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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #peuples d'europe et ue tag

Un témoignage sur les dissidents en Pologne

8 Novembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

 

Je recevais récemment le témoignage suivant d’un militant de gauche polonais :

 

"On peut réfléchir sur le cas de X (un dissident polonais célèbre) qui dirige la cellule du Parti communiste à la section parisienne de l'Académie polonaise des sciences dans les années 1960, en charge donc de surveiller les intellectuels et scientifiques polonais en séjour à Paris, et qui, par le biais de ses contacts avec l'EHESS (créée par des financements US pour contrer l'influence "communiste" du CNRS et où officie jusqu'au début des années 1960 Negroponte chargé du ...recrutement du personnel), passe petit à petit vers l'anticommunisme, officialisé en 1968, ...ce qui va lui assurer de meilleurs revenus. Toucher des honoraires en devises pour des bouquins ou interviews qu'on donne à l'ouest grâce à ses relations, fait de chaque Polonais dans ce cas un quasi millionnaire avec le change parallèle ...et si en plus on a l'auréole du martyr tout en s'achetant maisons, bagnoles, etc !!!

La question est pourquoi les pouvoirs polonais acceptent cela et ne le licencient pas de ses postes universitaires en Pologne, ou ne le marginalisent pas au moins, ce que l'URSS ou la RDA vont pratiquer plus longtemps.


Je ne suis pas un adepte de l'histoire policière pour expliquer les processus historique, mais je ne peux nier qu'ils ont été accompagnés par des agents qui ont pu appuyer ces processus sociaux.


Et cela donne sans doute en partie raison à Staline (pas sur les méthodes certes, mais sur l'analyse des phénomènes et l'omniprésence d'ennemis là où ils pouvaient se manifester). Il connaissait bien aussi, et pour cause, l'immense servilité des intellectuels. Et comme "patron" recruteur, les USA avaient plus de moyens que l'URSS, et ont donc pu mieux jouer sur la servilité de ceux qui, étant connus "mondialement" (grâce à qui ???), ne pouvaient pas subir de vraies répressions, à la différence des petits opposants.

 

Il faut savoir que, dans le cas de Solidarnosc par exemple, il y a quand même des flots de dollars qui ont afflué. Il était plus rentable économiquement pour un Polonais de se voir publier entre 1982 et 1989 par les éditions clandestines qui assuraient des droits d'auteur que par les éditions officielles. J'ai été témoins de ces conversations avec des universitaires de Cracovie à l'hôtel cinq étoiles Cracovia en 1983 ...et ces universitaires étaient admiratifs devant les "capacités d'organisation de ces clandestins qui organisent des maisons d'édition professionnelles et qui payent mieux que les éditions d'Etat" ...naïveté ??? l'argent tombait-il du ciel ou simplement des ventes. Ils semblaient le croire !!!!

 

J'ai une amie de Poznan médecin émigrée en France qui m'a dit qu'elle a décidé d'émigrer, dégoûtée, quand elle est arrivée à Varsovie au milieu des années 1980, dans le cadre de ses activités clandestines à Poznan et qu'elle a débarqué dans un milieu dissident d'une richesse incomparable, avec celui des classes moyennes polonaises. Elle a compris alors qu'elle s'était faite avoir en trimant la nuit à sortir des tracts au nez de la police, et qu'il y avait beaucoup d'argent à Varsovie chez ses chefs, que les grands pontes de la dissidence se le partageaient ...sous les regards de la police d'Etat qui en récupérait aussi une partie à l'occasion de certaines fouilles, mais sans tuer la poule aux oeufs d'or, la source occidentale : CISL-AFL/CIO-NED-CIA."

 

 

 

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Mazerolle, Jean Gabin et l'Europe

1 Novembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

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Article sur la conférence « Les nécessaires progrès de l’Europe de la défense »

10 Octobre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Voici dans son intégralité (avant les coupes de Pierre Lévy) mon article que le journal eurocritique Bastille-République-Nations n°45 (6 octobre 2009) vient de publier en p. 10 sous le titre "Vénus en petite tenue" et que j'avais intitulé initialement "Aux armes Vénus européenne !". J'avais signalé sur ce blog le 24 septembre ma "mission" dans le 7 ème arrondissement de Paris pour assister à cette conférence.

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Le 24 septembre dernier s’est tenue à l’école militaire sous le titre « les nécessaires progrès de l’Europe de la défense » une de ces réunions de famille où le centre-droit euro-fédéraliste peut savourer ses petites victoires : de ces réunions entre gens bien élevés et contents d’eux-mêmes, où ministres et présentatrices se font la bise et se tutoient, sous le « haut patronage » du président de la République (absent), de la Fondation Robert Schuman, du Constantinos Karamanlis Institute for Democracy et du Center for European Studies.

 

A défaut de Nicolas Sarkozy, le ministre de la défense Hervé Morin était présent pour clamer avec enthousiasme que, contrairement à ce qu’a déclaré le néoconservateur Robert Kagan – que l’Amérique vient de Mars et l’Europe de Vénus –, « l’Europe peut être tout à la fois Mars et Vénus en même temps ! ». Certes, a reconnu l’ancien conseiller technique de François Léotard, pour des raisons historiques après 1945 notre continent a reculé devant l’usage de la force au-delà de ses frontières, lui préférant le « soft power », mais il n’y a pas de raison pour que cela perdure. Selon lui, l’Europe incarne un message, des valeurs. « Le modèle de société européen, a martelé le ministre à la fin de son intervention, n’est ni celui des Etats-Unis, ni celui de la Chine ou de l’Inde (il a failli dire « encore moins »). Et ce modèle est le plus beau qui existe à la surface de la planète ». L’Europe vaut donc bien quelques dépenses militaires communes.

 

Après cette profession de foi lyrique partagée par tout l’auditoire un quart de l’amphithéâtre Foch s’est vidé (les hauts gradés  obligés d’assister au discours du ministre). Restait aux spécialistes à décortiquer les modalités de construction de cette Europe de la Défense voulue par les fédéralistes comme le moule d’une « nouvelle citoyenneté » de la Mer Baltique à Tamanrasset (ou presque).

 

Et là, force fut de constater que le tour d’horizon des succès de ce volet de la politique européenne était assez vite effectué : une relève européenne de l’OTAN en Bosnie et en Macédoine, une mission d’interposition en Géorgie montée en seulement trois semaines en 2008, une opération Atalante contre les pirates au large des côtes de Somalie, un projet commun d’espionnage spatial (MUSIS), un ERASMUS militaire, une force commune de transport aérien.

 

Les difficultés, elles, sont de taille, et revenaient à demi-mots d’un « panel » de discussion à l’autre : la résistance des britanniques à accepter la création d’un « HQD » (un quartier général permanent) pour les opérations civiles et militaires, une manie des pays européens (sauf la France) à baisser les budgets de défense à la première crise financière venue, la réticence des opinions publiques à tolérer que des soldats meurent, le conflit turco-chypriote qui pourrit les relations avec Ankara, pièce importante du dispositif stratégique.

 

Mais qu’importe. Un bon européiste est un fédéraliste pragmatique : les objectifs sont ajustés au (maigre) champ des possibles. Pas question d’opposer la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) à l’OTAN – l’entrée de la France dans le commandement intégré a mis fin à ce « vieux débat ». Au contraire : tout doit être basé sur la complémentarité. L’Union européenne est fière de savoir conjuguer dans la gestion des crises la dimension civile et l’action militaire d’une manière intégrée, elle pourrait l’enseigner au partenaire étatsunien. Ainsi en Somalie nos accord juridiques nous permettent de livrer les pirates appréhendés sous le drapeau de l’UE dans le cadre d’Atatante aux autorités kenyanes, alors que les Américains, dans le cadre de l’opération parallèle de l’OTAN Ocean Shield sont obligés de les relâcher. Si bien, allait déclarer avec fierté le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes Pierre Lellouche qu’Ocean Shield a périclité et que le SACEUR de l’OTAN aujourd’hui reconnaît que sa structure « complète » celle de l’Union européenne dans la corne de l’Afrique et non l’inverse. A la limite les remarques de plusieurs intervenants laissaient entendre que plus l’OTAN (qui est enlisée dans beaucoup de problèmes bureaucratiques) sollicitera une action de la PESD, plus cela la légitimera… Autrement dit rien ne se fera sans le soutien de l’Amérique. De ce point de vue là l’empêtrement de Washington en Afghanistan serait presque une aubaine pour faire émerger un besoin de PESD sur d’autres théâtres d’opérations – notamment  ceux où les soldats américains ne sont plus acceptés comme l’Afrique et le Proche-Orient –, si toutefois cette même crise afghane n’absorbait par ailleurs aussi vainement une bonne part des budgets européens, refroidissant ainsi l’ardeur interventionniste de tout le monde. Et du reste pour l’instant la PESD indiffère à ce point l’OTAN qu’il n’existe même pas d’interconnexion entre les missions de l’une et de l’autre sur leurs théâtres d’opérations (à Kaboul, et au Kosovo).

 

Après la pause déjeuner devant un auditoire franchement clairsemé les vérités désagréables ont ressurgi dans le panel consacré au marché de l’armement. Cette fois la tonalité devenait franchement amère : l’ardeur libéralisatrice de la commission, exprimée par une directive récente, a dû s’arrêter aux particularités de ces « marchandises » que sont les armes au regard de la souveraineté des Etats a souligné le représentant de la Délégation générale à l’armement. La recherche et développement en ce domaine reste l’affaire de trois ou quatre Etats pas plus. Les Etats membres ont quand même accepté le principe de préférence communautaire a reconnu le directeur général international de Dassaut Aviation Eric Trappier, ce qui peut laisser espérer que certains parmi les plus atlantistes cessent de s’approvisionner en armes américaines… sauf, a-t-il immédiatement déploré, que la moitié des dépenses de recherche aujourd’hui vont dans le projet d’avion anglo-américain JSF (Joint Strike Fighter) que la firme américaine Lockheed. Il n’y a plus, a reconnu le secrétaire d’Etat Pierre Lellouche en conclusion, de grands programmes d’armement comme dans les années 1990. L’Europe, qui investit trois fois moins dans ses programmes que les Etats-Unis, disperse ses dépenses sur trois programmes d’avions, six programmes de sous-marins, une vingtaine de programmes de blindés. Quand on sait comme disait le secrétaire d’Etat que « sans grand programme d’armement il n’y a pas d’industrie d’armement, et sans industrie d’armement il n’y a pas de défense européenne », les chantres de l’Europe de la défense paraissaient soudain un peu nus… heureusement, à cet heure tardive de l’après-midi, il n’y avait plus grand monde pour entendre ces dures vérités.

 

 



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Au menu demain (24 septembre)

23 Septembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Internet stérilise complètement. Au lieu de marcher sur le pont Mirabeau en cette belle journée ensoleillée ou de commencer à écrire un roman, j'ai passé mon temps à zapper d'un profil à l'autre sur Facebook.

Adolfo Ramirez a posé la bonne question concernant la reprise de mes vidéos. Mais j'hésite. Le lecteur Edgar les tourne en dérision. Et les anglophones n'y comprennent rien d'autant que le micro est faible.

Demain je passe ma journée en mission dans le 7 ème arrondissement de Paris. Je couvre un brainstorming sur la défense européenne pour le compte de BRN à l'école militaire (bonjour la déprime), puis j'assiste à une conférence sur l'affaire Kononov à l'Institut de la démocratie et de la coopération. Selon le carton d'invitation "Vassily Kononov, né en Lettonie en 1923, a adhéré à l’Armée rouge en 1941 pour combattre l’occupant nazi.  Il devint commandant d’un groupe de partisans.  Décoré pour héroïsme par l’Union soviétique, il est condamné pour crimes de guerre par la Lettonie en 2004. Ce jugement a été cassé par la Cour européenne des droits de l’homme en 2008.  La Lettonie a interjeté appel, soutenue par la Lituanie. Un second jugement est attendu avant la fin de l’année." Me Mikhail Ioffe, avocat de Vassily Kononov à la Cour européenne des droits de l’homme, vient présenter à Paris cette affaire très révélatrice du révisionnisme de notre époque.

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Sexe et impérialisme : le cas moldave

12 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Un papier intéressant dans le Times on line à propos de la Moldavie sous la plume  de Tony Halpin le 10 août :

"Il se peut que la chute du dernier régime communiste d'Europe en Moldavie soit le triomphe des urnes, mais il représente aussi un nouveau succès de la théorie des jolies filles dans les révolutions.

Cette théorie, que je tiens d'un ami arménien, affirme que les soulèvements populaires ont une chance de réussir si dans un pays les filles les plus jolies descendent dan la rue.

L'idée est que même les jeunes hommes les plus indifférents sur le plan politique veulent aller où se rendent les jeunes filles et cela crée une masse critique dans les manifestations pour provoquer une perte de confiance dans la capacité d'un régime à faire prévaloir son point de vue. Pour paraphraser Marx, les jeunes hommes sentent qu'ils n'ont rien à perdre sauf leur virginité (...) Les élections en Moldavie ont été le remake des élections d'avril qui ont poussé 10 000 manifestants dans les rues contre les communistes au pouvoir  Les organisateurs du premier jour de manifestations pacifiques incluaient Natalia Morar, qui a répandu sur les websites de création de réseaux le mot d'ordre de défense de la démocratie. Natalia est jeune et indéniablement attirante, mais elle expose aussi les imites de cette théorie. La beauté seule ne suffit pas - il faut aussi un cerveau, de l'engagement et du courage. Natalia a pris des risques personnels pour défir le régime ".


L'article insiste aussi sur le sex appeal de Tymoshenko dans la révolution orange ukrainienne et sur la beauté des jeunes femmes géorgiennes derrière Saakachvili.

Cette théorie du sex appeal des révolutions colorées peut s'insérer dans des remarques plus générales déjà faites selon laquelle ces phénomènes marketing sont composés comme pour les ventes de voitures ou de yaourts. Il s'agit de mettre les images de la jeunesse et du plaisir du côté de la contestation tandis que les images de la vieillesse et de la mort se projètent par effet de contraste sur les défenseurs des institutions. Le roman "La Révolution des Montagnes" parodie d'ailleurs ces effets d'image en politique.

Aux dernières élections du 29 juillet, le PC moldave a perdu la majorité absolue des sièges qu'il avait gagnée en avril. Mais en obtient quand même 48 sur 101, avec 44,69 % des voix. La "révolution twitter" comme les autres révolutions pro-occidentales a eu ses limites.
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La question germanique

9 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

En tant qu'adepte de l'histoire longue à la Braudel, je ne puis m'empêcher de m'interroger sur le devenir de cette bizarrerie européenne qu'est la question germanique. Bizarrerie depuis l'Antiquité que ce peuple des côtes de la Baltique qui s'est déversé sur l'Europe, tenant en échec Rome ("Varus rends moi mes légions !"), l'envahissant même, occupant au coeur du continent un espace que personne n'a jamais vraiment su délimiter, et influençant tant de peuples.

Je suis sensible à ce qui a fait la singularité française au Bas-Moyen-Age de se construire contre cette entité germanique aux contours mouvants. Mais quelle que soit mon admiration pour l'expérience française, je ne puis que blâmer notre tradition qui sans cesse minimise l'ampleur de l'apport germanique à la culture de notre continent (une tradition néfaste qui fit perdre à la France la bataille culturelle dès le 19 ème siècle face au romantisme rhénan).

Des pays méridionaux comme l'Espagne en sont beaucoup plus conscients, pour ne pas parler de l'Italie dont la moitié nord est infiniment marquée par la culture allemande catholique méridionale, celle de Bavière et d'Autriche (je pense à une aostienne que j'ai connue et qui était folle de Falco qui est, à mon avis, dans le bouillon postmoderne commercial la trace la plus vivace et la plus nostalgique de la cacanie habsbourgeoise).

La grandeur de la philosophie française des années 1960 à 1990 a été de s'obstiner à étudier sérieusement l'héritage culturel allemand au moment même où les Etats-Unis s'évertuaient à le dissoudre dans le Coca. Aujourd'hui la philosophie française est à l'heure anglo-saxonne, mise au pas en quelque sorte, et l'Allemagne n'est plus qu'un pays de grabataires. La question germanique en est-elle réglée pour autant ?

Qu'y a t il à sauver de l'Allemagne dans l'intérêt de l'Europe ? Question complexe, à supposer qu'elle soit légitime. Je sais infiniment gré aux Anglo-saxons pour le rationalisme pragmatique qu'ils apportèrent à notre temps. Mais cet apport a ses limites. L'héritage allemand n'est-il que divagations mystiques (dont le nazisme fut l'omega) ? Habermas n'a pas répondu à cette question. En faisant émerger une "autre Allemagne" que celle du romantisme obscurantiste, celle de Kant et de Goethe, c'est surtout la France et l'Angleterre qu'il mettait en valeur. Quelle est l' "autre Allemagne authentique" qui peut vraiment apporter quelque chose à l'Europe ? celle des squats anarchistes de Berlin ? Celle qui rêve encore de la République Démocratique Allemande (la majorité des habitants des Länder de l'Est selon un sondage récent) ?
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Faut-il encore rendre hommage à la Catalogne ?

14 Juillet 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

On se souvient du livre d'Orwell sur la guerre civile espagnole "Hommage à la Catalogne".

Le comité Valmy qui réunit communistes et gaullistes souverainistes publie cette semaine l'article d'une certaine Yvonne Bollmann, maître de conf à Paris 12 intitlé Europe Ecologie, Europe Ethnies, article repris par l'Observatoire du communautarisme.

Le texte part d'un bon sentiment : critiquer les écologistes et leurs tendances obscurantistes. Mais est-il opportun d'utiliser cet angle d'attaque : le soutien écologiste au nationalisme catalan ?

Je me suis ému de ce texte d'abord parce ce qu'il reproche aux Verts d'avoir accueilli à Francfort les Catalans comme une "nation". Or c'est bien ainsi qu'ils sont considérés  par la constitution espagnole. Pourquoi les souverainistes français leurs refuseraient-ils cette qualité ? la Catalogne n'a-t-elle pas suffisamment versé son sang au 20 ème siècle pour mériter le nom de nation ?
 
Quant à la légitimité de la Catalogne à se plaindre du fait qu'elle a été dépossédée du Roussillon (français) ou des pays valenciens, elle est la même que celle des Serbes à reprocher à Tito d'avoir donné la côté dalmate à la Croatie, et le Kosovo aux Albanais (via le statut d'autonomie)
 
La question du nationalisme catalan est complexe. Nul ne peut nier qu'il a joué un rôle très fort dans le basculement de la garde civile catalane dans le camp Républicain progressiste en 1936. L'armée populaire de Catalogne en 1937 était une armée de langue catalane (voir par exemple : La guerre d'Espagne vue de Barcelone, éditions du Cygne). C'est au nom de cette résistance historique au fascisme castillan soutenu par l'Allemagne qu'Esquerra republicana aujourd'hui demande la sécession. Cette résistance n'est pas absurde quand on sait que Madrid vote massivement pour le parti d'Aznar, qui a fait la guerre en Irak (alors qu'au contraire Esquerra Republicana avait envoyé des émissaires auprès de Saddam Hussein dès 1990).
 
Evidemment le nationalisme petit bourgeois a souvent deux facettes, une progressiste, une autre réac (c'est pourquoi par exemple un des leaders du coup d'Etat anti madrilène de 1934 à Barcelone, Dencas, a fini exilé dans l'Italie de Mussolini, alors que son propre frère aidait la garde civile républicaine en 1936)... Mais dans le cas catalan, je ne serai pas aussi catégorique dans mon jugement que ne l'est Mme Bollmann.

Les communistes souverainistes auxquels j'ai adressé ces objections m'ont répliqué que la Catalogne était une région riche, et, comme le Nord de l'Italie (la "Padanie"), son sécessionnisme exerçait une influence "réactionnaire" sur l'Europe.

Je leur ai répondu que la résistance catalane au fascisme en 36, était aussi une résistance de riches (une résistance de région riche), même dans ses composantes les plus populaires. Simone Weil dans ses souvenirs de la colonne Durruti notait par exemple que les ouvriers anarchistes venus de Barcelone se battre en Aragon étaient très méprisants à l'égard des paysans aragonais. Néanmoins le nationalisme petitbourgeois des catalans jouait à l'époque un rôle progressiste face à la montée du fascisme.
 
... Et encore récemment, en 1986, la Catalogne votait NON à 51 % avec un taux de participation exceptionnel de 62% au référendum d'adhésion à l'OTAN. De même la Catalogne est une des régions qui a voté le moins pour le Traité constitutionnel européen en 2007, au contraire des autres régions d'espagne Mon argument n'a pas convaincu et l'on m'a répliqué qu'à la rigueur si un nationalisme pouvait être sympathique en Espagne, ce serait celui des Galiciens parce qu'il est dirigé par des maos (sic !).

Le dogmatisme de mes interlocuteurs sur ce sujet était évocateur. D'après eux, le nationalisme des pauvres est bon, celui des riches est mauvais. Et même si les nationalistes riches sont capables d'empêcher une adhésion à l'OTAN ou d'entretenir le souvenir d'un combat politique glorieux (celui de 1936) rien de cela ne compte. Un peu court quand même.

Il faudra bien pourtant que les communistes souverainistes, les chevènementistes et autres, qui ont eu l'indépendance d'esprit de réhabiliter l'histoire de France et son projet politique comme nation pour faire pièce au néo-libéralisme et à l'américanisation du monde dans les années 2002-2005, fassent aussi évoluer leur point de vue sur les identités culturelles persécutées (comme l'identité gasconne ou celle de Catalogne), tout comme sur la mémoire du colonialisme outre-mer. L'excès de schématisme n'est pas porteur d'avenir en politique.

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Ceku menotté

24 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Peuples d'Europe et UE

Toutes les journées ne peuvent pas être mauvaises, et les alliés de MM. Kouchner et Sarkozy ne peuvent pas gagner à tous les coups.

Aujourd'hui on apprend l'arrestation d'un criminel de guerre d'ex-Yougoslavie, et, pour une fois, ce n'est pas un Serbe (non sans blague ?) : il s'agit de l'ancien premier ministre albanokosovar Agim Ceku, accusé de crimes de guerre commis lorsqu’il était colonel des forces croates en 1993, puis lorsqu’il était chef d’état-major des forces kosovares (UÇK) en 1998-99, et encore à nouveau lors des pogroms anti-Serbes au Kosovo en 2004. Il a été placé en garde à vue au point de passage frontalier de Giuechevo alors qu'il pénétrait en Bulgarie depuis la Macédoine voisine dans la nuit de mardi à mercredi. M. Ceku, c'est le monsieur dégarni sur la photo là à gauche, qui pose avec notre adorable ministre des affaires étrangères ancien gouverneur du mandat néo-colonial de l'ONU à Pristina, Kouchner-de-la-guerre.


Selon des sources diplomatiques, les autorités de Belgrade avaient demandé en vain début mai à leurs homologues colombiens de procéder à son extradition de la Colombie vers Belgrade. Ce n’était pas la première fois qu’Agim Ceku échappait à la justice, mais cette fois ci, l’échec aurait été dû à l’intervention directe de Bernard Kouchner. Prenons les paris : qui va être le premier à faire pression sur la Bulgarie pour obtenir sa libération ? notre ministre bien aimé, ou bien M. Richard Holbrooke autrefois émissaire de Clinton au Kosovo, hérault de M. Obama en Afghanistan, ou M. Solana secrétaire général de l'OTAN du temp où il fallait casser du Serbe, aujourd'hui responsable des affaires étrangères de l'Union européenne ?

Bon à part ça Michel Collon donne une conférence sur Hugo Chavez et le Proche Orient à Paris demain soir (librairie de la Résistance), il faut y aller ! et cet après midi je rencontre une responsable d'un groupe d' immigrés anticolonialistes. Que des choses positives.

 

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