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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #philosophie et philosophes tag

La contingence, Bruckner, Pau,l'Occident

8 Juillet 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

L'athéisme contemporain donne beaucoup de force au sentiment de hasard et de contingence, qui est des plus angoissants : à chaque instant on pressent que beaucoup de choses pourraient être différentes, et en même temps, on ne sait pas bien comment. Tout est contingent, sans pour autant qu'on puisse avoir le moindre pouvoir sur cette contingence.

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Bruckner faisait remarquer récemment que traiter quelqu'un de "fils de pute" était une façon de souligner la contingence de sa naissance, ce qui ne m'avait jamais sauté aux yeux.

 

Après avoir écrit sur la contingence de ma vie au nord de la Loire plutôt qu'auprès de mes parents dont la dernière heure approche dans le Sud, j'ai aussi songé à la contingence de ma ville natale : Pau.

 

Beaucoup de gens s'étonnent souvent qu'une ville au milieu du désert gascon compte plus de 80 000 âmes.

 

En réalité Pau, selon toute logique, ne devrait compter que 10 000 ou 15 000 habitants comme Auch.

 

Elle a dû son succès démographique à 3 coups du sort successifs parfaitement contingents : d'abord la volonté des rois de Navarre d'en faire leur capitale, parce qu'elle était au centre presque géométrique de ce qu'il leur restait de territoire (ce qui en a fait une ville de robins, y compris ensuite sous la monarchie française), une lubie des anglais d'en faire un lieu de cure au19ème siècle (ils l'équipèrent alors d'hôtels, d'une gare etc), et enfin la découverte du gaz à Lacq au 20ème siècle. En principe après chacun de ces facteurs contingents, Pau aurait dû pérécliter, mais un autre a pris le relais d'une façon assez improbable. La fin du gaz aujourd'hui angoisse les élus locaux car ils savent que plus rien ne peut rendre leur ville attractive en comparaison de Biarritz et de Toulouse, sauf à unir leur destin à Lourdes et ses miracles (une autre contingence dans le désert gascon).

 

Le libéralisme économique dévoile encore plus crument la contingence, car il prohibe à l'Etat de verser des subventions pour camoufler et soulager la misère d'un lieu (c'est ce qu'on appelle "l'aménagement du territoire"). Cette crudité, cette violence, n'échappe à personne. Mais personne n'ose plus envisager de remède draconien (la fin du libéralisme).

 

D'une certaine façon tout le monde occidental est frappé par la prise de conscience de la contingence de son bien-être. Il ignore s'il le doit aux crimes coloniaux ou à sa dynamique intrinsèque (moi-même je n'ai pas d'avis là-dessus et diffère en cela de Chomsky), mais il sait qu'il peut tout perdre. Récemment un supplément d'une revue pour riches (peut-être les Echos ?) était consacré aux civilisations du passé anéanties. En arrière plan l'idée que nous sommes la prochaine sur la liste. Ici contingence et mort vont de pair. Et c'est assez paralysant. On cherche des voies d'actions, mais on pressent que le trop plein de contingence rendra l'action vaine quoi qu'il advienne.

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Philosophical memories

27 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Mon directeur de recherche en maîtrise  (j'ai trouvé cette vidéo par hasard sur You Tube, mais bon mes pédagogues à cette fac n'ont jamais été mes boussoles):

 

 

La Sorbonne en 1996 (4 ans - seulement ! - après ma maîtrise), filmée par mes soins (par le jeune homme que j'étais) :

 

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Le jeu des préférences idéologiques

9 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Il est un exercice auquel tout le monde devrait s'astreindre car c'est une bon test d'universalité de l'esprit, et de symbiose avec l'intérêt commun universel de l'humanité : il consiste à essayé de répérer dans les courants de pensée avec lesquels on n'est pas d'accord, la tendance qui nous semble la plus intéressante, ou la moins mauvaise, du point de vue de l'intérêt général de l'humanité. Dans les diverses idéologies que l'humanité a inventées, parfois sur les bases de croyances complètement fausses, quelle tendance était malgré tout la plus proche de l'intérêt universel de l'humanité.

 

Par exemple si vous me demandez dans les philosophies-religions asiatiques, laquelle me paraît la plus intéressante, je continuerais aujourd'hui à dire le bouddhisme (même si le taoïsme m'intrigue beaucoup et suscite de plus en plus mon intérêt). L'aptitude de cette doctrine (que pourtant sur le fond je n'approuve pas, pas plus d'ailleurs qu'aucune autre philosophie asiatique fondée sur des bases pré-scientifiques) à prendre en compte l'unité des espèces vivantes, à travailler sur une "sortie" de l'économie du plaisir et du déplaisir, et sa capacité de fonder des systèmes politiques durables à travers l'Extrême-Orient m'impressionne (même si je hais particulièrement celui des Tibétains).

 

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Si vous me parlez des monothéismes, je continuerai à dire que le judaïsme est celui qui m'impressionne le plus. Parce qu'il fut le premier, parce qu'il est devenu d'une très grande intransigeance aussi bien sur l'éthique que sur les rituels. L'Islam me plaît beaucoup aussi par son pragmatisme, sa capacité d'organiser des systèmes politiques sous des latitudes culturelles très différentes, et sa fidélité à l'esprit du judaïsme, plus grande à mes yeux que celle du christianisme. Mais je continuerais à trouver au judaïsme le mérite d'avoir été pionnier et une impressionnante subtilité.

 

Dans la philosophie grecque ancienne le courant le meilleur, je l'ai déjà dit, selon moi est le stoïcisme, malgré certains de ses égarements (encore que je continue à réserver aussi une tendresse particulière à Platon qui est une sorte de Staline de la révolution philosophique, avec toutes les vertus et tous les travers qu'on peut reconnaître à ce genre de figure).

 

Dans l'école de pensée marxiste (à laquelle je n'adhère pas, pas plus qu'aux précédentes que j'ai citées), le courant le plus intéressant est sans doute le maoïsme. Parce qu'il a cru aux paysans autant qu'aux ouvriers, parce qu'il a pensé le colonialisme bien mieux que le marxisme classique (ce n'est pas un hasard si parmi les meilleurs anti-impérialistes en ce moment, parmi les plus sincères, on trouve beaucoup d'ex-maos), sa prise de distance à l'égard d'un certain mécanisme marxiste (il y a de la poésie chinoise dans le maoïsme), son courage à affronter la question du pouvoir (et des trahisons) des intellectuels (la révolution culturelle).

 

Dans le libéralisme, la version la plus intéressante est celle qui se tient à la limite de l'anarchisme. Principalement les libertariens, parce qu'ils ont une sainte horreur des oligopoles, des oligarchies, et du pouvoir militaire auquel elles s'associent.

 

Nous pourrions étendre ce petit jeu à des tas de domaines qui n'occupent pas une place centrale dans nos manuels scolaires (par exemple les cultures africaines ou amérindiennes, les religions païennes antiques etc). Je trouve cet exercice très salutaire pour les neurones.

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Les Normaliens

7 Juin 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Je lis dans Le Monde aujourd'hui : "Rarement les murs de l'auguste établissement de la rue d'Ulm auront connu telle affluence. Plus de 1 800 personnes, selon les organisateurs, se sont pressées dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juin au sein des locaux de l'école normale supérieure, à Paris, pour la première édition de la "nuit de la philosophie"."

 

Je parcours l'article en diagonale, rien que les noms cités m'attristent : soeur Monique Canto Sperber, l'abbé André Glucksmann, grands prêtres de la mondialisation libérale, de la religion du fric, de l'exploitation, de la guerre. Ca ne donne pas très envie de lire. Et les déclarations des intervenants du genre "Il s'agissait de montrer qu'il n'existe pas de clivage entre la philosophie médiatique et la philosophie académique "... aïe aïe aïe.

 

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La Normale Sup' austère et bourgeoise d'autrefois n'était sans doute pas agréable à vivre. L'ENS soumise à la dictature de la bonne humeur médiatique obligatoire a l'air de l'être bien moins encore. Quand je vous dis qu'il devient impossible en ce bas monde d'aimer la culture pour elle-même, sauf à être dans une logique de résistance armée. Tout est fait pour détourner les gens de la lecture et de l'écriture sérieuses.

 

En parlant de vieilleries, je visitais la cathédrale d'Abbeville samedi. Les vitraux dévastés par les bombardements de 45 jamais réparés. Et les bas-côtés de la nef ravagés par la propagande ecclésiastique contemporaine dans tout ce qu'elle a de mièvre, de pseudo-festif, et d'aussi peu convaincue de son propre bien-fondé que la propagande médiatique de Normale Sup. Des dessins d'enfants, des dessins d'enfants à tout va, comme si seule la foi des enfants pouvait encore attester d'un semblant de vérité dans toute cette histoire. L'enfance mobilisée (Dawkins serait scandalisé), mais maladroitement. On laisse des fautes énormes dans les titres des dessins : signes de l'inculture des catéchistes ? ou fautes volontaires pour faire croire que les enfants eux-mêmes ont trouvé et écrit librement les titres des dessins (ce que bien sûr nul ne peut croire une seule seconde) ?

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"Film socialisme" de Godard

17 Mai 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

J'ai été fan de Godard jadis. J'ai cessé de l'être pendant la guerre de Yougoslavie, parce que Godard n'a pas eu de bonne position sur cette guerre (comme Derrida que j'ai toujours rapproché de Godard), ce qui m'a fâché avec le côté un peu "prophète bourré d'intuitions" qu'on vénérait encore en France à l'époque. Je n'ai pas vu le film. Je vous livre la bande annonce et le début d'une interview du réalisateur. La suite est sur Dailymotion. Je n'émets aucun jugement pour l'instant. Je m'offre le luxe de n'en rien penser, sans même savoir du reste si je le verrai un jour.

 

 

 

 

 

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