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Le blog de Frédéric Delorca

Rêve nordique

30 Décembre 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Hier, sur une chaîne parlementaire, le patron du Monde interviewait un sociologue "made in sciences po" à propos de la révolte des jeunes grecs. Le "spécialiste" vantait le "modèle des pays nordiques" où le taux de chômage des jeunes est plus faible que sous nos latitudes. La Scandinavie, peu peuplée, et à maints égards bien peu comparable aux pays du bassin méditerranéen, fut toujours citée en exemple par nos élites : aux grandes heures de la socialdémocratie comme, dans les années 1990, quand elle a opté pour le libéralisme. Il n'y a guère que lorsque certaines de ses nations comme la Norvège disent "non" à l'Union européenne qu'elle ne nous intéresse plus.

Pourtant il est aussi des caractéristiques peu connues des pays du grand froid. Il y a peu, le journaliste norvégien Espen Løkeland-Stai, me disait que le quotidien Klassekampen ("Lutte des classes") auquel il collabore, quotidien de gauche, antiimpérialiste, touchait 90 000 lecteurs - ce que confirme une article sur http://homefront.homestead.com/Norway.html. Rapportons cela à la population du pays (4,5 millions d'habitants). C'est comme si le quotidien L'Humanité en France touchait 1 million de lecteurs ! En Norvège aussi un éditeur radical (équivalent du Temps des Cerises) a les moyens de payer des missions à l'autre bout du monde à ses auteurs. Quel éditeur alternatif peut-il se permettre cela en France ?

 

Or c'est bien de cela dont nous aurions besoin ici. En réponse au commentaire argumenté sur ce blog de M. Cheikh Kassé à propos du Zimbabwe (http://delorca.over-blog.com/article-25952493-6.html#anchorComment), je faisais remarquer qu'il faudrait qu'un organe anti-impérialiste indépendant puisse envoyer un journaliste en mission à Harare pour savoir exactement ce qui se passe au Zimbabwe, quelle proportion des propriétaires bénéficiaires de la réforme agraire sont effectivement des gens sans scrupule, quel niveau de corruption exact caractérise le gouvernement de Robert Mugabe et quelle part de la faillite du pays est imputable à l'embargo. Voilà sans doute ce que les Norvégiens peuvent s'offrir. Et pas les Français...

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O
"Je ne suis pas sûr que ces gens aient été plus "engagés" que moi."Je suis d'accord avec cette précision qui corrige mon propos, et vous n'avez, de toute manière, pas été nombreux à être lucide sur le sujet. Sur cet accord, je te souhaite un bon réveillon - quelque privilégié fût-il en regard d'autres histoires et d'autres gens.PS : j'aime bien "un copain à moi" qui sent bon la camaraderie et son parler simple, mais bon, j'ai bien mes imparfaits du subjonctif que j'aime aussi, et que je ressors comme un vieux bijou de son petit coffre de bois.
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F
<br /> Je suis peut-être un bourgeois, mais heureusement j'arrive encore à échapper à certains réveillons. Et je n'en souhaite jamais de bons à personne. Je hais les fêtes.<br /> <br /> <br />
O
Je comprends bien. Il m'est aussi arrivé d'être considéré comme un privilégié contre toute raison, jusqu'à une forme de délire. Il arrive aussi que le délire tombe et fasse place à un mélange de raison et de bienveillance minimale, mais pas toujours... la haine de soi entretient la détestation de l'autre, c'est bien connu. Mais pour revenir à mon "privilège" norvégien, j'ajoute qu'une forme d'exclusion sociale (qu'elle soit réelle, ou vécue comme telle) donne parfois plus de liberté, y compris d'aller tenter sa chance à Oslo, et d'y rencontrer, dans les cours de norvégien pour immigrants, des Afghans et des Kurdes. Voilà ce qui "n'est pas donné à tout le monde" comme tu dis, qui n'est même donné à personne, mais qu'il faut aller chercher, à son propre rebours.(et pour revenir à ton propos, ce n'est pas forcément la subvention qui permet cela, mais peut-être un peu d'espace entre soi et soi). ---- Ceux des nôtres qui se sont réellement engagés dans le conflit Yougoslave (souvent du côté bosniaque) n'étaient pas des A+, mais des nouveaux entrants (catégorie que j'ai appris de ta plume) qui eux n'étaient pas vraiment entrés. Ne pas échapper à son propre empêtrement ne rend pas forcément détestable...  ni "haïssant".
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F
<br /> Oui, c'est une problématique que je connais assez bien hélas, et qui fait qu'à 40 ans on regrette la marginalité de ses 20 ans pour aussi amère qu'elle fût. Mais avec un peu de chance mes écrits me<br /> feront perdre mon job et mon statut. Ce sera déjà ça de gagné.<br /> <br /> Sur les types engagés en Yougo, un mien camarade en avait rencontrés. Des gens humainement intéressants, paraît-il. Cela dit le populisme n'est pas mon fort. Et les têtes brûlées en quête<br /> d'histoires de kalachnikovs ne m'impressionnent pas plus que les intellectuels de salon. Je ne suis pas sûr que ces gens aient été plus "engagés" que moi. Dans l'affaire yougoslave j'ai perdu<br /> beaucoup plus de plumes que je ne l'ai raconté. Je ne sais pas combien les manieurs de kalachnikovs en ont perdues. Il faudrait les interroger.<br /> <br /> <br />
O
Effectivement, il faut travailler sinon c'est impossible, et les emplois sont plutot bien rémunérés, même dans l'entretien. (by the way, j'ai aussi travaillé en usine des années, ou dans la grande distribution, donc... si tu veux, quand tu feras un post sur le travail en usine et ton expérience là dedans, je n'hésiterai pas à te faire part de la mienne).
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F
<br /> Quelques jours sur le chantier où bossait mon père quand j'avais 12 ans m'ont suffi à me faire fuir les travaux manuels. J'ai eu la chance de faire des études dans un 8 m2 sans douche à bouffer du<br /> pain sec mais sans avoir à bosser à l'usine ou au macdo. C'était du temps où il y avait des bourses. Donc je serai assez sec sur le sujet. J'ai gardé des prolos le mal-être devant les gens<br /> cultivés, mais je n'ai pas les mains caleuses. C'est en ce sens que, comme disent certaines lectrices de ce blog qui ne m'aiment pas, je suis un "bourgeois"...<br /> <br /> <br />
O
J'ajoute, pour avoir vécu en Norvège quelques mois, que la presse centriste (Aftenposten) est bien plus critique que bien de nos journaux français qui se vivent et se proclament de gauche.
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F
<br /> Quelques mois en Norvège.... hum, ce n'est pas donné à tout le monde ça !<br /> <br /> <br />