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Le blog de Frédéric Delorca

"Le crime de Jean Genet"

27 Octobre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures

Sur les conseils d'un lecteur de ce blog, j'ai lu "Le crime de Jean Genet". L'ouvrage est moins intéressant par ce qu'il dit de Genet que par ce qu'il révèle, en filigrane, de son auteur, une bourgeoise libanaise maronite amie de la Palestinienne Leïla Shahid. On voit bien quel genre de femme elle fut, modèle de la lettrée des seventies, de ces "nouvelles entrantes" comme on dit en sociologie qui s'émancipaient (un peu) du machisme et du conservatisme de leur milieu par l'université (je vous conseille cependant le film documentaire sur Vincennes qui parle des nanas devenues MLF à cause du machisme des maoïstes, le choix des cercles militants tenait à peu de choses). Une sorte de femme archétypale, qui commence sa carrière comme attachée de presse et la finit comme "écrivain", c'est-à-dire la débute en fumant des cigarettes dans les bistrots auprès des "grands hommes" en se gargarisant de leurs mots, de leurs références (Freud, Kafka, Proust), et la finit dans la case "auteur" d'un Galligrasseuil déclinant en couchant par écrit les choses vues et entendues.

Sont-elles vraiment les meilleurs témoins possibles de ce qui s'est joué à leur époque ? Je ne sais.

Ce qui est sûr c'est que le moule historique est cassé. Ce genre de femme n'existe plus. Les lettrées d'aujourd'hui, à supposer qu'elles puissent être encore "groopies" de quelque homme célèbre que ce soit (beaucoup sont déjà écrivaines à 30 ans ou font semblant de l'être), ne fument plus en sa compagnie (d'ailleurs elles ne fument plus du tout) et ne citent plus Freud. Elles échangent des photos X avec lui par email, et lui font ensuite un procès pour harcèlement en estimant que cela fait partie de leur combat pour la civilisation. Enfin, je suppose que ce doit être quelque chose dans ce goût là.

Je vais lire Genet d'un peu près (m'étant contenté de le parcourir d'un regard distrait à vingt ans). Ce qu'il dit des Palestiniens des années 70-80, de la dérive d'Arafat (il semble rejoindre à ce sujet le point de vue du docteur Habache dont j'ai cité le bouquin il y a peu), du général Tlass en Syrie m'intrigue.

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