une affection bizarre qu'il a attrapée aux jeux olympiques de Sotchi et la manière bizarre dont on lui a proposé de la soigner dans l'entourage d'un avocat circassien de la capitale turque. Mais, en bon rationnaliste, il veut rester sur le versant des thérapies de Big Pharma...

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Un déçu du Diplo

15 Mai 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #La gauche, #Débats chez les "résistants"

Echange de mails hier avec Vladimir Caller, dont j'ai vanté le dernier livre sur l'Ukraine dans les pages de la revue de l'association Initiative Citoyenneté Défense.

Il avait l'air assez affecté de n'avoir pas pu obtenir par notre canal habituel (celui par qui j'ai obtenu la recension du livre de Békir Ashuba sur l'Abkhazie et du livre de Pierre Piccinin sur le Donbass), une recension au sein du Monde Diplomatique. Le prétexte officiel du véto de la normalienne responsable du secteur ex-URSS -  « ... ils disent vouloir faire une pause sur les recensions concernant les livres qui parlent du conflit ukrainien » - lui a déplu. "Si un journal veut faire une pause sur un sujet X pourquoi alors cibler des micro-textes (les récensions en dernières pages) tout en publiant des maxi-articles ? " écrit-il.

Vladimir a des désaccord politiques avec le Monde Diplomatique. Le 18 novembre 2024 à la conférence « États-Unis, L’empire fracturé » à l'Université libre de Bruxelles il avait fait part à Serge Halimi  de son désaccord quant à son appréciation du comportement politique de Sanders et Chomsky par rapport à Biden. En désaccord aussi avec ce journal sur la Syrie, il avait préparé un courrier pour critiquer la position d'Akram Belkaid sur la chute d'Assad formulée dans le numéro de janvier dernier "Syrie, l'année zéro de l'après-dictature", "article qui aurait pu, sans problème, être publié au Libé", comme il dit. Son ami M. Lemoine lui a clairement laissé entendre qu'on ne peut à la fois critiquer un journaliste de ce mensuel et demander une recension.

Vladimir, qui a 82 ans, appartient à une génération pour qui Le Monde Diplomatique compte. Cela dit certains jeunes le lisent aussi bien sûr (j'en ai vu un dans un café à Marseille le mois dernier). Mais comme je l'ai déjà raconté dans divers livres, c'est il y a 20 ans qu'on se battait encore pour figurer dans ses pages. La plupart des moins de 40 ans même de gauche accordent beaucoup d'importance aux chaînes vidéos sur YouTube, et aux réseaux sociaux, plutôt qu'aux articles interminables, professoraux et assommants du Diplo.

Je comprends qu'il soit déçu. Car il considère son ouvrage comme un testament politique. Il voulait utiliser cette recension comme arme pour aller porter le fer dans les débats à la fête Manifesta du Parti du Travail de Belgique qui aurait présenté son ouvrage l'été prochain.

Je lui avais déjà laissé entendre qu'il était peu probable qu'ils sortent plusieurs recensions sur l'Ukraine. En outre les recensions des livres de mes amis bénéficiaient de circonstances très particulières : leur auteur avait fait des reportages sur les lieux mêmes où ces auteurs avaient mené des actions héroïques. Une sorte de "solidarité d'anciens combattants" les unissait. Et d'ailleurs on remarquera qu'elles n'ont été placées dans le Diplo qu'au prix d'un effacement complet de mon nom comme préfacier et contributeur dans ces livres ! Je sais que le Diplo est fait comme ça. Comme je le disais à l'animateur de Comaguer le 30 avril, cela remonte aux bras de fer entre Catherine Samary et Diana Johnstone. La nouvelle génération n'a pas fait mieux. Ils ont tort bien sûr, car ils ne devraient jamais se mettre à dos de vieux militants qui croient en son institution comme Vladimir Caller. Mais ils ne sont pas à une injustice près comme n'était pas à une injustice près l'éditeur de l'Atlas alternatif qui n'avait tenu aucune de ses promesses à l'égard du livre qu'il venait de publier.

Il est dans l'ADN du militantisme politico-intellectuel de causer beaucoup de dégâts colatéraux sur son chemin. Je ne vous parle même pas du grand nombre d'anonymes qui sont sortis de réunions politiques de la gauche de la gauche avec le sentiment qu'ils n'auraient jamais la place dans ce milieu où les luttes de chapelles et la marche triomphale des égos comptent plus que l'ouverture authentique aux autres.

Le Diplo a publié en 2011 une recension de mon livre sur l'Abkhazie, mais ce fut un simple accident. Evelyne Pieillier ne me connaissait pas et ignorait que l'Atlas alternatif avait été ostensiblement boycotté par le Diplo six ans plus tôt. Elle s'était laissée porter par une sincère et ingénue curiosité pour un pays qu'elle ne connaissait pas. Ces sentiments purs sont rares dans ce mouvance et il est découragé d'en faire le ressort de son action sur le long terme.

A titre de consolation il lui a été proposé une vidéo de la chaîne YouTube du Grand Soir sur son livre. Grand honneur s'il en est (ça fait belle lurette que Le Grand Soir ne cite plus mon nom... je ne m'en plains pas d'ailleurs)... Je l'ai encouragé à accepter.

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De retour de Dubrovnik

17 Avril 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Le quotidien, #Peuples d'Europe et UE

On m aurait proposé de me rendre en Croatie il y a 20 ans j aurais refusé. 

C'était l'époque où je publiais dans l’Atlas alternatif un article de DIana Johnstone qui expliquait combien sur toute la guerre de Yougoslavie y compris sur la partie Croatie nous avions été enfumés par nos médias. C'était du temps où le Vatican et l'Allemagne soutenaient la sécession croate avec la bénédiction de la commission Badinter au mépris des règles du droit international.  Moi 10 ans après cette guerre j'interviewais le docteur Maritza Mattel. J'essayais à mon échelle de rétablir certaines vérités.

Depuis  lors le temps a passé. J'ai dû faire un pèlerinage à Medjugorje en 2016. Tout est devenu moins incandescent même si je ne transige pas sur le bien fondé de ce que j'ai tenté de faire passer. 

Pour mes vacances de printemps cette année il y avait des offres pour Dubrovnik, j'ai donc accepté de m'y rendre. Je ne ferai pas un livre complet sur le sujet comme l'an dernier sur mon séjour à Prague. Ce petit  billet suffira.

C'était donc Dubrovnik, l'hotel Grand Park, le quartier Lapad, sa piscine, sa pizzeria sympathique (le "Tutto Bene"). Je l'admets, j'ai éloigné de moi, un peu Gaza, l'Ukraine, le bombardement des Chin au Myanmar, la guerre du Soudan, j'ai laissé un peu tout cela de côté, même si cela revenait le soir aux informations télévisées en croate ou en espagnol (je n'ai même pas raté la mort de Vargas LLosa). Une pause avant de revenir à tout ça - par exemple dans 10 jours quand j'irai parler sur Radio Galère à Marseille de l'histoire de l'Atlas alternatif.

J'ai tenté de me concentrer sur le souvenir de la Raguse médiévale. Le couvent des franciscains, celui des dominicains.

Même là les drames assez "récents"apparaissent, comme cet impact d'obus du 8 décembre 1991 à deux pas d'une relique de Saint Blaise. Souvenir du temps où mon propre grand père républicain espagnol aussi tirait sur une église (à Belchite le 24 décembre 1936). Il n'y a pas que la violence des souvenirs de guerre. Celle de la propagande aussi qui parle de l' "agression serbe et monténégrine de 1991", au lieu d'une légitime action de l'armée fédérale du pays face à une sécession illégale, me faisait bien sursauter.

Mais par delà les récupérations médiatiques et politiques la compassion pour les habitants ou pour l'atelier du peintre Ivo Grbic l'emporte comme elle l'emportait déjà pour moi en 1991 au moment du siège de la ville quand j'étais étudiant à Sciences Po, avant de connaître le point de vue des Serbes.

Passe le temps. Aujourd'hui on est moins choqué par les biais historiques sur la guerre civile yougoslave que par l'arnaque touristique permanente :  40 euros pour monter aux remparts.

Les tableaux au mur des musées sont des croûtes italiennes indignes de la pire église de province française. Le portrait du jésuite astronome Boscovitch semble avoir été peint par un enfant.

Au musée d archéologie à 10 euros quatre fragments de chapiteaux d'églises du 10e siècle détruites se battent en duel...

Pourtant cette vieille ville est jolie vue du haut de ses remparts.

Extrait du journal intime de Pierre Loti en 1880 (juste avant sa folle histoire d'amour au Montenegro) :

"Raguse semble un joyau précieux du moyen âge, épargné encore par le progrès moderne. Pas une construction neuve ne dépare cette ville d’autrefois. Des maisons, des palais rappelant l’architecture de Venise ; des églises et des couvents autant que de maisons ; sur les places, une profusion de petits monuments bizarres, de vieilles statues et de vieilles fontaines. Un corso bordé d’hôtels jadis somptueux raconte l’opulence du passé. A côté, de petites ruelles aussi étroites, aussi raides, aussi impossibles que dans les Kasbahs arabes. De hautes montagnes de pierre grise, aux flancs dénudés, aux parois verticales, dominent, surplombent tout cet ensemble, donnant à Raguse je ne sais quel air enfermé, muré et séparé du reste de la terre. (Journal intime, tome I, p. 190)"

86 ans plus tard une fan suisse de Loti Edwig Bolliger allait ajouter dans les Cahiers Pierre Loti de 1966 "Ces églises et leurs cloîtres aux colonnes finement sculptées, ces palais inspirés par l’art vénitien, ces clochers et ces ruelles en montée raide, tout y est encore, 85 ans après le passage de Pierre Loti. Ils l’ont vu passer et, par ce fait, jettent un charme indicible. La promenade sur les remparts de la cité est infiniment impressionnante, et l’on y mène les touristes en troupeau, comme partout dans les villes d’intérêt artistique ou historique." Pas mieux : 60 ans plus tard Raguse en est au même point.

Par delà ces clichés coûteux (j'ai laissé 75 euros pour un cevapi très gras dans une ruelle parallèle à la Stradun), j'ai trouvé plus d'authenticité, le lendemain, dans le "musée de l'histoire rouge" près du port, à l'Ouest.

Comme son nom ne l'indique pas cet endroit très étonnant aménagé dans une ancienne usine de composants de moteurs reprise en coopérative au moment de l'indépendance croate donne une épaisseur anthropologique à la ville parce qu'il nous fait plonger dans le quotidien de ses habitants à l époque de Tito. On visite leur salle à manger, leur cuisine, leur garde robe, leur armoire à pharmacie ; on découvre cette époque étrange où l'humanité de Mexico à Tokyo s'est ouverte en masse au progrès matériel et éducatif. En Yougoslavie c était sous l'égide d un communisme allié à l occident. Les panneaux explicatifs sont très bien écrits à  la fois synthétiques, complets et clairs ce qui est rare dans les musées d'aujourd'hui. 

Arrêt sur image sur : la miss Yougoslavie de 1966, Nikica Marinovic, dubrovnikoise qui pose à Paris avant de concourir pour miss Europe ; les tenues des pionniers les jours de fête ; l'influence de la série américaine Dynasty sur les mentalités des années 1970. C'est attachant à souhait.

 

Le lendemain de la découverte de ce musée (troisième jour de nos vacances), le chauffeur qui nous amenait à Medjugorje et Mostar nous parlait de la yougonoslagie des Croates d'aujourd'hui dégoûtés par la corruption. Les hommes politiques se font arrêter, on offre aux médecins de grosses bouteilles de rakija pour être mieux soigné.  "Malgré l'Union européenne ça reste les Balkans ". D'ailleurs Bruxelles ne fait plus rêver. Les eurocrates subventionnent le pont qui relie Dubrovnik à la Croatie sans passer par la Bosnie mais ce sont les Chinois qui ont remporté l'appel d offres et l'ont construit. Et comme partout les problèmes économiques et la pollution : le delta de la Neretva à côté duquel nous passons qui fut le cadre d un célèbre film de propagande de 1969 sur la guerre des partisans, zone fertile riche en mandarines est maintenant si gorgée d'intrants chimique que les cancers s'y multiplient. La femme de notre chauffeur qui travaille à l'hôpital peut en témoigner. Rien à envier aux Serbes de ce côté là...

Bon, je ne dirai rien du pont de Mostar, Disneyland de la Muslim culture en Bosnie aux pierres ultraglissantes au sol, ni de la masseuse croate de l'hôtel aux méthodes musclées. 

Les Balkans sont les Balkans. Concluons sur cette éloquente tautologie.

 

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La semaine de l'investiture

25 Janvier 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis, #Les régimes populistes, #Donald Trump, #Colonialisme-impérialisme, #Peuples d'Europe et UE, #Le quotidien, #Proche-Orient, #Espagne

Encore une étrange semaine sur le théâtre du monde dans lequel Dieu semble toujours vouloir que nous existions.

C'était la semaine de l'intronisation de Trump aux Etats-Unis. Il paraît qu'il y a eu une sorte de compétition entre les nationalistes français pour faire croire qu'ils avaient été invités à la cérémonie alors qu'aucun que ne l'était (même pas les zémouriens censés être les plus proches des Républicains américains).

La comédie sociale dans ce qu'elle a de plus dérisoire. Quand on songe à toutes les sottises qu'a dites Trump dans la foulée  : qu'il finirait la guerre d'Ukraine en moins de 24 heures (on attend toujours), qu'il forcerait Poutine à venir négocier en augmentant les tarifs douaniers (alors que les Etats-Unis n'importent presque plus rien de Russie), que l'Espagne fait partie des BRICS, que la Russie a perdu 60 millions de soldats pendant la Seconde Guerre mondiale, qu'est un homme toute personne qui depuis la conception a des gamettes de petite taille (sauf que la différence homme femme ne se révèle qu'à la sixième semaine de vie de l'embryon, au départ tout est féminin sur le plan des manifestations génétiques) etc. Comme disait l'autre, Biden n'est plus là, les gaffes restent.

Trump a même "oublié" (volontairement ?) de poser la main sur la Bible. Et je ne parle même pas des pitreries de Musk et de son salut "romain" très bizarre. Ces gens sont malsains au possible. Ceux d'en face ne valent pas mieux. La dangereuse Von der Leyen dont on se demande ce qu'elle prépare comme riposte à Trump, Pedro Sanchez qui demande devant le Forum de Davos toujours plus de censure des réseaux sociaux  (d'ailleurs Trump a été acclamé à Davos juste après son intronisation comme apôtre de la dictature de l'intelligence artificielle, la 4e Révolution Industrielle chère à Schwab).

Nous sommes entre le marteau et l'enclume. Heureusement aussi bien le marteau que l'enclume sont également hors sol, régnant sur des peuples en déclin, et risquent de se prendre les pieds dans le tapis de leurs ambitions démesurées.

Nétanyahou a dû accepter un cessez-le-feu à Gaza. Scott Ritter dans son style passionné (un peu trop à mon goût, il manque de nuance) s'est exclamé (en substance) dans une vidéo "j'emmerde ceux qui disent que c'est un faux cessez-le-feu, c'est la seule bonne nouvelle pour les habitants là-bas depuis plus d'un an, seul leur enthousiasme compte"... Si l'on veut. Ils se réjouissent de retrouver leur maison au Nord de la bande de Gaza, mais là bas en réalité il n'y a plus de maison... Et il n'y a ni eau ni électricité. Où est objectivement la bonne nouvelle ? En outre les habitants de Cisjordanie sont à deux doigts de l'annexion. L'administration Trump ne reconnaît même plus l'existence du peuple palestinien. Où sont les bonnes nouvelles ? Dans l'accord militaire russo-iranien signé cette semaine ?

Ne parlons même pas de l'Europe où Bayrou s'appuie sur sa béquille socialiste, où Macron-Caligula veut encore donner des soldats à Zelensky, où le système politique allemand joue à se faire peur face à une AfD subventionnée par Musk qui de toute façon n'arrivera pas au pouvoir tandis que le pays privé de gaz russe par Washington s'enfonce tranquillement dans la désindustrialisation, où l'Angleterre sombre, où la Roumanie n'a toujours pas droit à des élections démocratiques.

De mon côté à titre personnel j'ai passé une semaine un peu bizarre, en grande partie oisive sous un ciel froid et pluvieux. Diverses personnes qui avaient marqué mon automne 2024 semblent s'effacer un peu de mon horizon : Piccinin, Ashuba que j'avais voulu associer au salon du livre russe, mon éditeur etc. Ce n'est pas seulement que je ne leur écris plus, c'est que je ne vois plus de raison de le faire. Les pistes d'action que j'ai cru pouvoir tracer avec eux, du côté de la promotion du livre sur l'Ukraine et de celui sur Prague, du côté d'un éventuel nouveau voyage en Abkhazie (j'avais même songé à écrire une biographie de celle que dans mon livre sur l'Abkhazie j'avais appelée Sophia), me semblent soudain complètement inutiles en ce début d'année.

Je crois que je suis en train de recentrer ma vision sur mon quotidien professionnel sur les bords de la Seine. Il n'y a rien de mieux à faire.

Ah ! J'oubliais. Cette semaine est mort Jean-François Kahn. L'homme que, dans mon livre "L'Ingérence de l'OTAN en Serbie", j'appelais "le Patron du Magazine", l'homme qui avait dit "niet" il y a 25 ans au projet de livre d'information alternative sur la guerre du Kosovo que Régis Debray avait voulu me confier. Je ne pense pas avoir perdu grand chose en étant exclu de son petit cercle quelques jours seulement après y avoir été admis. Inutile que j'émette le moindre jugement sur sa vie son oeuvre, ou celle de son frère Axel Kahn (je crois qu'à l'échelle de la macro-histoire l'un et l'autre ont servi, dans des domaines différents, le même Moloch). N'importe qui peut deviner comment je perçois le bilan de la vie de ce genre de personnage. Sans ce "niet" j'aurais été mis sur les rails de grands éditeurs, je n'aurais pas préparé un doctorat de sociologie (tardivement) en 2006 parce que j'aurais été "happé" par les milieux parisiens, et les Editions du Cygne ne m'auraient pas connu... Sauf que sans doute j'aurais tôt ou tard déserté cette comédie sociale lutécienne. Il y avait des "tendances lourdes" qui me rendaient incompatible avec ce milieu-là.

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Halte à Pau

23 Décembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Le monde autour de nous, #La droite

Tandis que l'Abkhazie bascule dans la violence (un député tué il y a quatre jours), me voilà en Béarn pour Noël. A l'arrivée à la gare, il est fréquent que je tombe sur un chauffeur de taxi qui me reconnaît tant je suis maintenant habitué au rituel d'avoir recours à leur service en descendant du train. Heureusement qu'ils ne me parlent pas de Bayrou qui se discrédite complètement en nommant des ministres dont le suffrage universel ne veut plus entendre parler. Ces gens sont totalement hors sol.

Hier au Nord de la Seine, j'expliquais à des bourgeois cathos macronistes de 60 ans la saga de mes grands parents républicains espagnols dans les camps de concentration français en 1939. Par contre ils ont fait la grimace quand on leur a offert un savon de Palestine acheté à la fête de l'humanité. Avec 60 ans de retard ils daignent entendre l'histoire des "rouges" espagnols sur lesquels leurs aïeux crachaient. Peut-être leurs petits enfants dans 60 ans daigneront-ils entendre l'histoire du massacre des Palestiniens survenu en 2024...

Il est des gens qui ont toujours 60 ans de retard sur le réel, alors qu'ils se croient pourtant cultivés et dans le coup... Une hypnose tragique.

Vous verrez que dans ce blog j'ai recopié les comptes rendus de lecture que j'ai écrits entre 2007 et 2010 pour Parutions.com puisque ce site n'existe palus (en attendant que L'Harmattan, puis le Cygne, puis Overblog coulent aussi et avec eux tous les supports de mes écrits). L'occasion là encore de retrouver des pans de l'histoire oubliés comme ceux qu'évoquait ici Vassia en 2000.

Mais je ne suis plus enclin à regarder en arrière. Ce théâtre de l'éphémère que Dieu s'est offert à lui-même en créant le monde reste malgré tout encore intéressant (et surprenant) au présent.

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Resserrons les vis

15 Décembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik, #Christianisme, #Le quotidien, #Ecrire pour qui pour quoi, #Billets divers de Delorca

C'est clair, il faut que je vous parle moins de politique et de géopolitique dans ce blog, et plus de spiritualité. On ne change pas le monde en courant après les événements ou en se constituant une petite boutique de "followers" qui consultent périodiquement vos analyses en se faisant croire qu'ainsi ils comprennent ce qu'il se passe. Il faut soigner sa relation à Dieu, c'est ainsi qu'on se donne les moyen d'épargner à Sodome et Gomorrhe  les châtiments, la Bible le démontre.

Je termine l'automne en m'éloignant de personnages sulfureux (des femmes) que j'ai cru pouvoir aider en écoutant leurs fariboles. Il faut que je resserre les vis, revenir à la "sainte doctrine" comme dit la Lettre à Timothée, et me caler sur une vie plus au ras des pâquerettes d'aide quotidienne à mes proches, et de travail sur mes dossiers juridiques avec la part inévitable de tâches ménagères, et d'activités banales peu gratifiantes que cela comprend. La sanctification par le travail, comme Saint Paul fabriquant des tentes de ses mains à Corinthe.

Laissons de côté aussi la chamanique Abkhazie où la diaspora de Turquie essaie d'obtenir le droit de vote pour les prochaines élections (le vote des diasporas est un grand enjeux dans beaucoup de pays : voyez la Géorgie et la Moldavie récemment). On m'a élégamment fait comprendre que ces débats ne sont pas mon affaire, même si des dames dans les salons du livre manifestent un intérêt inattendu pour mon travail sur ce pays.

Resserrons les vis, vous dis-je. Retour à plus d'humilité, de spiritualité. Ecoutons des prédications sur Internet. Il faut se nettoyer l'âme.

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Le salon du livre russe hier à Paris

8 Décembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Actualité de mes publications, #Ecrire pour qui pour quoi

La marche du monde est décidément surprenante, alors que le régime d'Assad en Syrie s'effondrait comme un château cartes, ouvrant la question inquiétante de l'avenir des minorités dans ce pays, j'étais au salon du livre russe hier après-midi savourant la joie de revoir mon éditeur P. Kanoszai après 11 ans durant lesquels je n'avais eu de contacts avec lui que par mail.

Mais ce n'était pas la seule source de ma liesse. Je retrouvais un univers qui avait été le mien dans les années 2000, celui que j'évoque dans mon livre sur les mouvements anti-guerre.

Le stand était étonnamment placé à côté de celui du Temps des Cerises, avec lesquels je n'ai plus de contact depuis longtemps (et dont le patron a été viré dans les années 2010) et en face des éditions Delga qui ont publié les livres de personnes qui ont contribué à faire connaître mes livres ou ceux de gens que j’apprécie comme Picccinin et Ashuba. Un îlot de résistance.

C'était comme l'aboutissement de 25 ans d'engagement.

Il était prévu que j'y voie le journaliste que j'ai connu en Transnistrie (j'en parle dans mon ouvrage sur ce pays), et son épouse qui bizarrement depuis octobre fait le lien entre mon intérêt pour la géopolitique et celui pour le paranormal.

Le journaliste m'a expliqué que le salon hébergé par le centre spirituel et culturel russe n'était que la pâle réplique du salon du livre russe autrefois hébergé par la mairie du Ve arrondissement.

Autre symptôme de la fragilité des supports de la résistance, j'ai appris que l'éditeur qui a publié mon livre sur Cuba l'an dernier allait être vendu, au risque que les essais et roman paru chez eux disparaissent de la circulation. Nothing lasts forever.

Il y eut de bonnes surprises, totalement inattendues. Par exemple la venue de Vladimir Caller, l'homme que j'appelais Vladimir Delfuego dans "L'Ingérence de l'OTAN en Serbie". Souvenir de 1999-2000. Il est maintenant octogénaire. Caller, l'octogénaire qui a serré la main de Fidel Castro et d'Hugo Chavez. Responsable du Drapeau Rouge à Bruxelles, infatigable opposant au consensus belliciste.

Et puis Romain, abonné de ce blog, que je n'avais pas revu depuis deux ou trois ans. Et aussi des visages nouveaux : un directeur de collection d'une maison d'édition concurrente du Cygne, d'origine russe, qui m'a demandé ce que je pensais du fait que Poutine ne cherche pas à éliminer davantage de leaders ukrainiens, bonne question qui rejoint celle que je pose souvent sur ce blog : jusqu'à quel point Moscou s'oppose-t-il vraiment au nouvel ordre mondial anglosaxon ? Il a acheté mon  livre sur Prague.

Les gens sont surprenants. Ils lisent les 4e de couverture de vos livres, les reposent. On ne sait jamais trop ce qui a attiré leur attention, puis ce qui les a détournés du livre. Une dame française aux beaux yeux noirs était venue à ce salon pour entendre Békir Ashuba, qui n'a pu venir. Connaissant un peu l'ex-URSS, elle voulait entendre un "autre son de cloche" que celui des médias dominants sur l'Abkhazie. Je lui ai dédicacé mon livre sur ce pays et elle a aussi acheté celui de Békir que j'ai préfacé. Puis une septuagénaire, française elle aussi, Evelyne, avec son amie, s'est précipitée sur l'ouvrage de l'ancien combattant abkhaze. Elle disait à son amie "on parle de cet ouvrage partout". J'ai précisé "Le Monde Diplomatique en a parlé..." mais j'avais un peu le sentiment qu'elle confondait avec tout autre chose. Qu'importe, pour une fois que Soukhoum excitait de la curiosité; Cet engouement abkhaze a beaucoup surpris mon éditeur.

J'ai aussi fait mon petit effet en racontant à Romain et mon éditeur que les soldats nord-coréens, à Koursk et dans le Donbass, construisaient des maisons et ne se battaient pas au front contrairement à ce qu'affirmait la propagande... Je l'avais déjà expliqué sur ce blog en citant Cao de Benos, mais peu de gens me lisent, ils préfèrent qu'on leur raconte l'actualité comme un grand père au coin du feu... Mon éditeur m'a dit : "Faites un livre sur la Corée du Nord".

L'ambiance russe du salon du livre avait des côtés un peu pittoresques. L'école Aprelik de Paris donnait à 14h30 un spectacle d'enfants pour les 150 ans de Pouchikine sur le thème « Le Conte du Tsar Saltan » mis en scène par la directrice de l'école  Lioudmilla Drobitch.

Comme je l'ai dit, il était important pour moi d'assister à ce genre de manifestation après que Biden eut cherché en novembre à faire encore monter l'escalade belliqueuse.

A l'heure où le nouvel équilibre des forces au Proche-Orient après la chute d'Assad n'apparaît pas de nature à servir les intérêts de la paix, ni là-bas ni en Europe...

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Mon dernier livre : Prague, une ville au service de l'Empire / séance de signature

24 Novembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Colonialisme-impérialisme, #Divers histoire, #Actualité de mes publications, #Le quotidien, #Ecrire pour qui pour quoi

Cet ouvrage vient de paraître aux éditions du Cygne. Voici la Quatrième de couverture :

Associée aux dissidences artistiques et intellectuelles, de Jan Huss à 1968, Prague fut aussi une ville impériale, au temps de la scolastique sous Charles IV, ou des alchimistes sous Rodolphe II. Elle le demeure à maints égards aujourd'hui, à l'heure du conflit ukrainien et de la guerre de Gaza.
A travers un récit de voyage qui mêle portraits de Tchèques contemporains et évocations du passé, Frédéric Delorca dépeint ici les paradoxes d'une ville aux multiples facettes.

Pour information, je ferai une séance de signature du livre et de mes autres livres au salon de la littérature russe au Centre spirituel et culturel russe, 1 quai Branly à Paris le 7 décembre à partir de 14 heures 30 au stand des éditions du Cygne. Je serai heureux de vous y croiser.

 

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L'Arme et la Paix n°47 (octobre 2024)

9 Octobre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #Actualité de mes publications, #ICD, #Le monde autour de nous

Pour compenser mon silence sur ce blog, ceux qui souhaiteraient connaître mes analyses géopolitiques de septembre peuvent lire gratuitement ici mon tour d"horizon de l'actualité paru dans la revue L'Arme et la Paix n°47 de l'Association Initiative Citoyenneté Défense (une association qu'il faut soutenir !). Vous y trouverez aussi en dernière page une brève interview en rapport avec le livre de Pierre Piccinin sur l'Ukraine.

 

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