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Le blog de Frédéric Delorca

Bilan d'étape

18 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Je suis dans un état d'esprit assez médidatif et expectatif. L'élection présidentielle a amené le pays dans une configuration politique assez nouvelle au milieu de problèmes qui eux ne sont pas nouveaux, et qui sont graves.

 

exc.jpgLa nouvelle configuration, c'est l'affaiblissement de la droite, la montée de l'extrême-droite. Une opposition souverainiste atomisée, et un Front de gauche au milieu du gué qui a sorti la gauche de la gauche de la marginalité sans réussir à en faire une alternative politique dans l'immédiat.

 

Les jours qui ont suivi l'élection n'ont pas apporté de très bonnes nouvelles. Le nouveau gouvernement me paraît assez faible. Très resserré autour du clan socialiste, il est déjà voué à des dissensions. Le premier secrétaire du Parti socialiste frustré de n'avoir pas obtenu le poste de premier ministre paraît vouloir engager l'épreuve de force avec le président de la République sur le contrôle des députés au Parlement. Au sein du gouvernement les postes importants sont attribués aux sociaux-libéraux, mais un ministère plus social de "redressement économique" est confié à M. Montebourg qui, s'il suit son naturel, sera amené à s'opposer ouvertement au ministre social-libéral de l'économie M. Sapin. Par ailleurs M. Hollande n'a fait preuve d'aucun esprit de confrontation avec Mme Merkel, et l'on s'oriente vers un addendum assez peu prometteur au Mécanisme européen de stabilité qui annoncera un peu de relance par l'offre.

 

Le Front de Gauche confirme son déclin. Les négociations directes entre le PC et le PS pendant quelques jours ont mis en doute sa cohésion. Le choix de M. Mélenchon d'aller affronter directement Mme Le Pen aux législatives peut raisonnablement laisser dubitatif. La manière dont il interpelle le premier ministre dans une lettre ouverte sous l'intitulé "monsieur le premier ministre, cher camarade" montre qu'il n'a pas coupé le cordon ombilical avec le PS, et tout laisse à penser qu'entre l'option Chavez et celle de Mitterrand, son tropisme personnel le porte toujours plus vers la seconde, malgré ses déclarations audacieuses d'il y a quelques mois. Tout cela n'est pas de bon augure.

 

Les problèmes restent les mêmes. La crise de l'euro que l'éventuelle sortie de la Grèce du dispositif (merci Mme Merkel de chercher à convaincre le peuple grec par référendum à clarifier sur cette question les ambigüités de Syriza) et les spéculations contre l'Espagne et l'Italie risquent de raviver. Les menaces de guerre contre l'Iran (avec cette étonnante mission de M. Rocard dont on ne sait toujours pas si elle prépare ou non une éventuelle démarcation de M. Hollande).

 

Je suis pour ma part dans une certaine expectative sceptique. Je me suis démarqué des petits groupes anti-impérialistes avec lesquels je n'ai pratiquement plus de contact et dont l'amateurisme théorique aussi bien que pratique avait fini par m'exapérer. Je nourris beaucoup moins le blog de l'Atlas alternatif qu'auparavant et il est vrai que l'actualité me donne moins de raisons de le faire, comme si nous traversions au niveau mondial une sorte de calme avant la tempête. J'ai attiré le mois dernier l'attention des lecteurs sur les intérêts pétroliers du Qatar au Sahel, mais, pour le reste, je ne vois pas trop de sujets intéressants en ce moment. Peut-être l'union politique entre le Bahrein et l'Arabie saoudite faite au mépris de la population de cet émirat. Mes orientations professionnelles à la rentrée devraient logiquement m'éloigner du travail pour ce blog et donc, d'une certaine façon, parachever mon déinvestissement progressif de l'information alternative. De même la réticence des éditeurs comme Le Cygne à publier mes manuscrits encourage ma tendance à réorienter mes travaux.

 

Cesser de faire de l'information alternative ne signifie pas arrêter d'en lire et de réfléchir dessus pour ma culture personnelle (ce dont je laisserai quelques traces sur ce blog). Il n'est d'ailleurs pas impossible que je sois amené, dans le cadre de mes nombreuses activités en dehors de la politique, à collaborer avec des acteurs sociaux chinois à la rentrée. Mes connaissances en relations internationales seront surtout utilisées dans cette perspective. Pour le reste j'entends faire preuve de beaucoup de prudence dans mes actes et mes jugements.

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Le décès de Donna Summer

17 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Que l'on me pardonne mon côté midinette ce soir, mais comme j'apprends à l'instant le décès de Donna Summer, il m'est impossible de ne pas penser au jour de l'année 1983 où je suis allé acheter au Palais des Pyrénées de Pau "She works hard for the Money" en maxi 45 tours, un des premiers disques que j'aie acheté pour ma toute nouvelle "chaîne stéréo" comme on disait (ce n'était pas de la Hi-Fi, trop chère...), et le seul "maxi" que je me sois procuré de toute ma vie. Je suis trop jeune pour avoir connu la grande époque de Donna Summer (les années 70), mais pour l'adolescent de 12 ans et demi que j'étais, ce visage et cette voix - elle avait 34 ans -, comme ceux de Kim Wilde, d'Irene Cara, faisaient partie d'un panthéon d'icônes féminines qui traçaient le chemin vers cette vie adulte qui nous faisait peur et dans laquelle nous avions en même temps hâte d'entrer. Ces stars égayaient nos tympans, encourageaient nos rêveries, nous donnaient envie d'apprendre l'anglais, de voyager. Nos cerveaux étaient trop neufs pour pouvoir les comparer à d'autres icônes ou a fortiori à des femmes réelles de notre quotidien. Elles étaient donc des essences, des ousia, qu'on ne pouvait mettre en relation avec rien sauf avec notre "protension" vers le monde et l'avenir comme aurait dit Merleau-Ponty, avec les désirs d'un moi presque dépourvu de tout passé, avec la pure ouverture de nos douze printemps.
 
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Lo que nunca ha tenido sentido, y nunca lo tendra

16 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne

Il y avait ce soir sur Arte une soirée Pedro Almodovar. Je tourne toujours en rond quand je parle de l'Espagne sur ce blog. En fait c'est un sujet dont je ne veux pas parler, mais que je ne peux pas éviter. Un sujet dont je crois toujours pouvoir m'affranchir, mais qui me rattrappe toujours, souvent par l'intermédiaire de tiers.

 

Il m'est retombé dessus quand j'avais 20 ans, par le biais de mes petits camarades de Sciences Po hispanophiles. Aujourd'hui il me poursuit à travers mes cousins. Je crois toujours qu'il n'a plus rien à me donner, et je reçois de lui. C'est étrange. Je reçois mais je n'en fais rien. Du Béarn j'ai fait un roman, de l'Espagne rien. Mais c'est là.

 

Pays compliqué. Très hermétique à mes yeux. Un pays qui a fait peur, pendant des siècles à l'Europe. Car il était le fer de lance de son obscurantisme, de ses ténèbres. Et cependant c'est le pays du "mas vale honra sin barcos que barcos sin honra" face aux Etats-Unis. Ce pays qu'Orwell aimait tant qu'il était persuadé que, même sous une dictature, brune ou rouge, il garderait une décence, une retenue dans les persécutions, que l'URSS et l'Allemagne n'avaient plus (Orwell écrit cela dans l'Hommage à la Catalogne quand un sbire du gouvernement républicain après la liquidation des anarchistes vient fouiller sa chambre).

 

Souvenir de ces pilotes espagnols aux ordres de l'OTAN qui ont refusé de bombarder Belgrade en 1999 et l'ont fait savoir au monde entier. Que sont-ils devenus. L'époque où l'employé du consulat de Yougoslavie (RFY) à Paris tenait à me parler en castillan...

 

J'ai souvent pensé à Cioran qui plaçait un signe d'égalité entre Russie et Espagne du point de vue de leur fonction en Europe et de leur mysticisme. Le néo-conservateur Bernard Lewis trace la même égalité et l'explique à sa façon : deux pays soumis à une longue occupation musulmane, puis qui ont eu leur reconquista, et qui finalement ont colonisé d'autres musulmans. Je ne sais pas. Je connais moins la Russie que l'Espagne, et je connais au fond fort peu l'Espagne, malgré mes attaches familiales là-bas et les longs mois que j'y ai passé. Pour moi la Russie est un pays de fous. Et l'Espagne un point d'interrogation. Je ne sais pas. Je ne comprends pas.

 

Devrais-je faire quelque chose de ce pays ? Quoi ? Aller avec un cousin dans ce village sans habitant près de celui où est né mon père ? Y aller avec un photographe pour des prises de vue... un peu spéciales ? J'ai des idées oui. Des idées. Pas les mêmes qu'à 20 ans, pas avec la même fraîcheur d'esprit, cela va de soi. Mais quand même... Ils ont foutu des éoliennes sur les plateaux de Don Quichote mais ils n'ont pas complètement toutes les idées qui peuvent germer dessus.

 

Est-ce qu'il y a encore des fontaines le long de la Castellana ? J'ai vu que les Indignés ont été sévèrement réprimés il y a quelques jours à la Puerta del Sol. Espagne de l'austérité. Les gens se désapent en public pour protester. Hé quoi ? Peut-on dire que Merkel écrase en ce moment le dernier héritage de la Movida, comme elle s'oppose à ce qu'il reste de la résistance communiste grecque au nazisme ? (je pense à ce vieux, Manolis Glezos, qui a dérobé le drapeau à la Svastika sur l'Acropole, qui est une des figures de proue de Syriza).

 

Mais quoi, tant qu'il y aura Pénélope. Vous souvenez-vous de Sertorius ? "Rome n'est plus dans Rome". L'étrange général romain, un "populaire" anti-aristocrate, qui avait domestiqué une biche si j'en crois Plutarque. Touchante image. C'est en Espagne qu'il cherchait son "autre Rome" et l'eût peut-être construite si ce pauvre idiot de Pompée (ce pauvre pantin devrais-je dire) ne l'en avait délogé. Mais assez parlé ! Nous ne règlerons pas le compte de l'Espagne ce soir.

 

Ici, pour finir, deux films associés au temps où je bossais à l'ambassade de France à Madrid, calle Salustiano Olozaga. Ah, Madrid, ce mirage au milieu du désert, cette cité purement étatique, "villa y corte", pur produit des diktats des rois, avec ses grands avenues américaines, ses bars à sangria et à drogues en tout genre. La ville la moins authentique que je connaisse, et, pour cette raison, celle à l'égard de laquelle je tends à être le plus indulgent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Le livre sur l'Abkhazie qui éclipsera le mien

15 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

P1020569J'informe mes lecteurs de la présentation de l'ouvrage "Voyage au pays des Abkhazes" (éditions Cartouche) du correspondant du Figaro et de RFI Régis Genté à la Maison d'Europe et d'Orient dans le 12ème arrondissement de Paris lundi prochain à 19 h 30. M. Genté disposant d'un meilleur réseau que moi (en ce qui me concerne je n'ai même pas fait une présentation publique de mon livre), il ne fait aucun doute que son travail fera oublier l'existence du mien sur le même sujet (voire de celui de Léon Colm dont je ne sais pas trop quel écho il a reçu à Paris lors de sa publication en 2009). Il s'agit là d'un simple constat bien sûr, qui n'est assorti d'aucun regret car les mondanités intellectuelles parisiennes tout comme le devenir de mes livres me laissent assez indifférent.

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Nuances

14 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca

Lu en commentaire d'un clip vidéo de 1988 :

 

 "It seems people take things more literally than ever before. I think it's because of what I call the Internet generation. If the kids of the 80s were the Fast Food Generation, and wanted things fast, the youths of today want things NOW. And I have noticed they don't want subtlety or nuance in anything in their lives. They really react with knee-jerk reactions to most things. They seem incapable of figuring out how allusion or symbolism works. They want it all explained in black and white."

C'est assez juste.

 

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Die Linke plonge, gros problème pour le Front de Gauche

14 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

assnatPas de chance pour le Front de Gauche (FdG) : leurs alliés "naturels" en Europe ont gagné dans le mauvais pays et perdu dans le bon. Ils ont gagné en Grèce (Syriza) mais ça ne devrait pas servir à la gauche française puisque la Grèce a de bonnes chances de quitter la zone euro, et donc elle ne sera plus un allié de Paris pour faire pression sur la Banque centrale européenne comme le souhaiterait le FdG. En revanche l'allié du FdG outre-Rhin, Die Linke, perd les élections dans le pays vraiment utile pour la construction de l' "alter-Europe" dont il rêve : l'Allemagne. Hier en Rhénanie du Nord-Westphalie Die Linke est passée sous la barre des 5 %, elle ne sera pas repésentée au parlement de cet Etat, et disparait  donc des écrans radars.

 

Le FdG français va-t-il en tirer des conclusions quant à sa stratégie politique ? Deux possibilités. Soit il revient à une stratégie plus nationale de rupture unilatérale avec les traités européens. Soit il se met davantage à la remorque des sociaux-démocrates (en France et en Allemagne) qui sont les seuls à avoir le vent en poupe à la fois à Paris et à Berlin, et les seuls à même de faire semblant encore pendant quelques mois de préparer une "Europe de la croissance".

 

 

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Vie et littérature

13 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

chreibenA la radio ce matin le seul type au monde qui ait écrit un roman en hongrois sans être hongrois lui-même raconte comment il est devenu amoureux de la langue magyare jusqu'à en devenir un traducteur réputé. Il précise que l'amour ne lui est pas venu par l'entremise d'une personne mais par intérêt pur pour les structures grammaticales ce qui l'a mis à l'abri des déceptions ultérieures. Il explique comment la conjugaison de l'expression "je t'aime" en hongrois met mieux en valeur l'activité qu'elle désigne.

 

Voilà un homme qui a soumis sa vie à la nécessité du Verbe (pas de la Propagande, comme nos journalistes). Je me suis souvenus de mots hongrois qui restent au fond de moi. Deux seulement "Hocok Ter". Je préfèrerais qu'ils n'y fussent pas. Ou peut-être pas, au fond, allez savoir. Car s'ils n'y étaient pas, mon existence serait encore bien plus factice, je crois.

 

Autre forme de vie littéraire (mais qui s'ignore) : ce matin je dialoguais (en français précisons le) avec une jeune Egyptienne (23 ans) secrétaire à Alexandrie, musulmane fille d'une famille riche. Son histoire à la Roméo et Juliette. Elle est amoureuse d'un jeune homme pauvre (qui vit au Koweit aujourd'hui). Mais sa famille ne veut pas. Elle lui fait épouser un autre homme. Ils ont une petite fille en 2010. Mais la secrétaire manque de dynamisme au lit. Un rapport par mois ça ne suffit pas à cimenter un couple. Le divorce est au bout du chemin. La loi égyptienne assez protectrice permet à la jeune secrétaire de continuer à occuper la maison de son ex-mari après la séparation. Mais le père ne veut pas qu'elle reste seule. Il voudrait qu'elle vienne vivre chez lui Elle ne veut pas être la servante de ses frères et vivre avec leurs femmes. e drame. Au bureau ça ne va pas non plus. Le directeur lui fait des avances en permanence. La petite fille bavarde réclame toujours son père. La jeune maman est désemparée. Elle voudrait mourir. Elle met des clips de Cabrel sur son profil Facebook.

 

Le problème de cette fille ce ne sont pas les islamistes. Quand on lui demande si elle sort voilée elle se récrie "ce que vous croyez sur l'Egypte c'est en Araie Saoudique (sic) que ça se passe, pas ici. Ici il y a beaucoup de chrétiens par exemple". Quand on lui demande ce qu'elle pense de Aliaa Magda el-Mahdy (en lui envoyant le lien au cas où elle ne la connaisse pas) elle la juge "folle et bête". Les problèmes comme le danger islamiste sont bien abstraits pour elle. Elle est déjà confrontée à une difficulté bien plus poignante : l'incompatibilité avec une forme de vue littéraire (romantique) qu'elle a adoptée sous l'influence occidentale, et le vieux patriarcat proche-oriental. La voie féministe d'émancipation est sa seule chance de survie.

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Syrie, Algérie, toujours la même propagande

12 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Revue de presse

Journaux-3-2.jpgSur LCP un documentaire entièrement à charge contre le régime syrien ce soir, avec en prime un plateau-débat dominé par une journaliste proche du Conseil national syrien fantoche : bravo encore à nos grands médias pour leur impartialité ! L'Algérie (pauvre pays encerclé par l'islamisme made in Qatar) redonne une majorité au FLN à l'assemblée populaire nationale. Reuters le déplore à demi-mots en accusant une élite "non élue" (sic) de rester au pouvoir, et en espérant que les présidentielles donneront une autre chance pour le renversement du régime (pour son remplacement par une autre islamisme made in Qatar ?).

 

Y a intérêt que le Front de Gauche sorte vite de ses ambigüités en politique étrangère. Parce que là en ce moment je n'entends rien d'intelligent dans cette mouvance sur des sujets pourtant très graves. Et le pauvre Mali occupé par le salafisme dans sa moitié nord, qui lève le petit doigts pour lui ? Non vraiment ça ne va pas du tout. Dogmatisme de l'information, inertie des opposants. Tout cela devient très inquiétant.

 

Mais au fait, que fait Michel Rocard à Téhéran ?

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