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Le blog de Frédéric Delorca

Unsere Zeit

9 Février 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Depuis longtemps déjà la politique médiatique française se perdait en futilités, ignorant le plus souvent ce qu'il se passe au delà des frontières, et les vrais problèmes de ce monde. Un nouveau pas fut franchi avec la "people-isation" de la politique sous la houlette de Mme Royal et M. Sarkozy en 2006-2007. Les effets sur les institutions sont assez désastreux, notamment pour la fonction présidentielle : une compagnie d'aviation croit pouvoir utiliser le président et sa nouvelle épouse pour une publicité, le Nouvel Obs révèle un envoi de SMS du président à son ex-femme... undefined

Le président, attaqué, à défaut d'imposer une autorité naturelle qu'il n'a pas, fait donner les canons de la justice, et porte plainte au pénal, contre les journalistes. Une manoeuvre peu respectueuse de la profession comme l'a souligné Reporter sans frontières, parce que les employés du Nouvel obs vont être contraints de révéler leurs sources. La violation du secret professionnel des journalistes est d'ailleurs de plus en plus répandue. Un journaliste d'un blog en avait fait les frais récemment dans une affaire concernant les services secrets. Comme les journalistes sont très dociles à l'égard du pouvoir politique pour tout ce qui touche aux enjeux importants de l'humanité (les manoeuvres au Proche Orient ou contre la Russie par exemple), ils n'inquiétent nos dirigeants que pour leurs histoires sentimentales. Mitterrand avait déjà montré son hypersensibilité sur ce thème, en installant une pitoyable cellule d'écoutes à l'Elysée pour espionner des gens au fait de ses secrets (à propos de l'existence de sa fille cachée). Sarkozy tout aussi susceptible, préfère utiliser la justice pour inquiéter les chasseurs de scoop. Rien de très glorieux.

Pendant ce temps, le totalitarisme soft continue de gagner du terrain. Les normes sécuritaires ou hygiénistes se multiplient. "Le tabac est déclaré hors la loi" titre le journal de ma mutuelle ce mois-ci - grâce à la loi interdisant la fumée sur le lieu de travail, dans les cafés, les lieux publics, ce sont désormais les trottoirs, dernier refuge des fumeurs, qui empestent l'odeur du tabac : impossible de marcher dans la rue sans avoir un fumeur devant soi. Impossible aussi de rester 10 minutes sur un quai de gare sans entendre 25 consignes, sur la cigarette, l'étiquetage des bagages, la nécessité de ne pas se tenir trop près de la bordure du quai... Pour vous tous, mes chers compatriotes, qui êtes de gros bébés incapables de vous imposer même face à un nouveau-né de 3 mois, le gouvernement met à votre disposition un "numéro vert" que vous pouvez appeler gratuitement si votre bébé pleure de trop... Vous en avez de la chance !

Et comme vous n'êtes tous que des enfants écervelés, le gouvernement, avec l'aide du Parti socialiste, a fait ratifier par le Congrès, à votre place, le traité de Lisbonne, qui valide ce que vous aviez rejeté par référendum il y a peu. Mais avouez le : vous n'êtes pas descendus dans la rue pour dénoncer cette "confiscation de souveraineté". Vous n'avez pas constitué des comités de quartiers. Vous n'êtes pas allés sonner chez votre voisin pour lui demander ce qu'il en pensait. Vous l'avez laissé regarder TF1, qui appelait cela un "mini-traité" (combien de pages déjà dans ce mini-traité ?). Jean-Luc Mélenchon sur son blog peut jouer les vieux politiciens à la tribune d'un meeting, ses accents très "Troisième République" ne vous émeuvent manifestement plus.

debray-copie-1.jpgRégis Debray, qui n'est pas toujours très pertinent dans ses remarques, dit parfois quand même de belles choses sur notre société. Je vous recommande son dernier papier dans le journal Le Monde, à propos de l'utilitarisme de notre temps, cette manie abrutissante qu'ont les gens de s'affairer, de se faire croire qu'ils ont des projets importants, cette obsession de rentabiliser chaque minute, chaque rencontre avec autrui, et ce en croyant valoriser de la sorte une image de soi comme homo faber (ça il ne le dit pas, c'est moi qui le rajoute). Cette tentation, j'y ai moi-même cédé en écrivant toutes sortes de livres, et toutes sortes de blogs, lus par moins de dix personnes.

Je me suis promis d'arrêter cette année. Je termine la rédaction de mon dernier ouvrage (le huitième). Après cela je (re)deviens insouciant : ouvert aux possibilités de l'instant.

Au fait, je salue les journalistes transdniestriens, qui ont jeté un coup d'oeil sur mon blog cette semaine. Ce sont des privilégiés qui s'ignorent. Ils habitent un très joli pays.

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