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Paul Morand, la littérature
Il y avait ce soir à la TV sur une chaine de la TNT une longue interview de Paul Morand. Je l'ai écoutée jusqu'au bout.
Je sais que des jeunes gens comme Romain ou Etienne qui m'ont fait l'amabilité de réagir à ce blog naguère ont apprécié que j'y parle d'auteurs du XXe siècle comme Gary ou Werth. J'ai peut-être mieux fait de faire cela que d'y parler de politique. Je ne sais pas...
Ce soir j'écoutais Morand comme on dialoguerait avec un extra-terrestre. J'ai tellement peu de points communs avec cet homme... et pourtant son monde m'a effleuré plusieurs fois dans ma vie. Le monde des peintres surréalistes, de Malraux, de Gide, de Proust. Je l'ai croisé au sortir de l'enfance, au début de ma vie d'adulte, au milieu. On ne sait pas pourquoi ce genre de chose vous atteint, s'éloigne de vous, puis revient à divers moments. On plaint ceux qui n'ont pas la chance de croiser cela sur leur route.
Le monde des surréalistes était encore présent en moi en 2012, je crois, à moins que ce ne fût 2013, à travers Soupault. Et puis l'oeuvre de Morand s'est invitée dans ma vie en 2014 à travers Hécate et ses chiens et à travers son journal de 1968-1970. C'est lui qui m'a donné envie de lire le journal de Simone de Beauvoir de la même époque. Je me demande si je n'ai pas connu Hécate et ses chiens après avoir lu un article du journaliste Labévière. 2014 était une année vraiment épouvantable pour moi et en même temps mêlée de révélations compliquées. Il était étrange que le roman de Morand soit arrivé là, car Hécate et ses chiens est un livre un peu diabolique. Juste un peu. Et cependant moi qui, après toutes mes découvertes, suis devenu allergique aux démons, je ne perçois pas de danger dans le monde de Morand. Peut-être suis je en cela trop naïf. Peut-être à cause de cette espèce d'humilité très sobre du personnage qu'on retrouvait dans son interview ce soir.
Peut-être à cause de son absence. Cet homme fut très présent à son époque, et en même temps tellement décalé, évanescent. Pas le genre de type qui vous embrigadera dans une légion criminelle. Il se sera beaucoup trompé, autant je pense quand il aimait Picasso, que quand il se résignait au pétainisme, ou quand il détesta De Gaulle. Mais il s'est trompé de façon intéressante, toujours, d'une façon bizarre, instructive. Peut-être à cause de son espèce d'absence de tout justement D'où ses phrases courtes dans l'interview, et le fait qu'il avoue ne pas aimer parler. Un point commun avec Deleuze.
J'ai la chance de ne pas être un écrivain, de n'avoir pas derrière moi une oeuvre, même si j'ai pondu un roman et quelques témoignages autobiographiques. Je peux donc aborder n'importe quel livre de façon parfaitement désintéressée, candide, désinvolte. Je n'ai même pas, à la différence des profs, à me poser dans le rôle du type "qui s'y connaît", qui doit transmettre, je ne suis même pas dans ce sérieux là. Je suis dans un sérieux, certes, mais un sérieux à moi, un sérieux lié à ma recherche incommunicable, incompréhensible par autrui, donc je tire des livres ce que je veux, j'en dis ce que bon me semble sur ces pages numériques ou ailleurs. Ca a de l'importance, et ça n'en a pas. Dans quelques semaines je serai pour quelques jours à Venise. Je ne l'ai pas choisi. Ca arrive comme ça, alors que Venise évoquait toujours pour moi Sollers et toute une imposture littéraire que je déteste. Une boursoufflure devrais je dire. La ville n'a-t-elle point elle même vécu du vol et de l'imposture depuis le Moyen-Age ? Pour m'y sentir moins seul, j'emmènerai le livre de Morand avec moi, "Venises". Dans l'interview de ce soir, il expliquait que Montaigne, Rousseau et bien d'autres génies ont écrit sur cette ville où lui même a rencontré mille célébrités. Je pense qu'à travers ce livre je retrouverai un peu du monde littéraire, et de l'univers des esthètes, qu'accaparé par ma recherche métaphysique depuis deux ans je néglige un peu trop. J'ignore si j'en parlerai sur ce blog. On verra bien.
Ai-je déjà parlé dans ce blog de Morand ? Je pense que oui. Qu'en ai-je dit ? Je ne sais plus. Est-ce que la littérature cela compte vraiment ou n'est-ce qu'un de ces pièges hédonistes de plus qui nous éloignent de la vérité ? Grave question. Platon voulait chasser les poètes de la Cité. A ma connaissance l'Israël biblique n'a pas eu d'écrivains, même à l'époque hellénistique des Macchabées. Il en a eu un avec Flavius Josèphe, mais ce n'était plus l'époque biblique, en tout cas plus celle de l'Ancien Testament. Il faudrait que je vous parle de Josèphe d'ailleurs car j'ai lu trois chapitres de son récit des guerres juives il y a peu. Passons. Oui, les peuples qui se confrontent sérieusement à la vérité ne pratiquent pas la littérature. Cependant l'auteur de l'Ecclésiaste ou celui du Cantique des cantiques ne sont-ils pas des écrivains ? Le style nous éloigne de la vérité, mais comment peut-il y avoir une vérité sans style ? Surtout une vérité pratique, au quotidien. Comment puis-je manger une pomme avec une certaine vérité dans ma façon d'être si je n'ai pas un regard littéraire sur elle, et sur ma façon de la prendre en main ? Je ne sais pas trop comment vous expliquer cela, mais je crois qu'il y a là un "vrai sujet" comme eût dit un de mes collègues.
Donc il se peut que vous tombiez encore sur des lignes sur Morand, en parcourant ce blog, dans les mois à venir, et sur des lignes sur Venise. Sauf si je me persuade de ce que je perds mon temps à aborder ces sujets là...
Pierre Jacquemain, Ils ont tué la gauche, Fayard 2016
La guerre des gauches
Après la mobilisation sociale contre la loi El-Khomri au premier semestre de cette année, beaucoup de militants de gauche ont dû attendre avec intérêt la publication de ce témoignage de Pierre Jacquemain, qui fut au cabinet de cette la ministre du travail Myriam El-Khomri et sut claquer la porte à temps pour ne pas être associé à cette modification du code du travail qui passe pour une des plus grandes trahisons de l’électorat de gauche par François Hollande et Manuel Valls. Beaucoup s’y intéresseront, mais beaucoup seront aussi déçus.
Car, si l’on pourrait croire que Pierre Jacquemain fut aux premières loges de la mécanique infernale qui transforma le projet de loi « progressiste » en diktat néolibéral, en réalité il s’y trouva comme Fabrice à Waterloo… et ne vit donc pas grand-chose. De la fumée, des coups de feux. Il raconte ainsi seulement à grands traits ce que la presse nous avait déjà dit. Comment la réforme, mal enclenchée en partant d’un rapport de JD Combrexelle, qui avait été l’homme fort du ministère du travail à l’époque de Sarkozy, a été confisquée par un comité Badinter (le bilan politique de Robert Badinter étant ce qu’on sait depuis la guerre de Yougoslavie…) et par Emmanuel Macron qui y insuffla tout ce que le patronat souhaitait, sans même que la ministre du travail eût son mot à dire. L’auteur ne peut rien nous dire de ce qui se disait entre les véritables décideurs – Valls, Macron, Gattaz –, parce qu’il n’y était pas, son cabinet n’étant même pas destinataire d’une copie du projet de loi avant son examen par le Conseil d’Etat. Il n’était d’ailleurs même plus dans la confidence de son directeur de cabinet, qu’il accuse de s’être vendu au point de vue des néo-libéraux et avec qui il a échangé moins de 10 mails en six mois.
Dès lors, le livre doit se rabattre sur des éléments assez anecdotiques comme l’organisation d’un « team building » avec weekend gastronomie et karaoké avec sa ministre (encore doit-il avouer que son éditeur l’a censuré à ce sujet), et des considérations idéologiques assez convenues sur le règne de la technocratie et des experts, le monolithisme des médias, la médiocrité des politiques, la dictature de la com’, l’absence du peuple, et la marginalisation des intellectuels critiques. Rien de nouveau sous le soleil, sauf des marqueurs identitaires : l’éloge de la Nuit Debout, la mention des sujets fétiches de la revue de Clémentine Autain Regards dont l’auteur est rédacteur en chef adjoint, l’invocation des mânes du sociologue Pierre Bourdieu cité plusieurs fois, encensé, même dans ses propos les moins scientifiques et les plus contestables – notamment lorsqu’il prétend déduire la dérive « droitière » de Hollande et Royal de leur habitus familial et scolaire, mais Fidel Castro et Ernesto Che Guevara n’avaient pas des origines moins bourgeoises…
Néanmoins, par delà les tentatives de théorisation maladroites, souvent formulées dans un style oral à la limite de l’incorrection (« le taux n’a que très sensiblement évolué » p. 107, « c’est la gauche qui est en responsabilités » p. 112 « le monde se fout de savoir si Myriam El Khomri connaît le code du travail » p. 154), il y a quelque chose d’humainement poignant dans ce face à face amer entre le collaborateur de cabinet engagé et la jeune ministre du travail, Myriam El-Khomri, en laquelle il a cru parce qu’elle avait été une élue de terrain, une femme vraiment de gauche, et qui semble avoir abandonné toutes ses convictions sur un claquement de doigts du premier ministre, parce que le système usait savamment sur elle à la fois de la peur et de la flatterie. En d’autres temps on en eût fait un roman.
Et puis, à défaut de constituer un document historique d’importance, le livre a surtout la valeur d’un acte militant. C’est une pierre que, depuis le rivage de la gauche de la gauche, Pierre Jacquemain lance dans le marécage social-libéral, une étape dans la guerre des gauches, « pour ne pas désespérer Billancourt », pour ne pas laisser la société française s’ « ubériser ». « Parce que la gauche est vivante », conclut l’auteur… malgré les coups de poignard dans le dos…
Frédéric Delorca
Hugo avec les yeux de Bernanos
Je n'ai jamais trop aimé Victor Hugo, mais quand je lis l'éloge qu'en fait Bernanos, je me dis qu'au point où j'en suis lire "Les Châtiments" est peut-être la meilleure chose qu'il me reste à faire.
J'aime l'intégrité de Bernanos, le seul catholique à ma connaissance qui, tout en étant profondément monarchiste, ait su reconnaître les mérites de la gauche, et se battre pour l'Espagne rouge, pour la mémoire des Ethiopiens massacrés, et même pour Daladier et Mandel incarcérés, quand le cléricalisme virait au fascisme. Le seul mystique de la France éternelle qui ait sincèrement payé son écot aux auteurs Républicains, tout comme Montalembert en son temps rappelait au pape que les Droits de l'Homme étaient nés à l'abbaye du Bec Hellouin à l'époque de Guillaume le Conquérant, dans ce que l'Eglise avait de plus spirituel, et son inspiration anglo-normande (celle de St Anselme de Canterbury), qui fut aussi le glaive de la réforme grégorienne...
Lisons Hugo avec le regard de Bernanos, c'est ainsi peut-être que nous comprendrons mieux le destin mystique de la France, si destin mystique il y a (mais beaucoup de visionnaires semblent le déceler). Par delà tout esprit de chapelle. L'esprit de chapelle étant la mort de l'esprit tout court.
PS du 23/9/16 : J'ai lu "Stella" dans les Châtiments. Ca pue la Gnose à plein nez, le culte de la Reine du Ciel au service du progressisme. Comment Bernanos peut-il apprécier cela ? Je m'inquiète pour la hauteur d'inspiration de Bernanos que j'ai peut-être surestimée.
Un livre sur Hipparchia de Maronée
Un commentateur de ce vieux billet sur Hipparchia (Hipparchie) de Maronée m'a signalé la publication d'un livre collectif qu'il a dirigé sur ce sujet. Mon compte rendu de son ouvrage a été mis en ligne par Parutions.com aujourd'hui ici.
"Carnet de thèse" de Tiphaine Rivière
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J'ai raconté dans un de mes livres l'histoire de ma thèse en sociologie que j'ai faite à Paris I. Une thèse qui s'est passée dans des conditions bizarres, un peu comme tout ce que j'ai entrepris dans ma vie (mais peut-être plein de gens peuvent-ils en dire autant). A l'époque je la préparais tout en faisant l'Atlas alternatif et en bossant pour un ministère. J'étais partout et nulle part.
Cette thèse à la fois m'a servi et ne m'a pas servi. Elle fut utile à la publication de mes livres, inutile à mes affectations professionnelles. En partie parce que l'univers de la fac m'a très fortement déplu. La fac était de toute façon fortement discréditée dans le milieu des grandes écoles d'où je venais (milieu auquel je ne m'identifiais que partiellement mais bon...) et globalement dans la société aussi, mais je pense que si je n'avais pas été docteur en quelque chose en plus de mes diplômes précédents cela m'aurait vraiment manqué. Je ne sais pas trop ce que j'ai gagné en le devenant, mais je sais ce que j'aurais perdu en ne l'étant pas.
Pour le reste tout cela a glissé loin de moi désormais. J'ai donc cru que je pourrais lire sereinement la BD satyrique de Tiphaine Rivière parue au Seuil cette année "Carnet de thèse". Hé bien non, j'ai pris ça comme un grand coup de pied dans le ventre. Non pas en relation avec mon vécu propre car le sujet ne me touche plus de près, mais parce que je sais que, malgré la caricature, on ne peut s'empêcher de songer à tous ces gens qui sont abimés par la fac (et j'en ai connus). Bien sûr cela n'est rien à côté des horreurs que commet Etat islamique, du sort des migrants sur les mers, mais c'est tout de même un immense gâchis social, qui, par ailleurs, nuit énormément à la place du savoir et des humanités dans notre monde. Et ce n'est pas propre à la France : je connais aussi la misère morale des facs de lettres et de sciences humaines aux Etats-Unis. L'humain a un don particulier pour gâcher collectivement ses meilleures conquêtes.
Haruki Murakami
Ca y est le nombre des abonnés de ce blog commence à chuter. Faisons le chuter encore plus en reparlant de l'Asie ! Non, ce n'est pas une marotte. Je ne suis pas plus attaché à l'Asie qu'à un autre, et je m'intéresse tout autant à la santé de Mme Cristina Kirchner en ce moment qu'aux templs d'Angkor.
Mais une amie druidesse (j'aime bien rappeler ce titre qu'elle a, et qu'elle garde à vie parait-il, comme les ministres) m'a conseillé la lecture des "Chroniques de l'oiseau à ressort" de Haruki Murakami. Je ne jouerai pas les cuistres : bien que je lises diverses choses sur le Japon depuis mon adolescence, je n'en connais pas plus la littérature que le lecteur moyen de la très nippophile Amélie Nothomb.
On dit que l'auteur de ce livre des années 1990 (réédité en France récemment) est nobélisable. Il le mérite sans doute plus que notre Modiano. J'ai déjà avalé une centaine de pages de son pavé. J'apprécie beaucoup la précision dans le détail et la neutralité du ton de ses récits, agrémentés de comparaisons souvent interlopes, étranges. Vous allez me dire "la neutralité du ton c'est un peu devenu la tarte à la crême de notre époque". Et c'est vrai que parfois on peut se demander si Murakami ne singe pas un peu les modes de son temps, et même s'il ne singe pas l'Occident tant son personnage pourrait être parisien, bordelais, londonien, new-yorkais plutôt qu'habitant de Tokyo, y compris par son univers matériel.
Mais en ce qui me concerne cette neutralité me fait du bien, elle me donne parfois envie de la projeter sur mon propre univer (mais je suis incapable d'être neutre pendant plus de douze heures, mon sens des valeurs reprend toujours le dessus). En outre dans la cas de Murakami, elle permet d'avancer de façon plus crédible ce qui est au fond la thèse du livre : la bizarrerie profonde du monde est liée à l'interface qu'il entretient avec l'invisible, cet invisible qui est un truc non-religieux, non-métaphysique, qui vous rattrappe toujours malgré vous (et malgré vos envies permanentes de tout nier ou de tout aplanir). En ce sens il rejoint tout en allant plus loin qu'eux les grands "existentialistes" des années 50 - Gombrowicz, Moravia - le seul d'entre eux qui ait assumé cette pente à cette époque-là, à ma connaissance, étant Cocteau.
Mais on n'est pas obligé d'adhérer à la thèse. Même si l'on n'avance pas jusqu'à son point, on peut se laisser simplement flotter à la surface de la bizarrerie, des hommes, des femmes, des situations, des objets mêmes qui nous sont présentés, bizarrerie bien peu spectaculaire, banale, et pour cette raison absorbante, obsédante. On a envie de toujours plus d'étrangeté, de s'y abandonner, de s'enivrer de bizarrerie ordinaire...
"Bellum civile sepulchra uix ducibus praestare"
A peu près rien ne permet d'échapper à la laideur, à l'égoïsme, à la stupidité, à la méchanceté, à l'arrogance prétentieuse, à l'ingratitude des gens, des hyènes, sauf la lecture des Anciens. Montaigne, entre autres - au milieu d'une guerre civile - l'avait bien compris.
J'ouvre Lucain (la Pharsale livre IX) au hasard. Pompée est mort, le chef cilicien Tarcondimotos, son allié "déplante les enseignes de Caton [d'Utique] pour l'abandonner". Ils ont suivi Pompée par amour pour lui, mais maintenant ils veulent rentrer chez eux pour que leur vieillesse "puisse se ménager le bûcher d'usage", car ""Bellum civile sepulchra uix ducibus praestare" ("la guerre civile peut à peine assurer la sépulture à ses chefs"). Ils ont aimé Pompée, l'ont suivi par amour, Pompée est mort, ils veulent la paix. Curieux discours de Caton pour les remobiliser : il leur explique que l'assassinat de leur chef est un cadeau que le meurtrier (la cour de Ptolémée), leur fait pour leur apprendre à assumer par eux-mêmes leur liberté.
Quelqu'un au Venezuela, parmi les révolutionnaires, a-t-il osé dire que le décès de Chavez était un "cadeau" ?
Ces paroles ramènent les vaisseaux des ciliciens déjà dispersés comme une essaim d'abeille, dit Lucain (les Romains croyaient que le bruit pouvait rassembler les abeilles). Puis viennent des considérations sur la Libye, terre la plus proche des dieux parce que la plus chaude, et, pour cette raison, premier sol sur lequel Athèna Pallas mit le pied après être sortie de la tête de Zeus-Jupiter (tout un symbole pour les philosophes), parfait tombeau pour Caton d'Utique.
Tout est religieux chez Lucain. Donc tout a sa nécessité, sa symbolique, et sa justification.
La Libye, tombeau de Caton, est aujourd'hui (avec des frontières plus réduites que la Libye romaine certes, terme vague qui, comme chez les Grecs désignait tute l'Afrique du Nord) le tombeau apocalyptique du messianisme démocratique occidental, dans la foulée des printemps arabes. Bien sûr il est probable que les dictatures façonnent une propension au djihadisme ou au banditisme comme l'explique cet article, et dans cette mesure, la situation actuelle est un héritage du kadhafisme, mais bon, la folie de nos bombardements, notre façon de laisser le Qatar engraisser les milices les plus extrémistes, et notre idée de parachuter un conseil national de transition illégitime n'ont pas arrangé les choses...
"Bellum civile sepulchra uix ducibus praestare". La phrase a quelque profondeur. Renoncer au combat pour préparer sa tombe ou son bûcher...
DH Lawrence
L'amour d'égal à égal ?