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Le blog de Frédéric Delorca

Soirée Abkhazie à l'ICD

29 Janvier 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

P1020428.jpgSoirée Abkhazie aujourd'hui à l'Institut de la démocratie et de la coopération (ICD), sur le thème «L’état des négociations entre l’Abkhazie et la Géorgie : perspectives pour la stabilité et les droits de l’homme au Caucase ». A la table un diplomate abkhaze, le docteur Tchirikba, un ex diplomate français que je connais un peu, et puis le professeur Owen, tout ça sous la présidence de la belle ex députée préfacée par l'incontestable Sapir, Natalia Narotchnitskaïa. Dans le public de vieilles connaissances serbes qui ne me saluent même plus, des Russes, et puis deux jeunes Géorgiens (a guy, a girl) pugnaces qui ont le bon goût de contredire le docteur Tchirikba. Tous ces gens débattent, la discussion est courtoise (le patronnage very british de John Laughland y est pour quelque chose) et de haut niveau.

Moi je pense à mon livre sur l'Abkhazie, celui que je suis en train d'écrire. Les gens qui sont là sont mon public naturel (l'ex diplomate ne m'a t il pas demandé d'ailleurs où il peut acheter mon livre sur la Transnistrie ?). Mais je sais qu'il ne peut plaire ni aux Abkhazes, ni aux Russes, ni aux Géorgiens. Il ne peut en fait plaire à personne, pour une bonne et simple raison : ce n'est pas un livre d'expert. J'ai souhaité qu'il ne le fût point. Il faut réintroduire de la littérature là où il y avait de la pseudo-expertise. Si possible de la bonne, façon Voyage au Congo de Gide, à la rigueur de la médiocre. Mais halte à l'expertise ! Le réel ne peut être découpé en messages calibrés pour cénacles de gens raisonnables. Ca n'a absolument aucun sens. Je préfère n'avoir aucun lecteur plutôt que d'écrire un livre raisonnable.

En réalité je suis tiraillé entre deux contraintes : une volonté de réhabiliter le style littéraire (et sa liberté) dans l'approche de l'histoire contemporaine, un devoir de délivrer magré tout des informations rigoureuses sur les conflits décrits (question de responsabiité et de respect à l'égard des protgonistes). Je ne sais pas trop comment tenir un équilibre.
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Howard Zinn est mort hier

28 Janvier 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Un lecteur du blog et ami d'adolescence m'apprend le décès d'Howard Zinn dont j'avais cité il y a peu l'article contre le prix nobel d'Obama dans Le Monde. C'est une grande perte pour la gauche mondiale. J'ai découvert les écrits de Zinn, comme ceux de Chomsky, il y a quelques années par l'intermédiaire de mon correspondant anarchiste serbe qui mettait un point d'honneur à enseigner en classe son histoire des Etats-Unis. Je n'ai pas le temps de lire ce soir ce qu'en disent Counterpunch ou ZMag qui sont de grand bastions de sa mouvance aux USA. Je dirai juste à titre personnel que Zinn était à mes yeux un homme d'une rare qualité, universitaire issu des classes populaires, et qui n'a reculé devant aucun engagement contre l'impérialisme de son pays. Il ne passait pas son temps à chercher des excuses au système politique étatsunien comme le font 90 % des intellectuels nord-américains, et il ne s'enfermait pas dans une vaine rhétorique et de vaines spéculations comme le font nombre des 10 autres pourcent (notamment les marxistes et les poststructuralistes). Il faut lire son Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours, et même pourquoi pas, la BD qui en a été tirée. Zinn fait vraiment partie des ces hommes du peuple qui, en entrant dans l'intelligentsia, ont sauvé en partie l'écriture et la science historique du déshonneur et de l'aveuglement dans lesquels ce qu'Austin et Bourdieu appelaient la scolastic view les enferme. Il incarnait à lui seul la nécessité de ne pas laisser les chaires aux héritiers, de ne pas laisser les privilégiés dire le monde. Y aura-t-il encore beaucoup de Zinn dans les décennies qui viennent outre-Atlantique ?

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Deux histoires de la banlieue et autres nouvelles politiques

27 Janvier 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

La première histoire était dans Libé la semaine denière. "Une nouvelle agression commise, jeudi après-midi, en Seine Saint-Denis contre un chauffeur de bus provoque des remous au sein de la RATP. Un conducteur travaillant sur la ligne 148, qui relie Bobigny au Blanc-Mesnil, a été violemment frappé, jeudi, vers 17 heures, par un passager au niveau de la cité des Tilleuls, au Blanc-Mesnil. D’après un collègue de la victime, cet homme lui aurait reproché de ne pas l’avoir attendu lors d’un précédent trajet " En représailles, la RATP a cessé de desservir le quartier concerné pendant quelques jour.lh-copie-1.jpg

Dans ma ville de la banlieue nord, qui n'est pas très loin du Blanc Mesnil, il y a quelques jours je suis arrivé à l'arrêt de bus. Un type m'a dit que le bus n'était pas encore passé. Quand il est arrivé au bout de 5 mn il ne s'est pas arrêté, laissant plusieurs personnes attendre à l'arrêt. Il a est allé se garer 100 mètres plus loin pour une pause d'une demi heure (il y a un bus environ toutes les heures à cette heure là).

Ce n'est pas la première fois. Un chauffeur qui refuse de s'arrêter, c'est une type qui vous méprise, un micro-événement qui vous rappelle que de toute façon tout est "glauque", rien n'avance, que les gens ne se respectent pas, que c'est l'impasse de la banlieue nord, la petite vie tout le temps, loin des centres du pouvoir. Inutile d'appliquer une lecture sociologique en termes de luttes des classes. Le chauffeur est souvent du même milieu  que le type qui va lui casser la gueule. Des coups vaches entre petites gens.

Comme moi, je sais écrire, j'ai préféré signaler l'incident au syndicat des transports. Celui-ci m'a renvoyé vers un prestataire privé qui administre la ligne concernée. Là, j'ai ressenti comme une hésitation. Je sais que le prestataire en question n'est pas plus honnête que son chauffeur négligeant. Puisqu'il gère à des fins d'enrichissement privé un service public qui devrait être aux services de tous. Le vice ne peut enseigner la vertu au vice. C'est le serpent qui se mord la queue. La politique libérale immorale rend impossible tout rappel à l'ordre moral.

Autre histoire de banlieue, pas très loin du Blanc Mesnil à Drancy un "commando" de 80 personnes s'est introduit dans la mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis) et a proféré des menaces à l'égard de l'imam, lequel a accueilli le CRIF dans sa moquée il y a peu, et soutenu le projet de loi contre la burqa. Là encore devant un incident pénible, on ne peut que réfléchir au rôle des pouvoirs publics, et constater que leur action réduit toujours plus les chances d'apporter des solutions. Pourquoi avoir laissé deux rustiques députés (rustiques est un euphémisme) accaparer le champ médiatique avec un sujet (le voile intégral) qui concernait à peine quelques dizaines de femmes, et sur lequel on ne peut manifestement avancer que par le dialogue et la pédagogie ?foulard.jpg

Voilà synthétisés en deux anecdotes les problèmes de nos banlieues : un enlisement dans la médiocrité économique et la médiocrité éthique entretenus par la logique libérale, la concurrence des territoires, et le libéralisme (un démographe me disait il y a peu que les pôles de développement économique en Seine Saint Denis n'ont aucunement profité aux quartiers populaires) ; une islamophobie offensive devenue le vain cache-sexe d'une république en panne de message émancipateur, qui encourage l'opposition entre un clergé soumis aux relations cliéntélistes et de extrémistes qui accaparent le désarroi identitaire de la jeunesse. Voilà qui n'est pas bon du tout.

M. Chevènement sur son blog ces derniers jours tient des propos très censés sur l'atteinte au cadre territorial par le réforme Sarkozy, et sur la mauvaise foi de Jospin dans ses récentes déclarations autour de son livre. Même si l'on peut reprocher au vieux sénateur certaines de ses rigidités sur la conséquences du colonialisme, son attachement à ce que la République porte de progressiste reste constant, et sa position sur le voile intégral est plus raisonnable que celui de M. Mélenchon : M. Chevènement ayant au moins la sagesse de constater que l'arsenal juridique actuel suffit à combattre les inconvénients de ce vêtement, sans qu'il faille recourir à une stupide loi propagandiste.

Pour compléter ce chapitre politique, notons que l'assiduité des 8,8 millions télépectateurs à recueillir le verbe divin de notre inénarrable président dans leurs trompes d'Eustache, ainsi que leur taux de satisfaction (40 % incompressibles), confirme mon propos récent sur l'aliénation de nos compatriotes. Heureusement que M. Le Boucher nous rappelle que M. Sarkozy est un gaulliste...
villepin_francia-copie-1.jpg
Enfin pour ceux qui aiment Haïti et s'interrogent sur sa brillante contibution au renversement de son gouvernement légal aux côtés de M. George W. Bush, je recommande la lecture du blog de Claude Ribbe, avec une serie de témoignages dont le dernier en date est ici.
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Il n'y a pas qu'Hypatie dans la vie !

26 Janvier 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Après avoir vu le film Agora, je puis vous le confier : il y a aussi Hipparchie (Hipparchia), que j'admire bien plus !

Voici ce que Diogène Laërce en dit  (je reprends la traduction de Robert Genaille de 1933 en la rendant un peu plus réaliste sur certains points clés) :P1000173.JPG

"Les discours de ces philosophes convertirent encore la soeur de Métroclès, Hipparchia. Comme lui, elle était de Maronée. Elle s’éprit si passionnément de la doctrine et du genre de vie de Cratès qu’aucun prétendant, fût-il riche, noble ou bien fait, ne put la détourner de lui. Elle alla jusqu’à menacer ses parents de se tuer si elle n’avait pas son Cratès. Cratès fut invité par eux à la détourner de son projet : il fit tout ce qu’il put pour cela, mais finalement, n’arrivant pas à la persuader, il se leva, se dépouilla devant elle de ses vêtements, et lui dit : « Voilà votre mari, voilà ce qu’il possède, décidez-vous, car vous ne serez pas ma femme si vous ne partagez mon genre de vie. »

La jeune fille le choisit, prit le même vêtement que lui, le suivit partout, fit l’amour avec lui en public, et alla avec lui aux dîners. Un jour où elle vint à un dîner chez Lysimaque, elle confondit Théodore, surnommé l’Athée, par le raisonnement suivant : « Ce que Théodore ferait sans y voir une injustice, Hipparchia peut aussi le faire sans injustice. Or Théodore peut se frapper sans dommage, donc Hipparchia, en frappant Théodore, ne lui fait aucun dommage. »

L’autre ne répondit rien, mais lui enleva son vêtement. Mais Hipparchia n’en fut ni frappée, ni effrayée, bien que femme. Et comme il lui disait : « Qui donc a laissé sa navette sur le métier ?» elle lui répondit : « C’est moi, Théodore, mais ce faisant, crois-tu donc que j’ai mal fait, si j’ai employé à l’étude tout le temps que, de par mon sexe, il me fallait perdre au rouet ? »

On raconte encore bien d’autres bons mots de cette femme philosophe.


Bon, il faudrait quelques soustitres, comme toujours quand on parle de l'Antiquité. Les "dîners" sont les sumposion (cena en latin), véritables institutions publiques réservées aux hommes. Faire l'amour en public et aller au sumposion est aussi sacrilège (comme se masturber et manger dans la rue, comme le faisait Diogène). Le "vêtement" d'Hipparchie qu'enlève Théodore est le manteau des cyniques qui était leur unique accoutrement. La philosophe assume la nudité publique comme le lui dicte la doctrine cynique. La question "qui donc a laissé sa navette" est une citation d'Euripide. Parce qu'on a beau être un abominable machiste comme Théodore l'Athée, on n'en est pas moins fin lettré. Il faut l'être de toute façon pour être admis à la table de Lysimaque, général d'Alexandre le Grand devenu gouverneur de Thrace. Car en effet tout cela se passe en Thrace... longtemps, longtemps avant la naissance d'Hypatie - à la louche six siècles plus tôt...

 

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Gloria Inés Ramírez Ríos et les réseaux alternatif

24 Janvier 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Atlas alternatif

f_te_de_l__huma_2006_008.jpgJe reçois une invitation sur Facebook sur le profil "Réseau Atlas alternatif" de la part de "Juventud-Comunista Bucaramanga" m'indiquant que la sénatrice Gloria Inés Ramírez Ríos se rendra à Bucaramanga samedi prochain et me demandant si j'y serai. Le programme est détaillé : à 9 h 30, rencontre avec les travailleurs, les retraités et les "déplacés" (sic), à 11 h rencontre avec les professeurs et les étudiants, à 14 h 30 chocolat avec les médecins de la ville, 16 h rencontre avec les syndicalistes, 17 h rencontre avec les mères de famille et les élus municipaux.

Je ne sais pas où est Bucaramanga, ni de quel pays Mme Ramírez est sénatrice.  Je me renseigne. Je découvre sur Wikipedia que c'est une éducatrice membre du parti communiste colombien. C'est un peu court pour se faire une opinion.

La Colombie est typiquement le genre de pays sur lequel on voudrait être honnêtement informé : troisième destinataire de l'aide militaire américaine, Obama va y construire de nouvelles bases qu'on présente comme des avant-postes d'agression contre le Vénézuela et de conquête de l'Amazonie. En 2006 c'était le premier pays au monde pour les assassinats de syndicalistes. On aurait tendance à penser que là bas un bon leader anti impérialiste est un leader mort, ou alors un leader qui a rejoint la guérilla des FARC. Y a t il encore des sénateurs communistes"honnêtes" dans ce pays ?

En me posant ces questions, je me dis à nouveau qu'il est dommage que nous n'ayons jamais pu constituer un réseau d'info alternative dans la sillage de l'Atlas alternatif. Comme dans les milieux politiques anti Union européenne (UPR, DLR, Parti des travailleurs etc), comme dans les milieux anti-néo-libéraux (NPA, PCF, etc), comme au sein du PC lui même (voir la déclaration de Gérin dans Le Monde "je ne prends plus mes ordres au Colonel Fabien", ce qui est en effet le cas de tous les élus), les milieux d'info alternative sont très divisés, chacun cultive ses choux dans son coin et l'info reste fragmentaire. A un ami qui voulait faire une fondation d'information alternative Jacques Sapir aurait répondu : si vous n'avez pas un million d'euros pour le faire, ça ne servira à rien.

Donc aucune fondation crédible ne peut nous renseigner sur l'échiquier des forces de gauche en Colombie (pas même le Monde Diplo, qui n'a pas toujours une grille de lecture très rigoureuse sur les forces anti-système, voir ce que Badiou en disait à juste titre dans Le Siècle).

Dans le même ordre d'idée un ami m'écrivait ce matin : "Un correspondant m'envoie un article ukrainien assez bien documenté en apparence, selon lequel des agents (nommés et retracés dans l'article) de la sécurité d'un pays allié des Etats-Unis que l'article nomme ont été envoyés en Ukraine suite à un accord avec Timochenko (les sources de cet accord proviennent d'opposants du pays en question infiltrés dans  le pouvoir) pour que le second tour soit caractérisé par des provocations qui rendraient l'élection de Yanoukovitch impossible. Cet article sera publié en Pologne et en Allemagne et mon correspondant me demande si cela n'intéresserait pas un média français (de nos amis) ?" P1010692-copie-1.jpg

Nous n'avons même pas un bon réseau pour faire circuler cette info auprès de relais vraiment utiles.
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