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Elsa Triolet, Trump
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Je lis "Le Destin Personnel" d'Elsa Triolet. C'est la revue communiste "La Pensée" de 1970 (celle qui prononçait son éloge funèbre) qui m'en a donné l'idée. Elle disait qu'Elsa Triolet avait pâti de l'ombre que lui faisait Aragon - l'Eragon et la triolette comme disait Céline - qu'elle était une véritable écrivaine, qu'elle écrivait du réalisme socialiste, le sien, ce qu'elle entendait par là, elle qui n'avait jamais été membre du PCF. J'ai acheté ce qu'on trouve en poche d'elle. "Le Destin personnel". C'est vrai que c'est bien écrit. C'est particulier, ça vous captive d'une page à l'autre. Ca vous tient en haleine.
Je retrouve des mots du XXe siècle, des mots de la génération de mes parents comme "se pomponner". Et même des gestes de cette génération-là, des choses qu'on ne ferait pas aujourd'hui, comme de marcher tous les soirs jusqu'au portail pour attendre le retour quotidien de quelqu'un. Ce n'est rien, quelques pas. Je sais qu'aujourd'hui on ne le ferait pas : on resterait chez soi à regarder son téléphone portable en attendant qu'il rentre dans la maison. Simplement parce qu'on trouverait inutile ou trop servile de marcher. Notre monde est ainsi fait.
Peut-être que si je lis Elsa Triolet, c'est pour sortir du monde actuel, de l'investiture de Donald Trump, du soutien des socialistes à Bayrou, de tous les sentiments de tension que ces nouvelles futiles provoquent chez les gens. Voyez par exemple le déchaînement de satisfaction mêlée de haine violente parce Von Der Layen n'a pas été invitée à l'inauguration présidentielle. Dieu sait combien j'ai combattu l'européisme, le covidisme, la corruption, mais ces sentiments trumpistes contre une "élite" qu'on veut aujourd'hui troquer contre une autre me semblent assez malsains.
Donc ce soir je lis la Triolette...
Jacques-Marie Bourget : un vestige de ce que fut le vrai journalisme
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Je m'en étais déjà bien rendu compte quand j'étais conseiller du maire de Brosseville : le dernier pays qui institutionnellement, viscéralement défend la mémoire de la résistance à l'impérialisme, au colonialisme, et la défense des opprimés, reste l'Algérie.
Je ne suis donc pas plus surpris que cela de voir que c'est un média algérien, la chaîne de Rafaa Jazayri (cf ci-dessous), qui interviewe (il y a 11 mois) ce monument du journalisme français qu'est Jacques-Marie Bourget, l'homme qui fut le premier Occidental sur place après les massacres de Sabra et Chatila en 1982, puis qui révéla l'affaire du Rainbow Warrior en 1985 (un mérite qui fut ensuite usurpé par Edwy Plenel, mais c'est bien Bourget qui a reçu le prix du scoop à ce titre, et, dans l'interview qu'il donne ci-dessous il révèle que ce navire de Greepeace avait été coulé parce qu'il s'y trouvait des espions britanniques et un Français qui cherchaient à identifier les missiles de nouvelle génération sur le site des tests nucléaires dans le Pacifique). Après la chute de l'URSS Bourget a appris que Maxwell, le magnat de la presse, père de la rabatteuse d'Epstein, qui était agent du Mossad avait servi d'intermédiaire pour des livraisons d'armes de destruction massive russe à l'Irak (au début des années 1990, rien à voir avec la fausse affaire des armes de destruction massive de 2003). Il avait obtenu l'info par un membre du Shin Bet qui le paya dix ans de prison. Bourget, lui, le paya d'une balle d'un sniper israélien dans le poumon. Il a fini par obtenir au bout de longues années de procédure la reconnaissance par le fonds français d'indemnisation des victimes du terrorisme de la responsabilité israélienne et de la qualification d'acte terroriste. Les Palestiniens l'avaient généreusement secouru avec des litres de sang de leur peuple.
L'épouse de Bourget, décédée récemment, était algérienne et Bourget a pris des positions courageuses dans l'affaire Daoud-Sansal.
Je ne suis bien sûr pas d'accord avec lui sur tout, par exemple quand il dit qu'il n'y a pas de peuples qui aient subi "pire saloperie" que les Palestiniens... Quid des Papous et des Timorais en Indonésie ? Quid des Karens en Birmanie ? Des Tutsis au Rawanda ? Des Hutus à l'Est du Congo ? Des Indiens d'Amérique du Nord ? Sans même remonter à la Haute Antiquité... Mais je salue un homme qui a incarné un journalisme courageux et de haut niveau, comme Seymour Hersh aux Etats-Unis, Günter Wallraff en Allemagne, John Pilger en Australie.
Richard Labévière, du temps où je collaborais à Esprit Corsaire, m'en disait du bien. Les deux ont en commun le fait de pouvoir exposer une photo d'eux aux côtés d'Arafat, avec tout l'itinéraire qui va avec. En l'écoutant j'ai songé aux raisons pour lesquelles les Palestiniens ne sont pas très aimés des pays arabes - ils sont des Cananéens.
Quand Piccinin a publié son livre sur l'Ukraine en août dernier, il pensait le transmettre à Afrique-Asie, une revue proche de l'Algérie. Il ne l'a finalement pas fait, mais il est clair que ce n'est que vers cet horizon là que la parole des dissidents oubliés peut être entendue.
Ci-dessous donc les 3 interviews de Bourget par Rafaa Jazayri
Kissinger à l'anniversaire du général Gallois il y a 20 ans
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Voilà comment on en vient à rattacher tout le monde aux Illuminati de façon un peu abusive : Pierre Hillard racontant (dans une interview chez Jim Leveilleur) comment il a rencontré, en 2004 ou 2005, par l'intermédiaire du général Gallois à l'occasion d'une réunion d'une quarantaine de personnes pour l'anniversaire du père de la dissuasion française où se trouvaient Marie-France Garaud, François,Dorcival patron de Valeurs actuelles, dans un centre gaulliste.
C'est un peu comme lorsque je m'étais retrouvé à serrer la main de Védrine chez Régis Debray en 2000... On l'oublie peut-être mais Kissinger il y a 25 ans s'était opposé au bombardement de la République fédérale de Yougoslavie.
Pour info un Russe a piégé Boris Johnson pour le faire parler de Kissinger et de l'Ukraine en se faisant passer pour Jacques Attali.
Un mot sur Alain Delon
L'acteur Jean-Paul Belmondo est mort à 88 ans, L'athée (et partisan de l'euthanasie) mais sectateur de la Sainte Vierge (ou d'Isis ?) Alain Delon aussi, le 18 août. Oonao rappelle qu'il avait tourné en 1986 dans "Le Passage", (2 milions d'entrées) l'histoire d'un cinéaste qui passe un pacte avec la Mort pour sauver son fils du trépas. Belmondo a joué dans 88 films, Alain Delon aussi, du cancer. 88 est le double infini.
Le système médiatique avait mis en contraste Delon et Belmondo, comme les Beatles et les Rolling Stones ou Michael Jackson et Prince, notamment dans Borsalino (1970). L'un associé à la lune, l'autre au soleil. Delon lui-même jouait de cette opposition en disant qu'il était un acteur tandis que Belmondo était un comédien.
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Delon était attiré par des sujets liés à l'occultisme - dans "Vivement la gauche" Rampal (1991) rappelle qu'il avait dit croire aux extraterrestres. Cela semble être encore plus le cas du réalisateur du film "Le Passage" René Manzor qui a fait carrière à Hollywood et a aussi réalisé "Un amour de Sorcière". Dans le film Dédale, il exploite le thème des gens possédés par des "alters", après avoir discuté du sujet avec un médecin.
Difficile de savoir s'il y a une appartenance commune à des sociétés secrètes derrière tout cela.
Je n'ai pas essayé, à la nouvelle de sa mort, de revoir un de ses films. Simplement en écoutant une de ses interviews à la RTBF en 1979 ci dessous je redécouvre combien les acteurs à l'époque (et dans la génération précédente aussi) devaient prendre des airs inspirés quand ils parlaient de leur art. Rien à voir avec l'aspect "sympa" "proche des gens" et au fond médiocre et vulgaire qu'ils mettent un point d'honneur à arborer aujourd'hui. Nous avons changé de monde. Pas étonnant donc que les jeunes n'aient même plus idée de l'aspect vaporeux et élégant de la transcendance qui s'attache à la création. Beaucoup ne peuvent plus identifier la transcendance qu'aux démons qui s'attachent à ce qui n'est plus aujourd'hui que "production culturelle". Leur esprit n'est plus assez ciselé pour percevoir autre chose.
Le Fond du problème de Graham Greene
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J'ai beaucoup cité dans mon livre sur Cuba l'an dernier, célèbre écrivain anglais et célèbre ancien espion, de conviction catholique, Graham Greene, supporter de Fidel Castro et de tous les mouvements de libération nationale dans le monde des années 1960. Les grands médias n'aiment pas les oeuvres qui interrogent à la fois la question de la responsabilité à l'égard d'une époque et celle du rapport à la transcendance dans un engagement chrétien résolu. Il est donc, disons, de mon devoir, sur ce petit blog que personne ne lit de vous signaler son roman "Le Fond du problème" (The Heart of The Matter) paru en 1948 dont l'action de passe au Sierra Leone pendant la seconde guerre mondiale. Le regard est vif, intelligent, les personnages intéressants et attachants. Dès les premières pages Greene cite Hilaire Belloc, catholique lui aussi, infatigable pourfendeur de l'impérialisme maçonnique britannique, notamment pendant la guerre des Boers (j'ai fait une allusion trop rapide à Belloc en 2017). On est aussi là dans la même famille que George Galloway (sous réserve du petit doute que j'ai émis récemment sur le discours de ce dernier à propos des FM). C'est une bonne veine d'inspiration, et un courant à suivre.
Dossier noir sur Badinter
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L'avocat ex-ministre de la justice de Mitterrand, Robert Badinter décédé le 9 février 2024 a fait l'objet à sa mort d'une avalanche d'éloges comparable à ceux adressés jadis à la légalisatrice de l'avortement Simone Weil. La couronne de lauriers a fait omettre les côtés sombres du personnage. Par exemple le faut que dans l'affaire du talc Morhange il y a 50 ans, la diffusion d'un produit toxique qui a tué 36 enfants, il était le défenseur des fabricants de ce produit - source Pauline Dreyfus "Robert Badinter : L'épreuve de la justice" (2009)
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On apprend aussi dans le livre de Martine Orange "Rothschild une banque au pouvoir" (2012) qu'il est intervenu en 1982 pour aider les Rothschild à reconstituer une banque à leur nom en France après la nationalisation. Il avait également défendu Netanyahou devant la CPI en 2020, ce qui est cohérent avec le fait que les Rothschild ont fondé Israël. Pour mémoire ci-contre Lord Jacob Rothschild et la sorcière Abramovic posant devant le tableau "Satan invoquant ses légions". Badinter s'était lié d'amitié avec David de Rothschild avant l'alternance de 1981 (Orange p. 64). Fin 1982 ce dernier le sollicite personnellement, alors que Guy de Rothschild avait ligué les juifs new-yorkais contre Mitterrand. La médiation de Badinter fut décisive pour que Mitterrand accepte la résurrection de la banque Rothschild en France (les Rothschild qui allaient recruter M. Macron quelques décennies plus tard).
Voir aussi sa compromission dans l'éclatement de la Yougoslavie : Diana Johnstone, dans "Fools' Crusade" (2002) raconte (p. 36) l'instauration d'une commission d'arbitrage en août 1991 chargée de fournir des conseils juridiques à la Conférence européenne de paix sur la Yougoslavie. Robert Badinter, Président du Conseil constitutionnel français, fut désigné président de la Commission de cinq membres composée des présidents des cours constitutionnelles de États membres de la CÉE. "Malgré son nom, explique Johnstone (p. 37), cette commission ne s'est jamais engagée dans un véritable 'arbitrage' entre les protagonistes yougoslaves, comme certains l'ont espéré. Au liey de cela, sans aucune base légale autres qu'un mandat exécutif des ministres des affaires étrangères de la communauté européenne (à une époque où la CE n'avait pas encore la moindre compétence en politique extérieure), la commission émit des "opinions" qui, bien que non contraignantes pour quiconque, au final fournirent des arguments légaux utilisés par la communauté internationale dans son traitement du problème yougoslave". Johnstone accuse cette commission d'avoir contribué à créer une "nouvelle jurisprudence vague dans laquelle des critères moraux subjectifs peuvent ête invoqués pour justifier la destruction de vieux pays". Elle éluda notamment la question posée par la Serbie de savoir si une entité fédérée pouvait être sujet du droit à l'autodétermination. La commission Badinter partit du présupposé, en novembre 1991, que la Yougoslavie était dans un "processus de dissolution", et que donc, en dehors du critère traditionnel de contrôle du territoire, de nouveaux critères ad hoc comme le respect des droits de l'homme et des minorités pouvait servir de base à une reconnaissance diplomatique. La commission Badinter avait donc fourni aux puissances impérialistes occidentales le vernis juridique pour faire éclater la Yougoslavie.
La générale de l'Armée du Salut à Cuba en 1993
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Un passage comme il y en aura quelques uns dans mon livre sur Cuba. Je trouve cela dans le Bulletin hebdomadaire de l'Armée du Salut du 30 mai 1993, sous le titre "La générale Eva Burrows rencontre le Président Fidel Castro. Une visite exceptionnelle qui confirme l’esprit d’ouverture de cette fin de siècle." :
"La rencontre de la Générale avec le Président Fidel Castro, lors de sa récente visite à Cuba, constitue un événement historique. C’est la première fois, en effet, que le Président de cet état marxiste entrait en contact avec un chef international de l’Armée du Salut. La rencontre eut lieu à 22 h 30, juste six heures avant le départ de la Générale, et dura deux heures. La Générale parla des récents développements de l’Armée du Salut autour du monde. Le Président montra un intérêt particulier pour l’extension de notre œuvre en Russie.
Il a une étonnante compréhension de l’histoire théologique et ecclésiastique, discutant des thèmes tels que l’enfer, la rédemption, les persécutions religieuses et la foi en Dieu. Minuit était passé lorsque la Générale et les officiers qui l’accompagnaient quittèrent le bureau du Président, non sans avoir prié pour lui et pour son peuple."
L'article ajoute aussi sous une photo : "La Générale a la joie de retrouver l’ambassadeur du Zimbabwe à Cuba et son épouse Mme Midze. L’ambassadeur est un ancien élève des écoles de l’Armée du Salut dans son pays, où à enseigné Eva Burrows. "
Déloyauté
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"La déloyauté est notre privilège", écrivait Graham Greene en 1948, au cours d'un échange de vues sur "les rapports de l'artiste avec la société (...) "Le loyalisme nous enferme dans les opinions acceptées; le loyalisme nous interdit de comprendre avec sympathie nos frères dissidents; tandis que la déloyauté nous encourage à parcourir l'esprit humain expérimentalement : elle confère au romancier cette quatrième dimension qu'est la sympathie".