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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #philosophie et philosophes tag

Amen passo per aquen

20 Novembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

P1000411En Béarn jadis - du temps de mon aïeul - on avait tendance à se moquer de la culture catholique qui imprégnait un peu tout le monde. Quand quelqu'un faisait la tronche, on disait "chutis mutis é nou rougnatis". C'était un jeu de mots qui parodiait le latin, un peu comme "pedibus jambus" en français. "Ne rougno pas" voulait dire "ne râle pas" ("rougno porc" était la façon dont on nommait un râleur). "Chutis mutis é nou rougnatis" pourrait vouloir dire "tais toi et ne la ramène pas".

 

P1000061De même on plagiait le célèbre "amen" chrétien ("ainsi soit-il", très forte marque d'adhésion à l'ordre cosmique des choses, édulcorée en simple résignation par les prêtres) en disant "amen, passo per aquen et si né podès pas tourno tèn" (pardon aux puristes occitanistes, mais j'adopte l'orthographe phonétique du béarnais qui, à mes yeux, ne peut être, dans sa forme qui me parle, qu'un idiome populaire non écrit, même si je n'ignore pas qu'elle fut langue d'administration et de lithurgie sous les rois de Navarre). Cela signifie "Amen, passe par là, et si tu ne peux pas fais demi tour" (avec une rîme astucieuse en "en").

 

J'ai souvent tendance à dire cela aux âmes pondérées, donneurs de leçon doucereux, électeurs de l'UDI et du Modem, centristes de tout poil, "modérés", spécialistes de la désertion sur les champs de bataille. Oui, amen, amen, mais on vous connaît : on sait ce que vaut votre bien-pensance.

 

Epaminondas

Epaminondas reviens encore nous parler ! Je suis très content d'avoir lu l'Ane d'Or d'Apulée. D'y avoir trouvé confirmation de mes pressentiments du printemps sur le lien Isis-Pythagore, et tant d'autres choses dont je ne peux pas, hélas, parler dans ce blog. C'est une histoire vraiment très touchante, à la fois drôle, bizarre (car la mentalité antique ne nous est pas familière) et par endroits très romantique. Ce pauvre âne persécuté qui doit trouver des roses à tout prix pour se sauver, les entrevoit sous la statue d'Epona dans l'étable, puis sous le geste épique mais vain de la douce Charité, et ne les trouve finalement qu'à la cérémonie de la déesse égyptienne... Les universitaires laïques ne peuvent rien y comprendre mais c'est le plus bel acte de foi que je connaisse dans un hénothéisme féminin.lune

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La rationalité, le contrôle du cours des choses, Maud Kristen

15 Novembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Je vous prie d'excuser mes silences sur ce blog, mais j'avoue trouver un peu vaine l'activité politique que j'y déploie depuis six ans, et ma recherche philosophique, elle, je préfère la poursuivre dans d'autres espaces.

 

Du côté politique, vous avez sans doute vu le départ prématuré de Poutine du G20 aujourd'hui, et les nouveaux bruits de bottes en Ukraine. Je suis en train de mettre ma dernière touche au livre bilan de mes 15 ans d'engagement qui va sortir en janvier. Ce pourrait être l'occasion de poser un point final à tout cela. Soyons lucides. Ce que j'ai dit pendant 15 ans, je pourrais continuer à le clamer pendant 30 autres années sans que cela ne serve à rien : il va continuer à y avoir des guerres plus ou moins circonscrites contre les intérêts russes et chinois, des révolutions confisquées etc, c'est la marche du monde, de ce monde, de notre monde. Si je continue de m'élever contre cela, je n'attirerai à moi que des types instables, des gens dans le mal-être, frustrés, suicidaires, parce que les gens apaisés se détournent des guerres, de la pensée de la mort, de tout ce qui trouble leur tranquillité. Alors aimanter des desperados égocentriques en mal de reconnaissance, dépenser de l'énergie pour publier des livres que peu de gens lisent, à quoi bon ? J'ai davantage besoin de calme et de choses légères je crois.

 

Je suis tombé par hasard hier sur cette vidéo de la voyante Maud Kristen dont je n'avais jusque là jamais entendu parler :

 

 

C'est marrant parce que dans cette série de vidéos ci-dessous, elle disait avec beaucoup de lucidité que les "ressentis" des voyants dépendaient de leur prisme culturel personnel. Il est clair que ses "prédictions pour 2014" sont très marquées par son "habitus de classe" bourgeois. Donc c'est probablement faux dans le détail quoique juste dans les grandes lignes. L'ambiance "oppressive et répressive" qu'elle relate est de toute façon bien sûr celle qui est déjà réalisée dans notre triste monde.

 

 

J'avoue que j'aime bien cette Mme Kristen, sa manière d'exposer calmement et en termes de probabilités (parce qu'elle est cultivée, formée par la fac de droit etc) notre "sixième sens", les moyens de le développer etc, en le coupant de toute construction religieuse ou théologique.

 

Même si la science stricto sensu ne peut rien en faire, les sciences humaines, elles, devraient au moins l'intégrer à leur vision de l'humanité et de son histoire. Je reste très perplexe notamment devant la tendance des universitaires à considérer par exemple l'histoire romaine ou l'histoire des civilisations asiatiques en faisant comme si la place du "paranormal" en leur sein relevait de la pure superstition. Il y a la superstition d'un côté, qui existe, et le paranormal ou parationnel, ou rationnel "soft" d'un autre, et ce dernier point - qui souvent nourrit le premier, mais pas toujours très à propos - doit être pris pour ce qu'il est en le séparant ben du premier. On ne peut pas complètement comprendre l'humanité actuelle et passée si on ne fait pas cet effort là. Et surtout, cete Mme Kristen a sans doute raison que la marginalisation de la voyance et de tout ce qui lui est apparenté ne peut, comme l'interdiction de la prostitution qu'elle met judicieusement en parallèle avec la voyance - que tirer cette activité "vers le bas" et faire le jeu des malhonnête et des mafias. J'ai un peu connu cette année des médiums qui pourrissent sur pied parce que, comme les contestataires anti-guerre, le sécolos radicaux etc, ils ne bénéficient d'aucun espace de reconnaissance dans la culture officielle, aucune tribune respectable etc. De ce fait ils s'enferment dans la lecture de sous-produits culturels obsessionnels, ne progressent pas dans leur tentative de compréhension de leur "art" et foncent dans des murs en entraînant avec eux dans leur médiocrité ou dans leur suicide leurs éventuels clients.

 

En même temps, cela ne signifie pas qu'il soit complètement illégitime pour le commun des mortels et pour nos institutions de vouloir se protéger de cette dimension un peu "bizarre" de la vie et de maintenir nos sociétés sur la voie d'un rationalisme rigoureux qui au moins nous permet de sauver des espaces de liberté (liberté très relative il est vrai) que l'ouverture au "troisième oeil" parfois peut anéantir (parce qu'en s'ouvrant sur les dimensions autres, on peut perdre beaucoup de pouvoir de contrôle de soi, de sa carrière etc). Bon allez, sur ce je vous laisse continuer à consulter les sites alternatifs de votre choix (Mondafrique, Esprit corsaire, Afrique-Asie, Asia Times, Antiwar.com etc)... Pour ma part je retourne à ma petite torpeur pré-hivernale...

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Synthèses

9 Novembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Dans les années 2000, sous l'influence des sciences humaines, quand j'écrivais sur un sujet, ou quand je pensais à ma vie, il me semblait que je pouvais englober par l'entendement de grands ensembles sociaux, avec leur particularités, leurs couleurs etc, dans des sortes de "schèmes" comme dirait Kant, extrêmement synthétiques. Le Béarn contemporain ou passé, le Nord de la France, l'Espagne, les classes populaires, l'histoire de l'Occident sur 2000 ans etc, pouvaient ainsi se résumer à mes yeux dans des sortes de phrases matricielles synthétiques, qu'on pouvait ensuite déplier analytiquement à loisir s'il nous restait du temps pour le faire, mais la matrice synthétique comptait plus que son déploiement. Cette tournure de pensée imprégnait lourdement mes écrits, et me procurait un sentiment de maîtrise intellectuelle très étendue, qui m'obligeait toujours à "bander" mon esprit, parce que celui-ci devait toujours se sentir "prêt à la synthèse".

 

Il y avait sûrement quelque chose de très grec dans cette façon de voir. Elle n'avait pas que des inconvénients mais pas que des avantages non plus, car elle était très usante.

 

bourd.jpgJe ne sais pas si les années 2010, qui sont beaucoup moins influencées par les sciences humaines que les années 2000, sont encore ouvertes à ce genre de méthode de raisonnement, mais à titre personnel je le suis de moins en moins, parce qu'au fond je trouve ces synthèses assez factices. On se donne l'impression de savoir (et, à certains égards on sait beaucoup, en effet, et l'on met beaucoup de choses en rapport les unes avec les autres) mais c'est au prix d'un sacrifice de tout ce à quoi la synthèse fait violence, et cela vous revient en boomerang un jour... Hegel terrassé par le choléra...

 

Bourdieu était un type qui veillait tard, lisait beaucoup, pour construire les concepts les plus synthétiques possibles... Il a rencontré la limite de son exercice bien plus tôt qu'il ne le pensait...

 

J'assistais ce matin à une conférence d'une assoce de quartier sur le yoga... Ca ne volait pas très haut. Le prof ne connaissait pas grand chose sur les cultures asiatiques et les petites vieilles présentes étaient surtout là pour étaler leurs besoins de rêve et d'amour, les aigreurs de leur vie etc (comme toujours les gens plus intelligents, les jeunes notamment, se taisaient).

 

Je suis réservé à l'égard de l' "asiatisation" de notre culture avec le yoga, le zen, les massages, les conférences new age de Deepak Chopra et autres "opiums du peuple" surtout présents pour calmer les névroses que provoquent la wi-fi généralisée et l'imperium du zapping hyperactif, voire pour nous enseigner avant tout à ne plus penser et à nous résigner. Certains des bobos qui se piquent d'assister à des séances de chants en sanskrit auraient mieux fait de penser d'abord à s'inscrire dans une chorale paroissiale, cela au moins les aurait reconnectés avec la culture de leurs grands parents, sans rien soustraire aux apports du chants en termes de "concentration" et de "bien-être". Mais il faut reconnaître que l'asiatisation nous soulage un peu du règne des synthèses, et nous ouvre à la part "obscure", insaisissable, de nos vies, qui, parfois, est aussi notre oxygène...

 

Actualisation 2019 : Toutes ces pratiques de Yoga, médecines douces etc sont porteuses de démons et son liées à la spiritualité luciférienne New Age qui ne peut vous attirer que des ennuis. Evitez les.

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Aura charismatique

6 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

irene jacobUn commentateur sourit à la lecture de mes précédents posts sur Irène Jacob et me le fait savoir par mail ce soir. Si je voulais rationaliser un peu ma fascination pour certaines célébrités populaires au delà de mon côté enfantin, je dirais quand même ceci : un jour que je parlais avec Nathalie Cardone, elle m'expliqua comment en tant que chanteuse elle avait parfois le sentiment d'absorber toute l'énergie (elle disait "tout l'amour" sans doute bien plus justement) qu'un public de quelques centaines ou milliers de personnes pouvaient investir sur elle dans une salle de concert et le leur renvoyer ensuite par son investissement dans son art vocal. J'ai eu le sentiment en l'écoutant parler qu'en devenant une icone pour son public, elle recueillait en elle une sorte de "mana" (appelons le comme ça - Marcel Mauss disant que "mana" est un mot aussi polysémique et neutre que "machin" ou "truc"), ou d'aura qui provenait de la foule et finissait par rayonner autour d'elle. Je pense que le même phénomène se produit sur toutes sortes de vedettes du grand et du petit écran (c'est pourquoi largement celles-ci ne s'appartiennent plus, et cela parfois peut d'ailleurs les abîmer psychiquement). Et si l'on a gardé une petite part de puérilité (indispensable au salut, le "Dionysos enfant" de Nietzsche), suffisante pour avoir un enthousiasme sincère pour quelques acteurs ou actrices, on peut, à travers cet enthousiasme, percevoir ce phénomène assez mystérieux de captation-renvoi du "mana" qui, au fond, contribue aussi à ressouder la solidarité de notre espèce, refonder son "contrat social" de temps en temps. Si on n'a pas communié à ça, on ne peut pas comprendre tous les phénomènes charismatiques dont parle Max Weber qui, bien qu'aux antipodes de la rationalité pragmatique, sont tout aussi constitutifs du fonctionnement de notre espèce.

 

 
 
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Souvenirs plotiniens

10 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

plan 031Quand j'étais étudiant à la Sorbonne (Paris IV), en licence de philo, en 1991, je me sentais à la fois auréolé du double prestige d'avoir été lauréat en philo du concours général des lycées, et étudiant en cursus parallèle à Sciences Po (ce qui était rare à l'époque), et, en même temps, un peu idiot du village dans cette fac, moi, qui étais très branché "philosophie contemporaine" (Hegel, Nietzsche, Heidegger), surtout lorsque je côtoyais des gens qui traitaient des sujets particulièrement exotiques...

 

J'avais notamment été sonné quand j'avais croisé un petit mec grassouillet aux cheveux raides qui m'avait dit qu'il comptait faire sa maîtrise sur Plotin (je ne me souviens plus exactement sur quel aspect du plotinisme). Il me paraissait proprement fou d'avoir envie de traiter pareil sujet. Pour moi (et pour la vulgate de l'époque) Plotin était une sorte de forme abâtardie (et rifidifiée avec ses "hypostases") du platonisme, suspendue un peu au dessus de rien (puisque cela n'annonçait même pas le christianisme), une branche morte, tardive, un peu folklorique avec ses croyances dans la magie, son végétarisme ascétique etc. Ni Hegel, ni Nietzsche, ni Heidegger n'en avaient (à ma connaissance) rien dit de bon, donc ça ne méritait pas qu'on s'y attarde (je pense que j'aurais pensé la même chose de la cohorte des philosophes que cite Diogène Laërce et qui ont fait le délice des méditations solitaires du présent blog depuis cinq ans...). Donc le type qui se lançait dans une maîtrise là dessus me semblait d'une audace folle, et cela m'impressionnait beaucoup (ne serait-ce d'ailleurs que parce que cela supposait de bien maîtriser le grec ancien).

 

Aujourd'hui je suis intrigué de lire des petites lignes sur la théorie de la puissance chez Plotin et ses similitudes avec le shivaïsme du Cachemire. J'y perçois une familiarité avec tout mon fonctionnement intime, mes valeurs, ma façon d'être, sans même avaler des livres entiers là dessus (à quoi bon ?). Tout revient tout le temps, finalement...

 

 

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Prohodos-epistrophe

10 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

ganesh.jpgJe lisais ce matin un texte universitaire très intéressant sur le double mouvement prohodos-epistrophe (dispersion de l'Un, reconcentration) chez Plotin. Le chercheur mettait l'accent sur les points communs entre ce monisme idéaliste néo-platonicien et celui du shivaïsme du Cachemire (dont bien sûr je n'avais jamais entendu parler). Il est amusant de voir que la notion plotinienne au fond est très accessible, intuitivement, pour quiconque a pratiqué Heidegger dans sa jeunesse (avec sa problématique du "retrait de l'être").

 

Dans les années 80, Heidegger était un ersatz de spiritualisme et de mysticisme. Sa présence comblait un vide intellectuel dans l'école républicaine rationaliste française. S'il disparaît aujourd'hui au profit de l'étude de l'empirisme anglo-saxon, je ne suis pas sûr que ce soit un gain réel pour la formation des ados de notre époque.

 

J'ai appris aussi que le shivaïsme offre une variante "féminine" (tantrique) fondée sur l'Un comme pouvoir plutôt que comme pureté immobile (qui est sa vision "masculine" dans les Upanishad). On reconnaît là le langage de la filiation Héraclite-Hegel-Nietzsche.

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Deleuze sur Israël, le suicide, Caton le Jeune

3 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Avez-vous vu ce texte de Deleuze sur Israël ici ? Je ne savais pas qu'il avait écrit là-dessus aussi...

 

J'ai déjà dit il y a peu combien Deleuze a compté pour moi du temps où je lisais beaucoup Nietzsche (et du temps où Deleuze vivait encore car je suis un vieux de la vieille). Ca ne veut pas dire que je suis un inconditionnel. Je ne sais plus qui lui reprochait d'avoir un peu abaissé la philosophie en écrivant sur le tennis et ce genre de trivialité. Et puis je n'ignore pas tout le débat qu'il y a eu contre les facilités de la "pensée 68". Aujourd'hui j'aime bien le côté chamanique de Deleuze, je l'ai dit, notamment sa position sur le langage et le cri animal. Peut-être aurait-il même pu aller plus loin sr ce terrain là, mais le milieu universitaire reste singulièrement coincé sur la question des instincts, et de l'animalité (c'est pourquoi aussi ce milieu est dépourvu de générosité, d'où le fait qu'il a trahi la révolution et minutieusement flingué la gauche en quelques décennies).

 

En tout cas, je me réjouis que ce philosophe ait écrit cela sur la Palestine. Ce qui se passe à Gaza est criminel, inique, et la lâcheté des Occidentaux dans leur inaction d'une vulgarité sans nom. Hollande et Valls seront jugés par la postérité à l'aune de leur couardise sur ce dossier aussi.

 

A part ça, loin de Deleuze, mon inconscient (car j'ai trop d'articles et de livres à écrire en ce moment pour avoir consciemment le temps et l'énergie de lire) rumine des bouts d'idées dont je ne sais pas quoi faire. Par exemple je pense beaucoup au suicide. Parce que je songe à des amis qui ont une propension à se rendre dans des zones de combat. Et parce que je regarde aussi ce qu'il y a eu de suicidaire en moi, plus d'une fois, dans mon comportement au cours des derniers lustres. Est-ce une pulsion suicidaire soft ? Je ne sais pas. La question m'intrigue beaucoup parce que pendant longtemps j'ai condamné, sous l'influence de Nietzsche, le bouddhisme comme étant une pensée suicidaire (le christianisme aussi d'ailleurs). Mais en même temps j'admire le stoïcisme, qui peut-être n'est pas moins suicidaire que la sagesse du Bouddha. Et la Bhagavad Gita hindouiste n'est elle pas elle aussi suicidaire ?

 

Le suicide chez les stoïciens est-il essentiel ou accessoire dans leur doctrine ? L'homme qui place les principes au dessus de la vie n'est-ils pas suicidaire ? Voilà une considération très nietzschéenne. Les principes sont un concentré de vie à très haute intensité, selon moi. Donc si c'est se suicider que de les défendre, c'est sans doute non pour rechercher une destruction, mais pour accéder à une vie d'un niveau supérieur. C'est un suicide pour "plus de vie". Il n'y a peut-être pas de paradoxe dans cette affirmation.

 

cato.JPGJe tiens intuitivement Lucain pour un génie, au vu des quelques pages que j'ai lues au hasard dans sa Pharsale. J'ai déjà dit pourquoi ici à propos du siège de Marseille ou de la retraite de Pompée. Je rumine en ce moment, quand je me promène dans les rues, ses lignes sur l'avancée des légions de Caton dans le désert des Syrtes. L'essence suicidaire de l'idéalisme stoïcien de Caton y apparaît dans toute sa crudité...

 

Une pensée pour le portrait du Caton d'Utique trouvé à Volubilis qu'on peut encore admirer en Provence dans une exposition temporaire. Présentation très correcte de ce portrait ici. Le culte de Caton d'Utique dura jusqu'à Marc-Aurèle, ce n'est pas pour rien. Caton d'Utique était aussi le père spirituel de Brutus qui était son gendre, ne l'oublions pas...

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Ma Bible depuis l'âge de 19 ou 20 ans

20 Juillet 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Ce passage de l'Abécédaire de Deleuze. Rien que ce passage, mais tout ce passage.

 

 

 

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