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Le blog de Frédéric Delorca

Inventaire et contingences

26 Septembre 2007 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je relisais tantôt le commentaire que Maximilien Lehugeur (un intellectuel indépendant, exigeant et honnête pour lequel j'ai la plus grande estime) a bien voulu laisser sur ce blog et que je reproduis au bas de cet article. L'heure est aux inventaires à gauche : inventaire du communisme soviétique, des révolutions du tiers-monde, de la social-démocratie, du républicanisme jacobin. Devant la deferlante néo-libérale, il faut cet aggiornamento : pour que la gauche ne soit pas qu'une force conservatrice mais aussi une force de proposition et de changement.  

Il y a du vrai dans ce que dit Lehugueur sur le stalinisme. A vrai dire la principale faute de ce système fut son optimisme historique, à caractère presque religieux, masquant les impasses du bureaucratisme et de la mentalité féodale toujours présente en URSS. Pour autant il faut être réaliste. L'URSS avait-elle mille possibilités ? Le communisme soviétique aurait-il réellement être plus intelligent qu'il ne le fut sans risquer de s'effondrer ? et d'ailleurs intelligent de quel point de vue ? du point de vue des intellectuel ou de celui-ci des ouvriers ? laquelle de ces deux formes d'intelligence doit guider un régime ? Une URSS plus inspirée par Fourier aurait-elle envoyé des satellites dans l'espace ? Et envoyer des satellites dans l'espace pour forcer les USA à conquérir la Lune n'est il pas un fier service rendu à l'humanité ? Ne dira-t-on point que ce fut le plus grand service, le jour où l'humanité quittera le système solaire à la veille de son implosion ?

J'ai écrit un bouquin sur la contingence historique "Tout aurait pu se passer autrement" qui dort en ce moment dans le tiroir d'un comité de lecture en banlieue parisienne. Le cours de l'histoire tient à peu de choses : des hasards, des volontés. En même temps la combinaison des structures limite quand même le champ des possibles. Notre regard sévère sur le communisme soviétique n'est-il pas une illusion rétrospective ?

F. Delorca


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"j'ai lu ton Duclos et vu la vidéo ...  en fait j'ai peu de choses à dire, c'est intéressant, mais je ne vois rien à ajouter d'original pour ma part. Sans être communiste ni avoir jamais été marxiste, mais comme toi "marxien" si on veut (Aron dirait qu'on finasse dans le genre des "marxismes imaginaires", mais j'entends ça au sens de Sartre, Michel Henry et surtout de Jean Beaufret: penser que le matérialisme est une ontologie absurde et au moins aussi dogmatique que le spiritualisme idéaliste ou le christianisme ... de la "métaphysique", mais que le Capital est une phénoménologie du travail industriel et de la production de la valeur, qui garde sa pertinence, mais a besoin d'autres bases philosophiques que le déterminisme absolu ou ambigu du type althusserien comme le vague "en dernière instance"... Je pense que c'était le sens du travail du regretté Gérard Granel), je crois aussi que la disparition de la référence au marxisme dans le champ théorique est une catastrophe, orchestrée par des courants nihilistes "néo-libéraux" et le Capital commercial aliénant. La lecture des manuels d'histoire est à ce sujet édifiante: les scientifiques sont dispensés de notions d'économie politique et de critique du capitalisme, tandis que le "cours" (objectif) tend à faire du système un résultat d'évolution et la forme unique de l'économie; certes on mentionne les problèmes sociaux et les inégalités criantes, on parle de ceux qui contestent ce système, mais au fond le réformisme (entre un Jaurès mou et Keynes pragmatique et libéral de centre-gauche) apparaît comme la solution (avec le New Deal) face aux "totalitarismes". Quant aux 1ère de la filière dite "Sciences économiques et sociales", ils savent à peine définir (la faute au manuel) la croissance et la crise, et les révolutions industrielles se font presque sans relation avec une dynamique capitaliste: "l'âge industriel" est présenté sous sa forme technique, ses problèmes de crise économique et de manque de régulation, mais les structures économiques et le Capital sont quasi-absents! il y a sans doute là une responsabilité de l'Ecole des Annales, qui a privilégié le concret empirique, la vie quotidienne, le vécu, etc. et éliminé plus ou moins l'analyse des déterminations systémiques. Evidemment l'Inspection a suivi: ravie d'avoir une caution à la purge idéologique des manuels. Et quand on voit qui signe certains de ces ouvrages, on comprend la cohérence de
cette présentation lénifiante. Un "complot" si on veut (et pas besoin de se réunir dans un sous-sol pour cela). Avec l'aide, en partie, des communistes eux-mêmes: entre connerie stalinienne dogmatique (diamat) et réformateurisme décérébré qui jette le bébé avec l'eau du bain ... Il faut dire que le stalinisme a commis non seulement des crimes, mais a dégoûté le peuple de la révolution et du socialisme par une application réductrice et castratrice de la "libération" socialiste: négation de la poésie de la vie et scientisme/objectivisme partout, discours plat répétitif écoeurant d'absurde et de dénégation (le Novlangue du "1984" d'Orwell), nomenklatura hypocrite aujourd'hui reconvertie dans la privatisation maffieuse des économies de l'Europe de l'est. En ce sens, il est utile de relire Proudhon (Marx a été parfois injuste à son égard) et Fourier. Mais je réagis trop rapidement"

M. Lehugeur

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