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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #souvenirs d'enfance et de jeunesse tag

La Latgalie, un peu d'Histoire

3 Octobre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Peuples d'Europe et UE, #Divers histoire

Ayant en ce moment quelques velléités de retour en Lettonie où je m'étais déjà rendu en 2003 et que mon éditeur connaît fort bien, je me penche un peu sur la Latgalie, région d'origine d'une mienne amie, et seul district catholique dans une Lettonie protestante.

Le journal des débats politiques et littéraires du 19 février 1922, sous la plume de Léonce Juge, s'était penché sur cette région en disant qu'elle servait de "terrain d'infiltration à la fois aux influences russo-nationalistes, russo-communistes et polonaises". Il précise qu'en octobre 1921 l'assemblée constituante fut saisie d'un projet d'indépendance de la région et le premier ministre Miérovitch s'y est rendu. Les "bolchéviks, explique l'article, possèdent en Lettonie une réserve beaucoup plus considérable qu'ailleurs d'éléments communistes - groupés pour la plupart dans les villes et les bourgs de Latgalie". L'ex-représentant de Lénine à Riga, Ganetsky aurait utilisé la Latgalie pour contrecarrer le projet d'Entente baltique avec Varsovie lancé par les Lettons.

La Croix du 1er août 1922 allait aussi reprendre ces éléments d'analyse juste après la signature du concordat entre la Lettonie (qui comptait 1,5 millions d'habitants) et le Vatican.

"Ce qui favorise le communisme en Latgalie, note le journal, c'est d'abord le fait que les propriétés paysannes sont de peu d'étendue, et ensuite que la population de cette province est très hétérogène et de culture fort diverse. En outre, les habitants des campagnes latgaliennes gagnent difficilement leur vie 50 % de la population masculine de la région de Dvinsk travaillait autrefois dans les usines des grands centres industriels russes, principalement à Petrograd et- à Moscou. Faute d'une industrie active dans le pays même ou de relations faciles avec les provinces soumises aux Soviets, tous ces éléments sont maintenant inoccupés et, par conséquent, misérables. Or ils sont revenus de Russie déjà plus ou moins contaminés par le bolchévisme et, n'ayant trouvé à leur retour qu'un morceau de terre insuffisant à les faire vivre, ils constituent pour l'infiltration communiste une ayant-garde toute disposée à servir les buts révolutionnaires de l'Internationale rouge. A ces éléments s'ajoutent encore ceux qui proviennent de l'armée rouge et que celle-ci, depuis la; démobilisation commencée au, début de l'été dernier renvoie chaque jour dans leurs foyers. Ceux-là ont subi pendant trois ans l'influence de la déformation morale qui est au premier plan de l'éducation politique des masses en Sovdépie ils ont appris à renier tout sentiment patriotique et à persécuter chez les autres les moindres manifestations de ce sentiment; en un mot, ce sont des candidats tout prêts à l'anarchie et au brigandage."

Et puis il y a les Russes blancs. "La secte des «vieux-croyants» qui fut autrefois l'un des meilleurs soutiens de l'autocratie et du nationalisme russes forme aujourd'hui le noyau de ce nouveau bloc contre-révolutionnaire en formation, qui ne rêve rien de moins que de rétablir la Russie dans ses limites de 1914, hormis la Pologne et la Finlande. Or les « vieux-croyants » sont très nombreux en Latgalie; ils y luttent à la fois contre l'influence communiste et contre l'infiltration polonaise, contre les efforts du gouvernement letton pour assimiler cette province hétérogène et contre les menées lithuano-allemandes qui voudraient, en la rendant autonome, en faire une sorte de seconde Lithuanie germanophile sinon même germanisée"

Tandis que beaucoup de nobles agraires polonais qui possédaient la plupart des grandes propriétés latgales sont rentrés en Pologne, mais ceux qui restent gardent une emprise sur les paysans catholiques latgaliens peu instruits. Beaucoup qui n'ont pas les idées claires quand on leur demandent leur nationalité disent "catholique" et leur religion "polonais".

La Réforme des Charentes en 1928 allait se pencher sur la lèpre en Latgalie où les conditions d'hygiène étaient déplorables. 

En 1931 le Dr Grinberg, un des économistes lettons les plus connus, pour résorber le déficit budgétaire propose de vendre la Latgalie à la Pologne pour 50 millions de dollars (Express de l'Est des Vosges 1931)

L’écrivain Eriks Adamsons, dans l'entre-deux-guerres, situait en Latgalie la nouvelle "Une infinie pureté" (texte publié en France par les Eds Omnia Mea 2000).  Près du cimetière des "Vieux croyants" enfant sombre dans une mare immonde. Le sergent Beitans hanté par la pureté évite de le secourir et c'est un vieux-croyant russe barbu qui le sauve. Aux descriptions on reconnait la ville de Daugavpils (ex-Dvinsk), capitale de la Latgalie. La nouvelle a une portée universelle et en même temps elle doit dire quelque chose de profond sur cette "Galilée des Nations" qu'était la Latgalie.

Cette ville (Dunabourg en Allemand) avait été fortifiée par les Russes pendant 5 ans et prise par les Français en 1812. Elle était une fondation des chevaliers de l'Ordre du Glaive, ordre livonien autonome de l'Ordre teutonique en 1205. Son magistre Ernst Ratsenbourg y construisit un château pour la protéger des raids lituaniens. Ses ruines furent exploitées comme une carrière, puis elle fut reconstruite. Cédée aux Livoniens par le roi de Pologne, en 1559, elle fut la principale vive Livonienne de l'union livono-lituanienne, puis elle fut encore polonaise, puis suédoise, et russe, les Russes la récupérèrent au premier partage de la Pologne de 1772.

L'occupation russe fut lourde. Dans le Courrier du Gard du 26 août 1863 on lisait :

On écrit de la Livonie polonaise au Czas du 20 :

"Les moyens les plus odieux et les plus tyranniques sont employés contre les prisonniers politiques renfermés dans les cachots des forteresses de Dunabourg et de Vitepsk pour le obliger de signer une adresse de loyauté au czar.

Vous savez qu’en vertu d’un ordre de Mourawieff, chaque chef militaire de district peut aujourd'hui, sur la simple dénonciation de deux témoins, prononcer un arrêt de mort contre un Polonais.

Hier, un ecclésiastique malade, l’abbé Diszo, a été assassiné par un soldat dans l’hôpital militaire, parce qu’il était sorti sur le corridor. Nous voyons tous les jours ici des ecclésiastiques traînés à pied dans la forteresse pour l’instruction cl reconduits de la même manière sous une escorte de soldats.

Le conseil de guerre qui siège à Dunabourg a déclaré innocents l'ancien maréchal delà noblesse du district du Dunabourg, M. le comte Louis Piater , et Mme Sigismond Blynicka. Celte dernière avait été mise en prison parce que son mari avait échappé à une sentence de mort en se réfugiant à l’étranger. Malgré la déclaration du conseil de guerre, Mourawieff a ordonné la déportation du comte Piater et de Mme Brynicka à Orenbourg. Le général Dlotowski, gouverneur de Vitepsk, s’est empressé de faire partir Mme Brynicka pourOreubourg.dans la crainte que, vu son état de grossesse avancée, elle ne (ut mise en liberté aussitôt arrivée à Saint-Pétersbourg.

Le nombre de personnes déportées en Sibérie s’élève à plusieurs milliers. Des trains entiers de prisonniers arrivent jusqu’à Pskow, d’où les proscrits sont dirigés sur Orenbourg et la Sibérie.A Dunabourg, un vieillard, nommé Onaculeniez a été saisi, garrotté et envoyé à Orenbourg pour avoir reproché à un vieux croyant (raskolnik) de s’occuper de pillage et de rapines. Une masse de ces bandits n’attend qu’au signal pour recommencer les tristes scènes qui ont indigné le monde entier.

Dans le palatinat de Vitepsk et de Mohilew, comme dans la Livonie polonaise, les sbires de Mourawieff poursuivent l'extermination de l’élément polonais et catholique sur une vaste échelle. La plupart des domaines polonais ont été confisqués. Les agents moscovites menacent constamment d’extermination la population rurale si elle ne détruit pas elle-même les grands propriétaires. Si cela continue , toutes les classes éclairées de ce pays auront bientôt complètement disparu.

Bon nombre de propriétaires de Livonie se trouvent hors d’état de payer l’impôt de 10 ou 20 % que leur a imposé Mourawieff. On en profite pour les obliger à signer les adresses de loyauté au czar. S'ils persistent à refuser, on les dépouille de tout et on vend tous leurs meubles et immeubles, même les robes de leurs femmes.

Nous avons vu, la semaine dernière, à Dunabourg, les plus beaux sujets de race bovine vendus aux enchères publiques à 12 F. par tête. Les Israélites eux-mêmes ne se présentent pas à ces adjudications, ce qui laisse aux raskolniks et autres vagabonds toute latitude pour s'emparer à vil prix des dépouilles polonaises."

Dans la Lettonie indépendante de 1920, la ville était principalement juive, si l'on en croit "L'univers israélite" du 2 avril 1920 :

"La ville de Dvinsk se trouve sous deux autorités : polonaise et lettone. Les rapports entre les soldats polonais et la population juive ne font que s'envenimer. On arrête des Juifs dans la rue pour les employer aux corvées, on fouille dans les meubles pour voir s'il ne s'y cache pas de bolchévique; le rabbin de la ville, qui a poussé l'audace jusqu'à supplier qu'on ne lui retire pas un manteau de son armoire, a été maltraité.

Les rapports avec les Lettons sont meilleurs ; cependant toutes les barrières ne sont pas enlevées. Bien que les Juifs soient 60 % des habitants de la ville, contre 20 % de Polonais et la même proportion d'autres nationaités, la municipalité est constituée par 10 Lettons, 10 Polonais, 8 Russes et 3 Juifs.".

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JLG

14 Septembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma, #1950-75 : Auteurs et personnalités, #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

JL Godard est décédé hier le 13 septembre 2022 en ayant recours au "suicide assisté" pour cause d'épuisement... Il est regrettable que ce modus operandi intervienne alors que le président Macron fidèle à la philosophie de son mentor Jacques Attali, lance une "convention citoyenne" sur l'euthanasie, à l'heure où la culture de mort pousse symétriquement cette pratique et l'avortement dans tous les pays (il semble que la morphine ne suffise plus aux gens...).

Que dire ? Je l'ai souvent dit : l'oeuvre de Godard croisait souvent mon chemin depuis les années 1990 : la rétrospective Godard au début de l'été 1992 (si mes souvenirs sont bons, ou peut-être 1995) dans le Quartier latin, le cinéma Alphaville à Madrid en 1994. Rendez vous compte, même mon retour des enfers en 2014 eut un rapport avec Godard (il faut croire que cela avait un rapport avec les impasses de la condition masculine). J'ai eu ces dernières années l'impression que Godard avait un fort rapport avec l'occultisme (que cela fût conscient ou non), pas seulement du fait qu'il était hypnotisé par les jolies femmes. J'en ai plus ou moins confirmation quand j'ai aidé pendant le confinement un Abkhaze à traduire ses mémoires - plus précisément un Abkhaze qui avait eu directement affaire à la magie durant la guerre d'indépendance de 1992. Cet homme avait placé pratiquement tout son texte sous le patronage de l'éloge des sacrifices forestiers que Godard développe dans "Hélas pour moi".

Il fallait bien, semble-t-il, que l'ombre du créateur me poursuivit jusqu'au bout puisqu'un des abonnés de ce blog comptait parmi ses amis intimes (je l'ai appris fortuitement il y a quelques années). Je ne sais trop ce qu'il faut penser aujourd'hui de son oeuvre. Je suppose qu'on le trouvera bientôt très daté, comme la philosophie d'Althusser ou les poèmes de Théodore de Banville au XIXe siècle... Déjà je pense qu'il indiffère tous les moins de 30 ans. Qu'importe, chacun avec ses petits démons contribue à construire une époque, à l'influencer. Puis, tout cela passe...

Je ne sais pas ce que l'on aura gagné au fond à apprécier ou ne pas apprécier l'oeuvre de JLG. Très probablement on pourra vivre sans l'avoir connue.

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Pat Benatar "witchy"...

21 Mars 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Grundlegung zur Metaphysik

Pour les gens de la génération (nés dans les années 1970) qui avaient des parents qui aimaient bien chanter, sauf pour ceux qui ont grandi dans des familles bourgeoises portées sur l'opéra, il était impossible d'échapper à l'attrait du rock et de la pop music.

Ce soir j'écoutais des morceaux de Pat Benatar dont les tubes font partie des morceaux qui ont le moins mal vieilli, du fait du mariage formidable des guitares électriques et de son incroyable voix. Sur You Tube, un prof de chant, Ken Tamplin souligne dans ses vidéos comment l'effet qu'a produit cette voix quand elle est apparue dans le paysage américain et toutes les récompenses que cela lui a valu. En 7 ème minute de sa vidéo d'ailleurs il y a une jeune nana qui interprète remarquablement bien son tube "Shadows of the Night"...

Quand elle a sorti "We belong", j'avais 13 ou 14 ans. J'étais peut-être un peu trop "pollué" par l'italodance, dans le registre féminin américain, seules Dona Summer, la chanteuse de Berlin et Irene Cara (c'est à dire des musique très "synthé" très "Giorgio Moroder") étaient parvenues à se frayer un chemin dans mes oreilles.

Je n'ai pu m'ouvrir au "son" Benatar qu'en mûrissant un peu. Il fut beaucoup à l'arrière-plan de mon engagement de mes 29 ans contre le bombardement de la Yougoslavie en 1999... cet engagement à propos duquel l'écrivaine Annie Ernaux allait me dire que mon investissement affectif total en certifia la vérité - aujourd'hui j'ai des doutes à ce sujet, mais je sais qu'il ne pouvait en aller autrement de toute façon. Surtout "Love is a Battlefield"... La webmaster serbe de notre site d'info alternative aussi avait ça dans les oreilles... cette dame décédée en 2019, que, six mois avant sa mort j'essayais encore en vain de convaincre de ne pas accepter de mettre des éloges de David Bowie sur sa page Facebook.

Ce genre de musique nous dépassait, faisait éclore en nous des dimensions de notre être complexes, inconnues.

Je suppose que j'aurais manqué d'humanité si je n'étais pas passé par toutes ces erreurs et si je n'y avais pas mis tout mon coeur... et bien des larmes... On ne peut hélas pas rester dans une coquille pure, là où il n'y a pas d'erreur (d'erreur de bonne foi comme celle à laquelle Pat Benatar nous portait), il n'y a pas de rédemption possible, et pas de vertu non plus. Il n'y a que frilosité, et hypocrisie...

Aujourd'hui je voudrais encore croire que ces musiques étaient innocentes... Et puis je tombe sur une image comme celle-là.

Sol maçonnique, chouette à la main. Plus "witchy" que ça, tu meurs... Digne de Stevie Nicks...

Un ami blogueur qui a mon âge mais qui vit dans l'enfer du Paris d'Anne Hidalgo, avec qui avant ma conversion nous partagions nos goûts communs pour la pop, continue de me dire "et alors ?"... Et alors, elle pose devant un sol maçonnique, et alors, elle a une chouette à la main... et alors ? je peux aimer sa musique sans partager ses démons...

Voire... J'ai connu un petit bonhomme qui voyait des serpents noirs sur les bras des gens qui dansaient en faisant des cornutos... Et quand je relis les horreurs que j'écrivais lorsque j'écoutais "dévotement" ce genre de musique, j'émets aujourd'hui - à regret je l'admets, mais avec constance - les doutes les plus vifs sur la bénignité de ces airs. N'est-ce point le musicien John Todd qui assurait que les producteurs jetaient des sorts sur les disques après leur enregistrement ? Après cela je ne m'étonne pas d'apprendre que les membres de sociétés secrètes adeptes de la magie noire  Brad Pitt et Angelina Jolie ont acheté en France un château qui servait de studio d'enregistrement (voire de rituels des plus inquiétants).

L'envoûtement musical est à ce prix. Notre nature faible aime les musiques cadencées. Le maître des percussions (Ezechiel 28:13) lui en fournit à volonté et la conduira où il voudra, comme le joueur de flûte dans la chanson des Led Zeppelin (les grands admirateurs d'Aleister Crowley)...

Non, décidément il est des addictions auxquelles il vaut mieux renoncer tant qu'il est encore temps.

Je renvoie donc Pat Benatar à mon passé, et vais me coucher avec des airs plus calmes.

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Décès de la personne qui m'avait présenté Pierre Bourdieu en 1990

4 Mars 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Béarn, #La gauche, #Divers histoire

J'ai appris aujourd'hui le décès, à l'âge de 91 ans, de Pierre Labarrère, l'homme qui m'a fait rencontrer, le 13 août 1990 le sociologue Pierre Bourdieu. C'est cela qui m'avait conduit ensuite à m'investir dans la sociologie, jusqu'à obtenir un doctorat dans cette discipline.

Pierre Labarrère, entrepreneur en construction, qui, enfant unique, avait repris l'entreprise de maçonnerie de son père (mort à 65 ans en tombant d'un toit) faisait partie de ces nombreux hommes qui, dans la génération de mes parents, auraient pu suivre des études jusqu'au bac si, à l'époque, dans les années 1948-50, il n'avait pas existé une barrière sociale pour la poursuite des études après le certificat d'études. Sa mère, morte à 83 ans, originaire de Lasseube, était femme de ménage à plein temps au magasin de chaussures Menou à côté de l'église (qui vendait des galoches et des sabots pendant la guerre, et où elle se rendait elle-même en sabots).

Il n'avait jamais quitté le village natal de ma mère, qui est aussi mon village d'enfance, village où l'Eglise catholique, dans l'immédiate après-guerre, régissait la vie sociale, et donc c'est dans son giron qu'il s'était initié à la musique (et il continuait à jouer de la trompette à l'église pour les grands occasions dans les années 2000), même s'il avait été instruit à l'école laïque communale. Sa cousine germaine, qui habitait à côté de chez lui, avait été à l'école avec ma mère, elles ont un an de différence.

Quand j'ai commencé à le croiser dans les années 1970-80, il était artisan, au volant de sa fourgonnette à sillonner le village, impliqué dans l'organisation syndicale de sa profession, et aussi dans le militantisme socialiste "tendance Jaurès", disait-il, du temps où Pau avait un maire illustre qui était son homonyme de même tendance politique. Vieux célibataire, il avait toujours des idées avancées : il défendait avant tout le monde le végétarisme (ce qui, me semble-t-il, est aussi nuisible à l'âme que le mitterrandisme... mais bon...), les panneaux solaires etc.

A partir de la 2ème minute de cette vidéo que j'avais tournée en caméra cachée le 14 février 2020, il parle de Bourdieu. Il explique que la soeur ainée de sa mère était, à Lasseube, voisine du bureau de poste où officiait le père de Pierre Bourdieu comme facteur-receveur. Bourdieu a évoqué tout cela dans Le Bal des Célibataires, et son Esquisse pour une auto-analyse. Ils avaient donc été amis d'enfance pendant les vacances.

Dans cette brève interview, Pierre Labarrère manifeste sa grande mémoire, qu'il entretenait en se récitant par exemple les préfectures et chefs-lieux d'arrondissements et de cantons de tous les départements de France.

Après la publication de mon livre sur les médiums, je le lui avais envoyé, espérant le sensibiliser aux questions du monde invisible et à l'importance de la rigueur spirituelle. Mais il l'avait seulement parcouru avec une vague curiosité sans que cela ne le touche vraiment. Je l'avais encore revu à l'été 2021, mais il était alors très diminué et avait perdu l'appétit d'une manière inexplicable.

Son décès fait suite à celui de l'aîné de mes oncles maternels l'an dernier. Toutes ces personnes sont peu à peu remplacées par d'autres dans le village de mon enfance. Pour moi c'est un univers qui glisse vers le néant.

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Sur la question des transclasses

3 Mars 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Une jeune femme qui exprime des choses que j'ai vécues aussi, 22 ans avant elle, avec des particularités de genre et d'origines géographiques un peu différentes. J'en ai parlé dans un de mes livres, je vous laisse deviner lequel.

Pour le reste, je pense que si cette femme avait un arrière-plan spirituel véritable (et pas le rationalisme athée qu'elle étale sur sa chaîne), elle situerait ses souvenirs dans une perspective bien meilleure (mais je ne prétends pas que la spiritualité soit en soi un remède aux problèmes sociologiques, comme elle ne l'est pas aux tares psychologiques ou physiques).

Je précise que je ne suis pas fan de ce genre de vidéo, qui m'est tombée sous les yeux cet après-midi (proposée automatiquement par You Tube), et qui tourne facilement à la masturbation égocentrique, et à l'exhibitionnisme névrotique, sous couvert d'être utile aux autres, au même titre que les  "tutos maquillage" ou les "tutos placement en bourse" (tout cela relève du piège du www), mais je me disais que le sujet changeait un peu de ceux que je traite habituellement ici. Comme vous le voyez, je pense aussi à vous divertir ! Rien n'est pire que les blogs monomaniaques hyper-spécialisés. Le mien n'entrera jamais dans cette catégorie, j'espère (pour autant que je doive continuer à en entretenir un...).

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Mon livre sur l'ingérence de l'OTAN au salon du livre de Novi Sad (Serbie)

2 Mars 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications, #Peuples d'Europe et UE, #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Débats chez les "résistants"

Mon livre sur l'ingérence de l'OTAN en Serbie sera en vente à la Foire internationale du livre de Novi Sad en Serbie à partir de ce mercredi. 5 000 visiteurs sont attendus sur une semaine.  Mon éditeur y tient un stand. Novi Sad, fière cité de la Voïvodine, a été nommée par la commission européenne capitale européenne de la culture pour l'année 2022.

N'oublions pas que, semblable à l'actuelle russophobie, il y a 23 ans il y avait en France et en Europe une serbophobie extrême dont les promoteurs étaient les mêmes. L'OTAN à l'époque bombardait sauvagement les ponts de Novi Sad sur le Danube avec des bombes à l'uranium appauvri à la grande satisfaction de Monsieur Tout-le-monde autour de moi.

PS : Bon, un peu dommage que le salon s'appelle "Migration des âmes" dans un sens chamanique et accueille un groupe musical sataniste comme Enigma... Mais les œuvres des Ténèbres se glissent partout hélas... Serait-il plus rigoureux de ma part de demander à mon éditeur de brûler tout mes livres et de ne plus chercher à faire entendre mes témoignages nulle part ?

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Décès de Me Roland Weyl

7 Mai 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #La gauche, #Colonialisme-impérialisme

Quand je travaillais à Versailles, il y a 14 ans, une magistrate de droite m'avait dit "J'apprécie beaucoup maître Weyl, même si je ne partage pas ses idées, et puis il a ce style de la vieille génération, il me rappelle mes aïeux". Elle appréciait la douceur de sa voix alliée, dans ses plaidoiries, à une concision et grande précision du style (et de mémoire sans lire aucune note). Même quand il plaidait à Versailles en terre royaliste cet avocat communiste ancien résistant faisait bonne impression. Moi je me souviens qu'il avait signé l'appel de Bruxelles que nous diffusions en 2000 contre l'ingérence de l'OTAN en Serbie - voyez mon livre sur le sujet (L'Obs signale son nom dans la liste des signataires avec une faute d'orthographe). Comme le rappellent ses biographies il s'est opposé à toutes les guerres d'ingérence, au Proche-Orient, en Afghanistan etc, l'embargo sur Cuba et sur le Venezuela, ainsi que l'occupation de la Palestine.

Il s'est éteint à l'âge de 102 ans le 20 avril dernier.

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Querelles à Sciences Po

9 Avril 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse, #Le monde autour de nous

Amusantes querelles pour la nomination du futur directeur de Sciences Po après le départ de Frédéric Mion (un garçon que j'ai bien connu jadis), emporté par la vague Duhamel.

Une tribune dans Libération à la suite du rejet la candidature de Nonna Mayer, sociologue de l'extrême droite, ex directrice de recherche au CNRS trop engagée dans la théorie du genre, le décolonialisme et la lutte contre l'islamophobie aux yeux des Républicains et des conservateurs.

Moi qui ai toujours l'esprit mal placé, je "m'étonne" que le collectif de chercheur qui soutenait Nonna Mayer invoque la position de l' "American Political Science Association" sur le débat autour de cette candidature. Qu'est-ce que c'est que cette chose là ? Qu'est-ce que ça vient faire dans nos affaires franco-françaises ? Apparemment il s'agit d'une vieille institution wilsonienne basée à Washington DC actuellement présidée par une obscure méthodologiste. Je suppose qu'il y a là un symptôme de "'intégration transatlantique" du champ de la recherche... Sur ce volet aussi, oubliez la souveraineté nationale...

Allez, j'illustre ce billet avec une photo de la rue Saint Guillaume en 1989... du temps où j'y étudiais... quand j'avais un regard encore frais et naïf sur ce microcosme.

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