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Crimée : la spirale du « devoir de protection »
Six ans après la reconnaissance unilatérale du Kosovo par les Occidentaux, la boite de Pandore du « devoir de protection » (« responsibility to protect » dans la logomachie onusienne) ne peut plus être refermée. Après que la Russie ait reconnu l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud – suite au coup de force de Mikheil Saakachvili allié aux néo-conservateurs américains –, voilà qu’elle réplique au coup d’Etat de Kiev par l’annexion de la Crimée. La suite sur Esprit cors@ire ici.
Le dernier voyage de Marguerite de Navarre à Cauterets
Autant que mon état de santé me le permet, aux rares heures où mon esprit n'est pas complètement paralysé par les douleurs, je parcours Dernier Voyage de La Reine de Navarre, Marguerite D'Angouleme, Soeur de Francois Ier: Avec Sa Fille Jeanne D'Albret Aux Bains de Cauterets (1549) publié aux éditions Privat en 1897 commenté par Félix Frank, spécialiste de cette reine (et amateur des oeuvres de Flaubert), qui était décédé deux ans plus tôt. Le livre a été offert à l'université du Michigan par le professeur de littérature française Hugo Paul Thieme.
C'est un opuscule plein de charme écrit par un poête qui visiblement communie avec la sensibilité de la Marguerite des Princesses au seuil de son trépas - les seuils de trépas sont beaux, rappelez vous les Derniers jours d'Emmanuel Kant.
On y apprend que Marguerite mourut le jour du passage d'une comète qu'elle avait regardé. Surtout Frank relève les nombreuses références de Marguerite à l'Amour mystique : "Le seul Amour qui n'a bandeau ni arc", "divine amour et vive flamme", le "vray amour". Amour mystique qu'elle ne dissocie cependant pas de la passion amoureuse profane, ni, plus étrangement encore, des sentiments familiaux lorsqu'elle écrit à sa parente l'abbesse Louise de Bourbon :
"Chanter bien hault : Dieu est amour vrayment,
Et amour Dieu, qui rend niepce & tante
Deux cueurs en ung & chascune contante".
Félix Frank cite de jolis extraits sur la fascination de Marguerite pour les montagnes et pour le gave à Cauterets et à Odos. Cela me rappelle les émois de George Sand dans les Pyrénées encombrée par son mari indélicat dont j'ai déjà parlé sur ce blog.
Frank note que Bonaventure des Periers avait inventé un anagramme intéressant pour vérité nue : vertu née, dans ces vers qu'il dédie à Marguerite :
"Vive Vertu vivant en ceste vie
... Vertu née
De notre temps, divine & incarnée".
Bel univers que ce monde de poésie-là.
Eine Frage
Jusqu'où saurons nous faire vivre l'idéal ?
The Mourning Bride
Vous souvenez vous de cette chanson d'ABC "King without a crown" ? Elle vaut bien le "Formidable" de Stromae, en moins prétentieux... Elle a un peu des côtés "King Lear", je trouve (des côtés cromwelliens aussi, le tout début montre le mauvais souvenir laissé par le "Commonwealth" puritain).
- Au fait, le "re-Lear" de Godard ne tient pas du tout la route. Je le regardais récemment, vingt ans après le premier visionnage, et l'ai trouvé bien nul (à la différence de "Je vous salue Marie", qui recèle un génie impérissable), je referme la parenthèse -.
Dans ce morceau d'ABC il y a cette fameuse sentence, si profonde : "Hell hath no fury like a woman scorned", extraite de "The Mourning Bride" (La fiancée en deuil) de William Congreve, un sympathique auteur de comédies victime des censures de son temps. Elle me fait penser à l'épisode de la vie d'Apollonios de Tyane où celui-ci démasque une Empuse (créature des enfers) que l'apprenti philosophe Ménippe s'apprêtait à épouser à Corinthe.
La citation intégrale est plus belle encore "Heav'n has no rage like love to hatred turned, Nor hell a fury like a woman scorned"... Le clip ci-dessous illustre ce que ça donne de nos jours. Le vers est si beau que beaucoup d'Anglais le croient de Shakespeare...
La pièce se passe à Grenade à l'époque des guerres avec le royaume de Valence, une sorte d'Orient onirique pour les Anglais, comme les Lettres persanes. C'est Zara, la reine captive, qui dit cela dans un accès de rage au noble prisonnier Osmyn (Osman) à la toute fin du troisième acte (scène VIII). Grâce à Google on peut la lire en ligne. Il faut penser à remplacer certains "f" pas des "s". Mon état de santé ne me permet que de lire une ou deux pages, mais on sent que cette pièce gagnerait à être traduite et jouée en France.
Si nous étions tous de vrais "européens" cela aurait été fait depuis longtemps.
Vade retro !
Bhagavadgita
Actualisation 2019 : Texte écrit à l'époque de mes échanges avec les médiums, largement renié depuis que je sais quelles forces sont à l'oeuvre dans tout cela.
Une amie hindoue me parlait de la Bhagavadgita il y a peu. Je l'ai achetée et y trouve exactement ce que je cherchais depuis cinq ans dans le stoïcisme : le principe du renoncement dans l'action.
On y trouve à la fois le principe d'action (et surtout d'action rituelle) des Veda, et celui de renoncement ascétique des Upanisad. A 25 ans je prenais des notes sur ce genre de truc sans rien y comprendre, juste pour ma "culture générale". A 43 ça devient limpide.
Et comme me dit cette amie hindoue, "Jésus-Christ est un chef de guerre". La Bhagavadgita est écrite pour la caste des guerriers. Gandhi en a fait son livre de chevet, mais ce n'est pas l'usage qu'en fait Gandhi qui m'intéresse.
Nouvelle suspension de ce blog
Une nouvelle dégradation de mon état de santé m'oblige à nouveau à suspendre ce blog.
Je prie mes lecteurs de bien vouloir m'en excuser.
Désaccord avec JP Chevènement
Sur l'Ukraine, je suis plutôt d'accord avec la position de Mélenchon sur son blog, même si elle manque un peu de précision.
En revanche je désapprouvre celle de JP Chevènement qui parle "d'auto-dissolution du gouvernement ukrainien" dont il faudrait prendre acte. Pour savoir si oui ou non il s'est agi d'un coup d'Etat il faut lire la constitution ukrainienne de 1996. Celle-ci prévoit pour la destitution du président sa mise en accusation devant la cour suprême et un vote du parlement au trois quarts des des députés. La cour suprême n'a pas été saisie, il a manqué dix députés pour atteindre les trois quarts, et Ianoukovitch n'a pas démissionné. Donc c'était bien un coup d'Etat.
Idem sur la Centrafique, je n'aime pas que M. Chevènement dise qu'il n'y a "jamais eu d'Etat solide" en Centrafrique (c'est vrai de tant de pays d'Afrique, et c'est manquer de respect à l'esrpit du non alignement que de le souligner quand il s'agit de justifier une intervention). Sa position sur la Centrafrique ressemble à celle sur la Libye en 2011. Ce n'est pas la mienne.
Bruits de bottes en Ukraine
Nous entrons dans le mois de mars, mois de la guerre (les Romains lui avait donné le nom du dieu belliqueux parce que les conflits étaient gelés l'hiver jusqu'au redoux du printemps, jusqu'au mois de mars).
Et cela commence avec les communiqués sur la Crimée. Nos médias prennent tout de suite pour argent comptant les déclarations du nouveau gouvernement putschiste ukrainien qui, à Kiev, accuse la Russie d'envoyer 2 000 hommes en Crimée pour bloquer les aéroports. La vérité est que pour l'instant personne ne sait d'où viennent ces milices russophones dont la TV nous dit qu'elles parlent russe "sans accent" (la belle affaire, oui, il y a de vrais Russes en Ukraine).
Ce qui est sûr c'est que Ianoukovitch blâme la passivité de Poutine. En ce qui me concerne, je serais moins choqué de voir Moscou intervenir au soutien de ses ressortissants en Crimée (et de sa flotte), que je ne l'étais de voir Mc Cain soutenir les néo-nazis à Kiev en décembre. Que je sache l'Ukraine est quand même un petit peu plus loin de Washington que de Moscou, et je préfère les 6 000 manifestants d'Odessa scandant des slogans antifascistes dimanche dernier, aux nostalgiques de la Waffen SS qui ayant pris le pouvoir dans les rues à l'Ouest de l'Ukraine, prétendent que la Russie est "gouvernée par les youpins". L'Occident qui fait (à juste titre) la leçon à Dieudonné, pourrait ne pas oublier de la faire aussi à ses amis de Svoboda et Secteur droit en Ukraine...
Espérons qu'un sursaut de réalisme américano-russe remettra de l'ordre dans tout cela, comme précédemment dans l'affaire syrienne...