Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #xviiie siecle - auteurs et personnalites tag

Les Indiens hispanisés des Caraïbes

6 Août 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités, #Divers histoire

Les westerns nous ont montré des Indiens habitués à traiter avec la civilisation anglo-saxonne mais, au XVIIIe siècle,il y en avait aussi en Louisiane française qui s'habillaient à la Louis XV, et en Floride espagnole certains qui avaient été baptisés par des prêtres castillans. Quand le Père jésuite de Charlevoix fait partie d'une embarcation (un bateau nommé "Adour" bien qu'il eût un équipage breton) qui échoue en 1722 sur une des "Iles des Martyrs" à 150 kilomètres de la Havane, il est cerné par des "Sauvages" qui détestent les Anglais (mais les Français se sauvent en disant qu'ils sont alliés des Espagnols), tribu dont le chef se fait appeler Dom Antonio, mais dont les bonnes manières s'arrêtent malheureusement là (voir le récit ci-dessous). Charlevoix ne saura jamais à quelle ethnie ils appartenaient. Voici deux pages de son récit savoureux.

- Dommage que Gallica n'ait scanné que 3 tomes de sa description de l'Amérique française (au point que la fiche Wikipedia sur Charlevoix affirme qu'il n'existe que trois tomes de cet ouvrage), vous ne trouverez le tome 6 qui relate l'année 1722 que sur Google Books.Quel incroyable bonhomme que ce Charlevoix auquel on doit aussi une histoire du Japon et une du Paraguay ! -

 

 

Lire la suite

Hommage au Québec

19 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités

En hommage au Canada francophone, ce texte de Pierre-François-Xavier de Charlevoix extrait de " Histoire Et Description Generale de La Nouvelle France: Avec Le Journal Historique D'Un Voyage Fait Par Ordre Du Roi Dans L'Amerique Septentrionnale" (1721)

 

Le regard sur les Indiens relève peut-être souvent du cliché, mais tout n'y est certainement pas faux.

 

Charlevoix - pourle regard et l'action duquel Chateaubriand avait de l'estime - n'est pas un écrivain, sa plume est sèche et sans imagination, mais c'est un explorateur, un homme de terrain, qui a du bon sens : par exemple quand il estime qu'employer des esclaves noirs sur les plantations (lorsqu'il voyage plus au sud que le Canada - il pousse même à plusieurs reprises jusqu'à la Havane) est une erreur, car les esclaves, à la différence des "engagés" ne voient pas dans la terre qu'ils cultivent une patrie, et, dominés par la seule peur, un jour se révolteront. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les événements de Saint Domingue à la Révolution lui donnèrent raison après coup...

 

Ce qu'il dit du monde amérindien nord-américain, déjà sur le déclin quand il l'observe, est une grand source de réflexion pour nous sur ce que pouvait être cette culture, une culture qui imprègne le Québec, le Canada anglophone, et le nord des Etats-Unis (puisque Charlevoix ne parle ici que des Illinois et des Iroquois) peut-être plus qu'on ne le pense, ne serait-ce que dialectiquement, ou sur le mode de l'absence, ou sur celui de la présence obscure...

 


clvx par baslez
Lire la suite

The Mourning Bride

16 Mars 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités

Vous souvenez vous de cette chanson d'ABC "King without a crown" ? Elle vaut bien le "Formidable" de Stromae, en moins prétentieux... Elle a un peu des côtés "King Lear", je trouve (des côtés cromwelliens aussi, le tout début montre le mauvais souvenir laissé par le "Commonwealth" puritain).

 

- Au fait, le "re-Lear" de Godard ne tient pas du tout la route. Je le regardais récemment, vingt ans après le premier visionnage, et l'ai trouvé bien nul (à la différence de "Je vous salue Marie", qui recèle un génie impérissable), je referme la parenthèse -.

 

cerbyDans ce morceau d'ABC il y a cette fameuse sentence, si profonde : "Hell hath no fury like a woman scorned", extraite de "The Mourning Bride" (La fiancée en deuil) de William Congreve, un sympathique auteur de comédies victime des censures de son temps. Elle me fait penser à l'épisode de la vie d'Apollonios de Tyane où celui-ci démasque une Empuse (créature des enfers) que l'apprenti philosophe Ménippe s'apprêtait à épouser à Corinthe.

 

La citation intégrale est plus belle encore "Heav'n has no rage like love to hatred turned, Nor hell a fury like a woman scorned"... Le clip ci-dessous illustre ce que ça donne de nos jours. Le vers est si beau que beaucoup d'Anglais le croient de Shakespeare...

 

La pièce se passe à Grenade à l'époque des guerres avec le royaume de Valence, une sorte d'Orient onirique pour les Anglais, comme les Lettres persanes. C'est Zara, la reine captive, qui dit cela dans un accès de rage au noble prisonnier Osmyn (Osman) à la toute fin du troisième acte (scène VIII). Grâce à Google on peut la lire en ligne. Il faut penser à remplacer certains "f" pas des "s". Mon état de santé ne me permet que de lire une ou deux pages, mais on sent que cette pièce gagnerait à être traduite et jouée en France.

 

Si nous étions tous de vrais "européens" cela aurait été fait depuis longtemps.

 

Vade retro !

 


Lire la suite

L'absurdité française

25 Novembre 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités

descartes.jpgJ'ai déjà dit du bien ici de la méthode des vies parallèles de Plutarque qui oppose généralement un à un des grands hommes grecs et romains (et dont la lecture à bercé  trois siècles d'humanisme français, pour parler comme Sloterdijk). Voltaire en fait une application assez spontanée dans ses Lettres philosophiques en mettant en parallèle la vie de Descartes et celle de Newton. Raccourci saisissant qui rappelle combien la France est un pays merdique où les coteries et le conservatisme intellectuel plombent le génie... On dit toujours que la France engendra Descartes, on oublie de rappeler combien elle le persécuta, et avec quelle mesquinerie ! Alors que l'Angleterre vénéra Newton comme il se devait.

 

Oui, la France est bel et bien capable du meilleur comme tu pire, et dans le pire, elle va très loin - le crime, la bassesse, l'absurdité. Quelle entreprise grandiose n'a-t-elle pas noyée dans l'absurde, le crime ou la dérision ? Elle a tué la Révolution dans le bonapartisme, puis le bonapartisme dans la Restauration, De Gaulle dans le giscardisme etc.

 

Ce que j'apprécie chez Voltaire, c'est qu'il ne mâche pas ses mots. Par exemple de la Fronde il dit tout net qu'elle fut une insurrection absurde perdue dans de ridicules intrigues de factions. Il ne tentera pas vainement, comme le feront certains universitaires qui veulent se rendre intéressants, de valoriser le phénomène comme un mouvement sociologique de résistance de la noblesse de robe qui aurait pu préparer une monarchie constitutionnelle à l'anglaise, comme je l'ai lu sous la plume de certains historiens contemporains. Le lecteur des mémoires du cardinal de Retz que je suis apprécie. Tout sujet que Voltaire aborde, il le traite avec humour ("ironie" dit-on), clarté, et toujours sur la base de faits vrais, en choisissant à merveille ses exemples. Quand il dit que l'Angleterre et l'Espagne avaient déjà un théâtre quand la France n'avait que des tréteaux il dit vrai. Quand il choisit la pièce "Caton d'Utique" d'Addison pour prouver que la grandeur de Shakespeare a étouffé la dramaturgie anglaise qui lui a succédé, il choisit parfaitement bien son exemple. J'ai déjà indiqué avec quelle pertinence Voltaire nous instruit sur les quakers (la fiche Wikipedia sur le sujet, si indigente, ferait bien de s'en inspirer). Et je trouve d'un apport extraordinairement précieux à la compréhension des phénomènes religieux et de la stupidité des croyances humaines, dans le Dictionnaire philosophique, son récit de la vie du dernier messie du judaïsme, Sabathai-Sévi, né à Alep en 1666, dont là encore la présentation est à la fois autrement plus condensée, riche, drôle et pertinente que la fiche Wikipedia sur le personnage !

Lire la suite

Voltaire à propos des Quakers

24 Novembre 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités

voltaire.jpgJe trouve dans Voltaire mille choses prodigieuses que je développerai peut-être un jour - y compris un charmant récit sur l'invention du vaccin par les Circassien qui parle à l'ami des Abkhazes que je suis...

 

Je me contente pour l'heure de vous communiquer seulement cette lettre philosophique IV que je lis dans un livre mais qu'un astucieux voltairien anonyme a mise en ligne sur son blog ici. Elle parle des quakers, et en parle divinement comme de sortes de surhommes de leur époque, qui, à force de modestie, réformèrent la religion, firent la paix avec les Indiens, et autres réussites prodigieuses (cela rappelle les considérations de Voltaire sur le "bon anabaptiste" dans Candide, auxquelles je pense souvent quand notre époque diabolise certaines sectes musulmanes par exemple, bien que l'anabaptisme ne soit pas vraiment ou forcément au christianisme ce que le fondamentalisme est à l'Islam, mais ce serait à débattre - Wikipedia montre en tout cas que Voltaire considérait à tort ou à raison l'anabaptisme comme le père spirituel des quakers). Le texte ci-dessous ne leur impute pas moins que le mérite d'avoir apporté l' "Age d'Or" sur terre en Pennsylvanie.

 

Bien sûr il s'achève avec beaucoup de pessimisme, comme il se doit chez Voltaire, ce qui me fait penser à ce passage du Dictionnaire philosophique où l'auteur, après avoir disserté sur le despotisme du Grand Mogol (sacré alibi du colonialisme anglais en Inde, soi dit en passant), observe que la République n'est bonne que pour de petits peuples réfugiés dans les îles ou sur des montagnes, comme des proies échappant à de redoubles carnassers, mais que leurs prédateurs monarchistes finiront toujours par rattrapper (petit clin d'oeil au passage à nos voisins montagnards républicains suisses qui ce weekend tentent par référendum de plafonner les salaires de leurs cadres de grandes entreprises).

 

Quiconque s'intéresse à l'histoire du socialisme et de la gauche doit s'intéresser aux Quakers.

 

-------------------------

 

Environ ce temps parut l’illustre Guillaume Penn, qui établit la puissance des quakers en Amérique, et qui les aurait rendus respectables en Europe, si les hommes pouvaient respecter la vertu sous des apparences ridicules ; il était fils unique du chevalier Penn, vice-amiral d’Angleterre, et favori du duc d’York, depuis Jacques II.

 

         Guillaume Penn, à l’âge de quinze ans, rencontra un quaker à Oxford, où il faisait ses études ; ce quaker le persuada, et le jeune homme, qui était vif, naturellement éloquent, et qui avait de l’ascendant dans sa physionomie et dans ses manières, gagna bientôt quelques-uns de ses camarades. Il établit insensiblement une société de jeunes quakers qui s’assemblaient chez lui ; de sorte qu’il se trouva chef de la secte à l’âge de seize ans.

 

         De retour chez le vice-amiral son père au sortir du collège, au lieu de se mettre à genoux devant lui, et de lui demander sa bénédiction, selon l’usage des Anglais, il l’aborda le chapeau sur la tête, et lui dit : Je suis fort aise, l’ami, de te voir en bonne santé. Le vice-amiral crut que son fils était devenu fou : il s’aperçut bientôt qu’il était quaker. Il mit en usage tous les moyens que la prudence humaine peut employer pour l’engager à vivre comme un autre ; le jeune homme ne répondit à son père qu’en l’exhortant à se faire quaker lui-même.

 

         Enfin le père se relâcha à ne lui demander autre chose, sinon qu’il allât voir le roi et le duc d’York le chapeau sous le bras, et qu’il ne les tutoyât point. Guillaume répondit que sa conscience ne le lui permettait pas ; et le père, indigné et au désespoir, le chassa de sa maison. Le jeune Penn remercia Dieu de ce qu’il souffrait déjà pour sa cause, il alla prêcher dans la Cité, il y fit beaucoup de prosélytes.

 

         Les prêches des ministres s’éclaircissaient tous les jours ; et comme Penn était jeune, beau, et bien fait, les femmes de la cour et de la ville accouraient dévotement pour l’entendre. Le patriarche George Fox vint du fond de l’Angleterre le voir à Londres sur sa réputation ; tous deux résolurent de faire des missions dans les pays étrangers. Ils s’embarquèrent pour la Hollande, après avoir laissé des ouvriers en assez bon nombre pour avoir soin de la vigne de Londres. Leurs travaux eurent un heureux succès à Amsterdam ; mais ce qui leur fit le plus d’honneur, et ce qui mit le plus leur humilité en danger, fut la réception que leur fit la princesse palatine Elisabeth, tante de George 1er, roi d’Angleterre, femme illustre par son esprit et par son savoir, et à qui Descartes avait dédié son roman de philosophie (1).

 

         Elle était alors retirée à La Haye, où elle vit les amis, car c’est ainsi qu’on appelait alors les quakers en Hollande ; elle eut plusieurs conférences avec eux ; ils prêchèrent souvent chez elle, et s’ils ne firent pas d’elle une parfaite quakeresse, ils avouèrent au moins qu’elle n’était pas loin du royaume des cieux.

 

         Les amis semèrent aussi en Allemagne, mais ils y recueillirent peu. On ne goûta pas la mode de tutoyer dans un pays où il faut prononcer toujours les termes d’altesse et d’excellence. Penn repassa bientôt en Angleterre, sur la nouvelle de la maladie de son père ; il vint recueillir ses derniers soupirs. Le vice-amiral se réconcilia avec lui, et l’embrassa avec tendresse, quoiqu’il fût d’une différente religion ; mais Guillaume l’exhorta en vain à ne point recevoir le sacrement, et à mourir quaker ; et le vieux bonhomme recommanda inutilement à Guillaume d’avoir des boutons sur ses manches et des ganses à son chapeau.

 

         Guillaume hérita de grands biens, parmi lesquels il se trouvait des dettes de la couronne pour des avances faites par le vice-amiral dans des expéditions maritimes. Rien n’était moins assuré alors que l’argent dû par le roi : Penn fut obligé d’aller tutoyer Charles II et ses ministres plus d’une fois pour son paiement. Le gouvernement lui donna, en 1680, au lieu d’argent, la propriété et la souveraineté d’une province d’Amérique, au sud de Maryland : voilà un quaker devenu souverain. Il partit pour ses nouveaux Etats avec deux vaisseaux chargés de quakers qui le suivirent. On appela dès lors le pays Pensylvanie, du nom de Penn ; il y fonda la ville de Philadelphie, qui est aujourd’hui très florissante. Il commença par faire une ligue avec les Américains ses voisins : c’est le seul traité entre ces peuples et les chrétiens qui n’ait point été juré et qui n’ait point été rompu. Le nouveau souverain fut aussi le législateur de la Pensylvanie : il donna des lois très sages, dont aucune n’a été changée depuis lui. La première est de ne maltraiter personne au sujet de la religion, et de regarder comme frères tous ceux qui croient un Dieu.

 

         A peine eut-il établi son gouvernement, que plusieurs marchands de l’Amérique vinrent peupler cette colonie. Les naturels du pays, au lieu de fuir dans les forêts, s’accoutumèrent insensiblement avec les pacifiques quakers : autant ils détestaient les autres chrétiens conquérants et destructeurs de l’Amérique, autant ils aimaient ces nouveaux venus. En peu de temps ces prétendus sauvages, charmés de leurs nouveaux voisins, vinrent en foule demander à Guillaume Penn de les recevoir au nombre de ses vassaux. C’était un spectacle bien nouveau qu’un souverain que tout le monde tutoyait, et à qui on parlait le chapeau sur la tête, un gouvernement sans prêtres, un peuple sans armes, des citoyens tous égaux, à la magistrature près, et des voisins sans jalousie.

 

         Guillaume Penn pouvait se vanter d’avoir apporté sur la terre l’âge d’or dont on parle tant, et qui n’a vraisemblablement existé qu’en Pensylvanie. Il revint en Angleterre pour les affaires de son nouveau pays, après la mort de Charles II. Le roi Jacques, qui avait aimé son père, eut la même affection pour le fils, et ne le considéra plus comme un sectaire obscur, mais comme un très grand homme. La politique du roi s’accordait en cela avec son goût ; il avait envie de flatter les quakers, en abolissant les lois contre les non-conformistes, afin de pouvoir introduire la religion catholique à la faveur de cette liberté. Toutes les sectes d’Angleterre virent le piège, et ne s’y laissèrent pas prendre ; elles sont toujours réunies contre le catholicisme, leur ennemi commun. Mais Penn ne crut pas devoir renoncer à ses principes pour favoriser des protestants qui le haïssaient contre un roi qui l’aimait. Il avait établi la liberté de conscience en Amérique, il n’avait pas envie de paraître vouloir la détruire en Europe ; il demeura donc fidèle à Jacques II, au point qu’il fut généralement accusé d’être jésuite. Cette calomnie l’affligea sensiblement ; il fut obligé de s’en justifier par des écrits publics. Cependant le malheureux Jacques II, qui, comme presque tous les Stuarts, était un composé de grandeur et de faiblesse, et qui, comme eux, en fit trop et trop peu, perdit son royaume, sans qu’il y eût une épée de tirée (1), et sans qu’on pût dire comment la chose arriva.

 

         Toutes les sectes anglaises reçurent de Guillaume III et de son parlement cette même liberté qu’elles n’avaient pas voulu tenir des mains de Jacques. Ce fut alors que les quakers commencèrent à jouir, par la force des lois, de tous les privilèges dont ils sont en possession aujourd’hui. Penn, après avoir vu enfin sa secte établie sans contradiction dans le pays de sa naissance, retourna en Pensylvanie. Les siens et les Américains le reçurent avec des larmes de joie, comme un père qui revenait voir ses enfants. Toutes ses lois avaient été religieusement observées pendant son absence, ce qui n’était arrivé à aucun législateur avant lui. Il resta quelques années à Philadelphie ; il en partit enfin malgré lui pour aller solliciter à Londres de nouveaux avantages en faveur du commerce des Pensylvains : il ne les revit plus ; il mourut à Londres en 1718. Ce fut sous le règne de Charles II qu’ils obtinrent le noble privilège de ne jamais jurer, et d’être crus en justice sur leur parole. Le chancelier, homme d’esprit, leur parla ainsi : « Mes amis, Jupiter ordonna un jour que toutes les bêtes de somme vinssent se faire ferrer. Les ânes représentèrent que leur loi ne le permettait pas. Eh bien ! dit Jupiter, on ne vous ferrera point ; mais, au premier faux pas que vous ferez, vous aurez cent coups d’étrivières. »

 

         Je ne puis deviner quel sera le sort de la religion des quakers en Amérique, mais je vois qu’elle dépérit tous les jours à Londres. Par tout pays, la religion dominante, quand elle ne persécute point, englouti à la longue toutes les autres. Les quakers ne peuvent être membres du parlement, ni posséder aucun office, parce qu’il faudrait prêter serment, et qu’ils ne veulent point jurer. Ils sont réduits à la nécessité de gagner de l’argent par le commerce ; leurs enfants, enrichis par l’industrie de leurs pères, veulent jouir, avoir des honneurs, des boutons, et des manchettes ; ils sont honteux d’être appelé quakers, et se font protestants pour être à la mode (2)

 

Lire la suite
1 2 3 > >>