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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #revue de presse tag

Actu en vrac : Femen, Gaza, Goma, libéralisme

20 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse, #Colonialisme-impérialisme, #Le monde autour de nous, #Barack Obama, #Proche-Orient

Avant hier les féministes radicales FEMEN s'en prennent à des chrétiens intégristes qui manifestent contre le mariage homosexuel. Elles se font malmener par le service d'ordre... Les médias ne s'attardent pas sur le fait qu'elles ont été les premières à ne pas respecter la liberté de manifester en organisant cette contre-manif. Ni sur certains paradoxes comme le fait qu'elles se sont entraînées à des techniques de ju jitsu pour échapper aux policiers... Et voilà qu'hier elles regrettaient qu'il n'y ait point eu plus d'effectifs de police pour les protéger. Ou qu'elles étaient censées à trouver à Paris un hâvre de civilisation par rapport à la "brutalité"  de leur berceau ukrainien...
 
Elles vont sans doute intégrer à leur training des techniques de résistance aux services d'ordre des manifestations hostiles aux leurs. Quand même quand on voit ce qui leur est arrivé dans les beaux quartiers, sous la férule de bons bourgeois éduqués aux règles de la courtoisie comme elles l'ont souligné elles-mêmes, on n'ose imaginer ce qu'elles endureront quand elles passeront le périphérique (puisqu'elles se sont promis d'agir en banlieue).
 
On a beau dire mais polariser les conflits sur des enjeux sociétaux n'est pas moins source de guerre civile que de soulever la question sociale (ces grands sujets comme la désindustrialisation, l'euro surévalué qu'on oublie pendant qu'on parle des droits des minorités sexuelles). Et c'est une source infinie de paradoxes : à trop vouloir remettre en cause les repères anthropologiques (la bipolarité homme-femme) avec des méthodes ambiguës comme la nudité "agressive" des FEMEN, ou leur "terrorisme non violent" comme elles disent (un oxymore qui en dit long sur la volonté de brouiller les pistes) on finit par se demander s'ils ne seraient pas macho (du point de vue des FEMEN) de dénoncer la violence masculine dont elles ont fait l'objet, puisqu'aussi bien elles-mêmes prétendent que la féminité doit inspirer la terreur. Bref tout cela devient confus à souhait.
 
Alors quoi, allons nous porter notre regard sur des situations moins confuses comme la situation de l'UMP ? (non je plaisante bien sûr).
 
iraq.jpgParlons plutôt de Gaza. Deux discours inconciliables. Israël : "Soyez gentils, arrêtez  de nous balancer des missiles, baissez la tête, ayez la décence de vous terrer quand nous vous envoyons des bombes en représailles, ne laissez pas vos enfants dans les écoles car nous savons que vous y cachez des terroristes, et nous n'arrêterons pas de bombarder les écoles si des terroristes y sont". Réponse logique des Gaziotes (mot consacré par le dictionnaire que je préfère à Gazaoui) : "Nous ne nous enterrerons pas".
 
Le problème : la presse qui ne parle pas du problème de fond du blocage du processus de paix par Israël depuis quinze ans, et qui par contre parle trop peut être des enfants morts : on ne fait pas réfléchir avec des photos de cadavres. Je ne sais pas trop si Israël se livre à des frappes "chirurgicales" ou même relativement chirurgicales comme il l'affirme. Elles ont l'air quand même ciblées sinon il y aurait plus de morts. Hier un représentant israéelien sur France 24 lançait même une pique à l'Alliance atlantique : "Nous ciblons plus nos frappes que l'OTAN : au Kosovo ils tiraient sur les hôpitaux, pas nous". Vrai, faux, je ne sais pas. Vijay Prashad dont je lis toujours les témoignages sans toutefois y adhérer ce systématiquement soulignait ce matin qu'un immeuble de journal ou de TV avait été pris pour cible et que c'était là un crime de guerre. Il est vrai que l'attaque des journalistes a été banalisée depuis que les USA ont bombardé la TV serbe en 1999 avec les félicitations du dessinateur Plantu. Même le plastiquage d'un batiment de TV en Syrie au printemps par les "rebelles" ("rebelles" assez imprudemment reconnus comme gouvernement légitime par M. Hollande cette semaine), n'a suscité nulle émotion. Le ministère de la défense a rappelé qu'il y a du ciblage "comme en 2008". Mais en 2008 ils avaient aussi bombardé le zoo de Gaza (comme dans le film "Underground"). Béatrice Guelpa en avait témoigné. Se peut-il qu'une fois sur deux l'armée cible, et une fois sur deux elle perde ses nerfs (ce que sous-entend le terme de "bavure") ?
 
Les pro-palestiniens disent que Morsi et Ahmadinejad ont lancé un appel commun contre Israël. La nouvelle me semble suspecte. Elle provient de la TV iranienne. Morsi ferait-il vraiment cela alors qu'il espère négocier une trève ?
 
Je crois plus en tout cas en la capacité de négocier de M. Morsi qu'en celle de M. Fabius qui s'est rendu à Tel Aviv officiellement pour aider à obtenir le cessez-le-feu, mais cela sent trop l'opération de propagande médiatique à l'attention de l'électorat socialiste en banlieue.
 
Vijay  Prashad, toujours lui, dénoncé dans Couterpunch aujourd'hui le double feu vert accordé par Obama : Israël à Gaza, et au Rwanda à Goma. J'ai souvent moi-même dénoncé l'impunité du Rwanda au Congo, et nous l'avons fait dans l'Atlas alternatif, mais il faut quand même être un peu prudent : qui peut assurer avec certitude que la M23 agit sur ordre de Kagamé ? Et pourquoi le Rwanda aurait-il intérêt a entretenir indéfiniment cette guerre au Nord-Kivu ? N'y a-t-il pas plutôt dans cette région un processus auto-entretenu de guerre civile avec des milices largement incontrôlées ? Je pense qu'il faut être rigoureux sur les éléments de preuve. Mettre le Rwanda à toutes les sauces quand on parle du Congo devient aussi contreproductif que d'accuser sans peser ses mots Israël de vouloir commettre un "génocide" des Palestiniens. Ces accusations non étayées sont à proscrire.
 
A part cela, côté réflexion sur les idées politiques, je vous signale un billet sur un blog anti-européiste de gauche qui oppose le néo-libéralisme au libéralisme économique traditionnel. Je ne suis pas du tout d'accord avec cela, mais je vous laisse y réfléchir par vous même en le lisant.
 
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France 2 reconnaît son intox sur le Venezuela

15 Octobre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

C'est assez rare pour être relevé...

 

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Dans la presse de langue espagnole

29 Septembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Journaux-3-2.jpgJe lis Republica.es, mais ç'aurait pu être d'autres journaux de gauche. Le journal s'indigne à propos des mineurs tués en Afrique du Sud par la police des amis de Mandela, parle d'une évolution possible de l'ANC sur le modèle (ou l'anti-modèle) du PRI mexicain, met ses espoirs dans un certain Juius Malema, dissident, qui veut paralyser les mines. L'auteur de l'article balaie avec mépris les arguments du gouvernement sud-africain qui se vante d'avoir construit des milliers de logements. "Les chiffres sont faux et ce n'est rien à côté de la richesse des grandes compagnies" nous dit le site en substance. Ce que je trouve amusant c'est que le même site à la "une" met en avant le bilan d'Hugo Chavez  à Caracas en soulignant qu'il aurait construit lui aussi des dizaines de milliers de logement. Republica.es n'oserait pas mettre en doute la véracité des chiffres de Chavez, ni non plus enquêter sur les profits des compagnies vénézuéliennes - j'avais lu quelque part que le secteur capitaliste s'est beaucoup développé sous Chavez, j'attends toujours un débat contradictoire, pluraliste, serein et factuel là dessus.

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Un peu plus loin sur le même site, on apprend qu' en Espagne, des militants nationalistes basques ont été agressés par l'extrême-droite à l'université de Saragosse. La police reste passive. Entre cette histoire et la demande de référendum en Catalogne, il ne fait pas de doute que les nuages s'accumulent.

 

Il y avait une grève générale au Pays basque aujourd'hui, et un beau rassemblement pacifique contre l'austérité à Madrid. Mais cela devient si fréquent (voyez les Indignados l'an dernier) que cela fait presque penser à des promenades de santé (n'étaient les violences devant les Cortés la semaine dernière).

 

 

Il faut toujours regarder avec prudence la presse pro-Chavez. Aporrea.org explique aujourd'hui aux Vénézuéliens que le "dirigeant du parti socialiste français" Alexis Corbière a déclaré que les prochaines élections présidentielles dans ce pays (le 7 octobre) concernent la "gauche globale" (whatever that means). Manque de chance Corbière est juste un dirigeant du Parti de Gauche...

 

tony blair is a wanker 1206058457Soyons tout aussi sceptiques à la lecture du Monde. Voyez l'avant-dernier paragraphe du ( très mauvais) article de Benjamin Barthes sur la mort de l'homme qui avait arrêté Kadhafi l'an dernier (Le Monde du 27 septembre 2012) : "De ce groupe [qui captura Kadhafi] de thuwar (rebelles) chanceux, l'histoire a retenu qu'Omrane Shaaban est celui qui a désarmé Mouammar Kadhafi, lui confisquant son fameux pistolet en or. Le dictateur libyen décéda peu après, probablement sous les coups de combattants de Misrata, où son corps fut exposé pendant plusieurs jours". Comparez le maintenant avec ce titre d'une dépêche d'EFE publiée dans le quotidien conservateur madrilène ABC aujourd'hui :" Un agent français derrière la mort de Kadhafi - L'ex-premier ministre libyen Mahmoud Djibril déclare que l'auteur du coup de feu fut un agent extérieur aux milices". Vous voyez ce qui cloche dans la propagande du Monde ? Maintenant une question : pourquoi les meilleures infos sur les guerres de la grande presse européenne se trouvent-elles toujours dans les journaux de droite ?

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Syrie, Algérie, toujours la même propagande

12 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Journaux-3-2.jpgSur LCP un documentaire entièrement à charge contre le régime syrien ce soir, avec en prime un plateau-débat dominé par une journaliste proche du Conseil national syrien fantoche : bravo encore à nos grands médias pour leur impartialité ! L'Algérie (pauvre pays encerclé par l'islamisme made in Qatar) redonne une majorité au FLN à l'assemblée populaire nationale. Reuters le déplore à demi-mots en accusant une élite "non élue" (sic) de rester au pouvoir, et en espérant que les présidentielles donneront une autre chance pour le renversement du régime (pour son remplacement par une autre islamisme made in Qatar ?).

 

Y a intérêt que le Front de Gauche sorte vite de ses ambigüités en politique étrangère. Parce que là en ce moment je n'entends rien d'intelligent dans cette mouvance sur des sujets pourtant très graves. Et le pauvre Mali occupé par le salafisme dans sa moitié nord, qui lève le petit doigts pour lui ? Non vraiment ça ne va pas du tout. Dogmatisme de l'information, inertie des opposants. Tout cela devient très inquiétant.

 

Mais au fait, que fait Michel Rocard à Téhéran ?

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Ce qu'il faudrait regarder dans notre actualité

20 Février 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Les actualités de ce monde ne sont pas très réjouissantes.

 

On attire notre attention sur des éléments qui devraient nous être indifférents (la moindre pulsion de M. Sarkozy, le moindre flocon de neige qui tombe sur le bassin parisien). On en passe sous silence de bien peu importants comme la tournée de Laurent Fabius au Qatar et en Israël au début de ce mois, ou sur les curieux appels de M. Juppé au cessez-le-feu au Mali (au moment où le gouvernement de ce pays peine à tuer dans l'oeuf une rebellion touarègue qui résulte directement de nos égarements en Libye). Personne ne se soucie de cette journaliste qui avait montré un pistolet quand les rebelles encerclaient le quartier de la TV à Tripoli, et dont on a annoncé à tort le décès hier. Il est vrai qu'il y a tellement de gens torturés en Libye en ce moment (Médecins sans Frontières en dénonçait 115 le mois dernier à Misrata, heureusement que nous avons renversé Kadhafi pour protéger les droits de l'homme !). Mais quand même. S'indigner autant pour Ingrid Betancourt néguère, et si peu pour Halla el-Misrati aujourd'hui. Bon d'accord elle avait ciré les chaussures d'un dictateur (mais quel journaliste de TV n'a jamais soutenu activement ou passivement par son silence un dictateur ?) et une grande g** (on lui reproche d'avoir interviewé d'une façon musclée une Syrienne anti-Kadhafi au printemps dernier), mais pas plus que... voyons des journalistes un peu trop sûrs d'eux il doit bien y en avoir.. Mais quand même s'intéresser à elel serait un moyen de donner un visage aux persécutions commises en ce moment par les milices en Libye. Vous allez me dire qu'on a fermé les yeux sur la répression en Irak, alors...

 

D'une manière générale notre époque choisit mal ses sujets. Le petit monde des militants des PCF (un des rares partis qui a une grosse base militante et une base qui veut défendre des causes généreuses) s'est enthousiasmé pour Mumia-Abou-Jamal, heureusement gracié il y a peu. Mais une part de l'énergie dévouée à soutenir cet homme aurait pu être consacrée à soutenir Bradley Manning, le petit gars qui a livré à Wilkileaks des secrets militaires sur la sale guerre américaine en Irak, non ? Ce garçon était dégoûté par ce qu'il voyait et a cru naïvement en l'avenir de la presse "alternative" avant d'être horriblement piégé par une lieutenant d'Assange qui l'a trahi. Résultat il croupit dans une prison militaire, objet d'humiliations quotidiennes, de tortures psychologiques même. S'intéresser à lui obligerait au moins à penser aux tortures qui se poursuivent en Irak, aux réfugiés irakiens en Syrie, toutes ces choses dont nos journalistes se foutent... Bradley Manning est l'image-même du type qui, comme Julian Assange, ont cru en la transparence de l'info, à la fin du privilège des institutions face aux crimes qu'elles commettent. Sont-ils les Thierry Quintin (les joyeux illuminés) de l'histoire, ou les Galilée (ceux qui ont raison avant les autres ?

 

Tenez, même les 200 éléphants tués par des guérilleros soudanais depuis un mois, ça aussi c'est un vrai sujet. 100 à 200 éléphants tués chaque jour dans le monde. A la kalachnikov. Ca enrichit des bandes de malfrats ou de guerilleros on ne sait pas trop quoi. Mi-guérilleros mi-malfrats. A ce rythme on se dirigerait vers une Afrique sans éléphants. La faute aux Chinois. Démonstrations imparables qu'on lit ici ou là : dans les années 60-70 un premier pic d'extermination colle avec le boom économique du Japon, puis on reconstitue le cheptel dans les années 70, et bing, maintenant c'est la demande chinoise qui fait grimper les cours. Sousentendu : nous on est assez évolués pour savoir qu'avoir de l'ivoire chez soi c'est de mauvais goût, mais pas ces arriérés de "nouveaux riches" jaunes ; et d'ailleurs ces maudits chinois sont assez bêtes pour croire que les défenses des éléphants tombent toutes seules comme ils sont capables de croire que tout ce qui a quatre pattes et tout ce qui vole se mange - je n'invente rien, c'est écrit ici. Moi j'ai plutôt tendance à penser que le vrai problème c'est que les Occidentaux ne veulent pas qu'il y ait de vrais Etats souverains qui nourrissent correctement leurs population (trop heureuses de festoyer avec les carcasses laissées par les kalachnikovs) et arrêtent les braconniers. Pourquoi dès qu'un gouvernement se heurte à une guérilla se trouve-t-il des Occidentaux pour se demander si ce n'est pas la guérilla qui a raison ? Pourquoi est-on toujours dans cette dynamique de "chaos créateur" comme disent les néo-conservateurs américains, du regime change, du soutien au désordre ? Retour à la question que je posais plus haut à propos du Mali...

 

Problème fondamental, anthropologique : notre rapport à l'animal. Mme GA Bradshaw, prof américaine, nous explique pourquoi les éléphants nous ressemblent sur le plan psychologique, raconte leur calvaire, les sociétés matriarcales désorganisées. Avant, les Masaï ne tuaient pas les éléphants, ils y voyaient des réincarnations d'ancêtres ou que-sais-je. Aujourd'hui ils les massacrent. Pour l'argent. L'argent qui obsède les chinois. Auri sacra fames.

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Question : notre interaction avec l'animal. Pourra-t-on vivre dans un monde sans animal ? Nos enfants qui ne dessineront plus d'éléphants. L'enfance est-elle possible sans animaux ? Finis les animaux, et nous aurons des disques durs d'ordinateurs directement connectés à nos cerveaux. Recréerons nous des éléphants disparus à partir de leur ADN comme des dinosaures ? Des éléphants "déterritorialisés" sans passé, sans avenirs, sans sentiments faute d'avoir grandis dans les sociétés matriarcales comme ceux d'aujourd'hui. Des éléphants à moitié fous, comme nous mêmes, qu'on mettra sous sédatifs, avec aussi des cerveaux connectés à des ordinateurs. Allez savoir.

 

Le monde change de peau, rodoudous et berlingots. On ne s'aide pas à le comprendre quand on élude des questions comme celle-là.

 

D'ailleurs nous ne sommes pas non plus très doués pour comprendre le siècle passé non plus. Lors de la mort de Semprun j'ai rappelé sur ce blog qu'il avait été un "ouiste" cynique lors du référendum sur la "constitution" européenne. J'ignorais son attitude détestable à l'égard de Marguerite Duras et de ses amis en 1950 telle qu'elle ressort des documents figurant dans La France Rouge (un livre très bien fait du reste). Après avoir participé avec elle à des quolibets contre Louis Aragon et Laurent Casanova il est allé les dénoncer à la direction du parti. Gérard Streiff parle de "procès stalinien" et souvent on parle de stalinisme à propos de cet épisode. Mais c'est surtout la petitesse morale de l'intéressé qui frappe le plus dans cette affaire. Certains ont dit que Wikipedia avait cherché à occulter ce fait. Il est vrai que le débat sur ce passage dans la rubrique Discussion de cette "encyclopédie" est assez léger, mais faut-il s'en étonner ? On dit de plus en plus que des groupes se sont constitués pour verrouiller Wikipedia. L'épisode ne m'a guère surpris pourtant. Les gens de plumes quand ils ont une petite once de pouvoir dans une structure se comportent souvent comme ça. Possible que l'ambiance stalienienne, celle de la guerre idéologique, ait décuplé cette tendance.

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Wikileaks et autres news

27 Octobre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

De bonnes choses sur Internet aujourd'hui : des articles contre Wikileaks, en français et en espagnol (Wikileaks vu du Venezuela). Voir aussi cet article sur le fait que Wikileaks veut se "racheter" en publiant sur la Chine et la Russie.

 

Intéressante la lettre de Felicity Arbuthnot (une sorte de Diana Johnstone du Proche Orient) pour demander au Pape d'agir contre la pendaison de Tarek Aziz en Irak.

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Les nouvelles tristes : la mort de l'ex-président argentin Nestor Kirchner, l'épidémie de choléra au Nord d'Haïti, les tristes propos de Taguieff sur Hessel. 

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Les blogs, le Diplo, Nils Andersson

29 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Danielle Bleitrach, ancienne membre du comité central du Parti communiste français, publie ceci sur son blog :

 

"Plus que jamais les raisons de la fermeture de ce blog sont là. Il suffit de cette activité narcissique où on se prend pour de grands stratèges alors que l’on n’a pas le moindre pouvoir sur son propre pays. Que face aux périls qui le menace on reste pétrifié chacun continuant sur sa lancée. Les seules choses d’intelligentes qui seraient à faire - c’est-àdire créer un grand mouvement de la paix, demander des comptes à NOTRE gouvernement sur la stratégie de l’OTAN sur les 3000 soldats en Afghanistan dans une débâcle totale et lui demander des comptes sur sa participation à l’ouverture d’ un nouveau front-  sont décidemment hors de notre portée. Alors il n’y a plus qu’à inventer n’importe quoi …que tout est la faute des juifs… Je dis bien les juifs et pas Israël, parce que s’il s’agissait d’Israël on placerait cet état voyou avec les Etats-Unis, et aussi et d’abord la France puisque c’est sur cet Etat là que nous pourrions et devrions agir en priorité. Il ne serait pas répété avec une jouissance suspecte cette connerie intégrale « Gaza c’est pareil qu’Auschwitz « mais on penserait au fait qu’un Hiroshima a été possible et que le renouvellement d’un tel crime est plus que possible y compris de la part d’Israël mais à la place des Etats-unis et avec l’appui de l’OTAN, donc de notre gouvernement, pendant qu’il nous amuse avec « l’honneur perdu des bleus ».

 

Mais comme tous les impuissants nous sommes dans le fantasme. Je le répète la seule chose qui aurait pu me faire continuer aurait été de participer à un grand mouvement de la paix pour protéger notre peuple et l’humanité, mais les fantasmes en politique très peu pour moi… Donc je vais voir ce que je peux faire hors virtuel.

 

Danielle Bleitrach

 

P.S par exemple cultiver mon jardin… A propos mon arbuste qui a survécu à Hiroshima s’appelle le Ginkgo biloba ou « arbre aux quarante écus » ou « arbre aux mille écus » (银杏 yínxìng en chinois, maidenhair tree en anglais), nous nous sommes enfin présentées l’une à l’autre. C’est une très vieille dame venue de Chine,   de la famille des Ginkgoaceae. C’est la plus ancienne famille d’arbres connue, puisqu’elle serait apparue il y a plus de 270 Ma. Elle existait déjà une quarantaine de millions d’années avant l’apparition des dinosaures. Et c’est la seule végétation qui a survécu à Hiroshima, elle a sûrement des choses à nous apprendre…"

 

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Je dois dire que je suis tout à fait d'accord avec ce billet, y compris d'ailleurs avec sa critique de la façon dont la question israélienne est traitée dans certains milieux. En tout cas je suis d'accord avec son constat sur l'inutilité des blogs. Je ne poursuis celui-ci qu'à titre d'exutoire, sans y attacher grande importance. Et notez bien que j'y aborde de moins en moins des sujets politiques. Je pourrais comme certains hurler à la guerre imminente parce que quelques navires israéliens et étatsuniens mouillent dans les eaux du détroit d'Ormuz depuis 48 heures (mais le scénario de l'initimidation se poursuit entre les Etats-Unis et l'Iran se poursuit depuis quatre ans - une fois qu'on en a dénoncé les mécanismes et les dangers une fois, à quoi bon y revenir ?), dépeindre sous un jour apocalyptique le monde à venir comme le font les esprits fragiles depuis des décennies les esprits fragiles. A quoi bon ?

 

Tous les jeunes gens qui ont lancé des grands blogs d'information alternative ont abandonné au bout de trois ans. Seuls ceux qui ont les moyens de collecter des fonds comme Antiwar.com, Coutenerpunch, Michel Collon ou le Réseau voltaire tiennent le coup. Les autres, comme le dit Danielle Bleitrach, se font croire qu'ils ont une influence sur le cours des choses mais ils n'en ont aucune.

 

Surtout ils arrivent rarement à trouver le ton juste, c'est-à-dire à la fois percutant et crédible, qu'on doit attendre d'une d'une bonne presse alternative.

 

Ce matin je lisais Le Monde diplomatique. J'ai souvent été critique à l'égard des prises de position de ce journal, pendant la guerre de Yougoslavie et celle d'Irak notamment. Mais aujourd'hui je dois dire qu'il est parmi les médias alternatifs français qui tiennent le mieux la route : du fait du spectre de sujet qu'il traite, et du sérieux des informations données. Schneidermann un jour a critiqué la longueur de ses articles qui lui donne un tour un peu académique et lourd. C'est assez vrai. Mais dans la galaxie antilibérale il reste au moins à l'abri de beaucoup de délires et de considérations inutiles dont la blogosphère nous abreuve.

 

Hier je prenais un verre avec un de ses contributeurs (et contributeur de l'Atlas alternatif), Nils Andersson, figure de la résistance intellectuelle à la guerre coloniale d'Algérie, et ancien chroniqueur à Radio Tirana, devenu un antiimpérialiste fort raisonnable, Coprésident de l'Association pour la défence du droit international humanitaire. Il faut absolument voir cette vidéo sur sa trajectoire : http://archives.tsr.ch/player/personnalite-andersson.

 

A part ça voici une autre vidéo interessante sur Vaulx en Velin et la Palestine :

 

 

 

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Chomsky à Paris, Yaoline à Bangkok, Carlos à Cannes

19 Mai 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

p1000207.jpgJe lis dans Le Monde Diplo que Noam Chomsky sera à Paris du 28 au 31 mai. Je demande à tout hasard à Jean Bricmont qui est un de ses amis s'il organisera une rencontre entre Chomsky et les contributeurs du Cahier de l'Herne qui lui est consacré. Lui ou la maison d'édition peuvent le faire : après tout une firme américaine de publication en ligne comme lulu.com organise bien des rencontres entre auteurs, pourquoi pas L'Herne ? Mais je sais qu'ils ne le feront pas. L'esprit qui consistait à mettre en contact les auteurs entre eux, qui était très vivace au début du 20ème siècle (qu'on lise "Si le grain ne meurt" de Gide par exemple), est absent de l'intelligentsia actuelle, sauf peut-être dans les milieux les plus bourgeois, chez les gros éditeurs. Ailleurs, les gens écrivent dans des livres, et puis basta, "adieu il pleut" comme on disait chez moi.

 

Enfin bon, je suppose que les jeunes "altermondialistes" du 5ème arrondissement (avec ce qu'il leur reste de jeunesse et ce qu'il leur reste d'altermondialisme) se masseront au Collège de France le 28.

 

Pour ma part, je n'y serai pas. Bourdieu, Chomsky, tous ces grands auteurs nous furent utiles au début des années 2000 à la grande époque de l'altermondialisme. Mais c'est comme Godard qui du haut de ses 80 ans ressort encore et toujours les mêmes blagues les mêmes citations : il arrive un moment où l'on sait d'avance ce que les grands auteurs vont dire, surtout quand ils vieillissent. Il faut aller au delà.

 

Aujourd'hui je pense à la capitulation des Chemises rouges en Thailande. Avec quelle légèreté ils se sont lancés dans ce combat : sans armes, et sans aucune chance de diviser les forces armées ! Surtout sans aucun relais à l'étranger pour obtenir des soutiens. Quel manque de sens stratégique !

 

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Yaoline Buntang (selon son pseudo d'Internaute) m'a nommé d'office administrateur du groupe des pro-Chemises rouges sur Facebook avec cinq autres personnes sans même me demander mon avis. Les gens prennent des habitudes de désinvolture sur le Net. Etait-ce parce qu'elle était pressée ? Les soldats frappaient-ils déjà à sa porte quand elle a composé sa liste d'administrateurs ? Je plaisante un peu, mais je devine que la situation doit être fort angoissante là-bas. Comme le dit Yaoline, la répression va pouvoir s'abattre sans attirer aucunement l'attention de l'opinion internationale. L'accusation de "crime de lèse-majesté" va fonctionner à tour de bras. Pire qu'en Espagne !

 

Au fait avez-vous vu la jolie gauche bobo parisienne se mobiliser pour le juge Garzon, à Sciences Po-Paris et dans le 15ème arrondissement derrière Anne Hidalgo ? Allez, pour une fois que les bobos font quelque chose de bien ne faisons pas la fine bouche : Garzon a besoin de soutien. Et ceux qui veulent la République en Espagne aussi !

 

Je tombe aussi dans les actualités sur la bafouille sans grand intérêt que Carlos adresse à l'acteur qui joue son rôle dans un film présenté au festival de Cannes. Je ne suis pas spécialement admiratif devant Carlos, quoique son itinéraire soit bien sûr plus estimable que celui de bien des guérilleros (des guérilleros salafistes notamment). J'avais assisté à une séance de son procès en 1997 à Paris. Le personnage ne m'a pas impressionné. Mais je veux bien croire que le film le caricature.

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PS : j'ai retrouvé mon compte-rendu de la séance du procès, le vendredi 19 décembre 1997 (il y a presque 13 ans déjà...). Je suis un peu surpris par la brutalité de mon propos à cette époque, contre tout le monde : les juges, le public, les avocats. Peut-être l'ardeur (ou le mal-être) de mes 27 ans. Je n'écrirais certainement pas comme ça aujourd'hui sur une séance judiciaire, même médiocre. Il y avait au fond trop d'idéalisme, trop d'attentes existentielles à l'arrière-plan de ce texte...

 

Le procès

 

En vacances cet après midi, j'ai fait un saut au palais de justice, histoire d'assister au procès du terroriste international Carlos.

 

Il est bon de voir un procès d'assise tel qu'en lui même, en dehors du regard biaisé que nous donnent les journalistes. Il nous faut perdre cette habitude de saisir toute réalité telle qu'elle nous apparaît sous le feu des projecteurs, après mise-en-scène, découpage, montage. Il la faut retrouver, telle qu'en elle-même, pour aussi sordide qu'elle nous semble

.

Commme c'était aussi le premier procès judiciaire auquel j'assistais, j'y suis allé avec mon point de vue "philosophique", c'est-à-dire en faisant table rase de tout, en me disant "voilà : il y a des hommes qui se réunissent pour juger un homme. Comment cela se passe-t-il ? " Dans ma tête c'était un peu comme si j'allais assister à un des premiers procès de l'histoire de l'humanité, à Athènes au Vème siècle avant Jesus Christ, au début du processus que décrit Vernant, lorsque l'Aréaopage abandonne son côté religieux pour laisser place au logos et à la contradiction.

 

Cette table rase me permettait d'être réceptif aux moindres détails, de m'étonner de tout, comme le recommandait Platon.

 

D'abord ce palais de justice, vieillot et imposant. Le public, dans la queue : des étudiantes en droit, bourgeoises, d'une connerie incroyable, qui se racontaient leurs rêves nocturnes et multiplaient les réflexions débiles, pendant une heure derrière moi. Au milieu de leurs caquetages, les propos passionnés et intelligents d'une grande femme pas très jolie qui expliquait à un étudiant son point de vue sur les reconduites à la frontière. Sans doute une militante des droits de l'homme. Il y avait tant de grâce dans ses gestes, tant de pertinence dans ses mots, que je crevais d'envie de lui parler. Mais que lui dire ? que j'étais juriste, spécialiste en chef des reconduites ? c'eût été si vain…

 

J'eus encore un éclairage sur la composition du public quand j'entendis derrière moi, dans la salle d'audience, un vieux qui n'avait pas son certificat d'études et qui expliquait que le SIDA est sûrement l'invention de quelque apprenti sorcier.

 

Il était important pour moi de bien saisir la nature de ce "peuple" au nom duquel la justice serait rendue, ce peuple dans sa diversité de physionomies, d'âge, de mode de pensée.

 

Dans ma soif de tout voir, tout comprendre, j'ai aussi observé les gendarmes, semblables à ceux que j'ai connus pendant mon stage en préfecture : braves gars, extrêmement polis et serviables, modestes, rigoureux. J'écoutais la façon dont ils résumaient les premiers jours du procès aux étudiants écervelés qui les interrogeaient à ce sujet. C'était instructif.

 

Instructive aussi l'atmosphère de prosaïsme qui se dégageait de cette salle. La couverture médiatique des procès gomme, aux yeux du téléspectateur, ce côté très terre-à-terre, humain, trop humain, dérisoire même d'une ambiance de tribunal.

 

La cour est entrée. Le président a interrogé les parents des victimes. Il y eut un moment d'émotion, parce que ces gens des victimes n'arrivaient pas à parler. Le premier a fondu en larmes. Dans le box, Carlos, en quinquagénaire moustachu de grande classe, prenait des notes.

 

Toutefois, l'émotion était  un peu ternie par le point d'honneur que tous mettaient a dire que leur père, flingué par Carlos, fils d'immigré italien, les avait élevés dans le culte de la non-violence, du refus de la haine, de la foi dans la démocratie. Pourquoi cette avalanche de bons sentiments ? L'émotion ne se suffisait-elle pas à elle-même?

 

Nouvelle fausse note encore : le témoignage d'SOS attentat. Fausse note à plus d'un titre. D’abord parce que c'était le discours institutionnel d'une structure qui revendiquait son aide aux victimes, reconnaissait les avoir soutenues – et, d'une certaine façon, encadrées, enfermées dans son discours. Fausse note aussi parce qu'on jugeait Carlos pour un crime de droit commun (l'assassinat de deux policiers) et pas pour des attentats. Que venait faire cette association à nous parler de l'explosion du Drugstore St Germain ?

 

L'avocate de Carlos l'a fait remarquer en prenant courageusement la parole. Elle a aussi contesté le fait qu'on ne pouvait pas entendre de témoins directs. Puis, emportée par son élan, elle s'est laissée aller à des imprécations assez faciles et mal formulées, du genre "je regrette que le jury populaire qui est le vrai tribunal n'ait pas eu accès aux pièces écrites."

 

Cette phrase n'eut qu'un mérite : celui de démontrer que la justice française n'est pas sereine. En effet, à ces mots, on vit le sang monter aux joues du président "Précisez votre pensée maître, hurla-t-il. Est-ce que ça signifie que le tribunal composé de magistrats professionels n'est pas le vrai tribunal ?" Ce coup de colère surprit toute la salle. J'étais vraiement sidéré car les coups de gueule à l'audience sont étrangers à ma culture professionnelle. Dans mon travail c'est la négation même de l'image que la justice doit donner d'élle-même.

 

L'avocate un peu destabilisée baffouilla, essaya de continuer son argumentation en affirmant que la procédure française était condamnée à l'étranger. On n'entendait pas bien, mais le président enfonca le clou : "vous savez que vous êtes à la limite de l'outrage à la cour !" encore deux mots et le président absolument déchainé suspend la séance en concluant "Très bien nous allons saisir le bâtonier !"

 

Stupeur dans la salle. Et là, la sottise gluante des gens reprend le dessus. Personne ne se demande si l’avocate avait raison sur le fond. Elle fait l'objet de l'opprobre générale du seul fait qu'elle a osé tenir tête au président. Les gens sont comme des enfants : "Oh la la ! ça va barder pour elle !" Les étudiants en droits se surpassent en sottise "Elle n'avait pas à contester le fonctionnement des assises à la barre. Elle aurait dû garder ses reflexions pour des articles dans les revues juridiques" (sic!)

 

Sursaut légitimiste, unanimisme stupide de la foule. On attend une heure. On remarque au premier rang des latinos qui parlent en espagnol. L'avocate s'entretient dans la salle avec un type qui porte une kieffeh. On a l'impression qu'on juge un autre monde, celui de la résistance palestinienne et du gauchisme des années 70, quelque chose qui a vécu.

 

On retrouve dans les comementaires bornés des gens à peu près tous les poncifs qui seront ensuite repris dans la presse.

 

L'audience reprend. Brève intervention du batonnier. Puis le Président se lance dans une lecture fastidieuse des dépositions de toutes les connes qui ont prêté leurs fesses et leur appartement à Carlos en 1975 - tout ce petit monde d'étudiants latinos et de paumés qui avaient tous, à l'époque, au plus vingt sept ans et que le malfra manipulait à sa guise.

 

Rien de grandiose dans tout cela. En plus, le président lit mal, et d'une voix monocorde. Tout le monde s'ennuie à crever. Carlos baille.

 

Après la médiocrité du public, les errements faciles de l'avocate, la nullité du président, c'est la banalité de ces journées de jullet 1975 et de la vie du terroriste qui sautent aux yeux. Belle démystification.

 

Finalement, je quitte la salle avant même d'avoir entendu la déclaration de Carlos qui sera rapportée aux infos télévisées du soir, une phrase du genre "Je suis un révolutionaire et je mourrai en révolutionnaire". Une phrase que la présentatrice du journal de vingt heures, avec sa bonne tête de jolie diplomé de Sciences po, lira avec un sourire futile et stupide. Une phrase assez belle, mais inactuelle, si absurde après la journée qu'on a vécue qu'on aimerait savoir pourquoi elle a pu surgir ainsi en début de soirée. Carlos a-t-il voulu se sauver in extremis de l'envahissante médiocrité ? il n'y est guère parvenu.

 

Cette comédie judiciaire anéantissait tout dans sa grisaille. On ne pouvait en tirer qu'une impression mélancolique, tragiquement désabusée.

 

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