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Le blog de Frédéric Delorca

Sociologie du corps

16 Septembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Malédiction de la pédagogie : à 17 h 30 je voyais une jeune doctorante qui travaille sur la nudité dans la danse pour préparer avec elle une conférence que je dois donner prochainement. Cette jeune femme avait de très jolis yeux. Elle récitait les grands axes d'un de mes livres qu'elle avait lu avec sérieux et ferveur, et évidemment comme c'était à craindre, d'un bout à l'autre de la conversation je mourrais d'envie de lui faire l'amour. C'est le lot, je pense, de beaucoup d'enseignants à l'université, et plus encore de ceux qui enseignent l'anthropologie ou la sociologie du corps (un d'entre eux dans le Sud a même écopé d'un procès pour harcèlement de la part d'une de ses étudiantes). J'ignore comment la plupart de ces pédagogues gèrent ce problème : franchissent-ils le pas du passage à l'acte? Que le pas soit franchi ou pas, je suppose que c'est un obstacle à la progression sereine de l'enseignement de cette discipline et une des raisons pour laquelle elle est si peu développée. J'avoue n'y avoir point songé auparavant moi qui suis toujours demeuré à l'écart de l'université.

Un journaliste d'une revue branchée veut m'interviewer sur la nudité, la même semaine qu'une blogueuse, elle aussi bien introduite dans les milieux journalistiques parisiens, publie une autre interview de moi.

Disons que c'est ma pause "a-politique" après le dernier weekend très intense à la Fête de l'humanité. D'ailleurs ce n'est pas si apolitique qu'il y paraît : rappeler, en réconciliant anthropologie naturelle et anthropologie culturelle, que l'homo sapiens est un animal, c'est faire signe vers une question nouvelle : que peut être une société qui fait le deuil complet du spirituel - qu'est-ce qu'une institution qui assume complètement la corporéité de ses composantes et de ceux qu'elle administre ? Voilà une question que l'humanité n'a jamais sérieusement affronté parce que notre cher cerveau, en grande partie protégé de par son anatomie-même, du reste du corps construisait ses images, ses religions censées "tirer notre espèce vers le haut", même dans les religions sécularisées du 20 ème siècle. Nous sommes la première génération à pouvoir assumer pleinement sa fraternité avec les singes... et à devoir en tirer des conclusions politiques. "Français, encore un effort", il faudra bien y parvenir.

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