Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Interview de Frédéric Delorca sur BBC Afrique

19 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

ukraineUne interview de Frédéric Delorca sur l'Ukraine sera diffusée demain matin dans l'édition de BBC Afrique de 7-8h ici.

 

L'extrait retenu est en ligne ici - seulement 2 mn sur 18 mn d'Itw

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x2454b8_delorca-ukraine-2_travel

 

Lire la suite

Les mots clairs d'un prêtre irakien

18 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

monastere-copie-1.jpgC'est dans Le Monde et il ne mâche pas ses mots :

 

- Mais ne craignez-vous pas d'être utilisés par les Kurdes pour étendre leur territoire et gagner leur indépendance ?

-Ils ont eux aussi été victimes de violences et de la répression. Comme nous, leur lien avec Badgad est coupé. Les médias musulmans font de la propagande et disent depuis quinze jours que Al-Koch est sous le contrôle des islamistes, ce qui est faux. J'’avais un très vieil ami musulman à Desrestoum, près d'’Al-Koch ; le 7 août au soir, il n'’a jamais répondu à mes appels. Pour beaucoup d'’Arabes, ici, l'’Etat islamique n’'est pas un mouvement terroriste.

- Vous ne semblez plus croire en un Irak faisant cohabiter différentes communautés religieuses ?

Depuis 2003, il n’'y pas eu un seul jour de paix. Le sang n'’a pas cessé depuis de couler et la force est le seul langage que l'’on connaisse depuis l’'intervention américaine. Le régime qui a été installé à Bagdad est une farce et n'’est que mensonge. La liberté promise est fausse. La démocratie l'’est tout autant. La capitale n'’a été que le lieu de tractations entre des chefs de bandes.

- Vous imputez aux seuls Etats-Unis la violence régnant dans le pays et celle perpétrée contre les minorités religieuses ?

Je dis que, en effet, la politique menée par les Etats-Unis en Irak a conduit à monter les communautés les unes contre les autres pour parvenir à leurs fins. Mais ici, les équilibres sont très anciens et fragiles, ils ont privilégié une stratégie à très court terme, et maintenant, le pays est dans un chaos indescriptible. Nous, chrétiens, pouvions vivre sous le régime de Saddam Hussein, ce n’'est plus le cas aujourd’'hui."

Lire la suite

Le Tibet d'A. David-Néel

18 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Asie, #Grundlegung zur Metaphysik

Il y a quelques jours, je regardais en DVD un de ces mauvais fims biographiques ("biopics") sur une célébrité de notre temps : Diana, avec Naomi Watts dans le rôle de la princesse de Galles. Comme son équivalent sur Margaret Thatcher sorti un peu plus tôt, et comme la plupart des productions actuelles, le film est techniquement bien fait, mais totalement dépourvu d'inspiration - notamment les scènes paroxystiques tombent parfaitement à plat.

 

Dans le supplément le réalisateur explique que Diana Spencer était probablement une médium-guérisseuse, même si elle n'a jamais développé ce don, que cela se sentait dans ses gestes et dans son regard, et que c'était sans doute aussi le cas de son amat le chirurgien dont j'ai oublié le nom.

 

baliL'intuition se veut chic, mais elle est simplement "trendy" comme lorsque TF1 avance le slogan "recevez des énergies positives" ou quelque chose dans ce goût-là.

 

La globalisation véhiculée par Internet nous offre en ce momet du "ready-made" chamanique,mystique, bouddhiste etc digne des pires super-productions de Walt Disney et cela entre progressivement dans la vulgate de tous les domaines, même cinématographique (songez par exemple à Marion Cotillard qui dit être allée voir un exorciste. Tout ce mauvais goût chargé d'images à 5 centimes (les "maîtres ascensionnés"), de fausses fêtes (la fausse fête de la pleine lune de Wesak par exemple dont beaucoup de gens croient dur comme fer qu'elle est tibétaine), n'est pas pire, me direz-vous, que les vagues d'irrationnalité orientalisante qui se sont abattues sur l'Europe dans les années 1960 ou 70 par exemple ne valurent pas mieux. Mais l'important est de s'affranchir des clichés de masse.

 

adnJe ne sais pas ce que vaut le bouddhisme d'A. David-Néel, et je m'en fiche un peu. Ce qui compte en premier lieu à mes yeux, c'est qu'il nous plonge dans une autre époque : celle où Georges Clemenceau collectionnait des statues de l'Illuminé. Une époque libère d'une autre par le simple mouvement de détachement que sa découverte provoque. En second lieu, ce que j'aime chez cette voyageuse c'est le témoignage qu'elle porte sur la ferveur paysanne de tous ces Tibétains ordinaires jetés sur les routes des pèlerinages : elle fait entendre leur langue, leurs rires, leurs prières, voir leurs visages, leurs lieux saints. On se doute bien que ni le Tibet actuel gagné par la modernité sous l'emprise de la République populaire de Chine, ni le Tibet lamaïste en exil de l'autre côté de la frontière indienne n'ont plus grand chose à voir avec ce bouddhisme-là, tout comme, si l'on veut, mon village natal aujourd'hui n'a qu'un rapport éloigné et extrêmement formel (peut-être même purement nominal) à ce qu'il était dans les années 1930.

 

Les lieux de ferveur mystique sont intrigants. On sait quelle fascination l'Egypte par exemple exerça sur tous imaginaires, même ceux des conquérants arabes malgré la passion iconoclaste et anti-païenne qui les animait. Le Tibet est de la même sorte. Ces lieux de foi véhiculent maintes impostures, mais aussi des éléments d'élévation authentique de l'humanité au dessus de l'esclavage de sa routine. Ce qui est intéressant dans la façon dont A. David Néel (ADN) restitue ces vecteurs de dépassement dans le contexte historique où elle les découvre, c'est qu'elle le fait à partir d'un cheminement personnel authentique. Elle n'est pas au Tibet pour réaliser une thèse universitaire, mais poussée par un élan intime qui est à la fois politique et métaphysique (peu de gens - à part quelques grands auteurs que je mets en valeur dans ce blog, et bien sûr tous les grands philosophes - ont une intuition profonde du lien qu'il y a entre le politique et le divin) : elle part d'un geste libertaire, anti-colonialiste - la volonté de braver l'arbitraire colonial anglais qui interdit l'accès au Tibet aux Occidentaux -, geste dont l'essence est l'auto-affirmation de sa puissance d'être humain ; le geste cheminement ; les dieux appuient le cheminement, de l'intérieur et de l'extérieur (comme lorsqu'ils lui "envoient" comme elle dit p. 91 un bonnet en peau d'agneau du pays de Kham au bord de son sentier), et du coup le cheminement croise, sur un mode plus authentique que s'il s'était agi d'une collecte d'informations scientifique ou administrative, le cheminement propre des populations locales.

 

Peu importent la religiosité ou l'athéisme affichés. Ce qui fait la force d'un voyage comme d'une action politique, ou d'une histoire d'amour etc, c'est la force intéreure qui l'habite. La part d'imposture et de faux semblants se révèle toujours. Dans le cas d'ADN l'authenticité de la force motrice ne fait aucun doute, et, du coup, elle fait ressortir des pans du réel (par exemple l'atroce saleté du peuple tibétain - rappelez vous mes remarques sur le fait que le grotesque cotoie toujours le sacré, la saleté la pureté etc) qu'une démarche plus artificielle n'aurait jamais pu saisir...

Lire la suite

Mon Golgotha

18 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik

penelope.jpg

Actualisation 2019 : Texte écrit à l'époque de mes échanges avec les médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela.

A midi aujourd'hui, je montais une côte pareille à un Golgotha, avec cinq exemplaires de mon dernier manuscrit, contre le ventre comme une femme enceinte, et non comme Jésus sur l'épaule (des manuscrits dont j'ignore à quel éditeur les envoyer). Les cloches des églises qui sonnaient les douze coups ajoutaient à la solennité de l'instant. Instant triste sous un ciel gris car tous les bureaux de postes fermés le lundi matin avaient opposé une grille austère à mon besoin d'avoir des timbres pour envoyer cette paperasse.

 

marguerite de navarre

Il n'y avait rien d'encourageant dans cette ascension, sauf Pénélope Cruz qui me regardait fixement en haut de la côte, en me demandant "Tu t'attendais à quoi?". Ce n'était pas Marie-Madeleine, mais quand même la femme d'Ulysse, et son nom évoquait ma croix... Elle avait sur l'épaule le perroquet des portraits de Marguerite de Navarre dans sa jeunesse. Un perroquet aux ailes de papillon, comme une hipparchia. Pénélope ne m'a jamais déçu, de "Jambon Jambon" à "Volver"... J'ai donc marché bravement en la regardant droit dans les yeux !

Lire la suite

Deux billets de 100 Francs dans "La Pharsale" de Lucain

15 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Antiquité - Auteurs et personnalités

Mon petit camarade a laissé un message sur mon répondeur. Il dort avec l'armée de la République populaire de Donetsk dans un bled près de Lougansk... Demain ils prendront un train pour rejoindre la ville assiégée.

 

arcusSeul en ma demeure, ce soir, je lisais au hasard dans le tome 2 de la Pharsale le passage où Lucain médite sur la tombe dérisoire de Pompée en Egypte. Puis je lis son apothéose de Pompée. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux que Lucain (comme je suis heureux de savoir que cet auteur est né à Cordoue, qu'il est le neveu de Sénèque, qu'il a écrit une tragédie sur Médée, et une Descente aux Enfers, mais il serait trop long de vous expliquer pourquoi), ait écrit ce passage. Il le fallait. Le commentateur précise que l'apothéose est nécessaire chez les stoïciens, mais elle est aussi pythagoricienne. Donc, disais-je, après ma lecture de cette très belle apothéose, je déchire quelques pages à la main. Mais ce n'est pas du joli travail. Je saisis un couteau, entaille deux autres pages... et tombe sur deux billets de 100 Francs qui y étaient intercalés...

 

Deux beaux billets même pas pliés. De quelle année sont-ils ? Peut-être les années 1980 ? Pourquoi le lecteur de la Pharsale (que je lis en livre d'occasion) a-t-il placé là ces billets entre les pages non découpées ? Voulait-il les offrir à quelqu'un ? Un mystère plane sur cet argent qui ressemble à un don fait à travers les décennies. Un don qui m'échoit. Evidemment je ne peux rien en faire (ces billets ont-ils une valeur quelconque sur le marché des collectionneurs ?).

 

Je regarde la page où ils se trouvaient, p. 146, celle qui relate le discours de Cléopâtre pour convaincre César de l'aider à reconquérir son trône d'Alexandrie juste avant la première nuit où ils firent l'amour. Je suppose que l'homme ou la femme qui ont glissé ces deux billets n'ont pas vraiment choisi la page, puisqu'elle n'était pas détachée de la suivante...

 

C'est bien la première fois que je trouve de l'argent dans un livre d'occasion, mais, à la réflexion, cela va bien avec l'esprit de l'oeuvre de Lucain qui, sous la dictature de Néron (même si l'empereur l'apprécia et le protégea pendant un temps), avait toutes les caractéristiques d'une bouteille jetée à la mer, d'un don gratuit et désespéré pour des inconnus, car on ne voit pas bien à qui la Pharsale pouvait être utile (aux nostalgiques de la République ? s'ils avaient été dans le public de la Pharsale nul doute que Néron n'en eût jamais récompensé l'auteur...). Je l'ai déjà dit ici : le stoïcisme c'est le renoncement dans l'action, comme la Bhagavadgita. Et donc on donne à la postérité une apothéose de Pompée, comme on glisse deux billets dans un livre. Une générosité inutile.

 

nietzscheDans la Pharsale, Lucain émet le voeu que les Egyptiens, quelques générations plus tard, deviennent un jour fiers du tombeau de Pompée comme les Crétois le furent du tombeau de Jupiter (que Lucain appelle "le Tonnant"). Je me souviens que Nietzsche quand il parle de la mort de Dieu, évoque ce tombeau crétois au dieu mort. Il y a quelque chose de très beau et de très profond dans cette image de la sépulture de l'Eternel, un paradoxe qui va bien aussi avec le stoïcisme.

 

Lucain s'adressait à un peuple égyptien irréel, puisque ceux-ci n'ont jamais été fiers de la stèle de Pompée (de "Magnus" comme dit l'auteur). Tous ceux qui défendent des causes perdues s'adressent à une humanité absente. Il faut avoir une sensibilité à la Châteaubriand pour aimer ce genre de soliloque.


chateaubriand

Au fait, en parlant de l'auteur des Mémoires d'Outre-tombe, je songeais ce soir qu'il avait eu la même "baraka" qu'Alexandra David-Néel dans ses tribulations américaines. Mais développer ce point me conduirait trop loin, et il est déjà tard...

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 > >>