La forme "livre"
De même j'avais des réserves à l'égard de la quatrième de couverture.

Je suis très serein par rapport à l'avenir de ce livre. Je sais qu'il ne se vendra pas et n'intéressera pas grand monde. Je ferai juste ce que le service de presse me demandera, en leur conseillant quatre ou cinq journalistes. J'irai chez les médias qui me sollicitent, mais je ne consacrerai pas à la promotion de ce livre l'énergie investie, en pure perte, dans celle de l'Atlas alternatif. L'âge rend raisonnable. Je ne me fais plus d'illusion.
Pendant un temps j'ai cru que je cesserais d'écrire des livres après ces Dix ans sur la planète résistante, que ce serait mon testament. Mais je pense que tel ne sera pas le cas. Il y aura sans doute un tome 2, tout comme je continuerai à écrire des livres dans d'autres registres. La "forme livre" est nécessaire. Il y a 10 ans, on pensait qu'Internet abolirai le livre. Mais ça ne peut fonctionner ainsi. Je peux poster sur un blog des billets d'humeur. Sur un autre site des textes plus longs. Mais jamais des choses assez longues pour avoir la richesse et la cohérence d'un livre. D'ailleurs je trouve que la forme livre est elle-même parfois trop courte pour traiter certains sujets, notamment pour le bilan de mes dix ans de militantisme. Il faut s'y résigner : on ne peut éviter de continuer à écrire des livres. Même si tout le monde le fait, et même si ça ne touche presque personne. Si on atteint trois lecteurs, si on leur parle vraiment en profondeur par ce biais, cela fait déjà trois bonnes raisons de continuer.
Je pense que mes "Dix ans", qui ne seront lus que par vingt habitués des combats anti-impérialistes à Paris, passeront pour un livre assez égotique dans le milieu de ces lecteurs. On dira peut-être que je ne mets pas assez en valeur le "nous". Les gens qui ont relu livre ne me l'ont pas dit, mais c'est parce qu'ils sont très gentils. Le risque est là. En même temps on voit bien que le "je" a séduit l'évaluatrice et la directrice de Thélès, et séduira sans doute un ou deux autres esprits littéraires. Un éditeur d'extrême gauche a refusé de me publier en disant "ce livre est trop personnel" - alors pourtant que j'ai beaucoup "raboté" les spécificités de mon ego dans cet ouvrage -. Il a eu tort. Le "je" est une bonne porte d'entrée dans les combats politiques de nos jours. Je crois d'ailleurs que c'est un aspect qu'Edgar du blog La lettre volée a souligné sur son site, et aussi dans les colonnes du présent blog. Le "je" ne doit pas jouer contre le "nous", mais parfois l'honnêteté elle-même commande de rester à la première du singulier, afin d'éviter l'imposture du "on" ou de la fausse représentation collective du "au nom de...".
FD
Votre autodéfense nous insupporte (suite)

Notez bien l'absurdité de cette affaire (qui est celle de notre monde colonialiste) : le Ministre français convoque un ambassadeur chinois pour le sermoner, lui signifier que lui, ministre des affaires étrangères français, a tous les droits de soutenir les séparatismes qui menacent la Chine, et qualifie de "pressions" le souci légitime dudit ambassadeur de défendre en retour l'intégrité territoriale de son pays.
Aux amateurs de publications

Puppet on the string
Je me suis mis à lire Beigbeder et relire Houellebecq (ses deux auteurs fétiches) pour mieux comprendre son univers mental.
"Iran : nouvelle provocation"

Les "non" illégitimes

"J'ai le sentiment que les européistes sont si convaincus que les souverainetés nationales sont dépassées qu'ils traitent le "non" français de 2006 comme une sorte de sécessionisme à la manière de celle des partisans de la Padanie en Italie. Plus ou moins consciemment (mais cela transparaît bien dans leur discours conscient), ils se disent que la France est un pays riche, notamment riche de ses politiques sociales, de son système de santé (une "Union soviétique de luxe" disait The Economist*) et qu'à ce titre il est normal qu'elle veuille faire sécession, comme la Padanie veut quitter l'Italie, parce qu'elle est plus riche (en valeur ajoutée) que le Sud. Mais à leurs yeux un principe premier d'unité légitime qu'on ignore le "non" français à l'Europe, comme aux yeux des Italiens est inacceptable le "non" padanien à l'Italie qui pourrait émerger si un référendum y était organisé. Nous sommes devenus les Padaniens de l'Europe... "
* en fait l'expression "luxury Soviet Union" à propos de la France figure dans le Sunday Times du 12 août 2007 sous la plume de (http://www.timesonline.co.uk/tol/news/world/europe/article2241652.ece?print=yes&randnum=1186920036640). Mais je suis pratiquement sûr de l'avoir lue dans "the Economist" auparavant.
Médias
Que restera-t-il de notre époque ? Que restera-t-il de toute cette écume journalistique, et notamment du journalisme politique de Finkielkraut, si superficiel, dont j'entendais encore une émission ce matin ? - Finkielkraut dit la même chose depuis 20 ans, par exemple sur l'opposition entre le 68 tchèque et celui de Paris, c'est de la pure propagande. Que restera-t-il aussi de ce journalisme ampoulé de Ramonet qui dit des choses justes mais les gâche avec des "en quelque sorte", "d'une certaine manière" qui donnent le sentiment qu'il ne croit pas en ce qu'il dit - parce qu'à Paris il est toujours important de ne jamais trop croire (voir les vidéos ci dessous).
Mais poser la question de cette manière, c'est peut-être déjà faire preuve d'un trop grand optimisme. C'est penser que quelque chose de l'intellect humain survivra à la contamination journalistique pour pouvoir un jour la dépasser et la juger rétrospectivement comme un accident du passé, or rien dans les institutions (dont toutes peuvent être balayées par la démagogie et le marché souverain) ne garantit la moindre survie d'une indépendance intellectuelle l'égard de ce phénomène.
Il y a un risque dans le slogan "don't hate the medias, be the medias" : que tout le monde se résigne à n'avoir qu'une approche médiatique du monde, même sur un mode alternatif.
Lacrimas de oro
Non sans raison certains de mes proches nomment Ingrid "bête en cour". Dans quelques années, si les gens ne sont pas complètement abrutis, ils riront des enthousiasmes de nos médias pour cet individu. Voir http://lesesprits-de-l-escalier.20minutes-blogs.fr/archive/2008/07/03/ingrid-bete-en-cour.html
ARAC

J'ai rendu visite avec quelques amis mardi dernier à l'Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC) à Villejuif.
C'est une structure très intéressante fondée par Henri Barbusse après la Première-Guerre mondiale. Ce fut longtemps un syndicat d'anciens combattants attaché au Parti communiste français. Son nom complet aujourd'hui est "Association Républicaine des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, des Combattants pour l’Amitié, la Solidarité, la Mémoire, l’Antifascisme et la Paix." C'est typiquement le genre d'institution dont notre société, et particulièrement, en son sein, le mouvement anti-guerre, ont besoin. Ancrée dans le passé, elle ne se contente pas de défendre les intérêts de ceux des anciens combattants qui en sont membres (j'ignore quelle part des 4 millions cela représente), mais elle défend aussi une mémoire que les forces impérialistes, notamment sous l'impulsion actuelle de Sarkozy, cherchent à réécrire. Ayant moi-même été très attentif au témoignage de mon grand-père, ancien combattant de la guerre civile espagnole, qui d'ailleurs portait celui de son propre père, combattant à Cuba en 1898, je puis dire que ces hommes qui ont été traités comme du bétail (et ils le furent dans tous les pays et dans toutes les guerres) lorsqu'ils ont le courage d'assumer un point de vue critique, pacifiste, de gauche, ont une force considérable pour dénoncer les intérêts financiers qui ont poussé les peuples aux conflits, le cynisme avec lequel l'humanité est instrumentalisée en pareil contexte, et leur voix, à ce titre, est absolument essentielle.
Le passé compte comme socle de compréhension du monde tel qu'il nous est donné. Il est aussi, dans le cas de l'ARAC, une source d'inspiration pour une action sur l'avenir. "Non à la mondialisation capitaliste par les profits et par les armes... Oui à la mondialisation par la paix et par la solidarité des peuples" proclame leur document d'orientation de janvier 2006 (http://www.arac-et-mutuelle.com/Arac/article.php3?id_article=82). Cette action, si j'en ai bien compris la philosophie, passe par une solidarité avec les peuples résistants que la France et ses alliés ont persécutés. Il ne s'agit pas seulement de rendre hommage aux victimes de la folie impériale de nos dirigeants, mais de contribuer à réparer leurs fautes pour construire un avenir planétaire sur de meilleures bases fraternelles. L'initiative que l'ARAC met le plus en avant est le Village de l'Amitié (image à gauche) créé en 1994 en collaboration avec des associations d'anciens combattants d'autres puissances occidentales. Son objectif est d’aider, soutenir et héberger des enfants et des adultes victimes de l’effet du défoliant appelé " l’agent orange " (Dioxine), déversé sur les campagnes et les forêts vietnamiennes par les troupes états-uniennes (la France, elle, avait débuté le processus en balançant du Napalm sur la population indochinoise comme elle l'avait fait aussi en Algérie). Une grosse centaine de personnes (mais le nombre total de victimes qui pourraient prétendre à un traitement s'élève à 700 000 voire 800 000) y sont soignées chaque année. L'ARAC a aussi des projets d'actions de solidarité avec d'autres pays victimes encore aujourd'hui du cynisme planétaire comme la Serbie où l'on entretient, dans l'ignorance complète de l'opinion publique française, les tombes des anciens combattants français morts dans les Balkans entre 1914 et 1918, et Cuba, qui compte un grand nombre de vétérans de guerre qui menèrent un combat illustre en Afrique contre l'apartheid.
Rencontre franco-vénézuélienne de solidarité, 3 juillet 2008

J'ai assisté hier à la "Rencontre franco-vénézuélienne de solidarité" organisée par l'Ambassade du Vénézuéla à la Maison d'Amérique latine à Paris. Le panel des invités montre que le régime bolivarien bénéficie de soutiens dans un évantail très large de la gauche institutionnelle française puisque se trouvaient là outre Jack Lang ancien ministre socialiste, des représentants du PCF, du MDC, de PRS, de l'UNEF, sans oublier Ignacio Ramonet ancien patron du Monde Diplomatique. La soirée était introduite par une exposé du professeur Miguel Angel Perez Pirela. En voici, ci dessous, quelques extraits.