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Le blog de Frédéric Delorca

Palabre africaine sur le socialisme

30 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

Parutions.com vient de publier mon dernier compte-rendu du livre Palabre africaine sur le socialisme de Manga Kuoh - pour le lire cliquez ici.
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Les internationalistes du PCF, le positionnement des projets

30 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

"Quelle horrible saison que l'été, m'écrit un correspondant. Avec ces jupes qui raccourcissent, ce désir suscité en vain. La loi de la jungle dans toute sa tristesse. Une vraie torture." je l'approuve tout à fait.

Le Dissident internationaliste est revenu de Sao Paulo. Mais il n'y était pas pour se rincer l'oeil sur les minijupes et les strings. Accompagné de trois ou quatre autres délégués, il représentait la France dans une conférence organisée par le Partido communista do Brasil et le Parti du Travail brésilien, une sorte de congrès de tous les organes qui dans l'ancienne mouvance communiste se veulent encore anti-impérialiste. A ma grande surprise j'ai appris que mon nom figurait dans la liste de la délégation mais qu'il serait passé à la trappe au dernier moment comme celui d'un ancien leader syndical. En revanche une étudiante que j'ai présentée au Dissident internationaliste l'an dernier y était.

Je fus surpris car je n'ai plus de rapport depuis un an avec le Temps des Cerises ni avec aucun membre de la gauche du PC à part le Dissient, et, comme je passe mon temps à me dire marxien et non marxiste, je m'étonne qu'ils soient prêts à m'inclure dans leurs délégations.

Je m'étonne mais ne m'en plains pas car je leur reconnais deux mérites que n'ont pas les autres mouvements de gauche.

Premièrement ils sont internationalistes c'est à dire qu'ils ne renoncent pas à concevoir une amélioration du monde à partir d'un combat coordonné de forces résistantes sur divers continents (très peu de mouvements dans la gauche française font de même). Deuxièmement leur vision repose sur autre chose que sur des slogans creux comme "un autre monde est possible" ou "démocratie pour les iraniens/les chinois" leitmotiv qui convient à M. Strauss-Kahn et au club de Davos (au passage je dois dire que je trouve risible le texte alambiqué sur l'Iran signé par toute une intelligentsia qui va des crypto-néo-conservateurs français aux anarchistes égocentriques).

Je dois aussi mettre à leur actif un certain réalisme (au contraire de la religiosité de leurs parents sous Thorez ou Marchais), même s'ils conservent parfois quelques rigidités inopportunes. Ils considèrent la bureaucratie comme un mal nécessaire au développement des peuples (à la différence des libertaires dont l'imaginaire envahit la gauche, qui ne veulent même pas comprendre ce qu'est un Etat). Ils ont aussi, souvent, l'intelligence d'intégrer à leur pensée l'histoire concrète des peuples et d'en évaluer sérieusement le potentiel, ce qui les pousse par exemple à vouloir réfléchi (comme Frantz Fanon naguère) au potentiel révolutionnaire de l'Islam ou à ne pas considérer d'emblée  comme vides de contenu les slogans (encore) socialistes du Vietnam ou de la Chine. Un réalisme dans l'approche qui m'intéresse quoiqu'ensuite les conclusions de l'analyse puissent diverger

Je pense donc que les occasions de travailler avec eux ne manqueront pas dans les années qui viennent.

A part cela, je me dis que plutôt que de compter les bibliothèques qui achètent mes livres (Beaubourg vient d'acheter celui sur la Transnistrie), je devrais sortir de la logique de publication de textes courts (qui explique en partie non seulement l'indifférence de beaucoup à mon égard, mais aussi les incompréhensions) et me lancer dans l'écriture d'un livre un peu difficile qui couvrirait plusieurs aspects de la conditions humaine (politique, philosophie, religion, affects divers et variés). Peut-être un livre sur la croyance. La lecture récente de David Stove (si injustement inconnu en France) m'y incite. Encore faudrait-il que cet été me laisse un peu de temps pour ce faire, ce qui n'est pas gagné d'avance. Et puis y aura-t-il un éditeur au bout ? (je ne peux me payer le luxe d'écrire sans débouché éditorial).
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Honduras

30 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Visiblement il est aussi difficile de faire un coup d'Etat en 2009 en Amérique latine qu'en 1991 en URSS : le renversement du président Zelaya au Honduras suscite une grande mobilisation populaire et l'armée ne semble rien contrôler. Voilà qui, comme le coup d'Etat avorté contre Chavez, pourrait renforcer le président déchu. Il faut s'en réjouir.

Il me faut l'indiquer ici parce que tous ceux qui ici en France se sont mobilisés - sous l'influence de grands médias - contre une "fraude" aux élections iraniennes (fraude dont l'ampleur n'est pas si évidente que cela et sur ce point j'en reste à l'avis de Robert Fisk) n'ont pas l'air trop genés de voir les vieux démons antidémocratiques continuer de travailler l'Amérique latine.  Vérité en deça de l'Atlantique, mensonge au delà, les médias et l'opinion publique européenne vivent éternellement dans la guerre froide.

Notez que dans notre sphère d'influence, au Niger, il s'est produit, au moment même où le président du Honduras était renversé pour avoir organisé un référendum en vue de pouvoir renouveler son mandat, exactement l'inverse : dans ce pays c'est le président de la République qui provoque un coup d'Etat en prononçant mardi la dissolution du parlement, vingt-quatre heures après avoir été désavoué par la Cour constitutionnelle sur la tenue d'un référendum institutionnel qui permettrait au chef de l'Etat de tenter de briguer un troisième mandat.

Le coup d'Etat nigérien est-il un événement grave pour le peuple de ce pays ? Difficile à savoir. Celui du Honduras en tout cas l'était, car il s'incrivait à contre-courant d'un grand mouvement d'émancipation populaire qui touche l'Amérique latine depuis 20 ans, et dans un Etat qui souffre beaucoup du pouvoir de l'oligarchie de droite. C'était une mauvaise nouvelle pour tous les pauvres du continent et il est heureux que cette action militaire commence à avoir du plomb dans l'aile.

 
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Conférence de Michel Collon à la librairie Résistance

26 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

J'étais hier à la librairie Résistance, 4, villa Compoint à Paris (vous trouverez quelques images de cette librairie dans une vidéo publicitaire ci dessous), pour une conférence de Michel Collon sur son livre. Je ne veux pas jouer les anciens combattants, mais chacun (parmi mes 5 lecteurs assidus !) sait que je suis presque un habitué des conférences de Collon, la première étant celle dont j'avais fait le compte rendu en 2000 pour le site Résistance (c'était avant la naissance de la librairie homonyme), j'ai aussi filmé une de ses interventions en janvier 2002 cf sur ce blog).

Comme je m'y attendais, cette conférence fut l'occasion d'un retour vers le passé : à peine avais je franchi la porte que je tombai sur le jeune serbe que j'avais interviewé en septembre 2000, un habitué de ces conférences lui aussi. J'ai aussi pu brièvement saluer Nicolas Shahshahani, un des patrons d'Europalestine et de cette librairie (c'est lui qui parle sur le clip ci-dessous). C'est immersions ne sont pas toujours bonnes. Elles rappellent ce qui a pu être fait, et ce qui ne l'a pas été (qui s'est peut-être reflété dans la brièveté de cet échange avec Shahshahani, that's life. J'ai quand même pu vérifier que la librairie Résistance a encore un exemplaire de l'Atlas alternatif dans ses rayons, mais un vieux, avec la première jaquette... Juste avant qu'il s'installe à sa table pour signer son livre "Les 7 péchés d'Hugo Chavez", j ai rappelé à Michel Collon le temps où il parlait de créer un "portail anti impérialiste", il y a neuf ans. Il m'a dit qu'il faudrait qu'on en reparle le lendemain (c'est à dire aujourd'hui). Mais de toute façon à quoi bon ? ce projet est comme un serpent du Loch Ness.

Mais cette conférence, c'était aussi le présent, malgré tout. J'étais venu avec le Sandiniste pour lui montrer les lieux - cette librairie/salle de conférence souvent cible de la LDJ. Cétait aussi la première fois que j'y mettais les pieds, mais je connaissais la réputation de l'endroit.

Il y avait beaucoup de monde, comme souvent quand Collon se déplace. Il faut dire que ses exposés sont toujours efficaces, bien charpentés. Il aligne argument sur argument, avec des chiffres. Les meilleurs moments sont quand il parle des stratégies des multinationales, par exemple pour le contrôle de l'eau en Amérique du Sud, ou la course au brevetage des plantes d'Amazonie. Les mots sont clairs, percutants, ils incitent au combat. En plus il y a toujours ensuite la phase des "questions du public" qui a une dimension psychothérapeutique pour beaucoup- les gens se loncent dans de longues tirades d'un quart d'heure sur la situation internationale (en ce moment on voit bien que l'Iran a la côte dans les sujets abordés). Bien sûr on peut faire la fine bouche. Le Sandiniste, qui connait bien le sujet, a noté que Michel est souvent schématique sur le Venezuela, adepte de raccourcis, allusif sur de nombreux points. Beaucoup de facteurs politiques et économiques sont gommés dans ses analyses. Les nuances font souvent défaut. C'est cela aussi que nous lui reprochions un peu sur la Yougoslavie. Mais il y a toujours à y prendre. Par exemple c'est grâce à son exposé hier que j'ai pris conscience que la répression du Caracazo par les sociauxdémocrates le 27 février 1989 avait fait jusqu'à 3 000 morts. Jusque là les divers articles que j'avais lus sur le sujet (dans le Monde Diplomatique notamment) ne m'avaient pas fait "tilter". Dans Wikipedia ce matin je lis que 3 000 est la fourchette "haute" de l'estimation, mais tout de même cela donne à penser, et cela a donné à penser parce que c'était amené dans la rhétorique de combat de Michel, qui traçait un parallèle entre les faux charniers de Timisoara et les vrais charniers de Caracas ignorés en Europe. Quand Ramonet parle sur un ton très intellectualisant de l'événement, cela frappe moins les neurones. Donc les topos de Michel Collon restent utiles.

Juste avant le début de la conférence, Olivia Zémor avait fait savoir que Michel Collon avait témoigné en faveur d'Europalestine à la 17ème Chambre Correctionnelle du Palais de Justice de Paris dans le cadre des poursuites judiciaires engagées contre l’association CAPJPO-EuroPalestine, en raison de ses écrits sur la guerre d’Afghanistan. Olivia Zémor a expliqué qu'ils étaient accusés "d'injure à l'armée" et d' "apologie du crime terroriste" parce qu'ils auraient dit que la France en Afghanistan menait une "sale guerre". Mon camarade d'origine serbe a sursauté sur sa chaise : "Quoi ? en France on peut être poursuivi en justice pour ça ?" J'ai quand même dit qu'en règle générale je me méfiais un peu de la façon dont les accusés rendaient compte des griefs qu'on leur adresse (rappelez vous l'affaire Bishara que j'évoque dans 10 ans sur la planète). En tout cas Europalestine va y perdre des sous - les procès sont des moyens de couler les mouvements, rapelez vous Living Marxism. Michel Collon a souligné que les débats sur l'Afghanistan au procès étaient passionnants et qu'il était dommage que l'on n'ait pas eu les mêmes dans les médias. Je veux bien le croire - les procès politiques sont toujours instructifs : j'avais moi même fait un compte rendu détaillé  le 27 mars 2000 pour le site Résistance du procès de l'Avocats sans frontières contre Le Monde sur les propos anti-serbes publiés dans ses colonnes. Malheureusement il ne reste de ce procès que le résumé du verdict final après appel sur StopUSA. Il faudrait peut-être que je remette mon texte de Résistance en ligne à l'occasion...


Comprendre la guerre en Irak à la Librairie Résistance

Post scriptum : Quelques jours après cet article, le 3 juillet, la librairie a été à nouveau ataquée (cf vidéo ci-dessous), suscitant une condamnation formelle et un appel à manifester des partis de gauche (NPA, PG, Verts, Indigènes de la République)

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Paris ad nauseam

25 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

L'ambiance parisienne est réellement infecte. Elle l'était il y a 20 ans, elle le demeure. Toute cette insoutenable légèreté : parce que M. X connaît M. Y ou déjeune avec Mme Z, M. X n'est plus lui-même, M. X est pris dans le jeu, ne vous écoute pas, n'écoute personne, n'écoute qu'à moitié. Le jeu, il n'y a plus que cela qui compte : le jeu entre quelques personnes, ce que Machin pense de Bidule, comment on se positionne. Comme la cour de Louis XIV disséquée par Norbert Elias, la notion de champ de Bourdieu. A Paris il n'y a que cela, et c'est très conscient. Même chez les militants. J'ai décrit ce phénomène à propos du salon de l'Ecrivain engagé. Je le découvre partout. Et cela m'exaspère, cette satisfaction de soi-même, ce sentiment d'être arrivé à quelque chose parce qu'on est dans un jeu avec X et Y, la surdité à l'égard du réel qui en découle. On croit pouvoir juger de tout, on croit avoir assez lu même si l'on a pas le temps de lire. Ce n'est pas telle ou telle personne en particulier que je vise ici, c'est un trait constant que je trouve chez tout le monde à Paris. C'est Paris, en tant que telle, pourrait-on dire, cette chienne de ville. Les gens y sont plus sympa qu'il y a 20 ans, mais en profondeur c'est la même ronde des vanités qui les entraîne.

Pourtant ceux qui travaillent ou militent dans cette ville, en raison de la proximité particulière qu'ils ont à l'égard des médias et de tous les pouvoirs nationaux concentrés en quelques quartiers, devraient être pétri d'un esprit de sérieux, et même de modestie, presque monacale. Tous devraient trembler à l'idée qu'ils sont peut-être en position d'influer par leurs faits et gestes sur le destin de 60 millions de leurs compatriotes, et peut-être au delà, sur l'Europe et le monde. Mais non, c'est tout le contraire. C'est une indifférence complète à l'égard de la lourdeur des enjeux qui l'emporte, une absence totale de sens de l'analyse, et même, bien plus, d'esprit philosophique, c'est à dire de goût pour l'interrogation, le taumazein. Tout va de soi pour qui milite à Paris. Les certitudes sont de mises. Et même lorsque chacun s'inscrit en faut contre la superficialité des médias, ce n'est que pour y substituer la vacuité de ses dogmes propres. Des dogmes qu'on n'interroge guère, puisque seul le jeu compte... seul compte le fait de savoir qui j'ai vu avant-hier, qui je verrai demain, où j'irai parlé, où l'on m'a entendu...

On voudrait pouvoir ignorer Paris, et pourtant on ne le peut pas : ce n'est pas en Franche-Comté, ce n'est pas en Charente que l'on peut monter des partis politiques qui pèseront sur la politique étrangère de la France. Il faut donc faire avec Paris tout en sachant que tout ce que l'on y dit, tout ce que l'on y fait, tombera dans le biais de la frivolité intrinsèque de cette ville. Misère de la concentration des pouvoirs, misère de la délégation, du système représentatif. Dans ces moments on se sent anarchiste. On eût voulu que l'Europe ne fût qu'une fédération de petites communautés qui ne délégât jamais le pouvoir à des représentants, des partis politiques constitués dans les grandes villes. Le ver est dans le fruit dès que l'action politique est déléguée.

 

 

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