Articles récents
Le gouvernement de la France en ce début d'année, le débat sur l'ingérence

Il ne vous aura pas échappé que je demeure discret sur la situation actuelle, mais ceux qui connaissent mes ouvrages devinent sans doute ma position. Le gouvernement actuel n'a plus comme repère qu'une politique sécuritaire au nom de la défense de la République - j'ai entendu M. Le Drian il y a peu placer celle-ci à l'avant de son identité, bien au dessus de l'idée d'avoir un programme de gauche. Cela rappelle Clemenceau : "A l'intérieur, je fais la guerre etc".
Cette politique n'a pas une base électorale très large pour la soutenir (au sein même du parti socialiste elle est controversée comme l'a montré le débat sur la constitutionnalisation de l'état d'urgence hier), mais elle dispose d'une forte base sociologique susceptible de l'accepter - en gros toutes les classes moyennes de gauche et de droite.
Bien sûr cette politique ne mène nulle part puisqu'elle ne règle au fond aucun problème. Museler les moyens d'expression collective ne fait qu'aggraver les tensions, comme on l'a vu à Calais où les migrants en attente de leur passage en Angleterre font régner la crainte et le désordre.
Notre politique extérieure complètement alignée sur les Etats-Unis - comme on le voit avec notre réconciliation avec l'Iran et Cuba après les années de surenchère néo-conservatrices de nos "élites" politico-médiatiques - suit aujourd'hui la voie de la modération relative d'Obama (très relative car elle ne s'applique pas partout, notamment pas dans l'imposition des traités de libre échange transpacifique et transatlantique aux alliés des Etats-Unis), et peut reprendre des accents bellicistes si Mme Clinton ou quelqu'autre va-t-en-guerre arrive au pouvoir à Washington.
Après la politique atlantiste brouillonne de M. Sarkozy matinée de sympathie pour la Russie, après le vide intellectuel enrobé d'arrogance et de dogmatisme sécuritaire du tandem Valls-Hollande, notre pays se dirige tout doucement vers un quinquennat Juppé, tout aussi atlantiste et dépourvu d'idées pour l'avenir de la France et l'équilibre mondial. On comprendra que cela ne donne pas envie d'écrire trop dans ce domaine.
Cependant il faut bien savoir que ce règne du vide autoritaire est très largement accepté par les gens qui n'ont pas envie de constituer une alternative crédible. Il n'y a aucun mouvement social en France susceptible de s'opposer au consensus atlantiste actuel. Ni le Front de gauche (qui a de fait éclaté) ni le Front national ou DLF ne présentent un programme d'opposition sérieuse, et ne sont susceptibles de fournir le moindre espoir de réorientation du destin de la France et de l'Europe.
Pour finir je signale qu'un mouvement anti-intervention militaire s'est constitué sur les réseaux sociaux. Comme je l'ai précisé dans mon livre sur les mouvements anti-guerre, je suis anti-ingérence mais non anti-intervention militaire. Etre anti-ingérence c'est être contre l'intervention militaire NON VOULUE par le gouvernement légal du pays concerné en revanche le respect de l'amitié nous oblige d'aider les gouvernements amis à combattre le terrorisme ou lutter contre diverses catastrophes humanitaires (et nous aurait obligé en 1936 à agir en Espagne), lorsque ceux-ci nous le demandent, sauf les cas où l'on peut prouver que le gouvernement légal a été établi par nos soins pour valider nos ingérences. Rappelez vous le débat, je soutenais l'action militaire française,malgré les efforts de certains anti-impérialistes pour démontrer que le gouvernement légal malien était issu du putsch pro-américain et que l'action militaire n'avait pour finalité que le contrôle des ressources. Selon moi même le gouvernement démocratique malien renversé et ses soutiens souhaitaient l'opération française, qui n'était pas plus illégale que l'intervention russe en Syrie aujourd'hui. Toute intervention militaire n'est pas par définition nocive et illégitime, même si, comme toute initiative humaine, elle recèle en elle-même les principes de sa perversion.
De l'Argentine à la Libye
L'Argentine du libéral Mauricio Macri offre de payer 6,5 milliards de dollars aux fonds vautours nord américains qui ont spolié le pays.
L'ONU appelle les pays touchés par le virus zika (qui se transmet par la salive et l'urine) à donner accès à l'avortement.
Le président haïtien Martelly quitte ses fonctions sans successeur.
La Syrie menace l'Arabie saoudite, et le Bahreïn: «Les troupes étrangères sur notre sol repartiraient dans des cercueils» . Ajournement des négociations à Genève Chourkine l'ambassadeur russe blâme l'intransigeance du groupe d'opposition qui ne représente lui-même et l'absence des Kurdes.
Le nombre de combattants de l’organisation de l’Etat islamique (EI) présents en Libye a doublé, passant de 2000 à près de 5000, selon Washington. Syrte est devenue une machine à fabriquer des terroristes.
Rencontre entre le pape et le patriarche de Moscou, Syrie, Kurdistan, Chris Murphy
Communiqué du ministère des affaires étrangères cubain :
"À 06:00 heures a été annoncée aujourd'hui au moyen d'un communiqué commun du Saint-Siège et le Patriarcat de Moscou, que Sa Sainteté le Pape François et Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, se rencontreront le 12 Février prochain à La Havane. Cuba se sent honorée d'accueillir la réunion des primats de l'Eglise catholique et de l'Eglise orthodoxe russe et de fournir toutes les facilités pour l'accomplissement de cette rencontre historique."
Igor Kovalevsky, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Russie précise que cette rencontre vise d'abord à inciter la communauté internationale à prêter attention au problème des chrétiens dans diverses parties du globe, au Moyen-Orient et en Afrique notamment. Le Patriarche de Constantinople a rencontré le pape à plusieurs reprises dans l'histoire, et celui de Moscou jamais, note le politologue russe Andrei Zubov. Selon Sergueï Filatov de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie, l'aggravation des tensions OTAN/Russie joue aussi un rôle dans cette réunion. Il précise que le choix de Cuba serait dû au fait que bien que catholique le pays est politiquement très proche de la Russie, c'est donc un terrain neutre en quelque sorte.
Le Venezuela célébrait hier le 24ème anniversaire du soulèvement de Chavez contre l'oligarchie mondiale.
En Syrie,l'armée régulière complète l'encerclement d'Alep, le YPG kurde libère le sud du village de Deir Cemal au nord ouest d'Alep et avance autour d'Aza à la frontière turque. Moscou appelle à l'intégration des Kurdes au processus de paix syrien (ils ouvrent un bureau à Moscou), et Barzani en Irak (où la Turquie bombarde encore le PKK) lance un référendum d'autodétermination. A Sanandaj en Iran l'armée arrête 20 personnes dans une manifestation de soutien aux Kurdes de Turquie.
Aux USA le sénateur démocrate Chris Murphy appelle Obama a cesser de soutenir l'Arabie Saoudite dans sa guerre criminelle au Yémen. Les milices yéménites attaquent le palais gouvernemental à Asir, au sud-ouest de l'Arabie saoudite. Riyad continue d'acheter massivement les tribus yéménites et en vient à bombarder son propre territoire.
Vietnam, Russie, Clinton
A l'issue du congrès du Parti communiste vietnamien, le constat est fait que le choix des réformes ("Doi Moi" lancé en 1986) et du rapprochement avec les USA ne sera pas accéléré. Le premier ministre étiqueté réformateur Nguyen Tan Dung après deux mandats devait être élu secrétaire général du parti mais cela ne s'est pas produit (cela l'aurait conduit à cumuler deux postes clés). La répartition des postes clés (SG du PC, premier ministre, président de l'assemblée) respecte les équilibres nord-sud, entre générations, et entre conservateurs et réformistes.
Après un score honorable aux élections régionales du 13 septembre dernier (par exemple un communiste dirige l'oblast d'Irkoutsk depuis lors), le PC russe profitant de la crise du rouble lance une Initiative anti-crise à la Douma pour accroître la responsabilité des employeurs pour le retard des salaires, un projet de loi de verser des prestations mensuelles aux Russes, qui sont en dessous du seuil de pauvreté, et un projet créant l'initiative populaire dans le gouvernement local.
Aux USA Clinton l'emporte de justesse aux Caucus de l'Iowa, mais Sanders, un type du Vermont plus à gauche qu'elle (il l'a attaquée sur ses conférences payées par les grandes banques), fait un carton chez les jeunes et les pauvres. Dans les Etats du Sud les syndicats risquent de ratisser pour Clinton, mais l'avertissement pour l'Establishment du parti démocrate est sévère. Quelque chose qui rappelle le phénomène Corbyn au sein du parti travailliste britannique.
Trump, champion de la lutte anti-islamiste et anti-communiste mord la poussière du côté des Républicains.
Syrie, Russie, Japon, USA, Ukraine
En Syrie, d'après le correspondant de Libération à Alep, la stratégie des Russes est sans nuances : on bombarde les hôpitaux pour faire comprendre aux rebelles qu'ils ne seront pas soignés (notamment leurs approvisionnements électriques) et les services publics des zones sous leur contrôle pour faire fuir les populations. Et ça marche : Alep est sur le point d'être encerclé par les forces gouvernementales.
Le président tchétchène Kadyrov accuse Washington de vouloir infliger à la Russie le sort de l'ex-Yougoslavie. Le site Pravda affirme que 2016 réalise les prophéties de Nostradamus !
Les jeunes Japonais deviennent asexués.
Au nombre des petites nouvelles autour du globe, à noter aussi qu'H Clinton va peut-être perdre les caucus dans l'Iowa à cause du vote des femmes, comme il y a 8 ans face à Obama. En Ukraine beaucoup de villes doivent changer de nom à cause le la loi de "décommunistisation". Dniepropetrovsk gardera le sien mais en référence à l'apôtre St Pierre et non plus au bolchévik Petrovsky. La Komsomolskaïa Pravda d'Ukraine après 90 ans d'existence s'appellera "KP d'Ukraine.
Israël rejette l'ultimatum de la France sur les négociations avec l'Autorité palestinienne ("négociez ou nous reconnaissons la Palestine"). Raul Castro dîne à l'Elysée ce soir.
Gaza, Syrie, Argentine, Moldavie
Avec les tempêtes qui s'abattent sur Gaza sous embargo, c'est le HCR de l'ONU qui fournit des toiles de nylon - on peut faire des dons ici. UKAID fait des dons aux Palestiniens de Syrie (où l'hiver est plus rude qu'en France cette année).
Sommet de Genève sur la Syrie sans les Kurdes. L'armée gouvernementale syrienne explique l'art du montage démontage de la Kalachnikov avec du vernis aux ongles (cf ci-dessous).
En Argentine des manifestants réclament la libération de la députée du Parlement du Marché commun du Sud (Mercosur) Milagro Sala dirigeante de l'organisation amérindienne Túpac Amaru arrêtée par le gouvernement de droite dans la province de Jujuy. Les travailleurs des industries d'armement étatiques licenciés bloquent la traditionnelle Avenida Cabildo. Le président Macri, lui, fait des cadeaux au groupe médiatique Clarin en lui donnant les droits de retransmission des matchs de foot et fait licencier le chroniqueur de la radio publique Victor Hugo Morales après 30 ans de bons et loyaux services. A l'extérieur il multiplie les attaques contre le Venezuela et l'ambassadeur d'Israel affirme avoir espoir que Buenos Aires renonce à reconnaître la Palestine.
En Moldavie le gouvernement a accepte d'organiser à la demande de l'opposition un référendum sur l'élection directe du président de la république (pour le moment le pays n'a qu'un président par interim suite à l'invalidation de l'élection de mars 2012). En revanche pas de dissolution du parlement en vue.
Syrie, Irak, Soudan, Sud-Soudan, Fezzan libyen
Sur Lenta.ru le rédacteur en chef de la revue militaire "Arsenal de la Patrie», ancien officier de l'état-major général, et colonel à la retraite Viktor Murakhovski explique les priorités de l'armée gouvernementale syrienne après ses victoires au nord de Lattaquié : stabiliser Alep, progresser jusqu'à la frontière turque et faire la jonction avec les Kurdes pour bloquer les voies d'approvisionnement des opposants, remettre en état l'usine de réparation des moteurs et réservoirs des véhicules blindés à Homs. Il met en balance le risque que l'Iran abandonne la Syrie dans le cadre de sa réconciliation avec Washington avec la possibilité que ce soit l'Arabie Saoudite, qui, étranglée économiquement par la guerre au Yémen, offre un soutien à Assad en échange de la pacification sur sa frontière sud.
Les forces de sécurité irakiennes et des combattants tribaux sunnites alliés mercredi ont repoussé une attaque de l'État islamique (IS) dans la province occidentale d'Anbar.
Au Soudan Parti du congrès national (NCP) du Soudan accuse les puissances étrangères anonymes de faire avorter les pourparlers informels entre le gouvernement et les rebelles SPLM-N implantés dans les provinces du Kordofan du Sud et du Nil bleu.
Au Sud-Soudan la guerre civile qui a causé des milliers de morts l'an dernier et le déplacement de 2 millions de personnes menace de reprendre. Les forces de l'opposition étaient finalement revenues à la capitale à la fin de Décembre dans le cadre d'un accord de paix, mais le président Salva Kiir vient de redécouper les 28 gouvernorats et nommé à leur tête des hommes favorables à son ethnie. L'ethnie Shilluk, la troisième du pays, dans son fief de l'Etat pétrolier du Haut Nil, pourrait se sentir menacée, elle qui a déjà soutenu l'opposant Riek Machar en avril.
Au sud de la Libye, les Toubous, venus du Niger et du Tchad (et armés par les Emirats arabes unis et alliés l'an dernier au gouvernement de Tobrouk et à Haftar), sont en guerre contre l'islamisme des Touaregs armés par le Qatar dans le Fezzan. Le conflit a déjà fait 400 morts et pourrait déstabiliser davantage encore le Sahel.
Haïti, Bolivie, Syrie, Donetsk, Moldavie, Soudan
A Haïti le candidat à la présidence d'Haïti, Jovenel Moise, appelé à fixer une nouvelle date pour le second tour, tandis que des milliers de manifestants réclamaient le départ du président haïtien Michel Martelly, et un gouvernement de transition. Les manifestants demandent aussi la fin de l'ingérence étrangère.
En Bolivie le chef de l'Etat Evo Morales, pour les dix ans de son mandat, est arrivé hier jusqu'à ce que le complexe archéologique de Tiwanaku, où il a été imposé une offrande à la Pachamama (Trre mère), il a "rechargé les énergies " et a souligné la contribution des mouvements sociaux pour la construction du projet politique menée. Après la cérémonie, le secrétaire d'Etat à la décolonisation, Felix Cardenas, a expliqué la signification du rituel. "On a demandé aux énergies de la Terre Mère de disposer encore de 10 ans et atteindre l'Agenda patriotique", prévu pour 2025,
En Syrie, les forces armées américaines et russes ont commencé à aménager des bases aériennes dans les zones respectivement contrôlées par les Kurdes et l'armée gouvernementale syrienne, dans le nord-est de la Syrie près de la frontière avec la Turquie et l'Irak. La distance entre les deux bases est d'environ 50km, a annoncé le quotidien britannique Times. A ladouma russe le chef adjoint de la faction parlementaire de gauche "Russie Juste" Oleg Nilov avance l'idée de bloquer l'accès à l'Internet à l'Etat islamique partir du territoire contrôlé par la Russie.
Dans le Donbass, Alexandre Zakhartchenko, Premier ministre de la République populaire de Donetsk , proclame sa volonté de combattre la culture de "Coca-Cola, Mickey et Play Boy" et sa volonté d'éduquer la jeunesse dans "dans l'esprit du patriotisme et de l'internationalisme sur la base d'une résurgence des valeurs morales". Pour ce faire il a créé pour les 10-14 ans un mouvement de collégiens, les "Aiglons" dont l'emblème, le "zaharovtsev" ressemble à celui des pionniers de l'époque soviétique sauf que le portrait de Lénine y est remplacé par celui de Zakhartchenko.
En Moldavie, forts du soutien de dizaines de milliers de manifestants les dirigeants des Igor Dodon, du président du Parti socialiste (pro-russe de gauche) et Andrei Nastase (leader de la plate-forme de droite Justice et Vérité - DA ont annoncé qu'ils bloqueraient les routes si n'intervenaient pas avant jeudi la démission du nouveau premier ministre Pavel Filip, un oligarque proche du très corrompu Plahotniuc, la démission du ministre de l'intérieur qui a brutalement réprimé une manifestation le 20 janvier et l'organisation d'élections anticipées. Les trois partis contestant le gouvernement Filip ont annoncé dimanche la création d'un Conseil de Salut National.
Le Soudan qui a troqué son alliance iranienne pour un rapprochement avec l'Arabie Saoudite et qui pourrait aussi coopérer bientôt avec Israël, baisse ses taxes de transit de pétrole pour le Sud Soudan, un geste de bonne volonté apprécié par son voisin méridional.