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Un mot de Gombrowicz sur Sartre
Extrait du journal de Gombrowicz avril 1963 (Folio p. 358-361) :
"Depuis mon arrivée à Paris, il s'est passé en moi des choses étonnantes au sujet de Sartre.
A Buenos Aires, je l'admirais depuis longtemps. Seul avec mes livres et jouissant de toutes les supériorités d'un lecteur puisque, d'une moue, je pouvais lui régler son compte, j'étais cependant obligé de le craindre, comme on craint plus fort que soi. Mais à Paris il est devenu pour moi une tour Eiffel, un être dépassant l'ensemble du panorama.
Cela a commencé ainsi : j'avais décidé, par curiosité, d'étudier dans quelle mesure l'intellect français avait assimilé l'existentialisme sartrien... En orientant la conversation sur Sartre, j'ai discrètement sondé les écrivains et les autres sur leur connaissance de l'Etre et le Néant. Ces recherches ont abouti à des résultats curieux. Avant tout il s'est avéré clairement - ce qui n'a pas été pour moi une surprise - que ces idées se promenaient et se pressaient dans les têtes françaises, mais dans un état larvaire et puisées un peu au hasard, tirées surtout de ses romans et de son théâtre : quelque chose de tout à fait vague, fragmentaire, sur "l'absurde", "la liberté", "la responsabilité". De toute évidence, l'Etre et le Néant était une oeuvre presque inconnue en France. Oui, certes, les idées de l'auteur travaillaient les têtes, mais elles étaient en vrac et comme mutilées, brisées, coupées en morceaux ; devenues sauvages, terribles, insolites, elles contribuaient à affaiblir, à miner l'ordre de pensée existant... La suite de mes observations fut encore plus curieuse. J'ai été frappé par l'aversion avec laquelle on parlait de Sartre ; ou même, au lieu d'aversion, c'était peut-être un désir camouflé de meurtre. Sartre ? Oui, oui, bien sûr, seulement "il se répète tellement". Oui, oui, sans doute, seulement c'est déjà daté... Ses romans, ses drames ? "C'est proprement l'illustration de ses théories". Sa philosophie ? "C'est simplement la théorie de son art". Sartre ? Evidemment, mais ça suffit, pourquoi écrit-il tant ? Et c'est un crasseux, ce n'est pas un poète, d'ailleurs cette politique... et après tout il est fini ; Sartre, savez-vous, est fini sur tous les plans.
Ca m'a fait réfléchir. Dans notre admiration pour un artiste il entre encore assez de la bonté d'une vieille tante, qui complimente un petit garçon pour ne pas lui faire de peine : l'artiste a su entrer dans nos bonnes grâces, il a conquis notre sympathie à tel point que nous sommes heureux de pouvoir l'admirer et qu'il nous coûterait de ne pas le faire. Cela apparaît avec netteté dans l'attitude des Français envers Proust que, même en son cercueil, on nourrit de douceurs : il a su se les concilier. Au contraire, Sartre est peut-être le seul grand artiste contemporain, à ma connaissance, qui soit personnellement détesté. Que vaut, comparé à cette montagne de révélations qu'est Sartre, un Borges d'Argentine, fade bouillon pour gens de lettres ? Mais ils font joujou avec Borges tandis qu'ils tapent sur Sartre. Serait-ce pour des raisons politiques ? Ce serait d'une mesquinerie impardonnable ! Mesquinerie ? Serait-ce simplement la mesquinerie, et non la politique, qu'on trouverait à la base de cette animosité ? Détesterait-on Sartre parce qu'il est trop grand ?
(...) Pour en revenir à Proust, je ne lui contesterai pas une part de tragique, de dureté, de cruauté même, mais le tout, comme ces tortures de dindes, est pour la consommation, comporte une intention gastronomique, reste en liaison avec l'assiette, les légumes, et la sauce...
Du côté opposé, Du côté de chez Sartre, se trouve la pensée française la plus catégorique depuis Descartes, une pensée follement dynamique, qui démolit leurs plaisir de gourmets... Stop ! Qu'est-ce ? Deux ou trois garçons, deux filles, un groupe réjoui où les plaisanteries fusent, une France charmante, et jeune, et faite pour la nudité, pénètre soudain dans ma méditation. Ils traversent la place, ils disparaissent à un tournant : à ce moment Sartre m'a fait mal, je sentais qu'il les détruisait... Mais quand je les ai perdus de vue, quand j'eus retrouvé devant moi les Messieurs-Dames* d'âge gastronomique, j'ai compris que pour ces derniers il n'y avait, hors de Sartre, point de salut. Il était une énergie libératrice, la seule qui pût les arracher à leur laideur. Je dirai plus : cette laideur française qui s'est développée pendant des siècles dans les petits logements, derrière les rideaux, au milieu des bibelots, et qui ne pouvait plus se supporter elle-même, a produit un Sartre, dangereux messie..."
* en français dans le texte
A propos de la sainteté laïque
Le blogueur Edgar a attiré hier l'attention de ses lecteurs sur la situation du Bahrein. Edgar se rapproche ainsi de ce que je considère être la "sainteté laïque". Et, dans cette sainteté, il entraîne progressivement une petite poignée de lecteurs : un photographe parisien, un Internaute du Loir et Cher etc.
Cela fait quelque temps que j'aimerais écrire un livre sur la sainteté, mais je n'en trouverai vraisemblablement pas la force.
La sainteté est cet état par lequel l'être humain se rapproche de l'achèvement optimal d'un certain nombre de vertus cardinales (on ne peut pas dire "toutes les vertus", car une vertu se paie nécessairement d'un défaut - la réunion de toutes les vertus impliquant la disparition de tout défaut est impossible chez un être humain). En tant que parachèvement d'un certain nombre de qualités, la sainteté a quelque chose à voir avec l'absolu, et, à ce titre, fait partie de ce que la société de consommation et de médiocrité actuelle ne peut que répudier et ridiculiser. Pour cette raison elle est une force de rupture.
Bien sûr chacun peut définir la sainteté et ses vertus cardinales comme bon lui semble.
Pour ma part je lui prête les traits suivants (dont, vous le remarquerez, beaucoup sont liées aux vertus de la sagesse antique) :
- le courage (physique et intellectuel)
- l'indépendance morale (au risque de la solitude)
- le sens de la vérité objective (ne pas s'abriter derrière un subjectivisme facile ou le relativisme, ce qui implique aussi de savoir reconnaître quand soi même on s'est éloigné de la vérité)
- le goût de la recherche, du cheminement
- le sens de la construction
- la persévérance
- la cohérence intellectuelle
- le désintéressement et le refus de la facilité (ils vont de pair, car la facilité est généralement recherchée pour les profits immédiats et superficiels qu'elle procure)
- le sens du devoir
- la modestie
- l'ouverture à la sensibilité d'autrui, à ses différences, à la cohérence propre du système de représentation qui l'anime (ce qui implique aussi un sens de la charité au sens où Pascal parlait par exemple de "lecture charitable" : c'est à dire, savoir reconnaître qu'autrui ne livre pas d'emblée toute sa logique et toute sa cohérence, et qu'il faut aussi l'aider lui-même à aller au bout de sa cohérence pour construire avec lui un dialogue constructif sans chercher soi-même à se mettre en valeur à tout prix)
- un sens du style et de l'élégance, qui est ce par quoi les vertus d'indépendance, de modestie, d'ouverture etc se cristallisent harmonieusement et font système. Arriver par exemple dans son style à mêler provocation et nuance, humour et sérieux, profondeur et légèreté etc inséparablement...
Voilà douze vertus cardinales essentielles à mes yeux. Je pourrais presque juger l'ensemble de la caste des publicistes de notre époque ou des politiciens à l'aune de ces vertus et les classer selon leur degré d'éloignement au regard de ce que je définis comme la sainteté.
Aujourd'hui parler du Bahrein, comme autrefois parler de Pancevo ou de Falloudjah, c'est s'approcher de la sainteté, parce que c'est manifester du courage, de l'indépendance, un sens de la vérité, un sens du devoir et une ouverture à ces manifestants que l'arrière-plan (pour parler comme Searle) collectif occidental assimile trop facilement à des "chiites communautaristes" (éventuellement même instrumentalisés) sans même leur faire crédit d'une légitimité possible au même titre que les Tunisiens et les Egyptiens. Encore faut-il que cette sainteté ne soit pas gâchée par des manières tonitruantes, une absence d'humilité, un goût pour la facilité, un absence de cohérence intellectuelle, comme, par exemple, beaucoup de partisans de la Palestine ont fini par discréditer leur combat en versant dans ce genre de défaut.
Je crois qu'Edgar n'est pas (encore) tombé dans ce genre de travers, et il faut souhaiter qu'il continue d'entraîner beaucoup de gens dans son sillage.
Chavez, Gombrowicz et les jeunes
Lors de la dernière émission "Alo presidente", Hugo Chavez, convalescent d'une maladie, a parlé de la jeunesse vénézuélienne (cf vidéo ci dessous). Ce n'était pas la première fois. Il a dit que lui travaillait pour cette jeunesse, alors que la droite et les sociaux libéraux ne travaillaient que pour les vieux. Il a cité la jeunesse de certains héros de l'indépendance vénézuélienne et latino-américaine, dont Sucre qui était presque un enfant, a-t-il dit, quand il s'est engagé dans le combat.
Comme toujours le président vénézuélien était vêtu d'un blouson aux couleurs du Vénézuela. Cet homme vit une épopée nationale, il est drapé dans cette histoire. Il prolonge une saga, celle de Bolivar, de Sucre. Chaque jour, tous les matins, il l'enfile sur son buste à la fois comme une seconde peau et comme un costume de scène, il entre dans ce scénario, et fait entrer avec lui un bataillon d'acteurs-figurants - par centaines de milliers - dont l'histoire et le générique de fin ne retiendront pas les noms.
Bien sûr Chavez, bien que d'âge mûr, est légitime dans son rôle. La jeunesse vénézuélienne croit vraiment en lui. Précisément parce qu'il y a cette épopée de jeunes gens qui remonte à Bolivar en passant par Castro et dont Chavez a su devenir le continuateur d'une façon crédible, en payant de sa personne. Aucun leader politique en Occident ne pourrait prétendre incarner la jeunesse comme lui. Même Obama avec sa bouille de trentenaire ne le peut pas. On le sait sorti d'un mauvais casting d'agence de com'. Nul n'ignore qu'Obama ne vit pas une épopée. Il ne prolonge aucun geste héroïque. Il va juste au bureau le matin dans le costume de l'administrateur : l'administrateur des fonds de pension de son pays et d'un complexe militaro-industriel, en guerre contre la jeunesse de plusieurs pays sur deux ou trois continents.
Je ne suis ni jeuniste ni démago. Je sais tout ce que la jeunesse a d'insuffisant, de très con même. Surtout quand je repense à la mienne. "Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait". La jeunesse peut-être débile, impulsive, stupidement iconoclaste, ce qui en a toujours fait la clientèle parfaite des fascismes en tout genre (et ce sera toujours ainsi). Mais elle garde un atout qui n'est ni éthique ni épistémique, purement ontologique : elle a un avenir, là où les vieux ne l'ont pas. Elle a pour elle un potentiel de vie que les vieux à tout jamais ont perdu.
On a réussi sous nos latitudes à instiller auprès de nos jeunes suffisamment de dégoût de la vie pour qu'ils perdent toute conscience de ce privilège injuste dont ils bénéficient. Mais même en soumettant tout le monde à leurs idées morbides nos vieux ne peuvent toujours pas empêcher cette évidence biologique : ils restent, eux, plus proches du néant que les jeunes cons qui leur succèdent.
En écoutant Chavez, j'ai repensé à la Pornographie de Gombrowicz qui est un livre étonnant sur la vieillesse et l'immaturité que je lisais à 20 ans. Un livre ou plutôt un grand classique du 20ème siècle. En le parcourant à nouveau tantôt j'ai été moins frappé par son humour, et même par sa profondeur philosophique, qui m'avaient séduits à 20 ans (pour tout dire, le fait qu'un de ses héros s'appelle Frédéric a sans doute tout autant pesé dans le choix de mon pseudo que le faît que ce fût aussi le prénom de Nietzsche), que par son ambition de substituer une métaphysique existentielle du corps aux métaphysiques dominantes (chrétienne et marxiste) qui surplombaient l'Europe des années 30. On sent dans ce roman l'influence de la Nausée de Sartre. Il faudrait d'ailleurs que je relise ce dernier ouvrage (que j'ai lu à 16 ans) pour évaluer le degré précis d'originalité d'un roman par rapport à l'autre.
Je crois qu'aujourd'hui le projet de Gombrowicz est tout aussi périmé que celui de Sartre. Parce qu'au fond la seule véritable métaphysique qui se soit imposée in fine est celle de la marchandise - s'il faut parler de métaphysique car c'est peut-être d'une anti-métaphysique qu'il s'agit, une pure polarisation fétichiste sur des images vides de sens (je crois qu'il faudrait confronter la Société du spectacle de Debord et la Société de Consommation de Baudrillard pour parvenir à évaluer le degré de métaphysique ou d'anti-métaphysique dans lequel nous sommes aujourd'hui engagés). Il n'en reste pas moins que l'entreprise de Gombrowicz pour tout réorganiser autour des présences des corps est belle, comme des tableaux d'artistes un peu étranges.
Je ne pense pas que l'esthétique de Chavez soit d'aucune manière compatible avec celle de Gombrowicz. Mais il y a dans cet appel du vieil homme à la jeunesse - cet appel crédible, inspiré, qui ne doit rien à de vulgaires montages marketing de vieillard -, dans ce pari sur le potentiel de vie, malgré son lot de maladresse, de futilité, d'aveuglement et de folie prévisibles, quelque chose de commun avec le geste du roman de Gombrowicz : quelque chose qui interroge le degré de foi qu'on peut investir dans le temps et dans la vie, et le vertige qu'une telle foi provoque. Car la Pornographie est un roman très vertigineux, d'un vertige que Chavez lui-même doit parfois éprouver devant sa propre entreprise politique. Réintroduire la jeunesse dans la politique est un projet terriblement risqué. Mais refuser de le faire, comme le font avec une belle obstination nos propres technostructures n'est-il pas proprement suicidaire ?
L'individu et le geste (encore...)
Nous avons été aux prises plusieurs fois dans ce blog avec le problème philosophique, esthétique et politique de l'individualité. Le lecteur anonyme JD m'a fait remarquer que je n'ai pas pu tenir jusqu'au bout la ligne "deleuzienne" qui valorise le geste par delà la personne.
Hier soir, je prenais un verre avec Agnieszka R, une chorégraphe polonaise qui apparaît notamment dans le clip ci dessous.
La Pologne avec son catholicisme obstiné, combattant, underground, est un objet mystérieux en Europe, assez peu compréhensible - à la différence de la république tchèque par exemple, si laïcisée, si proche de la France de ce point de vue là, si lipide. Même dans une pensée polonaise laïcisée comme celle de Gombrowicz il y a cette marque du christianisme des confins. Les confins, le limes, les zones frontières entre deux religions (comme dans la Krajina serbe et l'Ukraine - deux mots qui portent le mot slave pour frontière dans leur nom). Ce sont des endroits où l'on ne badine pas avec les principes. Parce qu'on a toujours été structuralement aux avants postes, on ne peut pas ne pas avoir une mentalité d'avant-poste (qui est le contraire d'une avant-garde). L'avant-poste est ambigu : ferment potentiel d'une conquête ou d'une reconquête comme ces armées polonaises qui envahissent la Russie en 1918 ou prêtent main forte à Bush en Irak en 2003, mais aussi toujours susceptible d'être vaincu, submergé, de redevenir "le pays qui n'existe pas". Il y a peut-être encore de cela aussi en Europe dans la Vieille Castille, même si elle a cessé d'être un avant-poste il y a 500 ans.
Je ne voudrais pas trop épiloguer sur le travail d'Agnieszka R, ce qu'il a de polonais ou pas (par exemple dans sa décision d'organiser un striptease au ralenti d'une heure et demi dans un musée, un rapport extrêmement intéressant à la temporalité). Car ce n'est pas le lieu ici d'en parler. Je veux surtout retenir de la soirée d'hier ce moment où nous évoquions les gestes et les sujets des actes (avec une chorégraphe c'était inévitable). Deleuze m'est venu à l'esprit, évidemment. L'artiste (qui connaissait la citation à laquelle je faisais référence) m'a répondu, le regard fixé sur l'horizon : "Oui, mais je le trouve hypocrite. Il a quand même besoin des gens. C'est comme le fait qu'il n'ait jamais franchi les frontières de la France".
Quelques phrases comme ça. Peu de mots. Mais sans doute pas des mots prononcés à la légère. Moi j'essaie toujours de légitimer le fait qu'on ne s'attache pas aux gens, ou qu'on ne voyage pas (comme Kant), au nom de cette vie du concept qui est une autre vie, même si c'est une vie par procuration. J'avance Derrida, la mort dans l'écriture, sur "Otobiographies" de Nietzsche. Agnieszka R objecte avec Bukowski (c'est souvent qu'on me balance cet auteur ces derniers temps). En même temps, elle aussi doit reconnaître qu'elle dissocie les gestes des personnes dans son travail.
On ne sort toujours pas de l'aporie.
Du rapport à la nature
Une chanteuse à succès apprend qu'elle ne pourra plus donner la vie parce qu'elle a trop souvent avorté... (A 44 ans, vous allez me dire... on se demande s'il n'a pas un peu trop attendu avant de se poser les questions que l' "horloge biologique"impose). Nul doute que les adversaires de l'avortement esquisseront à partir de cet exemple mille raisons irrationnelles de vouloir interdire l'avortement, tout comme les anti-nucléaires trouvent dans l'accident de Fukushima des arguments déraisonnables contre le nucléaire français (j'approuve le dernier billet de C. Allègre à dessus).
Dans un cas comme dans l'autre, c'est la dialectique nature contre liberté humaine qui paraît se poser. En même temps pour moi tout est dans la nature, la liberté humaine aussi, il n'y a pas de rupture ontologique entre humanité et animalité. Et l'on ne peut empêcher l'humain de vouloir son plein développement individuel et collectif avec le moins de désagrément possible. La question pertinente dans le cas de la chanteuse est évidemment de sa voir si la VRAIE liberté et le vrai développement humain résidaient dans le fantasme de négation du cours du temps qui paraissait la travailler. Même problème que celui que pose François Jullien quand il rappelle que dans la sagesse chinoise traditionnelle, celui qui veut garder la vie risque de la perdre en cultivant ce désir à l'excès. Pour avoir une vie longue il faut aussi savoir accepter par avance la possibilité d'une mort précoce. J'y reviendrai...
Un de mes billets dans "Anti-Onfray 3" d'Emile Jalley (L'Harmattan)
Je n'ai pas lu l'ouvrage intitulé "Anti-Onfray 3", qui semble être une compilation de réactions au livre de Michel Onfray contre Freud, mais j'observe, en tombant par hasard sur son sommaire sur Amazon, qu'au chapitre 14, M. Emile Jalley cite in extenso l'article que j'avais intitulé "Badiou, Onfray, Freud........... Dawkins, Zénon" posté sur ce blog le 12 mai 2010.
Je ne sais pas si je dois me réjouir de cette reprise de mon billet ou la regretter. Celui-ci, écrit à la hâte à l'occasion d'une insomnie nocturne, n'avait pas vraiment vocation à devenir, à l'état brut en tout cas, la pièce d'un dossier à charge ou à décharge dans un procès intellectuel. J'ai cru comprendre que M. Jalley est très freudien, ce que je ne suis pas. Mon billet sur Onfray s'inscrit au milieu de plusieurs autres dans lesquels j'essaie de faire la part à la fois des mérites et des défauts de cet auteur. Je ne suis donc pas tout à fait convaincu de l'opportunité de la reprise de ce texte dans un recueil où mon nom côtoie ceux de Nancy et Quiniou. D'ailleurs mon billet se terminait par une remarque sur ma relative "extranéité" à l'égard de ce débat que je n'abordais que de biais.
Mais bon, je ne veux pas trop faire la fine bouche. Je ne sais pas si cet ouvrage à plus de 30 euros reposant sur le réseau très artisanal de L'Harmattan peut toucher un public quelconque, mais si la mention de mon billet en son sein peut aider à initier les lecteurs à la réhabilitation du stoïcisme à laquelle je m'essaie en ce moment ce ne sera finalement pas si mal.
Sur l'affaire Onfray-Freud elle-même je vous conseille la lecture de l'article d'un des contributeurs (je crois) du "Livre noir de la psychanalyse" dans Books du mois de mars. Son idée selon laquelle ramener le freudisme à la personnalité de Freud revient en fait à faire du freudisme me paraît juste : en sciences humaines la critique généalogique et biographique des oeuvres n'est pas la bonne méthode.