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Le blog de Frédéric Delorca

Mars toujours là...

7 Mai 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

b52.jpgL'expulsion des députés communistes de la Rada ukrainienne, le déploiement de lance-roquettes Grad à Slaviansk, les propos de Chuck Hagel sur l'intérêt géostratégique de la fonte des glaces dans l'Arctique, les mamours de François Hollande avec le premier ministre japonais Abe (celui qui rend hommage aux criminels de guerre de la seconde guerre mondiale en leur sanctuaire), le viol de la constitution philippine pour installer une base américaine.

 

Cette année 2014 commence à sentir un peu trop la poudre...

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Ukraine : le spectre de la guerre civile et de l’internationalisation du conflit

6 Mai 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

ukraineLa signature d'un accord entre la Russie, l’Union européenne et les Etats-Unis le 17 avril, prévoyant le désarmement des paramilitaires nationalistes et des milices pro-russes n’aura finalement été d’aucun effet. Au contraire, la situation sur le terrain n’a cessé de prendre le chemin de la guerre civile au cours des deux dernières semaines.


Le 23 avril dernier, 120 000 personnes à Slaviansk (une ville d’environ 110 000 habitants dans l’oblast de Donetsk à l’Est) assistaient aux funérailles de trois membres de leurs groupes d'autodéfense tués trois jours plus tôt à un check-point au nord de leur ville par des néo-nazis de Secteur Droit, armés de mitrailleuses allemandes MG 42. S’en est suivi, dans le cadre d’une opération initiée dans l’ensemble du Sud-Est ukrainien dès mi-avril, une tentative de reconquête manu militari de la ville qui pendant huit jours s’est transformée en un siège, les troupes du gouvernement autoproclamé de Kiev se révélant assez peu enclines à tirer sur leurs compatriotes, et les insurgés ayant eu la présence d’esprit de prélever quelques otages parmi les experts militaires de l’OSCE venus leur rendre visite (ou les espionner suivant les versions). Fin avril, le conflit à Slaviansk semblait cantonné à la guerre de la désinformation : le 29 les rues étaient bombardées de tracts lancés d'hélicoptères Mi-8 (si l’on en croit la Komsomolskaïa Pravda) indiquant : "Évitez les rassemblements publics - des hommes parmi les manifestants appartenant aux services spéciaux russes, chargés d'éliminer physiquement toute personne qui tente de critiquer la politique de la Russie. Ils se cachent derrière vous et vous utilisent comme boucliers humains, comme le firent les occupants de l'Union soviétique dans la période 1941-1945 ". Symétriquement dans les rangs pro-russes on se gargarisait volontiers de l’imaginaire du blocus de Leningrad pendant la seconde guerre mondiale, alors que, selon l’AFP du 29 avril, le principal axe d’approvisionnement de la ville restait fermement contrôlé par les insurgés. Les troupes de Kiev sont passées à l’assaut le 2 mai contre les postes de contrôle de la ville ainsi que d’autres bourgades de l’oblast de Donetsk, avec semble-t-il des résultats contrastés.

 

La violence a aussi éclaté à Odessa, le 2 mai au soir. Lire la suite sur "Esprit cors@ire" ici  

 

Voir aussi le dossier du Mouvement de la Paix ici.

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Le journal de Paul Morand 1970

6 Mai 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1950-75 : Auteurs et personnalités

Bon, je le précise une nouvelle fois pour les spécialistes du fichage sur Internet (les mecs de 21 ans et demi à barbichette) : je suis anti-réac, anti-facho, et anti-vichyssois. Mais cela ne m'empêche pas de lire TOUS nos grands classiques, et d'apprécier éventuellement certains traits de leur caractère, ou même simplement certains de leurs bons mots, ou certaines de leurs inspirations, même quand ils ne sont pas de mon bord politique.

 

Il en va ainsi par exemple de Paul Morand dont j'ai évoqué "Hécate et ses chiens" alors que je le lisais (comme par hasard) lors de la dernière lune noire, et ce d'autant plus que Morand, comme Soupault venait du surréalisme.

 

J'ouvre ce matin le journal de Morand à la date de ma naissance, 26 septembre 1970. Au moment où je suis né, vers 13 h, Paul Morand déjeunait à l'Hotel du Commerce, à Saint-Marcel, faubourg de Chalon-sur-Saone : une  "côte de boeuf venant du Charolais, servie individuellement sur l'os" (sic), puis il relit à Vevey le script de son interview par Boutang réalisée le 1er août à Rambouillet (Archives du XXe siècle), qu'il juge médiocre à la lecture.

 

Pas passionnant allez vous me dire. Certes. Il ne peut pas se produire un prodige tous les jours.

 

Plus drôle le 28 septembre il note que le Figaro littéraire signale dans ses morceaux choisis Simenon, Queneau, Sarraute, Vilar, Robbe-Grillet, Genet, Godard, etc. et ajoute "la peur des professeurs devant la terreur des Lettres !"

 

Puis il cite un mot de Louis Dumur dont il affirme qu'il s'applique aussi à Sartre et aux pontes de la Pensée 68 : "Victor Hugo n'a pu se faire mettre en prison. Le commissaire a dit qu'il n'arrêtait que les gens sérieux".

 

Et le 29 septembre , il observe Maginot, Mussolini, Hitler, Brejnev ont tous agi en fonction de catégories mentales de leur jeunesse, 20 ou 25 ans avant d'avoir le pouvoir de décider. Et il ajoute finement : "Sentimentalement aussi, c'est vrai : toute sa vie, on choisit le type de femmes qu'on a aimé au collège".

 

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La province dans le cinéma français

5 Mai 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Quand un copain m'a fait le "pitch" comme on dit du nouveau film de Lucas Belvaux "Pas son genre", je me suis dit : "J'espère que ce n'est pas la Enième comédie pseudo sociologique française made in Canal+, du genre le Gout des autres...", ces petites choses de Bacri-Jaoui ou de Klapisch qui finissent par se plagier elles-mêmes à l'infini.

 

Puis j'ai regardé la bande annonce.

 

 

Et là c'est bien ce que je craignais. Des coiffeuses j'en ai connues dans diverses régions, mais hélas celle-là  l'entendre parler pendant 3 secondes suffit à faire comprendre qu'elle n'est pas coiffeuse... et encore moins coiffeuse à Arras (bon je sais qu'il est difficile pour un cinéaste parisien de concevoir cela, puisqu'à Paris les coiffeurs sont des monuments de culture, voire parfois de cuistrerie genre "capilliculteur" comme disait Desproges)

D'ailleurs une coiffeuse en province ne s'essaierait probablement pas à chanter "Live is life" comme dans la bande annonce car elle aurait trop peur d'essayer de dire des mots en anglais (le cinéaste aurait mieux fait de tenter "capitaine abandonné" de Gold, encore que l'actrice est peut-être un poil trop jeune pour cette chanson) - et c'est là juste un constat, je ne place aucun jugement de valeur là dedans.

Un prof de philo, quant à lui, même en province, n'oserait pas dire que la philo est un "sport de combat", d'une part parce que les philosophes détestent les sociologues (donc exit la référence à Bourdieu) et, d'autre part, parce qu'il aurait conscience d'avoir 12 ans de retard dans ses références...

 

Ce n'est donc apparemment pas du Stephan Frears ou du Ken Loach (qui a fini par se caricaturer lui meme il est vrai). Il est assez incroyable et triste qu'un cinéaste parisien ne puisse pas trouver une actrice acceptable dans le rôle d'une coiffeuse du Pas de Calais. Cela me rappelle "La vie rêvée des anges" où Elodie Bouchez non plus ne faisait pas du tout crédible en fille du Nord. Simptôme de notre centralisme, la province est inaudible dans le cinéma français, à moins de devenir cucul la praline comme dans les films de Guédiguian.

 

Je ne dis pas que les filles des milieux populaires de province doivent être figées dans des caricatures. Je dis juste que les actrices parisiennes (ou issues des grandes métropoles régionales et formées "à la parisienne") qui les incarnent devraient au moins tenter d'avoir quelques modes d'expression dans l'accent, le mouvement corporel, le visage, qui traduisent une "altérité sociale", au détour d'une phrase, d'un soupir... Nos cinéastes sont complètement incapables de trouver cela dans leur casting, ou de le susciter dans leur mise en scène, parce qu'il ne le perçoivent tout simplement même pas dans la réalité.

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Le pouvoir et la puissance

5 Mai 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik

Après la victoire d'Actium, Octave (futur César-Auguste) attribua son succès à Apollon Phoebus (le brillant) dont le culte n'était pas vraiment répandu à Rome : c'était avant tout un dieu grec (mais Auguste ne disait-il pas qu'il faut que les Romains s'habillent comme les Grecs - avec le pallium des philosophes - ?). Antoine son adversaire s'était placé sous la protection de Dionysos, et Cléopâtre sous celle d'Isis (la terre mère, qui ressuscite le dieu mort). De sorte qu'Actium est une victoire d'Apollon sur Dionysos dans la mer (car c'est une bataille navale, à la différence de Pharsale entre Pompée et César, mais toujours en Grèce).

 

Avant eux, Pompée s'était placé sous la protection de Venus victrix, et César sous celle de Venus génitrix (dont il se prétendait le descendant). Vénus contre Vénus. C'était un temps où tout chef se réclamait d'une force surnaturelle non pas pour assujettir son peuple, mais pour s'assujettir lui-même à un sens de la puissance pondérée (la seule qui agisse dans le temps) et du devoir (du renoncement dans l'action, si vous voulez, pour reprendre les termes de la Bhagavad-gita).

 

auguste

En persévérant dans cette piété (pietas), Auguste se donnait les moyens de construire, et de se réclamer de plus en plus d'une ascendance apollinienne (de sorte qu'on le nomma Divus Augustus, le divin Auguste). Certains disent que Jésus-Christ fut nommé "le fils de l'Homme" par opposition au "Divin Auguste", je n'entrerai pas dans ce débat, mais il est en tout cas très étonnant que le véritable Jésus s'il a existé ou en tout cas le Jésus des Evangiles canoniques soit né sous Auguste et que sa naissance (probablement imaginaire) à Bethléem, dans la ville de David, soit conçue comme une conséquence d'un décret (probablement imaginaire aussi) d'Auguste.

 

Que le pouvoir individuel soit stérile sans l'aide d'une puissance qui transcende l'individu (comme par exemple la puissance de la morale universelle) est une règle de laquelle notre président de la République ferait bien de s'inspirer, ce sot dont la dernière trouvaille face à la crise ukrainienne (créer une communauté énergétique européenne contre la dépendance au gaz russe) est d'une débilité sans nom !

 

Cela est aussi vrai dans la vie privée. Je songe par exemple aux gens qui valorisent le pouvoir sexuel auquel ils prêtent une fausse sacralité (le sexe sacré est une chose très particulière). Il est de la dernière mode de faire l'amour à la nuit tombée au bureau, ou dans les salles de classe pour les instituteurs (et même dans les sanctuaires, mais voyez de quel prix Atalante et Hippomène le payèrent). Un de mes amis avait amené sosu la lune une sienne conquête dans un bureau du ministère des affaires étrangères en 2004. Voilà le genre de chose que je ne me serais jamais permis je crois. Des policiers parisiens viennent de le payer cher. Entraînés par le stupre, semble-t-il par une nympho alcoolisée canadienne (à laquelle je ne jette pas la pierre car il y avait peut-être une inspiration profonde dans son initiative), ceux-ci, selon le dernier rapport de l'enquête rendu public, ont sauté leur copine au quai des Orfèvres. La Ménade (eux doivent dire "l'Empuse") a toutefois changé de posture en cours de route, c'est le cas de le dire (elle a changé de main), et a choisi de transformer le bal en tragédie (et en disant cela je ne me prononce pas sur le fait de savoir si un geste déplacé de ses amants ou d'elle en est la cause). Elle s'est donc enfuie seins nus en criant au viol. "Viol au quai des Orfèvres" fut la "Une" des journaux le lendemain, et les flics y perdront sans doute leur job. C'est qu'il faut autant de prudence et de sérieux dans les choses de la chair que dans le reste. "On ne badine pas avec l'amour" disait Musset. Non que l'amour doive être triste, il peut et peut-être même doit être délirant. Mais le délire doit toujours être indexé à une puissance qui le dépasse. Sans quoi il n'est que simple accident de parcours.

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