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La communauté arménienne d’Abkhazie, enjeu des dernières élections présidentielles
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Voici le texte de mon article d'actualité sur les Arméniens d'Abkhazie paru dans la revue France-Arménie du mois de mai 2025 (n°529).
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La communauté arménienne d’Abkhazie, enjeu des dernières élections présidentielles
L’Abkhazie, Etat de facto, séparé de la Géorgie depuis 1992 reconnu par seulement quelques pays dans le monde, traverse une crise existentielle depuis le début de la guerre d’Ukraine. Dans le contexte tendu de la géopolitique de la Mer Noire, l’emprise de son protecteur russe s’y fait de plus en plus sentir, ce qui s’est traduit notamment par la présentation l’an dernier au parlement de Soukhoum d’un projet d’ouverture aux investissements russes incluant une « loi des appartements » censée faire sauter le verrou juridique qui depuis la guerre d’indépendance empêche les étrangers d’acquérir des terres et des logements abkhazes.
L’enjeu est existentiel pour ce petit pays de 250 000 habitants (la population de la Corrèze en France), où les autochtones circassiens ne représentent qu’une petite moitié de la population. Le soupçon de voir le parrain russe instaurer une migration de peuplement a suscité un si vif émoi que la population (toujours en grande partie armée, et toujours sur le pied de guerre, dans un contexte où la paix avec la Géorgie n’a jamais été officiellement signée) en novembre dernier a forcé le gouvernement à la démission après l’invasion du parlement et du palais présidentiel.
De nouvelles élections présidentielles ont eu lieu en février et mars à l’issue desquelles le candidat adoubé par Moscou Gunda Badra a été proclamé vainqueur par 54 % des voix contre 46 à son adversaire patriote Adgur Ardzinba dans un contexte d’accusation de fraude électorale, les binationaux abkhazes de Turquie, dans l’ensemble plus favorables au perdant de l’élection accusant les autorités de Soukhoum de les avoir empêché de voter (potentiellement les Turcs d’origine abkhaze sont plus nombreux que les résidents d’Abkhazie).
Le choix entre souveraineté et ouverture aux investissements étrangers (notamment russes) est un enjeu crucial qui divise profondément la société abkhaze vouée à la stagnation économique depuis des années alors que les régions du littoral géorgien voisin connaissent une forte croissance.
La communauté arménienne (environ 40 000 personnes, soit près d’un sixième de la population) s’est trouvée durant la campagne électorale dans la délicate position de « faiseuse de roi », et, à ce titre, beaucoup courtisée par le gouvernement sortant, mais aussi occasionnellement manipulée.
Ainsi le 21 février, le député de la Douma d'État russe Konstantin Zatouline, vice président de la commission en charge de la Communauté des Etats indépendants et des citoyens russes à l’étranger a-t-il dénoncé sur la radio Govorit Moskva les « menaces » des patriotes abkhazes contre les Arméniens (à l’heure pourtant où les relations entre Moscou et Erevan ne sont pas des meilleures, c’est le moins qu’on puisse dire). Le mois précédent un groupe arménien qui se prétendait représentatif de l’ensemble de la communauté avait saisi le commissaire des affaires de la diaspora à Erevan pour solliciter sa protection.
Les souverainistes pour leur part ont dénoncé cette menace comme une pure intox. Ainsi dans Abkhazworld le 27 janvier l’activiste Daniela Kerselyan faisait-elle état dans un article en russe traduit en anglais par Abkhazworld de l’attaque de la chaîne abkhaze OKNO sur Télégram par des applications logicielles automatisées (bots) destinées à faire croire à l’existence d’un parti pro-turc extrémiste en Abkhazie susceptible de menacer la survie des Arméniens. A la base de cette propagande un faux document dont l’auteur serait le chef d'extrême droite panturc (lui-même turkmène) Devlet Bahçeli identifiant les chefs de l’opposition abkhaze comme des alliés de sa cause. Une étude graphologique a démontré que la signature du document n’était qu’un copié-collé de celle figurant sur la page Wikipédia dédiée à cet homme politique. Le député arménien au parlement abkhaze, Levon Galustyan, favorable aux patriotes, a critiqué cette manœuvre avec humour sur la chaîne de l’agence russo-arménienne Russarm, rappelant qu’il n’y avait pas d’anti-russes en Abkhazie et qu’il y avait des Arméniens dans les équipes de tous les candidats en lice. Un rappel utile dont on verra s’il suffit à apaiser les esprits dans un pays profondément divisé par la crise des derniers mois.
Frédéric Delorca
Auteur de "Abkhazie, A la découverte d'une République de survivants" (Editions du Cygne, 2011)
Préfacier de Békir Ashuba "Mémoires d'un combattant abkhaze"(Editions du Cygne, 2023)
Soudan : al-Burhane contre Hemedti
Les derniers bombardements par des drones des reblles dans l’est du Soudan poussent de nouvelles vagues de civils vers le Tchad. 4 millions de soudanais ont fui leur pays depuis le début de la guerre selon les derniers chiffres de l’ONU. Parmi eux près de 800 000 soudanais ont trouvé refuge au Tchad. 13 millions de personnes n'habitent plus chez elles.
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La Chine appelle aujourd'hui ses ressortissants à quitter « immédiatement » le pays, une décision qui intervient après la publication d’un rapport mettant en cause Pékin dans la fourniture indirecte d’armes aux paramilitaires. Ces armes seraient livrées par les Emirats arabes unis. Les FSR, encadrées principalement par des arabes du Darfour, sont dirigées par Mohamed Hamdane Daglo dit Hemedti, face au régime du dictateur Abdel Fattah al-Burhane qui a pris le pouvoir en 2021. Burhane est décrit en Occident comme un proche des milices Wagner russes (ce qui explique le 18 novembre 2024, le veto russe à un projet de résolution préparé par le Royaume-Uni et la Sierra Leone appelant à un cessez-le-feu et à la protection des civils au Soudan). Issu d'une famille de bergers de chameaux sur les pâturages du Darfour, Hemedti a vu se dérouler sous ses pieds le tapis rouge à Addis Abeba, Tripoli, Kigali, Kampala, Johanesburg, Nairobi. Il est soutenu par certaines forces civiles au Soudan. L'armée régulière, elle, a des drones iraniens et compte aussi sur le soutien de miliciens tigréens du FPLT.
Périodiquement des manifestations de soutien au peuple soudanais ont lieu dans le monde anglo-saxon. Une brochure sur le mouvement révolutionnaire soudanais qui a renversé la dictature en 2019 et continue à exister circule en Angleterre et peut être téléchargée ici.
Le meurtrier de la journaliste Shireen Abu Akleh identifié
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Comme des milliers d'innocents à Gaza, la journaliste chrétienne américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, née à Jérusalem en 1971 qui travaillait pour la chaîne Al Jezeera a été délibérément tuée par l'armée d'occupation le 11 mai 2022 au camp de Jénine en Cisjordanie (dont les 30 000 habitants ont été brutalement expulsés cette année) le 11 mai. Et, l'armée d'occupation a ensuite violemment attaqué à Ramallah le cortège funèbre qui portait son cercueil. Les reportages de Shireen Abu Akleh étaient toujours très appréciés car bien peu de reporters s'aventuraient à aller sur les lieux de la répression pour en témoigner.
A l'époque la délégation européenne auprès des Palestiniens s'était déclarée « consternée par la violence dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Joseph et par le niveau de force inutile exercée par la police israélienne tout au long du cortège funèbre. Au terme d'une enquête il est apparu que l'attaque de la police était due au fait le cercueil de la défunte avait été « enlevé par des extrémistes » qui prévoyaient d'organiser ses funérailles avec un cortège à travers la vieille ville, contre l'avis de la famille. Les conclusions de l'enquête révèlent que la police israélienne a cependant commis l'erreur d'utiliser des matraques contre les porteurs de cercueil qui étaient sur le point de le renverser mais que l'entrée des forces dans la zone hospitalière était justifiée.
En 2024, à l'occasion du second anniversaire de sa mort, la famille de Shireen Abu Akleh, dont sa nièce Lina Abu Akleh, ex-étudiante en journalisme née en 1995, a inauguré une fondation dans le double objectif de célébrer sa mémoire et d'accorder 10 bourses annuelles à des étudiants palestiniens ou internationaux souhaitant devenir journalistes, avec la devise « Le journalisme n'est pas un crime ». La journaliste Shireen Abu Akleh a grandi dans une famille de la bourgeoisie de Beit Anina où son père avait une agence de voyage. Son frère Anton, le père de Lina Abu Akleh, né en 1963 a été formé par l'école Saint Georges de Jérusalem puis a obtenu un diplôme de tourisme de l'université de Bethléem avant de travailler pour l'ONU en Afrique et au Proche-orient et épousa une arménienne. Il avait notamment organisé des visites pour les rapporteurs de l'ONU pendant la deuxième Intifada. Il est aujourd'hui un des principaux défenseurs de la mémoire de sa soeur.
Ce mois-ci la plateforme américaine de journalisme d'investigation « Zeteo » a publié un documentaire révélant l'identité du soldat israélien qui a tué la journaliste Shireen Abu Akleh, à partir du témoignage d'un de ses camarades. Ce même soldat a été tué le 27 juin 2024 lors d'un raid militaire israélien sur le camp de réfugiés de Jénine. En juin, des combattants de la résistance palestinienne à Jénine lui ont tendu une embuscade lors d'une opération israélienne en plaçant un engin explosif improvisé sur son chemin. C'était un certain capitaine Alon Sacagiu ou Scagio selon les retranscriptions, né en 2002.
L'enquête a été menée par Dion Nissenbaum, ancien correspondant du Wall Street Journal, qui a consulté les témoignages de deux soldats israéliens présents à Jénine le 11 mai 2022 ainsi que de hauts responsables américains, assisté du producteur Conor Powell, un ancien de Fox News, et de la journaliste Fatima Abdul Karim — correspondante du New York Times en Cisjordanie —. Il a ainsi pu dépasser les barrages opposés par l'administration Biden sous pression de Tel-Aviv à toute enquête.
Selon un soldat israélien interviewé dans le documentaire, les membres de l’unité de Sacagiu étaient tellement mécontents que sa réputation ait été ternie par le meurtre d’Abu Akleh qu’ils ont commencé à utiliser sa photo comme cible d’entraînement.
Reporters sans frontières estime qu'environ 200 journalistes ont été tués au cours des 18 derniers mois par les frappes israéliennes sur Gaza. Les meurtriers des journalistes en Palestine habituellement jouissent de l'impunité.
La gauche en Serbie
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En Serbie, le journal pro-gouvernemental Politika constatait que la question des droits des travailleurs n'est pas au centre des clivages étant soupoudrée dans un peu tous les partis politiques : "Les circonstances dans les Balkans ont imposé des thèmes nationaux, notre peuple est depuis longtemps menacé dans la région et dans la province serbe du sud, donc la lutte pour les droits des Serbes et la défense contre les attaques contre l'Église orthodoxe serbe venant de certains pays voisins, ou de Pristina, a toujours rendu ces questions pertinentes. Même des mois de protestations de la part des universitaires n’ont pas changé la position des plus grands partis politiques. Le fait est que le salaire minimum en Serbie a triplé au cours des 12 dernières années, grâce aux efforts du président Aleksandar Vučić et de Sinisa Mali (...) Chaque gouvernement offre certains avantages aux citoyens et s'efforce de maintenir un certain niveau de vie, mais personne ne pense à donner l'exemple d'une fiscalité progressive, selon laquelle les plus riches supportent également un coût social plus élevé. (...) Il semble que les citoyens serbes s'intéressent davantage à la politique et au positionnement géostratégique de notre pays qu'à ce qui devrait les intéresser le plus, à savoir leur niveau de vie et leurs droits au travail"
Puis il brosse un portrait des partis se disant de gauche
"Dans le domaine de certaines valeurs de gauche, parmi ceux qui défendent publiquement l’antifascisme, le féminisme et la lutte pour de meilleures conditions de vie pour les agriculteurs, on trouve la Ligue des sociaux-démocrates de Voïvodine et le Front vert de gauche, qui compte des députés au Parlement serbe, mais sans obtenir de résultats tangibles pour les travailleurs. Avec les mandats reçus sur la liste du Parti de la liberté et de la justice, Željko Veselinović et Đorđo Đorđić ont quitté ce club parlementaire et ont lancé une campagne de collecte de signatures pour la formation d'un parti des travailleurs. Ils utilisent l'infrastructure des syndicats unis de Serbie « Sloga » comme base et prétendent qu'ils seront les seuls à s'attaquer sérieusement aux droits des travailleurs. Très rapidement, le Centre serbe de Leskovac a affirmé que les signatures pour le nouveau parti étaient collectées par des membres du parti progressiste (de droite) SNS. A cette occasion, le député et président du groupe parlementaire du mouvement ouvrier « Sloga Struka » Željko Veselinović a déclaré qu'il s'agissait de manœuvres politiques bon marché et malveillantes visant à semer la discorde dans les rangs de l'opposition. Lors de la dernière session du Parlement serbe, lors de l'élection du nouveau gouvernement, Veselinović a souligné à plusieurs reprises les droits des travailleurs dans son discours, mais la question reste de savoir si cela sera la fin de l'histoire.
La situation au pouvoir n’est pas meilleure, le Parti socialiste de Serbie étant soutenu par un électorat fidèle, qui se souvient de la sécurité qu’il avait autrefois lorsque le Parti communiste était au pouvoir, tandis que la force du Mouvement socialiste équivaut à l’affiche de Che Guevara qui se trouvait il n’y a pas si longtemps sur le mur des locaux du parti. Le Parti social-démocrate de Serbie de Rasim Ljajić semble davantage se concentrer sur le renouvellement du club de football Partizan."
Un de mes correspondants ancien militant trotskyste me transmet une interview par Infos Ouvrières (organe du Parti ouvrier indépendant, 18 avril 2025 n° 854) de Milena Repic, présidente du Parti de la gauche radicale de Serbie, fondé en 2020 et issu du mouvement social puissant dans le pays. Elle explique "L'éclatement de la gauche européenne entre la gauche antiimpérialiste et la gauche traditionnelle est causé par la guerre. La "nouvelle gauche" s'accroche encore à l'Union européenne et à l'OTAN" Elle explique qu'en Serbie 90 % de la population est contre l'OTAN à cause du souvenir des bombardements. Elle explique aussi que les étudiants après l'effondrement du toit de la gare de Novi Sad se sont mobilisés contre la corruption et pour l'Etat de droit et qu'ils sont rejoint en cela par certains syndicats comme celui des transport inquiets pour leur propre corporation. Les revendications ont pu évoluer vers des thèmes plus sociaux comme la baisse des droits d'inscription en fac de 50 %.
Dans le numéro suivant (le 855 du 24 avril 2025) elle explique que ceux qui ont essayé de diviser le mouvement social en faisant croire qu'il s'agissait de pousser la Voïvodine à la sécession ont échoué, et que les Musulmans du Sanjak se sont aussi investis dans le mouvement social. Elle dit que beaucoup de gens en Serbie vivent sous "l'esclavage de l'endettement" des banques étrangères et que, bien que grâce à l'héritage du socialisme, 90 % des Serbes sont propriétaires de leur logement, les banques et les grandes entreprises essaient de mettre la main sur ces appartements et maisons (comme en France elles essaient de mettre la main sur la Sécurité Sociale) c'est pourquoi elles ont fait réformer le système judiciaire serbe en privatisant les huissiers qui font des profits en expulsant les gens. Le parti PRG milite sur ce front et aussi contre les livraisons d'armes serbes à Israël.
En sepytembre 2024 ils tenaient la banderole au slogan "Pas une pépite de minerai de l'Union européenne à l'occupant ! Rio Tinto hors de Serbie !" lors de la marche contre l'exploitation du lithium. Impossible de savoir combien de militants compte ce parti qui ne s'est pas présenté aux élections.
Lucien Goldmann et Blaise Pascal
Dans les années 1950, Blaise Pascal revient à la mode. Dans la revue communiste La Pensée de janvier 1957, Henri Weber rend compte de l'analyse qu'en fait le marxiste Lucien "Goldman" (son nom à l'époque dans La Pensée s'orthographiait avec un seul "n") dans "Le Dieu caché . Étude sur la vision tragique dans les «Pensées» de Pascal et dans le théâtre de Racine".
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Les Pensées expriment selon Goldmann une position nouvelle, qui consiste à agir dans le monde tout en étant convaincu de la vanité de cette action, "avec une sorte d'humilité supérieure, qui reconnaît que l'homme ne saurait échapper à sa condition. C'est ce que Goldmann appelle le « refus intramondain du monde »". Il est la conséquence logique de la conception janséniste d'un Dieu caché. Le chrétien peut connaître l'existence de Dieu par la foi, mais Dieu ne se communique pas à lui pendant cette vie. L'homme ne peut échapper au monde, il ne peut qu'y vivre en le condamnant. L'entreprise des Pensées s'explique de la même façon : Pascal est convaincu que seule la grâce divine entraîne la conversion du libertin, il écrit cependant comme si son Apologie pouvait faciliter cette conversion.
Cette coexistence des contraires dans les mobiles de l'action humaine répond au paradoxe de notre condition dont les Pensées constituent l'analyse. Au centre de la réflexion de Pascal est l'idée qu'aucune affirmation n'est vraie, si on ne lui ajoute l'affirmation contraire. Il appliquer ce principe dialectique à tous les aspects de la condition humaine. Ainsi sont condamnées aussi bien l'attitude de celui qui se laisse prendre par une forme quelconque du divertissement (fût-ce celle d'analyser le divertissement) que l'attitude de celui qui prétend rester seul dans une chambre à penser à sa condition. La solution pascalienne consiste à vivre dans le divertissement, tout en en connaissant et en en dénonçant la vanité. D'une façon plus générale, le sentiment d'une opposition radicale entre la vie sociale, scientifique ou morale et l'aspiration à des valeurs suprêmes (vérité, justice, bonheur) constitue la vision tragique du monde. Cette prise de conscience du caractère dialectique de la vérité, comme du caractère tragique de notre existence, est un progrès de la pensée sur l'optimisme et le rationalisme cartésien. "Goldman reconnaît cependant qu'en se refusant à l'histoire, en s'attachant à une nature humaine éternelle, la dialectique pascalienne est sans issue, sinon religieuse ; tandis que le progrès décisif de Hegel est de mettre cette dialectique sur le plan du devenir auquel Marx donne son contenu concret et réel : l'histoire de la lutte des classes". Goldman, dira que Marx aussi raisonne en termes de pari pour l'avènement de la société sans classe après la lutte des classes.
Cependant le pari n'amène jamais un véritable dépassement car il ne conduit pas vraiment à la foi. Il y dispose seulement.
Goldmann a cependant bien vu, reconnaît Weber, "la liaison solide entre la vision tragique du jansénisme et la situation de la noblesse de robe au XVIIe siècle". "Il signale dans les années 1635-1638 une coïncidence remarquable entre le renforcement de l'administration centrale, le pouvoir donné aux intendants, qui réduit considérablement l'influence des officiers royaux, et la retraite éclatante du brillant avocat Antoine Lemaître autour de qui vont bientôt venir se grouper les premiers solitaires de Port-Royal. La condamnation du « monde » serait bien l'idéologie d'une classe qui voit l'avenir se fermer devant elle, et son influence condamnée à périr". A cette nuance près, note Weber, que la noblesse de robe serait une sous-classe de la bourgeoisie.
"Henri Lefebvre, objecte Weber, a tenté une explication beaucoup plus large de l'idéologie janséniste ; il y voit notamment la déception de l'individu bourgeois détaché des liens de la communauté médiévale et mesurant son impuissance ; elle serait en même temps une protestation contre l'absolutisme en face duquel les solitaires constitueraient une sorte de république idéale, de caractère aristocratique"
Goldmann était alors chercheur au CNRS. Henri Lefebvre, de douze ans son aîné, était aussi au CNRS, spécialiste de sociologie rurale et venait de soutenir sa thèse trois ans plus tôt.
L"analyse sociologique du jansénisme a été depuis lors efficacement critiquée par René Pommier ici. Bien sûr il manquait à l'approche de Goldmann une étude sérieuse des courants religieux de l'époque. Plutôt que d'un enfantement du jansénisme par la crise (très contestable) de la noblesse de robe, il faudrait parler de convergences de préoccupations.
Quant à la thèse selon laquelle Pascal a anticipé sur le dialectique, qui semblait fâcher Weber et Lefebvre, je pense qu'on ne pourrait la mettre au crédit de Pascal si tel était le cas, la démarche dialectique en philosophie étant par essence très panthéiste (le pessimisme de Pascal est en réalité plutôt l'opposé du panthéisme puisqu'il ne voit Dieu à l'oeuvre dans aucune praxis humaine, et ce faisant il constitue aussi un excès hérétique).
Pour ma part, je trouve tout de même intéressant le geste de Goldmann de valoriser Pascal contre le structuralisme qui dominait le marxisme dans les années 1950. Cela permettait de rendre à l'engagement politique sa dimension éthique, dans un esprit de désintéressement, sans anticipation de succès, qui n'est pas sans rapport avec ce que je soulignais dans mon livre sur le stoïcisme.
USA-Russie : le consensus spatial
Outre le contexte occultiste qui entoure le thème de la conquête de l'espace (voir ici et ici), je suis frappé par la propension des grands médias à gober les pires mises en scènes à ce sujet (voir récemment l'affaire de Blue Origin ici). Cela à soi-seul devrait suffire à discréditer toute la presse mainstream sur tous les sujets importants de ce monde.
Le point important aussi sur ce thème est qu'il transcende toutes les tension géopolitiques, et les oppositions soi-disant irréductibles dont les journalistes stipendiés nous abreuvent quotidiennement.
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Ainsi le 11 septembre (date chère aux ésotéristes, et qui fait en partie allusion à Apocalypse 9:11) 2024, au coeur des pires tensions entre l'administration Biden et la Russie de Poutine (je dois cette information à la chaîne They Live Truth, chaîne dont je désapprouve le parti-pris platiste, mais qui fait de bonnes remarques par ailleurs), la fusée Soyouz MS-26 au départ de Baïkonour convoyait trois astronautes Don Pettit (le vétéran, 70 ans), Alexei Ovtchinine et Ivan Vagner, dont le premier est un Américain vers la station spatiale ISS, ce qui donnait lieu à une belle photo des drapeaux russe et américains réunis à l'arrière-plan du portrait des astronautes. Pas question de sanctions américaines contre la Russie dans ce domaine...
Les trois astronautes sont d'ailleurs revenus sur Terre il y a trois semaines, le 19 avril heure américaine - le 20 avril heure kazakhe. Ce jour là l'ingénieure pilote Nicole Ayers censée être restée sur ISS a d'ailleurs twitté un message d'adieu aux trois astronautes, ce qui a posé la question de savoir comment elle avait accès à X depuis l"espace, mais la question a déjà reçu une réponse officielle...
"Si la coopération spatiale survit aux crises géopolitiques, nous explique la presse officielle (cf Ouest-France du 20 avril dernier) c’est aussi parce qu’elle répond à une logique pragmatique. La Station spatiale internationale, laboratoire scientifique en orbite depuis plus de vingt ans, repose sur une interdépendance technique entre les différents modules américains, russes, européens et japonais. Impossible, pour l’instant, d’y faire cavalier seul." Mais ce n'est peut-être pas la vraie raison...
Voilà qui rappelle aussi la collaboration de la Russie aux exercices du Forum économique mondial sur les cyber-attaques jusqu'en 2022...
Massacres d'Alaouites en Syrie
The Grayzone interviewe la mère Agnès Mariam de la Croix, qui fournissait déjà beaucoup d'informations pendant la guerre civile syrienne.
Celle-ci explique que 30 000 Alaouites au moins ont été massacrés malgré le discours d'unité nationale tenu par le président par intérim. Au départ ce sont des accrochages entre Alaouites et Sunnites, puis des actes de résistance armés auxquels répondent des mesures policières répressives. Et finalement, selon la religieuse, les massacres ont pris un tour génocidaire systématique sous l'impulsion des miliciens étrangers (tchétchènes, ouïgours, etc, ceux que Mariam Susli appelle "la nouvelle invasion mongole", arborant le drapeau noir) qui ont fait irruption dans les quartiers résidentiels, massacré tous azimuts, laissé les cadavres au soleil ou les ont jetés à la mer, et rouvert les marchés d'esclaves pour les femmes.
Elle ajoute que pour l'instant le mot d'ordre reste d'épargner les Chrétiens. Elle a distribué de l'aide humanitaire sur la côte alaouite. Elle félicite Jeffrey Sachs pour ses analyses.
PS (mis à jour le 9 mai 2025) : Interrogé sur la fiabilité des témoignages de cette religieuse, Pierre Piccinin da Prata, qui a une très bonne connaissance de terrain de la Syrie, me laisse un message téléphonique qui confirme que les massacres alaouites décrits sont réels, mais ajoute les précisions suivantes : "J'ai été assez surpris que mère Agnès soit toujours en Syrie, mais je vois qu'elle est dans la zone kurde évidemment, parce que si elle était toujours à son monastère de Qara au nord de Damas où je l'ai rencontrée à plusieurs reprises, elle se ferait tout simplement étriper (...). Elle a été un soutien au régime d'Assad d'une manière effarante. Certains se demandent même si elle n'était pas membre d'un de ses services secrets. Cette personne pour moi n'est pas du tout fiable. Je l'ai rencontrée, parce qu'au tout début de mes reportages en Syrie j'étais invité par le régime à ses frais et c'était un des incontournables de la petite visite programmée par le ministère de l'information du régime. Elle te racontait tout ce que tu voulais entendre de positif sur Bachar El-Assad et le régime baasiste et pis que pendre sur ces révolutionnaires terroristes qui s'y opposaient. J'ai même pu me rendre compte que la dame était un peu fofolle... Je l'ai rencontrée à plusieurs reprises, j'ai même été hébergé au monastère de Qara une nuit : je revenais de Hama dans le nord où j'avais couvert des manifestations contre le régime réprimées par la police. J'y étais allé sans autorisation. Quand les militaires m'y ont arrêté alors que je n'avais pas de mandat du ministère de l'information et ont commencé à démonter les sièges de ma voiture, cela m'a retardé pour rentrer à Damas et en plus j'avais attrapé la grippe, et je me suis arrêté au monastère de Qara que je connaissais. J'ai pu y discuter longuement avec mère Agnès. C'était un petit monastère avec trois petites nones et deux novices très sympathiques mais pas très instruites sous l'autorité de ce dragon qu'est Mère Agnès. Et donc voilà c'était la propagande du régime et je savais que les trois quarts de ce qu'elle disait n'était pas vrai".
Israel s'en prend à nouveau à un bateau humanitaire
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Israël, le pays qui veut dominer le Proche-Orient du Nil à l'Euphrate et pousser le monde à la guerre,, a attaqué avec un drone (après le passage d'un avion de transport de troupes C-130 Hercules) au large de Malte un navire qui tentait de livrer de l'aide à Gaza. Il s’agit d’un bombardement d’un navire civil, avec à son bord des militants de la solidarité internationale, dans les eaux internationales, à plus de 1 600 milles nautiques de Gaza. Un remake de l'attaque de la flotille de la liberté en 2011 en 2018. Même l'occultiste Greta Thunberg a témoigné. Elle et le Colonel à la retraite américain Mary Ann Wright étaient sur le point d'embarquer quand le drone a mis le feu au navire.
Le même jour Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est vanté de l’attaque perpétrée jeudi soir près du palais présidentiel à Damas, affirmant qu’elle visait à « envoyer un message au régime syrien »
Mobilisation pro-Traore à Ouagadougou sur fond de tensions avec la Côte d'Ivoire
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Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées mercredi 30 avril en soutien à la junte au pouvoir au Burkina Faso, quelques jours après que les autorités militaires ont déclaré avoir découvert un "complot" organisé depuis la Côte d'Ivoire visant à renverser le gouvernement. Ils étaient sur une place centrale de la capitale Ouagadougou, portant des affiches géantes du chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré, ainsi que des drapeaux burkinabés et russes.
Le 22 avril, le ministre burkinabé de la Sécurité, Mahamadou Sana, avait déclaré dans une déclaration télévisée que les services de renseignement du pays ouest-africain ont intercepté des communications entre un officier des forces armées burkinabè déserteur divulguant les positions des forces burkinabè et de leurs auxiliaires, incluant un projet de prise du palais présidentiel.
Plus tôt le 1er avril, le ministère de la Sécurité burkinabè avait publié une liste noire d’environ trente personnes considérées comme « ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur ». Cette liste mêle figures politiques, journalistes, chefs religieux, djihadistes présumés et opposants en exil, dont Ahmed Barry, ancien président de la Commission électorale.
La manifestation a suscité le soutien de personnalités internationales comme le rappeur ghanéen Sarkodie (dont le tweet a été visionné 5 millions de fois) et l'Américain Meek Mill. Donsharp de Batoro, célèbre artiste national, Dabross, comédien slameur issu d'une famille royale musulmane de Ouagadougou, étaient aussi de la partie.
Tout cela s'inscrit dans le cadre d'une campagne organisée par le frère même du président. Sur le même mode pour l'anniversaire de ce dernier le régimme avait invité d'anciens footballeurs internationaux à Ouagadougou pour une partie de football à la présidence de la république le 14 mars dernier, (10 millions FCFA pour chaque invité selon LSI Africa), une mobilisation médiatique dans un contexte où mes djihadistes affaiblissent toujours plus l'armée burkinabé (54 militaires tués dans le Nord le 17 avril dernier). Une affaire à rapprocher de celle de l'espionne Claire Dubois ici.
Le Burkina subit aussi des attaques verbales américaines : le 3 avril, le général Michael Langley, chef de l'AFRICOM a témoigné devant une commission sénatoriale à Washington du fait que le capitaine Ibrahim Tarore détournait l'or du pays "pour protéger sa junte". Une accusation qui provoqué une levée de boucliers à Ouagadougou. Les autorités ont lancé, à la fin de 2023, la construction de la première raffinerie d'or du pays, Marena Gold. Le régime militaire avait déjà octroyé, en 2022, un permis d'exploitation à Nordgold sur le site de Yimiougou (Centre-Nord) couvrant une superficie de 31,44 km2, pour une production totale estimée à 2,53 tonnes d'or.
Le Burkina Faso abrite certains des gisements minéraux les plus riches d'Afrique de l'Ouest, mais d'importantes réserves restent inexploitées. Quatrième producteur d'or d'Afrique, il dépend depuis longtemps de ce métal précieux pour dynamiser son économie. Mais au-delà de l'or, les gisements de cuivre, de manganèse et d'autres minéraux stratégiques – notamment les terres rares dans des régions comme Zoungou et Mangodara – pourraient redéfinir son avenir minier.
En 2023, le pays a produit environ 57,3 tonnes d'or provenant de 17 mines industrielles, dont les principales exploitations sont Essakane, Houndé et Sanbrado. La plus grande mine, Essakane, est exploitée par la société canadienne IAMGOLD , tandis que Houndé appartient à Endeavour Mining , également canadienne. Parmi les autres projets clés, on compte Mana, propriété de la société canadienne Fortuna Silver Mines , et Wahgnion, qui fait partie du portefeuille d'Endeavour Mining.
La société russe Nordgold contrôle Bissa-Bouly, tandis que la société australienne West African Resources exploite Boungou et Sanbrado. L'État détient généralement une participation minoritaire dans plusieurs mines, comme Karma et Youga, qu'il détient conjointement. Une révision du code minier en 2023-24 a renforcé les avantages et la surveillance de l'État. Ce cadre actualisé maintient la participation gratuite de l'État à 10 %, mais étend le contrôle des mines stratégiques
Les attaques terroristes, le manque d'électricité et l'absence de débouché maritime face au blocus de la CEDEAO augmentent les coûts d'exploitation. Sur le point de l'accès maritime, Le roi Mohamed VI qui recevait le 28 avril les ministres des affaires étrangères des pays de l'Association des Etats du Sahel dans le cadre de l'Initiative royale pour l'Atlantique a promis de continuer à oeuvrer au désenclavement (le projet concerne aussi le Sénégal et la Mauritanie), même si la portée pratique de ces promesses prête encore à caution (pour l'heure c'est surtout un moyen de contrer l'influence déclinante de l'Algérie après l'affaire du drone malien abattu).
La nationalisation progressive des métaux n'est pas la seule réussite du capitaine Traore. Il y a aussi la proclamation de la gratuité de l'éducation jusqu'à l'université, la nationalisation des constructions routières, et de la banque commerciale du Burkina spécialisée dans le crédit aux commerçants et agriculteurs (une joint venture avec la Libye créée en 1988 dans laquelle la Libye ne jouait plus son rôle), ainsi qu'une Centrale d'achat des médicamentsvétérinaires (CAMVET) importante pour le coût de la santé des élevages.