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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Les Grands Hommes

29 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

Je vous recommande la revue Books de juillet-août qui propose des articles de grande revues intellectuelles anglosaxonnes sur de moments emblématiques de l'histoire de France du règne de Charlemagne à la seconde guerre mondiale. Le regard d'outre-Manche ou d'outre-Atantique sur notre pays a toujours quelque chose de décapant, pas forcément juste, mais jamais compètement faux.

 

En l'occurrence sur nos grands moments historiques, il a le mérite de souligner l'importance des hommes qui critallisent les antagonismes sociaux et/ou permettent de les dépasser, et de poser la question "pourquoi eux ?"

 

Pourquoi Mirabeau comme champion du Tiers-Etat au début de la révolution ? Pourquoi Robespierre au moment de la Terreur ? Que se serait-il passé si Mirabeau n'était pas mort prématurément ? quid de cet "empereur démocrate" voie plébéien, Napoléon, malgré sa manière risible de singer la noblesse, qui fait rois des garçons de café ou l'équivalent de l'époque...

 

Un homme avec ses défauts, sa médiocrité, joue des cartes, parfois dangereuses (Robespierre qui joue la carte des milices sans-culottes), et parvient à faire adhérer les gens au mythe qu'il construit autour de lui-même. Ma formation de sociologue m'a un peu fait perdre de vue le mystère qu'il y a dans ces fortunes et infortunes des individus.

 

Concernant la Révolution force est de constater aussi que les gens de ma génération ont été déformés par l'orientation marxisante de leur enseignement. Pour nous il est évident que sous la pression populaire la Révolution ne pouvait aller qu'en "s'approfondissant" (alors qu'elle fit l'inverse en 1848), et que la violence n'était qu'une réplique d'autodéfense aux agressions des monarchies européennes. Mais à y regarder de plus près (et le regard anglo-saxon est utile pour comprendre cela), le scénario était loin d'être écrit d'avance, et le choix fait de laisser peser la violence populaire sur les assemblées à chaque étape du processus avait quelque chose de véritablement vertigineux...

 

180px-Robespierre.jpgDonc oui, les hommes, leurs forces, leurs faiblesses. Oui, Robespierre a sans doute lui-même choisi Thermidor en s'enfermant dans sa déprime dans les derniers mois de son "règne" sur le Comité de Salut public, comme Mélenchon a choisi le suicide à partir du discours du Prado (et aujourd'hui il n'est plus qu'un marionnette, le "Mélenchon la grosse gueule que critiquaient ses adversaires, qui ose dire à la minute 10'34 du la vidéo ici qu'il s'abstiendra sur l'austérité plutôt que de voter contre, parce qu'il ne veut pas "faire tomber le gouvernement", alors que Bourdin lui fait remarquer à juste titre qu'il n'en a pas les moyens de toute façon !).

 

Car vous voyez où je veux en venir. Les hommes, quel est leur pouvoir aujourd'hui ? Y en a-t-il encore pour nous sortir de l'enlisement "systémique" dans lequel nous nous enlisons depuis 30 ans. La rouille a gagné tous les mécanismes de la société avec la bénédiction des médias. L'Allemagne a obtenu le contrôle des budgets des pays européens et la destruction de toute souveraineté populaire, PSA Aulnay va fermer ses portes tandis que le gouvernement se contente d' "attendre les propositions du groupe" (vous allez me dire, bien fait pour la population d'Aulnay qui a voté massivement socialiste dès le premier tour des deux élections, ils n'ont qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes...)...

 

A un moment donné les gens étaient presque 18 % à vouloir voter Front de Gauche  (FdG) - si l'on en croit les sondages -, puis plus que 6.... Un homme neuf (ou un Mélenchon rénové s'il daigne prendre quelques vacances d'ici là) va-t-il redonner du souffle à un mouvement vraiment alternatif pour les élections européennes ? Les plus optimistes du FdG veulent voir dans le signe que le courant "anti-capitaliste" du NPA (40 % à leur dernier congrès) va rejoindre le FdG. Allez savoir...

 

Aujourd'hui, dans ma mairie, une petite dame, black, est venue voir les élus. C'était une ouvrière, une vraie, qui construisait de ses mains des petites pièces à ressort dans une usine du coin pour la fabrication d'avions de guerre (cela ne s'invente pas). Je ne croyais plus qu'on exerçât encore ce genre de métier en France... La dame venait demander un travail dans une école (à la cantine, ou pour la surveillance des enfants) parce que le boulot à l'usine c'est "physiquement épuisant". Bah oui, quand on voit que sa voisine de pallier à qualification égale gagne autant en glandant dans l'animation scolaire... Commentaire d'un ami : "on peut tout délocaliser vers la Chine, plus personne en France ne veut se fatiguer au boulot"... Bon, on va me trouver un tantinet réac sur ce coup là. Disons c'est juste une de mes objections aux gens qui nous sortent du "c'est la faute à l'euro". Refermons cette parenthèse.

 

Alors quels grands hommes dans le marécage actuel ?

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"Le monde d'hier" de Stefan Zweig (1ère partie)

29 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités

zweig.jpg L’existence humaine étant longue – à maints égards trop longue d’ailleurs, car beaucoup de choses s’y répètent, et ce qui ne se répète pas change à l’excès – j’ai croisé Stefan Zweig à plusieurs reprises : durant l’adolescence à travers son roman Le Joueur d’échecs, qui ne m’a laissé aucun souvenir, à 22 ans quand j’écrivais mon mémoire de maîtrise sur Nietzsche, je ne pouvais éviter de lire les écrits de Zweig sur cet auteur, et puis, à 39 ans (ce blog en porte la trace), quand je me suis intéressé à Romain Rolland.

Mes premières lectures (avant 30 ans), ne furent pas très intéressantes. Parce que dans les années 1980-90, nous lisions tous beaucoup d’auteurs des années 1920 et 1930. Par conséquent leur style ne nous surprenait pas, leurs affinités (par exemple pour le freudisme) non plus . D’une certaine façon ils parlaient notre langage, le même que nous,  ou en tout cas un langage familier dans lequel nous baignions. Du coup, je pense que nous ne les lisions pas très sérieusement.

Le personnage de Zweig n’a commencé à m’interroger vraiment, à m’intriguer, qu’après la lecture de Romain Rolland, parce que, confronté à leur amitié, que certains disent déséquilibrée (car Zweig aima plus Rolland que celui-ci ne le lui rendît), devant leur rupture, dans les années 30, au moment de la lutte contre le fascisme, je ne pus me demander « lequel eût raison et lequel eût tort », ou au moins m’abstenir d’essayer de comprendre. J’étais prêt à prendre pour argent comptant la thèse de Rolland selon laquelle Zweig fut trop indulgent à l’égard du nazisme. Plus précisément je veux bien croire que son côté esthète l’ait dissuadé de s’engager efficacement dans une lutte collective (une lutte avec ses égarements inévitables, notamment dans l’aveuglement stalinien comme ce fut par moments le cas chez Rolland). Je reviendrai sur tout cela, car il y a là une question fondamentale concernant l’individualisme en politique à laquelle je ne puis être tout à fait indifférent, compte tenu de mon propre parcours.

Il y a peu un ami m’a confié à la terrasse d’une crêperie : « Je suis peut-être  un peu trop dans la mode, mais j’ai lu récemment Le Monde d’hier de Zweig, il dit des choses admirables sur l’Autriche-Hongrie, un pays de tolérance et de paix, et sur l’univers foisonnant de cette époque, tous les artistes qu’il a rencontrés ». Dans un premier temps, j’ai exprimé mon scepticisme en rappelant ce que Musil disait de désagréable sur la Cacanie (Keiserlig und Königlig, k&k) d’avant-guerre… Je me disais que décidément Zweig faible à l’égard du nazisme, l’avait aussi été à l’égard de la monarchie conservatrice dont les élites de Sciences Po formées à la chute du mur de Berlin sont toutes nostalgiques.

J’ai néanmoins acheté le livre de Zweig, et je ne le lis pas tout à fait comme le fait mon ami. Ce livre est tout sauf un livre nostalgique, et il est tout sauf indulgent avec l’empire austro-hongrois.

En réalité tout y est exprimé avec beaucoup de nuances, loin de tout manichéisme, et pourtant avec beaucoup de clarté, une clarté tranchante et des plus convaincantes. Il y a, c’est vrai, les bons côtés de l’Autriche-Hongrie : ce monde où tous les bourgeois souscrivent des assurances qui couvrent tous les aspects de leur vie, monde de sécurité, placé sous le culte de la raison, du progrès, et de la maturité (les détails abondent sous la plume de Zweig pour montrer combien on méprisait la jeunesse, combien il fallait toujours faire vieux pour être respectable dans ce monde là, y compris et surtout quand on était écrivain). Il y avait aussi cette religion de l’art dans la Vienne des années 1900, où même une bonne pouvait s’émouvoir de la mort d’une grande actrice de théâtre, quoiqu’elle n’eût jamais mis les pieds dans ce temple de la représentation bourgeoise. Zweig montre comment jusqu’aux faubourgs prolétariens on est touché par ce culte du beau, et comment sa propre classe de lycée (en vertu d’une spécificité aléatoire plus encore que du goût de la ville pour la création), s’est entichée des beaux arts, comme d’autres avant elle de la politique, des collections de timbres ou du football… Tout ceci est admirablement décrit. Zweig montre à quel point la passion pour l’art l’a entretenu dans le mépris pour son propre corps, et pour toutes les conversations ordinaires et les plaisirs du quotidien. Ce volet « positif » de l’Autriche-Hongrie, on le  retrouve aussi au niveau politique. Le vent des révoltes sociales souffle sur les années 1890-1900, mais d’une manière fort civilisée : les socialistes portent une fleur rouge à leur boutonnière, leurs adversaires chrétiens sociaux, une fleur d’une autre couleur (j’ai oublié laquelle), mais le goût de la répression sanglante n’existe pas comme ce sera le cas 30 ans plus tard, et le maire antisémite de Vienne ne menace pas le mode de vie des Juifs (fort bien intégrés dans la culture allemande locale au demeurant). La violence ne vient que des nationalistes allemands, qui ont eux aussi leur fleur (la violette, je crois), et usent de méthodes de terreur, mais ils ne sont représentés que dans des cantons alpins reculés (dont un où naquit Adolf Hitler) et aux marches de la Bohème (les Sudètes).

Ces remarques me rappellent l’omniprésence des fleurs dans l’œuvre (contemporaine) de Gide et son témoignage sur le jour où Barrès lui fit livrer un bouquet (si je me souviens bien). Les fleurs sont-elles le signe d’un haut degré de civilisation ? Mao Zedong aimait la fleur de prunus particulièrement résistante au froid  expliquait une chaîne de télévision chinoise en français il y a peu.  Je vous laisse juges…

Le positif est exprimé, chez Zweig, avec nuances, sans illusions, souvent avec un brin d’ironie, mais le négatif n’est pas dissimulé non plus,  à commencer par l’éducation disciplinaire dans les lycées. Il y a quelque chose de surprenant dans les propos de cet auteur. Ecrivant en 1941, il fait comme si le temps des  cours du haut de l’estrade, du mépris et de la bêtise des enseignants, de l’enfermement carcéral des jeunes corps à l’école et au lycée, qui avait marqué sa jeunesse, était définitivement révolu. C’est pourtant celui que connurent encore mes parents, et même moi dans les années 1980. Je ne crois d’ailleurs pas que les élèves en soient sortis. Aujourd’hui l’enseignement prend des côtés plus conviviaux, mais seulement en surface, par derrière on flique les enfants dès l’âge de 4 ans : l’institutrice de maternelle m’envoie hier un fiche d’évaluation de mon fils, pourvue d’au moins 35 rubriques… et se terminant par une conclusion de trois lignes… avec une grosse faute d’orthographe (deux « r » à « intéresser », pour ma part j’évalue l’évaluatrice et l’envoie bosser dans une usine à Guangdong illico).

Je n’ai pas d’opinions tranchées sur l’enseignement. Pour moi toutes les méthodes d’éducation (autoritaires ou libérales) se valent, il n’y a pas de façon idéale d’apprendre. Mais on voit Zweig touché par la psychologie de son temps et le portait qu’il fait de ses professeurs sonne assez juste de ce point de vue. Ses propos sur la sexualité, influencés par le freudisme, sont aussi d’une grande exactitude. C’est le tableau du revers de l’idéalisme. Sous les roses du culte de la pureté et de la grandeur d’âme, le limon de la prostitution de masse, de l’incarcération morale des femmes de la bourgeoisie, d’une sexualité qui au fond n’est jamais très agréable. Car au fond à part l’espace conjugal (dans lequel la bourgeoisie viennoise n’entre que très tard), les jeunes privilégiés ne peuvent trouver leur bonheur qu’auprès des danseuses s’ils sont riches et plus souvent des petites servantes, des ouvrières en manque de supplément de revenus (et qui sont donc elles aussi dans la quasi-prostitution, quoique moins sordide que celle des « quartiers réservés » où s’entassent les professionnelles infortunées). Mais avec ces filles de peu fatiguées par une journée de travail ce ne sont que des passes courtes et frappées du sceau de la culpabilité. Si je m’attarde un peu sur cet détail c’est parce l’an dernier (je ne sais plus si j’en ai parlé dans ce blog) j’étais tombé sur un numéro de la Vie Parisienne des années 50 qui célébrait le souvenir du Montmartre des années 1910 à travers une petite histoire d’amour avec une secrétaire dactylographe. Le récit se voulait léger et cependant bien involontairement y transpirait sous des dehors toute la misère sociale et morale de la fille. Zweig ne dissimule pas ce côté sordide qui empêchait Eros de « s’envoler » – pour emprunter ici les mots de l’admirable Alexandra Kollontaï.

Très honnêtement je ne sais pas si les choses allaient mieux (au moins dans la bourgeoisie) du temps où Zweig écrivait ce texte. Ni non plus dans les années 70 (la libération des mœurs a produit aussi beaucoup de misère, notamment chez les femmes). Le retour des MST dont Zweig  célébrait la quasi-disparition dans les années 40 et le déplacement du sexe vers le virtuel, tandis que l’égalité des sexes vouent ceux-ci à une forme d’apartheid ont ramené dans nos villes les cohortes de prostituées que Zweig décrit à propos de la Vienne de son époque, et avec elles, probablement, la même sexualité bâclée et sans charme. On peut regretter qu’il n’y ait plus aujourd’hui sur ce sujet la même franchise, la même lucidité. J’attends toujours qu’un écrivain s’empare du sujet des salons de massage chinois qui fleurissent aux quatre coins de Paris, ou qu’un sociologue m’explique pourquoi les étudiantes qui offrent de la relaxation à domicile pour moins de deux cents euros sont presque toutes des blacks…  Mais il est vrai qu’au moins à a différence de l’Autriche des années 1900 la société occidentale actuelle ne prétend pas aller bien et donc tout le sordide qu’on peut repérer dans son fonctionnement n’a même plus à être dévoilé.  Chacun l’admet et reconnaît comme une évidence que plus on avance, plus tout se détraque : nous sommes une espèce animale qui a échoué.

Venons en maintenant aux rencontres qu’évoque Zweig, car il eût le privilège d’être précocement reconnu, et donc de croiser des célébrités sur sa route. Théodore Herzl, tout d’abord, « directeur du feuilleton » de la Neue Freie Presse. Zweig en fait un personnage sympathique. D’apparence royale (on le surnommait avec ironie le « roi de Sion » - peut-être est-ce Karl Kraus, l’idole actuelle de l’Acrimed, qui inventa l’expression), comme Empédocle (si je me souviens bien), il avait vocation à diriger les hommes et avait employé ce talent au départ à pousser des milliers de Juifs à se convertir au catholicisme en la cathédrale Saint Etienne, sur un mode très théâtral que décrit fort bien Zweig.  Puis, choqué par la dégradation de Dreyfus dont il fut témoin comme reporter de son journal à Paris, il épousa avec la même passion la cause de la séparation des Juifs, qui lui valut beaucoup de critiques parmi ses coreligionnaires à Vienne. Il allait trouver un écho inattendu dans le prolétariat juif de Russie et de Galicie, mais sans jamais parvenir à unifier les israélites disséminés en tant de différences culturelles et d’incompatibilités de classe.

A l’heure où sur Internet circulent beaucoup d’écrits antisionistes (et antisémites) contre Herzl, il est bon de relire le portrait impartial, subtil et finalement assez favorable que Zweig propose de lui. (A suivre...)


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Julian Assange, Tariq Ali et Noam Chomsky

26 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Dans cette émission de Russia Today, les trois contestataires mènent un débat intéressant, accessible en  anglais et en espagnol.

 

Je suis fort intéressé d'entendre Chomsky (qui a l'habitude de peser ses mots) dire (autour de la dixième minute) que Cuba est un pas qui a subi des pressions et même des attaques terroristes davantage que le reste du monde. Dommage que les propos de Chomsky soient coupés au moins deux fois.

 

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Guerres humanitaires, Assange, Qatar, "Ma part du gâteau", le Nord, Tutti frutti

25 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Une association que je cite souvent ici a bien voulu  m'interviewer sur la Syrie. Ah la Syrie ! Les citoyens branchés sur Internet aiment à réfléchir sur les guerres "humanitaires", même si ensuite ils n'agissent guère pour les empêcher, et surtout sont tous bien incapables de définir un processus de sortie du monde des pôles militaires, qui est le monde qui nous attend, celui de demain, un monde où la démocratie logiquement ne pourrait avoir qu'une place des plus restreintes.

 

J'ai donc donné mon interview qui sera publiée bientôt. Et au passage, j'ai découvert les vidéos du collectif "Pas en notre nom" dont j'ai déjà signalé l'existence ici bien qu'il me laisse un peu sceptique, à propos de leur conférence de presse du 4 juin. En voici une, elles sont classées sur Youtube dans un ordre terriblement complexe. Ce collectif me semble un peu trop lié au POI.

 

 

Russia Today ne parle que de cela depuis hier : le renversement du président du Paraguay et le refuge trouvé par Julian Assange à l'ambassade d'Equateur à Londres. Je ne me suis pas fait d'opinion définitive sur Assange, faute d'avoir pu étudier sérieusement son dossier, donc je ne formule aucun jugement sur son compte. Mais je regrette que ces deux informations aient été tout simplement ignorées hier par des chaînes françaises spécialisées comme BFM TV et ITV qui préfèrent s'intéresser aux résultats désastreux de la France à l'Euro de foot 2012.

 

 

 

 

A noter aussi dans le Parisien de samedi 23 un bon double page sur le lobbying du Qatar auprès du gouvernement Hollande... Des articles qui oublient juste de dire que le Qatar finance les courants d'opinion les plus rétrogrades qui soient au Proche-Orient.

 

 

 

Voilà, mes amis, une fois de plus je suis conduit à parler de l'actualité internationale là où j'eusse préféré vous entretenir de mes projets littéraires (par exemple un "journal philosophique" de 1997 que l'Harmattan a refusé de publier) et du livre "Le monde d'hier" de Stefan Zweig sur lequel il y aurait tant à dire.

 

Tenez, et le cinéma, hein ? Le film "Le grand soir" que j'ai vu vendredi et que j'ai trouvé plutôt bien fait. "Ma part du gâteau" vu en DVD hier de Klapisch, qui eut été meilleur si le réalisateur n'avait choisi la très bourgeoise rouennaise Karin Viard pour jouer un rôle de prolote, et osé, comme Ken Loach, un vrai casting en milieu ouvrier. Le film montre bien la "force du collectif" des gens du Nord.

 

 

 

Des gens qui ont bossé dans ce coin m'ont dit que ce n'était pas un mythe. Pas un hasard si c'est le dernier département de France à compter 3 députés communistes. Je vous dirai aussi peut-être un mot du dernier film de Woody Allen sur Paris. Je ne suis pas fan de Woody Allen en général ni de ce film là en particulier (dont je n'ai regardé que le début pour le moment), mais il y aura peut-être quelque chose à en dire malgré tout.

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Adolescenteries

20 Juin 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XVIIIe siècle - Auteurs et personnalités

Affligeant Pierre Carles dans son "Fin de concession", éternel ado qui se regarde le nombril, tombant sous le charme d'Elise Lucet, Michèle Cotta, Cavada même, toutes ces stars qui au fond le fascinent. Ado quadra déjà passéistte : "ah le temps où l'on distribuait PLPL avec Halimi, Bourdieu, Discepolo !"; revanchard : "je vais me venger de linterview que celui-là m'a refusée il y a 15 ans". Toute l'inconsistance du gauchisme. Aujourd'hui il séduit encore les jeunes barbus de 25 ans qui croient que c'est ça "le vrai courage", la "véritable indépendance". Qu'il continue encore comme ça pendant 20 ans et il ne sera plus qu'un vieux clodo qui n'aura même plus la jeunesse derrière lui. Un Choron en moins drôle, un Choron triste.

 

velazquez_los_borrachos.jpg

Je ne sais pas pourquoi je pense à Rousseau ce soir (peut-être à cause de la problématique de la dictature des émotions que j'évoquais il y a peu). On fête le tricentenaire de sa naissance. Rousseau, grand penseur comme Voltaire, car grand lecteur comme lui, homme de culture, qui connaissait sa Rome antique comme sa poche, et, en même temps, en tirait des problématiques radicalement nouvelles. Chevènement sur son blog dit de belles choses sur le Rousseau maître de la morale et précurseur de Kant. Il a peut-être raison. Il n'est pas douteux en tout cas que Kant se réclamait de lui. Des trois grands - Voltaire, Diderot, Rousseau - c'est Diderot que je préfère sur le plan de la personnalité, et donc sur divers plans de l'oeuvre aussi car l'homme se prolonge dans son style, dans son regard. Mais il faut reconnaître à Rousseau un sens de l'intransigeance qui, dans un sens, rend son programme politique inapplicable mais fait toute sa valeur sur le plan éthique.

 

Bon, évidemment, on peut lui reprocher de n'avoir point vécu selon ses théories. Par exemple, chantre de la cause de l'enfance, il a abandonné sa progéniture. Une des raisons pour lesquelles j'ai moins d'indulgence pour le personnage que pour son oeuvre. Peut-être un syndrôme d'adolescence prolongée comme chez Pierre Carles. "Qui n'a pas l'esprit de son âge / De son âge a tout le malheur " disait Schopenhauer citant Voltaire. J'ai mis cette citation en exergue d'un de mes livres. Je vous laisse trouver lequel. Il faut savoir vieillir à temps.

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