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Le blog de Frédéric Delorca

Gaza, Union européenne-Israël, Rodina

9 Décembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

Je voulais consacrer ce billet, qui est le 300 ème depuis la création du blog, au drame que vivent les habitants de Gaza - j'avais été touché ce matin par l'article "Nous mourrons à petit feu" publié par Infopalestine (http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5509). Et puis on apprenait dans la journée (AP) que 45 camions transportant de la nourriture et des fournitures médicales vont pouvoir passer la frontière israélienne, ainsi que des ravitaillements en gaz domestique et une livraison de fioul pour la centrale électrique de la Bande de Gaza. Cela ne change rien au problème politique et au jugement qu'il faut porter sur lui. Simplement on ne peut pratiquement jamais écrire d'articles "en temps réel" sur ce qui se passe à Gaza. La situation ne cesse de fluctuer. C'est un jeu pervers qui se joue entre l'occupant et les résistants. Un jeu dont on doit condamner le principe (celui du blocus, celui du refus des résultats électoraux qui ont donné la victoire au Hamas), mais dont les effets au jour le jour ne peuvent être relatés que par les professionnels du journalisme.

Au moment-même où le Conseil européen, le 8 décembre, sous l'impulsion de M. Sarkozy, a décidé d'oeuvrer à la revalorisation des relations UE-Israël, malgré un vote de report du Parlement, l'opinion publique doit manifester son désaccord. On trouvera ci-dessous une déclaration d'une euro-députée belge sur ce sujet ainsi qu'un modèle de lettre de protestation que les Belges adressent à leur ministre des Affaires étrangères. Les citoyens français sont invités à faire de même en remplaçant les mots "Karel de Gucht" par "Bernard Kouchner".

Il n'y a pas que la situation à Gaza qui soit difficile à suivre. J'ai continué à me renseigner sur ce que disent et font les avocats de la Russie et de son rôle à jouer en Europe. Je suis tombé sur un article qui évoque la création d'un Institut De La Démocratie Et De La Coopération annoncée par M. Poutine lors du sommet UE-Russie de Lisbonne de 2007, un institut destiné à explorer les problèmes que le système démocratique rencontre en Europe occidentale. Une bonne idée en soi, sauf que j'ai vu qu'il a été confié à Mme Natalia Narotnitcheskaïa, ex députée du parti Rodina, qui "défend une civilisation orthodoxe singulière fondée sur la prédominance des Russes ethniques" (http://alexandrelatsa.blogspot.com/2008/06/natalia-narotnitcheskaa-et-la-continuit.html). Voilà des idées qui ne me plaisent guère. En janvier dernier, Poutine avait nommé Dmitri Rogozine, président du parti Rodina, ambassadeur de la Russie auprès de l'OTAN (tandis qu'on apprenait mardi que Dmitri Medvedev avait proposé lundi soir Nikita Belykh, ex-chef du parti d'opposition Union des forces de droite (SPS), au poste de gouverneur de la région de Kirov, au nord-est de Moscou - http://fr.rian.ru/russia/20081209/118757911.html). 

Sauf qu'un lecteur moscovite m'explique que je n'y suis pas du tout, que la "prédominance des Russes ethniques" n'a rien à voir avec le racisme ni avec l'essentialisme ethnique, mais avec la défense de la diaspora russe dans les territoires ex soviétiques ; que ex-Rodina (puisque ce parti n'existe plus) est en fait un parti de centre-gauche, et que la religion orthodoxe est devenu une grande référence de la gauche patriotique en Russie (comme le christianisme est une grande référence religieuse de la gauche latino-américaine), enfin bref que la grille de lecture politique occidentale appliquée à la Russie ne fonctionne pas. Ce qui expliquerait que Jacques Sapir ait postfacé la version française du dernier livre de Natalia Narotnitcheskaïa... J'ai un gros travail d'analyse à faire là dessus dans les jours qui viennent.

FD


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Modèle de lettre

Lettre ouverte à  l’attention de Karel de Gucht,

Ministre des Affaires étrangères

 

 

 

Objet : Décision concernant le « rehaussement » des relations UE-Israël

 

Monsieur le Ministre,

 

Nous sommes consternés d’apprendre la décision que vous avez prise hier avec vos homologues européens, lors du Conseil des Ministres européens, d'accélérer la revalorisation du statut d'Israël sur le plan politique.

 

Il est sidérant qu’un tel avantage soit octroyé à un Etat qui viole de manière persistante le droit international, en développant continuellement la colonisation du Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, en poursuivant la construction du Mur, reconnu illégal par la Cour internationale de Justice et l’Union européenne, et en commettant de nombreuses violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire à l’égard de la population palestinienne.

 

Ce mercredi 3 décembre,  le Parlement européen a voté pour le report du vote du protocole UE-Israël permettant une plus large participation d'Israël aux programmes communautaires européens. Ce report était justifié par l’absence totale, de la part du gouvernement israélien, d’allègements de la colonisation et de l’occupation des territoires palestiniens. Bien au contraire, on assiste à une aggravation dramatique de la situation sur le terrain particulièrement à Gaza où la population subit une punition collective inadmissible et contraire à toutes les conventions internationales.

 

Devons-nous vous rappeler qu’il pèse sur les Etats parties aux Conventions de Genève de 1949 et aux traités internationaux en matière de droits de l’Homme une obligation de faire respecter par les autres Etats les droits que consacrent ces instruments ?

 

Nous vous appelons à revenir sur cette décision qui ne pourrait être interprétée que comme une prime à la violation du droit international et un renoncement aux valeurs défendues par l’Union européenne.

 

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.

 

 

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Communiqué de presse de  Véronique De Keyser,  Députée européenne belge (PS)

 

"Une décision hâtive et une erreur politique de la Présidence française" déclare la députée européenne Véronique de Keyser.

 

La décision prise ce lundi par la Présidence française de  brusquer le rehaussement du statut d'Israël est une erreur lourde commise par le Président Sarkozy, déclare Véronique De Keyser.

"Des centaines de mails  nous sont parvenus ces derniers jours manifestant l'incompréhension des citoyens européens devant cette décision .

Le Parlement européen n'a pas de droit de regard sur la revalorisation politique  d'un pays, il ne peut se prononcer que sur la participation de ce pays aux programmes communautaires.  Et sagement, dans le respect de ce que les citoyens européens, le Parlement avait décidé d'ajourner son vote jusqu'à ce que les choses changent sur le terrain" déclare Véronique De Keyser.

Le Conseil, divisé sur la question, mais pressé par l'équipe du Président Sarkozy, a foncé et pris le mors aux dents.

Le Secrétaire d'Etat, Pierre Jouyet, avait déclaré en séance plénière du Parlement: " Nous aurons ainsi plus d'influence sur Israël pour apporter des améliorations sur le terrain".

Si l'histoire ne lui donne pas raison - et l'impasse dans laquelle se trouve le processus d'Annapolis ne plaide pas en sa faveur. On aura signé un chèque en blanc à Israël, et pas nécessairement à ceux qui, dans ce pays, veulent la paix. En attendant, le blocus de Gaza continue!

 

 

 

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