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Les prochaines élections européennes

A gauche on attend qu'un parti responsable franchisse enfin le Rubicon et prône la sortie de l'Union européenne. Au lieu de cela on parle encore d' "Europe sociale", comme si l'on pouvait sérieusement penser que la commission, ou même le Conseil deviennent des instances anti-libérales. Hier le patron de presse islandais Jónas Kristjánsson, naguère fervent européiste, a reconnu que, bien que son pays soit au bord de la faillite financière, il y a peu de chances qu'il veuille rejoindre l'Union. L'UE n'est pas attractive, et M. Barroso s'est réjoui trop vite au début de l'année quand il espérait annexer rapidement cette petite île. Voilà un pays de 300 000 habitants qui a plus de confiance en lui-même que la France.
En France, on annonce que près de 66 % des électeurs pourraient s'abstenir d'aller voter pour l'élection des députés au Parlement européen. Juste réponse du berger à la bergère : vous méprisez notre réferendum, nous méprisons vos élections.
Reste à transformer le ressentiment ambiant en énergie positive. Elaborer un programme audacieux de sortie de l'UE, de recomposition d'une confédération européenne sur les bases de la souveraineté populaire, et mettre en oeuvre un protectionnisme économique et une régulation drastique des marchés, un système d'échange coopératif avec les pays les plus pauvres. On ne peut pas éternellement laisser pourrir la situation.
Une pensée ce soir pour la Moldavie
Ce soir les questions fusent dans mon entourage : l'émeute de Chisinau "révolution colorée" téléguidée par Bucarest (et les Occidentaux) ou expression d'un désespoir "spontané" d'une jeunesse rejetée par l'Empire des riches (l'Union européenne), ou ce qu'ils imaginent tel ? Cela me rappelle la phrase de Diana Johnstone à propos des Albanais ("un peuple en quête d'empire" parce qu'ils avaient profité de l'empire ottoman jadis). Phrase un peu dure quand on sait combien ce peuple a été assoifé d'indépendance au 20 ème siècle. Les peuples européens peuvent-ils cesser de vouloir appartenir à des empires ?
Points communs entre Albanais et Moldaves : leur pauvreté, leur enclavement, qui leur ont donné, dans les années 1990, la même ardeur pour vouloir virer de leur horizon les peuples de langue slave (les Serbes dans un cas, les Russes dans l'autre). Connotations fascistes de leur nationalisme, qui avait été déjà, dans les années 40, instrumentalisé par Mussolini et Hitler. De l'histoire longue qu'on oublie trop souvent. Les Russes et les Serbes ne l'oublient pas.
Que faut-il souhaiter aux Moldaves ? Comment peuvent-ils organiser une cohabitation avec les Russophones sans y voir le sacrifice de leur prospérité ? Questions complexes.
La crise financière, l'Union européenne et ses oppositions de divers bords

On voit depuis quelques jours que la chute du gouvernement tchèque en pleine présidence de l'UE, donne des ailes à la droite libérale thatchérienne anti-européiste. Le président tchèque Vaclav Klaus au début a déclaré son soutien au mouvement Libertas du milliardaire irlandais pro-américain Declan Ganley, un groupe que soutient aussi le MPF de de Villiers (quoique Paul-Marie Coûteaux autrefois proche du MPF accuse ce mouvement d'être fédéraliste "in disguise" et non souverainiste). Un think tank tchèque européiste affirme aujourd'hui que Klaus est manipulé par Vladimir Poutine. Poutine et Libertas, même combat contre les fédéralistes bruxellois ?
A gauche, les chevènementistes n'ont pas rejoint le Front de gauche. Sami Naïr négociait au nom du MRC, et les négociations ont capoté sur la souveraineté nationale et sur l'immigration. Naïr les accuse de manquer de clarté, d'être une sorte de "para-NPA". Vont-ils choisir l'abstention aux élections ? Affaire à suivre.
La crise des sciences sociales en Europe - un exemple italien
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I'm preparing a proposal for a post-doc which should focus on Italian removal of its imperial past as one of the causes of its schizophrenic attitude towards migrants, especially those coming form the Horn. But I don't now if I will ever find a funding for this research, especially at the moment!!!
I'm publishing a book from my PhD dissertation with a little French publisher that has an anten in Italy, at my own expenses... actually I decided to publish with them for a very sad reason:
I need the book published, but all the editors here ask the authors to buy a certain number of copies at their own expenses, if they are new authors and after a survey, I chose them because they are the cheapest!
Still I'll have to buy 90 copies of the book once it's published which is going to cost me around 2000 euros!
But I need it for the applications for fellowships, at the moment my publications are very few, I need to increase their number
Beside, I'm not planning to go back to the northern country and continue that research, so I need to consider it "closed"
And I have no hope to interest an Italian publisher in what happens in northern Europe museums on slave trade and empire
Here in Italy we face a TOTAL removal of colonial legacies: most people don't genuinely know we actually had colonies
That's why I would like to work on that issues from now on, but it's hard, no one seems eager to approve that, I mean, no one with money of course.
I'm trying to interest museums on my project, but they still look much more interested in displaying African masks and arrows without any connection with their history than anything else.
L'Europe, les Sudètes, les enjeux mémoriels

"Est-ce l'Europe ou la loi du plus fort ? En décembre 1989, le responsable des amitiés franco-tchécoslovaques avait publié une tribune dans Le Monde qui disait en gros "Français investissez en Tchécoslovaquie et épousez des tchécoslovaques, ne laissez pas l'Allemagne occuper seule le terrain dans ce pays". Aujourd'hui je me demande quelle est la part respective de l'Allemagne et de la France dans les investissements en République tchèque.
D'un point de vue géopolitique, il y a deux visions de l'Europe centrale : une vision française qui y soutient les peuples slaves, et la formation de fédérations respectables sous leur égide (la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie), et la vision allemande selon laquelle tout ce qu'il y a entre l'Adriatique et les Carapathes constitue une sorte de "Galilée des nations" dans laquelle les Allemands ont leur place (et qui soutient aussi les revendications des non-slaves Hongrois, des Turcs, des Albanais).
Evidemment le souvenir du nazisme permet de dénigrer le point de vue allemand mais plus pour très longtemps. Mais sur la question de l'Europe centrale je ne suis pas convaincu que le souverainisme "classique" (c'est à dire la défense de l'héritage de 1945 qui reproduisait celui de 1918 favorable à la France) soit complètement réaliste, sauf à considérer qu'un peuple déraciné (les Alllemands des sudètes) doit faire le deuil de sa mémoire et se recréer une identité ailleurs.
Il y a autour de ces questions mémorielles des difficultés considérables : les Sudètes veulent revenir en Tchéquie, les Juifs sionistes en Palestine, les Pieds-noirs en Algérie. Des tas d'enjeux coloniaux se greffent là dessus (car Pieds noirs et Sudètes par exemple étaient des colonisateurs là où ils vivaient). Le progressisme du 20 ème siècle (la foi en l'avenir), justifiait que les peuples opprimés expulsent les colons pour créer un avenir meilleur. Le pessimisme écolo-conservateur de notre époque qui fétichise le passé, valorise le droit au souvenir et ouvre la voie au retour des colons partout".
Franco-africanisme et eurasiatisme

La sortie de l'Union européenne ouvrirait la perspective de ce renouveau politique avec l'Afrique. Elle permettrait aussi de rapprocher la France des grandes puissances du continent eurasiatique : la Russie et la Chine. Je lis en ce moment le blog d'Alexandre Latsa qui rêve d'un continent gouverné par Moscou (http://alexandrelatsa.blogspot.com/2008/11/moscou-capitale-de-leurope.html). J'ai entamé un dialogue avec son auteur. Je n'ai pas encore suffisamment avancé pour connaître ses positions. Je sais qu'il y a - sur ce sujet comme sur tant d'autres - des spéculations qui sentent le soufre, comme un projet proche de l'extrême-droite qui, me disait-on il y a quelques mois, défend l'idée eurasiatique mais sur des bases très sélectives et ambigues, au point par exemple d'y intégrer le Japon et pas la Chine. Je ne sais pas si M. Latsa est proche de cette tendance. Il ne semble pas, si j'en juge par la manière dont il met en avant la faucille et le marteau. Mais notre discussion ne faisant que commencer ce point n'a pu être éclairci.
Pour ma part, je ne souhaiterais pas que notre continent soit soumis à Moscou, même si j'apprécie le côté provocateur de cette idée, qui force à réfléchir. La Russie m'intéresse beaucoup comme expérience culturelle, politique, économique, je veux dire comme une possibilité de faire vivre ensemble des êtres humains dans un certain style de cohabitation. Elle m'intéresse en un sens comme les Etats-Unis m'intéressent, comme la Chine, comme toute entité politique de grande envergure. Au delà de la curiosité, je lui voue une certaine affection au vu de ce que je peux en connaître, et, comme le projet franco-africain dont je parlais plus haut, elle m'intéresse comme un partenaire potentiel pour libérer nos pays de la chappe de plomb euro-atlantiste qui l'écrase depuis 60 ans et qui a liquidé chez nos concitoyens tout sens du réel et tout sens de la liberté de choix collectif entre divers avenirs possibles. Je crois qu'il ne faut pas s'aveugler sur la Russie : c'est un pays dont le gouvernement a gardé des tendances autocratiques, et où les méthodes brutales demeurent. La campagne de terreur dont ont été victimes de nombreux militants des droits sociaux (voyez l'agression dont fut victime à Moscou le 13 novembre après beaucoup d'autres Carine Clément, sociologue, directeur de l’Institut indépendant de l’Action collective, engagée dans le réseau « Union des soviets de Coordination de Russie » et dans les luttes concernant le droit au logement) en atteste. Le peu que je connais de ce pays révèle qu'il trouve mal son équilibre entre la persistance de gangs privés peu recommandables et d'une bureaucratie conservatrice et souvent inefficace. Mais je crois qu'il faut miser sur les bons côtés le Russie. Le fait que ce pays croit en l'Etat, c'est-à-dire à la possibilité de définir de nouvelles options politiques, pour lui-même et pour le monde. Le fait aussi que c'est un pays qui souhaite équilibrer les rapports de force, là où les Etats-Unis n'ont cessé d'afficher leur volonté de "leadership" (certes Obama a adouci le discours, mais sans changer les hommes, ainsi que le montre la constitution de son équipe ce qui est de mauvais augure). Et ce pays, de fait, a joué un rôle positif pour la paix face aux Etats-Unis, dans les Balkans, dans le Caucase, au Proche-Orient. Par conséquent, sans aller jusqu'à souhaiter que Moscou gouverne le continent, il faut vouloir une coopération accrue avec la Russie. C'est ce qu'ont compris, après les latino-américains et beaucoup de peuples du Tiers-monde, les résistants à l'euro-atlantisme en Europe.
Reste à organiser tout cela, au niveau-même de l'opinion. Créer des cercles pour promouvoir à la fois l'idée d'un renouveau des relations franco-africaines, et celle d'une coopération russo-française et sino-française dans l'esprit eurasiatique. Faire avancer ces idées contre le formatage euro-atlantiste, proposer des actions concrètes, et des programmes politiques concrets dans ce sens. Il y a beaucoup à faire.
Eulex au Kosovo
Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a donné son feu vert à l'envoi de la force de police européenne Eulex au Kosovo mais à condition que celle-ci s'inscrive dans le cadre de la résolution 1244 (interprétée par la Serbie comme reconnaissant sa souveraineté sur la province), reste neutre dans le conflit albano-serbe, agisse sous l'autorité directe du Conseil de sécurité (ce qui donne un droit de regard à la Russie et à la Chine) et ne s'inscrive pas dans le cadre du plan d'indépendance de l'administrateur Ahtisaari qui n'a jamais été validé par l'ONU. Du coup c'est maintenant l'entité de Pristina qui juge cette mission contraire à sa constitution et s'y oppose alors que la Serbie l'accepte (http://www.b92.net/eng/news/politics-article.php?yyyy=2008&mm=11&dd=27&nav_id=55328).
Russia Today présente la mission Eulex comme une prise de contrôle des institutions judiciaires du Kosovo par l'Union européenne (c'est-à-dire une recolonisation) - http://www.russiatoday.com/news/news/33861. La question de l'indépendance du Kosovo reste en suspend devant la Cour internationale de justice saisie le 9 octobre dernier par 77 voix contre 6 (les USA et leurs petits alliés proches).
Samoa
L'île de Samoa est aujourd'hui le 47 ème Etat à reconnaître l'indépendance du Kosovo. La Serbie, qui a mené de grande opérations diplomatiques à l'ONU (notamment auprès des pays musulmans, obtenant le soutien de l'Indonésie et de la Malaisie) considère que les Etats-Unis n'ayant pu convaincre les pays de plus grande taille doivent se contenter des miettes. Elle espère obtenir une condamnation de la sécession kosovare devant la Cour internationale de justice. Les nationalistes kosovars y voient plutôt un succès relatif. Un inventaire exhaustif des positions internationales sur l'indépendance du Kosovo se trouve sur http://en.wikipedia.org/wiki/International_reaction_to_the_2008_declaration_of_independence_by_Kosovo. On observe que le Kosovo est davantage reconnu que Taiwan, mais moins que le Sahara occidental.