Quand la Transnistrie/Pridnestrovie frappe à la porte de l'Europe (1)
J’ai déjà évoqué sur ce blog le texte du journaliste et juriste transnistrien Vladimir Stulov « Le Conseil de l’Europe vu par un journaliste ». J’ai souligné combien, à maints égards, ce texte paraissait « communier » à la religion officielle de l’Europe actuelle : le juridisme et les droits de l’homme. Comme je le soulignais, ce témoignage dans son adhésion à nos normes politiques reproduit largement une tournure d’esprit et un vocabulaire soviétiques, comme si les mots « Europe » et « droits de l’homme » avaient remplacé « Révolution » et « socialisme réel ». Mais s’en tenir en ce constat superficiel serait injuste pour ce texte, qui est bien plus riche qu’un simple ralliement aux valeurs dominantes du continent, et dans lequel on perçoit toute les particularités – et toute la respectabilité – de l’histoire d’un peuple et de sa sensibilité.
Il faut prêter ici une attention particulière aux digressions personnelles de l’auteur. Le fait même qu’en tant que journaliste il se les autorise, manifeste une liberté à l’égard des normes occidentales de la profession, et ouvre la voie à une construction littéraire du récit (mon éditeur a fait remarquer à juste titre que ce texte est d’une certaine manière le symétrique de mon récit de voyage en Transnitrie/Pridnestrovie). J’apprécie particulièrement le passage où l’auteur, qui a cinquante ans, parle des difficultés de la vieillesse dans son pays où les retraites sont menacées, et tire argument de cette fragilité des vieux jours pour prôner une éthique du bonheur qu’il identifie au respect du droit, par opposition à un mode de vie gouverné par l’argent et la lutte de tous contre tous, où même l’amitié et l’amour sont viciés par l’intérêt.
Je voudrais souligner aussi l’approche critique des normes occidentales qui perce sous l’adhésion aux valeurs communes, ou plus précisément de la manière dont ces normes sont mises en œuvre. Cela transparaît notamment dans la critique du misérabilisme qui sous-tend un reportage d’Arte sur la Moldavie. Il est significatif que V. Studov choisisse cet exemple : celui d’un pays avec lequel la Transnistrie a fait la guerre, et partage aussi un passé commun dense (celui de la République socialiste soviétique de Moldavie de 1939 à 1990). En répudiant le regard occidental condescendant et excessivement critique V. Studov recrée une solidarité inattendue et qui sonne pourtant juste. Au surplus il définit une éthique journalistique qu’il voudrait voir aussi appliquée à la Pridnestrovie : un journalisme qui ne se contente pas de dénigrer mais rende aussi justice aux efforts des gens et des institutions pour construire chaque jour un pays, une réalité sociale viable. C’est une règle que je fixe à mes propres narrations (sans pour autant sacrifier mon esprit critique) et à laquelle beaucoup d’Occidentaux adhèrent (combien de personnes ici se plaignent des clichés négatifs des journalistes, par exemple sur le banlieues), mais que le cadre économique mondial – le cadre capitaliste – rend impossible à réaliser, car le capitalisme, comme espace de concurrence et de lutte de tous contre tous, impose aux journaux de faire court et percutant. Or la brièveté efficace aujourd’hui conduit à valoriser ce qui effraie, ce qui suscite la compassion, et ce qui provoque chez le lecteur la sensation d’avoir atteint un regard désabusé sur tout, à l’abri des embrigadements (le regard de l’individu tout puissant triomphant). La presse ne peut qu’être le miroir de l’impératif de cynisme individualiste qui gouverne le capitalisme, et c’est précisément ce qui relègue cette « éthique juridique » de l’harmonie entre tous et du respect d’autrui que vante V. Studov au rang de vœu pieux religieux (souvent à deux doigts de pharisianisme).
Il y aurait sans doute d’autres dimensions à mettre à jour dans ce texte. Notamment cette justification permanente du discours pridnestrovien par référence aux intérêts universels de l’humanité (le partage des mêmes enjeux écologiques et culturels, le droit à parler la langue de son choix etc), une justification qui fut en 1991 au fondement du refus de ce pays de se séparer de l’URSS.
A l'arrière plan de cette visite on voit se dessiner un processus de réconciliation avec la Moldavie sous les auspices des juriste occidentaux qui en dessinent déjà le cadre institutionnel (celui d'une République fédérale, confédérale, ou d'une décentralisation comme celle dont bénéficient les Gagaouzes)... avec, comme corrolaire au processus, la conversion totale de la Transnitrie/Pridnestrovie à l'économie de marché. Certaines forces sociales dans ce minuscule pays ont-elle les moyens de proposer une alternative à cela ?
Voici en tout cas les principaux extraits de l'article (j'ai seulement supprimé les passages qui expliquent le fonctionnement des diverses assemblées que l'on retrouve dans les manuels sur les institutions européennes).
FD
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Le Conseil de l'Europe vu par un journaliste
Introduction
La protection des droits de l’homme doit contribuer au développement progressif et à la mise en œuvre de nouvelles réalisations de l'humanité, apporter plus d’avantages pour les 800 millions d'Européens, contribuer à l’élimination des lacunes dans les législations nationales, à l'application effective des leviers d'influence des pouvoirs dans le règlement des rapports sociaux par les méthodes juridiques démocratiques, à la réduction des contradictions dans la pratique judiciaire.
La démocratie et la primauté du droit, l'autoréalisation de chaque personnalité, la prospérité économique, l'élargissement de la conception de la justice des citoyens et l'augmentation de leur niveau de culture juridique, le développement de la science juridique compte tenu des règles des procès modernes en droit international – ce sont les priorités de l'auteur de cette publication. Et je tiens beaucoup à ce que les normes du droit n'humilient pas l’homme, mais qu’elles l'aident. Que la justice soit la norme de la vie publique, et que le régime d'illégalité tombe dans l'oubli.
Un voyage à Strasbourg
Nuit du 30 novembre 2008. Le minibus bleu «Mercedes», envoyé par les collaborateurs du bureau du Conseil de l'Europe à Kichinev, a lentement démarré quittant les arbres brillants des alentours du club de billard «Arcady» et s'est immergé dans les ondes chaudes du brouillard envahissant, en emmenant à l'aéroport les cinq premiers membres de la délégation officielle de la RMP (République moldave de Pridnestrovie) invitée au Conseil de l'Europe - le rempart du droit européen, de la démocratie, de la sauvegarde des droits de l’homme. Le contrôle méticuleux des passeports par les policiers moldaves au poste des forces de paix à Bender, l'aéroport vide de Kichinev, l'enregistrement des bagages, les gardes-frontières et, enfin, le vieux liner s'est dirigé vers Francfort-sur-le-Main.
Vadim Boulatovitch (ТSV), Аllа Gribinuk (service de presse du Président de la RMP), Ernest Vardanian («Nouvelle région»), Igor Chornikov (Ministère des affaires étrangères de la RMP), Vladimir Stulov (revue «L'État et la sécurité») ont agi en pionniers de la mise en valeur du champ européen de la liberté, du droit, de l'information. Nous étions avec les cinq représentants des médias de la République de Moldavie: le très compétent, correct, et laïque Oleg Cristal - journaliste indépendant ayant travaillé autrefois au journal «Moldavie Souveraine»; le calme, sage, et raisonnable Radu Benea, journaliste de la radio «L’Europe Libre»; Alina Raeţki, toujours organisée, cultivée, polie, pensive, coordinatrice d'information à la SSP «Аре» (Eaux); l'intellectuel doué Victor Draguţan, chef de la gestion de l'information et de l'analyse au Ministère de la réintégration de la République de Мoldavie; le perspicace, énergique et talentueux Vitali Krupenenkov, journaliste à la télévision de la filiale ТV-companie «Monde».
Les cinq jours passés ensemble m’ont permis de saisir ces caractéristiques des membres moldaves de cette mission d’information au centre de l'Europe.
La traversée tranquille en avion est restée dans ma mémoire grâce aux crêpes trop rôties servies pendant le vol, grâce à la réception rapide des bagages et au regard poli du garde-frontière allemand. Le car du matin Francfort-Strasbourg nous emmène dans la banlieue de Strasbourg – Lingolsheim, et à 11.30 nous nous installons déjà à l'hôtel «Ibis». Dès le 1er décembre nous rencontrons une foule énorme à Strasbourg: la ville se transforme en capitale de Noël, aux hôtels complets remplis par un million de touristes. La tradition médiévale d’organiser un marché de Noël a pris, de nos jours, la forme de diverses passions, le long des anciennes ruelles multicolores. Théâtres forains, boutiques de souvenirs, gâteaux, biscuit, glitwein…Une heure et demie de repos, après le voyage en avion et en auto, et les organisateurs de la visite nous ont embarqués dans un autobus confortable … puis à la fin de la journée, traînant un peu les pieds, nous sommes enfin arrivés, fatigués et contents, à notre gîte de 5 jours à Strasbourg. C'était ma deuxième visite de Strasbourg, et de nouveau je marchais avec intérêt et vénération sur la Place de la Cathédrale. Je suis entré dans la Cathédrale Notre-Dame où j’ai touché la figurine du chien sur la chaire (on dit qu’elle porte bonheur), j’ai admiré la maison Каmmerzel, la pharmacie de Kerf, où Goethe, qui habitait la rue voisine, achetait des médicaments. Et quel plaisir d’observer, monté sur un pont, les bateaux mouches passant entre les arcs étroits de la rivière d'Ill, affluent du Rhin.
La Place de la Cathédrale est médiévale. De là part un flot de petites ruelles pour les piétons avec des magasins de souvenirs et de cafés minuscules. À Strasbourg on trouve beaucoup d’endroits confortables – ce sont eux qui créent l'exceptionnelle atmosphère mêlant design moderne et ancienne civilisation.
Comme la dernière fois, nous sommes restés charmés et interloqués par le poteau surmonté par les anges de la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, où nous avons eu l'occasion de voir le fonctionnement de l’immense horloge mise en marche pour la première fois en 1574. A chaque heure, apparaît la figurine de Christ chassant le squelette de la mort qui «fauche» le temps présent. Quatre figurine sonne les clochettes toutes les 15 minutes. A midi, les Apôtres passent devant le Christ, le coq chante et le Christ bénit la foule.
L’immense sapin, dont la hauteur égale celle d’une maison à quatre étages, était magnifique sur la place du général Kléber. Près de la bibliothèque Place de la République il y a toujours beaucoup de monde. Sur la Place du premier imprimeur Iohann Gutenberg, ayant fermé les yeux, mentalement je suis revenu en avril 2002. Après la visite de la Cour Européenne des droits de l’homme, sur la place Gutenberg encombrée de centaines de petites tables, moi et Vasili Tarassenko, le président du barreau municipal de Samara, député du Conseil de fédération de la Douma d'État de la Russie, nous avions goûté le célèbre pâté de foie gras en croûte avec de la choucroute et du gruyère.
Je le dirai sans détour : l’actuelle visite de décembre s'est passée sans plats typiques de la cuisine alsacienne (coq en riesling, ragoût de lapin, estomac farci de porc) pour une raison simple: pour parvenir du centre de Strasbourg à notre hôtel provincial il fallait prendre deux tramways et l’autobus. La préparation des plats exquis susnommés demande beaucoup de temps et notre loisir était exceptionnel. Il se bornait à la visite des anciennes ruelles de Strasbourg, les places, les foires de Noël bigarrées par les éclats des lumières. À ce propos, le vieux Strasbourg du soir m'a paru plus convivial et plus en fête que le centre de Noël à Paris et les Champs Elysées. Et quand même nous n’avons pu nous passer du «veau de lait», du riz au lait ni de la «Presskopf» (tête de porc, et non pas la presse). Et certainement, le vin alsacien et les délicieuses confiseries, qui nous ont été aimablement offerts dans la salle bleu clair du restaurant du Conseil de l'Europe par son Directeur général M. Jean-Louis Laurent qui, à proprement parler, a fait office d'organisateur de notre visite.
Jean-Louis Laurent nous a fait l’impression d’un diplomate expérimenté, un organisateur excellent, et un hôte très aimable (littéralement en russe « un bon maître » NDT). À la première rencontre avec nous, il a désigné les priorités de l'Union Européenne: l'intérêt pour les changements démocratiques dans toutes les régions de l'Europe, conformément aux règles et standards du droit européen. Les experts du Conseil de l'Europe ont déjà fait une visite à Kichinev et Tiraspol, ils examinent déjà la question de la reconnaissance et de l'accréditation de l'Université de Pridnestrovie. Il faut attendre leur rapport. M. Laurent a spécialement souligné qu’il estime que la Convention sur les droits de l’homme s’applique aussi en Pridnestrovie, où nous avons organisé des séminaires avec les organisations non gouvernementales, avec lesquelles, à son avis, il est plus facile de travailler. Maintenant le Conseil de l'Europe agit pour la réalisation du programme du renforcement des mesures de confiance entre la Moldavie et la Pridnestrovie. Le Conseil de l'Europe souhaite réaliser toutes sortes de programmes dans le domaine culturel et d’éducation en Moldavie et en Pridnestrovie, cependant le Conseil de l'Europe n'est pas rompu au processus des négociations, c'est pourquoi il ne s'en occupe pas directement. En répondant aux questions, Jean-Louis Laurent a souligné que le Conseil de l'Europe est une organisation intergouvernementale ayant des plans concrets jusqu'à 2008, mais qu’il n'a pas l'intention d’interrompre ses relations avec la Pridnestrovie et on prévoit la création d’une Maison Européenne à Tiraspol à la base du centre d'information. Pour cela il faut affermir la confiance par le biais de coopération dans le domaine culturel et d’éducation.
Nous avons aussi examiné le problème de la double nationalité à la lumière de la décision rendue par la Cour Européenne des droits de l’homme sur plainte du maire de Kichinev Dorin Chirtoacǎ et de l'avocat Alexandru Tǎnase, dont la teneur essentielle est que l'on ne peut pas interdire la participation aux élections parlementaires aux personnes titulaires d’une double nationalité. Mais si un représentant est élu, il est contraint de renoncer à la deuxième nationalité de l'autre pays. En RMP, cette question ne se pose pas en général, car le droit électoral de la Pridnestrovie ne prévoit, sur ce plan, aucune restrictions et, selon le caractère démocratique des normes du droit électoral, Tiraspol a fait un grand pas en avant suivant la voie de libéralisation de la législation électorale dans la sphère de la nationalité. Jean-Louis Laurent nous a cité beaucoup d'exemples des normes de caractère démocratique du droit électoral européen. Par exemple, le leader du Parti Vert était dans les listes des candidats en Allemagne et en France, mais en France il est possible de devenir député des organismes locaux de la France sans se faire naturaliser. Cependant en France il existe aussi des problèmes dans le système pénitentiaire, en ce qui concerne les illégaux. A l’égard de la France la Cour Européenne des droits de l’homme a rendu des décisions négatives, c'est pourquoi les autorités françaises prendront des mesures pour y remédier. Il y a aussi des problèmes en Belgique. Le congrès des pouvoirs locaux et régionaux va examiner les problèmes de la démocratie locale en Belgique - en particulier la désignation du bourgmestre. Notre collègue de la partie moldave de la délégation a demandé si les représentants de la Pridnestrovie participeront aux séances du Congrès. J'expliquerai, à titre référentiel, que la Moldavie a dans le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe 5 représentants et 5 assistants. C’est une représentation assez considérable, mais parmi eux il n’y a pas de représentants de la Pridnestrovi. Mais cette unité structurale du Conseil de l'Europe joue un très grand rôle, car, selon la Résolution Statutaire de 2001 du Comité des ministres du Conseil de l'Europe, le rôle du Congrès des pouvoirs régionaux et locaux est de représenter les intérêts des régions, discuter les problèmes et échanger d'expérience, émettre ses opinions à l'intention des gouvernements. Et si le Conseil de l'Europe considère la région de Pridnestrovie comme partie intégrante de la Moldavie, alors pourquoi le représentant de la Pridnestrovie n'est-il pas invité aux séances du Congrès? En effet, c'est une discrimination évidente en ce qui concerne les organismes de l'autonomie locale et régionale de notre région. Qui portera à la connaissance de toute l'Europe nos problèmes et comment les résoudre, et surtout comment échanger les expériences? D'autant plus qu’à mon avis, la Pridnestrovie ne veut pas et ne voulait jamais s’isoler du monde, espérant constamment que sa voix serait, un jour, entendue aussi dans le Conseil de l'Europe. J'espère qu'après cette première visite officielle au Conseil de l'Europe, les représentants de notre région achèteront plus souvent des billets pour l'itinéraire Tiraspol-Kichinev-Francfort-Strasbourg.
Mais revenons à notre rencontre avec Jean-Louis Laurent, d'autant plus qu'il nous a communiqué une chose qui nous donne de l’espoir et confirme mon pronostic. Le Conseil de l'Europe ne sera pas hostile à la présence des représentants de Pridnestrovie. C'est un pas positif et c’est la reconnaissance des réalités. Mais c’est à Kichinev qu’il faut résoudre ce problème et obtenir carte blanche. C’est la République de Moldavie qui désigne les représentants de sa délégation.
Le soir nous y avons eu une rencontre avec le bachkan (gouverneur) de la Gagaouzie - M. Formuzal, qui avait fait un rapport au Congrès des pouvoirs régional et local. Les problèmes des Gagaouzes intéressent le Conseil de l'Europe, mais dans quelle mesure? Qui vivra verra.
Nous avons aussi assisté aux débats, des débats du reste assez émotionnels, sur le conflit russo-géorgien. Nous avons écouté non seulement l'intervention des Russes, celle des Géorgiens, mais aussi le président du parlement de l'Ossétie du Nord. L'Ossétie du Sud a plus de chance que la Pridnestrovie: les frères du nord peuvent exprimer là leurs malheurs, leurs espoirs, leurs inquiétudes. Mais l'impression générale des débats est oppressante: positions diamétralement opposées, offenses mutuelles, exigences, incompatibilité des positions entre les parties. Pour la première fois deux pays -membres du Conseil de l'Europe – étaient en guerre l'un contre l'autre. Nous nous sommes croisés sur le champ des batailles verbales. Cela, certes, vaut mieux, que le tonnerre des canons. Mais je songeais à autre chose en regardant l’immense salle avec les représentants de presque tous les pays de la vieille l'Europe: la vie de l’homme est si courte. Pourquoi l'humanité se crée-t-elle à elle-même des problèmes? Est-ce que les 47 branches d’un même arbre ne peuvent pas vivre en paix et en bon accord? L’arbre n’a qu’une seule racine – le continent européen. Quelle est la cause des conflits, comment les éliminer? Ensuite je suis revenu à moi: en effet, je ne suis ni président, ni député, je n’ai pas de pouvoir de coercition, pourquoi pensais-je à cela? Peut être l'atmosphère dans la salle du Congrès du Conseil de l'Europe inspire-t-elle de telles idées? Ou bien c’est l’entretien avec la direction du Conseil de l'Europe qui m’a poussé à réfléchi à l’échelle nationale? Probablement chaque personne, à son niveau, doit-elle réfléchir au moyen de rendre le monde meilleur, comment utiliser raisonnablement le progrès de la puissance créative et la création de la ressource humaine, comment la Communauté européenne doit avancer sans oppression et destruction, mais avec des connaissances, avec du savoir-faire et du savoir-être. Si nous oublions les leçons historiques du passé, cela se fera sentir, de la façon la plus lamentable, au niveau de la moralité des gens. Nous avons accepté, comme héritage du passé, plusieurs postulats juridiques du travail titanesque, journalier, au cours de plusieurs siècles, des juristes de tous les pays. Ils ont trouvé leur réalisation dans la Convention Européenne sur la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950. Si toutes les personnes remplissaient consciencieusement leurs fonctions, ainsi que leur devoir social et moral, si elles créaient du bien en commun sur le fondement des prémices juridiques, alors notre maison européenne commune ne serait jamais devenue un château de cartes, prêt à se renverser et à se désagréger au moindre souffle de l’imprévisible vent de l’Histoire.
Revenons de nouveau au Conseil de l'Europe à Strasbourg, à son principal bâtiment - «Le Palais de l'Europe», dont l'auteur est l'architecte français Henri Bernard. Ce bâtiment n’est guère impressionnant tout simplement par ses dimensions et par les excellents plats bon marché dans quelques bars et restaurants au rez-de-chaussée, certains desquels j'ai surnommés «le resto universitaire ». Pourquoi? C’est que d'abord il faut prendre un plateau et ensuite, comme en 1970, pendant mes bonnes années d'études à l'Université d'Odessa, l’avancer le long des stellages avec des plats bien préparés, payer à la caisse, et après le porter avec la vaisselle vide et le mettre sur le transporteur mobile. Je remercie le Conseil de l'Europe pour cette excursion dans l'atmosphère culinaire publique de masse du vieux bon socialisme super développé avec le slogan : «tu as mangé, merci, et dessers la table!»
Présentons un peu le bâtiment: il a été mis en exploitation en 1977, sa hauteur est de 38 mètres, 8 étages, la surface totale est de 64 000 м2, 17 salles d'audience, mille cabinets de travail. La salle d'audience du Comité des Ministres est de forme ronde, il y a ici une grande table ronde couverte de cuir (beaucoup plus grande que celle des chevaliers du roi Arthur) et les visiteurs n’y ont pas l’accès. La salle d'audience de l'Assemblée Parlementaire et du Congrès, disposée au centre du bâtiment, compte 600 places. 220 journalistes et spectateurs peuvent s’installer dans sa deuxième galerie d’en haut. Notamment dans cette salle nous avons écouté les débats de la délégation russe et géorgienne, les Ossètes et les Gagaouzes. Le bâtiment isolé de la Cour des droits de l’homme - l'organisme permanent, indépendant, personnalité juridique, contrôlant l'exécution de la Convention Européenne sur les droits de l’homme, fait partie de l'ensemble du Conseil de l'Europe. Cet immeuble est ultramoderne, en métal et verre, avec des éléments de grès rose de Vosges. Et en outre la façade du bâtiment rappelle par sa forme la balance de la justice, car la partie frontale du bâtiment est formée par deux cylindres asymétriques. Ce bâtiment isolé au style austère est le Centre Européen de jeunesse. L’auteur du projet du bâtiment de la Cour Européenne n’est pas Français, c’est l'architecte anglais Richard Rodgers.
Tous les bâtiments sont conçu dans un seul but: servir de forum pour la coopération, ils reflétent les soins et les espoirs de 800 millions d’Européens. Je souhaite ardemment que ce nombre inclue aussi les habitants de la Pridnestrovie, et que nous réalisions avec d'autres peuples l'appel du secrétaire général du Conseil de l'Europe Thierry Davis: «Travailler ensemble sur la construction d’une Europe fondée sur les idéaux de la justice, la liberté, le respect mutuel et la paix».
Je dois souligner qu'outre les 47 États - conseillers de l'Europe, il y a un pays - candidat à l’adhésion - la Biélorussie, ainsi que des Etats observateurs: le Vatican, le Canada, le Mexique, les États-Unis, le Japon. La vie politique et juridique bat son plein à Strasbourg. Quels sont les problèmes au centre de ses intérêts? Le journaliste Ivan Nikoltchev, travaillant déjà 9 ans au Conseil de l'Europe dans le service des droits de l’homme dans la sphère des médias, a commencé à répondre à nos questions le 2 décembre 2008. Je propose au lecteur un court résumé de son intervention.
«L'article 10 de la Convention sur les droits de l’homme c’est notre base pour l'activité. Le Conseil de l'Europe a élaboré des standards et recommandations approuvés par le Comité des ministres, mais les instructions portent un caractère de recommandation. Il est souhaitable cependant que les pays du CE accomplissent ces recommandations, puisque c’est le cadre juridique pour la garantie de la liberté de la presse. Les standards de la liberté des médias doivent être obligatoirement accomplis. Les lois sur les médias peuvent être excellentes, mais il faut les mettre en pratique. Aussi le Conseil de l'Europe organise-t-il des rencontres, des conférences et formations, des séminaires pour les juristes, juges, managers, il envoie des experts et accorde des consultations. En ce moment une mission en Arménie étudie le code de la télévision et la radiodiffusion conformément aux standards du Conseil de l'Europe. En Bulgarie les experts ont eu quelques rencontres avec les députés. Le Conseil de l'Europe effectue des expertises, son budget est petit et en ce qui concerne le financement, c’est l'Union Européenne qui s’en charge. Les donneurs les plus généreux dans le domaine des médias sont l'Italie, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas.
La base légale pour la liberté de l'expression des opinions et la diffusion de l'information a été établie avec l'aide de la société civile, par le biais des conférences sur les médias indépendants. Le Conseil de l'Europe accorde une attention particulière aux questions de l'impartialité des campagnes électorales, des séminaires spéciaux des journalistes ont été organisés dans ce but (ici, pour être franc, je me suis rappelé les journalistes Darenko de la chaîne ОRТ, Kisséliov de la NTV et le proverbe connu «celui qui paie commande la musique»). A Strasbourg, on accorde une grande attention à la question de l'accès des journalistes à l'information, de laquelle disposent les autorités. Le problème est que la société doit savoir qui est le propriétaire du journal ou de la chaîne de télévision. (Pour l’Europe c’est un problème, tandis qu’en Pridnestrovie, où il n’y a qu’une seule chaîne de télévision privée - TSV - la télévision du libre choix, il n’y a aucun problème pour connaître son propriétaire). Quand une personne riche peut librement acheter tous les journaux dans la région, dans un sens c’est bien, car ils seront bien financés et en forme due, mais par ailleurs c’est une mauvaise chose car le contrôle des médias se trouve dans les mains d’une seule personne. Certains propriétaires de journaux n'aiment pas que les journalistes disent la vérité. Il ne faut pas offenser les journalistes honnêtes. Mais si le journaliste écrit un mensonge, il doit en répondre en vertu de la loi. Il faut soutenir ceux qui accomplissent honnêtement leur travail.
Le Conseil de l'Europe travaille étroitement avec l'OSCE et a conscience que chaque pays a ses problèmes. Scandale en Allemagne: les services secrets tiennent sous leur coupe les journalistes. En Grande-Bretagne les journalistes ont publié des documents confidentiels, et on voulait les mettre en prison, mais le juge s’est chargé de les défendre.
La liberté de l'expression est très importante. En Grande-Bretagne, par exemple, on veut interdire aux journalistes d’écrire sur les terroristes. On peut écrire, mais si quelqu'un appelle, dans ses articles, à la violence, il doit en répondre. Dans différents pays de l'Europe, les gouvernements souhaitent accroître le contrôle des médias, mais ce n’est pas approprié : dans de tels cas il faut protéger les médias, surtout si on introduit restrictions contre eux. Après tout si le journaliste dit: les terroristes sont des gens bien, ce n’est que son opinion personnelle. Mais si le journaliste appelle à la terreur, c’est un crime. Les décisions de la Cour Européenne des droits de l’homme déclarent: les lois ne doivent pas contenir une interprétation équivoque, c'est la clarté qui est nécessaire. Il ne faut pas avoir à répondre de son opinion, mais des actions concrètes commises violation de la loi. Maintenant… voyons où finit la liberté de la parole et où commencent les offenses des sentiments religieux de différents peuples. Peut-on dessiner des caricatures des hommes religieux? Comme journaliste, je suis avec les défenseurs de la liberté de parole, mais en outre, sans offenser les sentiments religieux. On ne peut pas écrire: nous tuerons les musulmans. Les questions des appartenances nationales et religieuses sont très complexes. Nous avons reçu, à la fin de novembre 2008, un rapport approuvé par l'association française des journalistes, où étaient examinées les questions de l'éclaircissement, dans la presse, du holocauste et du carnage arménien. Nul ne peut interdire d'examiner ces problèmes, sans quoi ensuite on interdira d'autres sujets aussi. Dans certains pays il existe une responsabilité pénale pour ceux qui nient l’Holocauste. Selon moi, la liberté de parole est inébranlable. Il faut pouvoir exprimer son opinion sur n'importe quelle question.
Le Conseil de l'Europe a publié des recommandations: l’information sur le propriétaire des médias doit être divulguée, le lecteur doit savoir le propriétaire du journal et, en lisant l'article, il aura une attitude bien définie, si on sait que le propriétaire du journal a un passé sombre, par exemple. Il faut une volonté des gouvernements pour qu’à l'aide des normes du droit les gens connaissent le propriétaire. Mais ce n'est pas encore devenu une pratique européenne. Une loi sur le secret commercial y fait obstacle. En ce qui concerne les médias, il doit y avoir une combinaison raisonnable de divulgation de l'information.
A la question du chef du service de presse du Président de la RMP A.V. Gribinuk concernant la présentation du conflit russe-géorgien je dirai: l'interprétation était faite d'une manière très intéressante par les uns et les autres. J’ai en vue la presse russe et celle d’Occident. Aucun journal, aucune TV ne sont entièrement impartiaux. Les médias appartenant au gouvernement présentent les événements du point de vue du gouvernement. A Atlanta (État de Georgie), les journaux appartiennent au Parti républicain et là, la plupart des gens votent toujours pour les Républicains, tandis que dans un autre État où les journaux appartiennent aux démocrates les citoyens vote pour les démocrates aux élections.
Il n’y a pas de presse objective à cent pour cent, nous n'avons pas atteint un tel niveau. Si la presse est politique cela signifie qu’elle n’est pas indépendante. Une formation politique ne peut pas créer une presse indépendante. Je n’ai jamais rien vu de tel. Et les gens perdent parfois l'intérêt pour les revues politiques, qui deviennent tendancieuses et peu intéressantes. Les médias reflètent les tendances dans la société. Si la société n’est pas libre, les médias ne sont pas démocratiques.
L'essentiel c’est la compréhension par le journaliste de son rôle, l’observation de l'éthique du journaliste, le respect du cadre juridique, de la culture du peuple. Si la société elle-même n’est pas libre, la presse non plus n’est pas libre. Le plus important c’est que les diverses opinions se reflètent dans les médias. Nous devons être tolérants envers d'autres gens, envers ceux qui ne partagent pas notre point de vue, en cela consiste aussi la liberté de parole (je ne manquerai pas de citer ici à titre d’exemple la maxime du commentateur politique, présentateur et journaliste de la ТSV Vadim Boulatovitch: le reportage ne passera pas à l'antenne de la TSV, s’il n'y a pas deux points de vue, si on ne passe pas la parole à toutes les parties du conflit. Et cette règle nous place au niveau des standards européens de la presse libre).
Cependant, les médias doivent répondre de certaines choses. Si le journaliste a souillé la réputation de quelqu'un d’une manière déraisonnable, il doit en répondre. Il faut être honnête et responsable. Quand les interdictions ont disparu dans les pays de la CEI, tous se sont mis à écrire ce qu’ils veulent. Mais la liberté de parole ne signifie pas que tout est permis, il faut créer des associations de journalistes, où on puisse discuter du fait de savir si le journaliste a écrit la vérité, ou quelque chose de mal. Si le journaliste est reconnu par la justice coupable, il faut écrire un démenti, et indemniser la personne calomniée. (Ici j’approuve entièrement l’idée de traduire en justice – une option efficace – certains journalistes. La Liberté de parole c’est aussi le respect de l’honnêteté et de la bonne renommée des gens). A la question de A.V.Gribinuk M. Nikoltchev a répondu: «Je trouve que les pays scandinaves conviennent le plus comme pays-modèles de la démocratie et de la liberté de parole. Là les gens sont plus tolérants par rapport à l'opinion des autres. Je ne connais pas assez la situation dans la Pridnestrovie. Les journalistes viennent maintenant chez nous et ils parlent de ce qui se passe et cela est très positif».
Après ces mots j'ai remis à M. Nikoltchev le livre de l’historien parisien Bruno Drweski (en français) sur la Pridnestrovie, le film de Boris Hass «Pridnestrovie» et de différents journaux. Tiraspol est aussi une région de l'Europe, comme Paris, et si les Européens jettent des ponts entre les bords de Dniestr, ils doivent savoir la vérité sur nous. Comme disait I. Nikoltchev lui-même (docteur ès sciences, il a travaillé aux États-Unis, dans les Balkans, en Europe, il a élaboré de nombreux documents sur la protection des médias): «Il est impossible d’avoir une presse objective 100 %». Moi, comme journaliste et juriste, j’ai aussi ma conception des standards de la démocratie, des moyens de leur introduction et de la liberté de parole. Nous sommes tous des individus, et il y a autant d’opinions que d’individus.
Je suis réaliste, je suis sûr d’expérience du triomphe de la vérité de la vie et je crois que les échecs et les difficultés sont seulement une étape à franchir vers le succès. J'ai surmonté l'envie des collègues avocats et de leur pusillanimité, ainsi que l'injustice et la flagornerie dans le milieu juridique. Maintenant, au milieu de l'esclandre de l'époque du capitalisme oligarchique, d’aucuns oublient l'honneur et la probité, la bonté et l'assistance mutuelle et on court, on court vers la richesse, en écartant les autres, en marchant sur eux, sans penser au sens d'une telle vie, qui n’est qu’une course aux profits. Il n’est pas prestigieux de vivre de son salaire, les mariages sont des mariages d’intérêt… Je me pose constamment la question: pourquoi de plus en plus ce n’est pas la loi qui s’impose, mais plutôt l’argent et l'immoralité qui remportent la victoire?
Il est difficile de raisonner sur l’équité, quand l'estomac est affamé, et il est beau d'être financièrement indépendant et s'occuper non seulement de son développement spirituel, mais aussi d’aider les autres. On ne peut pas être l'esclave de l'argent, qui vous dicte avec qui être ami, qui aimer, qui respecter, qui définit votre cercle de relations, à l'anniversaire de qui aller, et chez qui ne pas aller. C'est immoral. La vie d'aujourd'hui, avec sa crise financière, la chute des prix du pétrole, la baisse de la demande de marchandises, l’augmentation des prix des produits, nous pousse vers l’arrivisme effréné et l’esprit du pique-assiette, nous assigne pour but de dévaliser à tout prix notre voisin. Il faut s’y opposer au nom des valeurs humaines. On ne peut pas sacrifier les valeurs spirituelles et morales pour faire plaisir à la prospérité financière. L'amour, la bonté, la reconnaissance, le respect, l’amitié désintéressée - c’est ce qui fait notre bonheur
Ces bonnes idées me sont venues à l’esprit au cours de ma rencontre avec le directeur des relations publiques du Conseil de l'Europe Séda Pumpianski, qui nous parlait tranquillement, correctement, et avec assurance du rôle du Conseil de l'Europe comme d'un architecte, qui, à l'aide de l’élaboration des normes juridiques, comme des briques, construit le bâtiment de la sécurité européenne et qui se préoccupe des droits de l’homme, de la santé, du sport et de la culture. Notre interlocutrice parle parfaitement russe, elle a travaillé dans l'ONU et depuis 3 ans officie au Conseil de l'Europe. Elle se rend parfaitement compte de l'importance de notre visite et de son utilité, en effet, selon elle, il y a un afflux de journalistes à Strasbourg seulement au moment des sessions et des séances. A titre de comparaison il faut dire qu’à Bruxelles, travaillent près de 2000 journalistes. Toute une armée de confrères y écrivent. Séda nous a parlé de la structure du Conseil de l'Europe.
Le Comité des Ministres est l'organisme de tutelle, où sont présents les ministres des affaires étrangères de 47 États-membres ou leurs représentants diplomatiques permanents.
L'Assemblée parlementaire est l'organisme consultatif qui comprend 318 membres (et 318 leurs assistants), représentant les 47 parlements nationaux et les délégations des États non membres du Conseil de l'Europe.
Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, comprend deux chambres - la Chambre des pouvoirs locaux et la Chambre des régions.
La Cour européenne des droits de l’homme siège à Strasbourg en permanence et assume toutes les procédures: à partir de l'estimation de la recevabilité du dossier de l'affaire jusqu’à la prononciation du verdict définitif. Les juges de l'Assemblée Parlementaire sont élus pour une durée de six ans.
À présent le Secrétaire général est Thierry Davis, citoyen de la Grande-Bretagne élu en 2004 pour un mandat de cinq ans. Il dirige et coordonne l'activité du Conseil de l'Europe.
Le Secrétariat du Conseil de l'Europe comptant près de 2000 collaborateurs, se subdivise en directorats spécialisés (...)
Pour ma part, j'ai compris que la structure du Conseil de l'Europe est complexe, il y a beaucoup de juristes et d’experts, mais d'autre part, selon Séda Pumpianski, c’est seulement ce Comité qui est intéressant. C’est aussi l’avis de l’ex-journaliste, à présent le commissaire des droits de l’homme Tomas Hammarberg. Son champ de compétences m’est particulièrement proche. Quand j'écrivais le livre sur la protection des droits de l’homme dans la RMP et dans le monde moderne, j’ai notamment pris connaissance de l'opinion de T. Hammarberg sur les questions suivantes : indépendance des juges, protection des journalistes procédant à une enquête, durée des délais de l'examen des affaires dans les cours, droit de l’homme au logement, protection des femmes et des enfants contre la violence, lutte contre le terrorisme, protection contre les tortures et plusieurs autres.
En ces temps difficile, quand une retraite aisée n’est pas garantie, l’homme doit éviter consciemment les échecs et les doutes, la douleur et les émotions, les stress et les crises pour embrasser le bonheur et l'amour, le plaisir et le calme, la santé et la quiétude. On peut être heureux grâce à son travail, aux relations avec ses proches, ses collègues, on est heureux entouré de soins et d'amour.
Dans cette perpective, le destin de Séda Pumpianski est assez éloquent. Comme dans un conte de fée de Noël, elle a gagné le concours qui lui a permis de décrocher son poste actuel, simplement en ayant envoyé son curriculum vitae sur le site Web. Elle a passé consciencieusement le concours parmi 16 candidats. Séda connaît parfaitement la Russie, puisqu’elle a terminé la faculté des lettres de l'Université de Moscou, s’est spécialisée dans la littérature espagnole, ensuite - la carrière de journaliste, la télévision, l'Université de Harvard, la politique, l'éthique journalistique, la mission de l'ONU aux Balkans. Séda nous a cité un exemple: le livre le plus vendu du Conseil de l'Europe est celui sur les groupes sanguins et la transfusion du sang. Il est lié à la Convention sur la transfusion sanguine, d’actualité avec le problème du SIDA. Aujourd'hui tous les hôpitaux et toute les polycliniques d’Europe ont ce livre, parce que ce livre définit les standards. Au moment du choix de la localisation du le Conseil de l'Europe, une des options était Nice, mais Strasbourg était le symbole des relations franco-allemandes, des relations très complexes. L'Alsace est un territoire, qui est passé d’un pays à l’autre, et maintenant elle accueille l'organisme qui travaille à la définition ded consensus. Strasbourg est en France, mais c’est à dix minutes de l'Allemagne, à une heure de la Suisse. Le tramway de France circule jusqu’à Bâle. L'Europe a atteint l’unification des Etats.
Séda nous a parlé longtemps, d'une manière intéressante, elle nous invitait à la coopération. J’ai promis de décrire honnêtement et sincèrement notre entretien ce que je fais maintenant. Il était agréable de voir l'intérêt pour la suite de nos relations et entendre les promesses d'aide.
Puis on nous a invités à visiter la base technique d'information du Conseil de l'Europe. Que dire? La base d'archives est immense, il y a des pièces pour la presse, radiocommunications, retransmission en direct, salles pour conférences de presse, le Web site compte 150 000 pages, en 2008 on a publié 142 livres sous l'égide du СЕ. J'ai aimé le grand soin envers les véhicules d'information des années 40, que Alan Dreik nous a démontrées, nous faisant voir les vieux tourne-disques, mais qui marchent, d’immenses disques de vinyl avec les interventions de diverses personnes de tous les pays de l'Europe.
Et nous voilà de nouveau dans la salle №10 (j’ai failli écrire salle d'étude). Je le dis honnêtement: du haut de mes presque 50 ans de vie, je me suis plongé de nouveau, pour quelques jours, dans mes années estudiantines: le stylo à main, feuilles blanches de papier, information, discussions avec les collègues. La nouvelle de V. Boulatovitch m’a paru la plus intéressante, il nous a fait réfléchir à la force de l'amour pour les animaux. Rentré du centre de Strasbourg, où il avait préparé une série vidéo pour la TSV, il nous a révélé le contenu édifiant qu’une annonce qu’il avait vue en ville : un des habitants de Strasbourg offrait une récompense de 50 000 euros à qui retrouverait son chat disparu. Chers sont les chats européens au centre de la liberté et de la démocratie, d’ailleurs le salaire à Strasbourg est sans aucun douteplus haut qu’en Pridnestrovie. Je pense que parfois l'aspect matériel dans la sphère de l'adoration des animaux domestiques préférés joue un rôle secondaire pour ceux qui les aiment.
Quelques mots, ou plus exactement quelques lignes sur l'activité de la télévision. Nous avons visité la chaîne française France 3 et la TV franco-allemande «ARTE». Nous acons commencé par ARTE, où un cours détaillé nous a été délivré par le principal journaliste à la télévision, Tchèque d'origine - Vladimir Vazak qui travaille à ARTE depuis sa fondation, en 1992. C'est une structure franco-germanique, les programmes se font à Strasbourg et en Allemagne et la compagnie de télévision a gagné les cœurs des spectateurs par son approche graduée dans la présentation des évènements. ARTE est diffusée aussi en Autriche, Suisse, Belgique, Afrique du Nord, via la télévision par câble. Elle s’efforce de soutenir l'image intellectuelle du paysage audiovisuel. Néanmoins l'audience de la première chaîne privée française (TF1) est 10 fois plus grande. En tant que TV publique, ARTE est financée des moyens publics, mais la télévision verse aussi ses taxes. En Europe, la TV privée bénéficie d’une audience immense et parfois des débats se développent sur la nécessité de la télévision publique. Selon M. Vazak la télévision publique s'exprime plus librement par rapport à l'État qu’autrefois. Quand c’est un journaliste français qui présente l’émission, on fait une interprétation simultanée en Allemagne, et vice versa.
Chez nous en Pridnestrovie nous parlons 3 langues: le russe, l’ukrainien, le moldave. Et en outre les émissions d'information du studio TV PMR sont présentées, pendant la journée, dans toutes les trois langues. M. Vazak fait des reportages dans de divers points du globe terrestre: Alaska, Ukraine, Russie, Biélorussie. Par exemple, à Khabarovsk il a réalisé une émission sur la situation des Chinois en Russie, en Ukraine sur le statut de Sébastopol. Il produit l’émission d'information «ARTE-Europe», «ARTE-Culture», «Zum-Europe», des émissions sur l'organisation et l'activité de l'Union Européenne, il s’est même rendu à Sakhaline. Nous l'avons invité chez nous à Tiraspol. ARTE nous a proposé un reportage sur la Moldavie, effectué par ses collègues en décembre 2007, qui m’a personnellement persuadé que non décidément les journaux ne sont pas impartiaux. L'essentiel du reportage des correspondants ARTE tenait en ce message: Dorin Chirtoacǎ est le représentant de la nouvelle génération en Moldavie. Mais, à mon avis, il y a trop de casseroles cassées dans ces images, trop de linge sur des cordes près des vieilles maisons. Le journaliste donnait l’impression de rechercher surtout les aspects négatifs de la vie de la capitale moldave. Des manques existent dans tous les pays, mais cela ne doit pas affecter l’image du peuple moldave, un peuple si hospitalier et laborieux. Je ne voudrais pas d’un tel reportage sceptique sur la Pridnestrovie. Oui, nous avons des difficultés, nous les surmontons, mais nous avons dans la vie non seulement des problèmes, aussi des beaux jours et des réalisations appréciables. Il faut montrer cela aussi. La télévision forme l'humeur des gens, l’état d’âme et d’esprit, le désir d'être utile à la société. Mais chaque journaliste a son opinion, sa vision des évènements, et il faut respecter sa manière de voir les choses. Je suis tombé d’accord avec l'opinion de Vazak sur l'éloge du maire dans le reportage; quand tout est présenté positivement, on risque de glisser vers la propagande. Sur la chaîne ARTE il y avait des reportages les aspects critiques de la Roumanie - les problèmes des Bohémiens, des chiens, des vols; de la Bulgarie avec la corruption, la prostitution. Comme a dit M. Vazak «nos critères ce sont l'honnêteté et l'objectivité, mais nous sommes subjectifs, car nous avons notre propre éducation et notre propre culture». Il n’a jamais été en Pridnestrovie et il se l'imagine comme un territoire fermé avec une mauvaise image. Il a cité comme exemple, la fois où, pour obtenir le visa pour une année, la Fédération de Russie lui a demandé une analyse sur le VIH, ce qui est moralement inacceptable. Maintenant cela n'existe plus, mais, quand même, il n'oubliera jamais cela. M.Vazak a été en Géorgie, a fait une émission pendant la période des hostilités: 20 minutes en Abkhazie, 20 minutes en Géorgie. Ses impressions: en Géorgie les policiers sourient, les soldats russes sont agressifs, mais la Russie est un pays magnifique et il y va dans huit jours. Il espère visiter aussi la Pridnestrovie. La RMP a été visitée par les équipes de tournage grecque, polonaise et française. Les Français avaient comme interprète E.Vardanian, correspondant de la «Nouvelle région», qui prenait part à cette conversation et qui nous a parlé de son travail avec eux. Le sens général de la connaissance de l'activité de la compagnie de télévision franco-allemande était tel: nous travaillons ensemble, nous avons des styles différents et de différentes approches, mais nous trouvons un terrain d'entente malgré les différences. Les Allemands et les Français depuis 16 ans vivent et travaillent dans un bâtiment et sont un exemple pour la création de la télévision moldavo - pridnestrovienne.
Puis nous sommes partis à la France-3 TV-Alsace qui existe depuis 25 ans, où nous avons erré longtemps à travers les magnifiques studios de montage et cabinets. Tout est solide, sérieux. Les conditions sont onnes pour l’activité créatrice du collectif de 55 personnes: le rédacteur en chef, 6 adjoins, 5 rédacteurs selon les directions et les journalistes. La diffusion se fait en trois langues: allemand, français, alsacien. Tous ne possèdent pas deux langues, tous les jeunes journalistes n’ont pas eu nécessairement une formation journalistique. Ils ont des émissions comme celle de la ТSV - «Le meilleur matin», « Samedi matin ». Il y a un projet pilote - la télévision par Internet 24 heures, on nous l’a démontrée. Toutes les 15 minutes chez nous des émissions présentent les nouvelles régionales. Eux, ils ont eu des concurrents privés comme «Télé Alsace», «Alsatique», mais à présent un canal a été fermé, et ce n’est que la presse régionale et la radio qui sont restées comme concurrents. Depuis le 5.01.2009, la publicité est interdite à la TV publique de 20.00. France 3 travaille dans 25 régions de la France, et fait des reportages sur l'Alsace et les pays européens. Le 1er janvier la République Tchèque a assumé la présidence de l'Union européenne et en décembre un reportage sera consacré cela. Au sein de la rédaction européenne travaillent 10 personnes, le correspondant spécial à Bruxelles transmet les nouvelles politiques actuelles. En ce moment France 3 Alsace prépare l’émission «L'avenue de l'Europe» sur la sécurité de la circulation en bicyclette et en motocyclette. L'opinion de nos interlocuteurs Jil Tchavanel et de Catherine Boteisl, de Christophe Neidhart est celle-ci: il faut exposer mieux les évènements en Europe. Nous sommes «pour». Nous attendons votre visite. Les compagnies de télé allemandes étendent leurs programmes d'information et ont constamment à Bruxelles 5 ou 6 groupes de correspondants, il y a aussi beaucoup de journalistes des États de l'Europe de l'Est qui ont récemment adhéré à l'Union européenne.
Je ne peux ne pas exprimer mon opinion en ce qui concerne la télévision. En Pridnestrovie il est difficile de ne pas remarquer l'absence complète de l'information systématique, examinée par des spécialistes, sur le développement de différents domaines de la science. Les émissions polémiques portent pratiquement toujours une nuance politique. La télévision civilisatrice unit la société civile, lui livre le système total de ses coordonnées. La télévision ne peut pas être socialement irresponsable, en effet, nous vivons dans un monde exceptionnellement compliqué, sur le plan de l’information, où les connaissances et les ressources intellectuelles sont le capital humain le plus précieux.
À mon avis, la discussion approfondie d’un problème, une innovation, une loi, une invention, une discipline d'étude est possible seulement dans un bon studio spécialisé. Des programmes d’instruction les plus sérieux doivent sortir à l’écran, au studio doivent se produire les professeurs du plus haut niveau.
Certes certains peuvent consciemment ne pas vouloir de programmes scientifiques, juridiques, économiques ou civilisateurs dans des studios spécialisés. Il est plus facile de gouverner un pays d’imbéciles. Mais vivre dans un tel pays il est tout simplement inintéressant. De plus, le pays d’imbéciles n'ont pas d’avenir. Mon propos est peut-être un peu dur, mais c'est la vérité. Chaque semaine, à l’écran doivent sortir des didacticiels, des «tables rondes» sur les questions de l’avenir de l’État, avec un échange d’opinions. Mais chez nous on crie: «allons vers la Russie», dans quelque temps: « allons vers l'Union européenne», ou encore «nous vivrons indépendamment». Est-il difficile d’inviter dans le studio spécialisé tous nos voyageurs étrangers - diplomates, députés, fonctionnaires, représentants de l'opinion publique pour expliquer à la société, de la hauteur de leurs fonctions, rangs, position sociale, leur vision de notre avenir? Qu’ils s’exposent, discutent, argumentent. Et le peuple écoutera. En effet, la télévision n’est pas une boîte pour les imbéciles du type «commentateur au lit» du programme de la ТNТ «Notre Racha (Russie)», c’est un important moyen d'éducation, de formation d'opinion, source d'information et de connaissances. Il est bon de voir des films, émissions sportives, concerts. Mais pour la Pridnestrovie la discussion des problèmes du mieux-être à travers la science, le droit, la production est très actuelle. Evguéni Petrossian ou «La maison-2 » peuvent provisoirement amuser, mais ces émissions ne donnent pas de connaissances, ne relèvent ni l'intelligence, ni le moral. Dans les feuilletons télévisés quelqu'un tue constamment, bat, boit, fait des courses automobiles. Avons-nous besoin de ce qui est vulgaire et pomponné, nous est-elle nécessaire l'agression dans les rues, les fusillades des élèves par leurs collègues de classe aux écoles? Non. Mais la plupart des nouvelles émissions sont orientées vers le gain de l'argent dans un show, vers le hasard et non pas vers le gain grâce à l'érudition. Qu’y a-t-il de cognitif, par exemple, dans l’émission «Étoile puissance trois» sur МТV avec S. Zvériev et son assistante qui copie Pamela Anderson? Un studio au milieu d’un supermarché est un phénomène à la mode, mais il ne résout aucun problème, on y parle de tout et de rien. De telles émissions et studios, transforment la vie de l’individu, pardonnez-moi ma franchise, dans un simple procès d’évacuation des besoins physiologiques et ne le rend pas spirituellement intelligent.
On peut et il faut gagner grâce à la création des divertissements, mais pour ma part je voudrais que le programmes instruisent, apprennent, aident. On peut contrôler par la volonté et la fonction du rédacteur en chef un canal privé de télévision en tenant compte seulement de sa vision subjective des tâches et fonctions de la télévision, mettre des barrières artificielles aux initiatives des journalistes, mais, très bientôt, la vie laissera de tels chefs et leurs maîtres sur le bord de la route.
Sans doute faut-il présenter les nouvelles sur les incendies, les avaries, les accidents. Mais est-ce qu'une information sur les erreurs dans l'économie et la jurisprudence s’avère moins nécessaire ? Dans un cas comme dans l’autre il s’agit des destins humains, mais prévenir l'accident ou la catastrophe nous ne pouvons pas, mais arrêter la chute de l'unité monétaire ou la privation illégale de la liberté, cela nous sommes en état de le faire. //suite plus bas//
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