Le socialisme

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Le socialisme derechef et de plus fort
Le mot faisait l'unanimité il y a trente ans, des libertaires à l’aile gauche des sociaux-démocrates en passant bien sûr par les communistes. Il est aujourd'hui banni : on parle de créer des partis « anticapitalistes », « anti-libéraux » (comme si une définition oppositionnelle pouvait seule fédérer les adhésions). En cause la peur des idées (auxquelles on préfère les personnes, les petites affaires d’égos, la « peoplisation », même dans les milieux de gauche). La peur des rêves aussi. On nous a si souvent appris que le rêve débouche sur un cauchemar…
Certaines voix contemporaines pourtant énoncent encore le mot : Wallerstein par exemple[1]. Pour lui trois options s'offrent au monde d'aujourd'hui : le socialisme, le libéralisme ou le conservatisme. Trois possibilités seulement. Comme au XIXe siècle. Au fond, ce siècle fondateur se prolonge. « Socialisme ou barbarie » disait-on dans les années 1950. « Socialisme ou darwinisme social », entend-on aujourd’hui. Pour l’humanité, sur le long terme, c’est toujours la même alternative qui se pose : le socialisme ou la catastrophe.
Le mot est nécessaire. L'abandonner signifie que la gauche accepte de n'être qu'une atténuation de l'hégémonie libérale, un correctif à la marge, ou une voix dans le désert, un cri d'indignation, stérile et lâche, qui n'offre pas d'avenir.
Au contraire, assumer le mot, c'est vouloir la sortie véritable du libéralisme, et parier sur cette possibilité, croire que le réel peut être vraiment de gauche.
Certes, l'éthologie animale nous en apprend plus que nous ne voudrions en savoir sur ces instincts hiérarchiques, inégalitaires, qui taraudent les grands singes (y compris les humains) au plus profond de leurs gènes. Et il n'est plus possible de croire qu'un abîme nous sépare du chimpanzé. Toujours une belle femme se voudra au-dessus du laideron, toujours le jeune homme vigoureux éprouvera quelque joie à comparer son énergie à la vitalité déclinante du vieillard, et, réciproquement, l'homme mûr valorisera sa sagesse face à la naïveté du jouvenceau, l'esprit subtil son habileté face aux pesanteurs d'un cerveau plus lent, le riche son confort face à la détresse du pauvre.
L'esprit de compétition est dans l'homme… mais l'instinct de coopération aussi, nous rappelle Chomsky[2]. Le communisme des chasseurs-cueilleurs n'est pas une légende et l'invention de l'agriculture n'a pas voué l'humanité à la loi de l'accumulation des richesses au profit d’un petit nombre sur le dos des masses asservies. Aujourd'hui l'instinct de compétition plonge des peuples entiers, des continents même, dans le pire dénuement, tandis qu'une oligarchie s'enrichit, manipule, censure, et prétend livrer le monde à la guerre permanente. Il faut donc sans hésiter miser sur la solidarité, davantage que sur la concurrence, le faire avec le plus de clarté, et de courage possible, le faire résolument et avec cohérence.
Dans cette recherche de cohérence, le socialisme a le mérite de décrire clairement son objet. Son système de valeurs est parfaitement identifiable, parfaitement logique, et il se charge d'une histoire foisonnante qu'il convient d'avoir à l'esprit pour aborder l'avenir. Bien sûr, rien ne se répète jamais à l’identique. Mais il est vain de croire que chaque nouvelle génération s'engendre elle-même, ex nihilo, ou que les progrès technologiques modifient à ce point l’humain que rien dans le passé n'aiderait à comprendre le présent. Au contraire, les combats menés au nom du socialisme, dans leurs échecs comme dans leurs réussites, sont riches d'enseignements, utiles à la définition des luttes contemporaines, et qu'on peut résumer en trois axes majeurs :
1°) Il n'y a pas de socialisme sans limitation de la propriété privée.
On peut discuter longuement des modalités de cette limitation. Faut-il une complète nationalisation étatique de tous les biens, une collectivisation de ceux-ci par des communautés de base, ou une simple action redistributrice forte qui, tout en laissant à chacun le plaisir égoïste de posséder quelque chose, aboutit tout de même à une égalisation des revenus ?
En tout cas il est important de voir que la limitation de l'accumulation privée des biens doit se penser au niveau planétaire. Autrement dit, les peuples du Sud ont, par principe, tous les droits d'obtenir une bonne part de la propriété des peuples du Nord, et pas seulement au titre de la réparation des crimes du colonialisme. « Si vous voulez que l'Amazonie devienne patrimoine commun de l'humanité, alors transformez aussi Wall Street et les grands musées des pays riches en bien commun de tous les hommes sur toute la planète » avait répondu en substance, il y a peu, un ministre brésilien au lobby démocrate étatsunien toujours prompt à internationaliser les biens de Sud sous couvert d'écologie (ce qui n'est qu'une variante de la voracité capitaliste qui, du côté républicain, emprunte d'autres alibis). C’était là une proposition socialiste honorable sur laquelle l'Organisation des Nations Unies ferait sans doute bien de se pencher.
Les ressources collectivisées (ou redistribuées via les impôts et les cotisations sociales) sont, dans la tradition socialiste, affectées prioritairement aux besoins des plus pauvres, et aux domaines les plus nécessaires à la dignité humaine : la médecine et l’éducation pour tous (ce fut une constante dans les régimes communistes notamment, et dans les variantes socialdémocrates avant que celles-ci ne soient emportées par la tempête néolibérale). Un monde soumis aux principes socialistes ne gaspillerait en aucun cas des sommes considérables en budget d’armement comme le font les Etats-Unis (les pays socialistes qui ont dû investir dans la guerre l’ont fait la plupart du temps dans une logique défensive, entraînés par d’autres dans la course aux armements) et ne laisserait pas des pays pauvres se ruiner dans des achats d’armements sophistiqués. Bien plus, un phénomène purement capitaliste comme celui du brevetage des médicaments, qui fait mourir des millions de déshérités en Afrique, serait proprement impossible dans un système socialiste.
Parce que la socialisation de la propriété est tournée vers des biens non commercialisables, qui touchent à ce qui en l’homme ne se monnaye pas, ses bénéfices ne sont pas chiffrables en termes de Produits national brut (ce pourquoi le niveau de vie réel d’un pays socialiste est toujours sousestimé par les statistiques de la Banque mondiale). De même la restriction du coût économique et social de la pauvreté (les dégâts physiques et psychologiques qu’elle occasionne et leurs répercutions à long terme sur la productivité et le fonctionnement général des sociétés) ne sont pas directement chiffrables (alors que divers méfaits de la société capitaliste peuvent paradoxalement apparaître en positif dans les statistiques de la production).
La grande difficulté que pose le système socialiste est le risque de stérilisation complète de l’innovation, et de négligence généralisée que peut induire une trop grande prise en charge des individus. Le risque est particulièrement avéré quand les gestionnaires du système se constituent en une « surclasse » inamovible et inattaquable. Ce problème auquel les expériences du passé ne paraissent guère avoir apporté de solution, semble plaider pour qu’une petite part de propriété privée reste attribuée aux individus (ce qui fut le cas à diverses occasions, même dans des régimes de type soviétique – on songe à la Nouvelle politique économique de Lénine en URSS, ou au maintien d’une petite propriété agricole en Pologne). Il convient aussi de prendre en compte le fait que les progrès technologiques peuvent pallier les effets négatifs des négligences humaines : un pays socialiste aujourd’hui, équipé d’ordinateurs modernes (c’est-à-dire de machine qui travaillent à la place de l’humain, souvent mieux que lui, et qui subsidiairement permettent aussi de mieux contrôler le travail de chacun à partir des postes de direction) n’obtiendrait-il pas des résultats de production bien supérieurs à ce qu’on imagine ? (c’était du reste l’intuition de ceux qui dès le début du XX ème siècle, misaient sur l’apport de productivité des machines pour défendre le « droit à la paresse »). Par ailleurs il ne fait aucun doute qu’un certain pluralisme politique (qui fit défaut dans les régimes de type soviétique, et qui ne passe pas nécessairement par un système de pluralisme des partis, facilement instrumentalisé par les puissances capitalistes[3]), en faisant que l’individu se sente plus reconnu dans l’ensemble social, le conduirait à donner le meilleur de lui-même, et le meilleur de sa force de travail (c’est un point sur lequel nous reviendrons un peu plus loin).
L’inconvénient de la sous-productivité que peut impliquer le socialisme, à supposer même qu’il subsiste malgré tous les correctifs que l’on vient de mentionner, doit être cependant mis en balance avec le non-sens existentiel que représente pour une bonne partie de l’humanité l’excès inverse, c’est-à-dire l’hyper-exploitation à laquelle la livre en ce moment le système capitaliste, qui réduit à néant la possibilité même de chercher un sens à la vie de ceux qui en sont victimes (qu’on pense aux ouvriers des « ateliers de la sueur » dans les pays du sud, aux travailleurs migrants dépourvus de tout droit etc). De même le gaspillage (souvent dénoncé dans le système socialiste) qui peut être éventuellement lié au fait que, dans une économie administrée, l’allocation des ressources ne suit pas un équilibre de l’offre et de la demande sanctionné par un prix, est à mettre en balance avec les gâchis encore plus grands qu’impose un système capitaliste travaillé par des tendances oligopolistiques (et tout système capitaliste est voué à cela, sauf présence d’un Etat très puissant, c’est-à-dire d’un Etat socialiste pour le réguler), où le système de fixation des prix est faussé par toutes sortes de mécanismes (dont la spéculation) et où des milliards de dollars partent régulièrement en fumée dans des faillites spectaculaires ou des krach boursiers. L’inconvénient économique de la limitation de la propriété doit surtout être mis en balance avec le danger formidable pour la survie même de l’humanité que constitue aujourd’hui la possibilité technologique de manipuler le vivant (y compris le vivant humain) et qui revient, dans le système libéral, à donner, sans pratiquement aucun contrôle étatique (donc sans contrôle des citoyens) à quelques multinationales le pouvoir sur ce que nous mangeons… demain sur notre capital génétique, sur notre cerveau, bref sur ce que nous serons…
Au regard de ces dangers, le choix du socialisme n’apparaît pas comme un choix idéaliste, utopique (un certain romantisme politique lié au fantasme du « grand soir » ayant d’ailleurs naguère à tort obscurci l’intérêt rationnel qu’il y avait à opter pour cette voie), mais un choix de survie rationnel, peut-être même le seul choix qui permette d’éviter à terme l’instauration d’un nouveau type de totalitarisme, que le système libéral porte aujourd’hui en germe.
2°) La limitation de la propriété n'est pas tout.
C'est la grande leçon de la deuxième moitié du XXe siècle. La collectivisation (forme complète) ou la redistribution (forme atténuée du socialisme) ne traitent que le volet le plus matériel du projet. Reste la dimension symbolique, l'ordre des représentations qui ne suit pas parfaitement celui de l'économie. La collectivisation soviétique n'est pas venue à bout des reliquats paternalistes, machistes, obscurantistes de la société russe, lesquels sont revenus en boomerang avec l'effondrement de l'URSS. De même à Cuba et ailleurs.
Mais que peut être le socialisme dans l'ordre du symbolique ?
Fouriéristes, « naturiens », freudo-marxistes et autres, en insistant chacun en leur temps sur la liberté sexuelle (un domaine où tout reste à faire, et qu'il faut soigneusement distinguer du consumérisme sexuel, de la marchandisation sexuelle de l'ordre capitaliste contemporain) ont dégagé une piste. Les courants féministes, ou défenseurs des minorités sexuelles (gays, lesbiennes) dans la mouvance socialiste en ont exploré d'autres (sur le versant du renversement de la pulsion phallocratique, combat intéressant à condition toutefois qu'il ne se perde pas dans un anti-naturalisme absurde).
Un des grands enjeux de la définition du socialisme contemporain dans le registre symbolique touche aujourd'hui aux multiples interrogations qui travaillent l'humain dans sa relation à son environnement culturel et naturel.
Sur la culture tout d’abord, le socialisme doit être un moyen, pour tout un chacun, de penser l’identité collective à laquelle il se rattache. Trop souvent, le socialisme (peut-être à cause de l'héritage la Révolution française) s'est articulé à une définition universelle abstraite de l'humanité qui faisait table rase des singularités ethniques et religieuses (ce qui a permis aux libéraux et conservateurs, chacun à leur manière, d'accaparer ce terrain-là). Il faut faire une histoire socialiste (ce qui implique à maints égards, une histoire non-académique, voire anti-académique) des nations et des religions. Il faut que le socialisme puisse être aussi bien rationaliste athée (ce qui est nécessaire sur le plan épistémique, mais insuffisant aux yeux de beaucoup pour définir une esthétique et une éthique au quotidien) que chrétien, hindouiste, musulmans, bouddhiste, juif, vaudou, taoïste, shintoïste, zoroastrien etc. (ce qui suppose aussi de savoir déceler dans chacune de ces traditions, et dans chaque grand texte fondateur des grandes civilisations son versant socialiste, ou potentiellement complémentaire du socialisme).
Le socialisme doit aussi être un principe directeur pour nourrir un certain rapport au milieu naturel, très loin de la folie prédatrice capitaliste. Le socialisme est non seulement le seul fondement possible d'une écologie véritable - car le productivisme, à la source de la destruction de la planète, ne peut-être enrayé sans un fort encadrement collectif de l'entreprise privée - mais encore il peut cristalliser toute une symbiose avec le cadre environnemental. A la différence d’une écologie « bobo » qui, en profondeur, fonde son amour de la nature sur une haine de l’humain (ce qui explique qu’elle s’accommode si bien des inégalités et de l’impérialisme), le socialisme et ses valeurs égalitaires peuvent plus harmonieusement réinscrire notre espèce dans son biotope, dans une harmonie authentique qui n’ait pas le chaos comme arrière-plan.
Le socialisme, comme le libéralisme et le conservatisme, peut fonctionner, à sa manière, et pour son propre compte, dans l’ordre symbolique, comme un « fait politique total » (au sens où Marcel Mauss parlait de « fait social total »). C’est-à-dire une matrice complète du rapport à soi, aux autres, au cosmos, qui peut ainsi se définir en rupture avec les hiérarchies et la marchandisation du monde, tout en intégrant les transmissions intergénérationnelles et le patrimoine humain et écologique de notre planète – une intégration qui n’est pas artificielle, mais qui donne à la fois une consistance au projet socialiste, et un sens nouveau à ces héritages qu’il intègre.
3°) Le troisième axe de réflexion touche à la conciliation des deux précédents.
Comment un système économique fortement socialisé s'articule-t-il à un socialisme des imaginaires ? Faut-il faire du socialisme par en haut ou par en bas ? bureaucratique ou spontanéiste ? dans un seul pays, dans un bloc de pays alliés, dans des communautés dissidentes ou à l'échelle mondiale ?
Ces questions qui traversent les combats de la gauche depuis six générations ne peuvent recevoir qu’une réponse historique et pragmatique, au vu des rapports de forces du moment. L'essoufflement du mouvement altermondialiste, l'émergence d'expériences révolutionnaires latino-américaines, ou le rôle de contrepoids à l'hégémonie étatsunienne que jouent des pays comme la Chine, plaident en ce moment pour la défense des Etats pour desserrer l'emprise du capitalisme mondialisé sur les peuples – avec cependant, en parallèle, toute une réflexion à mener sur les procédures de désignation méritocratique, d’élection (ou de désignation par tirage au sort) et de contrôle des leaders politiques, des administrateurs, des juges etc[4]. Mais la promotion du socialisme étatique, dans un seul État ou plusieurs, n'est pas incompatible avec l'encouragement de mouvements sociaux populaires transnationaux, de même qu'une certaine discipline des individus (devant des impératifs comme la Défense nationale, importants à l'heure où Washington menace en permanence le reste du monde) n'exclut pas nécessairement leur spontanéité et leur épanouissement personnel en symbiose avec une société plus juste et plus fraternelle. On renverra sur ce point à ce qu’écrivait Oscar Wilde en 1891 : «La propriété privée a écrasé l'individualisme véritable, et a installé un individualisme qui est faux. Elle a prohibé qu’une part des membres de la communauté soient individuels en les faisant mourir de faim. Elle a prohibé que l'autre partie des membres de la communauté soient individuels en les plaçant sur la mauvaise route, et en les entravant (...) Ce que [le socialisme] vise, c’est un individualisme qui s'exprime par la joie. »[5]. (Et Gide, par la voix de Malraux, transmit un message à consonance très voisine au Ier Congrès des Ecrivains Soviétiques de janvier 1934[6]). Le cadre politique socialiste et la variété des aspirations individuelles se nourrissent nécessairement l’un de l’autre, se structurent l’un l’autre, définissent mutuellement leur sens commun, et ne peuvent exister réellement, profondément, d’une manière significative, que par leur interaction réciproque.
Ainsi les contradictions apparentes qui traversent l'idéal socialiste depuis son origine requièrent seulement de tous des efforts d'imagination pour être dépassées. Elles ne sont aucunement, en tout cas, des raisons d'abandonner le concept lui-même. De ce point de vue là tout reste à faire, et dans des conditions qui ne sont pas faciles : car la précarisation des vies humaines dans le monde capitaliste actuel rend difficile, chez les « intellectuels » (pour employer un terme simplificateur) comme chez les autres, la libération des esprits, indispensable à la transformation du geste socialiste en programme de pensée et d’action effectif. Le défi mérite pourtant d’être relevé, avant que nous ne devenions tous de simples machines à produire, exploiter, consommer, détruire et mentir…
Frédéric Delorca
[1] Immanuel Wallerstein, L'Après-Libéralisme : Essai sur un système-Monde à réinventer, Paris, Ed. La Tour d'Aigues : Éditions de l'Aube, 1999.
[2] Noam Chomsky, De l'espoir en l'avenir : entretiens sur l'anarchisme et le socialisme, Marseille, Agone, 2001.
[3] Un système sans parti ferait peut-être mieux l’affaire.
[4] C’est en ce sens que j'ai défendu l'idée d’une « gauchisation » de l’Etat français – voir Frédéric Delorca, Programme pour une gauche française décomplexée, Pantin, Le Temps des Cerises, 2007.
[5] “Private property has crushed true Individualism, and set up an Individualism that is false. It has debarred one part of the community from being individual by starving them. It has debarred the other part of the community from being individual by putting them on the wrong road, and encumbering them (…) What [socialism] aims at is an Individualism expressing itself through joy.” Oscar Wilde, The soul of man under Socialism, publié dans la Fortnightly Review, février 1891. (C’est nous qui traduisons).
[6] André Malraux, Carnet d'URSS. 1934, Paris, Gallimard – NRF, 2007
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