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Le blog de Frédéric Delorca

Cuba, les mots et les treillis

14 Août 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Je lisais hier le compte rendu de "Diadore Cronos", grand lecteur du blog d'Edgar (et un peu moins du présent blog) sur son voyage à Cuba avec les jeunesses du PCF. J'ai bien ri à la lecture de son passage sur les chansons de stals dans le groupe de voyage (toujours intéressant de parler de ses camarades d'excursions, je l'ai fait sur la Transnistrie, c'est une note d'ambiance importante). Très bonne son approche critique du point de vue du quidam dans la rue qui essaie de rouler le visiteur dans la farine.

Diadore Cronos est un communiste souverainiste. Et pourtant il s'étonne que les Cubains aiment les treillis. Ca me rappelle cette nana du cercle bolivarien de Paris qui refusait d'inviter son réseau à se rendre à une réunion de solidarité avec la Palestine organisée par l'espace Ishtar parce qu'il y avait une kalachnikov sur l'affiche.

Chers lecteurs qui avez tous acheté mon Programme pour une gauche française décomplexée, vous savez mieux que quiconque que si l'on veut un virage à gauche, et se défaire de notre dépendance à l'égard du capitalisme globalisé, il faut vouloir avoir une armée forte. On ne peut pas éviter cela. Comme disait un vieil adjudant chef ardéchois des Troupes de Marine pendant mon service militaire (un gars qui élevait des abeilles dans son patelin natal) : "L'armée est un mal nécessaire".

 

"Cuba hurts" (Eduardo Galeano), parce que c'est un pays communiste too old fashioned, attaché à l'Etat, aux bruits de bottes, aux valeurs viriles (combien de fois entend-on condamner Cuba à cause de sa législation sur l'homosexualité - en omettant de remarquer qu'elle est la même ailleurs en Amérique latine ?).

Je dialogue en ce moment avec une enseignante communiste d'une université de la Côte Est étatsunienne. Une Italienne née en Sicile (beaucoup d'échanges avec des Italiennes sur Facebook cette année, l'attractivité de la gauche française sur ce qu'il reste des résistants de cette péninsule), avec toutes les caractéristiques de la fille méridionale, une fille intéressante (j'apprends beaucoup de choses avec elle), et très "gender studies" alors qu'elle était communiste dans son adolescence. Quand elle cherche à me flinguer, ce n'est pas avec une  kalachnikov comme à Cuba, mais avec les mots de la political correctness : ceux de la mise en accusation du représentant du vieil "ordre patriarcal' que je suis censé être par certaines de mes prises de position.

Quelle arme est la meilleure dans le combat politique ? Les partisans de la mise en accusation par les mots ont eu leurs heures de gloire pendant la guerre d'Irak contre les défenseurs du treillis qui appelaient à soutenir la résistance armée irakienne. On s'enflammait dans les campus américains avec des mots, et l'on voulait traîner Bush devant la justice internationale. Les mots n'ont rien donné, sauf l'élection d'Obama, c'est-à-dire de l'impérialisme relooké dans un gant de velours. Bush n'est pas en prison, et les Américains sont encore en Irak.

Les treillis cubain posent la question du réalisme en politique, une question que la gauche ferait bien de considérer attentivement.

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