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Loi Fioraso, drones, et autres réjouissances atlantistes
Avez vous écouté le débat sur la loi Fioraso sur Europe 1 hier ? Le réprésentant socialiste est vraiment un affreux bonhomme, et toute cette démarche législative sent la haine de soi française particulièrement rance. La fausse "branchitude", dont le titre de Libé donne un juste reflet, qui se dégage de tout cela va dans le sens de tout ce que l'atlantisme charrie de pire en France depuis des décennies. Dans beaucoup d'écoles de commerce tout est anglais. Vu que les libéraux les citent en modèle pour l'enseignement public, vous pouvez deviner à quoi ressembleront nos universités dans dix ans.
Il fallait aussi regarder hier ce docu sur les drones sur France 5 (encore accessible en Pluzz), c'est affolant. A la fin on nous promettait des drones qui assureraient prochainement des missions de maintien de l'ordre dans l'espace occidental. "Frightening". Le reportage soulignait aussi le danger actuellement de la gestion par la CIA des assassinats au Yémen, qui sont en réalité sous-traités à des compagnies privées. J'ai découvert à cette occasion le militantisme très spectaculaire de Mme Medea Benjamin.
Tout cela montre que nous avions raison en 2000 dans l' "Appel de Bruxelles", dès avant le 11 septembre 2001, de dénoncer les dispositifs de surveillance mis en place par les USA et que les grands médias, mais aussi Agone qui préfère, dans sa collection de pétitions signées par Bourdieu "Interventions politiques", préfère sélectionner un texte de 1999 sur le Kosovo beaucoup moins visionnaire en passant sous silence le nôtre, ont eu tort de boycotter cet appel... (je sais c'est une de mes marottes, mais j'aime bien la ressortir de temps en temps).
A propos de drones j'étais heureux de découvrir en forme de scoop l'achat par la France de drones "Raptors" aux USA pour la Mali par la France et d'en filer l'info au blog de l'Atlas alternatif. Hélas quelques heures plus tard notre ministre de la défense donnait une conférence de presse là-dessus. Mais il est resté muet sur l'utilisation précédentes de drones israéliens. Sommes-nous condamnés à vivre dans un monde de drones ?
Justice de vainqueurs
Un de mes amis figure parmi les avocats cités dans cette vidéo.
Le socialisme dans un seul pays
C'est un point que j'avais développé dans "Programme pour une gauche française décomplexée" juste après l'élection de Sarkozy : on ne peut pas se limiter à des combats partiels - contre l'impérialisme, pour l'émancipation des classes subalternes, pour l'écologie, pour l'égalité des sexes, pour la liberté sexuelle, pour le rationalisme. Il faut tenir tous ces combats ensemble dans une vision socialiste. Ne pas garder cette perspective globale est une première forme de capitulation, et de résignation devant la victoire de la marchandisation du monde.
Une autre forme de trahison serait de ne pas envisager la tactique pertinente pour conduire vers cet idéal. Mélenchon a fait beaucoup pour définir une tactique à lui : la création d'un front unissant des dissidents socialistes (sous l'étiquette PG), écologistes, trotskystes (Gauche unitaire), communistes (FASE), à l'appareil du Parti communiste. Il a avancé un imaginaire intéressant pendant la campagne présidentielle mêlant populisme chaviste, référence au jacobinisme, à Jaurès et à la Commune, et laïcisme (parfois un peu excessif mais bon). L'expérience a montré ses limites pour séduire les écologistes et la gauche du PS. Et elle est dans l'impasse à l'égard de l'Union européenne (le PG n'ose pas rompre avec l'euro, le PCF remplace sur ses cartes la faucille et le marteau par le sigle "Gauche européenne"). Or il est évident que, même si M. Hollande haussait le ton face à l'Allemagne comme le lui demande le Front de gauche, il n'obtiendrait aucune relance économique au niveau de l'Union, et il vaut mieux préparer les esprits à une nouvelle forme de "socialisme dans un seul pays" en attendant mieux : c'est à dire redonner à la France les moyens de son propre socialisme, en lui redonnant le goût de la valorisation de ses propres ressources et de la définition de son propre non-alignement diplomatique et militaire.
Il faut redire cela de temps à autre, et ne pas laisser croire qu'on perd de vue cette perspective, car le laisser entendre est un moyen d'empêcher sa réalisation, et de concourir soi-même à sa liquidation.
Détailler davantage la méthode au delà de ce point devient cependant très difficile. On voit bien que la mobilisation sociale est basse (voir la désaffection du 1er mai en France comme en Espagne), ce qui ne veut pas dire que rien ne peut être fait, mais que l'impulsion doit venir "du haut", de programmes élaborés par les représentants qui, seuls peuvent dynamiser leur base (et non l'inverse, en tout cas dans la séquence actuelle). Et même au niveau des représentants les forces à rassembler ne sont pas nombreuses. Le Front de gauche étant, à mes yeux, durablement dans l'impasse en raison de son absence complète de stratégie à l'égard de l'Union européenne, il est urgent de revitaliser et fédérer les forces qui, à gauche, peuvent servir cette vision du socialisme dans un seul pays en favorisant leur fédération : POI, PRCF, chevènementistes, MPEP. Si ce pôle trouvait une unité, il pourrait peut-être jouer un rôle de locomotive et attirer à lui à terme le PS et le Front de Gauche sur une ligne de renouveau.
Il faut en revanche bannir les solutions "ni gauche ni droite", qui ont le don d'attirer à elles les militants qui ont une culture d'extrême-droite et qui font nécessairement perdre de vue la perspective et les valeurs du socialisme sur cette voie.
Il faut, au niveau de cette plateforme commune, penser un programme original qui concilie les avancées possibles du socialisme libertaire (plus attractif pour la jeunesse), sur le volet sociétal, écologique etc, y compris dans certaines de ses dimensions utopiques, avec certaines nécessités d'un socialisme plus "vertical" (dans le domaine militaire par exemple). Je vous renvoie à ce sujet à un article que j'ai publié dans la revue "Commune" de septembre 2008 "Le socialisme derechef et de plus fort".
Et si l'austérité européenne coulait l'indépendantisme catalan ?
Il y a quatre jours, Pere Navarro, premier secrétaire du Parti socialiste de Catalogne (PSC), était l'invité de l'émission politique "El Debate" de TVE. Il est reproché au PSC de faire le lit du nationalisme catalan en acceptant le principe d'un référendum inconstitutionnel sur l'indépendance (tout en disant qu'il prônera le "non" à ce référendum). Je me demande si, paradoxalement, la politique d'austérité dictée par l'Allemagne à l'Union européenne n'a pas un effet collatéral positif : en obligeant la Catalogne (comme les autres communautés autonomes espagnoles) à définir une politique d'austérité, l'Union européenne fait éclater la coalition nationaliste qui dirige la Generalitat, entre d'une part le centre-droit nationaliste (CiU) "austéritaire" et la gauche nationaliste utopiste (Esquerra republicana de Catalunya) plus progressiste, de sorte qu'aucun budget n'est voté et que le PSC (noniste du référendum) pourrait être appelé en renfort pour intégrer la coalition dirigeante. Cela lui confèrerait un pouvoir d'influence pour couler le projet de référendum. Voilà peut-être une "ruse de l'histoire" comme disent les hegeliens.
La problématique de l'enracinement chez Benda
extrait de "La trahison des clercs"
Les incontournables du weekend : Sahelistan, lyssenkisme, hollandisme
1) Le livre de Samuel Laurent "Sahelistan" et l'interview de l'auteur sur Rue89 qui explique pourquoi la guerre du Mali ne sert à rien. Les anti-impérialistes dogmatiques qui croyaient que les Touaregs pro-Kadhafi ne s'allieraient pas à l'Aqmi en raison de leurs convictions idéologiques (voire que l'Aqmi n'existe pas -tant qu'on en est du délire) en seront pour leurs frais. Le témoignage de Laurent est d'autant plus respectable qu'il s'est rendu sur place. Son info sur les tensions entre djihadistes du Nord et du Sud en Libye sont importantes. Je me demande si l'Ouest pourra éviter une nouvelle intervention militaire en Libye.
2) Contre le stalinisme en sciences humaines qui rejaillit sur le débat sur les races après avoir atteint celui sur les sexes, voir cet article de Nancy Huston et Michel Raymond. Staline avait son Lyssenko, nous en avons 2 000... Notez aussi que les partisans de l'indifférenciation sexuelle ont obtenu une victoire aux USA. La police de New-York n'arrêtera plus les femmes sans le haut. De plus les éventuels attroupements autour d'une ou plusieurs d'entre elles devront être dispersés. Les femmes poursuivies pourront réclamer des dommages-intérêts. Le tout au nom de l'égalité des sexes et de la parité. Faut-il rappeler que le lyssenkisme était cité comme exemple paradigmatique de l'errance irrationnelle par le préfacier de l'édition de 1974 "La Trahison des Clercs" André Lwoff, prix Nobel de médecine ? Les constructivistes sont les nouveaus lyssenkistes.
3) Enfin un film complaisant sur l'entourage de Hollande "Le Pouvoir" de Patrick Rotman qui montre la médiocrité de celui-ci. Le Monde disait la même chose il y a peu. Connaissant une ou deux personnes dans ce milieu je ne suis pas surpris.
Au moins aussi important que la liberté d'expression
Il y a des gens qui pensent que le vrai combat c'est la liberté d'expression et qui disent qu'ils sont juste trop "bien élevés" pour "faire le geste de la quenelle". Moi, je n'aime ni le geste homophobe que suppose la "quenelle", ni toute la bouillie imaginaire glauque qui tourne autour de ça. Je ne comprends même pas qu'on puisse imaginer que le refus de ce geste et de cet imaginaire soit juste une question de bonne éducation (qu'on défende la liberté d'expression des "quenelliers", et des gauchistes, et des raéliens etc pourquoi pas, mais qu'on s'excuse presque de n'être pas des leurs certainement pas).
En revanche je trouve que le problème posé par cette petite vidéo est au moins aussi important que celui de la liberté d'expression en Europe. Qu'il faut y prendre garde. Que la solution ne passe pas uniquement par le boycott des produits, qu'il y a un problème de solidarité internationale (solidarité avec les syndicats notamment), et aussi un problème de rapports de forces politiques au sein desquels la France a un rôle à jouer.
La poubelle d'Internet, la mémoire sélective de R. Debray, le blog "Atlas alternatif"
La culture des geeks sur Internet commence à me donner la nausée. Tous les jours me voilà bombardé de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Il y a celles dont l'imposture plus ou moins humoristique crève les yeux comme ce billet qui annonçait que Woody Allen aurait qualifié Dieudonné d'humoriste juif, ou celle-ci qui prête à François Hollande des déclarations en faveur du RPR et une appartenance à ce parti quand la gauche est arrivée au pouvoir en 81 alors qu'il suffit de lire sa bio pour voir que,déjà à l'Unef en 74, il est entré au PS en 1979 et qu'il fut tout de suite chargé de mission au cabinet de Mitterrand dès le début de l'alternance.
Et puis il y a d'autres news dont on ne peut pas savoir si elles sont vraies à 5-10 ou 30 %. Par exemple celle selon laquelle Poutine aurait menacé Obama de guerre s'il continuait à défendre les pesticides de Monsanto qui tuent les abeilles (je la crois peu probable, mais il y a peut être une chance que les Russes à un certain moment aient parlé aux Américains de la fin des abeilles, allez savoir, et je voudrais savoir surtout dans quelle proportion on est sûr que ces pesticides tuent effectivement des abeilles), ou encore celle selon laquelle l'usine PSA d'Aulnay aurait pu être sauvé s'il n'y avait pas eu d'embargo économique sur son ex-client iranien (là encore, c'est probablement faux, mais on aimerait quand même savoir quel pourcentage des ventes l'Iran représentait naguère pour Peugeot, de même que je voudrais savoir si l'offre de reprise iranienne sur Petroplus écartée par Fabius pour cause d'embargo était solide et aurait pu sauver la raffinerie de Seine-Maritime, l'histoire ne le dira jamais).
Je lis et entends tant de sottises mes amis ! Sur Internet, mais à la TV aussi. Hier soir Régis Debray qui déteste le jeunisme à "Ce soir ou jamais" expliquant que jamais on a tant vanté la jeunesse que dans les mouvements fascistes et sous Pétain "qui avait créé les chantiers de jeunesse". A bon ? Moi je me souvenais aussi du fait que les organisations de jeunesse était un truc des communistes tout autant que des fascistes, et les maisons de la jeunesse et de la culture, c'était pétainiste ? Affirmations gratuites, mémoire sélective. On connaît ça chez nos publicistes, de Michel Onfray à Bernard-Henry Lévy. Après 10 minutes de blabla qui tournait en rond de Debray et Badiou j'ai éteint ma TV.
Pour revenir à Internet, j'observe que les billets du blog de l'Atlas alternatif qui étaient "likés" par 60 à 80 personnes sur Facebook pendant la guerre en Libye, ne le sont plus que par 8 ou 9 depuis la reprise du blog après une suspension de six mois, alors pourtant que le nombre d'abonnés n'a pas variés, et que nous avons toujours environ 5 500 "amis" sur les trois profils "Atlas alternatif" de Facebook. Certains me disent qu'il faudrait créer un profil Tweeter pour ce blog. Mais alors nous ne pourrions publier que les titres, n'est-ce pas ? Pas sûr que cela attire des lecteurs. De toute façon il n'est pas sûr que je n'opte pas pour une nouvelle suspension de ce blog de l'Atlas cet été. Pour l'heure je l'utilise surtout comme un bloc-note, un aide-mémoire.
Claudine Chonez et l'univers de la passion dans la mouvance communiste
Il y a un passage des Mémoires d'infra-tombe (de 1951, p. 81) où Julien Benda (qui était assez misogyne) s'énerve contre Claudine Chonez parce que celle-ci dans la revue littéraire "la Nef" l'accuse de ne rien comprendre à la poésie moderne (il la qualifie de "Walkyrie du nouvel art" peut-être parce qu'elle a été correspondante de guerre). Benda en profite pour s'énerver contre les poésies absconses, ce qu'on retrouve aussi dans Marcel Aymé ("Le confort intellectuel").
Cela m'a donné envie de m'intéresser au personnage. La fiche Wikipedia en dit hélas peu de choses. Cette vidéo où elle apparaît en 15ème minute nous renseigne sur ses débuts en 1936, à 24 ans, comme journaliste à la radio "Le poste parisien", ce qui lui permit de rencontrer Colette qui fut pour beaucoup dans sa promotion intellectuelle puisqu'elle lui a proposé de faire des critiques de livres dans le cadre de "La demi-heure de Colette".
On peut trouver étrange qu'une journaliste ait été ainsi promue au rang de critique littéraire sur un concours de circonstances - notamment le fait que son prénom correspondît à celui d'une héroïne de l'écrivain si l'on en croit son interview - et que cela lui ait conféré ensuite une assise pour attaquer des sommités de l'envergure de Julien Benda. Et l'on comprend que Chonez et son mentor Colette incarnât aux yeux de ce dernier tout ce qu'il détestait (le culte des passions, de la spontanéité, de l' "authenticité" contre la raison), et qu'il se soit étranglé d'être attaqué par cette univers-là... On voit cependant que ce monde de la passion dans l'après-guerre était très valorisé dans la mouvance communiste (à l'époque où Breton et Aragon étaient au pinacle), et que "la femme étant l'avenir de l'homme", des femmes tout particulièrement en ont profité (Wikipedia souligne son statut de "compagnon de route" du PCF, ce qui lui valut d'avoir une note nécrologique flatteuse dans l'Humanité en 1995 - Alexandra Kollontaï, enterrée dans l'indifférence générale, en eût pâli de jalousie).
Clémentine Autain est fille de cette histoire-là.
"Mémoires d'Infra-tombe" de Julien Benda
Depuis un siècle et demi à chaque génération on rencontre dans le champ intellectuel une personnalité-phare qui accepte d'occuper le rôle du vieux rationaliste grincheux. Il y eut en Angleterre Bertrand Russell, en France Julien Benda (l'auteur de la célèbre "Trahison des clercs"), aujourd'hui il y a Noam Chomsky. Ces intellectuels ont été souvent isolés parce que la "mode" était la défense des passions. Chomsky l'est encore mais peut-être moins parce que l'état des sciences et de la technique aujourd'hui est de nature à susciter plus d'intérêt pour le rationnalisme et parce que les excès de l'irrationalisme a fini par épuiser la politique à la fin du XXe siècle.
Je lis Benda qui, lui, fut particulièrement isolé à l'époque des grands mouvements de masse - fascisme, communisme, mais aussi développement de la société de consommation à l'américaine.
Divers points de son petit livre, Mémoires d'infra-tombes paru chez Julliard (collection "La nef" en 1952 pour la modique somme de 360 F), un petit livre court qui renvoie à beaucoup de points déjà développés dans l'oeuvre antérieure de Benda. Plutôt que de longs discours, voici des citations de son ouvrage :
"Je n'attaque nullement l'irrationalisme. J'attaque ceux qui, sous prétexte d' 'élargir le rationalisme', Bergson avec son 'transrationalisme', Bachelard avec son 'surréalisme', Maublanc avec son rationalisme 'moderne' en prêchent la stricte négation, dont ils ne veulent convenir" p. 142
"Comment la société française, si profondément rationaliste aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui l'est encore éminemment dans les trois premiers quarts du XIXe siècle avec son admiration pour Taine, Renan, Claude Bernard, Michelet, devient-elle soudain ivre de mysticité avec Barrès, Bergson, Péguy, Mauriac ?
L'influence allemande n'explique rien. La mysticité de l'âme d'outre-Rhin a toujours existé et les Français le savaient. La question est : pourquoi les conquiert-elle aujourd'hui ? Les romantiques de 1830 y avaient complètement échappé" p. 132
Sur Heidegger (dont Beaufret était le prophète) "M. Jean Beaufret exalte une philosophie qui, riche, dit-il de sa propre inquiétude, ne confond pas le besoin de certitude avec le souci de la vérité.
Je demande au promoteur de ces arrêts si une inquiétude qui consiste à s'agiter dans des problèmes insolubles, sur lesquels l'humanité n'a pas avancé d'un pas depuis trente siècles qu'elle s'y applique, constitue pour elle un enrichissement " p. 83
"Un de mes exégètes, M. André Thérive, a dit que j'avais la haine de la vie. Cela est vrai et elle ne me passe pas avec l'âge" p.18
"Ces publications qui procèdent par affirmation purement gratuite, au service d'une action morale - c'est le cas d'à peu près toutes aujourd'hui - ne me sont, en tant que je ne m'intéresse qu'à la pensée désintéressée, d'aucune valeur" p. 37
"Le fameux mot de Mussolini : 'Méfions-nous du piège mortel de la cohérence' pourrait être signé de tous ceux qui entendent poursuivre une oeuvre au sein de courants qu'ils ne peuvent pas prévoir. L'action n'a que faire de la vérité, et j'approuve ceux qui se moquent d'elle quand l'objet auquel ils aspirent - et c'est le cas des communistes - m'est sympathique" p. 62
"Je n'ai que mépris pour ceux qui, comme un Barrès ou un Valéry, trouvent bon que les trois quarts de l'humanité tournent la meule pour qu'ils puissent écrire une belle phrase - qui n'est même pas toujours belle" p. 64
"Pacifisme : désir de relations juridiques entre les nations" p. 69
"La croyance en un nouvel esprit humain [à venir] est un pur acte de foi - d'ailleurs pathétique" p. 91
"Le mépris des livres au nom de la vie est une ânerie du romantisme" p. 130
"Reste la satisfaction d'avoir fait une belle oeuvre. Mais alors j'aurais dû la garder dans mes tiroirs. Publier implique qu'on cherche des suffrages. L'homme qui publie un livre dont personne ne parle est toujours un peu ridicule" p. 141
"Je dois spécifier toutefois ma position en face du mystérieux. Le mystérieux ne m'importe que dans la mesure où j'ai des chances de le voir cesser de l'être, devenir explicable" p. 142
Passage extraordinaire contre Barrès p. 18-19, Jankélévitch p. 85, Breton p.95, Gide p. 145, sur mathématiques et liberté (p. 23 - avec la citation du nazi Haupt "à bas la vérité juive d'Einstein". P. 26 sur le refus de signer une pétition pour des ouvriers condamnés. Sur le caractère nécessairement terne et ennuyeux (qui plait au philosophe mais pas à l'esprit littéraire) de la démocratie p. 30 Benda favorable à Piaget p. 147
A propos de Descartes et des tentatives de récupération par Bergson, l'existentialisme, et les marxistes : "On peut se demander si la gloire d'une philosophie n'a pas pour mesure la déformation que lui assènent tous les partis pour se réclamer d'elle". p. 139
Les phrases de Benda que je condamne : "Ils hurlent contre le colonialisme, avec raison, au nom des Droits de l’Homme, mais accepteront-ils que la France devienne une nation de troisième ordre quand elle n’aura plus de colonies ?" p.70 ou "Les femmes ne perdent pas leur temps, elles perdent le temps des hommes. La femme est chronophage" p. 58 ou encore "On se demande parfois si les Tolstoï, les Romain Rolland, les Mauriac, avec leur abaissement du juridique au nom de l'amour, n'ont pas fait plus contre la paix que l'hystérie des Nietzsche et des Hitler" p. 32.