Choc des civilisations : l'UMP s'allie au laïcisme turc


Ainsi parlait Maximilien de Robespierre
" La déclaration des droits n'est point la lumière du soleil qui

éclaire au même instant tous les hommes ; ce n'est point la foudre qui frappe en
même temps tous les trônes.
La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d'un
politique, est de croire qu'il suffise à un peuple d'entrer à main armée chez un
peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne
n'aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature
et la prudence, c'est de les repousser comme des ennemis "
http://zebrastationpolaire.over-blog.com
Le prix du franc-parler

Gaza, Union européenne-Israël, Rodina
Au moment-même où le Conseil européen, le 8 décembre, sous l'impulsion de M. Sarkozy, a décidé d'oeuvrer à la revalorisation des relations UE-Israël, malgré un vote de report du Parlement, l'opinion publique doit manifester son désaccord. On trouvera ci-dessous une déclaration d'une euro-députée belge sur ce sujet ainsi qu'un modèle de lettre de protestation que les Belges adressent à leur ministre des Affaires étrangères. Les citoyens français sont invités à faire de même en remplaçant les mots "Karel de Gucht" par "Bernard Kouchner".

Sauf qu'un lecteur moscovite m'explique que je n'y suis pas du tout, que la "prédominance des Russes ethniques" n'a rien à voir avec le racisme ni avec l'essentialisme ethnique, mais avec la défense de la diaspora russe dans les territoires ex soviétiques ; que ex-Rodina (puisque ce parti n'existe plus) est en fait un parti de centre-gauche, et que la religion orthodoxe est devenu une grande référence de la gauche patriotique en Russie (comme le christianisme est une grande référence religieuse de la gauche latino-américaine), enfin bref que la grille de lecture politique occidentale appliquée à la Russie ne fonctionne pas. Ce qui expliquerait que Jacques Sapir ait postfacé la version française du dernier livre de Natalia Narotnitcheskaïa... J'ai un gros travail d'analyse à faire là dessus dans les jours qui viennent.
FD
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Modèle de lettre
Lettre ouverte à l’attention de Karel de Gucht,
Ministre des Affaires étrangères
Objet : Décision concernant le « rehaussement » des relations UE-Israël
Monsieur le Ministre,
Nous sommes consternés d’apprendre la décision que vous avez prise hier avec vos homologues européens, lors du Conseil des Ministres européens, d'accélérer la revalorisation du statut d'Israël sur le plan politique.
Il est sidérant qu’un tel avantage soit octroyé à un Etat qui viole de manière persistante le droit international, en développant continuellement la colonisation du Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, en poursuivant la construction du Mur, reconnu illégal par la Cour internationale de Justice et l’Union européenne, et en commettant de nombreuses violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire à l’égard de la population palestinienne.
Ce mercredi 3 décembre, le Parlement européen a voté pour le report du vote du protocole UE-Israël permettant une plus large participation d'Israël aux programmes communautaires européens. Ce report était justifié par l’absence totale, de la part du gouvernement israélien, d’allègements de la colonisation et de l’occupation des territoires palestiniens. Bien au contraire, on assiste à une aggravation dramatique de la situation sur le terrain particulièrement à Gaza où la population subit une punition collective inadmissible et contraire à toutes les conventions internationales.
Devons-nous vous rappeler qu’il pèse sur les Etats parties aux Conventions de Genève de 1949 et aux traités internationaux en matière de droits de l’Homme une obligation de faire respecter par les autres Etats les droits que consacrent ces instruments ?
Nous vous appelons à revenir sur cette décision qui ne pourrait être interprétée que comme une prime à la violation du droit international et un renoncement aux valeurs défendues par l’Union européenne.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.
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Communiqué de presse de Véronique De Keyser, Députée européenne belge (PS)
"Une décision hâtive et une erreur politique de la Présidence française" déclare la députée européenne Véronique de Keyser.
La décision prise ce lundi par la Présidence française de brusquer le rehaussement du statut d'Israël est une erreur lourde commise par le Président Sarkozy, déclare Véronique De Keyser.
"Des centaines de mails nous sont parvenus ces derniers jours manifestant l'incompréhension des citoyens européens devant cette décision .
Le Parlement européen n'a pas de droit de regard sur la revalorisation politique d'un pays, il ne peut se prononcer que sur la participation de ce pays aux programmes communautaires. Et sagement, dans le respect de ce que les citoyens européens, le Parlement avait décidé d'ajourner son vote jusqu'à ce que les choses changent sur le terrain" déclare Véronique De Keyser.
Le Conseil, divisé sur la question, mais pressé par l'équipe du Président Sarkozy, a foncé et pris le mors aux dents.
Le Secrétaire d'Etat, Pierre Jouyet, avait déclaré en séance plénière du Parlement: " Nous aurons ainsi plus d'influence sur Israël pour apporter des améliorations sur le terrain".
Si l'histoire ne lui donne pas raison - et l'impasse dans laquelle se trouve le processus d'Annapolis ne plaide pas en sa faveur. On aura signé un chèque en blanc à Israël, et pas nécessairement à ceux qui, dans ce pays, veulent la paix. En attendant, le blocus de Gaza continue!
La crise politique en Grèce
On a l'impression que la situation insurrectionnelle en Grèce est à la fois le résultat partiel d'un glissement de l'opinion publique grecque vers la gauche depuis deux ans (en ce sens que les violences se greffent sur des manifestations organisées par la gauche de la gauche), et que, en même temps, elle pourrait favoriser la droite, ou le parti de centre-gauche "socialiste" qui pourraient du coup se présenter comme les garants de l'ordre public et de la sécurité des personnes... Un jeu à somme nulle ?
Autre aspect intéressant : les similitudes avec la France - la lassitude des gens devant les politiques néolibérales, l'incapacité du parti socialiste, et même de la gauche institutionnelle en général à incarner l'alternative (d'où la création de la coalition SYRIZA). Les dirigeants politiques français n'ont pas réagi pour le moment.
Les USA des Pères fondateurs
Qui finance le Parti "les Verts" ?
Après un dîner convivial, jeudi, avec le premier ministre tchèque Mirek Topolanek et une partie de son équipe gouvernementale, les eurodéputés sont vaillamment partis le lendemain pour affronter le plus dur le président Vaclav Klaus... (...) "Quelles sont vos relations politiques avec Declan Gaynley ?" (lui) demande Daniel Cohn-Bendit. Vaclav Klaus se tourne vers Hans-Gert Pöttering : "Pouvez-vous interrompre M.Cohn-Bendit et donner la parole à un autre député ?" Le président du Parlement n'en fait rien. "M. le président, vous avez pris position publiquement en Irlande en faveur de Declan Ganley, cette question est légitime." Extraits du dialogue qui suit : Vaclav Klaus : "Personne ne jamais parlé ici sur ce ton. Vous n'êtes pas sur les barricades de Paris. Je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi insolent dans cette salle !" Dany Cohn-Bendit : "Forcément, c'est la première fois que vous me rencontrez dans cette salle..." Vaclav Klaus : "Si je vous demandais comment les Verts se financent, on en apprendrait de belles." Dany Cohn-Bendit : "Je ne vous ai pas demandé comment vous vous financiez mais quelles étaient vos relations politiques avec Declan Ganley.

Où l'on reparle de la Transnistrie

Par manque de temps, nous avons pu seulement aligner les deux commentaires suivants, tout cela pouvant gagner à être retravaillé dans le cadre d'un échange plus approfondi.
Antonin Sabot a écrit sur son blog en réaction à mon article :
"Le système politique reste marqué par une culture de consensus soviétique, qui explique en grande partie la reconduction régulière du président Smirnov à la tête de l’Etat"
"Toutes les rumeurs de liens entre la RMP et des puissances anti-américaines, proche-orientales par exemple, paraissent extrêmement saugrenues, tout comme les accusations de participation à des trafics illégaux, en particulier parce que les frontières de cette république enclavée sont totalement contrôlées par les douanes ukrainiennes ou moldaves"...
merci du lien vers votre article et de votre point de vue Fred. Une remarque cependant, je n'ai pas l'impression d'être allé voir le même pays que vous. C'est plutôt celui que me décrivais Nikolaï Nikolaïevitch... ou que décris celle du Tiraspol Times, un organe de presse "où il n'y a pas de censure" expliquait ce brave homme, "juste de l'autocensure". Le pays que je suis allé voir est plutôt celui qui a des liens avec les plus grands trafiquants d'armes au monde (Monsieur Viktor Bout notamment), celui qu'on fuit les roumanophones réfugiés à Chisinau, où ceux qui restent roulent en voiture blindée quand ils en ont les moyens ou sinon s'interdisent de parler leur langue en public, celui où on m'a montré des photos de jeunes militaires morts pendant leur service avec des traces plutôt suspectes mais dont les parents taisaient le nom par peur des représailles, celui les gens avec qui nous sympathisions nous expliquaient calmement que dès notre départ ils recevraient un coup de fil pour savoir ce que nous faisions là.
Ma réponse :
Bonjour Antonin,
Effectivement pour un journaliste en formation comme vous, la Transnistrie est un cas d'école parfait parce qu'on y trouve - y compris loin des micros et du contrôle des autorités - aussi bien des gens qui vous diront que c'est un pays terrible que des gens qui vous diront que ce n'est pas plus mal qu'ailleurs.
Pour ma part j'ai connu diverses phases au cours de mon séjour (j'en parle dans mon bouquin "10 ans sur la planète résistante" : à la fois des moments où j'étais prêt à croire ce que me disaient les autorités, et des moments de grande paranoïa où je croyais être dans un Etat stalinien où tout n'était que mensonge). Evidemment, la vérité est quelque part à mi-chemin. Mais pour comprendre ce "mi-chemin" il faut aussi le replacer dans le contexte : toute la région entre la Roumanie et l'Oural est une zone où le mot "démocratie" ne signifie pas grand chose de concret pour les gens (ni pour ceux qui croient aux vieilles méthodes autoritaires, ni pour ceux qui fantasment beaucoup sur l'Union européenne et sont prêts à "exagérer" leur malheur pour plaire aux journalistes occidentaux). La Moldavie par exemple (à laquelle officiellement la Transnistrie appartient) est un pays qui, malgré le pluripartisme de façade (tout comme il y a pluripartisme en Transnistrie) est un pays où les violations des droits de l'homme sont quotidiennes... Je pourrai vous mettre en contact, si vous voulez avec un grand professionnel du journalisme en France dont j'apprécie beaucoup le point de vue nuancé sur la Transnistrie.
Il est clair que la situation de la minorité moldave est le point noir principal des tentatives de "démocratisation" de la Transnistrie (et cela se comprend vu les tentatives périodiques des Moldaves de Chisinau de déstabiliser Tiraspol - on est dans un état de guerre, guerre "gelée" mais guerre tout de même ne l'oublions pas). En même temps les Moldaves qui disent qu'on leur interdit de parler moldave exagèrent un peu parce que les écoles en langue moldave existent et tous les documents officiels sont en 3 langues (moldave, ukrainien, russe). Mais là, c'est moins le côté "soviétique" qui explique ce point noir, que le problème des relations intercommunautaires balkaniques en général (il est difficile d'être moldave au milieu d'une majorité russo-ukrainienne, comme il est difficile d'être turc dans un milieu bulgare, ou serbe dans un milieu albanais etc).
Sur le côté soviétique il y a une volonté sincère des élites, notamment des chefs d'entreprises, de s' "européaniser" (surtout quand Poutine menace de lâcher la Transnistrie), mais paradoxament, c'est l'embargo moldave qui les empêche d'aller au bout de ce processus-là (les embargos ne sont jamais un bien pour la démocratie). Il est aussi intéressant de voir que les gens qui se plaignent de l'autoritarisme du système (souvent les artistes, les jeunes) seraient sans doute dans une situation beaucoup plus difficile encore si celui-ci se libéralisait (comme en Ukraine par exemple où tant de gens vivent sous le seuil de pauvreté) : en Transnistrie au moins ils ont des logements bon marché, un système d'éducation gratuit. J'avais tenu à Tiraspol à pouvoir interviewer des gens sans l'encadrement des autorités. C'était intéressant pasrce qu'ils disaient à la fois "notre système de gouvernement est pourri" (ce que disent beaucoup de gens en Europe de l'Est à propos de leur pays) et "mais je n'aurais pas envie que mon pays ressemble à l'Ukraine ou à la Moldavie". Or ce qu'ils ne savent pas toujours, c'est qu'il n'ont pas le choix entre être comme ils sont et être comme les Suédois, mais que leur vrai choix, réaliste, est d'être comme ils sont ou d'être comme la Moldavie. Sur l'autocensure du Tiraspoltimes, encore une fois, c'est une autocensure liée aux intérêts vitaux du pays (notamment l'autocensure sur la condition de la minorité moldave dans un système qui se perçoit comme assiégé par la Moldavie). En même temps, l'opposition entre Smirnov et le parti "Renouveau" - qui n'est pas un affrontement de pure façade, me semble-t-il, n'y a pas été passée sous silence. Et le Tiraspol Times a aussi souvent reconnu que des progrès devaient être faits, en Transnistrie, en matière de droits de l'homme. Enfin, bref, tout ça pour dire que trouver une grille d'analyse équilibrée sur ce petit pays de 500 000 habitants est un défi passionnant. On peut en parler par email quand vous voulez !