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Le blog de Frédéric Delorca

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6 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

assnat

Un ami m'envoie, à propos des dernières élections municipales françaises, un commentaire d'un réac qui reproche aux socialistes "bobos" d'avoir trop longtemps méprisé le "bon peuple" rempli de schémas identitaires supposément vertueux. Il me fait remarquer que cette posture est typiquement élitiste, et ajoute une remarque critique du blogueur Jean Zin à l'égard de ceux qui, chez les écolos, ressortent les vieilles théories tout aussi élitistes, de Gramsci sur l' "hégémonie idéologique".

 

Pour gagner du temps, je vous livre ici ma réponse (un peu décousue mais qui décrit mon état d'esprit du moment) :

 

"Je suis d'accord sur le fait qu'idéalement il faudrait dépasser le clivage entre la gauche "sociétale" bobo (Anne Hidalgo, mairesse de Paris, disant lors de son élection "j'aime tous les enfants parisiens quelle que soit leur couleur, leur orientation sexuelle etc" sic) et le populisme identitariste néo-réac, dont ton Christian Roux, comme Eric Seymour, Finkielkraut etc font partie. Mais personne n'a pour l'instant la clé de ce dépassement.

La sociologie ne produit pas de politique comme le dit ton ami Jean Zin, c'est très vrai. Et le gramscisme est un élitisme, c'est vrai aussi.

Je ne crois pas trop au "mouvement social" qui a des côtés très petits bourgeois (Bourdieu dans certains moments de lucidité a reconnu son propre côté petit bourgeois aussi), ce qui ne veut pas dire que le "peuple" (de droite ou abstentionniste) qui ne se reconnait pas dans les mouvements sociaux ait plus raison que les petits bourgeois de ces mouvements.

Je suis très sceptique sur la possibilité de dépasser la césure entre le peuple et les élites. La fusion entre les uns et les autres, dans le cadre d'une élection ou d'une révolution est souvent le fruit de malentendus réciproques, ce qui ne veut pas dire que ces malentendus ne sont pas parfois féconds sur le plan de l'évolution politique des uns et des autres. Tout ce qu'on peut faire d'utile dans ce genre de dispositif est de jouer les commis voyageurs entre les différences régions de l'espace social pour au moins ne pas être dupe des illusions de la "représentation officielle" du monde.

programme-pour-une-gauche-copie-1.jpgL'alternative que j'évoquais dans le Programme pour une gauche française décomplexée et que je généraliserais aujourd'hui, serait d'introduire du tirage au sort à 50 % des effectifs dans tous les corps dirigeants de la société (politiciens, journalistes, haute administration système judiciaire, armée, police etc), mais cela ne règlerait pas le problème de la technicité des sujets, qui ferait que les 50 % non tirés au sort resteraient les véritables décideurs.

La démocratie produit à la fois une aspiration de chacun à contrôler le destin collectif, et une complexité sociale qui donne le pouvoir aux spécialistes et empêche de garder une vue d'ensemble. Et les spécialistes imposent une vision d'élite. Le paradoxe me semble assez indépassable, les frustrations qu'il provoque aussi.

D'où ensuite l'importance de l'effort individuel (l'effort de commis voyageur) pour au moins "rester humain" c'est à dire continuer à garder une vision ou une sensibilité "d'ensemble", et à pousser d'autres personnes à faire de même. Mais c'est un exercice qui demande beaucoup d'énergie et qui a ses propres limites. Un regard de cinéphile, de philosophe, d'artiste, peut y aider (en se disciplinant bien sûr, la discipline étant la clé de tout)."

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Zénon

6 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Les stoïciens recommandent le suicide en cas d'extrême nécessité. Zénon s'est suicidé par auto-strangulation. Personnellement pour ma propre mort j'ai une petite préférence pour la pendaison.

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Quinzième anniversaire de l’agression de l’OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie

5 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Actualité de mes publications

1couv serbieIl y a quinze ans, le 23 mars 1999, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, en violation de la charte des Nations Unis (puisque aucune résolution du conseil de sécurité ne l’y autorisait) lançait une campagne de bombardements sur la République fédérale de Yougoslavie, campagne qui, selon le ministre Hubert Védrine à l’époque, ne devait durer que quelques jours, et qui en fait dura plus de deux mois.

Officiellement il s’agissait de protéger les albanophones du Kosovo de la répression militaire de l’armée yougoslave. Toute une imagerie souvent fantasmagorique à base de charniers et de « génocides » fut mobilisée, héritée de la guerre civile de Bosnie, notamment un pseudo-massacre de civils en janvier 1999 à Racak (qui en fait ne fut qu’un affrontement entre l’armée régulière yougoslave et le groupe maoïste Armée de libération du Kosovo – UCK – mais nos médias « omirent » à l’époque de présenter la vérité factuelle). Slobodan Milosevic, qui avait été un temps l’ami de l’Amérique (comme Saddam Hussein en son temps), était devenu aux yeux de la presse le nouvel Hitler (au mépris d’ailleurs de la glorieuse image de résistance antinazie que le peuple serbe avait bravement méritée lors de la précédente guerre mondiale).

Lors des négociations de Rambouillet qui avaient précédé le bombardement – à la demande expresse de l’administration Clinton – la délégation yougoslave avait proposé d’accorder l’autonomie au Kosovo, et le maintien d’une mission de l’OSCE (déjà sur place) pour garantir la paix. Mais cela n’avait pas suffi, et Madeleine Albright, qui voulait à tout prix la guerre, avait imposé une « annexe B » humiliante pour la Yougoslavie qui octroyait un droit de passage et de séjour des troupes de l’OTAN sur l’ensemble de son territoire. Après le retrait de la délégation yougoslave, le prétexte était trouvé pour lancer le bombardement.

Comme la mode de l’époque était au « zéro morts », nos bombardiers tirèrent de haut. Et manquèrent souvent leurs cibles. On évoqua le chiffre de 2 000 civils serbes tués en deux mois, sans compter les dommages aux infrastructures économiques : car s’il s’agissait officiellement de viser les casernes, bien peu de chars d’assaut furent au total détruits (13 seulement selon le Times du 26 juin 1999). En revanche les ponts, les usines, les réseaux d’adduction d’eau furent largement détruits. Face à une armée yougoslave entraînée depuis l’époque de Tito à se dissimuler sous terre, l’état de major de l’OTAN devait afficher toujours plus de cibles pour justifier son action. Toute infrastructure civile dont un régiment pourrait profiter fit donc l’affaire. Nous avons ainsi offert à la population des grandes villes serbes, déjà très appauvrie par l’embargo, des semaines de cauchemar sans approvisionnement d’essence, souvent sans électricité, sans eau, qui éprouva durement les plus faibles et notamment les hôpitaux.

Le bilan de 2 000 morts, n’inclut pas les effets indirects de notre action : la pollution provoquée par le bombardement du complexe chimique de Pancevo (car bombarder des stocks d’acide et d’ammoniaque en ce temps ne posa aucun état d’âme, même aux ministres écologistes des gouvernements français et allemand) ou encore par les particules radioactives des fuselages des missile Tomahawk désormais disséminées dans le sol yougoslave. Aujourd’hui on meurt beaucoup du cancer en Serbie, mais qui en parle ? Il faut y ajouter aussi les morts albanais, car, loin d’apaiser les tensions entre les militaires serbes et la guérilla de l’UCK au Kosovo, nos bombes ne firent qu’attiser les haines, et encourager encore plus les exactions. Au passif de cette intervention militaire, n’omettons pas non plus de mentionner les centaines de Serbes, de Roms, et de ressortissants d’autres minorités massacrés ou chassés au

Kosovo par les sbires de l’UCK en juin 1999 quand Milosevic accepta finalement de retirer ses troupes.

Le bilan fut particulièrement désastreux aussi pour l’équilibre international. Pour la première fois l’OTAN avait excédé ses statuts en devenant non plus un organe militaire de protection de ses membres, mais un outil d’attaque en direction de la Russie et de tout ce qui résisterait aux visées hégémoniques des Etats-Unis (qui d’ailleurs installèrent au Kosovo, Camp Bondsteel leur plus grande base militaire de l’après-guerre). Le droit des Nations-Unies avait été foulé au pied, ouvrant la voie à une sorte de loi de la jungle dont George W. Bush allait faire son credo après le 11 septembre 2001. Et la logique de la force allait dominer les relations internationales pour un nouvelle décennie, ni Moscou (humiliée par le droit d’ingérence que les Occidentaux s’octroyaient en Serbie) ni Pékin (dont l’ambassade à Belgrade avait été bombardée) ne pouvant plus prendre au sérieux le mot d’ordre d’une globalisation pacifique dans un « village-monde fraternel » auquel certains esprits rêveurs avaient pu un instant croire avec la chute de l’URSS.

L’assassin oubliant facilement son crime, le quinzième anniversaire de l’attaque de la Serbie par les forces de l’OTAN n’a guère été commémoré en France. Ne participons pas à cette amnésie collective.

 Publié sur Esprit cors@ire

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Carta a Eva

3 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Il n'y a pas de grande politique sans grande humanité, et pas de grande humanité sans grands sentiments, c'est-à-dire sans grandes amours et sans grandes haines (mais "La grandeur effraie" comme dirait l'autre).

 

Si en ce moment rien de marquant ne sort de France, ni dans ses milieux dirigeants (le PS et l'UMP), ni dans son opposition (atomisée et asservie à des intérêts mesquins), c'est parce que l'humanité dans sa mesure et dans sa démesure n'y est plus assumée.

 

Le personnage d'Eva Peron se rappelle à mon souvenir de temps en temps, souvent quand je m'y attends le moins. C'est encore le cas à travers cette série télévisée diffusée récemment en français sur Arte "Carta a Eva" que vous pouvez voir en intégralité en espagnol ci-dessous. Le jeu de contrastes entre l'héroïne (fort brillamment interprétée, je trouve, par Julieta Cardinali) et le couple présidentiel madrilène ne pouvait pas ne pas parler à mon coeur de républicain espagnol, et surtout à ma sensibilité existentielle au delà de tout particularisme. Je ne verse pas dans l'angélisme : la compassion d'Evita ne peut pas être en soi une vertu politique si elle n'est pas secondée, par ailleurs, par une sorte de profondeur inspirée à la Bonaparte ou à la Epaminondas (mais qui sait, du reste, si cette profondeur Eva Peron ne l'avait pas elle aussi, sans hélas avoir la chance d'être à la tête ni d'un grand pays ni d'une grande armée pour pouvoir en faire la démonstration). C'est en tout cas par cette voie d'une intuition humaine poussée jusqu'à ses extrémités métaphysiques que la politique peut atteindre un dépassement, sans quoi on est condamné à rester le Pompidou d'un de Gaulle, ou le Nicolas Maduro d'un Hugo Chavez.

 

 

 

 

 
 
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"Gueule d'Amour" de Jean Grémillon (1937)

1 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Cinéma

Il y a quelques jours, je vous conseillais de jeter un oeil à "Corps à coeur" de Paul Vecchiali. Vecchiali est un fan du cinéma français des années 30 qu'il trouve sousévalué par les cinéphiles contemporains. Dans sa préface aux écrits de Grémillon parus chez L'Harmattan en 2010, il met en valeur les petites scènes qui portent les films de ce cinéaste à des niveaux sublimes.Dans "Gueule d'amour" notamment (1937), il retient le grand moment : lorsque Lucien Bourrache pleure.

Il est vrai que "Gueule d'amour" ressemble par bien des aspects à "Corps à coeur" à 40 ans de distance. Serge Daney (dont je critiquais il y a peu l'approche de "Céline" de Brisseau) verrait tout de suite les rapports de classe dans l'histoire amoureuse (qui étaient moins présents dans Corps à coeur), laquelle a un petit côté "Le rouge et le noir" de l'époque du Front populaire (mutatis mutandis bien sûr)... Mais ce n'est vraiment pas là l'essentiel.

Gabin a un joli jeu naïf et modeste (féminisé aussi diront certains). L'actrice Mireille Balin est convaincante. Le rythme, la façon de filmer, surprennent, et sont très en avance sur leur époque. Ils annoncent par certains côtés la Nouvelle Vague. Par exemple les plans sur les visages à la minute 16'45 de la 4ème partie sont très forts, ou encore la façon de filmer les ombres des spahis dans la 5 ème partie (on est dans du cinéma très subjectif comme chez Vecchiali et Brisseau justement). Et les 5 dernières minutes sont très vraies et très belles, tout en restant très sobres. C'est encore une façon très juste d'aborder la question du masculin et du féminin, face à face, dos à dos. De l'amour, de ses simagrées (une comédie poutrant sincère et finalement tragique), de ses impasses. Tout se joue par delà bien et mal. Ni Lucien Bourrache ni Madeleine Courtois ne mentent. Aucun ne renie ni ses sentiments ni ce qu'il est. L'amitié virile qui au final vient essuyer le sang et les larmes comme le linge de Sainte Véronique ne résout finalement rien, et le train qui emporte dans sa fumée le souvenir de la passion et du crime n'est autre que le temps. Mais tout restera finalement indécidable et irrésolu.

 

Le critique américain Dave Kehr disait de "Gueule d'amour" :

"It's amazing that a film of this quality should be so completely unknown. [...] Gremillon seems the master of every style he attempts, but his genius lies in the smooth linking of those various styles; the film seems to evolve as it unfolds, changing its form in imperceptible stages."

 

Le film est ici en 6 parties :

 

 


GUEUDAMO1  

GUEUDAMO2  

GUEUDAMO3  

GUEUDAMO4  


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Sri Lanka : une résolution au goût d’intérêts géostratégiques

1 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

boatEn 2011, lorsque l'ambassadrice du Sri Lanka au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies avait mené une action efficace pour faire retirer le projet de résolution des Occidentaux contre son pays, son homologue américain lui avait lancé "la prochaine fois nous vous aurons".

Ca a été chose faite, après des mois de flottement de la diplomatie srilankaise, cette année : le 27 mars dernier, ce même conseil a adopté par 23 voix pour 12 contre et 12 abstentions une résolution demandant au Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'ouvrir une enquête complète sur les crimes présumés commis par les deux parties au Sri Lanka au cours des dernières années de la guerre contre les séparatistes tamouls

 

La suite sur le site Esprit cors@ire ici.

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Homo homini agnus est

29 Mars 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

La vidéo ci-dessous sur cette femme sourde de naissance qui entend pour la première fois grâce à un implant prouve :
1) que la science fait des miracles (mais nul ne l'ignorait)
2) que la voix humaine a un impact émotionnel sur l'humain tout à fait viscéral (et structurant).

 

On le savait déjà à partir d'observations sur des enfants qui en ont été privés, on le voit à nouveau là. Ce qu'un animal social comme nous doit à son espèce, tout ce qui le relie affectivement à elle, est considérable, et relativise beaucoup les visées individualistes de l'idéologie dominante.

 

 

 

Dans un autre ordre d'idées cela fait penser aux zoos qui sont obligés d'euthanasier des girafons (animaux sociaux eux aussi) pour préserver l'équilibre du groupe. Les patrons de zoos, tout comme Kim Jong Un dans son pays, pensent que l'intérêt du groupe doit l'emporter sur celui de l'individu, mais il faut bien reconnaître que l'individu sans le groupe, chez les animaux sociaux, n'est vraiment rien...

 

Cette force qui, dans l'individu, le rattache au groupe est ce qu'on nomme communément "amour" dans ses diverses formes, source de tant de bien être et de tant de douleurs comme chacun sait. Je dialoguais hier avec une femme, ainée de sa fratrie, qui n'a jamais été aimée de sa mère, et retrouvais dans sa façon de vivre ses affects d'adulte, et notamment leur ancrage (ou leur non ancrage) dans le temps, ainsi que dans sa façon de juger ceux des autres, des traits (à mes yeux très durs et très étrangers à mon propre fonctionnement) que j'ai connus chez d'autres filles qui présentaient la même caractéristique familiale qu'elle. Déprimante corrélation.

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L'AG de l'ONU sur la Crimée

27 Mars 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

800px-Map_Non-Aligned_Movement.pngL'Assemblée générale des Nations unies a adopté jeudi par 100 voix pour, 11 contre et 58 abstentions une résolution qui dénonce l'annexion de la Crimée par la Russie.

 

Ont voté contre : Arménie, Biélorussie, Bolivie, Cuba, Corée du Nord, Nicaragua, Soudan, Syrie, Russie, Vénézuela, Zimbabwe.

 

Se sont abstenus : Afghanistan, Algérie, Argentine, Antigua, Bangladesh, Botswana, Brésil, Burundi, Cambodge, Chine, Comores, Djibouti, Dominique, Equateur, Egypte, Salvador, Erythrée, Ethiopie, Fidji, Lésotho, Mali, Mongolie, Mozambique, Angola, Namibie, Nauru, Népal, Inde, Irak, Pakistan, Paraguay, Rwanda, Ste Lucie, St Vincent, Sao Tome, Senegal, Afrique du Sud, Sri Lanka, Suriname, Swaziland,Tanzanie, Uruguay, Ouzbékistan, Vietnam et Zambie.

 

N'ont pas pris part au vote : Congo, Iran, Bosnie, Belize, Cote d'Ivoire, Grenade, Ghana, Guinée Equatoriale, Israël, Guinée Bissau, Liban, Laos, Kirghizie, Maroc, Oman, Tonga, Tuvalu, Tadjikistan, Turkmenistan, Vanuatu, Emirats arabes unis, Yemen, Serbie.

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