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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #colonialisme-imperialisme tag

Le rapport de l'ECLJ sur l'influence de Soros à l'ONU

4 Août 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #George Soros, #Le monde autour de nous, #Colonialisme-impérialisme, #Les rapports hommes-femmes

J'ai été probablement le premier en France dans mon intervention à l'Institut Dogma en septembre 2018 (publiée ensuite dans le revue Droits) à exposer d'une façon systématique tous les aspects des investissements politiques de Soros (en synthétisant d'ailleurs simplement ce que j'avais écrit un an plus tôt dans mon livre "Les régimes populistes face au mondialisme"). Cela en a conduit certains à droite à s'intéresser à mes travaux, mais, comme ils réalisaient que je n'étais pas pour autant sur une ligne zemmourienne de "choc des civilisations", ils ont renoncé à continuer d'échanger avec moi (cela fonctionne ainsi en France).

Comme ce qui importe à mes yeux c'est de vous donner des informations fiables quelle qu'en soit la source, je ne pratique pas, en ce qui me concerne, l'ostracisme, je vous signale donc le rapport de l'European Centre for Law & Justice (ECLJ) de Grégor Puppinck (relayé d'ailleurs par la revue Valeurs actuelles du 1er août 2021, mais semble-t-il pas par des médias plus à gauche dans le spectre politique), au sujet des réseaux de Soros à l'ONU, qui complète celle de 2020 menée par le même organisme sur l'influence du milliardaire sur la Cour européenne des droits de l'homme.

L’ONU a trois missions : sécurité, développement et droits de l’homme. Deux institutions des Nations Unies s'occupent de ce dernier domaine : le Conseil des droits de l’homme et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). L'ECLJ qui a épluché les déclarations financières entre 2015 et 2019 et interrogé une trentaine d'experts montre la montée en puissance de l'Open Society (OSF) de Soros et de la Fondation Ford dans le financement des procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme qui reçoivent des plaintes, rédigent de rapports et conseillent les gouvernements.

Une bonne partie de ces procédures spéciales reçoivent des financements privés. Entre 2015 et 2019, 37 des 121 experts ont déclaré avoir reçu  134 versements financiers directs, pour un montant total de  10 725 328 USD, majoritairement en provenance de donateurs privés sans passer par l'intermédiaire du Haut commissariat des droits de l'homme.

D’après les déclarations annuelles des experts, la provenance de ces versements se répartit ainsi :
 
• 5 515 523 USD leur ont été versés par des fondations privées et ONG dont 2 190 000 USD par la Fondation Ford au profit de 9 titulaires de mandats38 et 1 584 517 USD par l’OpenSociety Foundations (OSF)  au bénéfice de 6 titulaires  de mandats.  Quatre  titulaires  de mandats ont été financés à la fois par les fondations Ford et Open Society.
• 3 844 163 USD  ont  été  déclarés  versés  par  17  États,  les  principaux  étant  la  Norvège,l’Australie, l’Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et la Suisse.  
• 1 142 757 USD ont été déclarés versés par 49 universités (souvent privées), les principales étant  les  universités  de  British  Columbia,  Pretoria,  Minnesota  Law  School  et  la  York University à Toronto. Ceci s’ajoute aux soutiens « en nature » des universités. Nombre de cesuniversités ou centres de recherche sont eux-mêmes financés par des acteurs privés.
• 13 organismes officiels internationaux ont été déclarés comme ayant versé 222 886 USD, telle l’Organisation Internationale de la Francophonie à hauteur de 26 637 USD.

Ces dons privés entraînent de grandes inégalités entre experts. "De nombreux experts, explique l'ECLJ, se plaignent de ne pas avoir de financements de l’ONU pour couvrir leurs frais de fonctionnement essentiels (bureau, imprimante, téléphone et internet), tandis que d’autres organisent des « conférences tous frais payés, dans des hôtels de luxe ou des îles paradisiaques », selon un expert. Les mieux lotis des experts sont souvent ceux qui ont déjà travaillé pour la galaxie Open Society. Tout cela est très opaque. Les dons affichés par l'OSF ne correspondent pas aux sommes reçues. Les accords de financement conclus entre les experts et les donateurs, ainsi que les conditions de ces versements ne sont pas communiqués au HCDH, ni rendus publics, parfois même leurs montant et objet sont déclarés de façon imprécise. Il n’est pas possible de connaître le contenu de ces accords, ni même de savoir qui, de l’expert ou du donateur, a pris l’initiative de demander, ou de proposer de l’argent."

Le rapport de l'ECLJ souligne qu'il y a une congruence entre les dons et l'orientation idéologique de certains rapports. Ainsi pour le Groupe de travail des Nations Unies sur la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes présidé par Melissa  Upreti, du Center for Women’s Global Leadership 'une structure liée à l'Open society) : son rapport  présenté au Conseil des droits de l’homme en juillet 2021, note l'ECLJ (p. 39) , "est imprégné de militantisme radical... il commence par fustiger « des siècles d’institutions et de cadres juridiques et politiques patriarcaux, coloniaux et racialisés ». L’« oppression patriarcale, les stéréotypes sexistes omniprésents, la stigmatisation et les tabous » ne seraient pas qu’un héritage du passé, mais un problème s’aggravant par la « montée des fondamentalismes ». Ce rapport met sur le même plan les « grossesses non planifiées » et les violences concrètes subies par les femmes et recommande aux États et aux « acteurs non étatiques, tels les groupes armés », de s’assurer que les femmes « exercent » réellement leurs « droits sexuels et reproductifs », c’est à dire principalement l’avortement. Le rapport demande par ailleurs aux États de « prendre des mesures pour lutter contre la masculinité toxique », sans définir ou introduire cette notion tirée des études de genre. Le rapport va jusqu’à assimiler l’objection de conscience des médecins face à l’avortement à un acte de « torture » infligé aux femmes (sic), affirmant que le « refus ou le report d’un avortement » constitue l’une « des  formes  de  violence  fondée  sur  le  genre  qui  peuvent  être  assimilées  à  de  la  torture  ou  à  un traitement cruel, inhumain ou dégradant ». À la lecture du rapport, la maternité semble n’être pas même une option pour les femmes, dont la « santé sexuelle et procréative » consisterait uniquement à avoir accès à la contraception et à l’avortement. Les précédents rapports sont du même acabit."

L'ECLJ cite aussi le rapport de Juan Méndez "Perspectives de genre sur l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants" présenté au Conseil des droits de l’homme en janvier 2016, soutenu par une structure privée ad hoc l’Anti-Torture  Initiative financée par des universités et par l'Open Society, qui en a ensuite assuré la diffusion, de sorte que ce rapport dispose maintenant d'un forte autorité et fut par la suite cité en référence dans des jugements de la Cour européenne des droits de l’homme et de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, ainsi que dans un avis consultatif de cette cour interaméricaine et dans les Constatations adoptées par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. L'OSF offre des boulevards de diffusion aux rapports qu'elle finance, et des perspectives de carrière dans les universités et think tanks privés. Parmi les 222 titulaires de mandats au titre des Procédures spéciales depuis 2010, il apparaît qu’au moins 52 d’entre eux ont exercé,  ou  exercent,  une  responsabilité  dans  l’Open Society  ou  dans  une  ONG  financée  par  les fondations Open Society ou Ford, tels le Center for Reproductive Rights ou le International Center for Transitional Justice.

L'ECLJ dénonce ainsi une "privatisation" et une "capture" des droits de l’homme par les ONG de la galaxie Soros.

Je voudrais ajouter quelques remarques à cela. Tout d'abord le phénomène de la privatisation des organes de l'ONU n'est pas nouveau : il y a vingt ans on reprochait déjà au tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie attaché à l'ONU d'être largement financé par des fonds privés. Le fonctionnement des institutions de protection des droits de l'homme qu'évoque le rapport de l'ECLJ a son équivalent dans le domaine de la santé, puisque les programmes opérationnels de l'Organisation mondiale de la santé, agence de l'ONU, sont largement financés par la fondation Bill and Melinda Gates.

Ensuite, si le rapport de l'ECLJ est sensible à bon droit à l'influence de Soros sur l'orientation pro-théorie du genre et anti-avortement des productions des procédures spéciales, il faudrait ajouter que le même phénomène se produit en matière de pressions géopolitiques (notamment anti-russes et anti-chinoises). J'avais signalé par exemple en novembre 2019  à propos du Xinjiang l'utilisation déloyale par la presse occidentale d'un rapport du Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale, attribué à tort au Conseil des droits de l'homme, qui se fondait sur des rapports mal sourcés d’un groupe d’opposition chinois le CHRD étroitement lié à des activistes pro-américains en exil et payé par les fonds washingtoniens du National Endowment for Democracy (largement abondé par des organismes privés).

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Tensions en Mer noire

7 Juillet 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Peuples d'Europe et UE, #Le monde autour de nous

Le 21 juin dernier le HMS Defender de la Royal Navy britannique , un destroyer de classe Daring Type-45 s'est approché d'une importante base navale russe, constituant ainsi un danger direct pour la sécurité nationale de ce pays, et provoquant un incident diplomatique de plus (on se demande bien ce qui se passerait si la marine russe de livrait à des exercices militaires de ce type à proximité de la rade de Brest !). Aujourd'hui un patrouilleur espagnol est entré dans la Mer Noire. Et hier soir deux chasseurs Su-30 ont décollé mardi pour empêcher un Boeing P-8 Poséidon d'entrer illégalement dans l'espace aérien russe. Les médias chinois préviennent que les États-Unis feraient face à un « cauchemar absolu » s'ils s'aventuraient à entrer en conflit avec la Chine et la Russie.

En 2019 un sondage effectué par le think tank EFCR montrait qu'en cas de guerre entre Washington et Moscou la plupart des opinions publiques d'Europe seraient pour la neutralité.

 

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Pérou : la victoire de la gauche entravée

5 Juillet 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche, #Le monde autour de nous, #Christianisme

Les sympathisants de la candidate de droite Keiko Fujimori ont de nouveau manifesté ce week-end pour exiger de nouvelles élections au Pérou et empêcher la proclamation présidentielle du candidat de la coalition socialiste Pedro Castillo, vainqueur des dernières élections avec quelques dizaines de milliers de voix d'avance.

Les partisans de la candidate battue se sont mobilisés aujourd'hui, dimanche 4 juillet, à l'appel de la Fuerza Popular et ont défilé jusqu'au Palais du Gouvernement pour présenter leurs revendications et protester contre le refus de sa demande d'audit international sur le second tour de l'élection présidentielle. Le 28 juin, le candidat de Fuerza Popular a écrit une lettre au chef de l'État péruvien, lui demandant d'intercéder auprès de l'Organisation des Etats d'Amérique (à la botte des Etats-Unis) à cette fin, après avoir allégué l'existence d'une fraude. Les deux camps entretiennent une mobilisation dans la rue, qui pourrait dégénérer en guerre civile, si l'oligarchie locale n'accepte pas l'option Castillo. La presse mondialiste pour sa part soupçonne le nouveau président de cultiver une position conservatrice sur la question LGBT, en soulignant d'ailleurs que son épouse et ses filles sont converties à l'évangélisme, et souverainiste sur le plan économique et sur la question des migrations, et elle s'inquiète d'une possible réforme de la constitution sur le modèle chilien.

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"L'empire américain est une malédiction pour le monde" (Ortega)

25 Juin 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche, #Débats chez les "résistants", #Le monde autour de nous, #Les Stazinis

Le Nicaragua, petit pays sous sanctions économiques, à quelques mois des élections présidentielles du 7 novembre prochain, est, une fois de plus, comme dans les années 1980, et comme lors de l'insurrection de 2018, l'objet d'ingérences impériales multiples, et de désinformation dans la grande presse occidentale. Même si l'on peut avoir des réserves sur son approche des grands thèmes mondialistes (terreur climatique, politique du genre, vaccination anti-Covid) on ne peut nier que le régime sandiniste au pouvoir depuis 2007 a apporté à son peuple la santé et l'éducation gratuites, l'électricité et Internet pour tous, etc. Ci-dessous un bon discours (hélas seulement en espagnol) du président Ortega du 23 juin dernier et un bon documentaires de Dan Kovalik sur la situation du pays.

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Transnistrie, Biélorussie : échange avec un reporter

21 Juin 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie, #Le quotidien, #Peuples d'Europe et UE, #Colonialisme-impérialisme, #coronavirus-vaccination-big pharma

Je déjeunais tout-à-l'heure avec un jeune reporter free lance, collaborateur occasionnel du Monde Diplomatique, qui a emprunté à son tour, 14 ans après moi, le chemin de la Transnistrie - Novosti PMR, le journal local transnistrien lui avait consacré un article élogieux le 21 mai, il y a un moi, voyez ici, ça peut très bien se lire avec le traducteur automatique de Google. Il a mené une enquête auprès de la jeunesse transnistrienne sur leur conception de l'identité de leur pays. A priori tous sont loyaux à l'Etat transnistrien, mais trouveraient plus confortable que leur pays devienne une région autonome de la Moldavie, comme la Gagaouzie... Rien de très nouveau de ce point de vue par rapport à 2007.

Ce journaliste me disait qu'il avait l'impression d'un niveau de vie similaire dans les villages transnistriens et dans les villages moldaves. Il m'a expliqué que le gouvernement moldave devait accorder des subventions spéciales aux habitants des bourgs frontaliers pour que leurs habitants ne s'installent pas de l'autre côté du Dniestr où par exemple le prix de l'électricité est sensiblement plus cher. D'après lui la gauche serait en passe de remporter les élections en Moldavie, confirmant le mouvement de balancier dans ce pays entre pro-européens et pro-russes. Le journaliste m'a dit avoir été étonné de constater que la Moldavie ne donnait pas une impression d'échec économique comparable à l'Albanie.

Nous avons aussi échangé sur la Biélorussie qu'il connaît bien, et l'affaire du détournement de l'avion de Ryan Air qu'on évoquait récemment sur ce blog. Il attirait mon attention sur le fait qu'il y avait eu en fait deux mails du Hamas, dont un adressé aux Lituaniens avant que l'avion ne soit contraint de se poser à Minsk. Donc que les mails soient faux ou pas, le timing n'est pas exactement celui décrit par les journalistes du Spiegel, et l'hypothèse d'un coup monté contre Loukachenko tient la route, d'autant que lorsque le journaliste Protassevitch, il était perdu dans la foule, des photos le montrent, et les autorités biélorusses ne savaient même pas qu'il était à bord. Je lui ai signalé que le président russe Vladimir Poutine dans une interview à NBC la semaine dernière avait lourdement incité les journalistes occidentaux à questionner le pilote plutôt que de répéter bêtement la propagande du Département d'Etat américain. C'est effectivement du bon sens.

Sur les relations biélousso-ukrainiennes, Loukachenko, m'apprenait mon interlocuteur, a pris langue avec la République de Lougansk (ce qui pourrait valoir début de reconnaissance) et l'a autorisée à enquêter à Minsk sur les activités de Protassevitch dans le cadre du bataillon néo-nazi Azov dans le Donbass... Une affaire qui n'arrangera pas forcément ses parrains occidentaux...

A propos de la gestion de la crise du Covid par Loukachenko, le reporter me faisait savoir que grâce au bon système de santé biélorusse, les patients bénéficiaient d'une bonne prise en charge dans les hôpitaux, avec même des ambulances qui venaient les chercher chez eux, et que la politique des masques avait été comparable à celle en vigueur à Berlin (masques en intérieur mais jamais à l'extérieur), d'autant que la Biélorussie dès le début de l'année s'étaient mis à en fabriquer (là bas on n'hésitait pas à réquisitionner les usines, ce que la France n'avait pas osé faire) de sorte qu'il y avait eu assez peu de morts, et sans confinement...

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