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Le blog de Frédéric Delorca

Conférence de Michel Collon à la librairie Résistance

26 Juin 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

J'étais hier à la librairie Résistance, 4, villa Compoint à Paris (vous trouverez quelques images de cette librairie dans une vidéo publicitaire ci dessous), pour une conférence de Michel Collon sur son livre. Je ne veux pas jouer les anciens combattants, mais chacun (parmi mes 5 lecteurs assidus !) sait que je suis presque un habitué des conférences de Collon, la première étant celle dont j'avais fait le compte rendu en 2000 pour le site Résistance (c'était avant la naissance de la librairie homonyme), j'ai aussi filmé une de ses interventions en janvier 2002 cf sur ce blog).

Comme je m'y attendais, cette conférence fut l'occasion d'un retour vers le passé : à peine avais je franchi la porte que je tombai sur le jeune serbe que j'avais interviewé en septembre 2000, un habitué de ces conférences lui aussi. J'ai aussi pu brièvement saluer Nicolas Shahshahani, un des patrons d'Europalestine et de cette librairie (c'est lui qui parle sur le clip ci-dessous). C'est immersions ne sont pas toujours bonnes. Elles rappellent ce qui a pu être fait, et ce qui ne l'a pas été (qui s'est peut-être reflété dans la brièveté de cet échange avec Shahshahani, that's life. J'ai quand même pu vérifier que la librairie Résistance a encore un exemplaire de l'Atlas alternatif dans ses rayons, mais un vieux, avec la première jaquette... Juste avant qu'il s'installe à sa table pour signer son livre "Les 7 péchés d'Hugo Chavez", j ai rappelé à Michel Collon le temps où il parlait de créer un "portail anti impérialiste", il y a neuf ans. Il m'a dit qu'il faudrait qu'on en reparle le lendemain (c'est à dire aujourd'hui). Mais de toute façon à quoi bon ? ce projet est comme un serpent du Loch Ness.

Mais cette conférence, c'était aussi le présent, malgré tout. J'étais venu avec le Sandiniste pour lui montrer les lieux - cette librairie/salle de conférence souvent cible de la LDJ. Cétait aussi la première fois que j'y mettais les pieds, mais je connaissais la réputation de l'endroit.

Il y avait beaucoup de monde, comme souvent quand Collon se déplace. Il faut dire que ses exposés sont toujours efficaces, bien charpentés. Il aligne argument sur argument, avec des chiffres. Les meilleurs moments sont quand il parle des stratégies des multinationales, par exemple pour le contrôle de l'eau en Amérique du Sud, ou la course au brevetage des plantes d'Amazonie. Les mots sont clairs, percutants, ils incitent au combat. En plus il y a toujours ensuite la phase des "questions du public" qui a une dimension psychothérapeutique pour beaucoup- les gens se loncent dans de longues tirades d'un quart d'heure sur la situation internationale (en ce moment on voit bien que l'Iran a la côte dans les sujets abordés). Bien sûr on peut faire la fine bouche. Le Sandiniste, qui connait bien le sujet, a noté que Michel est souvent schématique sur le Venezuela, adepte de raccourcis, allusif sur de nombreux points. Beaucoup de facteurs politiques et économiques sont gommés dans ses analyses. Les nuances font souvent défaut. C'est cela aussi que nous lui reprochions un peu sur la Yougoslavie. Mais il y a toujours à y prendre. Par exemple c'est grâce à son exposé hier que j'ai pris conscience que la répression du Caracazo par les sociauxdémocrates le 27 février 1989 avait fait jusqu'à 3 000 morts. Jusque là les divers articles que j'avais lus sur le sujet (dans le Monde Diplomatique notamment) ne m'avaient pas fait "tilter". Dans Wikipedia ce matin je lis que 3 000 est la fourchette "haute" de l'estimation, mais tout de même cela donne à penser, et cela a donné à penser parce que c'était amené dans la rhétorique de combat de Michel, qui traçait un parallèle entre les faux charniers de Timisoara et les vrais charniers de Caracas ignorés en Europe. Quand Ramonet parle sur un ton très intellectualisant de l'événement, cela frappe moins les neurones. Donc les topos de Michel Collon restent utiles.

Juste avant le début de la conférence, Olivia Zémor avait fait savoir que Michel Collon avait témoigné en faveur d'Europalestine à la 17ème Chambre Correctionnelle du Palais de Justice de Paris dans le cadre des poursuites judiciaires engagées contre l’association CAPJPO-EuroPalestine, en raison de ses écrits sur la guerre d’Afghanistan. Olivia Zémor a expliqué qu'ils étaient accusés "d'injure à l'armée" et d' "apologie du crime terroriste" parce qu'ils auraient dit que la France en Afghanistan menait une "sale guerre". Mon camarade d'origine serbe a sursauté sur sa chaise : "Quoi ? en France on peut être poursuivi en justice pour ça ?" J'ai quand même dit qu'en règle générale je me méfiais un peu de la façon dont les accusés rendaient compte des griefs qu'on leur adresse (rappelez vous l'affaire Bishara que j'évoque dans 10 ans sur la planète). En tout cas Europalestine va y perdre des sous - les procès sont des moyens de couler les mouvements, rapelez vous Living Marxism. Michel Collon a souligné que les débats sur l'Afghanistan au procès étaient passionnants et qu'il était dommage que l'on n'ait pas eu les mêmes dans les médias. Je veux bien le croire - les procès politiques sont toujours instructifs : j'avais moi même fait un compte rendu détaillé  le 27 mars 2000 pour le site Résistance du procès de l'Avocats sans frontières contre Le Monde sur les propos anti-serbes publiés dans ses colonnes. Malheureusement il ne reste de ce procès que le résumé du verdict final après appel sur StopUSA. Il faudrait peut-être que je remette mon texte de Résistance en ligne à l'occasion...


Comprendre la guerre en Irak à la Librairie Résistance

Post scriptum : Quelques jours après cet article, le 3 juillet, la librairie a été à nouveau ataquée (cf vidéo ci-dessous), suscitant une condamnation formelle et un appel à manifester des partis de gauche (NPA, PG, Verts, Indigènes de la République)

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