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Le blog de Frédéric Delorca

Contre les engouements médiatiques du moment

31 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Journaux-3-2.jpgCe qui est bien avec Internet, c'est que des gens s'y dévouent dans de longs billets (parfois trop longs même) pour dénoncer les sottises médiatiques de notre époque. Puisque ces gens écrivent pour nous renvoyons directement à leurs textes.

 

- Donc pour le stupide enthousiasme des médias pour Florence Cassez dont on ne saura jamais si elle était innocente ou coupable, voyez, l'article de Malik Tahar-Chaouch sur le site des Indigènes de la République. (Je suis plus proche de la position de cet article que de celle du PCF sur ce dossier-là).

 

- Pour l'institutorophobie de nos journalistes, voir l'article d'Olivier Poche sur le site de l'ACRIMED.

 

Et puis, tant que vous en êtes à visiter le site d'ACRIMED regardez aussi les autres billets des dernières semaines. Ca fait à peu près quinze ans qu'ils écrivent un peu toujours les mêmes, mais comme les médias ne changent jamais, on peut toujours les critiquer sous le même angle.

 

A part ça, puisque les médias en parlent peu, ayez une pensée pour les grévistes d'Aulnay-sous-Bois (cf ci dessous), après que la cour d'appel de Paris a suspendu le plan de restructuration chez PSA, qui prévoit 8.000 suppressions de postes, aussi pour les salariés de Goodyear d'Amiens-Nord où 1 250 postes pourraient être supprimés en 2014 etc.

 

 

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La France et les ingérences militaires (souvenir de la Grenade)

27 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

iraq.jpgDes deux septennats de François Mitterrand on n'a retenu que l'alignement sur les Etats-Unis avec l'affaire des Euromissiles, et la participation à la première guerre du Golfe par exemple.

Mais il y a quelques jours à "Ce soir ou jamais" Roland Dumas rappelait opportunément qu'à côté de cela la France avait su mener une optique intelligente au Tchad (tout en restant ferme sur la protection du gouvernement légal face à l'offensive libyenne) et qu'elle avait même sauvé la vie de Kadhafi en refusant l'autorisation de survol aux bombardiers américains (ce qui avait décalé l'attaque sur Tripoli de 24 h en 1986).

 

En lisant aujourd'hui un journal de province proche des socialistes, La République des Pyrénées, du 27 octobre 1983, je tombe sur cet article à la Une signé Paul-Louis Lemaze qui confirme le souvenir du non-alignement français:

 

mitterrand"Quelle situation paradoxae : la France et les Etats-Unis solidaires au Liban face à l'ennemi qui les a sauvagement frappés ensemble se trouvent en totale opposition dans l'affaire de la Grenade où l'intervention américaine est très sévèrement condamnée par Paris.


Le ton de la condamnation exprimé hier par le président de la République et le gouvernement en Conseil des ministres ou à l'Assemblée nationale est même très dur. Qui aime bien châtie bien, mais on dirait que les dirigeants français ont honte de leurs alliés américains et que la Grenade est l'occasion de se défouler et surtout de se dédouaner aux yeux de l'opinion de gauche qui comprend mal les diverses interventions française au Tchad ou au Liban. D'autant plus que les interventions sont applaudies par l'opposition. Cela permet au gouvernement français de souligner la différence entre intervention militaire et intervention militaire. Il y a celles qui sont bonnes comme celle de la France au Liban dans le cadre d'une force multinationale agréée par l'ONU et il y a celles qui sont mauvaises parce qu'elles constituent des ingérences injustifiées et inadmissibles dans les affaires intérieures d'un pays tiers. Si bien que la France est conduite à condamner l'intervention américaine à Grenade, comme elle a condamné l'intervention soviétique en Afghanistan".


Je ne sais pas si la France poussa la condamnation jusqu'à introduire un projet de résolution de condamnation au conseil de sécurité des Nations-Unies à ce moment-là (j'en doute). Et évidemment on peut penser qu'il était facile et un peu gratuit à l'époque d'afficher un désaccord avec Washington sur un sujet aussi mineur sur le plan stratégique.

 

Mais on peut se demander aujourd'hui si la France aurait la même clarté et le même courage à l'égard des USA même sur un sujet aussi anecdotique. Rappelons qu'à l'époque de Dominique de Villepin en 2004 la France a carrément participé à une opération militaire du type "la Grenade" contre le gouvernement légal d'Haïti aux côtés des Etats-Unis.

 

De toute façon nos dirigeants politiques auraient tort de se gêner puisqu'il n'y a plus d' "opinion de gauche" (pour parler comme l'article précité) allergique aux ingérences militaires, ni de journal local capable de faire trois colonnes à la Une sur l'invasion d'une petite île de quelques milliers d'habitants (il n'y a pas non plus, il est vrai, de risque qu'un "grand frère" soviétique hausse le ton comme on le redoutait en 1983).

 

 

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Un billet pour mes lecteurs les plus fidèles

25 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Mes chers lecteurs, vous le savez : la maxime delphique et socratique est toujours vraie : "Connais toi toi-même". Et pour se connaître bien il faut aussi connaître son époque, cela va de pair, parce que c'est l'époque qui définit le potentialités de l'action des individus, et oriente ce qu'ils sont. Et quand je dis l'époque, c'est l'époque dans toutes ses nuances : par exemple la période actuelle, celle de François Hollande, celle de la guerre du Mali, celle de ma prise de distance avec un certain intégrisme anti-impérialiste, n'est pas la même que le temps (2009) où Chavez promettait du pétrole pour les banlieues populaires américaines et européennes, et où je prenais des verres avec Houria Bouteldja (et la différence ne tient pas tant à mon évolution individuelle, qu'à l'évolution des rapports de forces, et de "ambiances" sociales au niveau national et mondial auxquels nécessairement nos cerveaux s'adaptent pour toujours redéfinir, non seulement le champ des possibles mais aussi le champ de ce qui doit être).

Se connaître soi-même quand on est blogueur et un peu écrivain, cela veut dire  déterminer ce qu'on écrit et pour qui on écrit. Pour ma part j'ai les idées très claires désormais : je n'écris pas pour un grand nombre de personnes. Bien sûr il m'arrive de rédiger tel ou tel texte un peu construit comme une sorte de vade mecum que des tas de gens peuvent utiliser sur un sujet donné. Par exemple certains de mes billets récents sur le Mali sont utilisés ici ou là comme des supports de débat par des gens qui ne connaissent pas le reste de mes travaux. Ou encore je peux pondre un livre pour rendre service à de sans-voix comme je l'ai fait sur l'Abkhazie, un livre qui pourra être lu par un très grand nombre de gens. Mais être lu par le plus grand nombre ne me dit rien qui vaille. Parce que pour moi, plus que ce que j'écris ponctuellement, ce qui compte c'est mon cheminement, et donc tout le savoir que celui-ci m'apporte, et que j'essaie de tenir toujours présent, avec ses évocations et ses nuances, à chaque étape de mon écriture.

P1020401Voilà pourquoi j'écris au fond uniquement pour mes lecteurs les plus fidèles - qui se manifestent de temps en temps sur ce blog. Ceux qui étaient déjà là quand je faisais la promo de l'Atlas alternatif en 2007, ou quand je prenais mes fonctions à Brosseville en 2009. Ces 30 % de visiteurs qui se connectent directement à ce blog sans passer par des recherches par mots clés ou par des liens sur d'autres sites. Ces visiteurs qui ont mon blog dans leurs signets et qui lisent du Delorca pour lire du Delorca. Et tant pis si cela me condamne à rester un auteur marginal et confidentiel.

A ces fidèles-là je veux dire que je comprends qu'ils soient parfois un peu perdus au milieu de mes pérégrinations dans les lectures littéraires, les recherches historiques etc. Beaucoup voudraient peut-être me voir me consacrer de façon plus complète et plus cohérente à la construction d'un projet politique (dans le registre du combat anti-guerre, ou de l'utopie révolutionnaire) ou à l'écriture d'une oeuvre sociologique ou romanesque.

P1010968Je comprends votre frustration devant ce côté un peu fragmentaire de mes travaux sur ce blog et ailleurs, et de mon engagement. Mais je suis, comme vous, en un sens (bien que je déteste la victimisation) victime d'un ordre social où toutes les forces de changement sont atomisées. Donc comme vous chaque jour je bosse pour un métier qui me laisse peu de temps et peu de liberté pour écrire et pour me battre, un métier où je passe pour un gentil érudit mais où l'on m'attend toujours au tournant pour me coller une lame de couteau sous la gorge. Comme vous je respire dans une société qui n'a rien à foutre des écrivains, où les éditeurs indépendants n'arrivent à rien, où il n'y a aucune force politique structurée pour nourrir et financer (car le nerf de la guerre est toujours économique) des recherches politiques et intellectuelles un peu originales. C'est cela qui fait que personne ne parvient vraiment (pas même les profs et encore moins les profs étranglés par leur rôle de pédagogue) à construire des théories solides sur des sujets aussi graves que la non-ingérence dans les relations internationales ou la société sans travail en économie, Et pour cette raison aussi, seuls quelques activistes outranciers surnagent comme Michel Collon (je pense à lui à cause d'un commentaire récent d'un lecteur ici), avec du ready made intellectuel directement diffusable sur You Tube et Facebook mais complètement déconnecté du rée (ceux qui ont regardé Ce soir ou jamais cette semaine ont vu comment deux chanteuses maliennes explosaient à chaque fois son propos en quelques phrases).

Donc voilà, je demande juste votre indulgence pour les 15 dernières années d'engagement politique et d'écriture qui, en ce qui me concerne, n'ont pas débouché sur ma participation à quelque mouvement politique solide que ce soit, ni a fortiori à sa constitution et ne m'ont pas permis non plus d'écrire aucun livre de grande envergure sur aucun sujet (je m'efforce en ce moment de faire publier un compte-rendu de ces 15 ans aux éditions "Aux Forges de Vulcains" mais il ne semble pas que le comité de lecture soit très enthousiaste). Je ne vous cache pas que l'avenir de mon travail intellectuel est des plus sombres. Compte tenu de mes difficultés au quotidien, je peux tout juste envisager de tenter de publier un livre sur la Seine-Saint-Denis chez l'Harmattan (je l'ai posté cet après-midi mais je sais que cet éditeur ne m'aime pas, donc ce sera assez dur) et de gratter quelques billets éphémères et insignifiants ici de temps en temps. Je ne peux rien espérer de plus.

Subjectivement je voudrais faire plein de choses : monter un média alternatif avec un grand journaliste que je connais, écrire une vaste analyse en géopolitique, mener des expériences utopiques in vivo avec mes amis d'Emmaüs-Lescar dont je vous ai parlé il y a peu, prendre un avion pour recueillir des infos sur quelque groupe humain condamné au silence, aider les rebellles à se fédérer. 

Mais objectivement je sais qu'à peu près rien ne sera possible dans les douze mois qui viennent. Il me semble que je me devais de vous en tenir informés.

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Interview sur le livre "Abkhazie" de F. Delorca dans Jineps

23 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

jineps.jpgLe mensuel de la diaspora circassienne en langue turque Jineps dans son numéro de janvier publie sur une page et demie l'interview de Frédéric Delorca par Mme Marina Iosifyan à propos de son livre Abkhazie initialement publiée (en version un peu plus courte) dans La Vérité de Chégem (Chegemskaya  Pravda -"Чегемская правда") du 11 abkhaziedécembre 2012 à Soukhoumi et traduit par Mme Canan Baba.

 

 

 

 

 

 

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Mali : Michel Collon, "Descartes", les multinationales

23 Janvier 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Les blogs étant de l'ordre de l'éphémère (comme tout sur Internet) juste un mot sur une intervention de Michel Collon (journaliste dont j'ai déjà parlé dans mes livres et sur ce blog) à propos du Mali dans la vidéo ci-dessous que je vois circuler en ce moment (émission "Ce soir ou jamais"). Celles-ci me semblent faire la part trop belle aux intérêts des multinationales dans l'analyse du geste de François Hollande d'envoyer l'armée au Mali (et seulement sur cette séquence là, car ensuite bien sûr l'impéralisme économique est toujours susceptible de jouer à nouveau un rôle, notamment sur la décision - que je condamne - d'enliser dans la France dans une guerre pour la reconquête "totale" du Mali).

 

Bien sûr il y a eu le socialisme de Modibo Keita. Bien sûr il y a eu les coups fourrés de la France pour le renverser. Bien sûr il y  a Areva au Niger etc (des éléments qui, contrairement à ce que dit Collon, n'expliquent pas à eux seuls la pauvreté de ces pays). 

 

Mais dans la séquence spécifique de l'intervention française pour empêcher une poignée de 4 000 fanatiques de s'emparer de l'Etat malien, je ne vois pas le rôle des multinationales. J'ai écrit l'an dernier pour le blog de l'Atlas alternatif sur les parts du Qatar dans Total Mauritanie et leur intéret commun potentiel (car il faut être très prudent là dessus) à destabiliser le Sahel. Il est clair que les multinationales françaises qui s'entendent avec le Qatar peuvent aussi s'entendre avec Ansar Dine. Prétendre le contraire c'est conférer à Ansar Dine une médaille de libérateurs nationaux qu'ils ne méritent pas. L'impérialisme économique du point de vue des modalités de la lutte contre l'islamisme est assez neutre (il peut faire le jeu des islamistes ou les anéantir suivant les circonstances et suivant les tendances antagonistes qui s'affirment dans les milieux d'affaire et les milieux politiques, il peut même s'accomoder d'une guerre civile larvée comme en Libye. L'impérialisme économique est dans le cadre général des relations internationales, mais il n'est pas dans la dans le détail du choix d'intervenir militairement.

 

Je suis d'accord avec le blogueur communiste "Descartes" pour considérer que la question de l'abandon ou pas des "failed states" est une question très compliquée. Je pense qu'on pourrait la penser par exemple à la lumière d'une interrogation sur la légitimité ou non de l'ingérence vietnamienne au Cambodge à la fin des années 70 (où là aussi il s'agissait de sauver un "failed state" de l'emprise d'une bande de fanatiques).

 

Par contre je ne pousse pas la francolâtrie jusqu'à légitimer après coup l'ingérence française en Côte d'Ivoire par l'assise populaire qu'y a acquise le gouvernement de Ouattara. On peut prend acte de la légitimation progressive du régime ivoirien (encore qu'il faudrait y regarder de très près en lisant les journaux locaux) sans que cela ne valide pour autant notre ingérence qui 1) ne concernait pas un "failed state", 2) ne répondait même pas à la demande d'un gouvernement légal puisque l'issue du scrutin présidentiel était demeurée très obscure.

 

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