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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #ecrire pour qui pour quoi tag

Ecrire un nouveau roman peut-être

23 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Vous savez ce qui nous tue tous aujourd'hui ? C'est qu'il n'y a plus de vie spontanée. Je relisais tantôt des pages de mon journal de 1987, année où je vivais ma vie de lycéen, ancré dans de vraies émotions. Je referme mon journal. J'ouvre mes mails. Je tombe sur ceci : "Nom de dieu de dieu de dieu ! Mais merci ! Ton article me fait profondément plaisir et m'honore ! De plus, il est tellement bien écrit ! Il est formidable. Incroyable. Pincez-moi !J'ai hâte de te serrer dans mes bras mardi !Je t'embrasse fort, fort, fort !". C'est une copine écrivaine. Sa réaction à ma recension de son dernier livre qui vient d'être publiée sur Internet ce matin. Jolie réaction pleine d'émotions... sauf que ça m'arrive sur un écran... je ne sais pas pourquoi il me semble que cette médiation des écrans fausse tout. Je la verrai mardi soir à sa séance de signature, mais il n'y aura pas plus de spontanéité à ce moment-là (où elle sera prise par les dédicaces, et moi par l'urgence de prendre un train) qu'aujourd'hui dans ces remerciements neutralisés par l'appareil informatique. Tout est ainsi, sous cellophane...

 

P1010968On court tous vainement après une "authenticité" comme mon pote qui cultive ses légumes dans l'Ariège et repère dans les rues de Saint-Ouen les dernières espèces végétales comme le "last survivor" d'un cataclysme.

 

Depuis hier j'ai envie d'écrire un nouveau roman. C'est peut-être la dernière chose authentique à faire. Après tout j'ai la chance d'avoir toujours un éditeur ouvert à la fiction. Ca ne se vendra pas, mais ça sera écrit. Quod scripsi scripsi.

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Dans l'attente d'avoir une meilleure tribune...

17 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Dans une ville de province, cette semaine, ma compagne a croisé un type qui organisait des collectifs Palestine dans les années 2000. Il lui a dit à peu près ceci : "J'ai laissé tomber quand j'ai vu toutes les dissensions entre les musulmans religieux d'un côté et la LCR de l'autre". Je suppose que tout le monde peut en dire autant de tous les sujets alternatifs : la division est omniprésente partout. Un ami me disait la même chose des spécialistes du vin sans soufre qu'il a essayé en vain de fédérer dans le Sud de la France "C'est le règne des chapelles partout, les gens ne veulent rien faire ensemble". Qui dit esprit de chapelle dit dogmatisme (souvent jusqu'au délire) et inefficacité... C'est une spécialité française où les égos sont plus flamboyants que, par exemple, en Allemagne.

 

F--te-de-l-Huma-2006-pour-blog.jpgSauf ceux qui font du business avec ça (en vendant des livres par exemple), beaucoup de gens finissent, comme cet organisateur de collectifs, par "raccrocher". En ce qui me concerne je préfère le boulot solitaire. Le journalisme (la philosophie aussi of course) se prête à l'action solitaire. Et la solitude n'y est pas un facteur d'inefficacité. Au contraire : elle permet d'être plus pertinent dans la façon d'écrire et de penser. Et l'on finit par avoir une petite influence même sans relais d'appareils. J'ai eu tort en 2005 de jouer à fond la carte du collectif avec l'Atlas alternatif (alors que les membres du collectif eux-mêmes ne jouaient pas le jeu, et encore moins, bien sûr, ceux qui étaient en dehors). J'ai renoncé à cela. Aujourd'hui je pourrais encore jouer les petits mendiants, taper à la porte de tel journaliste en disant "tiens j'ai trouvé cette vérité sur l'Abkhazie (ou sur n'importe quoi d'autre), peux tu accepter de la faire connaître à tes collègues?" ou aller faire des sourires à tel collectif pour avoir "mes vérités" citées en lien sur leur site, mais c'est beaucoup d'efforts pour rien.

 

Il faut prendre l'habitude d'agir en solitaire. Et vous verrez que vous aurez des surprises quant aux tribunes qui s'ouvriront à moi.

 

Aujourd'hui si j'avais eu un site d'info alternative (ce que je n'ai plus depuis que j'ai abandonné le blog de l'Atlas alternatif), j'aurais parlé des deux généraux croates acquittés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, de ces Américains qui ont tenu à distance les contrôleurs de l'OSCE lors des dernières élections présidentielles, du point de vue Mme Lepage sur le gaz de schiste, de Gaza bien sûr. Mais je n'ai plus cette tribune-là, donc, dans l'attente d'en avoir une autre (taillée à ma mesure), je continuerai à causer plutôt de sujets moins directement liés à l'actualité mais utile à la construction de notre vision de l'histoire et de notre époque...

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L'écriture vagabonde

13 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

 C’est amusant et émouvant : une copine qui vient de publier son premier livre chez mon éditeur vit une intense agitation intérieure. De l’ « autocombustion », comme elle dit. Je pense l’avoir un peu apaisée en lui disant qu’un livre publié est une part de nous-mêmes que l’on quitte, qui est achevée, comme une vie qu’on termine,  et qu’on peut désormais contempler tranquillement, parce qu’elle est finie. On peut aussi prendre appui sur elle pour écrire autre chose. En tout  cas elle ne nous appartient plus, et elle trouvera une autre vie chez les autres, sous une autre forme.

 

transnistriecouv.jpgTenez, par exemple j’ai découvert hier qu’un Franc-comtois, me cite dans un de ses récits. Il a traversé l’Europe en vélo jusqu’à Tiraspol, et, pour évoquer son arrivée à la frontière de la Transnistrie, lui vient cette phrase « "Bienvenue au pays des derniers soviets ! " comme l’a écrit Frédéric Delorca en 2007 ». « Voyage officiel au pays des derniers soviets » est  en effet le sous-titre du livre que j’ai écrit il y a cinq ans.

 

Cette évocation de ce cycliste m’a rappelé le temps où Deleuze se réjouissait de recevoir des courriers d’associations de surfers, ou de plieurs d’enveloppes. Il est bon de voir son écriture revivre sous des actes ou sous des latitudes qui n’ont rien à voir avec son propre quotidien. Que mes mots aient dansé dans les rayons des roues de ce voyageur, voilà bien la meilleure aventure qui pouvait leur arriver. Mon année 2007 est morte depuis belle lurette, mais une part d’elle a revécu dans le sillage de la bicyclette de ce Fran-comtois, entre Dniestr et Danube. C’était peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Et avec elle ont revécu un peu des moments vécus avec  ces gens à Tiraspol, un peu des mots de l’interprète en langue française, et de ma camarade russo-kazakho-transnistrienne à qui j’écris de temps à autre. Ces instants, ces gens, ces situations se sont un peu prolongés dans les initiatives, les rencontres, les audaces et les folies de ce cycliste. Je n’aurai donc pas écrit en vain.

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A quoi on sert

9 Novembre 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Je pourrais me demander à quoi je sers... Je veux dire en dehors de ma vie familiale et de mon boulot. Cette semaine il y a deux personnes qui me l'ont rappelé. Une personne qui m'a interviewé sur l'Abkhazie. Une autre qui m'a envoyé son livre (une recueil de nouvelles) pour me remercier de l'avoir aidée à le faire publier chez un éditeur parisien. Aider la création, aider ceux qui veulent faire connaître le réel, leur réalité intérieure, celle du monde qui les entoure, de leur pays, voilà une juste cause, plus importante que de scander des slogans et d'appeler à manifester. C'est dans cette optique que j'ai toujours travaillé, depuis le temps où je témoignais pour les Serbes incompris. Aider à dire, à faire connaître, aider ce qui est vrai, au milieu des clichés mensongers passés en boucle. C'est plus important que la politique des partis, des associations, des groupes, tout ce système d'embrigadement.

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Prudence est mère de toutes les vertus

19 Août 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Cette semaine, la société va commencer à entrer dans ce mouvement débile et insupportable de conformisme qu'on appelle "la rentrée". Chacun va se préparer à oublier ses vacances à la montagne,à la mer ou à l'étranger, et se poser des questions sur ses choix d'action dans les mois qui viennent.

 

Pour ma part j'aborde cette rentrée sous des augures assez funestes. Mes contraintes sont dix fois plus fortes qu'il y a un an et je vais peut-être laisser tomber le blog de l'Atlas alternatif. Il est aussi possible que je me décide à donner un ton beaucoup moins politique au présent blog. Les questions brûlantes ne manquent pas pourtant : la guerre civile syrienne, le nouveau tounant que prend l'Egypte, les menaces contre l'Iran, ou contre Julian Assange, les rumeurs de manipulation politique contre Mme Fernandez en Argentine etc.

 

Mais l'intervention dans le débat public est un parcours d'obstacles en ce sens qu'il faut en permanence éviter les pièges que la bêtise ambiante vous tend. Parfois on peut agiter un chiffon rouge sur un blog pour attirer les buffles (et même si possible, les attirer dans la mauvaise direction), parfois d'autres méthodes sont plus opportunes, tout dépend des moments. Certes trop de slalom isole, mais l'isolement vaut mieux, pour préserver un potentiel d'influence, que d'être enfermé avec trois mille idiots dans une catégorie dont on ne sortira jamais.

 

A la rentrée deux personnes, bien placées dans des réseaux, aimeraient me voir faire un pas dans leur direction (deux personnes, alors que trente autres ont définitivement et heureusement fait une croix sur moi, de toute évidence - si je faisais de la sociologie du "champ politique" actuel comme cela me plaisait il y a treize ans je pourrais dire pourquoi et expliciter leur impensé sur ce point, mais j'en ai perdu le goût). Je ne sais pas encore si je vais faire ce pas ni de quelle manière.

 

Je suis hanté, comme on peut s'en douter, par le sentiment du devoir devant les drames de notre époque, mais je n'ai aucune envie de perdre mon temps dans des collectifs stériles qui non seulement anéantissent l'intelligence et la volonté de ceux qui les intègrent, mais en plus les enferment dans des étiquettes.

 

La crise de notre temps est des plus graves. Cécité géopolitique comme dans tant d'autres domaines, abrutissement général, dans les librairies les rayons des classiques disparaissent, de même que tout ce qui, dans la vie quotidienne, peut encore nous garantir une forme d'indépendance morale à l'égard de la technologie et du système de formatage globalisé. On ne peut pas répondre à ces défis par des élans du coeur déraisonnés qui ne feront qu'accroître in fine notre impuissance à changer le cours des choses. Agissons avec discernement, et, lorsque l'action mène à un mur, sachons nous replier provisoirement sur des digressions intellectuelles, même pendant trente ans s'il le faut. Il faut beaucoup de dextérité et de réactivité pour manoeuvrer. Les écueils s'approchent vite de notre coque. Je m'autorise tous les détours qu'il faudra pour préserver l'acquis des trois derniers lustres d'écriture, d'analyse et de réflexion. Aucune envie de dilapider tout cela dans des erreurs de pilotage comme tant d'autres le font.

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