Les médias alternatifs, la Syrie, les Kurdes, la Crimée
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Ce blog conserve un nombre assez stable de visiteurs. Du fait que le nouveau dispositif d'Overblog ne fournit plus d'analyse statistique des provenances et a bousillé le lien Google analytics qui me permettait d'en avoir, je n'ai plus aucune idée du profil des gens qui me lisent. Je continue malgré tout à écrire pour eux par fidélité à mon parcours depuis 20 ans, aux livres publiés etc. Je sais bien que Frédéric Delorca n'existe pas dans l'espace du débat public. Il existe encore moins qu'il y a 12 ans du temps où un éditeur était prêt à lui confier la rédaction de l'Atlas alternatif. La diversité de mes centres d'intérêt, l'indépendance de mes prises de position (qui souvent n'hésitent pas à questionner les certitudes des gens qui me sont intellectuellement proches) ont eu raison sans doute de la patience de beaucoup de gens qui aiment à lire les blogs pour y trouver des confirmations de ce qu'ils pensent et de ce qu'ils aiment. Je ne suis cité nulle part, ce qui m'évite d'être mal compris ou critiqué par des gens de mauvaise foi. Et de toute façon, je me console aisément de cet état de fait, en me disant que, même si j'avais ma "petite boutique" avec sa clientèle "fidèle", cela ne servirait pas à grand chose. Supposons que le Monde Diplomatique par exemple ait tenu sa parole de 2012 de publier un de mes articles, à quoi cela m'eût il servi ? J'aurais eu plus de "visibilité" à Paris, on m'aurait peut-être proposé de faire paraître un livre (dans le meilleur des cas), mais j'aurais aussi perdu de ma liberté d'esprit en étant de plus en plus enclin à écrire dans le sens de mon milieu de sociabilité, ce qui aurait borné mes horizons, et je n'aurais pas eu plus de poids pour autant dans le débat public.
Dans Le Monde aujourd'hui, Emmanuel Todd publie un énième article narcissique commençant par "moi le type incomparable qui a le premier annoncé la chute de l'URSS" ou quelque chose dans ce goût là. Voilà à quoi conduit le statut de l'intellectuel "engagé" qui a pignon sur rue. Ca n'a vraiment pas beaucoup de sens.
Quant au grand projet de "médias citoyens" auxquels les gens croyaient il y a 15 ans, et dans lequel j'avais ma place avec mes blogs, tout le monde en est revenu. "Don't hate the medias be the medias" disaient-ils. Oui, mais ceux qui écrivaient cela nous ont gavés de foutaises dans les années 2000-2010 en nous annonçant par exemple tous les jours en 2012 que les kadhafistes reprendraient prochainement le pouvoir en Libye. Ce matin, je lis qu'un colonel du Fatah a été tué au Liban. La source qui a révélé l'information sur place a téléphoné à l'AFP... pas à Michel Collon ! Malgré tous les biais d'approche de nos grands médias menteurs, ceux-ci restent une source incontournable, et les gens qui veulent se faire entendre savent qu'il ne sert à rien de s'adresser à des petites boutiques périphériques.
On continue d'écrire pour se faire plaisir sur de petits blogs à faible lectorat pour se donner l'impression de ne pas être complètement réduit au silence ou au désespoir par le système politico-économique mondial, mais on sait bien (quand je dis "on" je pense à pas mal de journalistes dissidents que je connais, y compris parmi mes amis) que nous avons échoué à inverser les rapports de force dans le champ médiatique, et à faire d'Internet l'arme de cette inversion.
A part cela, le tour d'horizon de l'actualité estivale n'est pas enthousiasmant. Les tentatives de déstabilisation du monde musulman par Daech sont une espèce de spectre qui plane sur les relations internationales, et qui légitiment beaucoup de folies. Par exemple, je lisais il y a peu que les Etats-Unis se vantaient d'avoir infiltré en Syrie par la frontière turque une armé d'islamistes "modérés" équipée par leurs soins pour aller combattre Daech. Ce genre d'initiative n'est pas acceptable. Bien sûr nul ne sait ce que ces mercenaires sont réellement censés faire en Syrie, ni contre qui ils se retourneront. Les opérations militaires contre Daech doivent être menées en collaboration et en concertation avec le gouvernement légal de la Syrie, quoi que l'on pense par ailleurs de ce gouvernement. Il en va de même des frappes d'Erdogan. On voit bien que celui-ci a obtenu un blanc-seing de Washington pour bombarder le PKK kurde en échange de sa participation à l'écrasement de Daech. A la différence de beaucoup d'anti-impérialistes radicaux, je ne veux pas minimiser l'importance de son engagement d'Ankara contre Daech, ni le coût que cela implique pour elle, en termes de représailles terroristes notamment. Mais il est inadmissible que cela se fasse au détriment de la souveraineté syrienne et de la résistance kurde, fort malmenée en l'occurrence alors même qu'elle s'était engagée dans une trêve et que son versant politique s'insérait remarquablement bien dans le nouveau jeu parlementaire turc.
Je vous ai dit il y a peu mon intérêt pour les Kurdes (notamment pour les Yézidi) et je vous en reparlerai prochainement. Mais il ne faut point que cet intérêt se paie de lourdes injustices. Je vois en ce moment le PCF dans les villes de province organiser des manifs de solidarité avec les Kurdes turcs attaqués par Daech. Ce genre de mobilisation est très contestable. Car elle confère aux Kurdes le statut de "victimes à part". On comprend que la Front de Gauche aime la résistance kurde qui est plutôt plus laïque et démocratique que les autres (même si la société kurde, elle, ne l'est pas autant qu'on le croit). Mais on ne peut pas s'émouvoir d'un massacre de Kurdes plus que d'un massacre de Chrétiens ou d'Alaouites. Or je n'ai jamais vu le PCF pondre le moindre communiqué quand des villages de ces communautés en Syrie ont été attaqués par Daech ou Al Qaida au cours des dernières années. Est-ce à dire que les êtres humains de ces groupes n'ont pas droit tout autant que les Kurdes à la paix et à leur intégrité ?
Pour finir un mot sur la Crimée : je trouve très bien qu'un groupe de parlementaires de l'ex-UMP (les Républicains) s'y soient rendus. A mon sens le Front de Gauche aurait dû aussi y envoyer une délégation. Je sais bien que dans genre de visite on vous présente souvent des villages Potemkine, et que le référendum criméen de 2014, survenu sous le contrôle de militaires russes, avec des listes électorales et des moyens de propagande électorale prêtant à caution, s'apparentait plus à un plébiscite qu'à une opération réellement démocratique. Néanmoins on ne peut nier que les Criméens, rattachés injustement à l'Ukraine dans les années 50, se sont toujours majoritairement sentis russes et avaient un intérêt à rejoindre la Fédération de Russie, comme les habitants du Donbass à s'affranchir de la tutelle du gouvernement putschiste pro-occidental russophobe de Kiev. Ce genre d'opération n'est pas plus illégal que les sécessions du Kosovo ou du Sud-Soudan applaudies par nos grands médias, et suit une logique de recomposition de frontières mal dessinées à l'époque soviétique. L'ex-ministre Mme Morano a dit il y a peu que les difficultés de nos éleveurs étaient dues au moins en partie à la rupture des relations commerciales avec la Russie. J'ignore si c'est vrai, mais en tout cas il est urgent de mettre fin à la logique de guerre froide dans laquelle le coup d'Etat ukrainien nous a plongés.
Fête des bergers à Aramits
J'étais hier à Billère, en Béarn, où des commerçants ont lancé il y a peu une monnaie alternative, la "tinda" (prononcer tinde), non spéculative, dont l'AFP a parlé récemment. Le design des billets ne me plait guère, mais c'est une initiative qui mobilise des "énergies positives" comme on dit.
Aujourd'hui, plongée dans l'ambiance de mon roman "La révolution des montagnes" (Editions du Cygne) : j'étais à la fête des bergers d'Aramits (la capitale de la vallée du Barétous, qui a donné son nom au mousquetaire Aramis des Trois mousquetaires.Poutou des bois au menu.
La musique que l'on entend dans la vidéo ci-dessous est une chanson que j'avais apprise à l'école primaire.
"Pattes blanches" de Grémillon
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Vu « Pattes blanches » de Grémillon, un cinéma toujours aussi surprenant sur le plan technique : des images très rapides, une narrativité nerveuse, avec des plans arrêtés qui ponctuent le récit de moments expressifs. L’histoire est belle. Dans la Bretagne profonde des années 30 ou 40, le prolétariat (une servante de bar) ramène la vieille noblesse à la vertu, au bord du précipice de la modernité bourgeoise. Le capitalisme bourgeois ce n’est pas le riche banquier. C’est le petit tenancier de l’auberge du village, et sa poule de Saint-Brieuc, celle qui passe de main en main depuis l’enfance (« j’en ai marre que les hommes me touchent et me sentent » dit-elle peu avant de mourir), de braves gens qui n’ont guère qu’un défaut : celui d’avoir placé l’envie au dessus de l’honneur (« Plutôt mourir que faillir », dit la devise de l’aristocrate). L’attachante servante moche et bossue, elle, n’a que des envies pures, parce qu’elle n’a rien à perdre, même pas l’honneur, comme elle l’explique au noble dont elle est tombée amoureuse.
Bien avant la publication en France des livres de Marcuse, Grémillon et Anouilh (le scénariste) avaient compris que l’embourgeoisement (et l’avilissement moral qui va avec) passait par la femme et l’amour. Il fait système au détriment des personnages et les broie. L’humour n’est pas absent, notamment sous la forme d’un clin d’oeil rapide quand, au moment du mariage de l’aubergiste, quelqu’un propose de chanter le Temps des Cerises mais personne ne le connaît (l’espoir du dépassement par le socialisme est résolument absent). Le chamanisme non plus en la personne de la vieille sorcière qui cueille des « simples ». Sa disparition comme par enchantement investit le récit d’une connotation surnaturelle. On peut croire qu’elle et son fils, le « corniaud » demi-frère du comte, orchestrent la malédiction, dans la pure veine de la vengeance privée, façon Antigone (une justice dont le comte était adepte depuis le Moyen-Age). L’ange rédempteur est la petite boniche, celle qui ne « faillit » pas.
Arguments libéraux au soutien de Merkel
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Le point de vue d'un libéral, Marc Crapez, dans Le Figaro :
"Angela Merkel estime que l'absence de crédibilité des règles établies se trouve à l'origine des difficultés de l'Union: «La plus importante des valeurs a été perdue, il s'agit de la confiance et de la fiabilité». Ce que le mark incarnait. L'éditorialiste David Brooks [ndlr: du New York Times] soulignait, il y a quelques années, que les Allemands «défendent les valeurs, le mode de vie et le contrat social qui forme le socle de la prospérité occidentale». Ils se sont montrés disciplinés, industrieux, prévoyants et raisonnables pendant que d'autres faisaient prospérer le vice de la dette et couraient après la poule aux œufs d'or. Mais les élites européistes et médiatiques ne l'entendent pas de cette oreille. Furieuses de l'indiscipline de Tsipras, elles veulent faire croire qu'il a finalement dû se résigner à signer un diktat allemand aux conditions léonines. Cette auto-suggestion collective dresse les peuples contre l'égoïsme et l'autisme teutons. Les keynésiens de tout poil se précipitent pour déplorer une absence de perspectives de croissance. Et leur voix est assourdissante puisqu'ils sont devenus majoritaires au sein du FMI, comme dans la catégorie informelle des prix Nobel d'économie."
En ce qui me concerne, je n'ai jamais compris pourquoi l'austérité libérale a marché pour redresser la Lettonie il y a quatre ans et a échoué en Grèce. Pourquoi elle a réussi au Chili dans les années 70 et échoué en Argentine dans les années 90. Il y a des paramètres anthropologiques qui interfèrent avec l'économie et qu'on maîtrise mal.
Pour ma part j'ignore tout de l'économie qui n'est pas une science exacte et me contente de voir le versant politique : je n'aime pas qu'on fasse passer l'intérêt des banques au dessus de la volonté des peuples ; on a confisqué la volonté populaire grecque au nom de la loi des marchés financiers, comme on menait au 19ème siècle des expéditions militaires contre le Venezuela pour le forcer à payer ses dettes. Sans le travail et la croissance (valeurs cardinales des Allemands) il y a la guerre, mais en sacrifiant la souveraineté populaire au travail et à la croissance il y a aussi la guerre, car on pousse un peuple au désespoir et à la violence. Tout le problème est là.
"Tout compte fait"
Le côté bon élève de Simone de Beauvoir dans "Tout compte fait" quand elle raconte les églises romanes charentaises (il est vrai qu'elles sont belles) ou le procès des crimes américains au Vietnam jugés au Danemark (il est vrai qu'ils furent atroces). Son regard plein de bon sens sur les fautes des régimes socialistes : la dérive de Cuba vers la dictature, la répression du "printemps croate" en Yougoslavie, les échecs du gouvernement algérien. Son indulgence compréhensible pour Israël. Ses choix contestables pour les irrédentismes contre des fédérations : pour les Biafrais contre le Nigéria (alors que le PCF et l'URSS comme Nasser et les USA soutenaient la fédération). Elle l'érige en principe, ce qui ne laisse pas de doute sur le fait qu'elle eût soutenu les Tibétains et les Kosovars dans les années 90 si elle avait survécu et persisté dans cette ligne.
Le style qu'elle incarne - l'intellectuel "propre", qui dit tout ce qu'il sait et voit, qui pose tout, et qui donne aussi beaucoup de leçons - dévoyé comme on le sait par des chefs de gang façon BHL -n'est plus trop d'actualité même si des gens comme Chomsky tentent de le poursuivre (avec moins de sens des impasses humaines qu'elle, moins de sens tragique, inhérent à la culture littéraire dont Beauvoir était l'héritière).
Bon, à part cela, l'avis de tempête sur l'Europe ne faiblit pas. Arte se fait peur avec un docu-fiction sur la fin de l'Europe. Chauvinisme grec anti-allemand contre chauvinisme allemand anti-grec, les pires souvenirs de notre continent remontent à la surface. Le capitalisme bancaire aux commandes se réjouit : l'Union européenne qui lui a offert 550 milliards d'euros pour le renflouement du système financier en 2008 lui convient, et son éclatement, avec la guerre de tous contre tous lui conviendrait aussi. En France, des pieds nickelés se font arrêter sur les Champs Elysées pour tentative de coup d'Etat, le Figaro fait sien à leur sujet le point de vue d'une gauchiste docteur ès délation (la nouvelle génération de ce style éculé après Daeninckx et Fourest). On aimerait pouvoir en rire. Comme disait mon grand-père béarnais "nem's hasquès pas arridé qu'ey lous pots bizats" ("ne me faites pas rire, j'ai les lèvres gercées").
La Grèce humiliée
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Athènes, après 15 jours d'asphyxie de ses banques, obligée d'abroger toutes ses lois adoptées depuis février, d'accepter le retour de la troïka. Tsipras contraint de s'allier à la droite et au PASOK pour se soumettre au joug allemand. Voilà qui repose la question de la résistance militaire et économique à l'impérialisme que j'avais posée dans "Programme pour une gauche française décomplexée". Les Grecs n'étaient pas prêts à une mobilisation forte. Personne n'est idéologiquement prêt à vraiment résister à la brutalité du capitalisme européen. Voilà le fond du problème.
Qui sont les Yézidi d'Irak ?
En août 2014, des militants de Daech envahissaient la région kurde yezidi de Shingal (Ar Sinjar) au nord de l'Irak. 5 000 hommes étaient exécutés et 7 000 femmes faites esclaves selon le Daily Mail du 14 octobre 2014.
A cette occasion l'opinion publique a découvert les Yézidi, une communauté kurde dont les croyances mêlent un vieux fond iranien à l'islam soufi.
Contrairement à ce qu'ont prétendu les musulmans orthodoxes qui les ont souvent persécutés, les Yezidi n'adorent pas Satan (Iblis) mais lui accordent du respect, ce qui est aussi le cas des soufis. Selon une tradition médiévale, Satan aurait refusé d'accepter la demande de Dieu faite aux anges de s'incliner devant Adam, car il n'acceptait de se prosterner que devant Dieu. Chez les soufis cela signifie qu'il faut être dévoué au point d'accepter. La tradition yezidi a été formée par le maître soufi Shaykh Adi, un missionnaire venu du Liban, qui vécut chez les Kurdes eu 12ème siècle. L'enseignement de ce missionnaire s'est greffé sur un vieux fond de zoroastrisme dissident qui habitait ces régions montagneuses. A l'époque ottomane, les Yezidi kurdes rackettaient les caravanes, et les opérations punitives menées par le pouvoir urbain se faisait au nom de l'orthodoxie musulmane. Mais de nombreux adversaires des Yezidi étaient eux-mêmes kurdes.
Au début du XXe siècle, les intellectuels laïques fondateurs du nationalisme kurde construisirent l'image d'une religion yezidi "première religion originelle" du Kurdistan. Mais c'est un mythe. Aujourd'hui de nombreux restaurants, magasins etc dans le monde kurde portent le nom de Zoroastre ou du livre sacré "Avesta". Dans les années 30, le journal nationaliste kurde Hawar des frères Bedir Khan présentait la religion des Yezidis à tort comme le zoroastrisme. Certes il y a des éléments iraniens chez les Yezidis et les Yaresan, comme le sacrifice du taureau tous les ans (qui fait penser au culte de Mithra), mais ils n'ont pas fait leurs les textes dualistes et ont cultivé une tradition orale plutôt monothéiste.
Les Yezidi estiment être les vrais descendants d'Adam. Outre le sacrifice du taureau, en rapport avec Mithra, ils prient face au soleil, ce qui est aussi lié au mithracisme. Leur mythe du héros vainqueur du serpent, propre à toutes les cultures indo-européennes, pourrait être lié à l'origine même de cet ensemble. Leur culte des sept mystère renvoie à l'heptade zoroastrienne : Ahura Mazda et les les six Amasa Spantas. Les yezidi, comme les druzes, croient en la réincarnation, ce qu'ils appellent "changer la chemise". Ils vénèrent l'ange-paon Malak Tavus. Quatre aspects de leur heptade sont associés aux quatre éléments, et parfois aux archanges islamiques Gabriel, Michel, Israfel et Azrael. Deux autres sont liés à Shaykh Adi et à son successeur Shaykh Hasan.
Comme les Zoroastriens, les Yezidis pensent que le monde sera parfait après le lutte finale de la fin des temps, et qu'il n'y aura plus ni montagnes ni mers. Ils fêtent chaque saison : Navruz (Noruz) le 21 mars, mais pour eux le Nouvel an est le mercredi d'après ; la Fête de l'Assemblée, début octobre, qui est plus importante (et qui a pu correspondre à la fête de Mithra, elle même plus importante que Navruz avant les Achéménides). Ils voient le sacrifice du taureau après la création comme un acte positif (comme le font les Vedas en Inde), alors que les zoroastriens l'investissent d'une connotation négative (l’œuvre du mauvais dieu Ahriman), ce qui serait chez les Yezidi un reliquat du culte de Mithra antérieur au zoroastrisme. Pour eux bien et mal viennent d'une même source (à la différence du zoroastrisme, mais comme dans l'hérésie zurvaniste à l'époque sassanide).
Dans cet article, le chercheur canadien Richard Foltz explique pourquoi le PKK kurde a eu intérêt à cultiver l'équation fausse première religion kurde = yédizi = zoroastrisme. Le néo-zoroastrisme est à la mode chez les Kurdes. Une statue de Zoroastre a été édifiée à Efrin en Syrie en avril 2014, mais le leader religieux local yézidi Shekh Herto Haji Ismail s'est insurgé en indiquant que cela n'avait rien à voir avec leur culte. Cette récupération du zoroastrisme est aussi artificielle que celle opérée par les Pahlavis en Iran ou par les opposants au régime islamique. Les Kurdes sont sans doute, comme les Azeris un mélange d'Iraniens et de Mèdes, et peut-être d'autres éléments, mais qui n'ont rien à voir avec Zoroastre qui venait de l'Est de la Perse, même si celui-ci les a influencés.